Failures

N°036


Theron possédait une excellente mémoire. De toutes qualités dont il était doté, celle-ci se valait la plus pratique au quotidien. Classant les informations avec une certaine dextérité au point de créer un véritable pôle d'archives qu'il pouvait consulter librement selon les besoins. Le répété élan n'était pas chaque fois guidé par des aspects professionnels liés à ces missions, mais souvent à lui s'imposait ce caprice de reconsidérer des moments de son existence ; des souvenirs de tout, à l'enfance aux vérités adultes.

Il y avait beaucoup de Merosmé ces derniers temps, dedans.

Il y avait cette fois, où ses mains habitées par l'habitude avaient travaillé sous le regard de son amant à se défaire de ces habits, sans fioriture quelconque. Relevant finalement les iris ébahis ombragés de cette admiration vorace qui avaient creusé de primitifs sillons dans son corps nu, en façonnant l'érotisme de la situation impromptue. La naïveté absurde de l'agent rencontrant cette soif insatiable et puisant dans son courage pour achever sa course sous les draps de ce lit qui alors n'était pas encore le sien ; ultime audace.

Les yeux du Seigneur Sith avaient couru sur sa peau, en une exploration butée. Lui faisant l'effet de cette découverte du sexe comme lui-même l'avait vécue, feuilletant quelques clichés au-dessous de la couverture en surveillant les alentours. Cette euphorie tentatrice qui se trouvait un peu freinée par la peur de se faire prendre.

Merosmé avait conservé sa bure, jusqu'à ses gants, lorsqu'ils avaient finalement dormi, en un équilibre précaire, l'un contre l'autre sous cette toile de tente, à Yavin 4. S'occupant peu de cet aspect cocasse, l'un nu comme un ver insolent et l'autre pudiquement couvert à toutes les sévères attentions que Theron aurait voulu déposer à son tour, sur cet épiderme immaculé de volutes trop écarlates. Caressant distraitement la lame de son couteau que l'agent avait conservé sciemment à la cuisse, en une sensualité révoltante ; osant à peine toucher le reste. Merosmé avait inspiré à ses ultimes restrictions raisonnables des images sulfureuses.

S'enterrant aux profondeurs de ce corps vêtu, Theron avait soupiré de satisfaction. Allant à savourer ce contentement qu'avait éveillé en lui l'admiration de son amant, flattant son ego plus retenu. Qu'il s'était même tortillé, contre le Seigneur Sith, dans l'espoir d'éveiller en lui davantage de concupiscence. En vain, Merosmé était demeuré amoureux platonique.

Poète muet rêvassant en silence.

Et confronté à cette tendresse inopinée de la part de cet instrument de mort, Theron avait senti son cœur s'éprendre follement. Vaincu de cette séduction inconsciente qui avait abattu pour de bon les dernières restrictions de cette parfaite muraille qu'il avait construit depuis des années, à sa solitude parfaite. Imposant en lui cette nouvelle certitude : je veux cet homme.

Je veux cet homme, pour de bon.

Profitant de l'inconscience de son sommeil, il avait embrassé sa Furie. Désormais habité du vœu de revenir demain, tenter une nouvelle fois sa chance. Merosmé demeurait un être vivant qui portait des pulsions en lui, il finirait bien par craquer…

Deux nuits plus tard, ils faisaient l'amour sur un toit de Yavin 4.