Failures
N°028
Theron venait de se fiancer avec Merosmé.
L'agent ne peut contenir le gloussement horripilant qui échappe à sa bouche contentée. La satisfaction absurde enivrait son être tout entier, engourdissant son corps. Il a le sentiment plutôt curieux de flotter à quelques mètres du sol en un bonheur ridicule. Parce que Merosmé Faang, son Merosmé avait dit oui, à sa piteuse demande en mariage.
Theron n'y croyait toujours pas, peinant à aligner ses pensées. Les souvenirs récents allant à se confondre dans son esprit erratique, qu'il s'était attendu à se faire virer de l'Alliance Eternelle de la main même de son Commandant, pour haute trahison et… Et rien. Son Seigneur Sith lui avait accordé sa place dans un sourire séduisant, comme si elle n'attendait finalement que lui, comme si Merosmé n'attendait que lui. Theron était définitivement motivé, à répondre aux caprices, de son compagnon. Le dirigeant pouvait bien exiger de lui qu'il rampe par terre, qu'il le ferait. Theron ne possédait pas d'amour propre quand il s'agissait de sa moitié.
Parce que son Commandant était tout pour lui, absolument tout et que s'il en doutait encore, auparavant, il en avait eu la parfaite confirmation durant ces interminables semaines de leur soudaine séparation. Lorsque ses rêves ne demeuraient que peuplés de lui, qu'il voyait Merosmé partir sans se retourner une seule fois à ses suppliques. Et il aurait très bien pu l'abandonner là, au sol où il se serait vidé de son sang en silence.
Rentrer à la maison, Merosmé avait soufflé ses mots comme une évidence, comme la réelle résolution de cette problématique vaine. Theron avait été dépassé par ce vœu de serrer contre lui, son homme, lui témoigner la force absurde de ses sentiments honteux qui faisaient battre un peu trop vite, son cœur épris. Son cœur fidèle et dévoué à la protection de son unique.
Lana l'avait ramassé finalement et l'agent avait suivi, sans une objection. Conscient, que cela n'était pas le moment de se plaindre du statut de son soutien, s'appuyant maladroitement sur elle, il avait rivé ses yeux sur le dos de son amoureux. Notant comment le regard du Seigneur Sith avait esquivé volontairement le sien, imposant une incertitude douloureuse dans son ventre parce qu'il n'imaginait pas un seul instant, être privé de lui. Depuis combien de temps, Merosmé était si beau, paré de ses couleurs flamboyantes qui saillaient sa silhouette… ? Enveloppé de ces étoffes, en cette offre qui charme dangereusement son âme. Theron se demande s'il lui a vraiment manqué un peu, à un moment ou un autre.
« Tu le connais, il était complètement effondré sans le témoigner à personne. » Souffle Lana, à son attention quand elle l'emmène à l'infirmerie ; Merosmé prétextant une urgence.
Theron avait senti sa culpabilité, étrangler sa gorge. Parce qu'il savait très bien tout ce que la jeune femme impliquait derrière ; il l'avait fait pleuré. Il avait blessé son compagnon sa parfaite moitié, celui qui le complétait, avec cette justesse absurde. L'agent ne pouvait seulement accepter, de se pardonner son geste extrême, cette trahison qui lui collait à la peau, et qu'il avait imposée en silence, à tous. Conscient de mériter l'accueil froid de ses collègues échaudés par ses manigances à répétition. Theron ne pouvait leur en vouloir, quoiqu'Arcann s'était présenté à son chevet, afin de lui remonter curieusement le moral. L'ancien Empereur lui avait adressé un sourire franc, affirmant que le bonheur convenait bien davantage à Merosmé.
