Après avoir achevé l'Europe Stadium Tour à Vienne et célébré ça dans l'esprit qui convenait, les membres de Rammstein avaient opté pour la campagne norvégienne pour profiter d'un moment de détente les deux prochaines semaines. Seul Richard repartirait un peu plus tôt car étant le chanteur d'Emigrate, il avait des obligations en plus et un clip à tourner. Le soleil matinal baignait la grande maison louée par Till afin de profiter de la magnificence naturelle du nord. Éloignée des autres par quelques buttes de terre et d'herbe en raison de son statut de "maison de vacances", celle-ci était parfaitement isolée à l'extrémité d'un petit village séparé des plaines par un grand pont de pierres vétuste et peu rassurant. Les tenues de scènes voyantes et moulantes mises de côté, tous se fondaient dans le décors en arborant leurs vêtements décontractés habituels. Till, Paul et Richard étaient arrivés en jet la veille en plein après-midi et avaient eu recours à un interprète et un guide pour trouver ce village dont le nom était encore imprononçable pour eux. Ce dernier leur avait d'ailleurs fortement déconseillé de s'approcher du pont même s'il était solide aux yeux des villageois. Le reste de la bande les rejoindrait le lendemain car ils avaient eu des choses personnelles à régler. Till, Paul et Richard pouvaient donc prendre du repos et visiter ce lieu inconnu en toute discrétion, bien que le village était vide et calme. La maison était située au bout d'une interminable rue peu habitée et n'avait aucun voisin avant plusieurs dizaines de mètres. Le village était entouré de champs, de prairies et de forêts. Ses maisons étaient suffisamment espacées entre elles afin de garantir l'intimité des habitants.
Richard faisait une grasse matinée bien méritée et pour ne pas le réveiller, Paul avait proposé à Till après deux tasses de café de parcourir les rues environnantes après avoir longuement regardé par la fenêtre. Sur le chemin du retour après une marche en pleine nature ainsi qu'une visite incognito du village, les amis profitèrent en même temps du soleil matinal. Ils entamèrent la liste des meilleurs moments de leur voyage, et elle s'avéra si longue qu'elle leur prit tout le temps. Admiratifs des lieux et donc non décidés à pénétrer dans la propriété pour le moment, ils en firent le tour afin de mieux la regarder lorsqu'ils eurent droit à un "spectacle" bien singulier sur le plan humain. Longeant le mur latéral de la maison, ils approchaient de la route lorsque sur leur droite, quelque chose tapa sur ce qui se trouvait être la fenêtre de leur cuisine. Cette maison leur appartenant, ils n'y prêtèrent pas attention jusqu'à ce que le bruit ne se répète. Alors qu'il s'apprêtait à flatter les environs, Till s'exaspéra et regretta d'avoir voulu satisfaire sa curiosité lorsqu'ils virent une femme blonde à l'intérieur, adossée au verre et sûrement en train de prendre un plaisir malsain en compagnie de Richard. La tête de ce dernier apparut par-dessus l'épaule de la jeune femme et même les yeux fermés, son visage exprima autant de plaisir que leurs mains qui se touchaient. Donc il ne vit aucun de ses amis agrandir leurs yeux à un mètre derrière la fenêtre avant de se décaler sur le côté pour ne pas être vus.
Outré, Till ne put que murmurer :
- Il se croit dans un bordel ou quoi ? C'est qui celle-là ? On vient à peine d'arriver et monsieur a déjà une femme dans les bras... très jeune d'ailleurs.
- C'est vrai. Elle est peut-être même déjà enceinte, va savoir avec lui ! rit Paul.
- Je vais le tuer.
Paul fit une tentative pour défendre leur ami :
- Till, on en a tous fait des comme ça.
- Plus jeunes, oui... mais pas à la vue des autres.
- Il ne savait pas qu'on rentrerait si tôt, c'est tout...
- Je n'ai rien contre le cul ou le porno mais cette maison nous appartient à tous pour une courte durée, on ne va pas rester à l'extérieur le temps que monsieur fasse son affaire. Les gars arriveront demain et on ne va pas leur servir une chose pareille.
Paul s'en amusa encore avant de cesser en voyant sa colère. Alors qu'ils se penchèrent à nouveau pour regarder, ils virent autre chose qui les fit changer de couleur. Déterminé cette fois, l'aîné fila en direction du portail d'entrée de la maison et Paul dut se hâter pour le suivre, l'image chaude de son ami ténébreux s'imprimant dans sa tête.
- Il va m'entendre. On est là depuis hier et il fait déjà le joli cœur avec les femmes du village.
- Till, tu te répètes. Mais il faut dire qu'il me rendrait vraiment jaloux des fois. Quant à elle, pour oser faire ça avec lui aussi vite, elle l'a forcément reconnu et c'est un gros problème.
Till tourna la tête un instant, résolu et on ne peut plus concerné.
- Il a déjà quelqu'un dans sa vie mais il baise ailleurs dès qu'il en a l'occasion. Je suis sûr que ses enfants sont plus matures que lui alors il faudrait qu'il arrête.
- Oui ! En parlant de ça, il faut que je te dise quelque chose. Je n'ai pas osé le faire avant parce que je voulais lui laisser une chance mais... Till, ralentis.
Paul venait de hausser le ton car le chanteur ne semblait pas faire attention à ce qu'il lui disait. Il lui fallut courir pour attraper son bras, ce qui eut un effet immédiat.
