CHAP 8 :Nobody's alone on Christmas.

Noël seule à Hogwarts, sans colocataire de chambre, une bibliothèque pour moi toute seule, le festin de l'école, Malfoy absent, Pansy Parkinson absente, les cours au placard, pas de devoirs... la définition des vacances. Enfin ça devrait l'être. Ça aurait dû l'être.

¤Je m'ennuie. C'est pas normal que je m'ennuie. J'ai toujours été seule, je devrais être contente pour ces vacances. Pourquoi est-ce que la solitude me pèse tant ? Ok, Lyo me manque, Chloé me manque, même Granger me manque.¤

La réalité me plaqua comme un joueur de rugby, Hogwarts m'avait donné goût aux amis, je n'étais plus seule. Enfin si, là je l'étais, mais c'était à cause de ces fichues vacances.

Affalée à la table des Slytherins de la grande salle, un plume dans la main, la tête calée sur mon bras gauche, un parchemin déjà froissé dessous, j'hésitais encore entre dessiner, écrire n'importe quoi et envoyer une lettre à Lyo ou même Chloé pour les fêtes. En bref, j'essayais désespérément de faire quelque chose de mon temps. La salle, sombre, éclairée par quelques bougies flottantes, avait été décorée en surcharge pour les fêtes. Un gigantesque sapin recouvert de guirlandes et autres artifices de noël trônait derrière la dernière table des professeurs au fond de la salle. Partout des décorations flottaient, pendaient, recouvraient murs et piliers. J'aimais rester ici, assise sur mon banc, profitant de la chaleur apaisante, à fixer d'un œil endormi le décor festif. J'aimais ce symbole, même si c'était un peu trop surchargé. Beaucoup trop. À rappeler que nous ne fêtions pas noël avec mon oncle, ne trouvant pas d'utilité à cette fête. Ça le dispensait surtout de dépenser son argent, à mon avis. De toute façon je n'accordais que très peu d'importance aux chose matérielles, je n'avais donc pas besoin de cadeau. Mais cette ambiance familiale qui régnait au château me réchauffait le cœur. Je souris, c'était ce que je recherchais. ¤Désolée tonton, mais j'ai trouvé ma vrai famille!¤

J'ai faim.

Faut pas que je le laisse gagner cette fois.

Mince j'en ai encore mis de partout !

Qu'est-ce qu'il fabrique, on avait dit 10h !

Je m'ennuie...

Je vais placer mon fou là et ensuite j'envoie ma reine prendre son cavalier et …ECHEC ! YES !

-Qu'est-ce que... Quoi ? m'écriai-je alors que je venais d'entendre chaque élève présent dans la grande salle avec moi. Mais aucun n'avait ouvert la bouche.

Abasourdie, je fit semblant de me concentrer sur mon parchemin pendant que tous s'étaient retourné vers l'origine du cri qui avait rompu le silence. J'attendis un peu pour qu'ils m'ignorent enfin et les regardai tour à tour. Un Ravenclaw attendait en montrant fortement son impatience devant l'entrée, deux Gryffindors jouaient aux Échecs Version Sorcier une table devant moi, deux Slytherins parlaient sur la tables derrière moi et un Hufflepuff venait de renverser la fin de son encrier sur son parchemin. Tous étaient retournés à leur occupation.

Une chose était sûre, les voix avaient surgis dans ma tête, avec l'écho très caractéristique d'une pensée.

Pensée. Télépathie. Cela expliquait beaucoup de mystères, ma facilité à décrypter les émotions, le malaise que je procurais quand je plongeais mon regard dans celui d'autrui, les visiteurs, les rêves, le fou-rire du cours d'Histoire de la Magie. J'étais télépathe. Était-ce possible ? Y avait-il beaucoup de télépathe dans le monde des sorciers ? Un petit tour à la bibliothèque s'imposait.

Chère Lyo,

J'espère que la période des fêtes est agréable chez toi. Je pense à toi tous les jours, surtout quand la solitude me pèse chaque soir au dortoir. Je profite aussi du fait d'avoir une chambre pour moi toute seule, niark niark ! Je n'ai jamais fais de farce mais je veux bien m'y essayer si ça peut te faire penser à G.W. A votre retour, toi, Chloé et Lisa, regardez peut-être sous votre matelas...

