Salut ! J'espère que ça roule pour vous ! Bonne lecture et bon week-end !
«Qu'est-ce que c'est que ça?» demanda Percy en fouillant dans le chaudron de Ginny à la recherche de ses affaires d'école.
Ginny, qui était allongée sur son lit et faisait de son mieux pour l'ignorer, leva la tête.
«Ça quoi?» demanda-t-elle en le fusillant du regard.
Percy avait perdu l'un des livres qu'il avait acheté sur le Chemin de Traverse et il avait décidé qu'il avait du être mélangé avec ses affaires à elle. Ginny savait que c'était Fred et George qui l'avaient piqué et qu'ils étaient en train de changer le titre de A.S.P.I.C. pour débutants à A.S.P.I.C. pour débiles, mais Percy ne devait pas savoir qu'elle savait, alors elle garda bien sa bouche fermée.
«Un journal?» dit Percy.
Ginny le regarda par-dessus son épaule et vit qu'il fronçait les sourcils.
«Père t'a vraiment acheté un journal?»
«Apparemment, répondit Ginny. Si c'est dans mon chaudron.»
Cependant, il avait attiré son attention maintenant. Elle n'avait pas demandé de journal, Papa n'en avait pas parlé et elle s'en souviendrait si c'était noté sur la liste des fournitures. Il était simple, petit, avait une couverture en cuir noir et semblait avoir déjà vécu, mais cela n'était pas surprenant. Ginny se dit qu'elle l'aimait bien et alors qu'elle arrivait à cette conclusion, Percy fit un son étrange et l'agita devant elle.
«Je peux le prendre?» demanda-t-il.
«Quoi? répondit-elle. Non, c'est à moi.»
«Ginny, sais-tu à qui il a appartenu?» demanda sérieusement Percy.
Ses yeux étaient écarquillés derrière ses lunettes à la monture d'écaille.
«Non, dit-elle avant de soupirer, car Percy mourrait visiblement d'envie de révéler l'identité de l'ancien propriétaire du journal. Qui?»
«Tom Jedusor.» annonça Percy avec la même admiration que Ron emploierait pour parler d'un joueur des Canons de Chudley.
«Qui?» demanda-t-elle à nouveau.
«C'était un préfet, Ginny, dit Percy en serrant le journal contre sa poitrine. Ça fait des années, mais quand même. Il a reçu une récompense. J'ai vu le trophée!»
Ses yeux se plissèrent.
«C'était pour moi visiblement. Père a du te le donner par accident. Je me demande ce qu'il a écrit dedans.»
Et à cet instant, les yeux de Percy se mirent à briller.
«C'est à moi.» dit lentement Ginny en observant le visage de son frère.
«Je viens de dire, répondit Percy, plutôt sèchement. Qu'il y a erreur-»
«En plus, tu as déjà un journal.»
«Mais-»
Ginny se leva et s'avança vers Percy. Elle lui arracha le journal des mains. Même si Percy était plus âgé et plus grand qu'elle, il savait que s'il essayait de se battre avec elle pour l'avoir (et Percy était déjà trop sage pour ne faire même qu'essayer), cela ne se terminerait pas bien. Si elle ne gagnait pas tout de suite, elle demanderait alors à Fred et à George de l'aider à le lui voler.
«Maintenant, dit-elle en jetant le journal sur son bureau. Dehors.»
«Mais-»
Percy voulait visiblement continuer à chercher son autre livre, celui sur les A.S.P.I.C, mais Ginny en avait eu assez pour l'après-midi.
«Ma-» commença Ginny.
Percy souffla et s'empressa de sortir, non sans un dernier regard pour le journal.
Étrange, pensa Ginny en fermant la porte derrière elle. Elle et Percy s'entendaient bien en général ou du moins, mieux que Percy ne s'entendait avec les autres.