- C'est bon, je t'écoute. Mais si tu me parles pour lui laisser le temps de salir la cuisine avec ses cochonneries, tu vas voir.
- Non, non ! J'ai juste appris par sa dernière copine que...
- Karen ! précisa Till.
- Oui, Karen ! Euh...
Till s'impatienta après avoir de nouveau regardé la porte.
- Abrège.
- Pour te la faire courte, elle m'a téléphoné pas longtemps avant le début de la tournée. J'étais nerveux, je me rappelle que j'étais en train de préparer mes affaires et j'ai sursauté en entendant le téléphone. Je ne sais pas comment elle a eu mon numéro, peut-être dans le portable de Richard, mais elle m'a dit de veiller sur lui parce qu'il devenait bizarre. Elle s'inquiétait pour une raison... comment te dire euh... intime. Notre Richard a beau être le chouchou des demoiselles mais il devient brutal une fois au plumard.
- Question de pratiques quand on est dans le feu de l'action.
Lindemann se contenta de lui donner un coup amical à l'épaule.
- Ça doit être un fantasme de la cinquantaine pour casser sa routine, ce n'est pas parce qu'il a l'air d'un ange que c'est le cas alors ce ne sont pas nos oignons ! sourit-il.
- Ne viens pas me dire "certaines femmes aiment ça". C'est peut être vrai pour une partie mais il y a des limites et il les a atteintes avec Karen, sinon elle ne m'en aurait pas parlé. Là, je te parle de pratiques non désirées par un des conjoints.
Il capta enfin l'attention de son ami mais au point que son expression lui donna des sueurs froides. Collant ses mains sur son crâne en fermant les yeux avec force, Till se tourna un instant vers la porte mais lui refit face aussitôt, nerveux.
- Tu réalises que tu parles carrément de viol ? C'est un sujet grave, pourquoi tu as autant attendu avant de m'en parler ? C'est de Richard qu'il s'agit et s'il déconne, on doit faire ce qu'il faut.
- Faut dire que j'avais peur de sa réaction. Karen est venue me voir le lendemain de son appel, elle m'a tout balancé en face parce que j'avais eu du mal à la croire. On va éviter de le dire aux autres, s'il te plaît. Toi et moi sommes parmi les seuls à être assez proches de Richard pour essayer d'aborder le sujet...
Un bruit lourd, provenant probablement de la cuisine, le coupa dans son explication et Till leva les yeux au ciel. Cette fois, plus rien ne put l'empêcher d'entrer dans la maison en hurlant le prénom de celui qui allait le sentir passer, préférant le prévenir de son arrivée au cas où l'envie de finir nu ne le tenterait. Emboîtant le pas de son aîné, le cœur de Paul manqua un battement et il se mordit la lèvre. Malgré cette condition particulière, leur ami était un homme qui aimait le calme du matin et pouvait facilement s'énerver en cas de contrariété. Dans la cuisine, ceux qui se conduisaient de façon immorale avaient tout stoppé depuis le hurlement qui leur était parvenu et Richard, à la vue de ses amis débarqués, s'apprêtât à recevoir l'orage. Intimidé par sa propre tenue, il décala la jeune femme devant lui pour se couvrir. Un débardeur blanc accompagnant un boxer bleu foncé bien moulant... il n'y avait pas à dire, Richard se croyait vraiment chez lui. En revanche, son invitée était entièrement vêtue et malgré leur excès d'affection, ils n'étaient pas allés plus loin. Ou plutôt, ils n'en avaient pas eu le temps et le chanteur serra les lèvres de peur de laisser sortir des noms d'oiseaux trop vite.
- Tu n'as pas perdu de temps. Les préliminaires, tu ne connais vraiment pas ! balança Till avant de saluer cette femme d'un hochement de tête.
Il ne s'étonna guère que ce qu'il interpréta comme un salut de cette dernière ne résonne en langue étrangère.
- On ne faisait rien de trop louche, on se câlinait et c'est tout.
- Avec sa main dans ton boxer, bien sûr !
Paul toussota en baissant la tête après sa petite provocation. Se grattant la nuque, Kruspe ne put se retenir de rire alors que l'aîné fumait en désignant l'endroit.
- Faire ça dans une cuisine est franchement dégoûtant, tu n'es pas seul à vivre ici. Venant de toi, je n'y aurai même pas cru.
- Oui, pardon ! Désolé, voici Thea d'après ce que j'ai pu comprendre.
Till haussa les sourcils.
- Hein ?
- Je l'ai rencontrée hier soir en courant un peu, elle vit au bout de la grande rue. J'ai essayé de lui dire de ne pas venir ici mais elle parle très mal notre langue, elle baragouine juste un peu l'anglais. Je venais à peine de me réveiller quand elle a sonné à la porte.
- La différence de "langues" n'a pas eu l'air d'être un problème pour vous ! constata Landers.
Till acquiesça en mettant ses mains dans ses poches.
- D'un sport à un autre...
Till faisait souvent de l'ironie à propos de leur ami sportif et coureur de jupons, mais cette fois-ci il eut du mal à y mettre de la bonne humeur car ils ne se trouvaient pas chez eux et n'étaient là que pour une courte durée. Fermant les yeux en hochant la tête alors que Till s'efforçait de lui demander poliment de raccompagner Thea jusqu'à la sortie, le plus jeune s'exécuta et Lindemann put enfin serrer les poings. Sans en connaître la raison puisque lui-même n'aurait jamais agi de la sorte, Paul tenta d'éviter une prochaine catastrophe en défendant son ami une fois de plus.
