Hey !

Bon bon. Je ne suis définitivement pas doué pour gérer fanfic et projet perso, et ces derniers passent en premier en ce moment. Mais je vais essayer de poster la suite le plus vite possible !

Merci à Ya pour sa relecture, et bonne lecture à vous !


Une avanc(é)e

Asra

.

— Donc, tu as embrassé ton ex.

— Et je n'ai aucune leçon à recevoir de quelqu'un qui sort avec Lucio.

Le rire de Nadia, dissimulé sous ses doigts, lui tire un long soupir. Asra s'efface dans le canapé luxueux, dépité·e.

Iel ne sait pas ce qu'il lui a pris. Sur le moment, c'était amusant. Le regard d'Ilya posé sur lui comme un papillon qui volète près du feu, cette manière qu'il a de se mordiller la lèvre sans s'en rendre compte… Ça se sentait, qu'il pensait comme iel. Et il n'y a rien de mal à ça. Dans l'idée. Asra en a embrassé, des gens. Pour plaisanter. Parce qu'iel les aimaient, même s'il n'y avait rien de plus entre eux. Parce que le moment s'y prêtait, parce qu'iel en avait envie. Parce que pourquoi pas ? Iel n'aime ni les barrières, ni les bonnes mœurs.

Sauf que là, c'est Ilya.

— Ne change pas de sujet, Nadia insiste.

Une tasse de thé entre ses doigts, son amie le jauge. Au moins ne le juge-t-elle pas, c'est déjà ça de pris. Asra ne sait pas si c'était une bêtise, une énormité sans nom ou un bon moment entre potes. Un bon moment tout court.

— Pourquoi tu as fait ça ?

— Pour plaisanter.

C'est ce qu'iel se dit, et ce qu'iel a essayé de faire croire à Ilya. Le problème, c'est que c'est faux. Et Nadia le connaît assez bien pour le deviner. Elle le laisse lover sa tête sur ses cuisses et passe ses doigts dans ses boucles blanches. Une forme de réconfort pour apaiser les questions qui se bousculent là, dans sa tête.

— Parce ce que… Je ne sais pas. J'en ai eu envie.

Et iel a le droit de vouloir embrasser quelqu'un. De le faire. Sauf que Julian n'est pas quelqu'un. Peut-être qu'au fond, iel voulait retrouver ce chatouillis qui lui secouait le ventre à quinze ans, quand ils s'embrassaient au lycée, la tête lourde de fatigue après une nuit passée à veiller au téléphone. Iel n'oublie pas le sommeil manquant, ni cette impression de flotter qui l'entourait quand ils se prenaient la main. C'était simple d'aimer, à l'époque. De faire confiance.

— Et comment est-ce qu'il a réagi ? Nadia demande.

— Il n'avait pas l'air contre.

— Evidemment. C'est Julian.

Ça, ça veut dire qu'il a dû en faire, des conneries. Et qu'elle en a été témoin – ou alors Lucio lui a tout rapporté, et ce n'était pas beau à entendre. Dans un cas comme dans l'autre, Asra s'est fourré·e dans une sale situation.

— Qu'est-ce que tu entends par là ?

— Lucio te l'expliquera mieux que moi.

— Eh, j'ai entendu mon nom ! le concerné crie depuis sa chambre. Vous parlez de moi ?

— Uniquement en mal ! Asra crie.

Iel l'entend pester derrière la porte. Mercedes jappe comme pour l'encourager.

— Ne commence pas à énerver mon petit ami, Nadia le réprimande.

Mais iel ne s'y laisse pas prendre. La lueur dans ses yeux, c'est un rire ravalé. Elle se délecte toujours de leur piques – jusqu'au moment où Lucio dépasse les bornes. Ou quand il se plaint d'iel toute la soirée, alors qu'elle essaie de faire passer une migraine. Enfin, ça ne finit pas souvent bien, mais Asra échappe aux conséquences.

— Tu lui as parlé, depuis ? elle enchaîne.

— Par message.

— Est-ce qu'il a évoqué l'incident ?

L'incident. On dirait qu'iel a roulé dans les escaliers, ou qu'une voiture l'a fauché·e. Pas qu'ils se sont embrassés.

