Bonjour tout le monde ! Très contente de vous retrouver pour cette nouvelle partie, qui comportera 45 chapitres. Pour ceux qui nous rejoignent, je vous invite à vous rendre sur mon profil et à lire d'abord Innocent, puis Initié.
Pour rappel, cette histoire a été écrite par MarauderLover7 et je n'en suis que la traductrice. Cependant, je serais ravie de lire toutes vos remarques, alors n'hésitez surtout pas. Merci beaucoup et bonne lecture !
Il perdait pied. Il le sentait. Le manque de force dans ses bras et ses jambes, la douleur aiguë qui lui faisait penser que sa tête allait exploser et par dessus tout ça, une voix froide et haut perchée se mit à rire de lui.
Quirinus s'assit brusquement, haletant. Il commença à fouiller son propre esprit pour être sûr, mais il était le seul là-dedans.
Il n'y a que moi, se dit-il à lui-même. Pas lui, juste moi- Il se frotta les yeux et balaya la partie principale de son appartement. Celui-ci était minuscule – il n'y avait qu'une cuisine, une chambre, une salle de bain et aucune de ces pièces n'était en très bon état. Cependant, l'habitation était entourée de protections, couche après couche. Si quelqu'un ne faisait ne serait-ce que respirer dans l'entrée, Quirinus le saurait. Et puisque aucune alarme ne s'était allumée, il n'y avait personne d'autre que lui ici. Juste moi, se dit-il à lui-même une nouvelle fois.
Il attrapa sa baguette – qu'il avait réussi à se procurer chez Ollivander – sur la table de chevet et il l'agita. L'instant d'après, un verre d'eau volait jusqu'à lui et Quirinus le vida d'un trait, avant de reposer son verre et sa baguette avec des mains tremblantes. Il entreprit ensuite de retrouver ses esprits.
Il regrettait presque que Dumbledore ne l'ait pas livré au Ministère. De cette façon, il aurait fini à Azkaban. Il avait fait assez de mauvaises choses pour que cela le rende fou rapidement. Alors, il aurait été trop fou pour être effrayé. Mais Quirinus n'avait pas été envoyé à Azkaban. Il se trouvait dans un appartement miteux dans le sud de Londres avec rien à faire et trop de temps libre.
Alors, Quirinus, en bon Serdaigle, réfléchissait. Il était arrivé à plusieurs conclusions. Pour tout le monde, sauf les Serdaigles, Azkaban était un châtiment parfait. Les Poufsouffles détesteraient l'isolement, les Serpentards verraient l'enfermement comme du temps perdu, à ne rien accomplir, et les Gryffondors détesteraient l'idée de rester aussi immobiles. Certes, les Serdaigles détesteraient voir leur esprit se dégrader, ainsi que le manque de stimulations, mais après un moment, ils n'auraient plus assez de vivacité d'esprit pour s'en soucier.
Un Serdaigle, qui avait fait des choses horribles et qui n'était pas envoyé à Azkaban, serait forcé à réfléchir à tout ça et selon Quirinus, c'était une punition encore plus sévère.
Il soupçonnait que Dumbledore avait conscience de cela. Dumbledore savait qu'il penserait à Christopher, au potentiel gâché que cela représentait et à l'horreur que c'était de tuer un enfant. Dumbledore devait se douter que Quirinus penserait à toutes ces choses qu'il aurait pu apprendre dans l'année qu'il avait passé à répéter sa première année à Poudlard, qu'il ressasserait la façon dont il avait échoué.
Les Gryffondors prenaient les échecs comme des défis, les Serpentards comme des opportunités pour forger leur caractère. Les Poufsouffles n'étaient pas gênés d'échouer tant qu'ils avaient essayé de faire de leur mieux, mais pour Quirinus, pour un Serdaigle … Il n'avait jamais connu d'échec avant ça, pas le moindre devoir raté, pas le moindre entretien d'embauche manqué … Et échouer à quelque chose pour lequel il s'était autant investi … Quirinus se massa les tempes et se laissa retomber contre ses oreillers.
Il replongeait tout juste dans le sommeil lorsque sa baguette trembla et commença à émettre une sonnerie. Quirinus se rassit et l'attrapa. Il lutta pendant un moment avec les couvertures avant de réussir à se libérer, et il se leva, debout au milieu de sa petite chambre, tremblant, la baguette levée devant lui.
