Mes petits chats,

Aujourd'hui, je vous propose le prologue d'une nouvelle histoire, achevée il y a quelques semaines, avec Dean et Castiel en gueststar.

Rassurez-vous, je continue la publication de "L'homme de la plage". Les deux histoires seront publiées en parallèle l'une de l'autre (et ce n'est que le début, une histoire d'hiver arrive aussi bientôt. Puis la Saint-Valentin... Argh ! :))

Le sujet n'est pas très original, il s'agit de la chasse au surnaturel.

Je n'ai jamais regardé la série Supernatural donc pas de réécriture ici et il est très probable que les caractères des personnages ne soient pas exactement canons. Je m'empare des personnages avec grande humilité, j'aime juste beaucoup imaginer ces deux très beaux garçons ensemble :) Je vous propose juste ma version de ce thème. Pas de réécriture non plus d'autres séries telles que Charmed ou Buffy contre les vampires (ou sinon sous la forme de citations bien involontaires, je vous l'assure).

J'ai voulu faire quelque chose d'aussi réaliste que possible (autant que le permet un récit fantastique en tout cas). Donc dans les chapitres qui suivent : pas de livre magique ou encyclopédique qui répertorie toutes les créatures et les meilleures manières de les détruire. La chasse prend du temps et elle tient plus du travail de chercheur que de cowboy du surnaturel. J'espère que vous trouverez tout ça plausible :) Et bien sûr, il y a beaucoup d'amour ;)

Cette histoire comporte également de nombreux personnages inédits. C'est une nouvelle sorte de récit que je n'ai pas vraiment essayé jusqu'à présent mais qui influe beaucoup sur mes autres créations depuis début décembre. Peut-être verrez-vous la différence au fur et à mesure des chapitres.

J'ai fait de nombreuses recherches pour documenter mon histoire, son contexte et La Chose chassée mais chut pour le moment, je ne veux pas trop vous en dire. Il ne s'agit que du prologue :)

J'espère sincèrement que vous apprécierez cette (longue) histoire car j'ai beaucoup aimé l'écrire. Je suis heureuse de vous la proposer après plus de six mois de rédaction.

N'hésitez pas à me signaler les coquilles possibles et à partager vos premiers ressentis :)

Bonne lecture,

ChatonLakmé


L'affaire Philippe Delveau

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Prologue

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Allongé dans ses draps et les bras étendus sur le matelas, Castiel gémit doucement dans son sommeil. Il dodeline légèrement de la tête dans son oreiller, frotte sa joue contre la taie en coton.

Le tissu a une odeur de lessive, un imperceptible parfum de lavande et le brun enfonce un peu plus son crâne dans le coussin en poussant un petit soupir.

Lavande. Apaisante, calmante. Anti-stress.

Ses sourcils se défroncent un peu, les plis de son front s'effacent doucement. Les draps sont frais et doux sur lui, ils sentent aussi le propre. Le brun se sent bien.

Castiel frotte à nouveau sa joue contre son oreiller d'un geste distrait. Son corps s'enfonce agréablement dans son épais matelas.

Son corps… Et celui d'un autre homme dont il a l'impression de sentir le poids contre lui. Sur lui.

Le brun balance lentement sa tête de droite à gauche. De gauche à droite. Il fronce un peu les sourcils dans son sommeil. Il y a… cet autre corps contre le sien. Les draps ne sont plus délicatement posés sur son torse et ses jambes, ils semblent s'enrouler lentement autour de lui. Le serrer.

Castiel déglutit légèrement. Il crispe lentement ses doigts sur le matelas. Il ne le sent pas mais cela ne le surprend pas. Tout est tellement… particulier quand Il est là. Le brun se mordille les joues.


Des mains douces et fines frôlent ses flancs, remontant sous son tee-shirt en l'entraînant pour découvrir son torse. Les ongles sont courts mais ils griffent légèrement sa peau, la couvrant d'imperceptible frissons. Les doigts semblent s'amuser à compter ses côtes, appuyant délicatement sur chacune d'entre elle comme pour mieux les sentir. Pour mieux pénétrer en lui.

