Mise en garde : Cette histoire est sombre. Le viol et le sexe non consenti est un aspect significatif et continu du scénario. Il y a également des morts de personnages, des traumatismes psychologiques, des descriptions de la violence du champ de bataille, et des références à de la torture. La prudence du lecteur est recommandée.

Note de l'auteur : Les personnages de cette histoire ne sont pas les miens : ils appartiennent à JK Rowling, que je ne suis pas. L'inspiration initiale du scénario m'est apparue en regardant le premier épisode de La Servante Ecarlate. En hommage, ils y en a des éléments maintenus dans l'histoire. Le titre de Haut Préfet a été tiré de l'usage de Lady_of_Clunn dans son histoire Uncoffined.

Cette histoire diverge du canon à la suite de la conclusion de Harry Potter et l'Ordre du Phénix.

Note de la traductrice : Il n'existait pas de version complète de cette histoire traduite correctement en français, j'espère avoir fait mieux que les versions google traduction qu'on peut trouver ici et là. J'ai déjà tout traduit, je poste la première partie aujourd'hui, la seconde suivra la semaine prochaine et la troisième la semaine d'après. Je vous souhaite une bonne lecture !


Chapitre 1

Hermione avait depuis longtemps perdu espoir de voir dans les ténèbres.

Pendant un temps, elle avait pensé que peut-être, si elle laissait juste ses yeux s'habituer, quelques légers contours finiraient par devenir visibles.

Il n'y avait aucune lueur du clair de lune qui se glissait aussi profondément dans les cachots. Pas de torches dans les couloirs en dehors de la cellule. Juste plus de ténèbres, jusqu'à ce qu'elle se demande parfois s'il était possible qu'elle soit aveugle.

Elle avait exploré chaque centimètre carré de sa cellule du bout des doigts. La porte, scellée par magie, n'avait aucune serrure à crocheter, même si elle ne possédait rien d'autre que de la paille et un pot de chambre. Elle humait l'air dans l'espoir qu'il puisse lui indiquer quelque chose ; la saison, une vague odeur de nourriture ou de potions. L'air était vicié, humide, froid. Sans vie.

Elle avait espéré qu'en cherchant suffisamment bien, elle aurait trouvé une pierre descellée dans le mur ; un compartiment secret cachant un clou, ou une cuillère, ou même un morceau de corde. Apparemment la cellule n'avait jamais hébergé de prisonnier audacieux. Pas de marques pour mesurer le temps. Pas de pierre descellée. Rien.

Rien que les ténèbres.

Elle ne pouvait même pas parler à voix haute pour briser le silence infini. Ça avait été le cadeau d'adieu d'Ombrage après qu'ils l'aient trainée dans la cellule et vérifié une dernière fois ses menottes.

Ils étaient sur le point de partir quand Ombrage s'était arrêtée et avait murmuré, "Silencio".

Levant le menton d'Hermione avec sa main pour que leurs yeux se croisent, elle avait dit : "Tu comprendras bien assez tôt."

Ombrage avait gloussé, et son souffle sucré et écoeurant avait flotté jusqu'au visage d'Hermione.

Hermione avait été laissée dans les ténèbres et le silence.

Avait-elle été oubliée ? Personne n'était jamais venu. Pas de torture. Pas d'interrogatoire. Juste une solitude sombre et silencieuse.

Des repas apparaissaient. À intervalles irréguliers pour qu'elle ne puisse même pas suivre le cours du temps.

Elle récitait des recettes de potions dans sa tête. Des techniques de métamorphose. Passait les runes en revue. Des comptines. Ses doigts bougeaient alors qu'elle mimait des mouvements de baguette, prononçant silencieusement les formules magiques. Elle comptait à rebours depuis mille en soustrayant les nombres premiers.

Elle avait commencé à faire de la musculation. Il n'était venu à l'idée de personne de la restreindre physiquement, et la cellule était assez spacieuse pour qu'elle puisse faire la roue dans sa diagonale. Elle apprit à faire le poirier. Passa ce qui lui avait semblé des heures à faire des pompes et ces choses appelées burpees qui avaient obsédé son cousin un été. Elle découvrit qu'elle pouvait se suspendre par les pieds aux barreaux de la porte de sa cellule et faire des abdominaux ainsi suspendue la tête en bas.

