Musique écoutée : I am Sherlocked - BO Sherlock Series

Notes d'autrice : Cette histoire contient une relation entre deux personnages ayant une dizaine d'années d'écart. Bien que Ciel ait 13 ans dans le manga cela n'a aucun intérêt dans cette histoire DONC pouvez considérer que Ciel a au moins 15 ans (âge du consentement en France ) OU PLUS dans cette histoire.


Arthur s'assit sur le matelas et s'adossa à la tête du lit. Il s'était déjà changé, et portait un pyjama gris froissé. Il écoutait la pluie frapper les vitres, dont il avait refermé les lourds rideaux de velours vert sombre. Il savait qu'il s'agissait du travail du majordome, mais Tanaka était bien vieux. Et puis, il avait appris à se débrouiller sans serviteur.

Après tout, il n'était pas de ce milieu, où la mort d'un majordome ne pouvait émouvoir. Il avait été dégoûté par la réaction de ces nobles hautains, tellement soumis à leur estomac qu'ils s'étaient empressés de descendre la dépouille à la cave, cette cave où gisaient trois cadavres maintenant.

Arthur soupira et mit sa tête dans ses mains, essayant d'éclaircir ses pensées. Il était épuisé, et le mystère dans lequel il était plongé le mettait sur les nerfs. Il balaya de son esprit tous les ''pourquoi'' et les ''comment'' qui l'assiégeaient.
Il voulait dormir. Il attendait le comte qui devait à nouveau partager son lit.

La décision prise était qu'ils dormiraient dans la même chambre, pour garder les pièces, où les meurtres avaient eu lieu, dans le même état, jusqu'à ce que la pluie cesse et que les agents de Scotland Yard puissent inspecter les lieux.
Bien sûr, il restait la chambre à côté de celle qu'avait occupée Lord Siemens, mais Arthur avait refusé que le jeune Comte se retrouve seul. Il était une proie trop facile à atteindre. Et puis, Sebastian lui avait confié la vie de Ciel après tout. Il était responsable de sa protection maintenant. Il n'avait pas avancé cet argument de peur de heurter le comte, mais son insistance avait été assez forte pour que tous les convives acquiescent.

À son grand étonnement, Ciel Phantomhive n'avait opposé aucune objection. Le garçon s'était contenté de hocher la tête, le regard vide et il s'était rassis à la petite table de jeu où il avait passé une bonne partie de l'après-midi, les yeux fixés sur l'échiquier. Il ne s'était levé de sa place que pour participer au thé de 17h avec les autres invités et pour le dîner, dont il avait vite quitté la table, en touchant à peine à son assiette, pour retourner devant le jeu.

Arthur avait observé avec beaucoup d'intérêt les agissements et gestes de Ciel. Il avait regardé le garçon se blottir dans le grand fauteuil.

Il n'est pas encore pleinement un homme… avait-il pensé. Un être si jeune à la tête d'une immense entreprise, qui doit supporter seul le poids de son nom et de son rang…

Il avait discuté de longues heures avec certains convives, désireux de trouver une explication aux trois meurtres qui avaient eu lieu en moins de 24 heures.
Et de temps en temps, il avait lancé des coups d'œil vers Ciel, qui se tenait toujours assis dans le fauteuil, légèrement penché en avant, les yeux fixés sur le jeu d'échecs, portant nerveusement la main au cache qui lui couvrait l'œil. À certains moments, ses lèvres remuaient légèrement, comme s'il parlait aux pions du jeu qu'il n'avait pas déplacé une seule fois. Il se contentait de les fixer, et de murmurer. Arthur aurait voulu pouvoir lire sur ses lèvres, mais il avait été incapable de savoir ce que le comte pouvait bien dire. Pourtant il était sûr d'avoir aperçu le comte soupirer ''Sebastian'', une expression à la fois agacée et triste dansant sur son visage séraphin.

Arthur soupira et se laissa glisser sur l'oreiller. Il se demandait si la santé mentale du comte n'avait pas été atteinte. Après tout, le majordome et son maître avaient été proches. La réaction de Ciel à la mort de son serviteur en était la preuve. S'il fermait les yeux, il pouvait encore voir le garçon s'allonger sur le corps sans vie de Sebastian, et le gifler. Quelle scène affreuse ! Un jeune homme accroché à un cadavre ensanglanté, criant à son serviteur d'arrêter de faire semblant de dormir…

La porte de la chambre s'ouvrit, et Arthur se leva brusquement du lit, faisant face à Ciel qui pénétrait dans la pièce suivie de Tanaka.