Ils retracent ensuite le relief de ses pectoraux puis jouent avec ses tétons. Longuement, attentivement. Son corps entier est agité d'un frémissement, accompagné d'un soupir de plaisir.

Un petit rire résonne dans l'intimité de la chambre à coucher. C'est comme une nouvelle caresse sur sa peau en même temps que les mains cajolent la ligne ciselée de ses clavicules et de son cou. Une bouche au souffle chaud mais au toucher étonnamment frais se pose sur son sternum avant de remonter lentement jusqu'à son oreille gauche. Les dents en mordillent légèrement le lobe. Le nez frotte doucement derrière, sur la peau fine et sensible.

L'haleine et les mains sont brûlantes sur lui. Admiratives. Désireuses.

« … Tu es si beau. »


Castiel déglutit et papillonne un peu des paupières dans son sommeil. Il a chaud. Il a l'impression que les draps s'enroulent plus encore autour de lui pour le contenir. L'immobiliser. Le mettre à Sa merci.

« Tu es si docile sous mes mains. Abandonne-toi à moi. »

Le brun hoche imperceptiblement la tête.

L'odeur de lavande l'entoure toujours mais elle devient moins présente autour de lui. Le linge de lit est pourtant propre, il l'a changé le matin même.

Il y a un autre parfum dans la chambre. Celui de ce corps qui creuse le matelas à ses côtés. Quelque chose de plus végétal et musqué.

Le jeune homme fronce légèrement le nez. Cela ressemble à de l'encens, à des herbes sèches qui se consument lentement.


Un nouveau rire sonne à son oreille tandis qu'un baiser malicieux est déposé sur son ourlet délicat. Les dents mordillent plus fort son lobe puis descendent dans son cou pour le parsemer de baisers. Le chemin est humide, sensuel. Les doigts jouent malicieusement avec ses tétons, les pinçant doucement, les frottant délicatement.

« Tu es sensible. Tellement sensible. »


Castiel gémit lourdement et dodeline un peu de la tête. C'est une protestation.

Non. Pas vraiment. Pas plus qu'avec les hommes qui l'ont déjà touché.

C'est juste… bon.


Les doigts le pincent un peu plus fort. Il halète et entend un grondement réprobateur à son oreille.

« Tu l'es. Tu te tords sous moi. Tu gémis et tu me cherches. Tu cherches mon toucher, tu me cherches moi. »


Le brun secoue un peu plus la tête en signe de négation mais un lourd frisson remonte le long de son dos.

Celui-ci électrise sa peau sensible et fait picoter son aine. Plaisir. Désir.

Le brun se cambre sur le matelas pour venir à la rencontre du corps qui le surplombe. À nouveau ce rire à son oreille, satisfait, et qui le récompense d'une caresse sur son bas-ventre.

Castiel soupire lourdement et déglutit. Sa gorge est sèche. Son corps vibre.


« … Tu es tellement parfait. Oh, tellement parfait. Je t'ai attendu si longtemps. Mon amour… »

La bouche cajole son cou, l'arête de sa mâchoire, sa tempe avant de redescendre jusqu'à ses lèvres. Le brun tend légèrement la tête. Il veut un baiser. Il veut qu'Il l'embrasse. Il rit doucement, caresse tendrement l'os délicat de sa hanche. Castiel grogne d'agacement et gigote un peu.

« Si impatient. Si désireux. »

Oui, il l'est. Il Le veut. Puis enfin, le brun le sent. Une bouche brûlante vient ravir la sienne tandis qu'une main habile plonge dans son bas de pyjama. Son soupir de surprise est avalé par les lèvres gourmandes et humides.

Castiel rue des hanches dans la paume qui l'enveloppe et le cajole.