Passons les plaisanteries. J'ai découvert quelque-chose, je peux entendre les pensées ! C'est pour cela que je comprenais facilement les émotions.

Je suis donc allée à la bibliothèque pour en apprendre plus sur la télépathie dans le monde des sorciers. Pas facile de trouver ce que l'on veut quand on ne sait pas ce que l'on cherche dans ces étagères. Deux livres ont attirés mon attention : « Dons et pouvoirs magiques » et « Contes et Fables pour enfants sorciers ». Oui, je te l'accorde, ces sources laissent à désirer surtout la dernière mais sait-on jamais.

Le premier parle de beaucoup de pouvoirs magiques et j'avoue m'être perdue dedans. J'ai cependant repéré certaines choses ayant un lien avec moi. Par exemple, ce chapitre qui fait part d'un don pour communiquer avec les serpents mais ils n'en parlent pas en bien. Je peux comprendre tous les animaux alors je ne sais pas si je rentre dans cette catégorie.

Ils parlent aussi d'une discipline qui permettrait de voir les souvenirs ou les sentiments de la victime. Ça ressemblerait plus à ce que je suis capable de faire mais le nom est différent : Légilimancie. Jamais entendu parlé... et toi ?

Bref il n'y a pas de livre sur la télépathie dans la bibliothèque de l'école. Peut-être que dans celle de tes parents...

Après réflexion, je rayai la dernière phrase avant de m'attirer ses foudres. D'après sa réaction de la dernière fois, famille était sujet tabou.

Je relus mon écriture de pattes de mouches encrées, pliai le parchemin pour qu'il puisse rentrer dans la dernière enveloppe qu'il me restait et partis pour la volière.

Dehors, la neige avait recouvert le paysage d'un voile blanc pur et étincelant sous les rayons du soleil d'après-midi. Le ciel était dégagé mais la température était assez basse pour maintenir l'épaisse couche. Un petit nuage de vapeur se formait à chacun de mes souffles, le froid irritait mes joues et faisait remonter des larmes.

J'adorais cette saison les couches de vêtement sous ma robe de sorcier, l'écharpe épaisse qui me protégeait le cou et recouvrait mon menton, le bonnet en laine sur mes oreilles roses, le collant noir épais sur mes jambes, les gants troués sur mes mains, le bruit de chacun de mes pas sur la neige qui craquait ou celui qu'elle produisait quand elle tombait des branches d'un arbre, sa brillance face aux rayons du soleil, le ciel pur au-dessus d'elle, les animaux sortis et leurs petites traces derrière eux, le feux de cheminée qui réchauffe les pieds le soir, les repas chauds qui nous apaisent, la grosse couverture qui nous endort.

Je grimpai les marches de pierres glissantes avec précaution et choisi le premier hibou de l'école venu. Je n'étais pas très à l'aise avec les rapaces et m'attendais toujours à ce qu'ils n'en fassent qu'à leur tête. Heureusement, celui-ci ne bougea pas et me fixa avec de grands yeux ronds et inexpressifs. La dernière fois (et la première), je ne savais pas s'il fallait accrocher le message à une patte de l'oiseau ou tout simplement lui donner. Là, un Gryffindor m'avait rejoint pour me montrer. C'était lui aussi un né-moldu mais ce n'était pas son premier hibou. Il avait été étrangement sympathique envers la Slytherin que j'étais et je m'étais maudis toute la journée d'avoir rougit aussi vite. Puis, en rentrant au château, Lyo m'avait gentiment fait remarquer que je ne portais pas les couleurs de ma maison. « Ceci explique cela » .

A présent que je montrai mon enveloppe au rapace, je me demandais s'il sentait ma nervosité. Il restait paisible, les plumes sur son crâne, telles des oreilles pointues, lui donnant un air vicieux. Finalement, il prit docilement son dû et après lui avoir dit le nom de la destinataire -tout en espérant qu'il saurait où la trouver puisque je ne connaissais pas l'adresse- il s'envola.

