Bonne lecture !

Chapter Text

Lundi 12 septembre 2016

« Vous avez intérêt à faire attention avec ces gens compris ?

– Oui papa, punaise c'est la quarantième fois que tu nous le dis. Râla le plus vieux des deux enfants Black

– Sirius ! Fit Orion en se penchant vers lui les mains en appuis sur la table. Tu ne sais pas de quoi ils sont capables, alors quand je vous dis de faire attention je ne plaisante pas.

– Okay, chill, ça va bien se passer.

– Ne t'inquiète pas Papa je vais surveiller Sirius.

L'aîné fit un beau doigt d'honneur au plus jeune de la famille et en réponse il eut une langue tirée, puérile.

– On sait tous les deux que tu es celui qui est toujours dans les ennuies et que moi, je suis l'exemple.

– Pardon, monsieur parfait.

– Pas de dispute par pitié.

Orion se massa le front avec inquiétude. Il était soucieux depuis que l'étranger avait pénétré la chambre de Sirius, qui était d'ailleurs à l'abandon depuis. Ce dernier refusait d'y mettre les pieds, alors il avait élu domicile dans la chambre de Regulus pour un temps indéterminé.

– Bon, allez c'est l'heure, vous allez être en retard.

– Je peux prendre ma moto ?

– Sirius ! Arrête avec ça, elle va finir à la casse si tu continues de me casser les pieds !

– Putain tu me casses les couilles ! »

Orion se fit violence pour ne pas arracher la tête de son fils. Alphard lui avait conseillé d'éviter les conflits avec Sirius, car il était notoire que l'adolescent réagissait mal à la pression, et cette situation le faisait littéralement imploser de l'intérieur. Même si, le patriarche ne pouvait s'empêcher de penser qu'il y avait quelque chose de plus profond derrière cette réactivité émotionnelle.

Sirius était confronté à des émotions tumultueuses ces derniers temps : il passait d'un sentiment de bien-être à une explosion émotionnelle en quelques minutes à peine. En l'espace de trois jours, il s'était disputé avec James, Marlène et les amies de cette dernière. Il se retrouvait pratiquement seul, même si Peter passait un peu de temps avec lui, il restait avant tout l'ami de James. Il ne lui en voulait pas, mais il devait admettre que depuis le début, il avait eu raison : si il ne parlait plus avec James, il se retrouverait seul.

Le capitaine de l'équipe de volley avait tenté de renouer le contact avec lui, que ce soit en classe où ils partageaient tous leurs cours côte à côte ou par SMS. Sirius était impénétrable, en proie à une colère intense, démesurée en regard des circonstances. Il envoyait balader sa petite amie et son meilleur ami alors qu'ils cherchaient à s'excuser auprès de lui.

Il avait eu une dispute avec Marlène pour une futilité, il avait encore oublié de répondre à ses SMS. Elle lui avait adressé des reproches, ce qu'il n'avait pas toléré, et ils s'étaient violemment disputés. Sirius lui avait demandé de le lâcher, lui disant qu'elle l'étouffait et que si elle continuait ainsi, il romprait.

Bon.

En bien plus vulgaire.

Il fallait l'avouer.

Tellement que Mary et Lily étaient intervenues en faveur de leur amie complètement abasourdie par la violence inhabituelle de son copain et c'est ainsi qu'il s'était mis à dos tous ses amis, sauf Peter.

« T'es toujours en guerre avec ton groupe ? Demanda Regulus alors qu'ils entrèrent au même moment dans le lycée.

– Je ne suis pas en guerre, je ne leur parle plus, nuance.

– Ah... Bon... Écoute, ce n'est pas que je ne t'aime pas, mais j'ai cours de littérature et j'aimerais y être en avance, je sais que c'est incompréhensible pour toi.

Les frères Black s'échangèrent un sourire. Regulus essayé de faire rire Sirius tant bien que mal, il voyait bien que son grand frère était plus morose que d'habitude.

– On peut manger ensemble à 12h si tu veux.

– Ne t'inquiète pas pour moi microbe, je suis un grand garçon. Je m'en fiche de manger seul, profite de tes amis.