— « … Oh… »

Le brun tire de manière spasmodiquement sur ses draps. Il ondule, les pieds posés sur le matelas et les jambes légèrement écartées. Il creuse les reins.

Plus. Sentir plus. Plus fort, plus de plaisir.

Il en a besoin.

Castiel lève une main dans son sommeil et effleure son torse, son bas-ventre, le pli de son aine. Il siffle et écarte les jambes jusqu'à sentir les muscles de ses cuisses tirer un peu. Le brun ondule plus fort et tire distraitement sur l'ourlet de son pantalon de nuit. Il a tellement chaud.


« Tu en as si envie que cela ? Tu as si envie de plaisir mon amour ? »

Le brun hoche frénétiquement la tête. Il tend la tête pour sentir à nouveau Ses lèvres sur les siennes. Ses baisers par lesquels il a l'impression de pouvoir respirer tant sa gorge est serrée.

« S'il te plaît… S'il te plaît », halète-t-il.

Il rit. Le ton est tendre mais derrière pointe une forme de contentement un peu arrogant. Cela ressemble àune chose qui serait donné par mansuétude, avec la complaisance d'un grand seigneur.

Castiel déglutit légèrement, un peu mal à l'aise.

Puis cela n'a plus d'importance. Il l'aime et il sent son corps peser doucement sur le sien. Leurs virilités tendues s'effleurent par-dessus leurs vêtements fins avant que leurs peaux nues ne se touchent. Ils sont enfin l'un contre l'autre et ils bougent ensemble. Un seul bercement de leurs bassins, parfaitement accordé. Ses cuisses sont douces, fuselées mais puissantes. L'une d'entre elles se glisse mutinement entre ses cuisses.

« Je vais t'aimer mon amour. Toute la nuit. Parce que tu es bon pour moi. »


Le brun se mord les joues presque douloureusement. Malgré les draps enroulés autour de lui, il ondule plus fort. Ses jambes sont outrageusement écartées et il lève le bassin à la recherche de contact. À la recherche de ce corps qui semble si présent contre le sien mais qui ne creuse pas le matelas.

« Retourne-toi pour moi mon amour. »

Castiel acquiesce.

D'un coup de rien, il roule sur le matelas et soupire de plaisir. Dans cette position, il peut se frotter et tenter d'apaiser un peu la morsure de son désir dans les draps.

La tête sur l'oreiller, le brun fronce imperceptiblement les sourcils.

La lavande embaume plus fort à présent. Elle est… troublante. Il papillonne des yeux, un tremblement agite ses paupières. Elle est trop réelle.

Le poids sur son dos semble s'évanouir lentement tandis qu'il frotte sa joue sur le coton et inspire profondément. Le tremblement un peu convulsif de ses hanches s'apaise. Il s'abaisse lentement sur ses genoux pour s'allonger entièrement. L'odeur florale est agréable.


Il mordille son épaule. Fort. Castiel gémit doucement. Une main apaise sa peau un peu martyrisée d'une caresse tendre.

« Reste avec moi. Pense à moi. Tu as besoin de moi mon amour. Tu le sais. Tu me veux… en toi. »

Il donne un rude coup de reins contre lui, l'écrasant dans le matelas. Son sexe en érection, brûlant et dur, se glisse entre ses cuisses.


Le brun étouffe un gémissement dans son oreille.


Sa voix est toujours tendre mais elle tinte avec une pointe d'agacement. Les mains se posent sur sa taille, cajolent un instant ses reins avant de se refermer sur lui. Elles sont fermes. Dures. Possessives.

Castiel enfouie son visage dans l'oreille pour étouffer son gémissement. Il rue puissamment contre lui. Sa virilité frotte contre la peau sensible de son périnée.


Il frotte son nez contre la taie. L'odeur de lavande encore. Si présente qu'à une nouvelle bouffée, elle l'envahie. Elle l'attire. Elle le tire en avant comme pour lui faire s'échapper.

Castiel fronce le nez, sort une main lourde de sous son oreiller pour le gratter.

