Cela faisait maintenant trois mois que Regina Mills suivait les cours de Zumba d'Emma Swan. Chaque mercredi et vendredi soir, après ses longues journées de travail à l'hôpital, Regina se rendait à cette petite salle de sport pour décompresser. Elle n'était pas une grande danseuse, mais ces moments de mouvement lui permettaient d'oublier la pression constante qui accompagnait son métier de chirurgienne cardiaque.

Regina avait toujours trouvé Emma fascinante. Il y avait une énergie magnétique dans sa manière d'enseigner, une passion palpable dans chacun de ses mouvements. Emma savait encourager ses élèves avec des sourires chaleureux et des remarques pleines d'humour, tout en gardant une discipline impeccable. Regina admirait aussi la manière dont Emma réussissait à transformer une simple séance de Zumba en un moment de liberté et de plaisir pour tous. Cette combinaison de force et de vulnérabilité la captivait.

Non seulement parce qu'elle était une excellente instructrice, mais aussi à cause de cette cicatrice qui marquait son torse. Elle savait qu'Emma portait un pacemaker, ce petit appareil vital qui régule les battements du cœur, et elle était impressionnée par sa capacité à enseigner des cours aussi dynamiques, malgré cette condition. Emma ne s'en cachait pas, bien au contraire. Elle en parlait parfois avec une touche d'humour, mais Regina percevait une vulnérabilité dans ses gestes, une part d'Emma qu'elle n'arrivait pas encore à saisir.

Le cours venait de commencer, et Regina était dans sa zone, concentrée sur les mouvements et le rythme. La musique battait dans l'air et, malgré la fatigue, elle se sentait plus vivante que jamais. Soudainement, un léger frisson traversa l'air, et Emma s'arrêta net. Un instant, elle sembla vaciller avant de s'effondrer au sol, sans un mot, les bras tombant à ses côtés.

Un silence total s'installa dans la pièce. Regina, figée un instant par la surprise, se précipita immédiatement vers elle. Autour d'elles, des exclamations paniquées éclatèrent. Certains participants reculaient, les mains sur la bouche, tandis que d'autres tentaient de sortir leur téléphone pour appeler les secours. Une femme cria : "Elle va bien ?! Quelqu'un sait quoi faire ?!" mais personne ne semblait oser s'approcher.

Regina ignora le chaos ambiant, ses pensées se focalisant uniquement sur Emma. Elle devait agir vite.

"Emma ?!" Regina appela son nom, son cœur s'emballant. Elle avait vu cette scène mille fois en tant que chirurgienne, mais jamais dans ce contexte. Jamais avec une collègue, une professeure qu'elle connaissait de manière informelle, mais pas assez pour la considérer comme une amie proche.

Emma était inconsciente. Ses lèvres prenaient une teinte bleue et ses yeux étaient clos. Son pacemaker venait de défaillir.

Sans réfléchir, Regina s'agenouilla près d'elle. Elle vérifia le pouls d'Emma, son cœur s'accélérant alors qu'elle n'en trouvait aucun. La panique menaça de l'envahir, mais elle savait qu'elle n'avait pas de temps à perdre. D'un coup, elle entra dans le mode opératoire qu'elle connaissait si bien. Elle déboutonna rapidement le haut d'Emma pour dégager son torse, et, sans un mot, commença immédiatement à lui faire un massage cardiaque.

Le temps semblait se distordre, chaque seconde semblait durer une éternité. Son visage était calme, mais son esprit battait la chamade, chaque mouvement précis, chaque compression essentielle. Elle sentait la responsabilité peser sur ses épaules, mais elle se concentrait sur une seule chose : sauver Emma.

Les mouvements étaient fermes et rapides, chaque compression rythmée par l'espoir qu'Emma revienne. C'était un réflexe professionnel, mais il y avait une touche d'humanité dans ses gestes. La vie d'Emma était entre ses mains.

Les minutes s'étiraient. Le silence de la salle, auparavant plein d'énergie, était devenu oppressant. Mais enfin, le son des sirènes retentit au loin. L'ambulance arriva enfin, et deux secouristes pénétrèrent dans la pièce. Ils constatèrent immédiatement l'absence de pouls et se mirent à travailler d'arrache-pied.

Regina se tourna vers les secouristes, une assurance calme dans la voix. Pourtant, une ombre de doute avait brièvement traversé son esprit. Et si elle n'y arrivait pas ? Et si Emma ne se réveillait pas ? Elle sentit son estomac se nouer, mais elle chassa ces pensées d'un clignement d'yeux. Elle n'avait pas le droit d'hésiter. Respirant profondément, elle s'imposa un masque de confiance et reprit le contrôle de la situation. "Je suis chirurgienne cardiaque. Préparez-la pour l'hôpital. Nous devons l'emmener tout de suite."


À l'hôpital, l'équipe médicale prit le relais, mais c'était Regina qui coordonnait tout, donnant des instructions précises. Les médecins et infirmiers se mettaient en action sous sa direction, chacun ayant son rôle à jouer. Elle scrutait sans relâche le monitorage cardiaque d'Emma, observant chaque battement irrégulier représenté par des pics et des creux sur l'écran. Les bips intermittents résonnaient dans la pièce, accentuant la tension. Regina ajusta rapidement un capteur déplacé, vérifiant la saturation en oxygène et la pression artérielle affichées sur d'autres moniteurs. Chaque fluctuation était comme un coup de poignard, mais elle resta concentrée, notant mentalement les paramètres vitaux tout en évaluant la prochaine étape. Elle savait exactement ce qu'il fallait faire. Une fois Emma stabilisée, elle demanda à la mettre en salle d'opération. Le diagnostic était clair : son pacemaker avait cessé de fonctionner et devait être remplacé immédiatement.

