Attaquer là où ça fait mal
ASG – 7 ans
-Quoi? croassa James Potter
-Sirius Gaunt est le professeur de défense depuis un an, répéta Albus, excédé par la situation.
James Potter avait été libéré de prison après cinq années. Sa condamnation et la perte de son emploi avaient durement impacté le prestige du clan Potter et le jeune homme n'avait pas d'idée pour revenir sur le devant de la scène. Il avait voulu en discuter avec son mentor et quand il avait lancé en l'air qu'il aurait pu être le professeur de défense, le vieux sorcier lui avait asséné cette mauvaise nouvelle.
-Comment est-ce que c'est possible? grogna James
-C'est un accord entre le bureau des aurors et le conseil d'administration, révéla Albus. Je n'ai même pas eu mon mot à dire.
En fait, il avait été mis devant le fait accompli quand Sirius s'était présenté à la réunion de pré-rentrée avec l'accord écrit du conseil d'administration qui l'avait recruté à sa place. Il avait tenté de le faire virer mais il s'était montré irréprochable.
Tandis que le brun pestait sur la providence de son ancien ami, le vieux sorcier réfléchissait. Ces dernières années, il avait perdu de plus en plus d'influence sur Poudlard et son conseil d'administration. Ses arguments ne faisaient plus mouche et il savait qu'il se murmurait de plus en plus qu'il était temps qu'il laisse la main. Or, le plus grand Bien était encore loin d'être instauré et il y avait peu de personnes qui le croyaient quand il affirmait que Voldemort allait revenir, ce qui desservait sa réputation.
-Et sa femme? demanda James
-Elle dirige toujours le clan Gaunt, répondit Albus. Maintenant qu'elle est reconnue comme ayant vaincu Voldemort, elle est admirée par tout le monde. Même le ministère a voulu l'engager dans ses services mais elle a refusé. Elle ne veut d'ailleurs plus m'écouter parce qu'elle m'accuse d'avoir mis en danger son enfant.
Ce qu'il ne disait pas, c'était qu'elle l'avait traîné en justice à huis-clos pour mise en danger d'autrui car ses «protections» et l'instauration d'un gardien du secret avaient été inutiles, au bas mot. Il avait pu s'en sortir en arguant qu'il ne savait pas que Peter Pettigrow les trahirait, annulant les avantages des barrières. Mais il avait quand même dû se séparer d'une somme conséquente de ses coffres.
Albus reprit un peu conscience de ce qui se passait autour de lui et nota que James était toujours en train de maudire son entourage.
-James, coupa Albus. Pour le moment, je ne peux pas vous aider. Faites-vous tout petit le temps qu'on oublie que vous avez fait défaut à celle qui a vaincu Voldemort.
-Mais … protesta James.
-Vous sortez de prison pour abandon de poste, rappela durement Albus. Vous avez été renvoyé du corps des aurors. Faites-vous oublier, reprenez tranquillement les affaires de votre famille, une fois que toute cette histoire sera tassée, nous pourrons agir. M'avez-vous compris?
James bouda quelques instants avant de capituler.
-D'accord, bougonna James.
-Rentrez chez vous maintenant, ordonna Albus. Je vous recontacterai.
Après quelques salutations, le vieux sorcier fut enfin seul. Si sa propre réputation n'était que légèrement écorchée, James Potter, avec son comportement habituel, allait se révéler être un boulet pour ses projets. Malheureusement, il ne pouvait pas s'en débarrasser car il était l'un des seuls lords sur lequel il avait assez d'influence pour être obéi à peu près instantanément. Mais si son potentiel était immense adolescent, désormais il était regardé avec méfiance.
Il allait falloir changer cela.
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ASG – 8 ans
Cela faisait quelques années que Severus Prince né Snape avait appris que sa bienfaitrice lady Gaunt était en réalité sa meilleure amie Lily Evans. Grâce à elle, il avait pu connaître les dessous de l'isolement de sa mère et apprendre que même si elle s'était enfuie de chez elle, lui était encore en lice pour reprendre la tête du clan Prince avait été un choc conséquent.
Savoir qu'Albus Dumbledore avait intercepté tout le courrier de Gringotts quand la banque avait voulu l'informer de son héritage l'avait beaucoup moins surpris.
Principale victime des Maraudeurs, Severus n'avait accordé jamais sa confiance au directeur de l'école car il ne se cachait pas avoir la barre haute sur le groupe ni détourner le regard sur leurs bêtises ou ici, leur harcèlement continu. Son absence de réaction quand le recrutement des mangemorts se faisait sous son nez n'allait pas en sa faveur et la découverte de son héritage n'était que le dernier clou dans le cercueil du bénéfice du doute.