Le voile du sommeil devient plus fragile.

La torpeur qui étreint ses membres se dissipe lentement.

Ses sens assourdis s'aiguisent imperceptiblement.

L'obscurité dans ses yeux est troublée par de discrètes paillettes de lumière. Infimes.

Le brun soupire doucement. Il se rappelle. Il a lu un peu au coucher, juste quelques pages d'un roman. Peut-être n'a-t-il pas éteint la petite lampe au globe en verre moulé qui orne sa table de chevet. Castiel ne sait plus.


Des ongles s'enfoncent dans la chair tendre de ses cuisses.

« .moi. Ne pense qu'à moi. Qu'à nous. Tu ne me sens pas contre toi ? »

Il rue à nouveau contre lui. Le brun opine lentement et il ferme fort les yeux. Il veut étouffer toute clarté, toute sensation un peu parasite. Il veut rester avec Lui. Contre Lui. Parce qu'Il l'aime.

« J'ai envie de toi, de te donner du plaisir. Je ne le ferais pas si tu es distrait. Cela me ferait de la peine car tu n'es jamais plus beau que lorsque tu prends du plaisir grâce à moi. Je suis bon pour toi comme tu es bon pour moi. »


Castiel acquiesce une nouvelle fois. Oui, Il sait comment le toucher pour le faire jouir. Ce n'est pas la première fois que les deux hommes partagent la même couche. C'est bon à chaque fois. Il se sent aimé et important. Le brun n'a pas envie de perdre ça alors il se détend lentement dans les draps. Il remonte un peu les genoux pour se redresser et s'offrir.


Il le récompense d'un baiser tendre sur sa nuque et Castiel esquisse un sourire un peu timide. Il ondule doucement contre le matelas pour accompagner les bercements de Ses hanches. Ses doigts flattent sa chute de reins et ses fesses. Ils en suivent soigneusement le galbe et la ciselure des muscles avant de se glisser entre.

Le brun se raidit brusquement avant de se cambrer presque violemment.


Castiel se tortille plus fort sur le matelas pour s'assouvir.

Cela le brûle, son désir lèche son aine comme une langue de feu.


« Tu es si avide. »

Il rit joyeusement et Castiel se sent heureux. Il va et vient lentement sur ses genoux pour recommencer à sentir Sa virilité frotter contre ses cuisses. Il le laisse faire, caressant simplement sa hanche. Le brun n'a pas besoin de le regarder pour savoir qu'Il sourit.

« Ton corps est si beau. Il est fait pour être contre le mien. Ensemble. Grâce à moi, tu n'es plus seul. Tu le sais, n'est-ce pas ? Tu étais si seul avant notre rencontre. Tu étais triste et maintenant, tu es heureux. »


Castiel déglutit. Sous sa joue, il sent la taie d'oreiller en coton s'humidifier légèrement. Sa gorge est serrée. Peut-être est-il en train de pleurer. Est-ce possible ? Oui. Il a déjà beaucoup pleuré auparavant mais sans doute son cœur est-il encore plein de larmes.


Il le sait. Il le connaît. Une main se faufile jusqu'à son sexe et l'effleure délicatement.

« Tu sais que j'ai raison. Il y avait quelque chose de brisé en toi et tu m'attendais pour guérir. Je t'aime. Inconditionnellement. Passionnément. Nous sommes faits pour être ensemble et pour cela, jamais je ne te laisserai t'éloigner. Tu m'as appelé, mon amour. »


Le brun sent la chaleur de Son corps contre le sien. Son torse qui le couvre et qui s'appuie contre son dos. C'est comme une couverture, lourde et rassurante. Il a raison.

— « Touche-moi, s'il te plaît », soupire-t-il d'une voix lourde.


Une main se perd dans les boucles sombres et soyeuses de son pubis. Le jeune homme frissonne et gémit doucement. Sa peau est moite, très sensible et elle tressaille à Son toucher. Il ondule pour L'inviter à continuer, à aller plus bas. À être plus sensuel.

