Failures

N°027


Merosmé ne sait pas ce qui gamberge au fond de lui, lorsqu'il le revoit.

Theron apparait comme une fleur ; empli de cette assurance arrogante, tandis qu'il dépose son arme au sol presque distraitement, en une signification de retraite assumée. Il parle et agit en ami, comme si leur séparation forcée datait finalement d'hier. Pendant un instant, le Seigneur Sith est tenté de l'emplafonner sur une de ses lames, n'importe laquelle. Un élan meurtrier que semble reconnaître son ex-amant, qui induit une prudence timorée chez l'agent.

Et pourtant les indices ont été nombreux à plaider en faveur de Theron quant aux données sauvées par le Républicain à leur attention, cette technique de cryptage volontairement découvert par Lana en une signature, l'irréalisme des moralités de l'homme. Tout cela n'avait pas de sens en soi, de vouloir sauver le monde en tuant les partisans de l'Alliance Eternelle et recourir au vœu de Paix Universelle par une arme destructrice : Zildrog.

Theron n'est pas aussi confus dans ses raisonnements ; Merosmé le sait, même s'il a essayé de balayer cette vérité dangereuse quelque part au fond de lui. Le Commandant ne voulait en rien, espérer à nouveau par ce pauvre crétin qui remuait son âme, sens dessus-dessous. Que chacun des derniers mois avaient été passé à se construire une muraille insubmersible face aux critiques et à cette agitation, Theron Shan avait largué la Furie de l'Empereur, enfin ?

Merosmé essuie les moqueries certaines, ce matin il s'est maquillé avec un soin diabolique. Sa figure peinte ne transmet que l'indéfectible condescendance, en une froideur bienvenue. Mais, la couche dense de rattrapage craque devant son ancien compagnon. Il a le sentiment de la sentir, se fendiller de toute part inéluctablement et son cœur bat trop fort.

« Je ne sais pas ce que je ferais s'il vous arrivait quoi que ce soit… Avoue Theron, maladroitement. Vous…, vous êtes…tout, pour moi… »

Le Seigneur Sith serre durement les dents, considère le sol ; retient de justesse, « vous êtes tout pour moi aussi, vous n'avez jamais cessé de l'être ». Ce n'est pas le moment et cet idiot mérite bien de poireauter un peu, autant qu'il a pris soin de piétiner ses sentiments. Merosmé se sent des plus conventionnels sous ce caprice certain.

Lana est définitivement moins généreuse, piquée surtout de ne pas avoir été mise, un seul instant, dans la confidence. Elle estime durement la possibilité de faire à nouveau équipe avec eux afin de vaincre Zildrog. Une suspicion qu'elle partage dans un accès de franchise brut à haute voix sans prendre de gants pour personne. Merosmé la recadre.

Surprend un regard d'étonnement terrible de la part de son ancien amant le Seigneur Sith détourne pourtant les yeux, ailleurs. Pas la force encore de remettre les pieds, dans ce qui trempe, en une vase immonde, au fond de lui. Sauver la Galaxie s'impose comme une urgence primitive en qui ses compétences se concentrent. Il relance le jeu à trois cette fois. Et son principal acteur avait définitivement la tête autre part, sur un Enfer mat et moite, dans sa bouche ; il se souvient encore, il ne peut pas oublier ça, un seul instant.

Lorsque Theron s'effondre, terrassé par l'ennemi ; la haine brûle sa tête.