Chapitre 30 - Flashback 5

Avril 2002

Le mardi suivant, Malefoy se comporta comme les semaines précédentes.

Il lui enseigna l'occlumancie, la laissant pratiquer les techniques et les façons de faire. Il ne rendit pas le processus douloureux. Il décrocha à peine un mot. Il ne la toucha qu'une fois, pour pencher sa tête en arrière afin de croiser son regard. Et ensuite - pendant qu'il était dans son esprit - elle put sentir sa main toujours posée sur son cou, son pouce contre sa gorge.

Il n'avait pas besoin de la toucher. Elle le savait. Il pouvait facilement pratiquer la légilimancie sur elle à quelques pas de distance.

Il ne fureta pas. Ne passa pas la tête dans des souvenirs qu'elle ne voulait ouvertement pas lui montrer. Il la laissa juste utiliser sa présence comme une sorte de mannequin d'entraînement pour apprendre les manœuvres mentales d'évasion.

Quand il se retira, elle le fixa avec curiosité.

"Où as-tu appris ça ? J'imagine que ta tante n'utilisait pas cette technique."

"En effet." Il dévoila légèrement ses dents en le disant. "J'ai lu ça dans un livre. Le Manoir Malefoy a une grande bibliothèque. Ça ne fonctionnerait pas avec la plupart des gens, seulement les autres occlumens nés. Même si tout le monde peut potentiellement apprendre l'occlumancie ou la légilimancie jusqu'à un certain degré, c'est toujours soit douloureux soit si subtil qu'ils peuvent à peine sentir quand ça arrive."

Il la regarda et ajouta avec un rictus "On pourrait dire que je la teste sur toi.'

Hermione leva les yeux au ciel.

"Est-ce que le livre requiert un contact physique aussi ?" dit-elle d'une voix douce, désignant sa main du regard.

Elle regretta immédiatement de l'avoir dit.

La main de Malefoy se tendit légèrement, juste assez pour passer de posée là à la tenir. Ses yeux s'assombrirent et ses iris se dilatèrent progressivement.

"Non. C'est… juste parce que je peux."

Il fit un rictus en la tirant en avant et baissa la tête pour l'embrasser.

C'était un baiser froid. Ses lèvres pressées contre les siennes n'étaient pas pleines de désir ou de passion.

C'était simplement un rappel.

Qu'il pouvait.

Qu'il se restreignait. Que s'il le voulait, il pourrait lui demander tout ce qu'il désirait et qu'elle avait déjà consenti à le lui donner.

Hermione ne répondit pas au baiser. Elle laissa juste les lèvres froides de Malefoy rencontrer les siennes sans résister jusqu'à ce qu'il se recule de nouveau.

"As-tu des renseignements cette semaine ?" demanda-elle alors que la main de Malefoy glissait de son cou et qu'il faisait un pas en arrière.

Il tira un rouleau de parchemin de ses robes et le lui tendit.

"Des analyses de sorts et des informations sur des contre-sorts pour des nouveaux sorts de la division de recherche du Seigneur des Ténèbres," dit-il. "Il y a un nouvel ensemble de sorts qui est enseigné en ce moment."

Hermione déroula le parchemin et jeta un œil aux informations listées. Severus avait déjà donné à l'Ordre tous les détails sur les sorts, mais Malefoy ne pouvait pas le savoir. Que cela lui soit accessible était un signe d'à quel point il était capable d'être utile et proactif. S'ils perdaient Severus, Malefoy était capable de fournir les deux types de renseignements.

Un excellent espion.

"Ce sont des renseignements inestimables," dit-elle, le rangeant avec soin dans sa sacoche.

Il haussa les épaules.

"Non, vraiment. Ça va sauver des vies. Je n'avais même pas pensé à le demander. Ce que tu as fait… je ne sais pas comment te remercier assez."

Malefoy eut l'air vaguement gêné de sa gratitude.

"Peu importe. C'était un renseignement évident à fournir. Le taux de mortalité dans votre Résistance devient visible."

Hermione sentit le sang se retirer de son visage, et il la fixa. "Combien de temps penses-tu que vous puissiez encore vous battre ?"

Sa gorge se serra. "Le temps qu'il faudra, ou jusqu'à ce qu'il ne reste plus personne. Il n'y a pas de plan B, Malefoy. Se rendre n'est pas une option pour nous."

Il hocha la tête. "C'est bon à savoir."

Puis il fit une pause comme s'il se souvenait brusquement de quelque chose. "Y-a-t'il une planque qui inclut beaucoup d'enfants dans le Caithness ?"

Hermione blanchit. "Pourquoi… pourquoi est-ce que tu demandes ?"