– Tu es sûr ? Ça ne me dérange pas tu sais.

– Mais moi si, j'ai peur de Théodore depuis qu'il a failli me scalper. Essaya de plaisanter le plus vieux. »

Sirius fit un geste de la main à son frère le laissant partir vers ses cours puis il ferma son casier après avoir pris ses livres de cours d'introduction à la culture Quileute, le premier cours de la matinée.

« Bon, ça suffit maintenant.

L'adolescent sursauta et se retourna pour faire face à son groupe d'amis.

– On arrête de se faire la gueule ou on se bat, maintenant Black.

– Quoi ? Demanda Sirius en haussant un sourcil incrédule.

– Oui, apparemment la bagarre permet d'exprimer la rancœur et on se sent plus léger par la suite, donc, allons-nous nous battre ou pas ?

– Mais qui t'a raconté des conneries pareilles ? Je ne vais pas me battre avec toi !

– Très bien alors on se reparle ? Fais gaffe si tu me dis non je te fous mon poing dans la gueule.

– Waouh ... Fit Sirius abasourdi. Sérieusement ?

– Je me joins à James pour te frapper si ça continue. Enchéri Marlène. Sirius, tu nous manques, arrête s'il te plaît, on a compris qu'on était allés trop loin avec toi et on s'excuse pour la quarantième fois.

La blonde avait les larmes aux yeux, elle était vraiment blessée par son comportement, il avait tellement joué au con, il avait été injuste.

– C'est moi qui suis désolé, j'ai agi comme un con.

– Câlin de groupe ? Suggéra Peter.

Les six amis s'étreignirent chaleureusement, retrouver son groupe apportait un sentiment de bien-être à Sirius, comme si un poids s'était envolé de son cœur, il se sentait serein dans cette étreinte avec sa petite amie, son meilleur ami et ses autres amis.

– Bon allez, on irait pas en cours ?

– Déjà ? Il y a les natifs qui vont arriver, vous ne voulez pas aller les voir ? »

C'est comme ça qu'ils en étaient venus à être assis autour de la Ford de James, attendant sagement la venue des nouveaux élèves. Mais pour le moment Sirius s'amusait davantage de son oncle, il semblait sur le point de faire une rupture d'anévrisme, on pouvait voir d'assez loin la veine sur la tempe du directeur à deux doigts de céder.

« Lily ? James se tourna vers sa bien-aimée.

– Hm ?

– Tu n'es pas trop triste que Servilus ne soit pas avec toi en cours cette année ?

– Severus ! Rugis la rouquine en le fusillant du regard. Et bien sûr que si, à choisir j'aurais préféré être avec lui qu'avec vous trois. Elle désigna Sirius, Peter ainsi que James d'un coup de tête.

– Eh ! Je suis agréable à vivre moi ! S'indigna Peter.

– Je n'en doute pas. Elle se retourna vers Peter quittant son ami d'enfance des yeux. Mais je ne cautionne pas vos mesquineries envers Severus et tu en fais partie.

– Oh ça va, il n'y a pas mort d'homme, on ne lui a même rien fait depuis le début de l'année et d'ailleurs il nous le rend bien. Argumenta James.

– Vous enchérissez comme des gamins au lieu de stopper la situation, un jour ça va dégénérer et vous n'aurez plus que vos yeux pour pleurer. »

Puis elle se dirigea vers la première classe participant au projet intercommunautaire.

« Mademoiselle Evans, vous n'êtes pas en cours ?

– Je viens dire au revoir à Severus M. Black, je peux ?

– Oh bien sûr, mais ne tardez pas à aller en... Sirius ? Alphard se tourna vers son neveu et son groupe d'amis. Pas de farce, je vous préviens ou vous allez me le payer très cher tous les trois.

– On vient souhaiter bonne chance à Servilus Mr Black ! Dit fièrement James.

– SEVERUS ! Cria Lily en direction de James qui fit trois pas en arrière en levant les mains devant lui.

– En cours, tous les cinq, je vous colle sinon.

