Hey !

J'ai l'impression de pas avoir posté depuis des lustres, alors que ça fait une semaine. Sûrement parce que je profite du Camp Nano pour terminer d'autres projets. Ces deux-là me manquent, du coup. Les chatons. C'est si drôle d'écrire avec Julian.

(TW en fin de page !)

Merci à Ya pour sa correction !

Bonne lecture !

Les mauvaises surprises

Julian

.

Est-ce que c'est trop ? En soit, c'est juste un cadeau. Une petite attention, comme ça, pour le faire sourire. Parce qu'Asra a un sourire merveilleux qui le renverse comme une vague cogne la coque d'un bateau. Il a l'air d'aimer les trucs colorés alors quand Julian a vu ça, il s'est dit que ça pourrait lui plaire. C'est rien, vraiment. Une breloque. Mais ça fait du bruit quand ça bouge. Et c'est vrai que le rire d'Asra, parfois, on dirait un grelot.

— Tu comptes lui dire que tu l'aimes ?

Julian se tend.

— C'est juste un cadeau.

— Ouais. Je sais pas combien de fois je l'ai entendue, celle-là.

Anged n'a pas tort, mais Julian ne peut décemment pas lui dire qu'il a raison. C'est juste… Une petite attention pour Asra. Une manière de lui dire qu'il a pensé à lui. Parce qu'il pense tout le temps à lui, et qu'il a passé le week-end à guetter le peu de messages qu'il lui a envoyés.

— Il est pas intéressé, de toute façon.

Ils parlent plus que ça, d'habitude. Toute la soirée, parfois même la nuit, et soudain plus rien. Quatre pauvres textos. Des miettes. Est-ce que c'est à cause de ce qu'il lui a dit ? C'était juste… Des messages comme ça, une drague vaseuse et bancale pour l'amuser et- non, Julian doit être honnête avec lui-même. C'était au moins un peu sérieux. Il a foutu de l'espoir là-dedans, et maintenant il flippe. Il a envoyé un message de bonjour ce matin à Asra.

Toujours pas de réponse.

Qu'est-ce qu'il va lui dire en le voyant, aujourd'hui ? Oh, il aurait préféré se prendre un stop en bonne et due forme. Un truc qui fait mal, mais qui ne laisse pas de place au doute. Là, il... Il quoi ? Il ne sait pas. Il a peur. Oh, non. Il déteste ça. Autant qu'il aime. Merde.

— Tu crois qu'il me déteste ?

Anged hausse un sourcil amusé, son regard pointé vers son visage désespéré.

— En quel honneur ?

— Il a toujours pas répondu à mon message. On a presque rien échangé ce week-end, c'est… ça fait des semaines qu'on parle et là, paf, plus rien.

Il plonge le cadeau dans sa poche.

— J'ai peut-être, vaguement tenté un truc. Genre, une approche. Pas très clairement. Mais il me répond plus depuis. Je l'ai pas croisé hier, je suis sûr qu'il m'évite. Tu crois que c'est un râteau ?

— Ou alors, il a une vie à côté de toi.

Son pote glousse, crache sa fumée et ajuste les manches de sa chemise trop noire.

— Calme, gars. Si tu l'as pas vu c'est qu'il est malade, c'est tout.

Oui. Possible aussi. Mais pourquoi Asra ne le lui a pas dit, si c'est juste- Non, Asra n'a pas à le prévenir des moindres détails de sa vie. Puis c'est peut-être le genre de maladie peu glorieuse qu'on a pas envie d'étaler. Comme une gastro.

Est-ce qu'il sera là aujourd'hui ?

Est-ce qu'il a ruiné toutes ses chances de pouvoir un jour sortir avec lui ? La réponse d'Asra ne sonnait pas comme un refus, au contraire, mais il a sûrement eu peur sur le coup, regretté après et il ne sait pas comment le lui dire, et-Oh.

Oh non.

— Imagine, il est hétéro.

— Ce sont des choses qui arrivent.

Certes, mais Julian aimerait autant qu'elles n'arrivent pas à Asra. Ce serait la fin de son histoire fantasmée. Zéro chance. Il préfère encore le scénario dramatique où son bien aimé sort avec Muriel.

Oh, Muriel. Muriel doit savoir pourquoi Asra ne lui parle pas, hein ?

xoxoxox

Les gens se rassemblent devant la salle d'audiovisuel, et toujours aucune trace d'Asra. Pas de tête bouclée, pas de peau halée, pas de sweat coloré comme un paquet de Skittles passé au micro-onde. Juste des têtes, un type qui l'appelle et Mazelinka qui s'avance pour ouvrir la porte.

Bon.

Rester calme. Se rappeler de ce qu'Anged a dit. Asra est malade. Il doit être cloué au lit, et s'il ne lui a pas répondu, c'est sûrement parce qu'il dort encore. A 12h50. Il y a bien des gens en excellente santé qui se lèvent à 13h le week-end. Natiqa appelle ça une dépression.

Voilà. Ils ne se verront pas aujourd'hui, c'est triste mais- Oh, Muriel.

Le garçon s'approche les mains dans les poches, le regard fuyant. Il traverse la foule. Ni une ni deux, Julian lui barre le passage.

— Eh, salut Muriel !

Ah. Vu la tête qu'il tire, il n'apprécie pas. Bah. Il est bizarre, tout le monde le sait. Toujours dans son coin, les lèvres cousues à la glue. Il ne va pas s'offusquer pour si peu.

— Tu gênes.

Ah.

— Pardon ?

— Le passage.