- Ce qui est bon signe, c'est qu'elle n'a pas eu l'air de nous reconnaître tous les trois. Elle est un peu gourgandine, dévergondée comme lui mais Richard a quand même des remords, il n'est pas idiot.
- Il n'est pas très expressif pour les afficher alors, parce qu'il n'avait pas l'air sincère.
- Si ! Mais d'un côté, la seule chose dont je l'ai vu s'excuser depuis que je le connais, c'est d'avoir couché avec ton ex-femme et de lui avoir fait un enfant.
- Oui mais il n'aurait pas du puisqu'il l'aimait, ce n'est pas pareil. Mais ce coup-là ne lui ressemble pas, alors on va lui parler de ce que tu m'as dit et vite.
Paul s'agita avec nervosité.
- Sans le brusquer alors. Tu sais qu'il est d'une nature morose et fragile, il a seulement besoin de se laisser aller en ce moment. Il fait le fier mais c'est pour se couvrir.
Till croisa les bras en jetant un œil dans le couloir pour vérifier si leur ami revenait.
- Ne me dis pas qu'il ferait une crise de la cinquantaine ! Quoi qu'avec les idées qu'il a en ce moment... même l'idée du baiser sur scène était de lui au départ ?
- Tu n'as pas l'impression d'en rajouter ? J'étais partant, on y a pensé en même temps. Tout ça à cause d'un bisou de rien du tout, on n'a même pas mis la langue.
- Et ça te fait rire ? souffla l'aîné.
Alors que Paul prenait cela comme une plaisanterie en s'éloignant du sujet principal, Till lui remémora en détail cette initiative de s'embrasser. La première fois, il s'était méfié en voyant l'enthousiasme exacerbé de ses amis avant de passer à l'acte sur scène. En effet, les deux hommes avaient proposé quelques heures plus tôt de pimenter les choses en allant beaucoup plus loin qu'un simple baiser : langues mêlées et caresses osées avaient été proposées au menu. Raison qui avait poussé l'aîné à s'approcher d'eux quelques secondes plus tôt afin de les en dissuader d'un bref regard, au cas où ils auraient prévu de surprendre tout le monde y compris le groupe. Till craignait que malgré la tolérance de certains fans, d'autres ne hurlent des injures homophobes et ne créent des scandales ou pire, des heurts.
Après avoir rendu son éternel sourire contagieux comme d'habitude, Paul montra la porte du bout du nez.
- Revoilà notre lover !
Se tournant, Lindemann interpella l'arrivant avec hargne car même s'il l'avait déjà vu pratiquement nu, son ami choisissait le mauvais jour pour manquer de pudeur.
- Richard, va te laver ou t'habiller mais fais quelque chose au lieu de rester comme ça.
- On le sait que tu es beau, pas la peine de surenchérir ! ajouta Paul en le matant de haut en bas.
- Je vais y aller, je m'en grille une d'abord.
- Tout ça parce qu'il n'a pas eu le temps de griller la fille ! ricana Paul.
Kruspe les doubla et alors qu'il allait prendre une cigarette et son briquet, la main de Paul lui claqua bruyamment les fesses.
- Mais c'est qu'il a un beau cul, notre Richard ! Je peux palper ?
Le brun se tourna avec un léger sourire, lui fit un doigt en se frottant la pommette et Paul le lui renvoya en clamant :
- Moi aussi je t'aime.
- Vous avez fini ? demanda Till.
- Va donc t'habiller avant que je ne baisse ton boxer ! reprit Paul avec sournoiserie.
Le plus jeune s'approcha en posant dans le cendrier sa cigarette tout juste allumée et le poussa doucement en riant.
- Quoi ? Tu es jaloux ?
- Tu vas voir, toi...
Paul s'élança mais fut rapidement canalisé par son ami qui le serra contre lui avant de les envoyer au sol comme des enfants jouant à la bagarre. Peu leur importait leur âge, ce genre d'activités leur permettaient depuis toujours de calmer les sujets houleux des uns ou des autres, voire simplement de s'amuser lorsqu'il s'agissait de ces deux-là.
- Retour en primaire... bon ben faites vos galipettes, je reviens ! clama Till.
Le temps que ses amis n'en finissent avec ce petit moment infantile rien qu'à eux, il les enjamba pour éteindre la cigarette dans le cendrier et retourna vers l'entrée afin de vérifier si la belle inconnue était bien sur le chemin du retour. En effet, il la vit longer la longue route boueuse sans se retourner. Il se perdit donc dans des pensées en réfléchissant à d'éventuels problèmes dans la vie de Richard.
Dans la cuisine, Landers fut le premier à s'apercevoir de l'absence de Till et afin de capter l'attention de son ami, il lui pinça un téton à travers son débardeur. Grimaçant, Kruspe releva la tête et se mordit la lèvre.
- Ouh le sadique ! gémit-il.
Fier, Paul resta volontairement prisonnier de lui pour savourer les grimaces de douleur qu'il provoqua à nouveau.
- Mais c'est qu'il continue... aïe !
- Avoue plutôt que cette petite douleur t'a excité. Regarde, on a fait fuir ce pauvre Till.