– Remus est dans la classe qui vient aujourd'hui oncle Alphard ?

Si Sirius était effectivement surpris. La question lui était sortie des lèvres si naturellement, comme s'il ne pouvait pas la retenir. Il sentait la honte monter en lui alors que son visage rougissait, et il dut prendre une grande inspiration pour reprendre contenance.

– Heu oui pourquoi ? Alphard jeta un regard suspicieux au plus jeune.

– Rien laisse tomber c'était idiot comme question. »

Sirius ne patienta pas pour ses amis et se dirigea immédiatement vers son cours sur la culture des natifs. Il était le premier à arriver, impatient de découvrir qui était le professeur dépêché de la réserve et ce qu'il allait bien pouvoir enseigner.

« Ça va ? Il t'a fait si peur que ça ce bouffon ?

Sirius se frotta la nuque. Ses amis le fixaient avec une expression d'anxiété figée sur leur visage.

– Non même pas. »

James arqua les sourcils, convaincu que Sirius n'allait pas bien depuis leur voyage à la Push. Il était certain que Remus ou Nashoba peu importe son prénom, avait fait plus que simplement effrayer son meilleur ami. Il ne comptait pas en rester là ; personne ne pouvait maltraiter, de près ou de loin, les personnes qu'il aimait.

La sonnerie annonça le début des cours. Sirius semblait soumis à une pression écrasante dans son estomac, il souffrait. James, Sirius, Lily, Marlène et Mary arrivèrent assez vite en cours sous le regard sévère du professeur McGonagall. Cette vieille acariâtre attendait toujours avec méfiance une nouvelle frasque de leur part. Il fallait avouer que depuis le début de l'année, ils n'avaient encore rien produit. Oh bien sûr, il ne s'était passé qu'une semaine depuis la rentrée, mais d'habitude, cela ne prenait pas autant de temps. En parlant de blagues, si vous demandiez l'avis de Minerva, elle avait tendance à les traiter de babouins trop bruyants, mais malheureusement pour elle, trop brillants. Ils étaient pénibles, mais très doués en classe. L'introduction à la culture des premières nations les avaient certainement tenus assez occupés pour épargner l'école de leurs frasques.

« Je vous prie de prendre place chacun à une table, laissant de ce fait une place de libre à côté de chacun de vous.

– Il n'y aura jamais assez de place pour faire ça avec tout le monde vous savez. James affirma.

– On a ouvert deux salles de classe pour aujourd'hui, ne vous inquiétez pas James, il y aura assez de place pour tout le monde.

Sirius fit une grimace. Il se sentait très mal, l'envie de vomir et une douleur au ventre qui lui tordait les entrailles le saisissaient. Sans un mot il se dirigeant avec ses amis dans le fond de la classe, il voulait être le plus loin possible de tout le monde, comme un animal apeuré qui ne voulait pas être repéré par les prédateurs qui le pourchassait.

– Sirius, mets-toi devant s'il te plaît, ici.

Le jeune homme se tourna dans un ralenti grotesque vers le professeur McGonagall.

– Mais pourquoi ? L'adolescent fixait la place que lui avait désignée sa professeur principale. Tout devant, sur la rangée côté fenêtre, place de droite, coté porte.

Il éprouvait des difficultés à respirer, son cœur semblait sur le point de s'arrêter, et il ressentait l'envie écrasante de pleurer.

– C'est une consigne du directeur, vous pouvez vous mettre derrière lui ou sur la rangée à côté mais Sirius toi tu viens ici.

Minerva observa avec compassion la détresse dans le regard de Sirius, et une fois que le jeune homme fut installé, elle ne put s'empêcher de lui demander s'il allait bien.

– Ça va merci, je ne voulais juste pas être tout devant, voilà tout.

Elle ne le croyait pas, le garçon paraissait terrorisé, sur le point de pleurer, une chose que Sirius ne savait pas faire, c'était de dissimuler ses sentiments, qu'il soit en colère, surpris ou malheureux, tout se lisait sur le visage de l'adolescent.

– Qu'est-ce qui t'inquiète de la sorte ? Dit plus chaleureusement Minerva.