Elle retourna à la liste qu'elle faisait – à la demande de Maman – sur les choses qu'il fallait laver et préparer pour partir à Poudlard la semaine prochaine, mais elle ne réussit à rajouter que deux autres choses avant que son regard ne se pose sur le journal. Prudemment – sans raison apparente – elle l'attrapa. Il était chaud, ce qu'elle n'avait pas remarqué jusque-là, mais elle secoua la tête et se dit que c'était parce que Percy l'avait tenu dans sa main un peu plus tôt. Après l'avoir un peu feuilleté, elle constata qu'il était vierge, ce qu'elle trouva étrange. Jedusor avait bien du y écrire un décompte des points des Maisons, une liste de devoirs, le nom de sa copine ou quelque chose d'autre.
Mais bon, pensa-t-elle. Je ne vais pas me plaindre. Le fait que Jedusor n'ait rien écrit voulait juste dire qu'elle aurait plus de place pour elle … Même si Ginny ne savait pas vraiment ce qu'elle voulait y écrire. Elle n'avait jamais eu de journal intime avant.
Ginny trempa sa plume dans l'encre et laissa sa main survoler la première page. Cher journal semblait être une façon idiote de commencer, un début de fillette et Fred et George se moqueraient d'elle s'ils le découvraient.
Bonjour, écrivit-elle plutôt. Elle suçota le bout de sa plume en essayant de trouver quoi écrire ensuite. Cependant, la seconde d'après, l'encre avait séché et disparut dans la page. Ginny plissa les yeux et essaya de réécrire son bonjour. Avant qu'elle n'ait pu terminé cependant, un autre bonjour était apparu sur la page, avec une écriture qui n'était pas celle de Ginny.
Par automatisme, elle jeta un œil vers la porte, puis vers sa fenêtre, s'attendant presque à voir Fred et George qui la regardaient en riant. Mais elle ne les vit pas et elle ne les entendit pas non plus étouffer leur rire, alors elle se retourna vers le journal, fronçant les sourcils en regardant la page redevenir blanche.
Puis, comme si une main invisible était en train d'écrire, d'autres mots apparurent. Qui es-tu?
Les sourcils de Ginny se haussèrent brusquement et elle fusilla les mots du regard, des mots qui disparaissaient déjà dans la page.
Qui es-tu? écrivit-elle, soulignant ensuite sa phrase en soufflant. Cela semblait stupide de demander ça à un journal, mais elle n'avait jamais imaginé demander quoi que ce soit à un journal, alors elle hocha la tête et attendit.
Je t'ai demandé d'abord, répondit le journal.
Je m'en fiche, écrivit Ginny. La réponse suivante n'apparut pas aussi vite. Ginny patienta, espérant à moitié une réponse, à moitié que ce fut juste un rêve étrange.
Je m'appelle Tom Jedusor.
Le Préfet?
Ah, dit l'écriture de Tom Jedusor. Tu dois être élève à Poudlard alors?
Non, écrivit Ginny.
La page resta immaculée bien après que sa réponse ait disparu sur le papier. Ginny supposa que le journal – ou Tom Jedusor – essayait de comprendre comment elle le connaissait.
Mais mon frère est un élève, écrivit Ginny, impatiente. Il connaissait ton nom.
Tu ne m'as toujours pas dit le tien.
Ginny Weasley, écrivit-elle avec un peu de réticence.
C'est un plaisir de te connaître, dit rapidement le journal.
Ginny s'en trouva rassurée. Tout le monde ne ricanait pas comme M. Malefoy en entendant le nom Weasley.
Je ne crois pas avoir déjà rencontré de femmes du nom de Weasley.
Je suis la première, répondit-elle. Depuis très longtemps, du moins. C'était dans le journal.
Il y eut à nouveau une longue pause.
Puis-je demander, Ginny, en quelle année sommes-nous?
1992.
Ah.
Il y eut une pause et Ginny ne savait plus quoi dire.
Ça fait si longtemps …
Qu'est-ce que tu veux dire par là? ne put s'empêcher de demander Ginny.
J'ai bien peur de devoir m'en aller maintenant, Ginny, dit finalement le journal de Tom Jedusor. Mais tu me parleras encore? Peut-être dans un jour ou deux?
Ginny ne répondit pas, mais elle ne pensait pas que le journal avait vraiment besoin qu'elle le fasse. Cela ne semblait pas dangereux et il était plutôt poli. De plus, elle voulait savoir comment Tom Jedusor avait réussi à faire parler son journal et pourquoi il semblait avoir besoin de temps pour réfléchir. Comment les journaux intimes savaient même réfléchir?
