Hey !

Boum un chapitre. J'ai terminé par mal de petits projets perso, je devrais avoir un peu plus de temps libre, donc j'espère pouvoir recommencer à poster régulièrement. Aujourd'hui, vous avez droit à un chapitre un peu drôle !

Merci à Ya pour sa relecture, et bonne lecture à vous !

(restez jusqu'à la fin, il y a une petite annonce !)


Être lâche, se protéger

Julian

.

Premier jour de travail : ok. Ilya a alterné les grands moments de vide et les vagues de clients irrités, fait deux erreurs de caisse qu'il a cachées comme il pouvait et il est parti dix minutes trop tard parce qu'il ne surveillait pas l'heure. Mais ça s'est bien passé. Il devrait survivre aux deux prochains mois.

Biper des livres, les emballer sur demande – si monstrueux ses papiers cadeaux soient-ils – rendre la monnaie, il gère – presque. Il ne sait pas compter à l'envers, mais un de ses collègues lui a filé une technique pour ne pas avoir à le faire. Même si, dans tous les cas, il a juste à se fier aux chiffres sur l'écran.

Il n'empêche qu'il est resté debout plusieurs heures sans s'asseoir ni boire. Alors la première chose qu'il fait en rentrant, c'est se remplir une pinte d'eau au robinet avant de s'effondrer sur le canapé.

C'est tout de même incroyable de pouvoir s'y allonger sans que ses pieds ne touchent le bord.

— Alors, ce premier jour ? Pasha crie depuis sa chambre.

— Cool. Les gens sont cools. La majorité des clients sont cools. Et il y a une machine à café dans la salle de repos.

Il faut juste qu'il évite d'en renverser sur les livres, et tout ira bien. Oui, ça va le faire. Il faut que ça le fasse. Vingt cinq heures de caisse par semaine, plus les cours de maths et le reste du chômage. Il est économiquement en sécurité jusqu'à janvier prochain. Il va finir sur les rotules en décembre, mais ce n'est pas la première fois qu'il travaille dans le commerce pendant les fêtes. Ça va le faire. Oui.

Il terminera cette année avec de l'argent sur son compte en banque, ou il mourra en essayant.

— Et Asra ? Tu lui as parlé ?

Ilya ricane. Pasha a beau faire celle qui n'en peut plus des problèmes de son frère, il n'empêche que ça fait deux semaines qu'elle attend la suite de l'histoire avec autant d'impatience que lui.

Sauf qu'il n'a rien à lui raconter.

— On s'est revu samedi dernier.

Et ils n'ont pas reparlé de leur baiser. Asra lui a filé son chèque et les papiers qui allaient avec, iel lui a montré des projets de vêtement qu'iel aimerait créer, ils ont ri autour d'une étrange boisson crémeuse et bleue que la sorcière a commandé. Pas d'autres bisous ni de genoux qui se touchent sous la table.

Est-ce qu'Asra regrette ?

— Tu me l'as déjà dit.

Ilya sait qu'il doit arrêter de toujours imaginer le pire en premier. Peut-être qu'Asra ne voulait que s'amuser, qu'iel n'était pas sérieuxse. Iel était épuisé·e par le travail quand l'incident est arrivé, le vin chaud lui montait à la tête, et… Iel ressort d'une rupture. Une rupture qui date d'il y a déjà plusieurs mois, mais Ilya est bien placé pour savoir que les blessures mettent parfois un moment à se fermer. Quand elles se ferment.

— Err, on doit se voir vendredi prochain. Après le travail, iel m'a proposé d'aller manger en ville.

— Tu lui as demandé pourquoi iel t'avait embrassé ?

Certainement pas. Julian a trop peur de la réponse.

— C'est délicat.

— Ilyushka !

— Quoi !

— Si c'était un des dépravés que tu trouves au Rowdy, tu passerais déjà la moitié de la semaine chez iel.

— C'est faux.

Presque. Il ne passait pas autant de temps chez ses ex. Et tous n'étaient pas de vieux caïds du Rowdy Raven. Neal était… Cool. Oui, Neal était cool. Et il a tout gâché, comme toujours. D'ailleurs, depuis combien de temps n'est-il pas sérieusement sorti avec quelqu'un ? Sorti pour de vrai. Les plans cul ne comptent pas. Plusieurs mois ? Presque cinq. Ou six ?