Cela aidait à faire taire son esprit. Compter. Repousser ses limites physiques. Quand ses bras et ses jambes étaient en compote, elle s'écroulait dans un coin et dormait d'un sommeil sans rêves.

C'était la seule façon de faire cesser les images de la fin de la guerre qui défilaient devant ses yeux.

Parfois elle se demandait si elle était morte. Peut-être que c'était l'enfer. Les ténèbres, la solitude et rien d'autre que ses pires souvenirs défilant devant ses yeux pour l'éternité.

Quand il y eut finalement un bruit, il parut assourdissant. Un crissement dans le lointain alors qu'une porte abandonnée depuis longtemps était ouverte. Puis la lumière. La lumière très, très aveuglante.

Elle avait l'impression de se faire poignarder.

Elle trébucha dans un coin et se couvrit les yeux.

"Elle est toujours vivante," entendit-elle Ombrage dire, semblant surprise. "Levez-la, voyons voir si elle est toujours lucide."

De rudes mains tirèrent Hermione de son coin et essayèrent de retirer les mains de ses yeux. Même avec ses paupières solidement fermées, la douleur de la soudaine luminosité donnait l'impression de couteaux s'enfonçant dans ses cornées. Elle força ses mains à se presser de nouveau sur ses yeux, arrachant ses bras à la prise de son ravisseur.

"Oh, pour l'amour de Merlin," dit Ombrage d'une voix tranchante et impatiente. "Dominé par une Sang-de-Bourbe sans baguette. Petrificus Totalus."

Le corps d'Hermione se raidit. Heureusement ses yeux demeurèrent fermés.

"Tu aurais dû avoir l'intelligence de mourir. Doloris."

Le sort traversa le corps immobilisé d'Hermione. Ombrage n'était pas la lanceuse de sort la plus puissante à avoir frappé Hermione, mais elle avait de la volonté. La douleur déchira Hermione comme une flamme. Incapable de bouger, elle avait l'impression que ses entrailles se tordaient, se nouaient, essayant d'échapper à la douleur. Sa tête palpitait alors que la douleur la frappait encore et encore sans répit.

Après une éternité, la douleur cessa, et pourtant perdura. Le sort était terminé, mais l'agonie demeurait lovée en elle, alors que ses nerfs étaient à vif.

Hermione pouvait sentir son cerveau essayer de s'échapper ; essayer de se libérer de cette agonie en suspens. Brise toi. Brise toi. Mais elle ne pouvait pas.

"Montez-la pour son évaluation. Tenez-moi au courant de ce que dit le guérisseur."

On la fit léviter, mais le monde demeura un flou de bruits et d'agonie. Tellement de bruits. Elle avait l'impression que les vibrations lui rapaient la peau. Elle avait dû être gardée derrière des sorts de protection car soudain l'air explosa de bruit et de lumière.

Elle essaya de concentrer son attention sur le bruit des pas. Tout droit pendant dix pas. À droite. Vingt pas. À gauche. Quinze pas. Stop. L'un des gardes qui la tenait en lévitation frappa à une porte.

"Entrez," dit une voix étouffée.

La porte grinça en s'ouvrant.

"Mettez-la par ici."

Hermione sentit qu'on déposait son corps sur une table d'examen.

Elle sentit une baguette se poser sur elle.

"Sortilèges récents ?"

"Immobilisation et Doloris," répondit une nouvelle voix. Hermione pensa la reconnaître, mais son esprit était trop tourbillonnant d'agonie pour la replacer.

"Alors qu'elle était immobilisée ?" Le guérisseur avait l'air en rogne. "Pendant combien de temps ?"

"Une minute. Peut-être plus."

Un sifflement d'irritation. "On en a à peine suffisamment comme ça. Est-ce qu'Ombrage essaie de saboter les choses ? Ligotez-la. Sinon elle va se blesser elle-même quand je vais lever le sort."