Il y eut un coup frappé à la porte. Quirinus retint sa respiration.
«Ouvre la porte, garçon!» s'exclama une voix bourrue.
Quirinus ne répondit pas, mais il entendit un murmure et la personne reprit la parole.
«Je peux te voir dans ta chambre, tu sais!»
L'estomac de Quirinus se serra.
«Alors je sais que tu es là et je ne suis pas d'humeur à faire exploser des portes aujourd'hui, mais je le ferais si je-»
«J'arrive, réussit à articuler Quirinus. Désolé, j'arrive. J'étais juste-»
Quirinus ne s'embêta cependant pas à chercher une excuse. Qui que soit cette personne, elle savait qu'il était resté là, immobile. Quirinus défit les serrures – à la fois magiques et mécaniques – et ouvrit la porte de quelques centimètres.
Un œil d'un bleu électrique, plutôt terrifiant, se posa sur lui. Quirinus se retint de crier et ouvrit un peu plus grand la porte. Le visage grimaçant d'Alastor Maugrey l'observait et par-dessus son épaule, sinistre, celui de Sirius Black.
«B-bonjour.» dit Quirinus, surpris, et un peu embarrassé par son bégaiement.
Il pensait avoir dépassé cela depuis plusieurs années, lorsque le professeur Flitwick avait mis un terme au harcèlement qu'il subissait.
«Bonsoir.» répondit Maugrey avec un sourire plutôt effrayant.
Il était évident qu'ils étaient venus le voir, alors Quirinus se recula et les laissa entrer.
«Tu peux poser ça, dit Maugrey en montrant la baguette de Quirinus. Tu n'as pas le droit de nous blesser et même si t'essayais, tu n'es pas au niveau.»
Quirinus rangea sa baguette dans sa poche.
«Puis-je- Vous voulez du thé?»
«Non merci, répondit Black, parlant pour la première fois. On est juste passer vérifier.»
«Vérifier que je suis toujours en vie?» demanda Quirinus.
«Non, dit Black, visiblement confus. Vérifier que tu n'as fait de mal à personne.»
«Oh.» répondit Quirinus.
Maugrey prit une gorgée de sa flasque et s'en alla vers la chambre en boitant.
«Où est-ce qu'il v-va?» demanda-t-il.
«Dumbledore nous a dit qu'il t'avait rendu visite, dit calmement Black. Et il a dit que tu- et bien, que tu respectais ta part du Serment. Fol-Œil et moi, nous voulions en être sûr, comme tu peux sûrement le comprendre.»
«Certainement.» répondit sèchement Quirinus.
Il observa Black pendant un moment, curieux malgré lui.
«Tu n'as pas confiance dans la parole de Dumbledore?»
«C'est en toi que je n'ai pas confiance.» dit simplement Black.
Quirinus était un Occlumens de talent – c'était l'une des seules choses positives qui était ressorti de cette dernière année – mais il n'était pas aussi doué pour ce qui était de la Légilimancie. Il regrettait de ne pas l'être, cependant. Il aurait été très curieux de voir ce que Black pensait.
«On t'a évité Azkaban, Voldemort-»
Quirinus tressaillit.
«-et plus j'y pense, plus je me dis que tu ne le mérites pas.»
La voix de Black n'était pas furieuse ou cruelle, juste troublée.
«Je compte bien m'assurer que tu ne fais de mal à personne d'autre.»
«J'ai fait un Serment Inviolable, alors-»
«Je prends juste des précautions, répondit Black avec un sourire qui ne rejoignait pas ses yeux. Et je suis venu pour t'avertir. Ce n'est pas parce que je n'ai pas dit au Ministère qui tu étais et ce n'est pas parce que tu es toujours en vie que je ne leur ai rien dit. Au Ministère et à Gringotts, ils ont la description de ta magie – je leur ai dit que c'était toi qui avait livré Croaker à Voldemort-»
Quirinus ne put empêcher le frisson à la mention du nom.
«-et que tu étais aussi celui qui avait tué Krognug le gobelin, celui qui était entré par effraction à Gringotts – alors si tu te rends là-bas, ne t'attends pas à- et bien, ne t'attends pas à un accueil chaleureux.»
«Où est-ce que je suis censé trouver du travail alors? Ou chercher de l'argent?»