En descendant, je priai pour croiser à nouveau le garçon mignon de la maison des lions, mais il devait être rentré chez lui pour les vacances, cette pensée avait été totalement ridicule.

De retour à Hogwarts, le professeur McGonagall -que je croyais partit pour les fêtes- m'attendait dans le hall, devant la grande salle. Les mains jointes contre le velours vert de sa robe, le regard sérieux, je cherchais désespérément la règle que j'avais pu enfreindre.

« Bonjour Miss Declan, veuillez me suivre s'il-vous-plait, le professeur Dumbledore veut vous parler. »

Alors que je la suivais dans les couloirs et escaliers jusqu'au passage secret avec la gargouille je me demandais si c'était toujours le professeur McGonagall qui jouait les coursiers pour le directeur et si oui, n'en avait-elle pas assez ?

La gargouille s'écarta à l'écoute du mot de passe pour nous laisser monter l'escalier en colimaçon.

Après réflexion, le vieux Dumby devait utiliser tous les professeurs qu'il croisait pour ses courses.

Le professeur de Métamorphose me laissa devant la porte.

« Entre, entre. » résonna la voix timbrée du fond du bureau.

Assis devant un paquet de document, il portait ses lunettes en demi-lune à bout de nez, lequel était penché sur une feuille noire d'écrits. Il la posa et me fit signe de m'asseoir.

-Du thé ?

-Heu, non merci.

-Un chocolat peut-être ?

-Non, ça ira pour moi, merci, refusai-je poliment.

Il me proposa ensuite de drôles de bondons dans un bol en étain nacré que je refusai aussi.

-Sais-tu pourquoi tu es ici ? Il plongea son regard insistant dans le mien, je me sentis rougir.

-Pas vraiment. » hésitai-je, je n'allais pas proposer une faute dont je n'étais pas l'auteur.

-J'ai cru comprendre que tu passais beaucoup de temps à la bibliothèque, tu cherches quelque-chose en particulier ?

Il continua devant mon silence gêné.

-Des instructions, une notice peut-être, un indice d'utilisation d'une capacité en particulier..., insinua t-il.

-Vous savez ? Tentai-je.

-En réalité je me demandais quand tu allais enfin t'en rendre compte toi-même. Que s'est-il passé pour que tu en vienne soudain à t'intéresser à ton don ?

-c'est arrivé dans la grande salle, il y a deux jours, mais je n'appellerais pas ça un don.

-Ha bon ? Et comment l'appellerais-tu ?

¤Un super pouvoir. Peut-être un peu trop.¤

-Un bonus ? Une capacité ? Je n'aime pas le terme don.

-Très bien. Et peux-tu me dire en quoi cette capacité consiste ?

-Je ne sais pas, lire les pensées ?

-En quelques sortes. Cela se nomme la Légilimancie. C'est une technique qui consiste à pénétrer l'esprit d'une personne pour extraire ou faire passer des pensées, des souvenirs ou des émotions.J'ai déjà rencontré plusieurs légilimens dans ma vie, le Choixpeau en est un. (je jetai un regarde stupéfié vers le chapeau rapiécé) Tu en es une aussi. C'est un don très utile mais aussi dangereux et précieux, tu devras t'exercer longtemps pour le contrôler.

Je ne disais rien et le laissais continuer, la stupeur bloquait mes cordes vocales.

-Fort heureusement, nous avons au château, un occlumens de talent, un des meilleurs que je connaisse.

¤Un occlumens?¤

-L'Occlumancie est la discipline qui bloque la Légilimancie, expliqua t-il. Il est primordial pour un légilimens d'en connaître les bases. Tu pourrais recevoir des cours.

Je pensais au professeur McGonagall me donnant des cours privés, ce ne pouvait être qu'elle -le laquais du directeur- et ce n'était pas plus mal. Je serai la victime des Slytherins pendant un temps mais ça ne durerait pas. Je souris, j'étais prête à avoir des cours de plus dans mon agenda.

