Failures
N°023
Theron serre les dents, soigne ses plaies.
Il en a plein la gueule, ce n'est pourtant plus le commencement de sa carrière ; ce gamin qui se trouve au fond de lui, autrefois ignorant, le sait. Le comprend qu'il vient de réaliser une des plus belles performances de tout son cursus d'espion redoutable. Tromper jusqu'aux gens qui avaient cru partager une part de sa vie, un instant de son histoire personnelle ; Lana, son père, Koth, Senya,… Et personne ; aucun n'avait soupçonné la vérité.
Il devrait se sentir satisfait. Cette réussite fait battre son cœur dans sa poitrine, tend un point, le nœud se trouve dans sa gorge, assez profond. Comme une masse, une présence pénible, qu'il n'évacue nullement. Elle l'estime en silence, pèse partout dans son corps de traître.
Ça fait mal, bordel.
Pas au point de cesser de croire en l'avenir de la Galaxie, de cette paix qu'il désire. Qu'il vient même quérir, auprès de cet Ordre. Dans l'espoir d'arranger définitivement les choses, mettre un terme, puisque personne ne se dévouait à cette tâche. Il était traître, mais combien de fois, tous ces autres, qui, le nommaient en tant que tel, avaient-ils tenu chacune des promesses qu'ils avaient pu lui dédier, avant et lorsqu'il était encore ce gamin ignorant ? Amoureux.
Theron ne sait plus, en cet instant précis. Son abominable monstre lui manque. Qu'il ose peut-être, abandonner cette idée. Il ne doit rien à la Galaxie, alors il peut être égoïste, profiter de sa vie, et le visage de Merosmé ne quitte plus son esprit erratique.
« Je vous aime Theron. Rentrez à la maison… »
Nous n'en aurons plus si nous continuons sur cette voie, mon Commandant.