«Si la pierre n'avait pas été déplacé avant, ton cambriolage aurait réussi, dit Black. Tu connais autant le fonctionnement de Gringotts que les gobelins eux-mêmes et ils ne sont pas couverts par ton Serment. Tu connais moins le Ministère – de ce que je sais, en tout cas – mais ton esprit est vulnérable aux intrusions de Voldemort.»
Cette fois, Quirinus s'efforça de ne pas trembler et Black lui adressa un regard songeur.
«Il n'essayera pas de t'utiliser à nouveau, pas de la même façon, mais il n'aura aucune difficulté à obtenir des informations s'il te retrouve et tu es trop intelligent pour rester coincé dans un petit job au Ministère. Tu vas grimper les échelons, poursuivit Black. On sait déjà que tu aimes le pouvoir et que tu ferais tout-»
La lèvre de Black se retroussa.
«-pour en obtenir. Et grimper les échelons te donnera accès à toutes sortes d'informations que personne ne souhaite voir tomber entre les mains de Voldemort.»
«Alors vous comptez m'éloigner du monde sorcier? demanda sèchement Quirinus. M'exiler … Pas de Ministère, pas de Gringotts … Dumbledore ne me laissera jamais entrer à l'école … Qu'est-ce qu'il me reste?»
«Plus que ce que tu aurais si tu étais à Azkaban, ou mort, répondit doucement Black. Fol-Œil?»
«Rien de suspect.» répondit Maugrey, revenant dans la pièce en boitant.
Son œil magique se mit à détailler Quirinus de haut en bas, tandis que son autre œil était parfaitement immobile. Quirinus frissonna.
«J'imagine que vous n'avez rien besoin d'autre alors?» demanda faiblement Quirinus.
Même s'il voulait les voir partir, il préférait encore leur compagnie que celle de ses propres pensées.
«J'ai dit tout ce que j'avais à dire.» dit Black.
«Je dois m'attendre à une autre visite?» lui demanda Quirinus, avec un peu de sarcasme dans la voix.
«Oh que oui, dit Maugrey en souriant de manière inquiétante. Tu vois, garçon, je viens de prendre ma retraite et j'ai besoin de m'occuper. Je pense qu'on va avoir le temps de faire connaissance.»
Pour la première fois depuis qu'ils étaient arrivés, Black se mit à sourire de manière narquoise.
«Jusqu'à la prochaine fois!»
«Oui, au revoir.» dit Quirinus, faiblement.
«Reste près de moi, Hydrus.» dit Lucius, sans vérifier si Hydrus l'écoutait ou non parce qu'il savait que c'était le cas.
«Je pensais que nous allions voir les balais.» dit Hydrus, un léger ton plaintif apparaissant dans sa voix.
«Et nous irons, affirma Lucius. Juste après que j'ai terminé mes affaires avec M. Grotler.»
Hydrus ne répondit pas. Lucius lui jeta un coup d'œil et vit que l'attention de son fils avait été attiré par un sorcier vêtu de guenilles recroquevillé près d'une poubelle.
«Révoltant, commenta Hydrus, sans se soucier de baisser la voix. Je pense que je préférerais mourir plutôt que de vivre comme ça.»
Le visage du sorcier se crispa et il glissa la main dans la poche de sa robe miteuse, mais Lucius avait déjà sorti sa baguette et avait lancé à l'homme un sortilège de Stupéfixion silencieux. Hydrus semblait ravi.
«Par ici.» dit sèchement Lucius, et Hydrus se hâta derrière lui.
Chez Grotler, l'apothicaire, était une petite boutique lugubre, coincée entre un magasin de créatures magiques où Lucius avait une fois acheté un Occamy, et un magasin encore plus petit qui proposait de lancer des maléfices ou des enchantements sur des gens ou des objets. Grotler lui-même semblait parfaitement à sa place dans son magasin minuscule et sombre. C'était un homme trapu avec un œil unique, le dos voûté et le sourire de travers.
Hydrus parcourut du regard les ingrédients et les fioles qui s'alignaient sur les hautes étagères.
«Ne touche à rien.» l'avertit Lucius.
«M. Malefoy, souffla Grotler en boitillant vers lui. Que me vaut le plaisir?»
«Je voulais avoir votre opinion sur certains objets que j'ai en ma possession.» dit Lucius en sortant une liste de sa robe.
Grotler lui arracha le parchemin des mains pour l'examiner de plus près.