«Si c'est trop difficile, Sirius, je-»
«Je vais bien.» dit-il, et c'était le cas.
Il passa un moment à revivre le souvenir du visage de Lucius Malefoy quand il avait vu Sirius s'approcher dans la librairie et le Patronus mental de Sirius se mit à briller. Il ne sentait désormais plus le froid, ou du moins, plus le froid induit par les Détraqueurs. Il y avait quand même beaucoup de vent et la pluie se fracassait contre les rochers, leur éclaboussant le visage et la robe.
Marlène ne semblait pas s'en sortir aussi bien. Malgré le fait qu'ils ne se trouvaient que sur la jetée, à peine descendus du bateau qui les conduisait à Azkaban, elle était pâle et ses yeux étaient vitreux.
Tout comme Dale, Dawlish, qui se trouvait derrière Marlène, arborait aussi une expression hantée, tandis que Brown avait l'air sinistre, mais calme.
Depuis que Fudge avait ordonné aux Aurors d'enquêter sur tous les membres et les associés du Ministère, Azkaban était sous la responsabilité des Détraqueurs et des Aurors autorisés. Les habituels gardiens d'Azkaban avaient été suspendu de leurs fonctions le temps de prouver qu'ils n'avaient pas de relations suspectes et pas de liens particuliers avec la magie noire.
Sirius observa la prison avec un regard critique, lança un autre souvenir heureux à son Patronus mental et prit la tête du groupe sur le chemin de pierre. Il entendit Brown et Dale murmurer derrière lui et il sentit leur doute. Il supposa qu'ils s'attendaient à ce qu'il se mette à pleurer ou parte en courant vers le bateau à tout instant. Avec un sourire méfiant, Sirius fit glisser ses doigts contre le dos de la main de Marlène et continua à marcher.
«Bonjour.» lança Blackburn quand ils le rejoignirent, lui et Wellington, devant l'arche qui marquait l'entrée d'Azkaban.
«Bonjour.» répondit Brown.
Wellington adressa un signe de tête à Sirius et sourit à Marlène.
«Comment ça marche?»
«Première garde pour vous?»
Les yeux de Blackburn se posèrent sur leurs visages et il hocha la tête avant d'agiter une main vers les escaliers humides qui se trouvaient derrière lui.
«Finch, Yaxley et Prewett attendent près de la salle des gardes. Vous vous mettez par deux et vous vous dispersez dans la prison. Deux personnes restent dans le bâtiment principal pour gérer les visiteurs. Vous vous souvenez des plans?»
Marlène, Dale et Brown acquiescèrent.
«John, tu es venu assez souvent pour savoir te repérer et-»
Blackburn sembla remarquer Sirius pour la première fois.
«-Black.»
«J'ai quelques souvenirs.» offrit Sirius.
Et c'était le cas. Son esprit, où son Patronus brillait, ressemblait à la prison dans laquelle ils se trouvaient.
Blackburn ne semblait pas vouloir en faire toute une histoire – soit en s'inquiétant que Sirius soit trop familier avec le lieu, soit en doutant de sa capacité à trouver son chemin dans l'enceinte – alors il se contenta d'acquiescer.
«Vous êtes là pour vous assurer que les prisonniers ne causent pas d'ennuis. Si c'est le cas, intervenez vous-mêmes ou appelez les Détraqueurs.»
Du coin de l'œil, Sirius vit Marlène le regarder, mais il l'ignora.
«Nous avons Proudfoot et Ackerly qui s'occupent des repas et des médicaments, alors attendez-vous à les voir entre cinq et huit heures. La prochaine garde commence à onze heures et on pourra partir à ce moment-là.»
Blackburn avait l'air impatient.
Près d'une demi-heure plus tard, Sirius et Marlène parcouraient un couloir de pierres sombres, dans l'une des parties les plus sécuritaires de la prison. Sirius – même si tout le monde avait l'air sceptique quand il le disait – était parfaitement capable de gérer les Détraqueurs et il se débrouillait mieux que quiconque dans cette partie de la prison. Dale et Brown avaient sauté sur l'opportunité de rester dans le bâtiment dédié aux visiteurs et aux interrogatoires.