L'intervention fut longue et difficile, mais Regina n'avait aucune intention de laisser tomber. Elle était déterminée à voir cette situation se résoudre. Le temps semblait s'étirer, mais elle resta concentrée, donnant des instructions aux autres chirurgiens, vérifiant chaque détail. Après plusieurs heures, le nouveau pacemaker était en place et le cœur d'Emma battait à nouveau normalement. Regina se sentit enfin soulagée, bien que son visage demeurât impassible.

Une fois l'intervention terminée, Regina se rendit auprès des proches d'Emma, qui attendaient nerveusement dans la salle d'attente. Elle les salua d'un signe de tête avant de s'exprimer.

"L'opération s'est bien déroulée. Emma est stable. Vous pourrez la voir dans quelques heures, une fois qu'elle sera sortie du service de réanimation." Regina les regarda avec bienveillance, bien qu'elle soit consciente que ces mots n'effaçaient en rien le stress qu'elle avait ressenti pendant l'intervention. "Elle va bien, mais elle doit se reposer maintenant."

Regina, quant à elle, se laissa aller un instant dans la salle de repos, prenant une profonde inspiration. Elle n'était pas du genre à s'attarder sur les émotions de ses patients, mais quelque chose en elle avait changé, un lien ténu s'était tissé. Emma était une patiente comme les autres, mais cette nuit-là, Regina s'était retrouvée à la sauver de manière bien plus personnelle.


Plusieurs semaines s'étaient écoulées depuis l'incident. Regina était passée à autre chose, en apparence du moins. Le rythme effréné de son métier de chirurgienne cardiaque ne lui laissait guère de temps pour s'attarder sur des détails personnels, mais il y avait quelque chose dans la manière dont l'incident d'Emma l'avait touchée qui persistait, comme une brume légère en fond d'esprit.

Elle avait continué à assister aux cours de Zumba, bien que ce ne fût plus le même. Un remplaçant avait pris la place d'Emma. Le cours se déroulait sans accrocs, mais il manquait la flamme, cette énergie indéniable qu'Emma insufflait à chaque mouvement. Le remplaçant était sympathique, mais ses mouvements n'avaient pas cette vitalité ni cette passion. Regina se sentait un peu perdue sans le regard éclatant de sa professeur, sans l'enthousiasme débordant qu'elle apportait à chaque séance.

Elle se demandait parfois si cela durerait. Si Emma reviendrait, ou si ce remplaçant serait là pour de bon. La question restait sans réponse, mais au fond, Regina n'osait pas se l'avouer : elle espérait secrètement revoir Emma.

Quand Emma annonça enfin son retour, Regina ressentit un mélange de soulagement et de nervosité. Elle était impatiente de la retrouver, de retrouver la dynamique du cours, mais elle se sentait aussi un peu distante. Après tout, leur dernière rencontre avait été marquée par l'urgence, pas vraiment un moment pour tisser des liens. Emma avait été sa patiente, et Regina n'était pas sûre si elle se rappellerait d'elle comme une simple élève, ou comme la chirurgienne qui lui avait sauvé la vie.

Ce retour, bien que silencieux, apporta une gêne subtile dans l'air. Regina se rendait au cours ce jour-là avec une appréhension qu'elle n'avait pas ressentie auparavant. Elle avait hâte de la voir, mais en même temps, elle ne savait pas comment se comporter.

Le regard d'Emma croisa le sien un instant. Elle sourit, et Regina sentit son cœur se détendre. Peut-être qu'Emma se souviendrait d'elle comme son élève, après tout. C'était ce qu'elle voulait. Un simple retour aux choses simples, où la vie reprenait son cours, comme avant.

La musique venait à peine de s'arrêter que Regina ramassait déjà sa bouteille d'eau et sa serviette, tentant d'ignorer les battements précipités de son cœur. Elle se dirigeait vers la sortie quand Emma l'interpella doucement.

— Regina ?

Surprise, elle se retourna. Emma se tenait là, essuyant la sueur de son front, l'air légèrement mal à l'aise.

— Je voulais juste... te remercier, dit Emma avec un sourire timide. Pour tout ce que tu as fait pour moi.

Regina sentit ses joues s'échauffer. Elle fit un geste de la main, comme pour balayer l'émotion.

— Ce n'était rien. Je suis contente que tu ailles mieux.

Elles échangèrent un regard, puis Emma hocha la tête avant de s'éclipser vers les vestiaires. Regina resta un moment sur place, troublée par cette brève interaction.


Après le cours, Regina se rendit au café du coin, un endroit où elle et son compagnon avaient l'habitude de se retrouver après sa journée de travail. Elle s'installa à une table près de la fenêtre, commandant un cappuccino en attendant son arrivée. Les minutes s'écoulèrent, puis une demi-heure. Toujours aucun message, aucun appel. Elle vérifia son téléphone une dernière fois, puis le reposa avec un soupir.

Elle fixait distraitement la mousse de son café quand une voix familière l'interrompit.

— Cette place est libre ?

Elle leva les yeux et découvrit Emma, un peu hésitante, une tasse de café à la main. Regina cligna des yeux, surprise.

— Oh... Oui, bien sûr. Assieds-toi.

Emma prit place en face d'elle, posant sa tasse. Regina sentit une gêne s'installer, mais elle fut rapidement dissipée par le sourire d'Emma.

— Je me suis dit que tu ne refuserais peut-être pas un peu de compagnie, dit-elle avec une pointe de nervosité.

Un sourire adoucit les traits de Regina.

— Tu as bien fait. J'étais justement en train de me demander pourquoi je restais ici toute seule.