Ilya n'a jamais été célibataire aussi longtemps. Enfin, si on oublie les premières années de sa vie.

— C'est vrai, et tu le sais.

— Je n'ai pas prévu de sortir avec Asra, il rétorque. Enfin, de ressortir. Err, tu m'as compris.

Là, même lui, il n'y croit pas. Et Pasha le regarde comme s'il venait de lui annoncer qu'il était devenu hétéro. Mais est-ce que ce n'est pas un peu le cas, en un sens ? Asra ne se considère- non, Asra n'est pas un garçon. Plus. Et il… Éprouve une certaine attirance à son égard. Donc…Est-ce que ça change quelque chose, pour lui ?

Oh, il a déjà bien assez de questions à se poser, pas besoin d'y ajouter des doutes sur son identité.

— D'accord, c'est faux, il avoue. Mais ça ne veut pas dire qu'iel veut la même chose.

— Iel t'a embrassé.

— Ça veut rien dire. Et puis, après tout ce que je lui ai fait…

Sa sœur voit sentir venir le discours, au son du soupir dépité qu'elle lâche.

— Gna gna gna, je suis un horrible petit ami, gna gna-

— C'est vrai ! il s'offusque.

Puis il ramène ses genoux contre lui.

— Ce que j'ai fait… Je l'ai même pas quitté·e, Pasha. Je l'ai juste jeté·e hors de ma vie sans lui donner d'explications. J'étais presque un adulte, et iel… iel n'avait même pas seize ans. Je l'ai lassé·e tomber et je lui ai brisé le cœur.

Quinze ans, presque seize. Quand il y repense, maintenant, Julian se dit qu'il n'aurait jamais dû accepter de sortir avec iel. Iel méritait mieux, comme premier amour, qu'un raté qui se blesse en entraînant avec lui les gens qui l'entourent.

— À sa place, je ne m'adresserai même plus la parole, il ricane sec.

— Ok, tu es le pire petit ami qui existe sur Terre. Et le pire frère.

Il va pour rétorquer, outré, mais elle ne lui en laisse pas le temps.

— Et iel accepte encore de te parler ! Iel te laisse une chance de rattraper tes conneries, alors tu vas la saisir ou je te vire de cet appartement.

— Tu ne peux pas me virer d'un appartement dont je paie les deux tiers du loy-

— Rien à foutre. T'oserai pas arrêter de payer, de toute façon.

Elle lui vole son paquet de cigarette alors qu'il allait s'en griller une et attrape un briquet. Ilya ne réalise pas tout de suite. C'est quand elle en sort une qu'il comprend. Oh, non, pas Pasha. Certainement pas.

— Repose ça tout de suite !

— Dans tes rêves.

— Pasha ! Tu veux finir comme tatie Tasya ?

C'était bas. Il la voit, la lueur brusque qui passe dans ses yeux. La douleur. Elle a raison, il est aussi mauvais frère qu'il est un horrible petit ami. Ce n'est plus à démontrer.

— Toi aussi tu fumes, elle fait remarquer.

— C'est différent.

— Pourquoi ? Parce que ta vie est terrible, que tu as raté tes études de médecine et que tu es condamné à vivre une existence minable avec des petits copains minables entre deux clopes et un Salty Bitter ?

— Mm, je n'aurais pas résumé ça comme ça, mais…

Trop tard. Tout en parlant, Pasha a allumé la cigarette. Et elle a déjà tiré deux fois dessus. Sans tousser. Donc, ce n'est pas la première fois qu'elle fume. Et il ne s'est rendu compte de rien.

Minable, minable grand frère. Sauf qu'au contraire de ses ex, sa sœur ne peut pas le quitter. On ne rompt pas avec sa famille.

— Depuis quand ? il lâche, résigné.

— J'ai fini le paquet de tatie la première fois qu'elle est entrée à l'hôpital.

— Tout le paquet ?

Il écarquille les yeux.

— Pas d'un coup, crétin.

Certes. Si elle fumait clope sur clope, il l'aurait senti. Et si elle fumait dans la maison, l'odeur collerait aux murs de sa chambre. C'est déjà plus rassurant. Mais quand même.

— Elle devrait rentrer bientôt. Pour de vrai, cette fois, Pasha insiste. On pourrait passer la Toussaint avec elle.