Son visage se durcit. "Ça a été remarqué. Quelqu'un va probablement être envoyé pour enquêter d'ici la fin de la semaine. Ne les laisse pas trouver quelque chose."

Hermione hocha brièvement la tête. "Je dois y aller," dit-elle, se précipitant par la porte.

Elle invoqua un Patronus corporel par pure volonté. Ils étaient devenus difficiles à invoquer pour elle depuis qu'elle avait effacé la mémoire de ses parents. Il lui avait fallu plusieurs années pour en retrouver les capacités, et ils n'avaient jamais retrouvé la luminosité argentée qu'ils avaient eu pendant la cinquième année.

"Trouve Minerva McGonagall," dit-elle. "Dis-lui de se préparer à évacuer."

Alors que sa loutre filait, elle en fit apparaître une deuxième. La créature translucide et brillante se tint sur ses pattes arrières et la fixa.

"Va trouver Kingsley Shacklebolt. Dit-lui qu'on a besoin d'une nouvelle planque pour Caithness."

Puis elle transplana pour aller trouver Maugrey.

Le processus d'évacuation des enfants fut lent et ardu. Ils étaient tous incapables de transplaner par eux-même, ce qui signifiait que tous les membres de la Résistance disponibles et facilement contactables avaient dûs être mobilisés pour les emmener en sécurité via balais, transplanage d'escorte répété, ou sur le dos de Sombrals. Créer des Portoloin était trop long. Aucune des planques ne pouvait risquer d'avoir une connexion de Cheminette.

L'emplacement éloigné avait été un choix stratégique. Ils avaient espéré que ça passerait inaperçu auprès de Voldemort malgré la présence d'un grand nombre d'enfants bizarres dans une si petite ville. En rétrospective, c'était par pure chance qu'ils avaient réussi pendant si longtemps. Il y avait peu de bonnes options pour essayer de reloger tant d'enfants avec de tels écarts d'âge.

Il n'y avait pas de planque assez grande pour un si grand nombre d'enfants. Les enfants avaient dûs être répartis dans des douzaines de planques. Les convoyant en petits groupes dans d'autres parties de la Grande-Bretagne puis les ré-organisant, agrandissant des chambres, métamorphosant des lits.

Hermione fit trois voyages. Après qu'elle soit revenue du dernier, elle s'écroula d'épuisement contre un mur. Elle avait fait transplaner plusieurs bambins jusqu'en Irlande du Nord. Ils avaient vomi, hurlé et sangloté à chaque étape du transplanage. Elle avait été forcée de s'arrêter et de les consoler jusqu'à ce qu'ils se tiennent de nouveau assez tranquille pour qu'elle puisse transplaner sans désartibuler personne.

Minerva apparut et s'arrêta devant Hermione, l'expression partagée.

"Ton renseignement ?" demanda doucement Minerva.

Hermione hocha la tête, "Maugrey est en train de dire à tous ceux qui demandent qu'il l'a appris pendant qu'il interrogeait un Rafleur."

Minerva fit un bref hochement de tête pour acquiescer et pinça les lèvres, regardant Hermione pendant plusieurs secondes.

"Tu es une gentille fille ; j'espère que ça n'a jamais été mis en doute par personne. Est-ce que… ça va ?"

"Il ne m'a rien fait." C'était tout le réconfort qu'Hermione pouvait lui donner.

Quelque chose se détendit dans l'expression de Minerva. Elle hocha brièvement la tête puis s'éloigna pour aller aider à enlever les protections et rétrécir les meubles.

Hermione regarda l'heure. C'était la pleine lune cette nuit et elle avait besoin d'herbe à flux.

Elle se leva et marcha hors du presbytère jusqu'à ce qu'elle atteigne la limite des barrières anti-transplanage. Puis elle entama une série de sauts pour retourner vers Londres.

Elle s'arrêta dans un grand champ dans lequel elle commençait souvent sa récolte près de la Forêt de Dean. Tenant sa baguette sortie, elle lança un sort d'orientation et le suivit en quête de la plante herbeuse.

La lumière claire de la lune dessinait des ombres sombres sur la mer d'herbes. Le groupe d'arbres près de là s'élevait comme un rideau noir sur le ciel clair de la nuit. Alors qu'Hermione descendait une petite pente, une rafale de vent balaya le champ, faisant onduler l'herbe qui murmura doucement. Alors que le bruissement s'arrêtait, un hurlement grave s'éleva des arbres d'où le vent venait vers Hermione.

Elle se figea.

Un loup-garou.

Il n'y avait jamais eu de loup-garous dans ce secteur avant. Elle avait été si fatiguée et distraite qu'elle n'avait même pas pensé à prendre des précautions.