— Non.

— Du Julian tout craché, elle déplore. Ne compte pas sur lui pour affronter la situation. Sauf si c'est pour s'excuser sous ta fenêtre.

— J'habite au quatrième.

— Il serait capable de grimper.

Iel n'en doute pas un instant. Et ça ne devrait pas lui plaire, d'imaginer ça.

— Je sais, iel lâche. Il fanfaronne et quand ça devient sérieux, il fuit.

Déjà, à l'époque… Mais Asra ne veut pas penser à ça. Pas encore. Ça lae bouffe, ce passé serré autour de sa gorge. Jusqu'à maintenant, tout se passe bien avec Ilya. Iel ne veut pas laisser de vieux souvenirs empoisonner un présent qui pourrait être Ô combien plus agréable que cette mémoire.

— Fais attention à toi, Nadia lae met en garde.

Non sans raison. Asra se remet déjà d'une rupture qui l'a laissé·e en boule contre son lit. Nadia à mieux à faire que de lae ramasser à chaque fois qu'iel se brise le cœur – même si elle répond présent, toujours. Mais ces deux semaines qu'ils ont passées lui ont plu. Vraiment. Ilya n'est pas seulement agréable et drôle. Sa présence fait passer le temps plus vite. Et, parfois, Asra s'est senti·e heureuxse juste de le regarder. C'était tellement… Tellement simple.

— Je sais à quoi m'attendre, iel souffle.

— Ça ne t'a pas empêché·e de l'embrasser, Nadia fait remarquer.

Iel aurait dû aller voir Muriel. Il n'en penserait pas moins que Nadi mais, au moins, il ne le dirait pas.

— Tu crois que j'ai fait une erreur ?

— Je crois que tu as fait ce que tu avais envie de faire. Et c'est à ça que tu devrais penser. Ce que tu veux, vraiment. Avec Julian.

C'est bien sa veine. ce qu'iel veut vraiment ? Asra n'en a pas la moindre idée. Iel a passé deux semaines à surveiller son portable en quête d'une réponse à son message, lancé comme une bouteille à la mer. En vain. Yel n'a pas donné de nouvelles, et c'est son droit. Mais ça lui serre le cœur. Pourtant, s'iel a pu passer ces deux mêmes semaines serein·e sans surveiller compulsivement son téléphone, c'est grâce à Ilya.

Iel n'avait pas ressenti ça depuis sa rupture. Ce cours tranquille des jours et cette impatience des lendemains, ces histoires à raconter le soir au creux de l'oreille attentive de Faust. La concernée, d'ailleurs somnole enroulée sur son ventre.

— Je ne sais pas, iel déplore.

Envie. De quoi iel a envie ? De quoi se sent-iel capable, déjà ? Pas de se plonger à nouveau dans une relation aussi sérieuse. Le choc et les pleurs l'on épuisé·e pour les mois à venir, peut-être les années. Iel a déjà vécu des ruptures, et iel sait qu'iel s'en remettra. Ce qui lae blesse ne lea réduit pas en miettes, iel a seulement besoin de temps. De rencontres.

— Alors tu devrais mettre les choses au clair avec Ilya, avant qu'il ne s'emballe.

Pas faux. Iel ne veut pas lui laisser de faux espoirs. Mais ce serait mentir que de dire qu'iel n'a pas aimé l'embrasser, ni qu'iel ne s'est pas senti·e mieux depuis plusieurs mois, en sa compagnie.

Un sourire amer lui vient en songeant que c'est justement le propre d'Ilya. Donner aux autres cette impression d'être spécial. Unique. Précieux. Et la reprendre aussi brusquement.

— Qu'est-ce que tu entends, par avant qu'il ne s'emballe ? iel l'interroge.

— Il trouve l'amour de sa vie toutes les deux semaines, elle soupire. Tu n'imagines pas le nombre de personnes qu'il a ramené à nos dîners avec Lucio.

La jalousie fuse. Asra déglutit.

— À ce point ?

— Oui. On les a croisés une fois ou deux, puis il appelle Lucio à moitié ivre dans un bar et je le retrouve dans mon canapé le lendemain matin.