«Vous avez peur des perquisitions, supposa Grotler. N'est-ce pas, M. Malefoy?»
«Ce ne sont pas vos affaires.» répondit Lucius en fronçant les sourcils.
En vérité, peur n'était pas le bon mot. Il était plutôt inquiet. Il avait trop travaillé pour en arriver là où il était pour tout perdre parce qu'un Auror agaçant découvrait quelques poisons chez lui.
Sa nièce ridicule et l'Auror qui lui servait de partenaire n'avaient heureusement rien trouvé, mais Lucius doutait qu'elle serait la dernière Auror à vouloir enquêter sur lui. Il frissonna à l'idée que McKinnon puisse mener une perquisition de ce genre. Il savait qu'elle ne partirait pas avant d'avoir trouvé quelque chose. Lucius comptait bien s'assurer qu'il n'y ait rien à trouver.
«Ce qui vous regarde, poursuivit Lucius. C'est de savoir si vous êtes intéressés ou non par ces choses.»
«Et si je ne le suis pas?» souffla Grotler.
«Je dois rendre visite à Barjow la semaine prochaine, lui dit Lucius. Il achètera ce qui reste … J'ai juste pensé, sachant que les potions vous intéressent, que vous apprécieriez avoir l'exclusivité de choses aussi … uniques.»
«Barjow achèterait tout, que ce soit intéressant ou non, dit Grotler, en fusillant du regard la boutique de Barjow et Beurk à travers sa petite fenêtre. Ce serait du gâchis de voir ces choses tomber entre ses mains.»
Grotler boitilla jusqu'au comptoir pour attraper une plume et il commença à écrire sur la liste de Lucius. Lucius retroussa la lèvre.
«Et voilà.»
Grotler lui lança la liste.
«Je vous soulagerais de ça, si ça vous chante.»
Lucius plia la liste en prenant soin de la toucher le moins possible et la rangea dans l'une de ses poches.
«Un plaisir de faire affaire avec vous, comme toujours, dit-il, tandis que Grotler clopinait pour aller inspecter l'un de ses présentoirs. Je vous déposerais tout ça la semaine prochaine.»
Grotler lui fit un signe de la main par-dessus son épaule.
«Hydrus, aboya Lucius. Nous partons.»
Celui-ci était penché sur un gros chaudron bouillonnant au fond du magasin.
Ils sortirent tous deux de la boutique et quittèrent l'Allée des Embrumes pour se diriger vers le magasin d'accessoires de Quidditch. Plus ils s'en approchaient, plus Hydrus semblait sautiller d'impatience. Il arborait un sourire qui, d'après Lucius, le faisait ressembler à Drago.
Lucius soupira en pensant à son plus jeune fils. Il avait espéré que les vacances auraient fait du bien à Drago, l'aurait aidé à lui éclaircir les idées. Lucius avait même demandé à Dobby d'intercepter le courrier de Drago. Il ne pouvait pas faire grand chose concernant les fréquentations de Drago à l'école, mais il pouvait certainement les cadrer dans sa propre maison. Et il avait espéré que Drago ne regretterait pas ses camarades et qu'il apprécierait la compagnie des enfants de Sang-Pur, de la même façon que Hydrus.
Drago n'avait pas encore parlé des lettres, ce que Lucius prenait pour un signe positif, mais à part quelques brèves conversations avec le fils Nott et la plus jeune des filles Greengrass, Drago ne semblait pas se soucier de ses camarades de Serpentard et Lucius devait admettre que le sentiment était réciproque. La jeune Daphné Greengrass, avec qui Hydrus s'entendait très bien, et Pansy Parkinson, qui était si proche de Drago avant, semblaient ravies de le taquiner. Ou du moins, c'est ce que Narcissa avait dit à Lucius après le dîner.
En dehors des repas ou des occasions spéciales, Lucius n'avait pas beaucoup vu Drago. Lucius n'avait pas cherché à discuter avec Drago, pas plus que Drago n'avait essayé de lui parler. Ce n'était pas que Lucius ne se souciait pas de son fils – même s'il avait été furieux quand il avait appris la mésaventure de fin d'année de Drago avec Potter – mais il ne savait pas quoi faire de lui, comme il pouvait le faire avec Hydrus.