«Sirius, regarde.» dit Marlène en tirant sur sa manche.
Sirius s'exécuta. La cellule était vide, ce qui n'était pas inhabituel – il avait remarqué que seule une cellule sur trois était occupée – mais ce qui était surprenant, c'était sa couleur. Toutes les briques, toutes les barres, tous les boulons et même les toilettes, brillaient à la lueur des torches. De l'argent.
«La cellule de Greyback.» murmura Sirius.
«Et ils disent que c'est Ding qui a fait ça?» demanda Marlène, le doute apparent dans sa voix.
«C'est ce qu'ils disent, oui.»
Sirius ne savait que penser. D'un côté, Ding était trop égoïste pour se laisser enfermer à Azkaban à la place de quelqu'un d'autre … D'un autre côté, Sirius ne pensait pas qu'il avait le talent ou le désir de poursuivre Greyback. Et il y avait le fait que Dora fronçait toujours les sourcils quand le sujet revenait sur le tapis, mais qu'elle gardait la bouche indubitablement close lorsque Sirius ou Remus essayait de creuser.
Sirius secoua la tête et continua à marcher. Les pas de Marlène résonnèrent derrière lui jusqu'à ce qu'elle le rattrape.
Elle se tenait plus près de Sirius qu'elle ne l'aurait fait s'ils patrouillaient dans une prison normale.
«Tu vas bien?» demanda-t-elle quand même.
«Tu me croirais si je te disais que oui?» demanda-t-il avec un étrange sourire.
«Non.» répondit-elle, et sa bouche frémit un peu.
Sirius l'aurait bien embrassé, lui aurait pris la main ou quelque chose du genre, mais il y avait des yeux qui les observaient depuis les cellules.
«Et toi?» demanda-t-il.
«J'ai- il y a des choses que je préférerais faire plutôt que ça.» dit-elle après un silence, tout en lui offrant un faible sourire. Mais vraiment, Sirius, ça ne doit pas être simple pour-»
Sirius l'entendit à peine et quand elle réalisa qu'il ne lui accordait plus d'attention, elle s'interrompit. Puis, sa main – très doucement – se posa sur le bras de Sirius. Elle fixait la cellule devant laquelle ils étaient arrivés.
C'était exactement comme dans ses souvenirs. Sauf pour le verrou qui avait probablement été remplacé après son évasion.
Petite – et Sirius se souvenait qu'auparavant, il connaissait le nombre exact de pas qu'il y avait entre les deux murs – avec des traces de rouilles sur les barreaux et ce qui semblait être la même couverture élimée qu'il avait quand il était prisonnier. Les murs étaient aussi semblables à ceux qu'il avait quitté, couverts de petits traits gravés. Il entendit Marlène déglutir près de lui.
Sirius était surpris de ne pas ressentir grand chose. Il ne ressentait ni tristesse, ni colère, ni même d'engourdissement. C'était comme de regarder quelque chose dans un rêve. Un rêve qu'il avait utilisé pour se protéger de la Potion du Détraqueur et des Détraqueurs eux-mêmes lors de cette horrible nuit avant le procès de Sirius.
«C'était la mienne.» déclara Sirius en désignant la cellule de la main.
Il ne savait pas quoi dire d'autre ou s'il aurait même du le dire. Les yeux de Marlène étaient posés sur les marques sur le mur. Quelque chose couina derrière eux. Sirius fit volte-face, la baguette levée. Là, recroquevillé sous une couverture, dans la cellule opposée à celle qui avait autrefois été celle de Sirius, se trouvait Peter. Ou du moins, ce qui restait de lui.
Ses clavicules étaient saillantes au-dessus de sa chemise grise de prisonnier et ses yeux – toujours les mêmes, humides et bleus – surplombaient ses joues creuses. Frêles, ses doigts ressemblaient plus à des griffes, avec leurs ongles longs et abîmés. Ses cheveux étaient gras et tombaient sur ses épaules en mèches décolorées. Sirius était sûr que ses vêtements de détenu lui allaient bien lorsqu'il était arrivé, mais désormais, son uniforme semblait l'avoir avalé. Il n'y avait plus rien de Peter qui ressemblait au garçon joufflu et loyal qu'il avait été.