« Je vais le faire. »

Ses doigts retournent effleurer son intimité et Castiel se cambre violemment, un cri coincé dans sa gorge. C'est une promesse.

« Je vais le faire mais tu dois le mériter. Tu sais ce que tu dois me dire. Je ne pense qu'à toi mais tu dois me le dire. »


Castiel dodeline de la tête dans l'oreiller. Il est si proche.


« Je ferai tout pour toi mais tu dois me le dire. »


Le brun sent sa poitrine se faire plus étroite, contraignant sa respiration.

Son souffle est court et quelque chose grossit dans sa gorge, quelque chose qui lui donne un peu la nausée parce qu'elle l'oppresse et le met mal à l'aise.

Castiel fronce les sourcils.

Lavande. Rassurante.


Les mains pincent ses reins pour attirer son attention. Les ongles semblent soudain plus longs et ils s'enfoncent dans sa chair. C'est méchant et douloureux. Le brun s'avance un peu sur ses genoux pour leur échapper. La prise est plus dure encore.

« Dis-le. »

Il n'est plus question de jouissance. Le corps dans son dos le couvre toujours mais Sa présence est inquiétante. Il gronde à son oreille. C'est possessif et un peu animal. Sa peau chaude devient lentement froide sur la sienne. Son souffle, glacial. C'est un peu… inhumain.


Castiel secoue lentement la tête. Il relève un peu le menton pour dégager sa bouche et faciliter sa respiration.

Le brun se tortille imperceptiblement sur son matelas. Il ne se sent pas très bien.


« Dis-le. »

« Je… Je ne peux pas. Je ne te connais pas. Qui es-tu ? »


Le brun gémit légèrement de douleur.


À présent, Son toucher est presque cruel. La main qui va et vient dans son dos a des griffes effilées. Les ongles raclent sa peau, semblant fouiller sa chair pour trouver ses muscles, ses os. Pour faire couler son sang. Pour lui faire mal.

« Arrête… », souffle-t-il douloureusement.

« Alors dis-moi ce que je veux entendre et tout cessera mon amour. Tu me connais au fond de toi. Je suis celui qui t'es destiné, dans cette vie et la suivante. Jusque dans l'autre monde. »


Castiel halète tandis qu'il se recroqueville un peu sur lui-même. Il n'aime pas ce qu'Il lui dit. Parler de la mort le rend un peu malade.

Le jeune homme tend une main derrière lui, tâtonne maladroitement pour trouver le drap.

Il veut se couvrir. Il veut se sentir un peu protégé. Des choses qui font peur, des choses qui blessent. De Lui aussi. C'est ce que lui souffle son instinct.

— « Laisse-moi », chuchote-t-il dans son sommeil.


« Je ne peux pas et tu ne le veux pas non plus. Je suis le seul à pouvoir t'aimer comme tu en as besoin. Alors dis-le. Dis que tu es à moi et que tu me suivras quand le moment sera venu. »

« … Où… ? »

« Là où plus personne ne souffre, mon amour. Dis-le. »


Les draps autour de son corps sont comme les fils d'une toile d'araignée. Castiel se sent un peu démuni. Un peu prisonnier. Cela ne ressemble pas à de l'amour.


« Dis-le. »

Sa voix est un sifflement mauvais et dangereux.

« Je suis bon pour toi. Je ne t'abandonnerai jamais, je serai avec toi chaque jour et chaque nuit de ta vie. Et tu m'aimeras, autant que moi je t'aime. Tu dois m'aimer. »


La boule dans sa gorge grossit.

La nausée se fait plus forte, comme le parfum des herbes sèches et d'encens. Derrière leurs délicates effluves, il sent celle, plus âcre, de la suie. Celle, piquante et grasse, de la pourriture.

Quelque chose ne va pas.

Castiel ne veut plus.

