Failures
N°025
Après cinq ans de séparation drastique et quelques mois d'une relation davantage épistolaire et expédiée entre deux obligations d'un côté comme de l'autre, ils s'étaient finalement rendu compte que dormir ensemble ne s'affirmait pas en évidence, l'espace entre eux allant à se réduire drastiquement au moindre mouvement de l'un ou de l'autre.
Des essais chaque fois ratés qu'ils passent ces heures à se fusiller du regard dans le noir : autre caprice du Seigneur Sith qui tordait le ventre de Theron d'un malaise absurde. Sans jamais que l'un ne finisse par s'endormir ainsi inconfortablement placés, de profil en perpétuel conflit.
Au point que Theron s'interroge de la justesse de sa démarche, cette initiative naïve qui plaçait des dépôts subtils maitrisés dans la chambre du Commandant. Cela avait commencé sous le prétexte de la brosse à dents, passant par des vêtements du lendemain plus faciles d'accès jusqu'à du travail qui poursuivait l'agent tard ; que Merosmé considérait plus froidement, le mettant au défi de trouver-là un passe-temps plus accessible que celui de lui faire la conversation.
Un jour, l'agent avait posé sa veste rouge, sa favorite accrochée au porte-manteau en une prise de conquête assumée. Theron ne voulait plus perdre de temps à rien, ils s'étaient aimés avec force, non sans soulagement, dès le soir même de leurs retrouvailles. L'agent accueillant en lui son amant comme une évidence lointaine qu'il avait fallu réapprendre à connaître, serrant les dents.
Mais dormir tous les deux, dans ce lit trop petit, ça n'a rien de quelque chose de connu. Que ce territoire semble soudain trop étriqué et étroit pour leurs carrures, l'agent peinant à trouver sa place, au côté droit puis au côté gauche. Cela n'empêche en rien Merosmé de se retourner hâtivement, sa moitié allant à le frapper inconsciemment. La Furie en est une pire encore une fois inerte sur le drap, car elle ne demeurait jamais bien longtemps ainsi abandonnée au confort du sommeil. Le Seigneur Sith passe à même l'intégralité de sa nuit à cauchemarder violemment, jusqu'à se lever d'épuisement, quittant ainsi sa chaleur trop envahissante pour aller prendre l'air.
Theron finit un soir par le rejoindre, quitte à ne pas dormir du tout, autant le faire ensemble. Sa main trouve celle de son compagnon, serre et chasse comme il le peut les sombres nuages, dans le ciel au-dessus les étoiles brillent et ils les considèrent en silence. L'agent ne commente rien de la discrète humidité froide qui envahit le coin des yeux de son Commandant. Il fait semblant de ne rien remarquer de cette aveu de sensibilité criante.
Merosmé le suit sagement lorsqu'il prend la décision pour deux de rentrer, dans leur chambre. Il ne lâche pas ses doigts, mêlant l'odeur de leurs peaux diamétralement colorées, s'allongeant dans sa trace avec une docilité rare. Profitant de l'instant précieux, l'agent ouvre ses bras largement, créant un espace salutaire dans leur réduit misérable. Le Seigneur Sith s'y coule souplement, pour ne plus trop y bouger. Le corps mince ainsi chétif contre le sien, instrument de meurtre de première qualité veilla une minute supplémentaire puis s'abandonna finalement complètement à la satisfaction réelle d'un profond sommeil réparateur, fermant les yeux.
Theron ne put savourer sa victoire, il dormait déjà.