Le garçon semblait épuisé et affaibli. Son œil découvert, qui se leva doucement vers lui, ne contenait aucune émotion. Il s'arrêta de son côté du lit et se tourna vers son majordome. Le vieil homme tenait la chemise de nuit du jeune homme, qu'il posa avec délicatesse sur le lit. Il se tourna alors vers le comte et tendit les mains pour lui retirer sa cravate.

Mais Ciel repoussa sèchement ses mains. « Ça ira pour ce soir Tanaka, tu peux te retirer. »

Le vieil homme ne recula pas, et retendit les mains vers son jeune maître.

« Depuis quand le jeune maître se déshabille-t-il seul ? C'est mon travail », dit-il d'une voix digne, « et je dois brosser et étendre vos vêtements, c'est l'étiquette.»

Le comte le repoussa à nouveau, le visage sombre. « Ton travail c'est d'obéir à mes ordres, et je viens de te dire de partir !»

« Vous me prenez pour Sebastian, Jeune Maître. Et je crois devoir vous rappeler qu'il est mort».

Arthur poussa un soupir d'indignation devant les paroles du majordome. Il s'attendit à une réaction violente de la part du maître de maison. Mais le comte ne dit plus rien. Il regardait fixement son majordome, le visage assombri de colère.
Le vieil homme attendit un instant et reposa ses mains sur le jeune garçon pour lui ôter sa veste, son pantalon et sa fine cravate bleu marine. Alors qu'il déboutonnait la chemise du garçon, celui-ci esquissa une grimace, dégoûté par le contact des mains froides et rugueuses qui parcouraient sur sa peau. Le rouge lui monta aux joues et il repoussa violemment le vieil homme, les deux mains sur sa poitrine.
Son corps rigide, tremblant de colère, il hurla : « Ne me touche pas si librement ! ».
Il arracha la chemise que le majordome portait maintenant sur son avant-bras et continua :
« Je me débrouillerai pour le reste. Va-t'en ! »

Le vieil homme s'inclina légèrement et murmura : « Sebastian a été trop souple avec vous jeune Maître, il n'aurait pas dû céder à tous vos caprices, votre père n'aurait pas apprécié cette attitude. Mais je vous souhaite une bonne nuit. »

Puis se tournant vers Arthur, il ajouta : « Bonne nuit monsieur. » Arthur le salua légèrement de la tête et le regarda partir.

Quand la porte fut refermée, Arthur se tourna vers Ciel qui fixait toujours la porte, la respiration saccadée. Puis le jeune homme arracha violemment sa chemise, faisant voler les boutons à travers la pièce, la fit glisser de ses épaules avant de la jeta au sol. Arthur se retourna le temps que le comte enfila sa chemise de nuit. Le garçon l'ignora et sans mot il s'enfonça dans les draps.

Arthur resta figé pendant quelques instants, à regarder la forme qui bombait les couvertures, puis fit le tour du lit pour souffler les bougies sur le chandelier posé sur la table de nuit du comte.

« Non ».

Il s'arrêta. Le jeune homme s'était redressé et murmurait d'une voix suppliante : « Laissez un peu de lumière ».

Arthur acquiesça et le Comte se rallongea, portant la main au cache de son œil.

« Cela vous fait mal ? » demanda Arthur en s'approchant du garçon. « Vous voulez que je regarde, je suis spécialiste des yeux, vous savez… »

« Non, je n'ai pas mal», soupira Ciel avec lassitude, en fermant les yeux.

« Excusez-moi, » insista Arthur, « je vous ai vu toucher votre blessure plusieurs fois aujourd'hui. Vous ne le faisiez pas avant, j'ai pensé qu'elle s'était infectée…»

« Non, c'est impossible », l'interrompit doucement le Comte qui se laissait gagner par le sommeil.

« Alors, pourquoi y toucher ainsi ? » demanda Arthur.

« J'ai peur… » soupira Ciel, « J'ai peur que cela ait guéri. Que mon œil n'est plus rien ».

L'écrivain fronça les sourcils, surpris de la réponse du comte. « Ce serait plutôt une bonne nouvelle, non ?»

Ciel ne répondit pas, les yeux toujours clos, mais il sourit légèrement, puis se tourna sur le côté et murmura « Bonne nuit, monsieur ».

