Failures

N°051


Merosmé ne s'était jamais autant senti troublé par la tentation tenace qu'à cet instant. Ainsi étroitement serrés contre l'armure qui contenait son désir diffus d'explorer.

Perdus au milieu de la foule éparse aux alentours étroits du lieu, leurs corps bercés du rythme des basses sourdes qui explosent à leurs oreilles. Naviguant en autopilote, s'adjoignant des quelques contraintes de tenues, comme du reste.

Son compagnon prenant les rênes pour cette fois de leurs danses, réduisant dramatiquement l'espace de convenance entre eux. Incroyablement captivant, Merosmé se sent sous le charme. Note le brun du cheveux, note la solidité de cette complète structure, note le sourire embarrassé, de cet homme qui lui plait un peu trop. Définitivement.
Qui possède ce sens de l'humour, cette timidité adorable. Sauf qu'il ne s'agit pas de son mari à cet instant. Qu'il ne s'agit pas de Theron…

Oui, Rass est incroyablement dingue, et pas que sur le terrain quand ils opèrent ensemble. Mais aussi dans les à-côtés qui les rapprochent. Ils s'entendent foutrement bien.

Sauf que Merosmé a déjà quelqu'un d'important.

Merosmé a Theron. Theron qui l'a attendu pendant cinq ans. Theron qui lui a ravagé le cœur et l'âme à l'instant où il l'a entendu sa voix, à l'instant où ils ont échangé leur premier regard par holocommunication, et malgré ses couleurs de Républicain.

Et qui continue chaque jour durant, de se montrer à la hauteur de leurs Vœux d'Eternité. Malgré cette trahison qui le hante encore. Malgré ces disputes qu'ils ont souvent, malgré ces divergences folles dans leur éducation, dans leur morale, dans leur chemin…

Merosmé a trouvé sa moitié. Et aucune autre pièce ne lui correspondra autant que celle qui l'a.

« Je suis désolé… Souffle-t-il, repoussant en douceur le Mandalorien. J'aurais fait ta connaissance plus tôt, mais… Je ne peux pas…

_Non, c'est moi. »

Son partenaire de danses eut un geste avorté, se retenant de le rattraper contre lui. La tristesse sabrant son être à ce rejet âpre. Se sentant morcelé en pièces, poussière… Qu'il y avait cru un moment, à cette aisance de proximité entre lui, et ce Sith qui captive sa personne.

« Je savais que tu étais marié. Reprit-il, prétendant la plaisanterie. Mais il est difficile de résister à celui que tu es…Et je voudrais pas te forcer à agir contre tes principes.

_Je suis vraiment désolé, je n'aurais jamais du te chercher de la sorte. Je ne pensais pas que cela prendrait une telle accentuation. »

Autour d'eux, les anonymes continuent à se mouvoir, sans intérêt nul envers cette douloureuse mise au point. Qui fracasse, en force un naïf espoir.

« Ecoute, je vais garder ces souvenirs avec moi. Et si un jour, il t'apporte trop de larmes, tu sais bien où… Le coupa Rass, dans un sourire tordu. Mais ça va être dur de renoncer à ce que nous aurions pu devenir ensemble…

_Je le sais. »

Leurs regards se trouvèrent l'un dans l'autre, s'accordant cette ultime fois. Rass s'approcha de lui, posant ses mains à sa taille pour ravir sa bouche.

IIII

Quand Merosmé rentra à leur forteresse, il trouva son époux assis dans son siège, qui l'attendait, sa bouteille entamée dans sa main. Le talon tapotant d'impatience. Et le visage fermé aux dures émotions vivaces qui le traversèrent alors.

Il savait parfaitement où il était et en quelle compagnie. Ce qu'ils faisaient avec cet autre.

« J'imagine que si tu rentres, c'est que tu as fait ton choix… ? » Souffla sans conviction Theron, regard maintenu au sol.

Merosmé s'approcha de lui, autant que possible. S'agenouillant, trouvant le menton de son mari pour aller chercher sa seule attention, ces incertitudes qu'il infligeait à sa précieuse personne rien que pour lui.

« Je t'aime Theron. Et je ne veux que toi, rien que toi, je ne voudrais que toi et même aux Enfers, rien que toi. Je ne renoncerai à rien de toi. »

Son frissonnant époux l'enserra auprès de lui, à son étroit périmètre.

« Ne me refais plus jamais ça ! Plus jamais ! Commanda-t-il durement, durcissant son regard.

_Je sais. J'ai déjà trouvé depuis longtemps, mon compagnon… »

Theron l'embrassa, alors. Fracassant leurs lèvres l'une à l'autre, sa langue trouvant la sienne en un élan soudain de rappel à l'ordre, en récriminations absolues. Auxquelles Merosmé se plia docilement, entrainant bientôt son impétueuse moitié au sol.

Où leurs âmes têtues, fusionnent une nouvelle fois.

Et pour longtemps.