Hermione sentit des liens de cuir attacher ses poignets et ses chevilles, et quelque chose fut forcé entre ses dents. Il y avait le bout d'une baguette contre sa tempe.

"Hou hou. Petite sorcière, si ton esprit n'est pas déjà en compote. Ça va faire mal - très mal. Mais," continua-il joyeusement, "tu te sentiras mieux après. Finite Incantatem !"

Le monde d'Hermione explosa. Elle avait l'impression d'être de nouveau soumise au Doloris. Enfin mobile, son corps réagit, et elle hurla et se débattit. Les liens qui la tenaient l'empêchèrent à peine de s'arquer en arrière alors qu'elle se tordait, se secouait et gémissait de douleur. Il lui sembla qu'une éternité passait avant qu'elle ne puisse s'arrêter de se tordre. Bien longtemps après que sa voix se fut brisée. Ses muscles tressaillaient toujours violemment et sa poitrine était secouée de sanglots.

"Très bien. Vous pouvez partir maintenant," dit le guérisseur alors qu'il tapotait de nouveau Hermione avec sa baguette. "Mais dites à Ombrage que si une autre arrive dans cet état, je la dénoncerai pour sabotage."

Hermione entrouvrit un œil et regarda les gardes partir. Sa vision se brouilla. Tout était si douloureusement lumineux, mais elle pouvait distinguer de vagues formes et la lumière lui faisait moins mal. Ou plutôt, d'autres choses lui faisaient plus mal que ses yeux.

Le guérisseur revint vers elle. C'était un homme à la forte carrure. Elle ne le reconnaissait pas. Elle plissa les yeux, essayant de mieux le distinguer.

"Oh bien, tu suis les mouvements." Il tourna son poignet pour lire le numéro de prisonnière sur ses menottes. "Numéro 273…"

Il tira un dossier étroit d'une étagère et fronça les sourcils alors qu'il la parcourait.

"Sang-de-Bourbe, à l'évidence. Étudiante de Poudlard. Oh, très bonnes notes. Hmmm. Sortilège inconnu dans le ventre en cinquième année. Pas très bon signe. Bien, nous verrons avec quoi nous allons devoir travailler."

Il lança un sort de diagnostic complexe au-dessus d'elle. Elle regarda la signature magique flotter au dessus de sa tête et diverses orbes de couleur se placer le long de son corps.

Le guérisseur les tapota de sa baguette et prit des notes. Il s'intéressa particulièrement à son ventre, surtout à l'orbe teintée de violet.

"Que…," croassa-elle à travers la chose toujours coincée entre ses dents. "que regardez-vous ?"

"Hmm ? Oh, une variété de choses ; ta santé physique, principalement. Tu es dans un état remarquablement bon. Où t'ont-ils gardée ? Bien que tout cela n'importe peu si je ne peux pas en savoir plus sur ce vieux sort que tu portes toujours."

Il travailla en silence pendant quelques autres minutes avant de glousser. Avec un mouvement complexe de sa baguette et une incantation qu'Hermione ne put distinguer, elle regarda un flot sombre de flammes violettes heurter son ventre. Ses entrailles se mirent soudain à bouillonner, et elle sentit quelque chose se réveiller et frémir parmi ses organes. Quelque chose qui rampait à l'intérieur d'elle.

Avant qu'elle ne puisse crier, le guérisseur envoya un sort rouge droit à l'intérieur d'elle. Le frémissement cessa, et elle sentit quelque chose se dissoudre en elle.

"Un sort mal jeté," expliqua le guérisseur. "Quelqu'un voulait que tu sois mangée vivante, mais heureusement pour toi son sort était incomplet. Je l'ai réparé et annulé. De rien."

Hermione ne dit rien. Elle doutait que tout ceci soit pour son bénéfice.

"Bien. Tu es purifiée. Eligible, aussi. Je pense que tu nous seras très utile. Bien que ce Doloris demandera probablement un traitement avant que tu ne t'en remettes. Je vais laisser un mot."

D'un mouvement de baguette, les liens autour de ses chevilles et de ses poignets se relâchèrent. Hermione s'assit doucement. Ses muscles se contractaient toujours involontairement.