Muriel désigne quelque chose d'un geste de la tête, et Julian met un moment à comprendre que c'est lui tout entier qu'il pointe du menton.

— Ah oui, désolé.

Il évite son regard. Quoi, il lui fait si peur que ça ? D'accord, Asra lui a dit qu'il détestait parler, mais quand même…

Julian se décale, et comme l'autre reprend sa route, il marche à ses côtés.

— Dis, je me demandais… C'est marrant, mais j'ai pas vu Asra hier, et j'ai pas l'impression qu'il soit là aujourd'hui. Il a choppé un truc ? J'espère que c'est pas trop grave. T'as eu de ses nouvelles ?

Muriel fronce les sourcils. Quoi, il a dit un truc stupide ? C'est quoi cette tête ? C'était juste une question. Il ne va pas lui demander de se mêler de son cul, au moins ? Non, parce que lui aussi il est pote avec Asra. Il a au moins le droit de poser la question. De s'inquiéter. C'est… Normal, quoi.

— Il est à l'enterrement.

A l'enterrement. Ah. Hein ?

— L'enterrement ?

L'autre lui sort ça sans contexte. Julian tique. Il lui manque des infos, là. Et pas qu'un peu. Il… Quelqu'un est mort ?

Muriel devait le croire au courant, parce qu'il a l'air surpris. Ce n'est pas flagrant, mais pour un fois, ça tête de caillou constipé bouge. Il écarquille les yeux.

— Il t'a pas dit ?

— Non. On s'est pas… J'ai presque pas eu de nouvelles de lui, ce week-end.

L'information monte au cerveau. Oh, merde. Ça veut dire qu'Asra a perdu quelqu'un. Un ami ? Un membre de sa famille ? Quel con. Il psychote dans son coin pour trois jours de silence alors que le type qui lui fait s'emballer le cœur est en deuil. Il aurait pu demander de ses nouvelles, lui envoyer un message de soutien mais non, il chouine autour de son portable parce qu'on ne lui répond pas assez vite.

Julian se sent tellement stupide, là. Egoïste. C'est pas une nouvelle, il sait qu'il est égocentré. Toujours à tout ramener à lui comme un gosse en mal d'attention. Mais là, c'est…

— Il a perdu quelqu'un ?

Il s'entend à peine parler.

— Sa grand-mère.

— Merde. Est-ce qu'il va…

Bien ? Mais quel crétin. Évidemment qu'Asra ne va pas bien. Sa grand-mère est morte. Julian sait bien comme ça fait mal, ce genre de trucs. Oui.

— Je lui enverrai un truc, il reprend. Un message. Merci de m'avoir prévenu.

Ce n'est pas comme si Muriel l'avait vraiment prévenu, mais c'est par lui qu'il a eu l'info. C'est cool de sa part. De ne pas le laisser hors de ça. Ouais. C'est…

Merde, pourquoi Asra ne l'a pas prévenu ?

Non. Il n'a pas le droit de penser ça maintenant. C'est ok s'il ne veut pas lui en parler, c'est son problème. Il fait comme il veut.

Mais.

— A plus.

Le grand taiseux hausse les épaules et s'éloigne vers la régie sans le saluer. Julian ne se sent pas marcher, mais il se retrouve sur la scène, les mains dans les poches, une boule d'yeux curieux pointés vers lui. Des gens qu'il connaît, qui le dévisagent drôlement. Il reconnaît la tignasse bleue de Natiqa avant qu'elle n'ouvre la bouche.

— Jul' ? Ça va ?

— Hein ? Oh ouais, c'est… parfaitement. La grande forme.

Pas convaincu, elle sort son sourire de fouine.

— C'est ton gars qui te manque ?

D'autres fleurissent autour de lui, soudain. Des têtes curieuses se tournent.

— Mon gars ?

Non. Non non non. Alors là…

— Le petit avec qui tu causes toujours, là.

— J'ai pas de- attends, tu parles d'Asra ?

Oh non. Les gens s'imaginent vraiment qu'il y a un truc entre eux ? Et en même temps, c'est un peu vrai, non ? Ils parlent tout le temps, et Julian ne peut pas dire qu'il n'est pas intéressé. Il est carrément intéressé. Un béguin monstre. Que tout le monde a remarqué, apparemment.

— Il se passe rien, c'est juste un ami.

— Ouais, un bon ami.

Oui, un bon- Non non. Oh, mais sérieusement ? Il essaie de ne pas rougir alors qu'un de ses potes mime ce qui semble s'y méprendre à une pipe.

— Je suis sérieux.

Et c'est bien le seul ici, vu comme les autres se marrent. Allez, tant pis. Il laisse couler et il s'assoit avec eux le cul sur la scène alors que Mazelinka s'approche pour leur faire faire des exercices.

De toute façon, s'il était vraiment si proche d'Asra, il l'aurait prévenu pour sa grand-mère. Muriel est au courant. Pas lui. Ça en dit long sur leur relation, non ?

Oh, il recommence.

Mais c'est vrai. Il est attaché à Asra, très attaché. Plus qu'Asra n'est attaché à lui. C'est toujours comme ça. Julian se prend de passion pour des types qui le lâchent au bout de deux semaines. Et quand ça commence à durer, c'est lui qui les lâche. Il n'est jamais assez dispo, ou alors il merde quelque part. Ça vaut sans doute mieux pour Asra. Qu'il ne s'accroche pas trop, il s'évitera une déception.

[TW : mort]

C'est un peu moins la joie. Un peu beaucoup. Mais j'aime beaucoup trop le côté drama de Julian. J'espère que c'était chouette à lire ?

A la semaine prochaine !