Le lendemain matin, Otus et Solus se réveillèrent sans qu'il y ait le moindre problème par la suite. La voix qu'avait entendue Otus n'était peut-être qu'un rêve... Au moment de petit-déjeuner, tout allait bien. Au moment de se laver, tout allait bien. Ce n'était qu'au moment de la petite interrogatoire quotidienne de Solus que ça commençait à se sentir... Il n'était pas énervé avec Anne mais il sentait en lui que quelque chose n'allait pas... Non, il ne ressentait pas des sentiments amoureux pour elle (en plus c'est illégal vu la différence d'âge !), c'était tout autre chose. Il ressentait encore une fois ces pulsions qu'il avait senties et pensées la veille.

«Oh non, ça ne va pas recommencer!» pensa-t-il. «Ce n'est pas le moment !»

Le dofus lui envoyait des signaux dans sa tête, Solus tenta de résister comme s'il se retenait d'uriner. Voyant la tête qu'il faisait, Anne lui proposait de l'accompagner aux toilettes.

- B-Bonne idée...! M-Merci...! Si on... si on pouvait faire ça rapidement... ce serait sympa... vite !

En chemin, Solus se retenait comme il pouvait, dans sa tête comme dans son corps. Subitement sa queue de dragon poussait d'un coup, il la cacha sous sa cape chouette autant que possible, autour de sa taille, pour ne pas que Anne la voit.

Arrivé devant la porte, elle vit que Solus était tout crispé avec sa cape chouette renfermée sur lui-même comme s'il avait froid. Il entra vite fait dans la pièce, dans une cabine en verrouillant la porte. Anne surveilla quand même cette porte, promettant qu'elle n'entendra pas de bruits bizarres (à part des plaintes). C'était des toilettes mixtes alors les femmes comme les hommes pouvait y entrer. Même les chouettes!

De l'autre côté de la porte, Solus regardait ses mains et ses bras en train de grossir après avoir déployé sa cape chouette.

«Oh non, NON ! C'est bien ce que je craignais !»

Il luttait pour ne pas succomber à ses pulsions de toute puissance et à son instinct de dragon, il se forçait à rester neutre dans sa tête, ne pas céder à son égo. Mais malgré lui, il souriait et grognait de fierté.

- Eh ben ! faisait Anne. C'est... bien encombré là-dedans !

Elle pensait que Solus faisait ses gros besoins mais en entendant attentivement les grognements, ce n'était pas des gémissements de quelqu'un qui faisait ses besoins de manière normale. Et ses soupçons commençaient à se confirmer lorsqu'elle entendit un bruit de déchirement et de craquements d'os. Elle toqua à la porte.

- Tout va bien, Solus?

- Non, ARGH ! Si, si, ÇA VA ! lâcha-t-il soudainement dans une voix monstrueuse.

Il plaqua sa patte à sa bouche remplie de crocs acérées.

«Oh non ! Ma voix ! Elle l'a entendue ! C'est fichu ! Elle va me dénoncer aux autres !»

Solus n'arrivait plus à contrôler sa transformation, il essayait mais à chaque tentative se soldait par une douleur insupportable, une rage intense et un plaisir inconsummable.

Anne regardait en dessous de la porte, elle vit partiellement d'énormes pattes blanches griffues gratter le sol. D'autres craquements se firent entendre et on pouvait entendre des battements d'ailes plumées contre les parois de la cabine des toilettes.

«Je.. ne peux plus... la contenir...!» pensait Solus, recroquevillé sur lui-même dans un grondement alors qu'il grossissait en taille et en masse à vue d'oeil.

Anne devait garder son sang-froid et ne surtout pas paniquer, elle savait maintenant ce qu'il se passait à l'intérieur et tenta de rassurer son protégé par tous les moyens possibles. Elle dût trouver un moyen d'entrer dans la cabine de toilettes en montant sur les toilettes d'une cabine d'à côté. La jeune femme rassura Solus en panique dès que celui-ci la voyait.

- Non, non ! Du calme, je ne vais rien te faire...

- NON ! NE ME REGARDE PAS ! VA-T-EN, S'IL TE PLAIT !

Anne descendit dans la cabine où il y avait Solus malgré son handicap à la jambe. La chouette en pleine transformation se cacha le visage, en pleurs. La jeune soldate continua de le rassurer. C'était risqué mais elle le caressait gentiment son énorme épaule après hésitation et lui faisait un câlin. Il était temps pour elle de tout lui révéler.

- Ne t'inquiètes pas, Solus... Je le savais. Je savais que tu étais le dragon qu'on t'avait capturé la première fois. C'est pour ça que je t'ai fait cette promesse que je ferai en sorte que plus personne ne te fera du mal... Et ma promesse tient toujours.