Puis un autre hurlement s'éleva. Un peu plus loin. Sur sa droite.

Et un autre hurlement.

Il y avait une meute de loups dans la Forêt de Dean.

Elle transplana presque mais s'arrêta, hésitante. Elle avait besoin d'herbe à flux. Si elle n'en trouvait pas cette nuit-là, elle ne serait pas capable d'en trouver avant le mois prochain. Elle devait faire la potion. Severus n'offrait pas de conseil ou ne prenait pas le temps d'inventer des potions à moins que ça ne soit urgent.

Elle fonça vers le bas de la colline dans la direction qu'indiquait le sort de localisation.

Un autre hurlement. Plus près.

Elle sortit rapidement le couteau d'argent de sa poche et commença à couper des tiges d'herbe à flux aussi vite qu'elle le pouvait sans en affecter le potentiel magique. Il n'y en avait pas assez.

Elle relança le sort de localisation et courut dans la direction où sa baguette l'envoya. Ce faisant, elle leva les yeux pour voir l'ombre nette et élancée d'un loup-garou suivre la piste dans sa direction.

Elle dérapa et tomba presque alors qu'elle atteignait un endroit avec plusieurs herbes à flux et les coupa en quelques secondes.

Le loup-garou était à moins de soixante centimètres d'elle et s'accroupissait en fente quand elle pivota finalement sur ses talons et transplana dans l'endroit le plus proche auquel elle pouvait penser.

Hermione réapparu sur les marches de la masure incartable de Malefoy. Manquant d'air, elle s'effondra sur la marche supérieure et s'assit, pantelante, essayant de retrouver son souffle.

Elle s'adossa contre la porte et ferma les yeux alors que son cœur continuait à tambouriner violemment.

Elle manquait terriblement d'endurance. Elle ne pouvait pas croire à quel point elle avait été rapidement fatiguée de courir. Son oesophage brûlait, et il y avait une douleur aiguë qui lui poignardait les poumons à chaque inspiration.

À part pour parcourir la campagne à la recherche d'ingrédients de potions, Hermione ne s'engageait dans aucune activité physique vigoureuse. Après qu'elle ait été retirée des combats, elle n'avait pas eu le temps de s'entraîner ou de pratiquer un sport ou encore moins de s'inquiéter de son endurance.

Merlin, elle était inutile. Si jamais elle se retrouvait de nouveau sur un champ de bataille, elle serait probablement abattue en quelques secondes.

Sa respiration s'était ralentie, mais elle resta là pendant une autre minute en essayant de forcer son cœur à ralentir.

La porte derrière elle s'ouvrit abruptement, et elle tomba en arrière dans la masure.

Sa tête le cogna contre le sol et des étoiles dansèrent devant ses yeux alors qu'elle découvrait Malefoy, les yeux baissés vers elle, enragé.

"Putain, Granger, qu'est-ce que tu fous ?"

"Malefoy ?" dit-elle, levant les yeux vers lui avec confusion. "Qu'est-ce que tu fais là ?"

"Qu'est-ce que je fais là ?" gronda-il. "Tu as activé les protections. J'ai supposé que tu avais besoin de moi pour quelque chose."

"Oh," dit Hermione, le rouge lui brûlant les joues. "Je n'avais pas réalisé que la protection s'étendait au-delà de la pièce. Je ne voulais pas te déranger."

Elle roula et se releva.

Malefoy la regarda de la tête aux pieds.

"Qu'est-ce que tu faisais ?"

"J'avais besoin de récolter de l'herbe à flux sous une pleine lune," dit-elle, se rendant compte qu'elle haletait toujours légèrement. "Et il y avait des loup-garous. Je ne pouvais pas attendre le mois prochain. Ils m'ont sentie avec le vent. C'était l'endroit le plus proche où transplaner. Alors, j'essayais de reprendre mon souffle."

"Où est-ce que tu récoltais de l'herbe à flux ?" Son ton avait un côté tranchant.

Elle fit un geste par-dessus son épaule. "Il y a un champ près d'ici, dans la Forêt de Dean. C'est l'un des endroits où je vais habituellement pour trouver des ingrédients pour les potions."

"Habituellement…"

Il y eut un blanc.

"Tu te promènes dans la campagne pendant la nuit. Pour récolter des ingrédients ?" Son expression était devenue glacée.

"Oui," confirma Hermione, le regardant. "Je l'avais mentionné."

"Non… Tu as dit que tu allais chercher des ingrédients pour les potions. J'ai supposé que ça voulait dire que tu avais un fournisseur." Son expression se durcit et ses yeux se firent accusateurs, comme si elle lui avait menti.