-Bien sûr, on ne peut pas t'ajouter d'heures pour ta première année.

¤Quoi?!¤

-A ma connaissance, t'es notes sont correctes mais ce serait trop forcer que de te donner du travail supplémentaire. Les cours débuteront l'année prochaine, tu te seras ainsi plus adaptée au fonctionnement de l'école.

-Mais monsieur, je suis prête. Je suis tout à fait capable de tenir face à un entraînement et je veux savoir utiliser la Légimancie !

-Légilimancie. Je ne remet pas en doute tes capacités mais je crains que le professeur attitré ne soit très occupé cette année. C'est pourquoi je reporte les cours à l'année prochaine.

Son ton était amical mais sec, ce qui annonçait la fin du débat. Je m'en voulu d'avoir répondu de cette manière au directeur de l'école, je n'étais pas chez mon oncle !

Il m'offrit un de ses fameux semi-sourires.

-Très bien ! L'affaire est conclue, tu commencera en septembre de ta deuxième année, en attendant pas de bêtise ou d'expérience incontrôlée, ordonna t-il. Ou peut-être était-ce un conseil.

Je souris et le remerciai avant de quitter son bureau. ¤Pas d'expérience mon œil ! Comptez sur moi tester ce nouveau pouvoir. Je sens que finalement je ne vais pas m'ennuyer pour ces vacances.¤

Prédiction que je mis en œuvre dès mon retour dans la grande salle. L'heure du dîner avait rassemblé le peu d'élèves qu'il restait au château et constituait pour moi une véritable air de jeu. Un laboratoire à portée de main.

Je commençai mon expérience à l'arrivée du plat chaud.

Nombre de sujets : douze à la table des Ravenclaws, sept à celle des Gryffindors, cinq Hufflepuffs et trois à ma table.

Objectif : connaître les pensées de chacun.

Temps : une heure.

Matériel : mon cerveau. (On se passera de la baguette pour plus de sûreté)

Je me concentrai sur un Gryffindor aux cheveux blonds ondulés tombant sur son visage et pu voir l'image floue d'une grosse dinde juteuse et fumante. Déçue du premier résultat, je passai à son voisin qui semblait perdu dans ses pensées. L'image très nette d'une bataille de boules de neige entre trois petits garçons apparut, les enfants riaient, sautaient, couraient, se roulaient dans la neige et se cachaient derrière des murets de fortune. ¤Intéressant¤ Belle image, mais pas de son. Pourtant le Gryffindor était absorbé par ses souvenirs. ¤Je ne comprend pas pourquoi je n'entend rien. Essayons avec un autre, la fille, seule, à la table des Hufflepuffs.¤ Cette fois je fis attention au déroulé du procédé, une sorte de bulle de pensée s'ouvrait au niveau du front et les images s'affichaient comme dans un téléviseur, mobiles ou immobiles.

Tous, présents dans la salle, passèrent sous le radar. Les bulles apparaissaient et s'activaient, mais le son ne vint pas. Dîners, jeux de neige, souvenirs, gourmandises, amour, rien de bien palpitant. Mais l'exercice fit passer les vacances un peu plus vite et plus agréablement. Le matin de noël, un petit cadeau m'attendait au pied du sapin de la salle commune. Étrangement, mon oncle semblait avoir fait un effort cette année. Peut-être que je lui manquais... cet homme avait-il un cœur finalement ? … Naaaaaaan. C'était un livre fin relatant les aventures de Mr Scrooge, un conte de noël moldu que je lu dans la soirée au coin du feu. Même le calamar géant semblait fêter ce jour en effectuant des allées-retours devant la grande vitre des cachots. Il poussait des cris de baleine à chaque passage, j'avais l'impression qu'il me saluait...

Et les vacances se terminèrent trop vite. Le dortoir se remplit, mes colocataires revinrent profiter de leur matelas et les cours recommençaient le lundi qui venait. Lyo avait reçu ma lettre mais avait préféré attendre son retour pour me répondre. J'espérais juste que, pour les vacances d'été, elle soit plus réactive au courrier.