Ouvrant la porte, le guérisseur appela, "C'est terminé. Vous pouvez procéder."

Il marcha jusqu'à son bureau.

Tout était étrangement lumineux. Elle plissa les yeux. Si lumineux qu'elle pouvait à peine distinguer les formes autour d'elle, noyées dans la lumière.

Levant une main tremblante, elle enleva ce qui se trouvait entre ses dents. Elles se mirent instantanément à trembler. Elle réalisa qu'elle avait terriblement, terriblement froid. Trop froid.

Le garde s'approchait d'elle, tendant la main pour saisir son bras pour l'emmener. Elle glissa de la table et essaya de se tenir debout.

Elle vacilla.

"Mmmonsssssieur…"

Était-ce sa voix ? Elle ne se souvenait pas du son de sa voix.

Les mots sortirent de façon empâtée, et tous les objets lumineux de la pièce semblèrent s'étirer et se déformer devant ses yeux, comme si elle avait été plongée dans l'aquarium d'un poisson rouge. Le guérisseur se tourna de nouveau vers elle avec un air interrogateur.

"Jjjje ppppense qu'jjje ssssuis en éttttaaat de chchch…" Les mots semblaient ne pas vouloir sortir à travers ses dents qui claquaient. Elle essaya encore " chch…chchch…chchchoc…"

Les ténèbres commencèrent subitement à envahir sa vision périphérique. Toutes les choses lumineuses se dissipèrent alors que tout ce qu'elle pouvait voir était le visage inquiet du guérisseur flotter devant elle. Ses yeux roulèrent dans ses orbites et elle tomba.

Personne ne la rattrapa.

Sa tête heurta le coin de la table. Fort.

"Merde !" jura le garde. Même ce son semblait bancal et déformé.

La dernière chose dont Hermione se souvenait était qu'elle avait pensé qu'il était peut-être Marcus Flint.

Reprendre conscience ressembla à une noyade dans du porridge. Hermione ne savait pas pourquoi mais c'est la première comparaison qui était venue à son esprit. Elle se débattit pour hisser jusqu'à la surface, nageant dans des voix étouffées, essayant de leur trouver un sens.

"Seize mois en confinement solitaire, privée de lumière et de sons ! À tout point de vue, elle aurait pu être complètement folle, ou morte. Il n'y a même pas de trace de son enregistrement ! Comme si vous l'aviez jetée dans un puits sans fond ! Regardez ce fichier. La prisonnière 187, de la cellule voisine ! Vous voyez combien de pages il y a ? Des visites médicales ! Des prises de sang ! Des évaluations de santé mentale ! Des prescriptions de potions ! J'ai même des photos d'elle pour avoir une trace de ce à quoi elle ressemblait avant que vous ne la mutiliez. Celle-là… rien ! Elle a été enregistrée comme assignée à cette prison, et ensuite elle a disparu ! Personne ne l'a plus vue ! Il n'y a même pas de trace de ce qu'elle a pu manger ! Pendant seize mois ! Expliquez-moi comment ça a pu se produire !"

Il y eut une pause, puis Hermione entendit "Hum hum."

La voix minaudante d'Ombrage se fit entendre, enjôleuse. "Il y a tellement de prisonniers ici. Il est à peine surprenant qu'un ou deux arrive à tomber dans l'oubli comme Miss Granger l'a fait."

"Miss… Granger…," l'autre voix était soudain horrifiée et bredouillante. "Comme LA Granger ? Vous saviez que c'était elle ! Vous avez essayé de la tuer."

"Quoi ? Non ! Je ne ferais jamais… C'est au Seigneur des Ténèbres de décider de leur sort. Je ne suis qu'un serviteur."

"Pensiez-vous vraiment que notre Seigneur oublierait une prisonnière comme Hermione Granger ? Pensez-vous qu'il sera miséricordieux s'il apprend ce que vous avez fait ?"