Hydrus était comme un jeune Lucius, comme les enfants de Sang-Pur avec qui Lucius avait grandi. Drago était … et bien, il était un étrange mélange de Sirius et Regulus Black, que Lucius avait rencontré à l'école. Cependant, Sirius avait toujours été bien plus véhément que Drago et Regulus avait été bien plus … bien plus Serpentard. Lucius, Serpentard lui-même et issu d'une longue lignée de Serpentards, n'avait aucune idée de ce qu'il devait faire de son Gryffondor de fils. Lucius soupira à nouveau et demanda à Hydrus de se rapprocher.
«Tu penses que Drago aimerait un balai?» demanda-t-il.
«Non, répondit Hydrus. Il ne vole jamais. Prends-lui un livre. Lire, c'est tout ce qu'il fait. Il est presque pire que cette Granger, mais au moins, Drago n'est qu'un traître à son sang, pas un Sang-de-Bourbe.»
Il se tut un instant avant de reprendre la parole.
«Viens voir le Nimbus 2001, Père, il est incroyable. Le vendeur a dit que c'était le meilleur des balais. Je vais en avoir besoin si je veux être le meilleur Attrapeur.»
«Je confirme.» admit Lucius, même s'il était convaincu que Hydrus pourrait voler sur l'un de ces horribles balais de l'école et quand même réussir à entrer dans l'équipe.
Hydrus volait bien – bien mieux que Lucius au même âge – et ils avaient passé beaucoup de temps à s'entraîner pendant l'été. Il devrait être accepté dans l'équipe sans aucun problème.
Plusieurs milliers de Gallions plus tard, Lucius se retrouva en possession d'un fils très satisfait et d'un balai soigneusement emballé.
«Père, dit Hydrus, perplexe. Le Chaudron Baveur, c'est par là-»
«Je le sais bien, Hydrus.» ricana Lucius.
«Alors où est-ce que nous-»
«Fleury et Bott.» répondit Lucius.
«Pourquoi? demanda Hydrus. Nous ne devons pas acheter nos fournitures d'école avant la semaine pro-»
«Tu as dit que Drago préférerait un livre, non?» dit Lucius en faisant signe à Hydrus d'accélérer le pas.
«Drago, dit Mère en frappant fortement sur la porte. A qui parles-tu?»
«Personne.» répondit Drago.
Il s'empressa de signer sa lettre de son nom.
«Pars.» murmura-t-il en pressant la lettre dans les mains de son visiteur.
Kreattur disparut au moment où Mère ouvrait la porte et entrait dans la pièce, les sourcils froncés.
«Je voulais te parler.» dit-elle.
«A propos de quoi?» demanda Drago en s'installant plus confortablement sur sa chaise de bureau.
«De ce qui s'est passé à la fin de l'année.» dit Mère.
Drago serra les dents, mais ne répondit rien.
«Je- Je suis heureuse que tu crois tes camarades dignes d'autant de loyauté.»
A nouveau, Drago garda le silence.
«Ils doivent être remarquables pour mériter une telle réponse de ta part.»
Drago continua d'attendre.
«Ce qui ne me plaît pas, dit Mère, son ton toujours léger. C'est la façon dont tu as choisi de montrer cette loyauté.»
Drago choisit une nouvelle fois de garder le silence. Il n'avait pas raconté en détails ce qui s'était passé cette nuit-là, quand il était descendu par la trappe ou plutôt pourquoi il y était allé. Mais soit quelqu'un en avait parlé à ses parents, soit ils étaient simplement arrivés aux bonnes conclusions. Drago n'en savait pas beaucoup sur la guerre. Il savait seulement que son père et Tante Bella avaient servi le Seigneur des Ténèbres et qu'ils avaient aimé ça, que Potter l'avait vaincu et qu'il avait apparemment tout ruiné.
Cependant, Drago, malgré son éducation, avait une haute opinion de Potter, ainsi que de Weasley et de Granger. Et il avait aussi une haute opinion de lui-même et si le Seigneur des Ténèbres avait réussi à prendre la pierre, Drago aurait été tué, tout comme ses amis.
«Et bien? dit Mère. Tu n'as rien à dire?»
«Pas vraiment, dit Drago. C'est arrivé. Je ne peux rien y changer.»
Je ne le ferais pas, de toute façon, mais elle n'a pas besoin de le savoir. L'estomac de Drago se contracta de culpabilité, mais il baissa les yeux et essaya d'avoir l'air désolé.