Arthur retourna à sa place et se mit sous les couvertures. Il se tourna vers le jeune comte qui lui faisait face, la tête posée sur l'oreiller. Le garçon avait les yeux fermés, la respiration profonde et il semblait déjà endormi, sans doute épuisé par les événements de la journée.

Arthur observait le visage du garçon, éclairé par la lumière vacillante des bougies. Il était vraiment ravissant, ni féminin, ni masculin, une peau blanche, fine et parfaite, un corps finement tracé. Comme il aurait voulu savoir dessiner, pour reproduire ce visage parfait pour le rendre éternel ! Il aurait voulu en faire un petit portrait et l'emporter partout avec lui. Il aurait aimé soigner son œil et guérir les blessures de son passé. Il pourrait s'occuper de lui.

Il secoua la tête. Qu'est-ce que lui arrivait ? Comment de telles pensées pouvaient passer dans son esprit en des moments si sombres ! Reprends-toi, Arthur !

Pourtant il était difficile de ne pas s'attacher à ce jeune homme lorsqu'il avait l'air si innocent. Mais il ne savait pour quelle raison, il ne pouvait détacher son regard des lèvres rouges du comte. Alors qu'il le regardait, il remua légèrement, faisant glisser les couvertures et un détail attira le regard d'Arthur. Il s'approcha un peu du garçon.

Ciel serrait un objet noir et luisant dans son poing fermé. Arthur s'approcha, tendit la main vers la sienne, et ouvrit doucement les doigts fins pour libérer l'objet enserré dans l'étreinte de ses phalanges. Il porta l'objet dans la lumière faible des bougies et l'examina.

C'était… une pièce de jeu d'échecs…le cavalier.

Drôle de choix d'objet pour s'endormir,pensa-t-il.

« Qu'est-ce que vous faites ? ».

Arthur sursauta et se tourna vers le garçon qui le regardait, son œil sévère fixé sur lui.

« Oh ! Heu, je voulais savoir… »

« Rendez-le-moi, s'il vous plait », l'interrompit Ciel en se redressant dans le lit, la main tendue d'un air solennel.

Arthur hocha la tête et lui tendit le pion. Ciel s'en empara vivement et le posa sur la petite table de nuit.

« Pardonnez-moi, monsieur le comte » s'excusa Arthur « je ne savais pas de quoi il s'agissait, mais à le serrer ainsi dans votre main vous auriez pu le perdre dans le lit ou le casser.»

« Je ne le perdrais pas ! » s'énerva le Comte. À nouveau ce caractère. Comment ce garçon pouvait-il jongler de personnalités et passer d'un être au regard de velours, au regard presque tendre à celui d'un être froid, calculateur et passionné.

« Calmez-vous, monsieur le comte », dit Arthur, levant ses mains devant lui en un signe d'apaisement. « Vous avez passé une journée très éprouvante, vous devez vous reposer, vous pourriez mettre votre santé en danger ».

«Ma santé ? » demanda le Comte en haussant les sourcils, interloqué et agacé. « Excusez-moi, mais je ne vois pas en quoi cela vous regarde! »

« Cela me concerne, car monsieur Sebastian m'a dit de prendre soin de vous. »

Les mots avaient à peine passé les lèvres d'Arthur que celui-ci les regrettait déjà. Il avait voulu calmer le garçon, mais il avait été trop loin et il le savait. Ciel s'était figé, une expression de surprise et horrifiée sur le visage.

« Sebastian vous a dit cela ?» demanda-t-il la voix tremblante, en le scrutant, cherchant une réponse à une situation qu'il ne comprenait plus. Il sortit des couvertures et s'agenouilla sur le matelas, penché vers Arthur. « Quand ? »

Arthur soupira. Il aurait dû se taire. « La nuit dernière, »dit-il enfin, « après que vous vous soyez endormi.» Arthur pensait avoir blessé le comte en lui parlant des derniers mots de son majordome, mais il se rendit compte de son erreur quand le regard de Ciel s'assombrit de rage.

« Salaud ! » Ciel se tourna vers la table de nuit, saisit le pion noir et le jeta violemment. Le petit cavalier se brisa contre le mur, colorant le sol de poussière noire et brillante. Mais cela ne calma pas le jeune homme à genoux sur le lit, qui se mit à hurler de plus belle, tremblant, les mains crispées sur les couvertures : « Qui es-tu pour décider de cela, qui es-tu pour m'abandonner ! Tu dois m'obéir ! ».