Hermione le regarda avec incrédulité. "Je suis une terroriste. Il faut une petite fortune pour acheter des ingrédients pour les potions sur le marché noir. Je ne vais pas gâcher mon budget quand je peux les avoir gratuitement avec une meilleure qualité en faisant le travail moi-même."

"Alors tu te balades dans la campagne de la Grande-Bretagne magique, la nuit, pour récolter des ingrédients pour les potions ? Seule ?"

"Apparemment," dit Hermione, reniflant. "C'est pour ça qu'on se voit le mardi matin, après que j'aie terminé."

Il y eut un long silence.

"Tu ne peux pas." Il l'annonça avec un ton définitif. "Tu vas arrêter. Tu vas rester à l'intérieur de la pauvre petite planque dans laquelle ils te gardent pour soigner les gens, et tu ne récolteras plus."

Hermione le fixa avec indignation pendant plusieurs secondes, stupéfiée. "Certainement pas ! Tu ne contrôles pas ce que je fais."

Son expression se durcit, une lueur prédatrice apparut dans ses yeux. "En fait, si. As-tu oublié ? Je te possède. Si je te dis de s'asseoir dans cette pièce et de regarder le mur jusqu'à la semaine prochaine, tu as donné ta parole que tu le ferais."

Hermione sentit la rage l'envahir. "Non, je ne le ferais pas. Parce que tu m'as donné ta parole de ne pas interférer dans mon travail pour l'Ordre. La récolte fait partie de mon travail. Ce n'est pas négociable. Si tu veux contrôler tout ce que je fais, tu vas devoir attendre qu'on ait gagné. Tu as donné ta parole aussi."

Malefoy se tint debout à la regarder, les yeux calculateurs. Puis il changea abruptement de sujet. "Alors, tu as semé des loup-garous."

Elle rougit.

"Non. Je veux dire… ils n'étaient pas très proches jusqu'à la fin. Je n'ai couru que neuf cent mètres tout au plus."

"Et tu es encore essoufflée à cause de ça ?" dit-il avec scepticisme.

"Je… je ne fais pas vraiment de travail sur le terrain, hormis les récoltes. Je n'ai pas vraiment besoin de travailler mon endurance," dit-elle, se mettant sur la défensive.

La mâchoire de Malefoy se décrocha ; il la ferma brusquement et posa une main sur ses yeux pendant quelques secondes, comme s'il essayait de se ressaisir. Puis il laissa retomber sa main et le fixa.

"Quand exactement quelqu'un t'a-t-il entraînée pour la dernière fois ? J'imagine que tu t'entraînes aux duels basiques, étant donné que tu es si importante qu'ils ne te laissent plus te battre. Sûrement, puisqu'ils te laissent sortir seule, au milieu de la nuit ; ta défense doit être sans égale."

Hermione baissa les yeux et joua avec la sangle de sa sacoche. "Je suis très occupée. Une partie des raisons qui m'ont fait sortir des combats est qu'il y a beaucoup d'autres choses pour lesquelles on a besoin de moi."

"Combien de temps, Granger ?" Sa voix était dure.

Elle regarda autour de la pièce. Ce stupide endroit n'avait même pas quelque chose auquel elle pouvait faire semblant de s'intéresser. Elle se concentra sur un nœud dans le parquet.

"Ça fait… probablement environ deux ans et demi," dit-elle à voix basse.

Il enfouit son visage dans ses mains et resta silencieux, comme s'il ne pouvait même pas supporter de la regarder.

Hermione leva les yeux au ciel.

"Bon, je vais m'en aller alors," dit-elle finalement d'une voix ferme. "Désolée de t'avoir dérangé. Ça n'arrivera plus."

"Je vais t'entrainer," dit abruptement Malefoy, se redressant et baissant les yeux vers elle.

"Quoi ?" Elle le fixa avec confusion.

"Je vais t'entrainer," dit-il lentement. "Puisque t'arrêter n'est apparemment pas une option. Je ne vais pas perdre mon temps à traîter avec un nouveau contact de l'Ordre parce que tu n'es pas assez intelligente pour rester dans de bonnes conditions physiques. Étant donné qu'ils se battent tous, je suis sûr que toute autre personne qui viendrait serait nul en occlumancie et finirait probablement capturé dans une escarmouche."

Hé bien, l'instinct de conservation Serpentard de Malefoy avait encore de beaux jours devant lui. Hermione soupira d'irritation.

"Ce n'est vraiment pas nécessaire. Je ne me bats pas. Il y a rarement des problèmes quand je pars en récolte. Il ne faut pas avoir peur d'être incommodé par la perte de ton précieux trophée de guerre."