Sa Marque des Ténèbres était la seule chose qui ne semblait pas prête à s'envoler à cause d'un gros coup de vent. Elle était toujours aussi nette et sombre sur son avant-bras squelettique. En voyant Sirius la regarder, Peter se mit à la gratter, gémit et essaya de la couvrir avec sa manche.
«Sirius.» dit Marlène.
Elle glissa sa main dans la sienne et essaya de l'éloigner doucement, mais Sirius la lâcha et avança d'un pas.
Peter sembla les voir pour la première fois et commença à se balancer.
«Tu n'es pas réel.» gémit Peter en secouant la tête.
Il regarda le sol, puis de nouveau Sirius.
«Tu n'es pas réel.»
Il se frotta les yeux, cligna des yeux et Sirius ne bougea pas, le faisant éclater en sanglots bruyants. Sirius ne pouvait rien ressentir d'autre qu'un choc et de manière incroyable, de la pité. Il devrait haïr cet homme ou du moins, être dégoûté, mais il ne le pouvait pas. Près de lui, Marlène avait retroussé la lèvre et sa main était proche de sa poche, où elle gardait sa baguette. C'était à cause de cet homme que Lily et James étaient morts, c'était l'homme qui avait enfermé Sirius à Azkaban, l'homme qui aurait tué Remus et Harry à Halloween si tout s'était passé comme prévu. Sirius avait voulu le voir mort. Pourtant, Sirius le regarda dans sa minuscule cellule, l'observa se tirer les cheveux et frissonner sous sa fine couverture et il pensa que c'était un châtiment suffisant. Peter avait tout fait pour s'assurer de survivre et il avait réussi, mais même s'il était en vie, il ne vivait pas vraiment.
«Tu n'es pas réel! hurla Peter. Tu-»
«Oh, tais-toi, Queudver!» s'écria une voix forte depuis une cellule à quelques mètres de là.
«Tonks déménage en France aujourd'hui, c'est ça?» demanda Harry.
Près de lui se trouvait le début d'une lettre pour Drago.
«C'est ça.» confirma sèchement Remus en sirotant son thé.
Sirius était à Azkaban, occupé à des affaires d'Auror, et il n'y avait personne pour distraire Harry. Remus eut alors une idée.
«Tu veux inviter Ron ou Hermione?»
«Non, dit Harry en versant du lait sur ses céréales. Ron est au travail de M. Weasley aujourd'hui et les parents de Hermione aiment qu'on les prévienne au moins un jour avant.»
«Tu veux faire quoi aujourd'hui alors?» demanda Remus.
«J'sais pas.» dit Harry.
Kreattur plaça une assiette pleine d'œufs devant Remus et les ayant tous deux servi, annonça qu'il s'en allait faire les courses. Harry le salua joyeusement, avant de se tourner vers Remus.
«Tu vas toujours à Poudlard jeudi?»
«En effet.» dit Remus en ajoutant du sel sur son petit-déjeuner.
Harry fronça les sourcils et Remus regretta de ne pas pouvoir échanger sa situation avec Sirius, même si cela voulait dire qu'il devrait aller à Azkaban.
«Et toi et Tonks ne vous parlez toujours pas?» poursuivit Harry.
«Harry, soupira Remus. On pourrait ne pas parler de ça, s'il te plaît?»
«Pourquoi?» demanda Harry.
Il renifla un peu.
«Je te ne sens pas bouleversé.»
«Je ne le suis pas, confirma Remus. C'est juste- je préfère ne pas parler d'elle.»
«Mais elle ne te manque pas?» demanda Harry.
Remus poignarda ses œufs avec sa fourchette, pas vraiment prêt à admettre cela.
«Parce que moi, si.» continua Harry.
«Pourquoi tu ne sors pas avec elle alors? marmonna Remus. Les écarts d'âges ne la dérangent pas.»
«Beurk.» grogna Harry en fronçant le nez.
Remus ne put s'empêcher de rire.
«C'était une blague, ajouta-t-il. Si tu essayais, je te traînerais dehors pendant une pleine lune pour te dévorer.»
Harry sourit largement.