«Tu ne peux pas changer ce qui s'est passé, corrigea Mère. Mais si quelque chose de ce genre arrive à nouveau? Alors quoi, Drago? Tu nous mettras tous en danger, en étant ouvertement défiant vis-à-vis de l'homme qui a tant fait pour nous lorsqu'il était au pouvoir?»
Il y avait une légère touche de dégoût dans son expression et Drago pensa que ça l'aurait davantage affecté s'il ne s'était pas habitué à la voir sur le visage de son frère. Mais là encore, il s'agissait de Mère.
«Je ne vous inquiéterais plus comme ça, Mère, dit-il. Je le promets. Je ne voulais pas mettre la famille en danger.»
Cette partie était vraie. Il avait compris que sa famille n'approuverait pas sa décision, qu'ils ne la soutiendraient pas, mais il n'avait pas pensé qu'il pourrait leur faire courir un danger … Il avait pensé qu'il serait le seul dans ce cas, parce que le Seigneur des Ténèbres essayait de revenir et tout le monde savait que le Seigneur des Ténèbres ne tolérait pas les traîtres à leur sang.
«J'essayais simplement d'aider-»
«Tes camarades, dit Mère. Je sais.»
«Pas mes camarades.» murmura Drago.
«Oh?» demanda Mère en arquant un sourcil fin.
«Mes amis.» dit Drago.
«Ah, répondit lentement Mère, en lui adressant un regard songeur. Tes amis. Je vois.»
Après un moment, elle laissa échapper un soupir.
«Puis-je te dire quelque chose?»
«Bien sûr, Mère.» répondit Drago.
«Bellatrix est ma sœur et je tiens beaucoup à elle.» dit Mère, presque sinistrement.
«Oui, Mère, dit Drago. Je sais.»
«Et ça m'attriste de la voir à Azkaban, dit Mère avec une ombre sur le visage. Mais le Ministère pense que sa place est là et malgré que je ne sois pas d'accord avec le Ministère, ce serait fou de ma part de les contredire. Il vaut mieux que je ne dise rien et que je reste en bons termes avec eux, plutôt que de contester son emprisonnement et qu'ils me refusent de la voir.»
Mère observa Drago pendant un moment.
«Tu me comprends?»
S'il n'avait pas eu cette éclairante conversation sur le rouge et le vert avec Dumbledore, Drago n'aurait sans doute pas compris. Mère voulait lui dire qu'il pouvait s'accorder avec les gens pour les satisfaire, sans nécessairement agir pour les aider ou même être d'accord avec eux.
Elle lui avait certainement donné matière à réfléchir, sur quelque chose qu'il n'aurait pas considéré avant parce que cela semblait trop … sournois. Si Drago n'était pas d'accord avec quelqu'un, il avait tendance à le lui dire directement. Granger avait une fois suggéré que c'était pour ça qu'il avait du mal à se faire des amis.
Mais maintenant, Drago avait des amis et il voulait continuer à bien s'entendre avec eux, peu importe ce que sa famille pensait. Il aimait toujours sa famille, mais ils pouvaient parfois se montrer obtus et intolérants sur certains sujets. Sa Répartition, par exemple. Drago aurait pu souffler, mais Mère était toujours là, l'observant attentivement.
Alors peut-être que c'est avec ma famille que je dois m'accorder pour les satisfaire, de la même façon que Mère le fait avec le Ministère …? Drago fronça les sourcils, en pleine réflexion. Cela voulait dire qu'il serait plus loyal envers ses amis qu'envers sa famille … Ou cela veut dire que je suis honnête avec moi-même, au clair avec ce qui me rend heureux et avec ce qui m'aide à survivre, se dit-il à lui-même avant de hocher la tête.
«Je comprends.» dit-il lentement, pensant que Mère ne s'attendait probablement pas à ce qu'il en arrive à cette conclusion.
«Très bien, dit Mère. Alors, plus d'aventures irréfléchies ?»
«Non.» dit Drago. Rien que tu ne sauras, du moins.
L'expression de Mère changea un peu et Drago se demanda si elle avait deviné sa pensée. Il effaça rapidement sa propre expression de son visage, de la même façon que Severus le faisait, et afficha un sourire sincère. Mère lui rendit son sourire avant de tendre la main avec hésitation pour serrer celle de Drago.
«Je suis heureuse.» dit-elle d'une voix légèrement tremblante.