Sirius releva les yeux vers son professeur principal, bien qu'il la détestait parfois, ce n'était pas une véritable haine, mais plutôt une relation d'élève turbulent à professeur strict. En réalité, pour l'avoir déjà vue en dehors du cadre de l'école lors de soirées du corps professoral où Alphard, lui, Regulus et Orion étaient invités, elle était certes un peu guindée, mais Minerva avait de l'humour et à cœur la réussite de ses élèves.

– On s'est rendus à la réserve, je crois à la Push, il y a quelques jours et on a rencontré Remus ou Nashoba, enfin je ne sais pas trop ils l'ont appelé de deux manières différentes et ils nous ont un peu effrayés et je pense qu'Alphard a fait en sorte que je sois à côté de ce type n'est-ce pas ?

Les yeux de Minerva furent traversés de plusieurs émotions, la surprise, la colère et puis la peur.

– Putain je le savais... Soupira Sirius.

Son cœur ne battait plus normalement, cet individu allait se tenir à moins de trente centimètres de lui. Bordel de merde !

– Je serai présente, ainsi qu'un professeur de la réserve, nous avons reçu pour instruction de surveiller Remus, il ne pourra rien faire, d'accord ?

– Mettez-le à côté de moi !

– Ou même de moi !

Sirius se retourna vers James et Peter, qui se trouvaient un rang plus loin, sans pouvoir retenir un sourire. Il avait eu des doutes injustifiés sur Peter, il n'était en réalité qu'un con jaloux. Quant à James, comment avait-il pu se brouiller avec lui ? Il n'était vraiment qu'un imbécile.

– Je suis navrée les jeunes, mais c'est une consigne du directeur.

– Professeur McGonagall en qualité de déléguée, je suis la plus à même de me porter volontaire...

– Lily, j'en suis consciente, c'était ce que j'avais suggérée à Alphard, je ne vais pas m'ennuyer à l'appeler le directeur, vous devez tous le connaître en dehors du lycée. Balaya Minerva d'un revers de la main. Mais il ne peut en être ainsi, le père de Remus qui est aussi le directeur du lycée de la réserve et Alphard se sont déjà mis d'accord en amont.

– Ce mec nous a clairement menacés, en tout cas Sirius, pas tant verbalement mais il a été clairement menaçant physiquement ! Explosa Marlène.

– C'est ainsi, il n'empêche que je prends note de votre expérience et soyez en sûr que j'en référerai à Alphard.

– Il n'y a que son expérience pourrie qui compte, si mon père était au courant de ce qu'on a vécu là-bas, il me tuerait certes pour être allé à la Push sans autorisation mais je vous promets qu'il irait faire la peau à ce Remus.

Sirius exhala doucement, il était anxieux, il avait un terrible mal d'estomac, il ne se sentait pas bien.

Minerva serra l'épaule de l'adolescent dans l'espoir de lui offrir un peu de soutien. Sirius se retenait difficilement de pleurer. En définitive, on aurait pu croire que leur escapade à la Push n'avait pas été si violente. Cependant, la réaction de ses amis lui confirmer bien que ce qu'il avait vécu était clairement une tentative d'intimidation.

– Moi je n'ai pas senti la situation si intimidante.

Les cinq adolescents se retournèrent d'un même mouvement vers Mary, qui se tenait au premier rang, côté fenêtre, sur la rangée du milieu.

– Mary, ôte-moi d'un doute, tu te souviens vraiment de la scène ou juste du visage du mec pour qui tu en baves depuis plusieurs jours ?

– Quoi ? Je ne bave pas Peter !

– Mary, ne nous oblige pas à sortir nos conversations de groupe. Affirma Lily.

– Mary ? Demanda surpris James. Tu crush pour un de ces péquenauds ?

– James, il faut savoir que mon cœur a ses raisons que la raison ignore.

– Sérieusement ? Enchéris Peter.

– Après ce qu'ils ont fait ? Demanda incrédule Marlène.