Arthur saisit le garçon par les bras, essayant de le raisonner.

« Comte » dit-il en serrant un peu plus ses bras fins, essayant de maîtriser le jeune homme et de le forcer à le regarder. Mais il se débattait, s'adressant à une personne dont le corps pourrissait dans une cave. « Il n'a pas voulu vous abandonner. » essaya-t-il de lui expliquer, « Il est mort. Il a été assassiné ! »

« Mort ? » cracha Ciel, fixant enfin les yeux du jeune écrivain, comme s'il se rendait à nouveau compte qu'il était dans la chambre. « Mort ? » répéta-t-il encore avant de secouer violemment la tête, ses bras toujours emprisonnés dans l'étreinte d'Arthur.

Puis il se mit à rire, un rire fort et noir, qui secoua son corps.

Arthur le regardait, se demandant si le Comte avait perdu la tête. Celui-ci le fixa.

«Monsieur Arthur », dit-il en riant toujours, visiblement amusé, « comme il doit rire en nous voyant en ce moment. Vous ne le connaissez pas. Je sais ce qu'il aime. Il se moque de nous !».

Arthur le lâcha, les yeux écarquillés, il ne dit rien. Ciel, toujours à genoux, se redressa et fit fasse à Arthur de toute sa taille, arrivant presque à le dominer. Il se pencha vers lui, et murmura : « Il s'amuse avec moi. C'est grâce à nos peurs et notre désespoir qu'il peut vivre. Il aime me voir faible et brisé. Comme il doit rire en ce moment. » Il leva soudain les yeux vers le plafond et cria : « Tu t'amuses, hein ? Démon ! ». Puis il se remit à rire de plus belle, de son rire sinistre.

Arthur ne savait plus quoi faire. Il se leva, effrayé, et se demanda s'il devait aller chercher quelqu'un. Mais soudain, le visage de Ciel se contracta, et son rire se transforma progressivement en sanglot douloureux. Tout son corps était secoué de sursauts, alors que des larmes emplissaient son œil dévoilé, mais ne perlaient pas sur ses joues blanches.

« Mais s'il est mort, » murmura-t-il, son regard trouble perdu dans le vide, « s'il est vraiment mort… tout est fini.»

Ciel s'assit, et ramena ses genoux contre sa poitrine, les entoura de ses bras et y déposa sa tête. Il resta ainsi dans cet état immobile et silencieux plusieurs minutes. Il semblait minuscule, une forme perdue au milieu des draps défaits.

Arthur se tenait debout devant lui, figé. Il ne savait plus comment se comporter avec ce garçon, dont la personnalité passait d'un extrême à un autre. Il pensa à sonner pour faire venir Tanaka, mais cela risquait d'empirer la situation. Ses comportements excessifs étaient de simples réactions psychologiques dues au choc des événements de la journée. Ce dont avait besoin Ciel à ce moment, c'était de repos et d'affection.

Il soupira, se rassit sur le lit et allongea sa main vers celle de Ciel et effleura ses doigts. Ciel leva doucement la tête vers lui. Le cœur d'Arthur s'emballa. Il eut soudain envie de le prendre dans ses bras et de toucher ses cheveux, de poser ses lèvres sur son visage. Mais il se contenta de caresser sa joue du dos de la main.

« Vous n'êtes pas seul Monsieur, » commença-t-il doucement, « vos serviteurs vous sont dévoués ». Il fit une pause et ajouta, la voix basse. « Et je serais là, à vos côtés si vous le désirez. »

Ciel repoussa doucement sa main, mais au lieu de reculer, il rampa jusqu'au jeune homme et s'approcha au plus près de son corps sans le toucher. Un court instant, Arthur se prit à croire aux anges, devant ce garçon au visage parfait, perdu dans sa chemise de nuit blanche.

Ciel se pencha vers Arthur et murmura.

«Ce n'est pas assez. Vous n'êtes pas assez», dit-il doucement avant de continuer, son visage proche de celui du jeune homme.

Arthur essayait de se concentrer sur ses paroles et non sur la proximité de son corps et la chaleur moite de sa respiration sur la peau alors que ses lèvres remuaient à quelques centimètres de son visage.