Emma rit doucement, et la tension entre elles s'allégea peu à peu. Elles commencèrent à parler, d'abord timidement, puis plus librement, partageant anecdotes et souvenirs. Regina se surprit à se détendre, oubliant la solitude qui l'avait pesée un peu plus tôt.

Quand elles réalisèrent que le café commençait à fermer, Emma jeta un coup d'œil à sa montre.

— Oups, je crois qu'on a un peu perdu la notion du temps, dit-elle avec un sourire en coin.

— Ce n'est pas grave, répondit Regina. C'était une belle façon de finir la journée.

Emma acquiesça, et tandis qu'elles se levaient, Regina sentit qu'une nouvelle dynamique venait de naître entre elles. Peut-être qu'elles n'étaient plus juste professeur et élève.


Le lendemain soir, Regina était encore plongée dans ses pensées alors qu'elle terminait une longue journée à l'hôpital. Elle avait passé la matinée à repenser à sa conversation avec Emma au café. C'était simple, naturel, mais cela lui laissait un goût d'inachevé. Elle voulait en savoir plus sur Emma, sur cette énergie qu'elle dégageait et cette fragilité qu'elle dissimulait derrière ses sourires.

En sortant de l'hôpital, elle reçut un message de Ruby :

Ruby : "On se retrouve au bar ce soir ? Besoin de potins et de cocktails. Tu viens ?"

Regina hésita. Après sa journée, elle aurait pu rentrer et se reposer, mais une partie d'elle savait qu'elle avait aussi besoin de cette légèreté. Elle répondit rapidement :

Regina : "J'arrive. Ne commande rien avant moi."

Lorsque Regina arriva au bar, Ruby était déjà installée à une table, un cocktail coloré à la main. À ses côtés, il y avait une femme aux cheveux courts et blonds que Regina n'avait jamais vue.

— Regina ! cria Ruby en agitant la main. Viens, je te présente Kathryn.

Regina s'avança et serra la main de la nouvelle venue.

— Enchantée.

— Pareillement, répondit Kathryn avec un sourire chaleureux. Ruby m'a dit que tu étais chirurgienne. Impressionnant ! Moi, je suis coach de vie, mais je n'ai jamais eu à sauver quelqu'un... enfin, pas physiquement.

Ruby éclata de rire.

— Ne l'écoute pas. Elle passe ses journées à réparer des cœurs, mais d'une manière plus sentimentale.

Regina sourit légèrement avant de prendre place. Ruby n'avait jamais peur d'introduire de nouvelles personnes dans sa vie, et Regina appréciait cette spontanéité, même si elle-même était bien plus réservée.

Alors qu'elles discutaient, Kathryn posa une question qui prit Regina au dépourvu :

— Ruby m'a dit que tu suis des cours de Zumba ? C'est pas trop difficile après tes longues journées ?

Regina haussa un sourcil vers Ruby, qui haussa innocemment les épaules.

— Quoi ? J'aime partager les détails intéressants. Et puis, c'est intrigant, non ? Une chirurgienne qui danse après avoir sauvé des vies.

— Ça m'aide à me vider la tête, admit Regina. Et puis, la prof est... motivante.

Kathryn et Ruby échangèrent un regard amusé.

— Motivante, hein ? lança Ruby. Intéressant.

— Ne commence pas, Ruby, prévint Regina, mais son ton était plus taquin qu'agacé.

Alors que la conversation continuait, Regina consulta son téléphone. Toujours aucun message de son compagnon, probablement retenu à l'hôpital par une urgence. Elle tenta de ne pas montrer sa déception.

La soirée se poursuivit dans la légèreté, mais Regina sentit que Ruby ne comptait pas lâcher le sujet de sitôt. Et quelque part, cela lui plaisait. Elle avait besoin de ce soutien, même s'il venait avec des taquineries.

En rentrant chez elle, Regina reçut un autre message. Cette fois, c'était d'Emma.

Emma : "Merci pour hier soir. C'était sympa. On devrait peut-être remettre ça bientôt ?"

Regina hésita. Elle pensa à son compagnon, à leur relation stable mais parfois distante à cause de leurs horaires exigeants. Finalement, elle répondit presque immédiatement.

Regina : "Avec plaisir. Fais-moi signe."

Elle posa son téléphone et s'autorisa un sourire. Ce n'était peut-être que le début d'une amitié... ou peut-être quelque chose qui la forcerait à se poser de nouvelles questions.


Le lendemain soir

Regina ajusta nerveusement les plis de sa robe en attendant son compagnon au restaurant. Ils s'étaient donnés rendez-vous dans un petit bistrot qu'ils aimaient fréquenter autrefois, mais ce soir, tout semblait différent. Elle consulta l'heure sur son téléphone pour la troisième fois en dix minutes. Il était en retard. Encore.

Quand il arriva enfin, vêtu d'une chemise impeccable mais les traits tirés, il lui adressa un sourire fatigué avant de déposer un baiser rapide sur sa joue.

— Désolé, un patient compliqué en fin de journée. Tu sais comment c'est.

— Bien sûr, répondit Regina en forçant un sourire. Tu as réussi à tout gérer ?

Il hocha la tête et commença à parcourir le menu, déjà absorbé par autre chose. Regina l'observa un moment, cherchant quelque chose à dire pour briser cette distance silencieuse. Mais avant qu'elle ne trouve les mots, il se lança dans une description détaillée de sa journée, évoquant des diagnostics complexes et des procédures compliquées.

Elle l'écouta poliment, hochant la tête aux moments appropriés, mais son esprit vagabondait. Elle repensa à Emma, à son sourire chaleureux et à sa capacité à rendre n'importe quelle situation légère. Emma parlait peu de son travail, mais elle le faisait toujours avec passion. Regina réalisa qu'elle avait passé une heure à discuter avec Emma au café sans jamais ressentir ce vide qu'elle ressentait maintenant.

