Failures
N°026
Tous voulaient le voir s'effondrer, tous aspiraient à la satisfaction de le voir ramper.
Merosmé s'y refusait. Serrant les dents dans l'obscurité de leur chambre, de sa chambre qui est soudain bien trop grande, bien trop vaste pour sa seule personne. La lueur de ses flammes réchauffe un peu de son cœur fracassé, abolit les privilèges. Il inspire et chasse l'eau traitresse qui mouille ses joues comme il ne s'est jamais autorisé avant à pleurer pour rien. Sith'ari qu'il avait pourtant perdu des gens précieux de son entourage, sans flancher.
Mais lui, est intouchable. La Furie accuse le coup, dans intimité de ses appartements. Il n'y a que le miroir pour constater les dégâts terribles, qu'il faut trois heures de préparation, à chaque matin, et tout dissimuler. Merosmé se refuse de craquer en public, de donner à tous ces autres la fragile satisfaction de le moquer à terre. Son ego lutte contre la tristesse absurde qui étreint son être, le pousse à prendre davantage soin de lui-même. Le Seigneur Sith s'applique dans son apparence, comme un ex-amant a besoin de se reconnaître un charme survivant, malgré la fin d'une relation.
Eux, c'est assez différent. Theron lui a tiré dessus, mais ils ne se sont jamais dit adieux, l'agent a reconnu sciemment l'aimer toujours ; même si… Le sort de la Galaxie a plus d'importance, aux yeux de son ancien compagnon. Merosmé ne vaut pas cette peine, et sa volonté se vexe de cette douloureuse incompréhension. Qu'il se dérobe derrière les étoffes les plus riches, efface les cernes sur son visage si pathétique. Allant à se construire un personnage inébranlable, prétendant l'ignorance ; et puisque alors Theron n'est pas capable de se rendre compte de sa valeur, et bien tant pis, pour lui.
Tant pis. Le Seigneur Sith redresse fièrement la tête, supporte les attentions indiscrètes de tous ceux qui cherchent la faille dans ce tableau de perfection irrespirable. Les mauvaises langues ainsi, qui vont jusqu'à saluer le célibat bienvenu du Républicain, qu'il fallait se demander ce qu'il pouvait plutôt trouver chez ce résidu impérial. L'agent Shan avait ouvert les yeux sur la réalité.
Merosmé ignore leurs moqueries, peint sur ses traits le masque d'une cruelle réjouissance. Que la satisfaction ne serre son ventre, sous les regards surpris de ces prédateurs de bas-étage. Il est un roc, et il ne faillirait pas à son devoir de Commandant de l'Alliance Eternelle. L'occasion est ainsi, celle de son retour en force, par un vœu de sourde autorité.
« Vous êtes absolument magnifique, Monsieur. S'il ne revient pas vers vous à genoux, je le démembre jusqu'à l'os ce complet crétin.
_Merci Lana. »