« Tous les pions sur le plateau ne peuvent pas gagner la partie.» Arthur le regarda, surpris. Il ouvrit la bouche, mais Ciel continua. « La tour et la reine sont des pièces puissantes, mais c'est le cavalier qui peut tout faire changer. Lui seul peut passer par-dessus les autres pièces, lui seul a un mouvement singulier et subtil qui peut faire gagner la partie. C'est avec le cavalier qu'on peut faire échec et mat.»

Arthur ne dit rien, il regardait cet ange en chemise blanche qui se tenait devant lui, le regard brillant et déterminé. Il s'agissait d'un ange déchu, brisé et seul, mais un ange splendide tout de même.

Sans réfléchir, il tendit les mains, prit le jeune homme dans ses bras et l'attira à lui. Il sentit le corps de Ciel se raidir, mais il l'ignora. Il le posa contre lui, les jambes de Ciel de chaque côté de ses hanches et l'emprisonna de ses bras. Ciel ne fit aucun geste pour lui rendre son étreinte, mais il s'en fichait éperdument, car maintenant qu'il tenait le Comte contre lui, il se rendait compte à quel point il le désirait depuis son arrivée au château, depuis qu'il l'avait aperçu en haut des marches du grand escalier. C'est pourquoi plus rien n'avait d'importance.

Il crut entendre Ciel murmurer son nom, mais il ne distinguait que les battements furieux de son cœur et ce corps chaud blotti contre son torse. Toutes règles de bienséance oubliées, il frotta doucement son visage contre les joues de Ciel, déposant de tendres baisers chauds sur ses joues. Il sentit le comte se raidir un peu plus et poser ses mains sur ses épaules, le maintenant sans le repousser. Mais Arthur l'emprisonna un peu plus dans l'étreinte de ses bras autour de sa taille, ses lèvres cherchant celle du jeune homme. Perdu dans un désir brulant, il l'embrassa.

La honte l'envahit soudain sous le contact de cette bouche chaude et douce, la honte de ne rien regretter, car malgré le sourd appel à la raison qui tentait de lui envahir l'esprit, Arthur ne pouvait arrêter, il ne voulait pas arrêter.

Avait-il goûté des lèvres plus délicieuses que les siennes ? Était-il en train de lui donner son premier baiser ?

Ciel ne répondait pourtant pas à son baiser et rester figé, sans volonté, dans son étreinte passionnée. Arthur quitta les lèvres du jeune homme, et déposa sur sa mâchoire jusqu'à son cou une trainée de baisers humides et fièvreux alors que ses mains voyageaient le long de son dos. Il fit glisser une manche de l'épaule du garçon et commença à lui mordiller la chair. Ciel réagit enfin, se tortilla et gémit. Il se courba, la tête rejetée en arrière, alors qu'Arthur faisait glisser ses lèvres le long de la gorge et du torse maintenant découvert. Il plaqua soudain ses deux mains sur les hanches du garçon, le souleva et le déposa sur le lit.

Alors qu'il allongeait le jeune homme sur les coussins, il croisa son regard. Il le regardait, l'œil brillant, les joues rouges, les lèvres gonflées et humides du baiser échangé. Ou volé ? Arthur s'en fichait ! Cette personne était si désirable qu'il ne pouvait pas renoncer.

Il s'allongea sur le corps du comte, se plaçant entre ses jambes, écrasant sa forme de son poids. Il emprisonna le visage dans ses mains, plongeant ses doigts dans les cheveux soyeux et l'embrassa à nouveau. Mais cette fois Ciel lui rendit son baiser. Arthur fut surpris par les lèvres suppliantes et intensifia le baiser. Les lèvres du Comte s'ouvrirent enfin et Arthur entreprit de caresser tendrement sa langue de la sienne, grisé par les ondulations de son corps sous le sien.

Arthur brisa le baiser, leur permettant tous deux de respirer. Ciel, haletant, essayait de reprendre son souffle. Arthur caressa amoureusement son visage de ses doigts, embrassa les joues et l'œil du comte.

Il tenta alors de passer ses doigts sous le cache qui couvrait son œil, mais sa main fut stoppée.

« Arrête » gémit le comte, la respiration saccadée.
Arthur repoussa sa main.
« Laisse-moi voir, laisse-moi te regarder » supplia-t-il, les yeux brulants de désir.

« Non !» soupira sèchement Ciel, couvrant son cache de sa main.

Arthur poussa un râle de frustration et repoussa à nouveau la main de Ciel, mais n'essaya pas d'enlever le cache. Il captura à nouveau les lèvres du Comte et l'embrassa avec rage et passion, alors que ses mains parcouraient les côtes, les hanches et enfin les jambes nues.