Ces paroles rassurait un peu la jeune chouette, cela le calmait mais une énorme douleur arriva, il n'avait pas encore fini de grandir ! Rapidement, le hurlement de douleur, dans la pièce, provoqué par la transformation alerta les autres soldats qui arrivèrent en renforts en direction des toilettes. Une fois entrés, ils braquaient leur armes en direction de la créature qui n'avait même pas fini sa transformation. Un des hommes criait à Anne de s'écarter de cette chose.

- Non, ne tirez pas! leur faisait-elle signe avec ses mains alors qu'elle était agenouillé aux côtés de Solus qui était prostré. Et calmez-vous tout de suite ! Si vous vous énervez contre lui, il s'énervera à son tour ! Ça risquerait de se déteindre sur sa transformation !

- Allons bon... C'est celle qui se casse une jambe durant une mission qui va nous donner des ordres...

- Au cas où vous auriez oublié, je suis responsable de Solus durant son séjour jusqu'à qu'on ait éclairci ce mystère !

- En effet, mais là, le mystère est clairement résolu donc il n'est plus sous ta responsabilité, Anne ! C'est plié !

Pendant qu'elle et le soldat se disputaient, Solus posa sa patte sur la jambe blessée d'Anne. Il ne savait pas comment mais il devait le faire comme un signe d'amitié. Une lumière bleue apaisante brillait là où Solus la touchait. Instantanément, Anne n'avait plus du tout mal, elle ne boitait plus. Elle pouvait même ranger sa béquille!

- Ma jambe... elle est guérie, murmura-t-elle, très étonnée.

Le soldat, braquant toujours son arme, donna un dernier avertissement.

- Ceci est mon dernier ordre, Anne : éloigne-toi de lui !

- Fais ce qu'il te dit..., lui murmura Solus alors qu'il se sentait de plus en plus à l'étroit.

- Toi, le monstre, tu la ferme !

L'harfang des neiges émis un grognement menaçant par réflexe, jamais il ne se sentait insulté de la sorte ! À son arrivée, les soldats étaient sympas avec lui et maintenant, dès qu'il se transforme en dragon, tout le monde retournait sa veste ? Incompréhensible !

Un autre soldat se moquait de Solus.

- Ha, je me disais bien que c'était lui... La ressemblance ne faisait plus aucun doute. 'fin à part son gros pif.

Encore une fois, Solus grogna face à cette hostilité, la rage le gagnait de plus en plus, sa transformation s'accéléra, sa puissance augmenta par la même occasion. Anne dût s'écarter et rejoindre à l'arrière des troupes, restant ainsi en retrait pour ne pas être complice.

Comme il était inquiet que son ami ne soit pas revenu après une heure, Otus décida d'aller chercher Solus qui était avec Anne. Dans un couloir où c'était la panique la plus totale, plusieurs soldats s'étaient postés devant l'entrée saccagée des toilettes avec leurs armes braquées, la jeune femme était toujours en retrait. Solus, ayant achevé sa transformation en tant que dragon quadrupède de sept mètres, repoussa les soldats avec une onde de choc de wakfu et faisait une sortie fracassante dans la base en s'envolant ! Il emmena avec lui Otus en l'attrapant par sa cape chouette avec sa gueule.

- Oh non, pas le pauvre Otus ! criait un soldat en panique avant de tenter de tirer sur Solus avec son pisto-laser sans succès.

Tous les autres tentaient leur chance alors que le dragon s'envola dans les airs pour disparaître dans l'horizon, même résultat : un échec.

Le ciel était nuageux ce jour-là, il était donc facile pour Solus de se fondre parmi les nuages grâce à son plumage blanc.

Le chef des Armées, Baladru, au courant de la situation grâce à ses hommes et au bruit qu'il y avait eu, lança l'alerte évasion et enlèvement. Il ne voulait surtout pas lâcher son suspect !

Anne dût se remettre de cette sortie plus que spectaculaire après que la poussière se soit dissipée dans l'air, elle toussa pour évacuer la saleté qui s'était logée dans ses poumons. Cette partie-là de la base avait été complètement détruite ! Il y avait des fragments de pierres, de bois et de métal qui tombaient du ciel, la jeune femme sentait la brise fraîche de l'extérieur sur son visage, seule. Elle leva la tête en espérant que rien de grave n'arriverait à Solus et à Otus. Tout s'était passé très vite mais elle avait eu le temps de voir, en une fraction de seconde, qu'Otus avait été emporté par le dragon.