– Et quoi ! Qu'est-ce qu'ils ont fait ? Demanda Mary en fixant Marlène. Laissez-leur une chance aussi, ils étaient chez eux et on débarque de nulle part, ils n'avaient pas d'obligations d'être agréables avec nous !

– T'es sérieuse la ? Ce fou furieux a clairement menacé Sirius ! S'emporta James.

– Je n'ai pas vu ça, il lui a, à peine baragouinée quelques mots à tout cassé !

– Mary ! Vraiment ? S'insurgea Marlène.

Le professeur McGonagall, qui avait assisté à toute la scène, intervint : « Vous avez sûrement vécu le moment différemment, chacun selon votre point de vue. Soyez assurés que nous garderons un œil sur Remus, qui faisait déjà l'objet d'une surveillance rapprochée avant même que nous n'ayons vent de vos aventures. Je tiens simplement à ajouter qu'il serait préférable pour vous de ne pas retenter l'expérience d'aller en "terre inconnue". Minerva imita les guillemets. Les plus anciens sont pour la plupart terrorisés par nous, tandis que les plus jeunes comme Remus vivent avec une colère terrible liée au rejet de la société, au racisme, à la discrimination et même bien plus que vos pires cauchemars réunis peuvent inventer. Les traumatismes transgénérationnels vécus par les peuples natifs d'Amérique se transmettent, et la génération de Remus est prise dans ce clivage : on reconnaît ce qu'on vous a fait, mais à demi-mot, et on ne fait pas trop de bruit sur les violences que vous avez subies, car on en a honte ou pire qu'on s'en fiche complètement. Je vous parle de violences qui ont eu lieu il y a même pas 50 ans. Pour cette expérience certains professeurs de notre lycée voulaient que les natifs aux cheveux longs se les coupent, car pour eux c'était une forme de radicalisation. Ce sont juste des cheveux, et c'est culturel chez eux de les porter longs, vous le verrez dans vos cours. Nous en sommes encore là avec les peuples natifs. Je vous demande de l'indulgence, et en retour, je vous promets que je ne laisserai personne violenter mes élèves. Sommes-nous d'accord ? »

Le groupe d'amis approuvèrent, ils n'ont pu rien ajouter de plus car Alphard entra dans la classe accompagné de Lyall qui avait dû faire le déplacement de la réserve pour l'occasion.

L'arrivée du directeur du lycée de la réserve avait captivé l'attention de tous, chacun observant cet homme de grande stature, il avait les cheveux sombres tressés en deux nattes qui descendaient jusqu'à sa taille, un nez plein de caractère, des traits anguleux et la peau caractéristique des peuples des premières nations d'Amérique. Il se tenait droit, affichant une assurance tranquille.

« Vos élèves ne se lèvent pas à l'entrée du directeur ?

– Non, ce n'est pas de coutume chez nous. Répondit sèchement le professeur McGonagall.

– Ce que veut dire Minerva. Alphard lança un regard appuyé à sa collègue. C'est qu'il était d'usage de le faire il y a encore dix ans, mais cela s'est perdu, on n'y voit plus d'intérêt, tout le monde est égal dans cette école.

– D'accord, sachez tout de même qu'une fois à la réserve, il sera d'usage de le faire, chez nous le respect des anciens est primordiale, c'est un des piliers de notre culture. Je vous laisse le transmettre à vos camarades de classe.

Lyall était bien plus direct et froid que lors du repas au Lodge. Il avait dû sûrement mettre son masque de directeur, Alphard aussi était bien plus droit, strict et direct dans son attitude ici que chez eux.

– Ça y est, les semaines d'immersion commencent et pour la première semaine, comme vous avez pu le voir, vous êtes assis chacun seul à une table, ainsi, pour cette première semaine on aimerait que vous soyez mélangé, histoire de vous connaître entre vous.

– Ce n'était pas censé être une classe à part entière ? Sirius n'avait pu s'empêcher de prononcer cette phrase un peu trop sèchement pour ne pas paraître suspect, Alphard lui jeta un regard sans équivoque. Génial, il en était sûr maintenant, il allait avoir le droit à un interrogatoire une fois à la maison.