Elle tourna le regard vers le bureau, où de l'encre coulait de la plume de Drago sur un morceau blanc de parchemin. L'expression de Mère se renfrogna un peu et elle relâcha la main de Drago, avant de lisser sa robe.
«Je vois que je t'ai interrompu.» dit-elle doucement.
Elle hésita et reprit la parole.
«Tu écrivais à tes amis?»
«Si c'est d'accord?» dit-il.
«Je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas le cas.» répondit Mère.
Drago observa soigneusement son visage.
Ce n'est pas un mensonge, pensa-t-il. Hydrus appela Mère depuis le rez-de-chaussée et elle sortit de la chambre de Drago. Peut-être qu'elle ne sait pas? Il écarta immédiatement cette pensée. Père n'a pas de secret pour Mère.
«Tu vas accepter?» demanda Remus à travers ses lèvres engourdies.
Une tasse de café fumant glissa dans sa direction.
«Merci.» réussit-il à dire.
Leur serveuse, qui s'arrêtait habituellement pour bavarder – ils s'entendaient bien avec elle, car ils passaient souvent à la cafétéria du Ministère – les observa et préféra s'éloigner.
«Si j'avais pris ma décision, je l'aurais dit, dit Dora, apparemment exaspérée. Je voulais savoir ce que tu en pensais avant de m'engager dans quoi que ce soit.»
Remus resta un moment silencieux, s'occupant en mettant du sucre dans son café. Dora laissa échapper un soupir impatient.
«Alors? Qu'est-ce que tu en penses?»
Remus prit une gorgée, avant de reposer sa tasse.
«Je pense que c'est une chance incroyable, dit-il doucement. Tu veux y aller?»
«Comme tu l'as dit, c'est une fantastique opportunité.» répondit Dora, ses cheveux devenant jaunes pendant un bref instant.
Ils redevinrent roses ensuite.
«Mais je- et bien- Maman et Papa sont ici, tous mes amis sont ici, tu es ici … Et- et bien, c'est si rapide! J'ai une semaine pour leur donner ma réponse et si je décide d'y aller, je commencerais la semaine suivante! Scrimgeour, Fol-Œil et Charlus Potter sont des légendes au Ministère, mais ils en sont arrivés là grâce à Elliot Pinard! Et après avoir fait ça, Potter et Scrimgeour sont tous les deux devenus responsables du Bureau des Aurors!»
Dora affichait un air rêveur.
«Je veux dire, Pinard était Auror au temps de Grindelwald … les choses qu'il a du apprendre- Et Anastasiya Orlov et Ken Sato sont des figures. J'ai grandi en lisant leur biographie- enfin, pas celle de Sato parce qu'il n'a que cinq ans de plus que moi, mais-»
«Tu n'as pas répondu à la question.» dit doucement Remus en prenant une autre gorgée de café.
Dora murmura un remerciement à la serveuse, qui était de retour avec une tasse de thé, et elle leva les yeux. Elle arborait un sourire très léger, mais aussi très nerveux.
«Je crois que c'est quelque chose que j'aimerais faire.» dit-elle en le regardant attentivement.
J'aurais du m'en douter, pensa-t-il. Si ce n'était pas mon- problème qui ruinait tout, quelque chose l'aurait fait. Il l'observa avec affection, depuis l'autre côté de la table. Elle est jeune, intelligente, talentueuse. Cette offre d'entrer dans cette formation avancée pour les Aurors en était la preuve. Dora lui avait dit qu'ils n'étaient que dix dans le monde entier à avoir reçu cette proposition et qu'elle faisait partie des trois européens. Si cela ne prouvait pas son talent, Remus ne savait pas ce qui pourrait le faire. Et puis, il y a moi … vieux – enfin, vieux comparé à elle – et pauvre et brisé, comme je lui répète depuis des années maintenant. Je suis professeur, seulement parce que Dumbledore n'écoute pas le Ministère.
«C'est une chance incroyable.» s'entendit-il répéter, forçant un sourire.
«Je suis d'accord, s'écria-t-elle. Étrange que ce soit en France et pas à un endroit plus central, mais vu que c'est organisé par Pinard et qu'il est un peu vieux pour voyager maintenant ...»
Tandis que Dora continuait à parler avec excitation, Remus garda son regard sur elle avec ce même sourire forcé, prudemment fixé sur son visage, tandis que son monde s'écroulait autour de lui.