— Et toi ? demanda-t-il soudainement, ramenant Regina au présent. Ta journée s'est bien passée ?

— Oh, oui. Assez chargée, répondit-elle. Une greffe qui s'est compliquée, mais tout s'est bien terminé.

— Bien, bien, dit-il en reprenant une gorgée de vin, avant d'enchaîner sur une anecdote sur l'un de ses internes.

Regina s'enfonça un peu plus dans sa chaise. Ce dîner devait être un moment pour se retrouver, mais elle se sentait plus seule que jamais. Elle s'efforça de participer à la conversation, mais ses pensées continuaient de dériver vers Emma. Pourquoi se sentait-elle si vivante en sa présence alors qu'ici, tout lui semblait mécanique ?

Le serveur apporta leurs plats, interrompant brièvement leurs échanges. Regina piqua distraitement dans son assiette.

— Tu es très silencieuse ce soir, remarqua-t-il finalement.

— Je suis juste fatiguée, mentit-elle. Longue journée.

Il acquiesça, acceptant son excuse sans poser de questions. Et c'était bien là le problème. Il ne posait jamais de questions. Il acceptait ses réponses superficielles, sans creuser plus loin. Autrefois, elle aurait apprécié cette simplicité, mais aujourd'hui, cela lui semblait vide.

Le dîner se termina sans éclat. Il reçut un appel de l'hôpital avant même qu'ils aient commandé le dessert. En raccrochant, il posa sa main sur celle de Regina.

— Désolé, je dois y aller. On se rattrapera bientôt, d'accord ?

Elle hocha la tête et le regarda partir. Une partie d'elle savait qu'il n'avait rien fait de mal. Mais une autre partie ne pouvait s'empêcher de se demander si c'était suffisant.


Un autre soir.

Regina ne savait pas pourquoi elle avait invité Emma à cette soirée karaoké. Peut-être pour prouver à Ruby qu'elle pouvait s'intégrer à leur cercle. Ou peut-être parce qu'elle avait secrètement espéré qu'Emma refuserait, lui épargnant ainsi cette nervosité étrange qui l'envahissait depuis qu'elle était arrivée au bar. Mais Emma avait accepté, avec un sourire sincère, et maintenant elle était là, assise juste à côté d'elle.

Ruby, fidèle à elle-même, enchaînait les chansons et les blagues, attirant l'attention de tous. Kathryn, toujours aussi observatrice, lançait des remarques amusées, tandis qu'Emma semblait parfaitement à l'aise dans cette atmosphère bruyante et chaotique.

— Alors, Emma, demanda soudain Ruby, comment tu fais pour gérer les cours de Zumba avec... tout ça ?

Elle désigna discrètement la cicatrice visible sur le torse d'Emma. Regina sentit son estomac se nouer. Elle aurait dû prévenir Ruby d'éviter ce genre de questions.

Emma prit une gorgée de son cocktail avant de répondre calmement.

— Eh bien, je suppose que ça me pousse à ne pas prendre les choses pour acquises. Chaque jour est une victoire, non ?

— Impressionnant, répondit Ruby. Et niveau vie perso ? Tu trouves le temps de rencontrer quelqu'un entre tes cours et... tes "victoires" ?

Regina faillit s'étouffer avec son verre. Elle lança un regard furieux à Ruby, mais celle-ci se contenta de sourire innocemment.

— Je... pas vraiment, admit Emma, son regard glissant brièvement vers Regina avant de revenir sur Ruby. Disons que j'ai eu ma dose de complications. Pour l'instant, je préfère garder les choses simples.

— Oh, je vois, répliqua Ruby avec un clin d'œil. Tu veux dire "pas de complications" ou "pas d'attachement" ?

— Ruby, ça suffit, intervint Regina, son ton un peu trop sec.

Ruby leva les mains en signe d'innocence.

— Je pose juste des questions. On apprend à se connaître, c'est tout.

Emma sourit pour détendre l'atmosphère.

— Ça va, Regina. Je peux répondre à des questions. Et pour être honnête, je n'ai pas encore trouvé la bonne personne. Peut-être que je suis un peu trop exigeante.

La conversation reprit sur un ton plus léger, mais Regina sentit la tension persister. Elle ne savait pas si c'était à cause des questions de Ruby ou de la manière dont Emma répondait avec une désinvolture désarmante. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle ne pouvait pas s'empêcher de fixer Emma un peu plus longtemps qu'elle ne le devrait.

Quand Ruby monta sur scène pour chanter une version bruyante et fausse d'une chanson des années 80, Emma se pencha vers Regina.

— Tu es toujours aussi protectrice, ou c'est juste avec moi ?

Regina rougit légèrement et haussa les épaules.

— Ruby a tendance à en faire trop.

— Ça ne me dérange pas, répondit Emma en souriant. J'aime bien voir ce côté-là chez toi.

Regina se sentit rougir encore plus, mais heureusement, Ruby revint à leur table avant qu'elle ne puisse répondre.

— Allez, c'est votre tour ! s'exclama Ruby en tendant la liste des chansons. Et pas d'excuses !

— Quoi ?! protesta Regina. Non, pas question.

— Oh si, intervint Emma avec un sourire en coin. Si je monte sur scène, tu viens avec moi.

— Je ne chante pas, insista Regina.

— Ce n'est pas chanter, c'est s'amuser, corrigea Emma en lui tendant le micro. Allez, tu peux bien faire ça pour moi.