– Lever la main pour demander la parole semble être une tradition désuète aussi. Ne pu s'empêcher d'ajouter amèrement Lyall.

– Sirius, ce n'est que pour cette semaine.

– Tu n'es qu'un menteur, Papa va te tuer putain.

Une atmosphère pesante s'installa dans la classe. Sirius ne pouvait plus contenir cette peur en lui et devait l'exprimer envers quelqu'un, il en imputait finalement la faute à son oncle, il était responsable en même temps.

– Je répète, il s'agit plus d'un test pour voir si ce mélange est réalisable, pour l'instant ici cela semble l'être.

– Putain mais c'est pas vrai, tu dis n'importe quoi ! T'es qu'un de menteur bordel !

– Sirius Orion Black II, ici je suis ton directeur alors parle moi avec plus de respect.

– J'en ai rien à fout...

– Je ne suis pas en mesure de tout dire, car rien n'est encore définitivement décidé ! Nous pourrons peut-être revoir l'idée de mélanger les classes si nous constatons que cela crée trop de tensions, et envisager un mélange plus tard dans le temps. Rien n'est sûr, nous réfléchissons pour que tout le monde soit satisfait ! Tu seras puni pour ton manque de respect, et je t'assure que ton père en sera informé. On verra bien qui il va vouloir "tuer" après avoir appris que son fils a manqué de respect à son oncle et au directeur. Alphard mima les guillemets avec ses doigts, le regard empli de colère. Il est déjà au courant de ce changement, j'espère que tu es prêt à faire face aux conséquences de ton comportement ce soir, jeune homme.

Le cœur de Sirius sombra dans son estomac, il n'aurait jamais imaginé que son père soit déjà au courant ; il s'attendait à se faire réprimander sévèrement ce soir, voire à être puni pour un bon moment. Il fallait admettre qu'Orion était effrayant lorsqu'il était en colère, et l'adolescent ne voulait pas se disputer avec lui ce soir, sachant qu'il ne se laisserait pas faire et que cela ne ferait qu'envenimer la situation. Il n'était pas bien à l'école en ce moment et cela ne s'améliorera pas non plus à la maison, c'était clairement l'enfer, il avait l'impression que son monde était en train de s'effondrer.

– Le bureau des plaintes peu fermé ou quelqu'un veut encore se faire entendre ?

Personne ne parla.

Enfin, personne n'osa parler.

– Bien, on va pouvoir continuer. Comme vous avez pu le remarquer, vous ne prenez qu'une place de chaque pupitre, d'où le fait qu'on a dû couper votre classe en deux. Un élève de la réserve sera assis à côté de vous pendant toute la semaine, alors essayez de faire connaissance, vous serez en charge de lui montrer le lycée et de l'accompagner le plus possible au sein de l'établissement, compris ?

La plupart des élèves de Forks étaient ravis à l'idée d'être le compagnon de classe d'un autre élève et de l'accompagner partout. Lily était inquiète pour Sirius, mais elle ne pouvait ressentir que de la joie à cette idée. Ils allaient pouvoir en apprendre beaucoup plus sur les natifs en étant ainsi mélangés. Elle soutenait l'initiative, même si voir son ami battre rapidement du pied, signe de son stress croissant, ne la rassurait pas vraiment, surtout en sachant qui sera son binôme.

– Mes élèves ont aussi été briefés et si tout le monde respect son prochain, tout devrait bien se passer.

Alphard et Lyall se lancèrent un regard appuyez.

– Professeur McGonagall ? Interpella Alphard. Vous pouvez ouvrir la porte et laisser les élèves entrer. »

Minerva se dirigea vers l'entrée de la salle de classe, actionna la poignée de la porte et indiqua clairement aux élèves présents dans le couloir qu'ils pouvaient entrer.

Les étudiants pénétrèrent dans la salle de cours, accompagnés d'une femme d'âge mûr, probablement le professeur invité pour la journée.