«Et si quelqu'un d'autre essayait de sortir avec elle?» demanda Harry.
L'estomac de Remus se contracta de manière déplaisante.
«Ça pourrait arriver, tu sais, si tu n'es pas dans le coin.»
Remus se figea et quand il pensa qu'il était assez calme pour respirer et bouger à nouveau, il constata qu'il avait plié sa fourchette. Il espéra que Harry n'avait pas remarqué.
«Tu le dévoreras aussi?»
«Non.» réussit à articuler Remus.
Le sourire de Harry s'agrandit d'une façon qui lui rappela Sirius.
«Menteur.»
«Je ne mens pas.»
«Tu mens.» dit Harry.
Remus vit ses narines vibrer. Remus lui adressa son expression la plus menaçante, celle qu'il utilisait sur James et Sirius quand il devait être Remus-le-Préfet, mais ça ne marcha pas plus sur Harry que sur eux. Remus se demanda pourquoi il avait imaginé que ça marcherait mieux.
Une nouvelle fois, Remus maudit Sirius d'avoir dit à Harry que Dora partait. Harry, étant Harry, n'aurait peut-être même pas remarqué et Remus n'aurait pas été obligé de subir ce genre d'interrogatoire à neuf heures un lundi matin.
Tout en poignardant à nouveau ses œufs avec sa fourchette, Remus était très conscient du regard de Harry sur lui.
C'est de ta faute, se dit-il à lui-même. C'est ton choix et maintenant, tu n'as plus qu'à l'assumer. Remus déglutit et repoussa son œufs, n'ayant soudainement plus faim du tout.
C'est toi qui a choisi ça, se dit Tonks en regardant son appartement vide. Les seules choses visibles étaient sa malle et son sac à dos – qui contenaient presque tout ce qu'elle possédait – son balai, une pince à linge qui avait fait office de Portoloin et son chat, que Papa venait de libérer de sa caisse en osier.
«C'est sympa.» dit Papa en esquivant un coup de griffe de Canis.
Canis fila jusqu'au rebord de la fenêtre et se mit à fusiller du regard les gens dans la rue.
«Ce sera mieux quand ce sera meublé, mais c'est quand même sympa.»
Il tourna les yeux vers elle et elle lui adressa un léger sourire, reconnaissante qu'il ait pris un jour de congé pour venir avec elle, vu que Remus ne le ferait pas.
«Dora.» dit Papa en attrapant entre ses doigts une mèche de ses cheveux, qui étaient devenus bleu-violets.
Il l'attira dans ses bras et lui frotta le dos, avant de se reculer et de sortir quelque chose de sa poche. C'était une photographie d'elle, de Maman et de Papa, prise à la fête de Noël du travail de Papa l'année passée. Il la positionna sur la cheminée et Tonks déglutit difficilement.
«Merci Papa.» dit-elle.
Il lui rendit son sourire et regarda autour de lui.
«Tu as besoin d'aide pour t'installer ou-»
«Je me débrouillerais.» dit-elle.
«Il te suffit de nous envoyer un hibou si besoin, dit-il en l'enlaçant à nouveau. Et une fois que tu seras bien installé, on s'organisera pour Noël, si tu préfères rentrer à la maison ou si tu veux qu'on vienne te voir ici.»
«J'écrirais.» promit-elle.
«Tu as plutôt intérêt, dit Papa en riant. Autrement tu verras ta mère se pointer sur ton palier.»
Le frisson de Tonks n'était pas seulement théâtral.
«Bonne chance pour ton premier jour, même si tu n'en as pas vraiment besoin.»
Il lui adressa un clin d'œil et Tonks ne put s'empêcher de sourire.
«Je t'aime, Dora.»
«Moi aussi, Papa.»
Il se faufila ensuite par la porte de son appartement, veillant à ne pas laisser Canis sortir. Tonks claqua des doigts dans sa direction, mais il cracha et alla se cacher dans la salle de bain.
«Idiot.» murmura-t-elle, avant de se mettre au travail.
Elle avait apporté toute sorte de choses qu'elle pouvait métamorphoser en meubles et plus vite elle aurait fini, plus vite elle pourrait prendre une douche et aller se coucher.