Ruby applaudit, encourageant les autres à en faire autant. Finalement, Regina céda et suivit Emma sur scène. Les premières notes d'une chanson pop entraînante résonnèrent dans la pièce. Emma attrapa le micro en riant et lança les premières paroles, incitant Regina à la rejoindre.

Au début, Regina fut raide et hésitante, mais Emma, avec sa bonne humeur contagieuse, parvint peu à peu à la détendre. Bientôt, elles chantaient ensemble, riant entre deux fausses notes et échangeant des regards complices.

Quand la chanson se termina sous les applaudissements, Regina réalisa qu'elle ne s'était pas amusée comme ça depuis longtemps. Alors qu'elles descendaient de la scène, Emma se pencha vers elle.

— Tu vois ? Pas si terrible.

Regina rit doucement.

— Je te déteste un peu pour ça, mais merci.

Leur retour à la table fut accompagné de félicitations bruyantes de Ruby et Kathryn, mais Regina était plus consciente que jamais du sourire d'Emma et de la chaleur persistante dans son regard. Quelque chose avait changé ce soir, et Regina n'était pas certaine d'être prête à y faire face.

La soirée karaoké touchait à sa fin. Ruby et Kathryn étaient parties les premières, riant encore de leurs performances vocales désastreuses. Regina et Emma s'attardaient dehors, sous les lumières tamisées de la rue. L'air nocturne était frais, mais agréable.

— Tu veux que je t'appelle un taxi ? demanda Regina en croisant les bras pour se réchauffer.

Emma haussa les épaules avec un sourire.

— Pas besoin, je peux marcher un peu. Et toi ? Tu rentres tout de suite ?

Regina hésita. Elle aurait dû rentrer, son compagnon l'attendait peut-être. Mais il ne lui avait pas envoyé de messages, et l'idée de prolonger cette soirée avec Emma semblait soudain beaucoup plus tentante.

— Je peux marcher un peu avec toi, proposa-t-elle finalement.

Elles avancèrent côte à côte, leurs pas résonnant sur le trottoir désert. Pendant quelques minutes, elles restèrent silencieuses, profitant simplement de l'ambiance paisible après le tumulte du karaoké.

— Tu as l'air préoccupée, remarqua Emma après un moment. J'ai dit quelque chose qui t'a dérangée ce soir ?

— Non, pas du tout, répondit Regina rapidement. C'est juste... des choses au boulot. Et puis... ma relation.

Emma tourna la tête vers elle, curieuse.

— Tu veux en parler ?

Regina hésita, mais la sincérité dans les yeux d'Emma l'encouragea.

— Je ne sais pas. Parfois, j'ai l'impression qu'on est devenus deux colocataires plutôt qu'un couple. Il est toujours pris par son travail, et moi aussi. Et quand on se voit, c'est comme si... il manquait quelque chose.

— Comme une connexion ? suggéra Emma doucement.

Regina acquiesça.

— Oui. Exactement. Et ce soir, je me suis surprise à comparer... enfin, je me suis sentie plus vivante ici qu'à la maison, admit-elle, un peu gênée.

Emma s'arrêta et se tourna vers Regina, son regard plongé dans le sien.

— Tu ne devrais pas avoir honte de ressentir ça. Tu as le droit de vouloir plus, tu sais.

Regina ouvrit la bouche pour répondre, mais les mots lui manquèrent. Le regard d'Emma était si intense qu'elle sentit son cœur s'accélérer. Le temps semblait suspendu.

Un léger frisson parcourut Regina lorsqu'Emma effleura sa main. Le contact fut bref, mais assez pour la déstabiliser.

— On devrait continuer à marcher, murmura Regina, presque à contrecœur.

Emma recula légèrement, respectant son espace, mais un sourire tendre persistait sur ses lèvres.

— Bien sûr.

Elles reprirent leur route, l'atmosphère entre elles chargée d'une tension douce et indéfinissable. Regina n'arrêtait pas de rejouer ce moment dans sa tête, perturbée par ce qu'elle ressentait.

En arrivant à une intersection, Emma s'arrêta.

— C'est là que je tourne, dit-elle. Merci pour la soirée.

Regina sourit timidement.

— Merci à toi. C'était agréable. On devrait refaire ça.

— Définitivement, répondit Emma avant de s'éloigner.

Regina la regarda partir, son cœur battant encore un peu trop vite.


Le week-end tant attendu approchait et Regina se trouvait devant sa valise, hésitant sur quoi emporter. Ruby avait tout organisé : un chalet au bord d'un lac, loin de l'agitation de la ville. L'idée d'un week-end en pleine nature avec Ruby et Kathryn ne la dérangeait pas. Ce qui la rendait nerveuse, c'était qu'Emma avait accepté de venir aussi.

Ruby n'avait pas arrêté de taquiner Regina à ce sujet.

— Détends-toi, Regina. C'est juste un week-end entre amis, avait-elle dit. Tu peux survivre deux jours avec Emma.

Mais Regina n'était pas convaincue. Depuis la soirée karaoké, elle n'arrêtait pas de penser à Emma et à ce moment troublant qu'elles avaient partagé en rentrant. Elle avait besoin d'éclaircir ses sentiments, mais ce week-end risquait au contraire d'ajouter encore plus de confusion.

Le vendredi soir, elles arrivèrent au chalet. Ruby avait déjà ouvert une bouteille de vin et Kathryn s'affairait à préparer des snacks dans la cuisine.

— Bienvenue au paradis ! s'exclama Ruby en levant son verre. Ce week-end, c'est détente et amusement !

Emma arriva juste après, portant un sac à dos et un sourire décontracté.

— J'espère que je n'ai rien oublié, plaisanta-t-elle en posant ses affaires.

Regina sentit son cœur s'accélérer, mais elle força un sourire.

— Je suis sûre que Ruby a tout prévu.