Ses doigts caressaient les cuisses minces et douces, les griffant légèrement. Il se sentait enivré des soupirs de plaisir du garçon qui plongeait ses doigts dans sa chevelure brune, le serrant contre lui alors qu'il embrassait toujours ses lèvres douces et pleines. Il sentit son désir brûlant s'intensifier, et il colla un peu plus la raideur qui bombait son pantalon contre l'entrejambe du comte. Ciel répondait à son désir, courbant son corps. La vue d'Arthur se troubla sous le contact chaud. Il en était sûr, il n'avait jamais désirait quelqu'un à ce point. Ciel se tortillait sous son corps, ses gémissements devenant de plus en plus fort. L'esprit brouillé Arthur se redressa soudain, à genoux. Il ôta rapidement sa chemise et fit glisser son pantalon avant de reprendre sa place entre ses jambes. Mais celui-ci tendit les deux mains devant lui pour le stopper, une lueur de panique passant dans ses yeux et il secoua doucement la tête.

Arthur prit ses mains dans les siennes, les approchèrent de son visage et embrassa le bout de ses doigts sans détacher ses yeux du sien.

« Ne t'inquiète pas, fais-moi confiance. » Arthur n'avait jamais eu l'intention d'allerjusque-là. L'avoir contre lui, contre sa peau, était tout ce qu'il désirait.

Il se plaqua contre son corps chaud. Les genoux de Ciel caressaient les côtés de son corps. Il plaça ses mains de chaque côté des épaules de comte pour se maintenir et il se positionna contre son entrejambe, raideur contre raideur.

Il gémit sous le contact et Ciel rejeta sa tête en arrière, en étouffant un petit cri de plaisir entre ses lèvres closes. Arthur approcha son visage de celui du Comte, en gardant le bas de son corps en contact avec le sien. Il déposa un léger baiser sur ses lèvres, puis colla son front contre le sien et commença à remuer les hanches.

À cette première poussée, Ciel poussa un hoquet de surprise et de plaisir. Il entoura le cou d'Arthur de ses bras minces, maintenant son front contre le sien. Encouragé, Arthur intensifia rapidement le rythme et le frottement de leurs deux corps, alors que l'humidité de leur excitation rendait le glissement plus facile, plus délicieux. Le plaisir monta encore et les bras d'Arthur cédèrent sous le plaisir. Il écrasa Ciel de son corps, et se soutenant sur un coude, il plaça un bras sous la jambe de Ciel, le forçant à relever le genou pour augmenter la friction et reprit un rythme effréné contre le corps du comte. La respiration du jeune homme se fit irrégulière, entrecoupée de cris de plaisir.

« N'arrête pas » gémit Ciel, une larme roulant de son œil, « s'il te plait, n'arrête pas ».

Arthur acquiesça et l'embrassa. Le rythme devint extatique alors que leur plaisir atteignait son apogée. Arthur crut qu'il allait s'évanouir alors que ses coups de hanches devenaient violents et incontrôlés.

Il entendit les cris de Ciel devenir de plus en plus forts alors qu'il atteignait son point de rupture. Arthur sentit le corps du comte se raidir brusquement. Des ongles s'enfonçaient dans ses cheveux, et des jambes fines enserraient ses hanches. Le cri de plaisir qui échappait des lèvres du comte déclencha son propre orgasme et après quelques poussées, il murmura « Ciel » avec passion et chercha ses lèvres pour étouffer son cri passionné alors qu'il se libérait entre leurs deux corps. Après un dernier baiser sur les lèvres de Ciel, Arthur ferma les yeux et sombra.

« Monsieur Wordsmith… Monsieur… vous m'écrasez…»

Arthur ouvrit les yeux. Cela lui prit environ cinq secondes pour que l'euphorie se dissipe, que le nuage de la conscience morale n'envahisse brutalement son cerveau et qu'il réalise qu'il était nu sur le corps du comte.

« Oh mon Dieu ! »

Il se leva brusquement, et se retrouva nu debout à côté du lit. Il chercha rapidement son pyjama qu'il avait laissé tomber sur sol. Après l'avoir trouvé, il se tourna vers le comte, qui n'avait pas bougé de sa place sur le lit, toujours allongé, les joues légèrement colorées, la chemise de nuit débraillée. Arthur chercha des signes de regret sur le visage du jeune homme, mais n'en trouva aucun. Il semblait apaisé.