— Oui. On pourrait.

C'est un jour férié, il ne travaillera pas. C'est une bonne idée que Pasha a. Une soirée en famille, une journée de repos. De toute façon, il faudra qu'ils aillent aider Tasya, qu'elle ne s'épuise pas.

Enfin, ils. Il faudra qu'il y aille. Parce que Pasha a mieux à faire avec ses études. Et que, si elle ne le dit pas clairement, il entend le reproche qu'elle formule en pensée.

T'es pas allé la voir.

C'est au-dessus de ses forces. Et ce n'est pas tant à cause du cancer que de sa tante elle-même. Il a toujours eu du mal avec Tasya, même s'il ne se l'explique pas. Pourtant elle s'est occupée d'eux – comme elle a pu, certes – et il ne peut pas lui retirer ça. Alors il ira lui rendre la pareille.

— Les rayons ont marché ?

— Apparemment. Elle va mieux, en tout cas. Mais ça veut pas dire qu'elle rechutera pas.

Ilya sait. Il a vu ça en cours, les récidives. Mais il veut croire que ça ira. Que sa tante s'en tirera, et qu'ils n'auront pas à enterrer un autre Devorak. Son père, sa mère et Lishka, ça fait déjà tellement. Leur famille est pleine de trou et de tombes à nettoyer au premier novembre.

Ilya ne veut pas penser à ça.

— L'alarme incendie sonne pas ? Pasha s'étonne en plongeant la fin de sa clope dans un verre d'eau.

— Je l'ai désactivée pour pouvoir fumer au salon.

Elle ouvre de grands yeux ronds. Choqués, mais pas surpris.

— Si je meurs dans mon sommeil parce que l'appartement a brûlé pendant que je ronflais, je te hanterai jusqu'à la fin de tes jours.

— On peut la remettre. Mais elle se lance aussi si on cuisine sans la hotte.

— Ça, c'est parce que tu fais brûler la moitié des plats.

— N'exagère pas.

— Tu te souviens de la fois où tu as raté des pâtes ?

Il secoue vivement la tête.

— J'étais au téléphone. Et je ne les ai pas ratées, elles ont simplement débordées.

La plaque de cuisson en a fait les frais. Il se souvient encore du bruit horrible et des tâches blanches qu'il a dû frotter. Et de l'opérateur pôle emploi, à l'autre bout du fil, qui essayait de lui expliquer qu'il ne pouvait pas rater tous ses rendez-vous.

Pas qu'Ilya les ait volontairement ratés. Mais le travail non déclaré avait un coût.

— Et puis, c'est toujours mieux que les pâtes au micro-ondes de Lucio, il ajoute.

L'éclat de rire de Pasha lui remonte le moral. Ils ne sont, ni l'un ni l'autre, pas prêts d'oublier le jour où le blond a passé une casserole remplie d'eau et de pâtes au micro-ondes pour que ça chauffe plus vite.

— En attendant, tu devrais apprendre à cuisiner avant d'inviter Asra ici.

Elle n'a pas tort. Ça lui fera une nouvelle occupation, tiens. Apprendre la cuisine végétarienne. Ça ne peut pas être bien compliqué.

— Je maîtrise déjà à merveille la recette du club sandwich tomate mayonnaise.

Sur une grimace, sa sœur s'éloigne. Elle laisse derrière elle une odeur de cendres qu'il aurait préféré ne jamais sentir, mais… Enfin, elle ne prendra jamais au sérieux des conseils qu'il lui donne sans les suivre. Tant pis.

La journée est loin d'être finie, et il a du temps à occuper. Alors, fort d'une nouvelle motivation, il tape recette végétarienne facile sur internet, et il va faire l'inventaire des restes qui traînent au frigo.


Voilaaaa. Les chapitres à venir seront un peu plus sérieux, mais y a un truc chouette qui se prépare.

Et en parlant de trucs chouettes, Ya, la personne qui bêta-lit cette fanfic, a aussi un projet très cool en cours. Pour celleux qui utilisent l'appli Dorian, elle a écrit Vegas shot gun, une histoire où elle reprend la rencontre entre Nadia et Lucio. C'est grave drôle donc si vous avez deux minutes, n'hésitez pas à aller la lire !

À plus !