La soirée démarra dans une ambiance légère. Elles jouèrent à des jeux de société, ponctués de blagues et de moqueries amicales. Regina et Emma se retrouvèrent en duo lors d'un jeu d'association, leurs mains se frôlant à plusieurs reprises en cherchant des cartes. Chaque contact, bien que bref, laissait Regina étrangement troublée.

— Vous êtes trop synchronisées, les taquina Ruby. Vous cachez quelque chose ?

— Arrête, répondit Regina en riant nerveusement.

Plus tard dans la nuit, après que Ruby et Kathryn soient allées se coucher, Regina sortit sur la terrasse pour profiter du calme. Elle pensait être seule, mais Emma la rejoignit, un plaid sur les épaules et une tasse de thé à la main.

— Tu fuis l'agitation ? demanda Emma en s'asseyant à côté d'elle.

— Juste besoin d'air frais, répondit Regina. Et toi ?

— Pareil. J'aime le silence de la nuit. Ça aide à réfléchir.

Un silence confortable s'installa. Les étoiles brillaient au-dessus du lac, et Regina sentit ses défenses s'abaisser.

— Je crois que je ne sais plus ce que je veux, avoua-t-elle soudainement.

Emma tourna la tête vers elle, attentive.

— Par rapport à quoi ?

— À tout, répondit Regina en baissant les yeux. Mon travail, ma relation... et même ce week-end. J'ai l'impression d'être coincée dans ma propre vie.

Emma posa doucement sa main sur celle de Regina, l'effleurant à peine.

— Tu n'es pas coincée. Parfois, on a juste besoin de changer d'air pour voir les choses différemment.

Regina releva les yeux vers Emma et, pendant un instant, tout sembla s'arrêter. Leurs regards se croisèrent, et Regina sentit quelque chose de nouveau naître dans cet échange. Mais avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, Emma recula légèrement, lui offrant un sourire apaisant.

— Tu n'as pas à tout régler ce soir. Profite juste du moment.

Regina acquiesça, mais son esprit continuait d'analyser chaque seconde de cette conversation. Alors qu'elles continuaient à discuter sous les étoiles, une chose devenait de plus en plus claire : Emma la faisait se sentir vivante, et c'était à la fois excitant et terrifiant.

Alors qu'elles s'apprêtaient à rentrer, Emma trébucha sur une planche mal fixée et attrapa instinctivement le bras de Regina pour se stabiliser. Elles éclatèrent de rire, mais lorsqu'Emma ne lâcha pas immédiatement sa prise, un silence retomba.

— Désolée, murmura Emma, reculant légèrement. Je crois que je suis un peu maladroite.

— Ou c'est peut-être cette terrasse qui est piégeuse, plaisanta Regina, essayant de masquer son trouble.

De retour à l'intérieur, elles trouvèrent Ruby somnolant sur le canapé et Kathryn en train de lire. Emma et Regina échangèrent un regard complice avant d'aller se coucher.


Le lendemain matin, Ruby prépara un petit-déjeuner copieux et proposa une activité qui fit l'unanimité : une sortie en canoë sur le lac. Les filles se divisèrent en deux équipes de deux. Ruby et Kathryn formèrent un duo, laissant Emma et Regina partager un canoë.

— Préparez-vous à perdre ! lança Ruby en ramassant une pagaie, un sourire malicieux aux lèvres.

— Oh, vous allez voir, répliqua Emma. Regina et moi, on est parfaitement coordonnées. Pas vrai, Regina ?

Regina leva un sourcil en riant.

— On va déjà essayer de ne pas chavirer.

Elles poussèrent leurs canoës dans l'eau et s'installèrent. Dès les premiers coups de pagaie, Ruby et Kathryn prirent un léger avantage, mais leur coordination laissait à désirer.

— Ruby, tu rames dans l'autre sens ! cria Kathryn, éclaboussée par un mouvement maladroit.

— C'est toi qui rame mal, répliqua Ruby, en riant tellement qu'elle faillit lâcher sa pagaie.

Pendant ce temps, Emma et Regina progressaient plus calmement.

— Tu as déjà fait ça avant ? demanda Regina, impressionnée par la fluidité des mouvements d'Emma.

— Une ou deux fois. Mais c'est plus facile avec quelqu'un d'aussi concentré que toi, répondit Emma avec un sourire.

Regina sentit ses joues chauffer et se concentra sur sa pagaie pour cacher son trouble.

Derrière elles, un cri retentit. Ruby et Kathryn venaient de perdre l'équilibre, et leur canoë chavira, les plongeant dans l'eau glacée. Leurs éclats de rire résonnèrent sur tout le lac.

— Vous allez bien ?! cria Emma, pliée de rire.

— On est trempées, mais vivantes ! répondit Ruby en éclaboussant Kathryn pour se venger.

Regina éclata de rire en voyant Ruby et Kathryn patauger pour retourner leur canoë. Emma la rejoignit dans son fou rire.

Profitant du chaos, Emma donna un léger coup de pagaie vers le canoë de Ruby et Kathryn, les éclaboussant encore plus.

— Traîtresse ! cria Ruby, essayant de riposter en éclaboussant Emma.

— Hé ! protesta Emma, se protégeant derrière Regina. Tu veux nous couler aussi ?

Regina éclata de rire, mais dans la manœuvre, Emma perdit brièvement l'équilibre et agrippa le bras de Regina pour se stabiliser. La proximité soudaine et le contact physique firent accélérer le cœur de Regina. Elle sentit la chaleur monter à ses joues, mais Emma, toujours souriante, n'y prêta pas attention.

— Tu fais exprès de me faire chavirer ? chuchota Emma avec un sourire en coin.