Il n'était pas là. Sirius chercha parmi la foule d'étudiants, mais ne vit aucune trace de ce Remus. Il se demanda s'il ne s'était pas trompé sur son identité, ce dernier étant également appelé Nashoba. Pourtant, il avait bien dit être le fils de Lyall. Sirius croisa le regard de plusieurs personnes, dont un individu qu'il reconnut comme étant celui dont Mary était éprise, Tekoa s'il se souvenait bien. En faisant bien attention il remarqua que plusieurs natifs le regardaient avec un sourire en coin, comme s'ils se moquaient de lui.

Sirius avait l'impression que son âme allait quitter son corps. Il était submergé par un vide dans sa tête, incapable de réfléchir, craignant d'être victime de moqueries et de harcèlement. Il avait fait de nombreux cauchemars sur un potentiel harcèlement qu'il pourrait subir du jour au lendemain. Il se demandait si Alphard n'avait pas révélé ce qu'il était à Lyall, qui l'aurait ensuite rapporté à toute la réserve pour se moquer de lui et affirmer qu'il n'était pas normal.

Sirius fut brusquement bousculé lorsque quelqu'un passa derrière lui, lui arrachant quelques cheveux au passage.

« Fais attention tu m'as arraché les cheveux putain ! S'écria l'adolescent.

– T'avais qu'à te bouger quand je te l'ai demandé au lieu de m'ignorer connard.

Remus s'assit brusquement, attirant inévitablement l'attention sur eux.

– Tu pourrais t'excuser au moins ! Fit James, une pointe de colère dans la voix.

Le natif se tourna vers le jeune homme à lunette et lui jeta un regard empli de mépris.

– Tu vas faire quoi ? Ricana le natif. Ton pote n'a pas cas avoir les cheveux aussi long qu'une meuf, tant pis pour lui.

– Quoi ? Nan mais on y arrivera jamais ! Ces journées de coalition entre nos deux lycées sont vouées à l'échec si ce sauvage reste dans notre classe !

Tout se passa très rapidement. Sirius avait vu son camarade de table se lever d'une rapidité surprenante pour se jeter sur James. Dans la précipitation, il s'était aussi levé pour se placer entre les deux adolescents, collant son dos contre le torse de Remus pour espérer le retenir dans son élan. Cependant, le natif semblait ne même pas sentir Sirius qui lui arrivait en dessous du menton, il empoigna James par le col de son t-shirt qui craqua le tout d'une main pour essayer de le tirer au-dessus de la table. Tekoa, Lyall et d'autres garçons de la classe de Remus attrapèrent leur camarade pour le tirer en arrière, pendant que James était tiré en arrière par Peter et Adam.

– Traite-moi encore une fois de sauvage et je te ferai tellement de mal que ta sale pute de mère ne te reconnaîtra même plus !

– Redis ça encore pour voir ! Hurla James qui n'avait pas supporté que sa mère soit insultée.

Sa mère était tout pour James, elle avait failli perdre la vie en le mettant au monde, et il se sentait coupable bien qu'il savait que ce n'était pas de sa faute. Sirius était à la fois heureux et jaloux de la relation qu'ils entretenaient tous les deux.

– Traite-moi encore une fois de...

– Nashoba calme-toi maintenant ! Qu'elle image tu montres de toi ? De nous ! Donne leurs raisons, bravo, deux minutes dans cette classe et tu as foutu en l'air un an de projet et de dur labeur !

– C'est de ma faute en plus ?

Remus semblait sur le point d'exploser, il se tourna vers son père pour le confronter, il n'allait pas le frapper tout de même ? Il ne comprit pas ce que Lyall disait à son fils, cela semblait être un dialecte que seuls les natifs comprenaient, mais cela eut l'effet escompté, car Remus se calma.

– On se calme tous, je veux que vous vous excusiez tous les deux.

– Il traite ma mère de pute et je devrais m'excuser ? Va te faire foutre ! Lança James en regardant Remus avec colère.

– James ! Intervint Alphard, il l'empoigna par les épaules. Tu l'as insulté en premier de "sauvage", ne faites pas tout foirer, ne donnez pas raison à tous ces gens qui veulent nous diviser !