Littéralement arraché de l'influence néfaste des apprentis mangemorts par Lily, Severus avait pu entrer à l'académie de potions de Lyon en France et passer tous les degrés de maîtrise à son rythme et sans craindre que Voldemort ne le réclame. Outre les potions, la légilimencie, l'occlumencie et le duel étaient autant de cordes à son arc de maîtrises professionnelles et il n'était pas opposé à continuer le reste de sa vie mais comme il était devenu lord Prince, il devait remplir ses responsabilités.
Très peu patient avec le genre humain, Severus avait décidé de prendre un apprenti. C'était une aide bienvenue alors qu'il fournissait l'Hôtel-Magie de Paris en potions et il avait eu l'idée de créer une officine toujours en France pour soulager les médicomages libéraux qui n'avaient pas le temps de brasser les traitements qu'ils prescrivaient. Le Centre d'Apothicairerie magique devint rapidement célèbre tant et si bien qu'il put engager plusieurs maîtres de potions de différents niveaux et avec eux, des apprentis du monde entier.
Toutefois, son pays natal se rappela à lui lorsque Lily lui fit une proposition … inattendue.
-Reprendre le poste de professeur de potions? hoqueta Severus. Tu plaisantes, j'espère?
-Pas du tout, sourit Lily. Slughorn s'est enfin décidé à partir, il faut quelqu'un qui tienne la route et surtout, qui n'écoute pas Dumbledore qui ne s'y connait pas dans la matière. Ça permettrait de redonner ses lettres de noblesse à ce domaine et montrer que la magie, ce n'est pas uniquement agiter une baguette dans tous les sens.
Severus sourit. Il avait souvent eu ce genre de reproche avec tout ce qui n'était pas les potions et c'était devenu une blague entre eux.
-Tu me demandes d'essayer d'apprendre le noble art des potions à des gamins braillards, pointa Severus.
-Tu auras l'occasion de leur montrer que tu peux être pire qu'eux et que dans une salle de classe, c'est toi le maître et certainement pas eux, rétorqua Lily. Et puis honnêtement, je pense que ça fera plaisir à Harry si tu étais son professeur de potions.
-Tu triches, grommela Severus qui ne pouvait rien refuser à son filleul.
-À peine, ricana Lily. J'aimerai que le prof en place ne mette pas les élèves en danger de mort à chaque cours.
Severus se renfrogna. Horace Slughorn avait toujours privilégié son club personnel au lieu des cours qu'il donnait. Seules ses connaissances personnelles avaient permis que son chaudron n'explose pas à cause des «ajouts» des Maraudeurs.
-Qu'est-ce que j'y gagne? maugréa Severus
-Tu vas chercher au berceau les futurs maîtres de potions, répondit instantanément Lily. Tu permettras à chaque élève en sortant de Poudlard de savoir que les potions, ce n'est pas jeter des ingrédients au hasard dans un chaudron et touiller sans que ça explose. Et tu auras accès sans limites à Pomona Sprout.
Severus sourit. Si cette professeure n'était connue en Grande Bretagne sorcière que pour son poste à Poudlard, dans le reste du monde, elle était l'une des enchanteresses végétales les plus prestigieuses et son domaine regorgeaient des plantes les plus délicates pour un maître de potions. D'ailleurs, il se murmurait que ses serres privées cachaient des spécimens précieux de la flore magique.
-Mais je devrais supporter Dumbledore, contra Severus.
-J'ai pas réussi à m'en débarrasser, bouda Lily. Il se tient à carreaux depuis qu'il a essayé de nous tuer Sirius et moi.
Severus serra les dents. L'attaque de Voldemort l'avait épouvanté et savoir qu'il était passé à deux doigts de la perdre l'avait terrifié.
-Sirius est déjà là-bas pour le hanter, rappela Severus.
-Je sais, fit Lily avec un sourire fou. Ça lui apprendra à vouloir le manipuler.
Severus hocha la tête. À mots couverts, sa meilleure amie avait avoué qu'il n'avait pas été le seul à avoir été manipulé par le directeur de Poudlard.
-Ok, mais juste pour un an, capitula Severus. Qu'est-ce qui me dit qu'on va accepter ma candidature?
-On va utiliser la même méthode que pour Sirius, ricana Lily.