"Je ne voulais pas que ça dure si longtemps ! C'était censé être une situation temporaire. Vous ne la connaissez pas. Vous ne savez pas de quoi elle est capable. Je devais m'assurer qu'elle ne pourrait pas s'échapper ou communiquer avec l'extérieur. Le château était toujours en cours de re-protection. Et puis… et puis le temps que toutes les préparations soient achevées… elle… elle m'était sortie de l'esprit. Je ne défierais jamais notre Seigneur !"

"Le succès de l'entreprise que notre Seigneur nous a confiée repose sur vos épaules et les miennes. Si je découvre ne serait-ce qu'un indice que vous ayez fait quoi que ce soit d'autre pour saper ses plans, je vous dénoncerais immédiatement à lui. De ce fait, Granger est maintenant entièrement sous ma juridiction. Vous n'avez pas à vous trouver près d'elle sans ma permission. Si quoi que soit d'autre lui arrive, de la main de n'importe qui, je considérerai que vous êtes responsable."

"Mais… mais elle a beaucoup d'ennemis." La voix d'Ombrage vacilla.

"Alors je suggère que vous surveillez votre prison attentivement. Le Seigneur des Ténèbres l'a demandée spécifiquement pour ses plans. Je vous jetterais à ses pieds aujourd'hui si c'est ce qu'il faut pour que ça soit un succès. J'ai travaillé plus dur et plus longtemps que vous pour me retrouver dans cette position, Gardienne. Je ne laisserai personne se mettre en travers de mon chemin. Allez vous occuper des autres. Le Seigneur des Ténèbres s'attend à un rapport sur le nombre d'éligibles ce soir, et j'ai perdu la moitié de la journée à réparer votre erreur."

Des bruits de pas s'éloignèrent. Ceux d'Ombrage, pensa et espéra Hermione. Elle ouvrit un œil, essayant de distinguer subrepticement son environnement.

"Vous êtes réveillée."

Pas assez subrepticement. Elle ouvrit complètement les yeux et leva les yeux vers la silhouette floue d'une guérisseuse qui la surplombait. La guérisseuse se pencha plus près d'Hermione pour l'étudier, et Hermione put d'une certaine façon la distinguer dans la luminosité ambiante. Une femme agée, sévère, dont les robes montraient une certaine ancienneté dans le milieu médical.

"Alors, vous êtes Hermione Granger."

Hermione ne savait pas comment répondre à ce commentaire. La conversation qu'elle avait épiée ne l'avait pas éclairée sur ce qu'on voulait faire d'elle. Elle était importante pour l'une des horribles machinations de Voldemort. Elle n'était pas censée être morte ou folle, et ils voulaient qu'elle soit en bonne santé. Ils n'étaient probablement pas censés de nouveau la torturer horriblement.

Elle resta silencieuse, espérant que la guérisseuse était de ces personnes qui continuaient à parler quand les gens ne leur répondaient pas. Elle fut déçue.

"Je vais devoir vous le demander, puisque personne d'autre ne semble savoir. Comment pouvez-vous être toujours en vie ? Comment avez-vous réussi à rester saine d'esprit ?"

"Je… n-ne…sais p-pas…" répondit Hermione après avoir attendu quelques instants. Sa voix avait l'air plus profonde et tremblante que dans ses souvenirs. Ses cordes vocales semblaient atrophiées. Il était difficile de donner un rythme aux mots; les consonnes s'accrochaient entre elles et s'arrêtaient comme s'il fallait faire un effort pour les faire sortir. "J'ai fait… du calcul mental… J'ai… récité des potions. J'ai fais de mon mieux… pour m'empêcher de… glisser."

"Remarquable," murmura la guérisseuse, gribouillant des notes sur un fichier. "Mais comment avez-vous survécu ? Il n'y a pas de traces de quelqu'un qui vous aurait nourrie, et pourtant vous avez été parfaitement maintenue nutritionnellement parlant."

"Je… ne sais… pas. De la nourriture apparaissait. Il n'y avait jamais d'horaires fixes. Je pensais… que c'était intentionnel."

"Qu'est-ce qui était intentionnel ?"

"L'irrégularité… Je pensais que ça faisait" sa gorge semblait exténuée alors qu'elle continuait de parler "partie de la… privation sensorielle. Pour m'empêcher… de savoir… combien de temps était passé."