Constatant cette absence, Kruspe hocha les épaules.
- Il a du se lasser de nos conneries.
- Je l'ai entendu parler de galipettes et il est parti ! rit Paul.
Le but de Landers n'avait pas été de vexer ou d'embarrasser son ami, mais ce fut pourtant ce qui arriva. Les sourcils froncés sans même en connaître la raison, Richard resta paralysé alors que son visage était si proche de celui qu'il avait maintes fois embrassé. Constatant ce malaise dans son regard perçant, Paul posa une main sur son dos qu'il espéra réconfortante.
- Rick, je ne voulais pas te piéger et Till non plus. Nous on a fait les cons et lui a fait de l'humour...
Voyant que son regard se faisait de plus en plus évasif et qu'il remuait, Paul ouvrit légèrement la bouche avant de regarder l'entrée de la pièce pour vérifier s'ils étaient encore seuls.
- D'accord... Tu t'es mis à bander, c'est ça ?
Pas fier de sa réaction physique, Richard rougit de honte et déglutit sans plus oser le regarder. Il voulut se remettre debout mais Paul l'en empêcha.
- On se connaît très bien tous les deux.
Voyant que le plus jeune ne comprenait pas sa volonté de le "garder", il déclara calmement que ce genre de réactions étaient normales et incontrôlables pour deux hommes dans une telle position. Souriant pour apaiser sa tension corporelle, il se félicita intérieurement d'avoir pu convaincre Richard puisque, après quelques secondes à réfléchir, ce dernier rejeta sa honte et resta au-dessus de lui en reprenant même de l'aise. Sa décontraction ne se fit remarquer qu'au bout de plusieurs expirations car Kruspe demeurait gêné de rester ainsi excité sur le corps de son ami. Cependant, Paul trouva une solution afin de justifier son état : il se servit de la précédente présence de Thea dont les caresses auraient pu le mettre en condition bien avant qu'ils ne se chamaillent. Reconnaissant sans le lui avouer car ils savaient au fond d'eux que c'était faux, Richard retrouva le sourire mais après avoir à nouveau senti une main taquiner ses abdominaux, il perdit le contrôle de son corps et gémit avant d'embrasser Paul sans réfléchir. Surpris mais sans plus, ce dernier répondit à ce baiser timide qui lui évoqua ceux qu'ils avaient échangés sur scènes. Il réalisa à quel point celui-là était différent des autres lorsqu'il sentit le sexe gonflé de son ami se presser contre sa cuisse. En effet, Richard ne prenait plus la peine de masquer son excitation au point de prendre du plaisir, glissant sa langue dans sa bouche. Gémissant sous cette intrusion tout en étant complètement envoûté par la vigueur de son ami, Paul se sentit aimer cela très vite et garda consciemment les mains sur les hanches musclées de Richard, qui devint de plus en plus exubérant. Grognant d'ivresse à cause de ce à quoi il goûtait, il caressa les cheveux de Paul et remonta sa cuisse gauche le long de son corps fin pour au final faire sentir à la virilité de l'aîné l'ampleur de la sienne. Alors qu'il sursauta sous la stupeur, Paul se surprit à prononcer le nom de l'autre homme mais sans savoir à quel but. Était-ce un gémissement ? Devait-il l'arrêter avant qu'il n'en arrive à se déshabiller complètement ? Oserait-il seulement ? Au moment où Paul prit sa décision, une autre voix retentit et lui facilita la tâche :
- C'est bon, ta nana du coin est bien repartie.
Ils descellèrent leurs lèvres aussi rapidement que la peur les avait foudroyés, le brun rougissant une fois de plus en regardant son entrejambe gonflé avec nervosité.
- Essaie de rester calme ! murmura Paul en relâchant ses hanches.
- Mais comment je fais pour cacher ça ? paniqua son ami.
- Loin des yeux, loin du cœur... Ça vaudrait mieux pour toi, petit frère ! continua Till.
Par chance pour eux, il s'était fait entendre d'assez loin pour freiner leur élan et à la grande joie de Paul, Richard haussa les épaules avant de le taquiner à nouveau comme s'il n'était rien arrivé. Partageant cela avec plaisir plutôt que d'imaginer le brun se rembrunir pour la journée, il attendit l'arrivée du chanteur et les remontrances qui arriveraient avec. En effet, à son arrivée dans la cuisine, Till décida de stopper leur plaisanterie alors que les mots de Paul concernant la vie privée de leur ami lui revinrent.
- Vous vous roulez encore sur le carrelage ? Allez prendre une chambre si vous voulez faire des choses coquines, sinon monsieur le séducteur va vite se laver.
Richard se redressa en lui tournant le dos, jouant la prudence tout en clamant avec un grand sourire sa victoire sur Paul, encore aplati au sol.
- J'y vais, j'y vais. J'étais seul tout à l'heure, c'est pour ça que je suis resté comme ça.
- Jusqu'à l'arrivée de ta nana du moment, raison évidente pour le rester plus longtemps histoire de faire voir tes jolies formes ! le titilla Paul en se relevant.
- Toi hein !
Cela lui permettant de détourner l'attention de Till et dissimuler son érection, Kruspe retourna Paul et le chatouilla le temps de parvenir à l'entrée de la cuisine, rassuré au passage que ce dernier n'en soit pas gêné. Bien sûr, Lindemann finit par perdre patience.