Ses doigts lâchent le drap pour errer derrière lui dans le vide. Il ne sent pas Son corps. Il commence à paniquer.

« Tu dois m'aimer. Tu es à moi. »

Le brun secoue la tête. Il veut aimer et être aimé. Désespérément. Mais pas comme ça.

« Tu es à moi. Tu es à moi. »


Ses mains remontent le long de ses flancs avant de s'enrouler autour de ses épaules pour le plaquer contre Son corps.

Castiel lutte, il ne veut pas. Cela Le contrarie et Il gronde à son oreille.

Le brun rampe un peu sur les genoux pour Lui échapper mais la prise se resserre douloureusement sur lui. Ses doigts dégagent d'un geste étonnamment tendre sa nuque où les petits cheveux ondulent un peu à cause de la sueur. Il y pose délicatement ses lèvres, effleure sa peau. C'est si doux que Castiel frissonne sans pouvoir s'en empêcher.

« Je t'aime. Tu es l'amour de ma vie. Tu es beau et parfait pour moi. »

La caresse reprend. La tension dans ses épaules disparaît lentement et il s'abaisse un peu sur ses genoux, faisant mine de s'allonger à nouveau sur le matelas. Cela semble bien.

« Et je suis parfait pour toi. Je suis le seul à pouvoir t'aimer, tu le sais. Alors donne-toi à moi. »

Puis soudain, Il le mord. Ses dents s'enfoncent dans la chair tendre de sa nuque au goût de sel.

Castiel crie de douleur.

Il halète durement, l'esprit embrouillé par l'incrédulité. Le brun s'oblige à inspirer profondément pour apaiser le battement fou de son sang dans ses tempes mais Ses ongles griffent son dos.

Castiel a l'impression de les sentir transpercer ses muscles jusqu'à irradier dans son cerveau par ses nerfs. Ils suivent sa colonne vertébrale, le relief délicat de ses os. C'est presque clinique, comme les gestes qui précéderaient une vivisection. Qui –


Le cœur au bord des lèvres, Castiel se réveille en sursaut.

La tête tournée sur le côté dans son oreiller, il regarde sur sa droite.

Sa vue est brouillée par les larmes, son souffle est court. Il n'arrive pas à respirer. Il étouffe.

Le brun porte une main tremblante à son visage. L'odeur de lavande de son linge de lit s'est évanouie, il ne sent plus que celle, piquante et ferreuse, du sang.

Elle est partout autour de lui, sur lui.

Castiel esquisse un geste pour frotter son visage couvert de sueur mais il écarquille brusquement les yeux.

Un liquide épais et poisseux couvre sa peau et imprègne la taie de son oreiller. Une goutte suit l'ourlet de l'arc de Cupidon de ses lèvres, s'y accroche avant de couler sur sa bouche. Le brun la goutte distraitement du bout de la langue et halète.

Le goût est écœurant et lui retourne l'estomac.

Du sang.

Castiel se redresse sur ses coudes, les membres lourds et le corps fourbu. Il papillonne un instant des yeux et contemple son oreiller d'un air un peu hébété. Une terrible nausée le saisit. Le coussin est complètement tâché.

Le brun tente de se frotter le visage mais il ne trouve que la même humidité qui coule cette fois à la commissure de ses lèvres et le long de sa mâchoire.

Il ne pleure pas. Encore plongé dans un demi-sommeil, Castiel comprend qu'il saigne du nez.

Encore.

Beaucoup.

Le brun s'empresse de pincer son nez pour tenter de contenir les gouttes pourpres.

Tandis qu'il se glisse hors du matelas, il grimace de dégoût. Sa taie d'oreiller est probablement fichue alors qu'elle est presque neuve.

Castiel se mord les joues et traverse la chambre pour gagner la salle de bain, ouverte à gauche de son lit.

Il en a assez.

Cela arrive trop souvent et il a abandonné l'idée de faire rattraper son linge en l'apportant au pressing. Le regard de Mrs. Dotty Beaton à la troisième parure de lit déposée chez elle en un mois a été suffisant pour lui comprendre qu'il devait cesser sous peine de se forger une détestable réputation.