À voir la tête irritée de Nadia, Asra imagine sans mal la scène. Ilya, vautré sur le canapé, entre sonné de la cuite de la veille. Est-ce qu'il se fait quitter à chaque fois ? Ou est-ce qu'il pleure aussi quand c'est lui qui abandonne ses amants après leur avoir servi ce même discours sur le minable petit ami qu'il prétend être ?

Pourquoi ça lae gratte comme ça ? C'est comme une bête qui remonte dans sa gorge. Asra n'est pas jalouxse, d'habitude. Jamais. Iel sait reconnaître ses émotions, les trier et les traiter avec l'attention qu'elles méritent. La jalousie n'est pas un phénomène solitaire, il y a toujours un besoin d'affection et de reconnaissance derrière.

Iel ramène ses mains sur Faust.

— Ce n'est jamais vraiment sérieux, Nadia conclut.

— Tu verrais la tête des gars qu'il se trouve.

Asra sursaute, Faust bondit en sifflant et même Nadia relève un regard étonné vers son petit ami. Lequel vient de sortir de sa chambre pour se faire réchauffer un plat au micro-onde.

— Quoi ? Lucio râle. C'est vrai. Il racle les fonds de chiottes du Rowdy. C'est marqué connard sur la tronche de la moitié des types qu'il choppe. À ce stade il le fait exprès, c'est pas possible.

Ramenant ses jambes contre lui, la sorcière chasse tout ce qu'iel a de doute et recompose un visage acceptable. Celui qu'iel affiche en société, ses traits évasifs ne laissant rien deviner de ce qu'iel pense.

— Ton vocabulaire, Lucio, Nadie soupire.

— Oh, c'est bon, on parle de Jules. Il en pense pas moins.

Elle lui jette un regard acéré. Asra devine que ce n'est pas tant à Julian qu'elle aimerait qu'il fasse attention, qu'à leur invité·e dans le canapé. Mais le bon sens et la subtilité n'ont jamais fait partie de ses qualités.

— Il se fait sauter à tout bout de champ, maqué ou pas. Avoue quand même qu'il s'aide pas.

— Si tu es venu pour nous détailler la vie intime de Julian, tu peux repartir manger dans ta chambre.

— Arrête, c'est un secret pour personne.

Goguenard, le blond se sort une bière du frigo.

— Pourquoi, il a essayé de te sauter dessus ? il ricane.

— Non.

Lucio a un don pour se faire détester. Asra a l'habitude. Ils ont eu des disputes plus violentes, et iel s'en est remis·e. Il faut juste accepter l'idée que le petit ami de sa meilleure amie ne réfléchit en moyenne qu'une fois sur dix avant d'ouvrir la bouche, et qu'il a la mémoire relativement courte.

Pas étonnant qu'Ilya l'appelle quand il se fait larguer. C'est le genre de potes à qui on peut tout dire, parce qu'il n'écoutera même pas.

— Je dis ça en temps qu'ami, Lucio lâche. Jules est un bon pote, mais c'est un petit ami minable.

Comme toi, iel rétorquerait bien. Mais la dernière fois qu'iel a dit ça, ils ont failli en venir aux mains. Pas respect pour Nadia, iel se retient.

Il n'empêche que toute cette discussion ne règle pas son problème. Les questions demeurent et Asra termine son thé, perdu·e. Lucio a raison, à sa manière. Et son amie aussi. Julian n'est pas le meilleur plan d'avenir qui soit. Mais Asra n'a pas prévu de faire sa vie avec tous ceux qu'iel a embrassés. Et, en marge de ce type catastrophique qu'on lui dépeignait déjà au lycée, il est ce garçon qu'iel connaît. Celui qu'iel a aimé pendant des mois. Qui a allégé de longues semaines de travail, et pas uniquement parce qu'il l'aidait à encaisser les ventes.

Asra ne sait pas ce qu'iel veut, mais iel sait ce qu'iel ne veut pas. Rayer Ilya de sa vie aussi brusquement qu'il y est entré. Alors, pendant que Nadia rabroue discrètement la lamproie qui lui sert de partenaire, iel attrape son portable pour rédiger un message.