- C'est quand vous voulez, les enfants. Paul, souviens-toi !
Il leur envoya un rappel en haussant le ton mais lorsque ses deux amis étaient lancés en général, plus rien ne les arrêtait. Bien que l'état physique de Richard lui posait problème, son immaturité momentanée l'emporta une fois de plus et il ne s'arrêta que lorsque son aîné ne put plus respirer. De même que Paul alors qu'il savait que Till et lui devaient à tout prix parler au plus jeune.
- T'es calmé ou t'en veux encore ? demanda Richard en bloquant les bras de Paul.
- C'est de la frime. Tu as été lutteur, c'était du tout cuit pour toi avec ton physique.
- Il faut savoir accepter la défaite, mon vieux.
- Oh l'autre, elle est bonne ! se moqua Paul.
Alors que le gagnant sortait enfin de la cuisine avec le soulagement de pouvoir éloigner sa bosse devenue trop encombrante, le chanteur exécuta ce pourquoi il était venu.
- Richard, il faudra que je te parle après.
Fumant sa cigarette, l'autre homme tourna juste la tête pour témoigner son intérêt.
- De quoi ?
En même temps qu'il aidait son autre guitariste à se débarrasser des poussières dans son dos, Lindemann le regarda avec sérieux.
- De Karen.
Le regard égayé de Richard perdit soudainement tout éclat pour se transformer en fusillade incontrôlée, laissant ses amis constater à quel point cela allait être très difficile. Après ce regard qui les laissa sans voix, il tourna les talons et partit chercher de quoi se vêtir avant de se rendre à la salle de bain, probablement décidé à prendre tout son temps. Selon eux, il était indéniable qu'il avait quelque chose à se reprocher et Till faillit le suivre pour vérifier qu'il ne prenait pas la poudre d'escampette, mais il en fut empêché par Paul qui eut un frisson de déjà-vu. Kruspe détestait recevoir des ordres ou être surveillé.
- Il faut le laisser cogiter ou il va se fermer comme une huître. Si on le harcèle, on aura droit à une réplique de ce qui est arrivé à l'hôtel il y a des années et je veux à tout prix éviter ça. Il a suffi que tu parles de Karen pour qu'on se fasse flinguer du regard, alors on va y aller doucement. S'il a un problème qui l'a conduit à agir comme ça avec elle, on va en parler doucement.
Comme prédit, leur ami s'avéra plus long encore qu'à l'ordinaire et Paul dut retenir Till à plusieurs reprises car il menaça de plus en plus d'aller tambouriner à la porte de la salle de bain. L'humeur visiblement transformée, Richard ne réapparut qu'une heure plus tard et entra sans leur adresser un regard en appréhendant ce qui l'attendait.
- Non, déjà ? ironisa Till avec un sourire moqueur.
Il portait un polo rayé noir et blanc à manches longues et un jean bleu légèrement tombant. Ses vêtements étaient autant différents pour lui que pour ses amis dans la sphère privée, bien qu'il privilégiait toujours le noir et le rouge... qui était d'ailleurs la couleur du rebord de son boxer. Sans doute était-ce dû à leur précédente expérience, mais Paul ne put s'empêcher de le détailler lorsque Richard se baissa pour refaire son lacet. Sa chevelure à la fois plaquée et en pics du côté droit étant encore mouillée, ses partenaires se demandèrent s'il n'avait pas passé son temps à attendre dans la salle de bain que le temps passe.
- Tu dois vraiment sentir la rose, tu es aussi long qu'une femme.
Paul avait tenté une dose d'humour pour adoucir l'atmosphère, mais celle-ci était restée froide depuis le moment où Richard avait changé de visage. Kruspe eut à peine le temps d'avancer vers le chanteur pour le pousser à en finir qu'il vit Paul aller se placer derrière, entre lui et la porte. Ne supportant pas cette oppression soudaine, il se méfia et leur exprima sa colère.
- Vous jouez à quoi ?
Till ne se laissa pas influencer par l'approche agressive de son ami et répondit d'un ton conciliant :
- Je veux causer tranquillement à mon ami sans provoquer de bagarre. C'est possible ?
Nerveux, Paul croisa les doigts en espérant que Richard ne sorte pas de ses gonds, ce qui selon lui risquerait d'arriver assez vite.
- Pris en sandwich comme ça, j'ai l'impression que vous voulez vous battre.
Les sourcils froncés devant cet ami qu'il n'avait pas vu autant à cran depuis longtemps, Paul gomma de son esprit l'envie qu'il avait eue de poser une main sur son épaule de peur de le voir réagir par le moyen qu'il venait de mentionner d'un ton menaçant.
- Mais calme-toi, qu'est-ce que tu as ? On veut te parler et rien de plus.
- Mais de quoi ? s'énerva Richard en se tournant enfin vers lui.
- Par exemple, d'une étrangère que tu cherchais à culbuter dans la cuisine tout à l'heure ! abrégea Till.
Haussant les sourcils, Kruspe ne le regarda pas mais tourna la tête sur le côté.
- Bravo ! un point pour la finesse.
- De la part de celui qui a merdé grave comme toujours. Tu es vraiment en rut, mec !
Se tournant de nouveau vers lui, le brun grogna :
- Je suis désolé. Tu ne vas quand même pas me le rappeler sans arrêt ?