Sa voix diminuait de mot en mot.

"Oh. Oui. Ça aurait été inventif. Et votre condition physique ? Vous n'avez jamais quitté cette pièce. Et pourtant vous avez meilleur tonus musculaire que la moitié de mes guérisseurs. Comment diable est-ce possible ?"

"Quand… je ne pouvais plus… supporter de penser, je faisais… de l'exercice… jusqu'à épuisement."

"Quel genre d'exercices ?"

"De tout. Des sauts, des pompes, des abdos. Tout… ce qui pouvait me fatiguer… Pour que je ne rêve pas."

Plus de gribouillage.

"Quel genre de rêve essayiez vous d'éviter ?"

Le souffle d'Hermione se coupa légèrement. Les autres questions avaient été faciles. Ça… Ça s'approchait un peu trop de la réalité.

"Des rêves d'avant."

"Avant ?"

"Avant que je vienne ici." La voix d'Hermione était basse. Furieuse. Elle ferma les yeux ; la lumière lui donnait une sévère migraine.

"Bien sûr." Plus de gribouillage. Le bruit faisait tressaillir les muscles d'Hermione. "Vous resterez ici à l'infirmerie jusqu'à ce que les effets secondaires de votre séance de torture soient entièrement dissipés. Je vais aussi faire venir un spécialiste pour savoir ce qu'il est arrivé à votre cerveau."

Les yeux d'Hermione s'écarquillèrent.

"Y a-t'il…" elle hésita. "Y a-t'il quelque chose qui ne va pas chez moi ?"

La guérisseuse la fixa contemplativement avant d'agiter sa baguette vers la tête d'Hermione.

"Vous avez été gardée en isolation sensorielle pendant seize mois. Le fait que vous soyiez simplement lucide est un miracle. Les conséquences d'une telle expérience peuvent difficilement être évités, surtout vu les circonstances antérieures à votre arrivée. J'imagine que vous avez étudié la guérison pendant la guerre ?"

"Oui," dit Hermione, baissant les yeux vers la couverture sur ses genoux. Elle était élimée et sentait si fort l'antiseptique qu'elle avait envie de vomir sous cette attaque olfactive.

"Alors vous savez à quoi ressemble un cerveau magique en bonne santé. Voilà le votre."

Un simple mouvement de baguette fit apparaître l'image magicalement projetée du cerveau d'Hermione à la vue.

Les yeux d'Hermione se plissèrent. Éparpillées parmi la projection se trouvaient de petites lumières brillantes ; certaines en cluster, d'autres isolées. Partout dans son cerveau. Elle n'avait jamais vu une telle chose.

"Qu'est ce que c'est ?"

"Ma meilleure hypothèse est que ce sont des états de fugue créés magiquement."

"Quoi ?"

"À un moment pendant votre isolation, votre magie a commencé à essayer de vous protéger. Comme vous ne pouviez pas faire sortir de magie de vous, elle s'est internalisée. Vous avez travaillé dur pour ne pas, comme vous dites, glisser. Cependant, l'esprit est difficilement équipé pour gérer une telle chose. Votre magie a emmuré certaines parties de votre esprit. Par conséquent, cela vous a en quelque sorte fragmentée. Normalement, une fugue est générale, mais celles-ci apparaissent presque d'une précision chirurgicale. Bien que la guérison de l'esprit ne soit pas ma spécialité."

Hermione la fixa avec horreur.

"Voulez-vous dire que je… je me suis dissociée ?"

"Quelque chose comme ça. Je n'avais jamais vraiment vu quelque chose de ce genre avant. Cela pourrait être une nouvelle maladie magique."

"Est-ce…est-ce que j'ai de multiples personnalités ?" Hermione se sentait sur le point de s'évanouir.

"Non. Vous avez simplement isolé certaines parties de votre esprit. Je pense que votre magie avait l'intention de les protéger des attaques mentales, mais par extension, elle vous empêche d'y avoir accès."

Hermione était intérieurement ébranlée.

"De quoi est-ce que… je ne me souviens pas ?"