Alors, Theron avait pris son courage à deux mains et avait claudiqué jusqu'à son ancien amant et rejoignant Lana, qui discutait avec lui, dès qu'il avait été en mesure de se lever par lui-même et sans assistance aucune. Son pas hésitant n'avait rien coupé de sa détermination, et ignorant cette nouvelle tentative du Commandant à se dérober, il s'était excusé. De ses méthodes, de son silence odieux, de cette initiative personnelle : tendant une main en un mea culpa sincère que son ancien compagnon avait saisie, marquant une seconde interminable de cruelle hésitation.
Theron s'était senti fondre de soulagement, luttant contre une humidité certaine déplacée et remerciant la pudeur de Lana, qui les avait laissés, ensemble, tous les deux. Parce qu'il avait des choses encore sur son cœur qui ne pouvaient définitivement pas être abordées, en sa présence. Et de la tension était subitement apparue dans le visage de Merosmé ; l'agent avait croisé les doigts, par un réflexe ridicule.
Voulez-vous bien me laissez une seconde chance, à vos côtés ?
Oui. Oui, sa moitié voulait encore de lui, avait affirmé ne jamais cesser de l'aimer. Lui non plus, n'avait rien oublié des démonstrations d'affection entêtées de son homme malgré la violente trahison parce qu'il avait persisté à lui offrir une place. Et Theron avait le sentiment inconfortable de déborder d'un amour furieux, passionné qui emplissait ses veines d'une lave bouillante.
« …cela ressemble à une demande en mariage… »
L'agent avait senti son cœur se figer brutalement, dans sa poitrine abasourdie. Incertains, incompréhensibles les sons s'étaient bousculés à ses lèvres sans jamais parvenir à former des mots et Theron ne pouvait pas croire que Merosmé venait de sous-entendre clairement…
Merosmé avait prononcé le mot « mariage », Merosmé le regardait, lui et personne d'autre et un sourire amusé ne désertait plus sa bouche arrogante. Mariage, est-ce qu'il avait seulement le droit de demander la main de son Commandant, et oh bordel… Mariage. Merosmé voulait donc, lui appartenir toute la vie ? Theron n'a jamais songé à ce mot auparavant, s'il devait être sincère avec lui-même, si, il l'a déjà fait. Mais en agitant distraitement la main ensuite, comme pour chasser un élan audacieux complètement déplacé. Ils commençaient à peine à se découvrir l'un et l'autre tout cela s'avérait bien trop tôt. Il se l'était répété pour s'en convaincre.
« Si vous ne demandez pas, vous ne le saurez jamais… » Susurre son compagnon, en une séduction assumée.
Theron voulait-il épouser Merosmé, oui définitivement. Et Merosmé, lui, voudrait-il de lui, après ce fiasco absurde… ? L'agent avait inspiré, porté par un courage insoupçonné, il s'était jeté à l'eau, bafouillant trente fois, s'accordant la moquerie certaine du Seigneur Sith qui avait détendu, ce nœud inextricable dans sa poitrine.
« Epousez-moi, je vous en prie. »
Et Merosmé lui avait souri avec tendresse cette fois-ci. Une odieuse tendresse, il avait posé sa bouche contre la sienne, acceptant et Theron avait décollé ailleurs. Perdant complètement pied avec la réalité de cet instant étranglé par un bonheur absurde. Qu'il ne pouvait définitivement pas croire, qu'il venait de se fiancer avec son Commandant : parce que Merosmé allait devenir son époux, son Âme-Sœur allait devenir son mari ; le sien. Leurs noms ne formeraient bientôt plus qu'un seul et unique, qu'ils partageraient, dans cette audacieuse osmose…
Parce que Theron Shan avait demandé en mariage Merosmé, et que Merosmé Faang, par un élan complètement insouciant et suicidaire, lui avait dit oui. Son Seigneur Sith avait accepté en un sourire incendiaire, des étoiles au fond de ses yeux sublimes. Et Theron, voulait que le temps cesse de couler, il voulait tenir entre ses bras amoureux, cet homme pour toujours, à jamais.
Et tout le reste pouvait aller se faire foutre, Theron ne partageait pas.