La main de Paul s'aventura finalement sur son épaule et à son soulagement, ne le fit pas réagir avec brutalité. Au contraire, cela parvint même à lui faire desserrer le poing même si sa respiration devenait saccadée.
- Pas d'engueulade, on reste tranquilles.
- C'est sa façon de vouloir nous échapper, Paulchen. Comme il sait qu'il a fait quelque chose, il fuit comme un animal pris en chasse.
Son ami resta sans rien dire, les yeux dans les yeux. Till demanda en douceur en pliant l'index vers lui :
- Approche.
Suspicieux face à cette gestuelle, Richard inclina la tête avant de les regarder tour à tour puis il fit deux pas incontrôlés dans sa direction.
- Commençons par cette femme que tu as ramenée et qui avait visiblement la moitié de ton âge... Thea !
À peine le sujet fut-il évoqué que Kruspe refit un pas en arrière en fermant les yeux, mais ce fut sans compter sur la ténacité de Paul qui fut décidé à soutenir Till afin d'éclaircir le mystère autour de la vie personnelle de leur ami. Il lui posa les mains sur les bras sans la moindre peur d'être repoussé.
- Attends Richard, tu as juste à écouter.
Richard vit Till s'approcher et avec Paul qui lui maintenait les bras, il eut l'impression d'être la future victime d'un tabassage à plusieurs étant donné ce qu'ils avaient contre lui. La tension traversa son corps des pieds à la tête et il se retint de frapper ses amis alors que son poing demandait à être malmené.
- Tu allais t'envoyer une femme dont tu ne parles même pas la langue, t'as pas l'air de réaliser où tu en arrives.
Soupirant et reprenant toute maîtrise sur sa colère, le guitariste décida d'assumer ce qu'il venait de se passer même s'il lui fallait être détesté par ses amis.
- Pourquoi en faire un drame ? Ça ne m'a pas empêché de la comprendre, au moins physiquement.
- Mais à côté de toi, avoue qu'elle fait franchement gamine. Tu manques un peu de jugeote sur ce coup-là ! dit Paul.
Pivotant vers lui, Richard cracha :
- Tant qu'elle est majeure ou qu'elle en a l'air, je m'en tape. Vous êtes contents maintenant ? Je suis un connard, vous avez ce que vous vouliez ?
L'homme ferma les yeux et baissa la tête en ravalant ses propres mots avec amertume. Alors que Paul bouillonnait intérieurement face à une telle irréflexion, Till prit les devants et le contourna pour corriger cela tout en franchissant son espace personnel de façon à l'avertir sans omettre la menace dans son regard.
- Fais attention à tes actes, tu perds le nord. Tu as des problèmes avec Karen pour la tromper dès ton arrivée ici et ça, ce n'est pas une question. Parce que ça faisait longtemps que je ne t'avais pas vu autant attaché à une femme. Tu l'aimes et même si ça a pris du temps, tu ne l'avais pas encore trompée celle-là.
Connaissant la complexité de la personnalité de Richard sur le bout des doigts, Till voulut tester son aptitude à avouer sa culpabilité ainsi qu'à montrer sa sincérité. Il fut intérieurement fier de cette provocation qui refroidit une fois de plus l'expression de Richard car il n'avait jamais trouvé de meilleur moteur pour le faire réagir. Pour preuve de sa réussite, il vit son ami expirer bruyamment avant de s'écarter pour appuyer ses coudes sur la table.
- Écoute-moi, je t'adore et je n'aime pas l'idée de te faire la morale. On est tous assez grands ici pour savoir ce qui est bien ou mal. C'est bien joli de vouloir satisfaire tes hormones d'adolescent frustré mais imagine si ta petite Thea voulait faire croire à quelqu'un que tu l'as violée ! Peut-être qu'elle t'a reconnu et qu'elle cherche à provoquer un scandale pour avoir du fric. Il aurait juste suffi que quelqu'un d'ici te voit avec elle et ça aurait été le début des emmerdes. En plus de ne pas avoir de conscience, je parierai ma vie que tu n'as pas de préservatifs dans tes bagages.
Le mot "frustré" n'étant pas en accord avec le fait de vouloir canaliser Richard, Paul avait eu peur à ce moment-là mais resta neutre, heureux que son ami reste calme. De plus en plus distant et sans relever la tête, Richard renifla et sortit de nouveau son paquet de cigarettes et son briquet de la poche de son jean.
- Je n'étais pas venu en Norvège pour ça alors j'ai les poches vides.
- L'idéal quoi ! ironisa Till.
- Fous-moi la paix, Till ! grogna Richard en le regardant enfin.
- Pourquoi tu n'as pas simplement attendu de rencontrer quelqu'un qui parle notre langue ? Peut-être que même ici il y en a...
- Till, arrête ! l'interrompit Paul.
Serrant les poings après avoir claqué sur la table son briquet et la cigarette qui se brisa, Richard se maudit lui-même mais ne put s'empêcher de détourner à nouveau les yeux devant ses deux amis qui le fixaient avec inquiétude. Il haïssait les leçons de morale et recevoir des ordres comme s'il ne savait pas se maîtriser. Bien qu'il savait qu'il perdait facilement pied quand il était question de sexe et de sentiments, il lui était déjà arrivé de se remettre en question sans l'aide de personne. Paul savait que dans un état second, ivre ou totalement drogué, Richard était capable de se livrer à une longue liste d'obscénités alors que sobre, il restait l'homme timide qui ne parlait pas ou peu de sexe, y compris avec ses amis. Voyant Richard perdre son peu de patience restante, il demanda à Till de le laisser tranquille pour cette fois mais ce dernier refusa.