Le brun vient à peine de s'installer à Butler. C'est une petite ville de Pennsylvanie.

Castiel tâtonne maladroitement devant lui pour se guider et s'oblige à respirer profondément par la bouche. Ses gestes sont un peu gourds, un bourdonnement continu vrille ses tempes. Le brun sent le goût du sang sur ses lèvres et sa langue alors il combat bravement sa nausée, la tête penchée en arrière.

Il sent enfin le chambranle de la porte de sa salle de bain sous ses doigts et trouve sans peine l'interrupteur.

Les appliques en verre illuminent alors la pièce d'une lumière chaude, soulignant les lignes douces du mobilier ancien en bois sombre et les courbes presque voluptueuses de la baignoire sur pied.

Castiel s'appuie contre le meuble à doubles vasques en porcelaine.

Il inspire brusquement quand il croise son reflet.

Ses traits sont tirés. Sa peau est rougie d'estafilades et un peu cireuse avec des cernes bleutés sous ses yeux.

Ce n'est pourtant pas sa piètre allure qui l'effraye, le brun a fini par ne plus s'étonner des changements de son corps ces derniers mois.

C'est le sang qui le terrifie.

Un voile pourpre qui couvre le bas de son visage et le haut de son torse. Le contraste sur sa peau trop blanche est morbide. Il a l'air d'un cadavre que l'on aurait égorgé.

Castiel déglutit difficilement et pose ses deux mains à plat sur le marbre blanc veiné de gris, les talons bien ancrés dans le carrelage. Il respire profondément pour tenter d'éclaircir ses pensées et hésite un bref instant à s'asseoir sur le rebord de la baignoire pour ne pas tomber.

Le jeune homme a l'impression qu'il va faire un malaise. Il a chaud puis froid puis chaud à nouveau. Il reconnaît cette sensation cotonneuse qui étreint les membres et annonce la chute. Le brun a toujours été plutôt solide mais dernièrement, il a fait quelques malaises vagaux alors il a appris à reconnaître les signes.

Son mal-être se dissipe lentement au fur et à mesure de ses inspirations parfaitement contrôlées.

Une fois ses gestes plus assurés, Castiel s'empare d'un gant de toilette pour nettoyer lentement son visage et son cou. Il passe aussi avec soin sur son torse, sur les griffures rougies et un peu boursoufflées là où elles sont plus profondes. Le brun se frotte la nuque d'une main lasse et tique désagréablement. Il doit aussi avec des estafilades à cet endroit, la peau est sensible.

Castiel soupire lourdement. Il a recommencé à se griffer quand il dort.

Le brun se tourne légèrement pour observer son dos.

Les traces dont les mêmes, longues et écarlates le long de sa colonne vertébrale, sur ses côtes et ses reins. Castiel déteste ça. Il n'aime pas la violence, peu importe la forme qu'elle prend. Il a toujours eu le sommeil lourd et paisible, le sommeil des gens heureux disait Gabriel en riant. Disait. À présent, il est un homme qui ne lui ressemble pas. Ses rêves sont très agités, il fait des cauchemars qui le réveillent brusquement. Comme cette nuit. Encore.

Le brun fronce les sourcils et secoue la tête.

Il termine de se nettoyer et sèche sa peau humide d'une serviette avant de déposer le tout dans le panier à linge. Le brun se gratte légèrement le bas-ventre. Il a frotté un peu trop fort sa peau contusionnée et celle-ci le démange. Les griffures ressortent plus rouges encore sur sa peau trop pâle.

Il déglutit en remarquant une trace plus profonde que les autres dans son dos. Là où Il le touchait dans son rêve.

Castiel hausse un sourcil en remarquant les marques parfaitement nettes à des endroits improbables de son corps.