– Pardon de t'avoir crié dessus, j'étais dans mes pensées et je n'ai pas fait attention quand tu m'as demandé de te laisser passer. Débita rapidement Sirius.

Il retint son souffle, ressentant la puissance de Remus et la colère de James, ce qui ajouta un poids supplémentaire à son malaise, qui avait atteint son paroxysme aujourd'hui. James l'avait défendu, mais lui n'avait même pas réussi à faire de même. Il était trop faible pour retenir Remus. Finalement, il serait toujours le plus faible de l'histoire.

C'est pour cela que Sirius s'excusait, il voulait protéger James, il ne voulait pas que le natif à la force démesurée face du mal à son meilleur ami, il ne pouvait pas le défendre avec son corps, alors autant prendre le problème à la source, le conflit avait commencé car il avait crié sur Remus.

– Pardon de t'avoir arraché les cheveux en passant et de t'avoir insulté de connard. Dit Remus en le fixant dans les yeux, Sirius détourna vite le regard, avalant avec difficulté sa salive.

James les fixait et c'est dans un effort incommensurable qu'il s'excusa.

– Je t'ai insulté toi de sauvage par rapport à ton comportement, pas pour tes origines, mais je comprends que ce mot ait une tonalité différente et raciste à tes oreilles alors je m'excuse encore une fois.

– Ouais... Lyall donna un coup dans l'avant-bras de son fils. Ta mère n'est pas une pute, excuse-moi.

Remus avait pris une tonalité assez froide pendant ses excuses, sûrement qu'il ne le pensait pas.

En tout cas il semblait bien loin d'être sincère.

– On peut reprendre ? Vous vous êtes calmé ? Soupira Alphard. Bien, alors James et Emma, vous pouvez échanger vos places avec Adam et Damien ?

– Quoi mais ... Commença James.

– Pas de mais, vous échangez point barre.

Le meilleur ami de Sirius soupira et prit ses affaires avant de se diriger vers l'arrière de la classe coté porte, fulminant de colère, James avait pris place avec sa camarade à l'exact opposé de lui et de Remus. Cela n'apaisa pas Sirius qui remit en place les tables, pendant que Tekoa rassemblait les chaises qui avaient été éparpillées pendant la bagarre.

– Tiens, les chaises. Dit-il en un petit sourire.

– Merci.

L'adolescent avait du mal à comprendre le comportement des Natifs, qui semblaient se moquer de lui en arrivant et qui maintenant lui souriaient comme pour le rassurer.

Un silence apaisant s'installa alors que chacun reprenait place, visiblement bouleversé par l'altercation.

Pendant les deux heures de l'introduction, Remus n'avait pas ouvert la bouche. Ils avaient tous dû se présenter brièvement. Tekoa avait déclaré s'appeler Eric, et son binôme qui n'était autre que Mary – ravie d'être avec lui et de partager des moments privilégiés –, l'interrogea sur ce prénom différent de celui entendu ce jour-là à la plage. L'adolescent répondit simplement qu'Eric était un prénom pour les services administratifs et sa vie américaine, mais que pour lui et sa tribu, son vrai prénom était Tekoa. Apparemment il en était de même pour tous les élèves présents et pour la tribu entière. Sirius n'avait pas osé demander à son binôme l'origine du prénom Nashoba. Tekoa, quant à lui, avait refusé de le révéler, craignant les moqueries. Il était le seul à l'avoir dévoilé, insistant sur le fait que Tekoa était son vrai prénom. Il avait malgré tout insisté pour que l'on utilise Éric ici, sans fournir plus de détails.

Lorsque ce fut au tour de Remus, il se contenta de donner son prénom et déclara qu'il ne souhaitait pas partager quoi que ce soit sur sa vie. Le professeur McGonagall avait tenté d'insister, mais sa collègue de la réserve, qui n'était autre que la professeure principale de la classe en immersion dans leur lycée, intervint et lui dit qu'il était inutile d'insister. Minerva avait serré les lèvres avec contrariété, mais elle avait poursuivi le tour des présentations sans faire de commentaire sur le comportement désobligeant du natif.