- Si ça se trouve, elle n'attendait que ça. Tu te la serais envoyée si on n'était pas rentrés ? Je demande vu que tu n'avais pas l'air d'avoir le moteur qui chauffait quand on est entrés.
En plus de son vocabulaire qui changeait, le ton suivait et le plus jeune vint se planter face à lui.
- Très fin encore... mais oui et si tu la veux en détails, je comptais me la taper sur la table ! répondit Richard avec agressivité tout en désignant le bord de la table.
Furibond alors qu'il était resté calme jusqu'à maintenant, Paul explosa littéralement et lui agrippa le coude.
- Tu es tordu ou quoi ? Depuis quand tu parles comme ça ?
Surpris par cette colère qu'il jugea égale à la sienne mais sans raison, Richard soupira.
- Putain, ne t'y mets pas non plus.
Paul continua néanmoins et augmenta d'ailleurs en décibels.
- Tu ne sais rien d'elle, Rick. Tu pensais cracher la purée sur la table comme un dégueulasse ou prendre le risque de la mettre enceinte ? Parce que faire un quatrième gosse à ton âge... On a l'habitude que tu trompes tes gonzesses depuis toujours et sous nos yeux parfois, ça finit même par nous retomber dessus. Ça a beau être ton problème mais tu te comportes comme un égoïste, tu risques de nous attirer des ennuis cette fois. On n'est pas chez nous ici et ces paysans ont leur façon de vivre.
Il fut surpris que le plus jeune baisse la tête face à lui mais Lindemann, emporté par l'élan des réprimandes de Paul, perdit le contrôle et attrapa le col de son polo dans le but de lui donner un autre type de leçon, quitte à être vexant et blessant tel un père avec son fils.
- Tu te prends vraiment pour un ado à te conduire comme une merde. T'as passé la cinquantaine, mon vieux...
- Richard, non !
Intervenant alors que le chanteur venait de se faire plaquer au mur par son ami guitariste, Paul dut arracher l'avant-bras de Kruspe afin de libérer la gorge de son provocateur. Mais Till ayant commencé à le pousser également, les deux hommes étaient prêts à se battre et le seul qui s'en sentit blessé était Paul, qui n'hésita pas le moins du monde à se glisser entre eux pour les séparer. Plaquant ses mains sur Richard car il était l'attaquant et les interpellant tous les deux de vive voix, il n'hésita pas à les supplier. Alors que ses amis se fusillaient du regard, il leur parla à tous les deux pour les apaiser séparément.
- Calme-toi Richard, allez ! Till a un peu exagéré mais il ne veut que ton bien et moi aussi. Je vous en prie tous les deux, ne refaites pas ça. Je vous aime les mecs, alors ne reproduisez pas ce qui est arrivé à l'hôtel. Tu l'as dit toi-même, Till, on a passé l'âge.
Après un dernier regard assassin, il parvint à les séparer sans qu'un coup ne soit asséné. Il n'avait aucune envie de voir son groupe et ses amis se déchirer et il sentit ses yeux le brûler, se retenant tout de même.
- Maintenant vous allez arrêter. Pourquoi tu le cherches comme ça, Till ? S'il vient à en mettre une en cloque parce qu'il n'aura pas pensé à sa propre dignité, ce sera son problème.
Lindemann hocha la tête. Il repensa au fait que son ami était en train de se calmer juste avant que lui ne revienne à la charge.
- C'est vrai que c'est son affaire. Bon, Ritchie, on va oublier ça un instant parce qu'il faut que je te parle d'autre chose.
Sans lui laisser le temps de refuser alors que plus jeune fulminait toujours, il lui posa une main derrière l'épaule pour l'entraîner vers la sortie de la cuisine car ce lieu leur paraissait maintenant irrespirable, le brun rendu muet par sa propre violence. En chemin, il tenta de calmer celui qu'il avait nettement énervé.
- Même si ça va mal avec ta dernière petite amie, tu dois oublier ton manque de confiance et ton trip sur la polygamie. Ce n'est pas en la trompant que tu arrangeras les choses pour toi, tu vaux beaucoup mieux que ça.
Blasé alors que ce sujet était lié au premier, Richard se posa au milieu de l'escalier à côté de l'entrée et se passa une main dans les cheveux. Inspirant avec mal, il se posa une main sur le cœur et expira normalement.
- Comment tu peux savoir si ça va mal ? demanda t-il plus posément en regardant par le carreau de la porte.
Till s'avança en souriant comme il avait l'habitude de le faire lors des moments durant lesquels il souhaitait lui redonner le moral.
- Parce que le monde est petit.
- "Le monde est petit", rien que ça ?
- Elle en a parlé à Paul qui m'en a parlé tout à l'heure.
Le regard redevenu aussi noir que ses cheveux, Kruspe hocha négativement la tête mais Till resta maître de lui-même. Il voyait bien que son ami, qui se retenait pourtant, menaçait d'exploser dès qu'il n'avait pas la réponse qu'il voulait.
- Comme si j'allais te croire. Pourquoi elle lui en aurait parlé à lui ?
- Par peur, tu ne penses pas ?
De plus en plus paranoïaque, Richard tapa du pied et accusa Till de lui mentir pour cacher quelque chose.