Cela l'étonne une demi-seconde avant de hausser les épaules avec nonchalance. Mêmes réactions un peu blasées pendant ses consultations chez le Dr Lauwers. Le brun ne s'interroge plus réellement sur ces petites étrangetés. Comme elles sont récurrentes et toujours inexpliquées et bien, le plus simple est de se dire qu'elles sont. Juste ça. Comme tout ce qui lui arrive depuis quatre mois.

Castiel jette un regard au rebord de la vasque en porcelaine.

Des flacons en plastique orange remplis de pilules et de comprimés ronds sont alignés sur un petit plateau en étain.

Le brun hésite. Il sent que son rythme cardiaque n'est pas encore redevenu normal et il a des palpitations dans la poitrine. Le Dr Lauwers lui a donné quelque chose contre ça. La tachycardie. Il y a aussi le flacon des somnifères, celui des anxiolytiques. Puis tous ceux des vitamines, comme des bocaux de bonbons aux couleurs criardes tant les gélules sont différentes les unes des autres.

Castiel se mord les joues. C'est ridicule. Ces traitements lui coûte une fortune et il ne va pas mieux. Il le dira à son médecin généraliste à leur prochain rendez-vous.

Le brun s'autorise juste à couper un demi-comprimé de somnifère qu'il avale avec un peu d'eau.

Il a vraiment besoin de dormir correctement, sans rêve étrange ni marque bizarre sur son corps au réveil parce qu'il gigote trop et se blesse. Juste dormir. Peut-être que s'il fait une nuit correcte, ses autres maux s'apaiseront un peu. Il pourrait reprendre un peu de poids et se sentir moins fatigué.

Castiel essuie quelques traces de sang rosâtre sur la porcelaine puis éteint la lumière de la salle de bain.

Le brun contemple son lit défais d'un air vaguement exaspéré.

Les oreillers sont tous en désordre, les draps ont été tirés jusqu'à former une boule sur le matelas et le couvre-lit est tombé sur le parquet. Castiel se contente d'arranger vaguement l'ensemble et de déposer l'oreiller souillé de sang un peu plus loin. Il s'en occupera demain, elle est définitivement foutue de toute manière.

Il roule sur le côté propre du matelas avant de tirer les draps sur lui pour s'enrouler dedans. Le cocon est agréable, encore tiède de la chaleur de son corps.

Le brun soupire doucement de contentement tandis qu'il enfonce sa tête dans l'oreiller restant.

Le somnifère commence à faire effet.

Il n'y a plus de désir ni d'excitation.

Plus de corps avec lui, contre lui.

Juste lui dans son grand lit, dans sa grande chambre au premier étage de sa grande maison sur Belmont Road. Seul.

Castiel ferme lentement les yeux et se gratte une nouvelle fois la nuque d'une main déjà lourde. Un frisson désagréable agite son corps tandis qu'il frotte sa joue contre sa taie d'oreiller. Le linge a la même odeur de lavande qui est censée apaiser le stress et favoriser le sommeil. Une autre préconisation du Dr Lauwers.

Le brun se recroqueville doucement sur lui-même et sombre enfin dans le sommeil.

Endormi, il ne remarque pas la pâle lueur du matin qui commence à poindre dans sa chambre à travers les épais rideaux.

La lumière naturelle permet à peine de discerner les formes des meubles mais pour un regard aguerri, elle montre quelque chose de très particulier. Castiel n'a pas pu le voir car personne ne peut raisonnablement observer seul sa nuque.

Dans le cas contraire, il aurait vu. Il l'aurait vu.

De petits bleus à intervalle régulier se détachent sur sa nuque. Des empreintes de doigts qui serrent. Qui griffent. Qui possèdent.

Puis plus haut, un peu caché par les petits cheveux qui effleurent la peau, une trace pourpre et boursouflée marquée de profondes traces de dents.

Une morsure. Parfaitement tangible.

Impossible à faire seul.

Castiel est juste trop épuisé pour le réaliser. Il dort enfin un peu.