— Pas du tout, répondit Regina en riant, essayant de masquer son trouble.

Finalement, après avoir aidé Ruby et Kathryn à remonter dans leur embarcation, les quatre femmes ramèrent jusqu'à la rive, trempées mais ravies.

En tirant leurs canoës hors de l'eau, Ruby déclara :

— Bon, je pense qu'on peut dire qu'on a gagné en aventure, même si on a perdu en élégance.

— On a surtout gagné en souvenirs embarrassants, ajouta Emma, jetant un regard complice à Regina.

Regina sourit. Malgré la légèreté de l'instant, elle sentait ce lien invisible entre elles se renforcer. Mais elle savait aussi que tôt ou tard, il faudrait affronter ce qu'elle ressentait réellement.


Le soir venu, après un dîner rapide, elles s'installèrent autour d'un feu de camp. Ruby sortit un paquet de marshmallows et déclara avec un sourire malicieux :

— Et maintenant, place au jeu des vérités ou défis !

— Oh non, soupira Regina. Ce jeu est toujours une mauvaise idée.

— Exactement pourquoi on devrait y jouer, répliqua Ruby en lui tendant un bâton avec un marshmallow.

Le jeu commença doucement avec des questions légères. Kathryn révéla qu'elle avait eu une peur panique des grenouilles étant enfant, et Ruby dut danser autour du feu en chantant une chanson ridicule. L'ambiance était légère, ponctuée de rires et de remarques moqueuses, mais Regina sentait une tension grandissante sous la surface.

Puis vint le tour d'Emma.

— Action ou Vérité ? demanda Ruby.

— Vérité, répondit Emma.

— As-tu déjà été amoureuse ?

Emma jeta un bref regard à Regina avant de sourire, ses doigts jouant distraitement avec un bâton de marshmallow.

— Oui. Mais ça s'est mal terminé. Depuis, j'ai décidé de me concentrer sur moi-même.

Sa voix, bien que calme, portait une pointe de mélancolie qui fit taire les plaisanteries. Regina sentit son cœur se serrer à cette réponse, mais elle se força à rester impassible.

Ruby, incapable de résister, se tourna ensuite vers Regina.

— Et toi, Regina ? Vérité ou défi ?

Regina hésita, sentant tous les regards sur elle.

— Vérité.

— Est-ce que tu es heureuse dans ta relation actuelle ?

Regina s'étouffa presque avec son marshmallow, envoyant un morceau dans les flammes. Le petit bruit de crépitement qui s'ensuivit déclencha un rire nerveux chez Ruby.

— Tu peux passer, si tu veux, murmura Emma doucement, un sourire rassurant au coin des lèvres.

Regina prit une profonde inspiration, son cœur battant plus vite qu'elle ne l'aurait voulu.

— Je... Je passe. Ruby, tu n'es pas possible.

Ruby éclata de rire, mais Emma garda les yeux sur Regina, son sourire se faisant plus tendre.

La conversation reprit sur un ton plus léger. Ruby tenta de faire un marshmallow grillé parfait, mais il prit feu. Elle s'agita frénétiquement, le secouant dans tous les sens avant de l'éteindre sous les rires éclatants de Kathryn et Emma.

— Voilà, Ruby, ton talent culinaire est révélé ! plaisanta Emma.

— Très drôle, répondit Ruby. Au moins, je mets de l'ambiance.

Plus tard dans la soirée, après que Ruby et Kathryn soient parties se coucher, Regina et Emma restèrent près du feu, profitant du silence apaisant.

— Tu as bien fait de ne pas répondre, dit Emma doucement. Ce genre de questions, c'est toujours plus compliqué qu'il n'y paraît.

— Et pourtant, tu as répondu, répliqua Regina avec un sourire en coin.

— Peut-être parce que j'avais besoin de le dire à voix haute, admit Emma, son regard fixé sur les flammes.

Un silence s'installa, mais il n'était pas inconfortable. Regina sentit Emma se rapprocher légèrement, leurs épaules se frôlant. Le crépitement du feu semblait refléter la chaleur naissante en elle, l'intensité de ses pensées qui tournaient en boucle.

— Tu crois qu'on peut vraiment être heureux en amour ? demanda Regina à voix basse.

Emma tourna la tête vers elle, ses yeux brillants dans la lumière du feu.

— Oui. Mais seulement si on est prêt à se laisser surprendre.

Leurs regards se croisèrent, et Regina sentit son souffle se suspendre. La chaleur du feu sur sa peau contrastait avec les frissons qui couraient dans son dos.

— Tu sais, ajouta Emma en brisant le silence, parfois, les meilleures choses arrivent quand on s'y attend le moins.

Regina ouvrit la bouche pour répondre, mais aucun mot ne vint. Au lieu de cela, elle détourna les yeux, troublée.

— On devrait aller se coucher, dit-elle doucement.

Regina hocha la tête, incapable de parler. Alors qu'elle s'éloignait vers sa tente, elle sentit ses pensées s'enflammer comme les braises du feu derrière elle.


Le lendemain après-midi, alors que le soleil réchauffait encore la surface du lac, Ruby déclara avec enthousiasme :

— Dernière activité avant de rentrer : baignade obligatoire !

— Sérieusement ? grogna Regina. L'eau doit être glacée.

— Tu veux rater une occasion de montrer ton maillot et ton corps parfait ? taquina Ruby avec un clin d'œil.

Regina roula des yeux mais ne put cacher un sourire satisfait. Elle savait qu'elle avait une silhouette bien dessinée et aimait secrètement attirer les regards, même si elle prétendait détester ce genre de remarques.