« J'ai dormi longtemps ? » demanda Arthur. Le comte haussa les épaules en se redressant pour réajuster sa chemise.

«Non quelques minutes. J'ai hésité à vous réveiller, mais j'étouffais un peu ».

Arthur acquiesça. Il était repassé au vouvoiement, malgré l'instant de plaisir qu'ils avaient partagé. Il secoua la tête, décidé à ne plus y penser, au risque que le désir ne revienne. Il s'apprêtait à s'habiller quand il aperçut les trainées brillantes sur son estomac. Il rougit et se dirigea vers le meuble où se trouver une bassine de porcelaine et une cruche d'eau. Il en versa dans la bassine et y plongea une petite serviette qu'il essora. Il se dirigea alors vers le comte toujours allongé sur le lit.

« Excusez-moi, monsieur le comte, mais je doute que vous vouliez vous endormir ainsi… »

Ciel soupira et souleva sa chemise de nuit. Arthur s'assit sur le lit et nettoya les preuves de leur passion qui étaient encore visibles sur le ventre blanc. Il fit de même pour lui et se rhabilla enfin. Ciel s'est déjà remis dans les couvertures, visiblement épuisé.

Arthur allait reprendre sa place de son côté du lit, place qu'il n'aurait jamais dû quitter, quand il aperçut quelque chose sur la table de nuit du comte. Il s'approcha doucement, croyant que son imagination lui jouait des tours.

Mais quand il reconnut l'objet, il se glaça d'effroi.

C'était la pièce d'échec, le cavalier que Ciel avait brisé contre le mur.

Il jeta un coup d'œil vers le mur et le sol ou devait se trouver les débris du pion… Rien…

Un frisson d'horreur lui parcourut l'échine. Il attrapa le cavalier et se tourna vers le garçon allongé dans le lit.

« Comte ! » appela-t-il la voix tremblante « Comte, regardez ! » Ciel se redressa et regarda l'objet que le romancier lui tendait. Un sourire radieux se dessina sur son visage et le prit délicatement le cavalier.

« Ce n'est rien, monsieur, allez vous coucher » dit-il simplement, en souriant avec indulgence, visiblement ravi pour une raison que l'écrivain ne parvenait pas à comprendre.

« Mais comment…? » commença Arthur, mais Ciel posa son doigt tendre sur les lèvres du jeune homme.

« Chut » souffla-t-il « Si un majordome de la Maison Phantomhive ne savait pas faire cela, que saurait-il faire ? »

Arthur se figea sur place, son esprit trop scientifique, trop bouillant, était incapable de lui donner une réponse logique à ce mystère.

Ciel se rallongea et ferma les yeux, tenant toujours la pièce d'échec serrée dans sa main et murmura: « Bonne nuit Arthur. »

Fin du Chapitre 1


Notes de fin de chapitre :

Je voudrais rappeler que j'ai écrit cette histoire pendant la parution des chapitres de Book of Murder. À cette époque j'étais membre de l'équipe de scanlation française Black Aurora. Quand vous lisez des mangas sur internet, il y a de forte chance que vous lisiez le travail d'équipe de scanlation. Ainsi si vous lisez les chapitres français de Black Butler/Kuroshitsuji sur internet, sachez que la plupart ont été traduits, cleanés et retravaillés par mon équipe et moi-même.

Nous avions donc eu la chance de lire les chapitres en "avant-première", et puisque nous devions les travailler et les analyser, afin de donner une traduction précise, nous avons passé aussi passé beaucoup de temps à élaborer des théories, que nous proposions ensuite aux lecteurs et fans en plus de notre travail sur les scans.

Cette histoire est à la fois le résultat de mes théories personnelles (qui se sont révélées fausses), mais aussi de mon état d'esprit d'époque et de ma mélancolie.

C'est à ce moment-là que mes écrits se sont rapprochés d'un genre et d'un style littéraires qui n'existent pas vraiment, mais que je qualifierais de "Melancholic Romance". Et ce style, ce genre, ne m'a jamais quitté depuis concernant ce chapitre.

Cette histoire était un one-shot, pour passer le temps en attendant le prochain chapitre de Kuro qui nous attendons avec impatience tous les mois.
Mais l'histoire a plu, elle a donc une suite, une suite de 13 chapitres, plus noires et plus proches de l'histoire du manga.
J'espère que vous aimerez la suite, autant que j'ai aimé l'écrire.