Failures

N°029


« Félicitations, Commandant. »

Merosmé acquiesça distraitement, en une politesse certaine. Il commençait finalement, pour de bon, à s'habituer aux témoignages de ces partisans. Très peu boudait leur plaisir de leur adresser ainsi autant de leur attention que de leur soutien par des félicitations de circonstance qui enflammaient alors très haut, jusqu'au visage de Theron. L'agent se confondant en remerciements embarrassés, non sans lui adresser à chaque fois un regard timide, comme réclamant son approbation ; ce Républicain n'avait décidément pas compris la réalité ultime de sa réponse.

Oui, le Seigneur Sith voulait passer sa vie auprès de lui. Sa vie, pas les prochaines secondes uniquement. Et à la fois, le comportement timoré de son fiancé agaçait un peu mais l'amusait aussi de par sa fragile sincérité. Theron tenait foutrement à lui. Ce genre de retenue polie le trahissait en ces occasions où il s'autorisait à peine à y croire pour de bon. Sans compter le nombre de ces francs gloussements qui échappaient à l'agent, martelant la ferveur de ses émotions.

Merosmé n'était pas mécontent de faire cet effet-là à son compagnon. Surtout, après avoir subi de sa part une retentissante trahison qui avait mis à mal ses maigres assurances. Moquant la redoutable incertitude de Theron alors qu'il se trouvait lui-même la complète victime de ses propres doutes plutôt insistants, vaincu quant aux semaines interminables passées en tant que nouveau célibataire. A la vue, et au su de tous ; Commandant qu'il était, il s'était senti jeté en pâture sur la place publique, dénudé en une vulnérabilité honteuse, à l'attention de toutes les charognes. Beaucoup ainsi ne s'étaient privés, du plaisir de l'humilier, non sans une ferveur assassine.

Son fiancé avait remis les choses à leur place, l'avait remis à sa place ; entre ses bras désireux. Theron rougissant peu de réaffirmer la réalité de leur relation aux attentions de tous. A sa manière, non sans s'agacer des échos de ce traitement de faveur déplacé envers son futur époux qui persistaient dans certaines bouches médisantes et déplacées ; l'agent les avait tues pour de bon ravageant avec fièvre les lèvres du Commandant par caprice, lors d'une réunion de mise au point. Ne s'inquiétant nullement, un seul instant, des multiples spectateurs à ce volontaire dérapage. Allant à lui adresser son sourire le plus renversant, que Merosmé ne s'était pas senti le devoir de punir sèchement occupé à dissimuler tout son terrible embarras, derrière ses notes stratégiques.

Mais tout cela n'était rien face aux réactions de Satele et Jace quand Theron s'était décidé, non sans hésitation à leur faire part de leur heureuse nouvelle. Le Falleen avait dû alors accueillir ses futurs beaux-parents en catastrophe, ménageant quelques heures de discussions, au milieu de son emploi du temps déjà chargé. Les deux Républicains s'étaient écroulés au confort de leur siège respectif la bonne ambiance entre eux demeurant ainsi, en suspens, plusieurs minutes. Le Maître Jedi semblait accuser la réalité de leur mariage à venir, avec davantage de philosophie. Quand Papa Theron se trouvait muet, et trop effondré, qu'il n'osait plus lever les yeux vers son fils, ni son dérangeant fiancé.

« Je suis contente, pour vous deux… » Avait finalement balbutié Satele, pudiquement ; provoquant un gémissement sonore de Jace.

Tous les regards s'étaient alors tournés vers le Commandant Suprême, qui avait plongé dans le confort de ses larges mains, son visage dur habité par la résignation douloureuse, peinant à déposer les armes contre l'ennemi naturel.

« Ton père approuve aussi. » Assura Satele à l'agent, coupant net la protestation qui parût soudain, vouloir quitter les lèvres bavardes de son compagnon, par un coup de coude efficace.

Merosmé avait retenu en catastrophe un sourire triomphant à l'égard de cet homme sévère, dont le traumatisme abrupt avait précipité l'habituel dédain au fond de ses plus lointains placards ; pour une misérable attitude de circonstance. Theron avait heureusement décidé de ne rien relever, adressant à ses parents maladroits des encouragements silencieux.

« J'aimerai que vous soyez présents, auprès de moi, le moment venu… »

La complainte de Jace sembla résonner dans toute la base.