"Vraiment ?" dit-il, le ton désinvolte alors qu'il avançait vers elle. "Tu ne veux pas ? Parce que tu auras bientôt fini d'apprendre l'occlumancie. J'aurais pensé que tu préfèrerais utiliser ton temps à t'entraîner aux duels plutôt que d'autres activités auxquelles je pourrais t'ordonner de participer."

Hermione le regarda.

Elle doutait qu'il ait l'intention de mettre sa menace à peine voilée à exécution étant donné qu'il n'avait pas montré d'inclinaison particulière pour ça. S'il voulait lui apprendre à se battre en duel, il n'y avait pas de mal à ça. Elle préférerait ça. Elle avait besoin de passer du temps avec lui. Elle ne serait pas capable de réussir sa mission s'ils ne passaient pas de temps ensemble.

"D'accord," dit-elle d'un ton cassant, son expression se tordant de dérision feinte.

"Tu as l'air si amer," son expression était vicieuse de moquerie. "Tu avais pensé que j'exigerais juste que tu couches avec moi. Déçue ?"

"Seulement dans tes rêves," dit-elle, le fusillant du regard.

"Toutes les nuits."

Elle leva les yeux au ciel.

"Est-ce tu tu achètes toujours ta compagnie ?" dit-elle, la voix douce et l'expression condescendante. Il ne cilla même pas.

"J'apprécie le professionnalisme," dit-il avec affabilité, regardant le plafond comme s'il récitait un mantra. "Des limites claires. Pas de drama. Je ne suis pas obligé de faire semblant de m'en soucier."

Il renifla sur le dernier mot, comme si se soucier de quelqu'un était le concept le plus offensif de l'humanité.

"Bien sûr. C'est toi tout craché."

"Plutôt," confirma-il avec un petit sourire.

Il y eut un silence. Hermione avait envie de lui dire qu'il était vil, mais elle était certaine qu'il le savait déjà. Elle était fatiguée et cela lui donnait envie d'être cruelle.

"Est-ce que tu vas les voir en pleurant, leur racontant à quel point ta vie est triste et solitaire ? Ou tu les prends juste sans dire un mot ?" demanda-elle, la voix pleine de raillerie.

Les yeux de Malefoy brillèrent.

"Tu veux que je te montre ?" Sa voix était coupante et froide comme un éclat de glace.

L'adrénaline du vagabondage d'Hermione près des loup-garous courait toujours dans ses veines. Elle était habituée au niveau de stress de la salle d'hôpital, mais ça concernait toujours la vie de quelqu'un d'autre. Elle se sentait toujours sur les nerfs d'être passée à un cheveu de la mort. Elle comprenait soudain Harry. Elle avait l'impression de pouvoir faire n'importe quoi.

Une pensée soudaine lui vint avec la menace de Malefoy.

Elle leva les yeux vers lui, levant le menton.

"Tu ne le ferais pas."

Les yeux de Malefoy devinrent cruels, mais avait qu'il puisse répondre elle continua. "Ça serait trop réel pour toi. Le faire avec quelqu'un que tu connais. Quelqu'un que tu reverrais après. Ca interférerait avec ces limites claires."

"Tu me testes, Granger ?" Sa voix était basse et caressante.

Elle le fixa.

"Je suppose que oui," dit-elle froidement, mais son coeur commença à tambouriner en réalisant ce qu'elle venait de faire.

Il se pencha en avant, le regard dur, jusqu'à ce que son visage ne soit qu'à quelques centimètres de celui d'Hermione.

"Déshabille-toi."

Hermione ne vacilla pas et lui non plus, alors il avança lentement jusqu'à ce qu'elle recule. Il la surplombait. Ses yeux brillaient.

"Ça te tue, n'est-ce pas ? De te demander. Tu t'attendais à ce que je te le fasse directement. Alors attendre… essayer de deviner quand je pourrais y venir… ça t'embête plus que la pensée de réellement devoir coucher avec moi."

Il renifla. "Hé bien… tu as mon attention. Déshabille-toi."

Hermione leva les yeux vers lui, sentant son visage chauffer alors que le reste de son corps devenait progressivement froid.

"Tu n'as même pas envie de moi. Pourquoi m'as-tu inclus dans tes exigences ? C'est quoi le but ?" demanda-elle. Sa voix montrait sa colère et sa confusion.

Il eut un rictus. "Tu as raison. Je n'ai pas envie de toi."

L'entendre le dire n'aurait pas dû la blesser, mais d'une certaine façon ce fut le cas. Surtout dit avec la moquerie vindicative de son expression en la fixant, les yeux baissés sur elle.