"Hé bien, nous ne sommes pas entièrement sûrs. Vous allez devoir découvrir ce que vous avez oublié par vous même. Quel est le nom de vos parents ?"

Hermione se figea pendant un moment, essayant de déterminer si la question était purement médicale ou si on essayait potentiellement de lui extorquer des informations. Le sang se retira de son visage.

"Je ne sais pas," dit-elle, le souffle soudainement coupé. "Je me souviens que j'avais des parents. Ils étaient… Moldus. Mais je n'arrive à me souvenir de rien à propos d'eux."

Luttant pour contenir la panique qui montait en elle, elle fixa la guérisseuse d'un air implorant.

"Savez-vous quelque chose ?"

"J'ai bien peur que non. Essayons une autre question. Vous souvenez-vous de l'école dans laquelle vous êtes allée ? Qui y étaient vos meilleurs amis ?"

"Poudlard. Harry et Ron," dit Hermione, baissant les yeux alors que sa gorge se serrait. Ses doigts s'agitaient de manière incontrôlable.

"Bien."

"Vous souvenez-vous du directeur ?"

"Dumbledore."

"Vous souvenez-vous de ce qu'il lui est arrivé ?"

"Il est mort," dit Hermione, serrant les paupières. Bien que les détails semblaient flous, elle en était certaine.

"Oui. Vous souvenez-vous des circonstances de sa mort ?"

"Non. Je me souviens… il a récupéré son poste de directeur après qu'il ait été confirmé que Vold… Vold… Vous-Savez-Qui était de retour."

"Intéressant." Il y eut encore des gribouillages. "Que vous rappelez-vous de la guerre ?"

"J'étais une guérisseuse. J'étais dans une salle d'hôpital. Tant de gens que je n'ai pas pu sauver… Je me souviens de la défaite. Quelque chose… quelque chose n'a pas fonctionné. Harry est mort. Ils… Ils l'ont pendu en haut de la tour d'Astronomie, et nous l'avons regardé se décomposer. Ils… Ils ont pendu Ron et sa famille à côté de lui. Et Tonks et Lupin. Ils les ont torturés à mort. Puis ils m'ont mise dans cette cellule et m'ont laissée là."

Hermione tremblait en parlant. Le lit d'hôpital trembla et émit un grincement énervé.

La guérisseuse ne sembla pas le remarquer et gribouilla plus de notes.

"C'est très inhabituel et intéressant. Je n'ai jamais entendu parler d'un état de fugue de ce genre. Je suis impatiente d'entendre ce qu'en pense le spécialiste."

"Ravie d'être si intéressante," dit Hermione, les lèvres retroussées alors qu'elle ouvrait les yeux pour regarder la guérisseuse.

"Allons, allons, ma chère. Je ne suis pas complètement insensible. Voyez-ça du point de vue médical. S'il y a bien quelque chose dans votre passé dont il serait logique pour votre esprit de se protéger, ça serait les conséquences de la guerre - par lesquelles vous êtes clairement traumatisée. Au lieu de quoi, qu'a décidé de protéger votre subconscient ? L'identité de vos parents, et la stratégie de guerre de l'Ordre. Votre magie n'a pas choisi de protéger votre santé mentale, elle a choisi de protéger tous les autres. C'est très intéressant."

Hermione supposait que ça l'était, mais ça semblait juste trop pour elle.

Le simple fait de pouvoir de nouveau voir la submergeait. Être capable de parler. Être hors de sa cellule. Tout semblait être trop. Trop brut. Trop lumineux.

Elle ne dit rien de plus. Après quelques minutes de gribouillage, la guérisseuse leva de nouveau les yeux.

"À moins que le spécialiste ait une objection, vous resterez à l'infirmerie pendant une semaine pour vous remettre avant la suite du processus. Ça vous donnera le temps de vous réacclimater à la lumière et au bruit et de suivre le traitement dont vous aurez besoin pour vous remettre de la torture et de cette commotion que vous vous êtes faire pendant votre examen."

La guérisseuse commença à s'éloigner puis elle s'arrêta.

