Failures
N°045
Theron avait considéré la silhouette prostrée du connard qui lui servait de mari avec une froide incertitude. Contenant au mieux son élan de rage qui bouillonnait encore, dans son ventre, y aggravant la blessure suintante. Serrant les dents.
Autour la masse fêtait une semi-victoire sous pavillon impérial les corps se pressaient au milieu des rires enivrés et des exclamations amicales. Autour les ombres dansaient chaotiquement, tirant une toile splendide qui illuminait plaisamment les lieux sévères. Autour les salutations retentissaient, et on s'invitait à se confronter poliment, en concours démentiels.
Autour et Theron avait le cœur dramatiquement lourd.
La dramatique impression de suffoquer sans réellement savoir…
De trop détenir entre ses mains débordées un bouquet d'émotions violentes et vivaces.
Accusant le coup.
Alors, il avait fini par s'approcher quand même. Une main sur sa crosse prêt à dégainer dans le moment si nécessaire. Progressant en prudence, vers le mortel ennemi. Estimant le corps piteusement abandonné au sommeil, sur le bar de la cantina…
Quatre bouteilles vides au côté droit.
Theron soupire. Prenant soin de soulever précautionneusement la masse immobile, portant sa charge surprenamment pesante dans ses bras amoureux. Observant ce visage endormi, qui se troublait à peine de cet odieux kidnapping. Theron se penche pour en embrasser le front.
Ça ne réglait pas tout dans son cœur.
Ça martelait le plus important.
« Je suis désolé… » Souffle son compagnon, pressé contre lui.
Theron pose un doigt sur les lèvres peintes, confortablement alangui dans leur lit. Et respirant, à nouveau. Epris, toujours.
Et il en avait fait la promesse, un certain jour…
Il ne partirait jamais.