Emma, quant à elle, s'avança sans la moindre hésitation, déjà en train de retirer son short pour révéler un maillot de bain sportif qui mettait en valeur ses courbes athlétiques. Sa cicatrice, bien visible sur son torse, ne semblait pas la déranger le moins du monde. Elle attrapa une serviette et lança :

— Vous venez ou vous voulez que je saute la première ?

Regina ne put s'empêcher de la regarder, impressionnée par sa confiance. Emma avait une allure forte et naturelle, et sa manière d'assumer sa cicatrice ajoutait encore à son charme.

— Tu triches, plaisanta Regina. On dirait une nageuse olympique.

— Et toi, une déesse grecque, répliqua Emma avec un sourire en coin. Allez, viens.

Ruby éclaboussa tout le monde en entrant dans l'eau, criant comme si elle venait de plonger dans un bain glacé.

— C'est pas si froid, menteuse ! cria Emma avant de sauter gracieusement et de plonger sous l'eau.

Kathryn suivit, mais trébucha sur un rocher glissant et tomba à moitié dans l'eau, déclenchant des éclats de rire. Ruby en profita pour l'éclabousser davantage, provoquant une bataille aquatique générale.

Regina hésita un instant avant d'entrer dans l'eau. Quand elle se décida enfin, elle y alla lentement, savourant les regards subtils d'Emma.

— Tu sais que tout le monde te regarde, plaisanta Emma en nageant jusqu'à elle.

— Jalouse ? répliqua Regina avec un sourire provocateur.

— Un peu, admit Emma en riant. Mais ne le dis à personne.

La bataille d'éclaboussures continua un moment jusqu'à ce que Ruby et Kathryn décident de retourner sur la rive pour se sécher. Regina et Emma restèrent seules, flottant doucement sur l'eau.

— Tu es impressionnante, dit Regina après un moment de silence.

— Impressionnante ? répéta Emma, intriguée.

— De la manière dont tu assumes tout. Ta cicatrice, ton corps, ton passé. Tu sembles tellement... forte.

Emma sourit doucement.

— Ça m'a pris du temps, tu sais. Après mon opération, je me suis sentie faible, brisée même. Mais j'ai décidé que je ne laisserais pas ça définir qui je suis. Maintenant, c'est presque comme un rappel que je suis encore là. Que j'ai survécu.

Regina hocha la tête, touchée par cette confession.

— Je t'envie un peu, avoua-t-elle. Je passe mon temps à donner l'impression d'avoir tout sous contrôle, mais parfois, je me sens... perdue.

— Tu n'es pas seule, répondit Emma en s'approchant un peu plus.

Leurs regards se croisèrent, et Regina sentit son cœur s'accélérer. Elle aurait voulu dire quelque chose, mais Emma brisa le moment en éclaboussant doucement de l'eau sur son visage.

— Tu réfléchis trop, dit-elle en riant. Détends-toi.

Regina rit à son tour et éclaboussa Emma en retour. L'instant de tension s'adoucit, mais la sensation persistait.


Le week-end au lac prenait fin, et la voiture roulait sur la route sinueuse qui les ramenait à la réalité. Ruby et Kathryn dormaient à l'arrière, fatiguées par la baignade et les rires de la veille. Emma, assise côté passager, regardait pensivement le paysage défiler, tandis que Regina se concentrait sur la route, ses pensées ailleurs.

Le silence entre elles n'était pas gênant, mais chargé d'une tension qu'aucune des deux n'osait briser. Ce week-end avait été comme une bulle, un espace hors du temps où Regina avait pu se sentir légère, vivante. Mais à présent, alors qu'elles s'approchaient de la ville, la pression familière de sa vie reprenait peu à peu le dessus.

— Tu vas bien ? demanda finalement Emma, sa voix douce brisant le silence.

Regina jeta un coup d'œil vers elle, hésitante.

— Oui. Enfin... Je crois. Ce week-end m'a fait du bien. Mais rentrer... c'est différent.

Emma hocha la tête, comprenant immédiatement ce qu'elle voulait dire.

— Moi aussi. Ça fait bizarre de quitter ce calme.

Regina voulut répondre, mais son téléphone vibra sur le tableau de bord. Le nom de son compagnon s'afficha à l'écran. Elle sentit un pincement au cœur en réalisant qu'elle n'avait pratiquement pas pensé à lui tout le week-end.

— Tu ne réponds pas ? demanda Emma en jetant un regard furtif vers le téléphone.

— Je le rappellerai plus tard, répondit Regina en appuyant sur "silence".

Emma n'ajouta rien, mais Regina sentit son regard sur elle. Elles arrivèrent à destination quelques minutes plus tard, et après avoir déposé Ruby et Kathryn, Regina s'arrêta devant l'appartement d'Emma.

— Merci pour le week-end, dit Emma en détachant sa ceinture. C'était... vraiment agréable.

— Oui, répondit Regina. Merci d'avoir été là.

Emma sourit et hésita un instant, comme si elle voulait ajouter quelque chose, mais elle se contenta finalement de poser sa main sur celle de Regina.

— À bientôt ?

— À bientôt.

Regina la regarda disparaître dans son immeuble avant de reprendre la route. En rentrant chez elle, elle trouva l'appartement vide. Son compagnon avait laissé un mot sur la table : "Désolé, retenu à l'hôpital. On se voit ce soir."

Elle soupira et s'installa sur le canapé, fixant son téléphone. Une partie d'elle avait envie d'envoyer un message à Emma, juste pour garder un lien avec ce qu'elle ressentait encore. Mais au lieu de cela, elle posa son téléphone et ferma les yeux.

Ses pensées la ramenèrent à Emma, à son sourire et à la manière dont elle avait assumé sa cicatrice comme une force. Regina se demanda si elle serait un jour capable d'être aussi honnête avec elle-même.