"Cependant, te posséder ne va jamais cesser. 'Maintenant et après la guerre.' J'ai hâte de voir à quel point tu vas amèrement regretter ces mots. Alors, déshabille-toi." Sa voix se fit plus basse. "Ou, est-ce que tu veux que je le fasse pour toi ?"

Les mains d'Hermione se levèrent jusqu'au col de sa chemise et l'agrippèrent défensivement. Elle était terrifiée et enragée au point qu'elle pensait pouvoir se mettre à pleurer. Il la possédait réellement. Elle l'avait accepté. Sa mâchoire tremblait et ses mains commencèrent à trembler.

"Le pouvoir t'excite, n'est-ce pas ?" Sa voix tremblait de rage alors qu'elle se forçait à déboutonner le premier bouton de sa chemise. "Faire du mal à quelqu'un qui ne peut pas se défendre - ou qui ne se défendra pas. Utiliser ce à quoi les gens tiennent pour les torturer et les enfermer, et les forcer à faire des choses. Tu es vraiment comme Voldemort."

La malfaisance dans les yeux de Malefoy disparut abruptement et il pâlit. Le contrôle qu'il avait sur sa rage disparut soudain et les ténèbres et la magie émanèrent de lui en vagues, remplissant et faisant vaciller l'air.

La fureur froide comme la glace qui apparut dans son expression était poignante. Ses yeux devinrent noir, il gronda en montrant les dents et continua à pâlir de plus en plus alors qu'il la fixait.

Les yeux d'Hermione s'écarquillèrent de terreur et elle recula, se recroquevillant.

"Dégage !" dit-il d'un ton cassant.

Elle le regarda, immobile. Comme un animal pétrifié par la peur.

Il grogna de rage. Soudain, la porte de la masure s'ouvrit si brusquement que les charnières sautèrent et qu'elle tomba sur le sol.

"DEGAGE !" rugit-il.

Hermione n'eut pas besoin qu'on le lui répète une autre fois. Elle fila par la porte et transplana à la seconde où elle sentit qu'elle franchissait les protections.

Quand elle passa la porte du Square Grimmaurd, elle s'effondra sur le sol de l'entrée, tremblant de terreur.

Stupide. Stupide. Stupide. Elle se réprimanda, essayant de se forcer à respirer. Elle avait l'impression d'avoir une crise d'angoisse.

Elle ne comprenait pas ce qui l'avait poussée à essayer de le provoquer. Si ce n'était pas le milieu de la nuit, elle aurait tapé sa tête sur le sol de frustration face à son idiotie.

Après les innombrables fois où elle avait réprimandé Harry, l'avertissant des conséquences de sa stupide recherche d'adrénaline ; elle l'avait peut-être surpassé.

Elle était une idiote.

Elle pressa ses mains contre sa tête qui pulsait et enfouit son visage dans le creux de ses coudes. Elle gémit doucement.

Draco Dormiens Nunquam Titillandus.

Excepté qu'elle n'avait pas titillé un dragon endormi. Ses actions apparaissaient plus appartenir au royaume du tirage de balle dans le pied.

Ils avaient besoin de Malefoy. Ils avaient désespérément besoin de lui, et un peu d'adrénaline lui avait fait perdre la tête.

Il avait raison, elle ne pouvait pas gérer l'appréhension. L'expectation constante. S'épuisant à se demander si c'était ce qu'il voulait. Ce qu'il avait l'intention de lui faire. D'attendre constamment que ça lui tombe dessus. Ça la bouffait.

S'il devait la blesser ou la baiser, elle voulait juste le savoir et qu'il le fasse.

Aller le voir toutes les semaines, incertaine de ce qu'il pourrait lui faire après…

Ça la réduisait en miettes.

Elle se mordit la lèvre en se blottissant contre la porte. Elle essayait de ne pas éclater en sanglots alors que son pic de norepinephrine perdait de son effet sur elle et qu'elle se retrouvait soudain au plus bas. Elle était plongée dans l'horreur et le désespoir.

Elle enfouit son visage dans ses mains et sanglota silencieusement.

Son anxiété avait possiblement coûté la victoire à l'Ordre. Ou au moins d'innombrables vies.

Elle devait trouver un moyen d'arranger les choses.

Elle enroula les bras autour d'elle, et essaya de se calmer et de réfléchir.

Respire. Respire. Respire.

Quand sa poitrine cessa finalement de tressauter, elle se leva et essuya ses larmes.

Elle marcha jusqu'à son cabinet de potions, elle y mit l'herbe à flux et passa plusieurs minutes à essayer d'organiser ses pensées et à forcer ses mains à arrêter de trembler.