"J'espère que ce que je vais vous dire n'est pas nécessaire, mais je suppose qu'étant donné votre maison et vos actions passées, je dois vous le dire de toute façon. Vous êtes actuellement à une croisée des chemins, Miss Granger. Ce qu'il va vous arriver ensuite est inévitable, mais vous avez le choix sur le degré de désagréabilité que vous forcerez."

Sur ce… conseil ? menace ? avertissement ? Hermione n'en était pas certaine. La guérisseuse disparut derrière un rideau de séparation.

Hermione regarda son environnement avec attention. Elle était toujours à Poudlard. On avait échangé ses vêtements de prison contre un pyjama d'hôpital. Relevant les manches, elle nota avec déception que personne n'avait fait l'erreur de lui enlever ses menottes toujours refermées autour de chacun de ses poignets.

Elle leva un poignet à hauteur de son visage pour les inspecter. Elles avaient été claquées sur ses poignets juste avant qu'elle soit emprisonnée dans sa cellule, et elle n'avait jamais vraiment eu l'opportunité de vraiment voir à quoi elles ressemblaient.

À la lumière, elles ressemblaient simplement à une paire de bracelets autour de chaque poignet. Elles brillaient comme un sou neuf. Elles étaient plaquées de cuivre, comme elle l'avait deviné.

Dans les ténèbres de sa cellule, elle avait passé un temps indéterminé à essayer de définir ce qu'elles étaient exactement. La réponse la plus simple était qu'elles neutralisaient sa magie. Comment exactement elles y parvenaient, et comment elle pouvait s'en débarrasser alors qu'elle était aveugle et réduite au silence avait occupé grand nombre de ses pensées.

Quand elle avait finalement admis qu'il était impossible de s'en débarrasser, elle avait commencé à se demander comment elles fonctionnaient.

Elle détestait et admirait à la fois celui qui les avait développées. Elle était certaine au vu de la façon dont le cuivre conduisait sa magie qu'il y avait un ventricule de cœur de dragon dans chacune d'entre elles, possiblement tirés de sa propre baguette magique.

Les menottes semblaient spécifiquement être accordées à elle.

Dans sa cellule, pendant toutes ses tentatives de pratique de la magie sans baguette, la magie avait traversé ses bras en direction de ses mains pour être libérée et puis se… dissolvait juste quand elle atteignait les menottes. Se voyant confirmer qu'elles étaient plaquées de cuivre, elle comprit immédiatement comment elles fonctionnaient.

Le cuivre absorbait la magie en lui. Elle se souvenait de Binns donnant un cours d'histoire de la magie portant sur les tentatives d'utiliser d'autres matériaux que du bois pour les baguettes. Le cuivre avait été l'un des choix évidents à cause de sa conductivité magique naturelle. Malheureusement, il était trop conducteur. Il absorbait toute étincelle de magie qu'il détectait, que ça soit voulu ou non. Les sortilèges surgissaient brutalement des baguettes de cuivre avant que les sorciers ne puissent finir prononcer les formules. Deux mains explosées et la perte de quatre doigts de pieds convainquirent les fabricants de baguette d'essayer autre chose que du cuivre.

Le cœur des menottes, Hermione en était certaine, était en fer. Le cuivre appairé avec les ventricules de dragon capturait sa magie avant de la conduire dans le cœur de fer où elle était efficacement neutralisée.

Cette ingéniosité la faisait bouillonner.

Les menottes de fer étaient assez communes dans les prisons des sorciers. Elles étouffaient suffisamment la magie pour empêcher les prisonniers de lancer des sorts puissants. Il avait toujours été impossible de neutraliser complètement la magie d'un sorcier ou d'une sorcière avec du fer. Ils pouvaient toujours pousser un peu de magie à travers, ou juste la laisser s'accumuler jusqu'à ce qu'une vague magique accidentelle ne surgisse d'eux. Le cuivre résolvait ce problème. Avec son avide conductivité, surtout aidé par un cœur magique correspondant à la baguette du prisonnier, le cuivre absorbait presque chaque parcelle de magie qui s'accumulait en Hermione.

Cela faisait efficacement d'elle une Moldue.