- Qu'est-ce qu'elle t'a dit ? menaça t-il.
Lassé de ce mauvais caractère dont il devait se contenter en restant poli, Lindemann l'égalisa afin de ne pas se laisser faire.
- Ce n'est pas à moi qu'elle en a parlé, je te l'ai dit. Elle lui a dit qu'au pieu, tu devenais trop brutal. Paul avait l'air dégoûté à l'idée de m'en dire trop alors tu régleras ça avec elle ou lui, mais pas avec moi. Tu le règles et c'est tout, je ne veux plus jamais entendre parler de mon pote de cette façon.
- Il n'y a rien à régler. Oh attends, je vois de quoi elle a voulu parler. Parce que tu ne t'es jamais tapé ta copine dans ta loge, toi ?
Grimaçant face à cet aspect repoussant chez son ami, l'aîné soupira.
- Tu es franchement vulgaire, Richard. C'est de rapports forcés que je voulais te parler, pas des endroits où vous l'avez fait et que je n'ai pas à connaître.
- Forcés ? s'énerva Richard.
- Non mais tu t'entends parler de Karen ? On dirait un petit branleur, ça ne te ressemble pas. Si tu venais à lui faire du mal, tu foutrais ta vie en l'air. C'est ce que tu veux ? Tu ne te rends pas compte à quel point tu as changé.
- Je n'ai pas changé, je suis toujours le même.
Le regard attristé, le plus jeune avait seulement l'air de vouloir s'en convaincre et son ami le vit bien.
- Non ! Parce que ce que tu as fait avec elle déteint sur ta façon de vivre avec nous.
Alors que Kruspe perdait l'usage de la parole, ils entendirent la voix de Landers qui les rejoignait depuis la cuisine.
- "Il est devenu violent en couchant, il me force à faire des choses que je ne veux pas". C'est ce qu'elle m'a dit, Rick, je m'en souviens.
Alors que Lindemann se retrouvait à court d'arguments, les yeux fermés de force après ces mots, Paul mit fin au silence bouleversant alors que le brun vira au blanc.
- Tu as quelque chose à dire sur tes tendances récentes ? Parce que tu lui fais vraiment peur et comme on ne l'a pas vue depuis un bail...
Excédé, Richard s'enragea au point de se mordre la langue. Cognant par réflexe sur la rambarde pour finir par se faire également mal à la main, il jura plusieurs secondes alors que Paul le plaignit en rouspétant devant cette méthode inutile.
- Putain ! Ce n'est arrivé qu'une fois et je me suis excusé, c'était justement dans la loge.
Paul admit avoir du mal à le croire sur parole alors qu'il avait détourné le regard aussi vite qu'il avait déballé sa phrase, mais il refusa de le provoquer davantage de peur que leur séjour en Norvège n'en souffre.
- Ma vie privée ne regarde que moi.
Plus mauvais que jamais, Till ne fut pas de cet avis et s'avança avant de poser son pied sur la marche la plus proche de la zone intime de Richard, avançant son visage à quelques millimètres du sien.
- Pas si tu t'es aussi conduit comme ça avec la mère de ton aînée. Je te rappelle qu'on a été mariés elle et moi alors si tu lui as fait une seule fois du mal, aie au moins les couilles de me le dire dans les yeux.
"Aïe aïe aïe, Till, tu n'aides personne là" pensa Paul, prêt à les revoir se jeter l'un sur l'autre... mais il n'en fut rien. Déglutissant, le plus jeune désespéra.
- Je l'aimais, je ne lui ai jamais fait de mal. Tu es resté en contact avec elle alors tu n'as qu'à lui demander. Karen est un incident isolé.
- Je te crois pour cette fois. Allez, on va se détendre et laisser filer la journée, sauf si tu as autre chose à dire.
D'un air froid, son ami se releva sans pourtant le faire ciller. Il en fallait beaucoup à Till pour l'impressionner et Richard étant comme un petit frère pour lui, il n'avait pas peur de subir un assaut de sa part s'il avait besoin d'être remis à sa place en retour.
- Non, laisse-moi passer.
Paul vint à sa hauteur et posa sa tête dans le cou de Richard, tentant de l'adoucir alors que ses yeux bleus se noyaient.
- Tu sais que tu peux tout nous dire, on est là pour toi. Si tu as un problème personnel, tu peux nous en parler ! murmura t-il.
- C'est vrai qu'on en apprend beaucoup sur toi en ce moment, mais rien n'est positif. On t'aime Rick, tu n'es pas seul.
Embarrassé comme jamais, le plus jeune ne put retenir ses larmes et se hâta de descendre les marches tout en recevant un baiser sur la joue de la part de Till et une main dans le dos de la part de Paul. Ils avaient de la peine pour lui mais s'il refusait leur aide...
En effet, un mois plus tôt, ils avaient eu droit à une découverte peu appréciée concernant la personnalité de leur ami. Il avait une façon bien à lui de répliquer en cas d'embêtements et rien ni personne ne pouvait le raisonner. Il était devenu étrange depuis lors, renfermé et presque muet... jusqu'à ce qu'il ne décide de s'envoyer la première venue dans leur cuisine. Cependant, en aucun cas cette partie de jambes en l'air au mauvais endroit n'aurait étonné davantage ses amis que son agressivité et son humeur ardente des derniers jours.
à suivre...