Elle alla dans sa chambre.

La porte était entrouverte. Ce qui était étrange, parce que Ginny et elle étaient généralement soucieuses de garder leur porte fermée et verrouillée. Le Square Grimmaurd n'était pas ouvertement accessible à la Résistance, mais il y avait occasionnellement des individus fouineurs avec peu de respect pour l'intimité ou les possessions personnelles.

Hermione passa une tête à l'intérieur et se retira avec un sursaut de surprise.

Ginny et Harry étaient à moitié nus et, s'ils n'étaient pas déjà en train, apparaissaient sur le point de coucher ensemble.

Hermione lança rapidement un sort d'intimité sur la porte et s'enfuit. En bas des escaliers, elle s'arrêta et hésita. Les chambres de Grimmaurd étaient bondées actuellement. Un certain nombre d'enfants de Caithness avait été amenés ici.

Le parloir en bas était actuellement occupé par les insomniaques. Il ne restait pas beaucoup d'endroits où dormir.

Elle était si fatiguée. Sa crise de larmes l'avait laissée vidée.

Elle grimpa sur le rebord d'une fenêtre et essaya de s'endormir, mais son esprit ne voulait pas se taire. Elle ne cessait de se repasser la conversation avec Malefoy. S'inquiéter de la potion qu'elle devait faire. Revivre le moment où toute la rage de Malefoy avait jailli de lui et qu'il lui avait hurlé dessus.

Il ne l'avait pas blessée.

Il en avait eu toute les opportunités et une fureur plus que suffisante, mais il s'était retenu et l'avait fait partir à la place.

Un Mangemort meurtrier avec une sorte de code moral. Un parfait exemple d'oxymore.

Ça devait être connecté à ses motivations pour aider l'Ordre.

Que voulait-il ?

Ça l'agaçait profondément de ne pas réussir à le dire.

Après avoir remué sur le rebord de la fenêtre pendant une demi-heure, elle s'assit avec un soupir. Elle ne voulait pas essayer de faire la potion de Severus avant de s'être reposée. Elle se leva et grimpa à l'étage le plus élevé de la maison. C'était une salle d'exercice.

Elle regarda à l'intérieur et la trouva vide.

Elle avança jusqu'au milieu de la pièce et, sortant sa baguette, commença à prendre des poses de duel.

Quand elle était revenue de sa formation de guérisseuse à travers l'Europe, elle n'avait participé qu'à deux escarmouches avant que l'Ordre ne décide de la retirer définitivement des combats. Après les années où elle était partie, elle était devenue rouillée, bien moins efficace en duel que tous les autres de son âge. Le reste de l'Armée de Dumbledore était rapide et lançait des sorts puissants, esquivant et tirant tout en maintenant une excellente précision, même à distance.

La guérison était subtile. Cela requerrait presque toujours de se retenir. Un travail de proximité avec une attention pour les petits détails.

Essayer de se battre de nouveau en duel était une telle inversion de la technique qu'elle avait été mauvaise.

Ron et Harry avaient consacré beaucoup de temps à essayer de l'aider à se remettre à niveau, mais avant qu'elle n'ait réussi à le faire, Kingsley avait conseillé de la retirer entièrement des combats. Personne n'avait opposé un murmure de protestation.

Hermione comprenait la rationalité de la décision, mais des années après cela la blessait toujours.

L'Armée de Dumbledore d'origine était devenue une unité de combat soudée dont elle ne faisait pas partie.

Hermione se mordit la lèvre et lança un protego aussi puissant qu'elle le pouvait. Le bouclier fleurit devant elle.

Elle soupira de soulagement en annulant le sort. Au moins elle savait encore le faire.

Elle lança une série de sorts sur les mannequins répartis dans la pièce. La moitié d'entre eux toucha sa cible. Aucun avec précision.

Elle rougit et essaya encore. Ce fut encore pire la seconde fois.

Hermione se réprimanda. Elle restait immobile. N'était pas sur un champ de bataille. N'était pas la cible directe de sorts.

Elle était à chier.

Dans l'improbable éventualité où Malefoy la formerait, il la réduirait en morceaux en voyant à quel point elle était devenue inepte.

Elle carra les épaules et essaya encore.

Elle lança quelques sortilèges complexes de plus.

Hé bien, ça, elle pouvait y arriver.

Ce n'était pas un manque de compétence pour la magie de combat. Elle était juste nulle pour l'aspect combatif de la chose.

C'était une consolation.

Enfin, pas vraiment.

Elle continua jusqu'à ce qu'elle soit si fatiguée que ses mains tremblaient d'épuisement. Puis elle se laissa tomber sur l'un des tapis d'entraînement et s'endormit.

"Hermione, bon sang ? Pourquoi es-tu là ?"

Hermione plissa les yeux le lendemain matin et trouva Ron qui se tenait debout à côté d'elle, flanqué de Ginny, Neville, Dean, Seamus, Lavande, Parvati, Padma, Fred et Angelina.

Elle s'assit avec un grognement et se frotta les yeux.

"Mon lit a été pris par la réorganisation du déménagement," mentit-elle, jetant un coup d'œil à Ginny. "Je suis venue ici pour dormir."

"Oh," dit Ron. "Hé bien, on va s'entraîner à une formation d'attaque avant que Neville et Seamus ne doivent partir pour cette mission de reconnaissance. Alors… on a besoin de la pièce."

Hermione hocha la tête et se leva.

"Est-ce que je peux regarder ?" se surprit-elle à demander.

Ron plissa le front et la fixa.

"Bien sûr. J'imagine. Si tu as le temps pour ça. Juste… garde un bouclier en place. Beaucoup de sorts vont voler."

Hermione se recula dans un coin et regarda Ron dérouler la stratégie. Elle ne pouvait pas comprendre tous les termes qu'ils utilisaient. Ce n'était pas une terminologie du combat traditionnel, plutôt une sorte de sténographie qui s'était mise en place parmi les combattants avec le temps. Leur propre langage.

Alors qu'ils s'éparpillaient dans la salle, elle mit en place un bouclier autour d'elle. Ron activa l'une des protections de la salle avec un charme, puis tout le monde commença à jeter une série de sorts vers les murs.

Les sorts rebondirent et ricochèrent en allers-retours dans la pièce. Bientôt la pièce fut remplie de magie volante.

Hermione regarda alors que les membres de l'Armée de Dumbledore commençaient à courir en formation d'attaque. Leurs sorts étaient précis. Leurs boucliers puissants. Aucun d'entre eux ne fut ne serait-ce qu'effleuré par l'un des sorts volants. C'était instinctif pour eux. Ils savaient quand leur bouclier avait besoin d'être renouvelé. Ils savaient comment tous les autres se battaient ; qui les couvrirait. Ils se battaient minutieusement et utilisaient des sorts non verbaux.

Leurs capacités de combat étaient vraiment supérieures à celles d'Hermione. Il lui faudrait un miracle pour se remettre à niveau.

Elle les regarda courir en formation deux fois avant de se retourner et de se glisser hors de la salle d'entraînement.

Elle se rendit à son cabinet de potions, rassembla les ingrédients, et se prépara à commencer la préparation.

Le mardi suivant, elle transplana à Whitecroft et approcha lentement l'endroit où se trouvait la masure.

Elle se demanda si Malefoy serait là. Elle pria pour que ça soit le cas.

Elle n'avait aucune idée de comment arranger les choses s'il refusait d'apparaître. Elle ne pouvait qu'espérer que ce qui l'avait fait espionner était une motivation suffisante pour que les actions d'Hermione ne l'en dissuade pas.

S'il n'était pas là, elle attendrait.

S'il était là… elle espéra juste qu'il la punirait et passerait à autre chose, plutôt que de continuer à la laisser appréhender continuellement.

La porte avait été réparée. Elle s'arma et l'ouvrit.

Vide.

Après avoir attendu pendant une minute, elle avança jusqu'à la chaise à côté de la table. Son ventre se nouait d'appréhension, et elle essaya de se distraire en récitant des formules d'arithmancie en restant assise là.

Il fallait juste qu'elle arrête de penser à ce qui pourrait arriver après.

Soudain, il y eut un bref craquement, elle se leva et se retourna vivement alors que Malefoy apparaissait. Il resta debout à la regarder, l'expression indéchiffrable.

Hermione ne dit rien. Elle ne fit que le regarder. Elle était soulagée de ne pas trembler.

Elle se força à croiser son regard. Cette sensation de terreur qui ressemblait à des aiguilles commença à parcourir sa colonne vertébrale. Elle eut soudain froid. Elle put sentir les poils de sa nuque se hérisser alors qu'elle se préparait.

Elle pouvait voir sa mâchoire serrée et il ne la regardait pas.

Il n'avait apparemment pas l'intention de parler en premier.

Elle prit une grande inspiration. Elle avait besoin de lui. Il était clairement toujours furieux contre elle mais elle devait y remédier. Peu importait ce que ça lui coûterait.

"Je suis désolée," dit-elle désespérément. "J'ai perdu la tête et j'ai dépassé les limites. Je suis désolée. Peu importe ce que je dois faire pour arranger ça… je ferais ce que tu veux. Laisse-moi juste réparer les choses."