Chapitre 39 - Flashback 14

Août 2002

Ce soir-là, Malefoy et elle étaient tous les deux pensifs. Il ne tressaillit pas quand elle lança le sort de nettoyage et resta silencieux quand elle appliqua l'analgésique puis le baume.

"Est-ce que la fille Weasley a survécu ?" demanda-il brusquement en se levant.

Hermione leva les yeux vers lui, étonnée. Elle essaya de deviner pourquoi il posait la question. Lucius voulait-il confirmation ?

Il n'avait pas remis sa chemise et il se tenait si près d'elle qu'elle pouvait presque sentir la chaleur de son corps alors qu'il avait les yeux baissés vers elle. Ses yeux étaient orageux, et quand elle resta silencieuse, son expression vacilla brièvement.

"Je vais supposer que oui alors," dit-il, s'éloignant et enfilant sa chemise.

Hermione cligna des yeux. "Elle a survécu. Bien que ça ne soit pas dû à un manque d'effort de la part de ton père," dit-elle d'un ton amer.

L'expression de Drago se durcit légèrement.

"J'aurais espéré que tu ne me considèrerais pas responsable des actes de mon père. J'ai sûrement commis suffisamment de pêchers par moi même," dit-il d'une voix tendue alors qu'il boutonnait rapidement sa chemise.

"Je me demande juste pourquoi tu poses la question," dit-elle. Elle se sentait trop vidée pour avoir une telle conversation.

"Ça pourrait te surprendre Granger, mais je ne souhaite pas particulièrement voir tes amis mourir."

Hermione ne dit rien. Elle ne savait pas quel genre de réponse faire à ce commentaire.

"Mon père…" commença-il, puis il hésita ; son visage devint un masque froid. "Laisses tomber."

Hermione s'effondra intérieurement. Elle avait besoin d'avoir cette conversation avec lui. Elle tendit les mains et attrapa le poignet de Malefoy. Il se figea et regarda de nouveau vers elle, l'expression fermée.

"Je suis désolée. La question m'a prise de court. Je ne te blâme pas pour ce que ton père fait. C'est juste que…" Sa voix s'éteignit brièvement et sa prise sur le poignet de Malefoy se raffermit. "Je sais que tu n'as toujours eu que du mépris pour les Weasley… mais ce qu'il leur fait est affreux."

Malefoy était silencieux.

"Je suis désolé," dit-il. "Je doute que tu me croiras, mais je ne… on ne peut pas le raisonner à propos de cette vendetta."

"Tu n'es pas d'accord avec lui ?" demanda Hermione, étudiant attentivement son visage.

Il utilisa son autre main pour attraper celles d'Hermione et libéra son poignet. "Si je les tenais responsables de la mort de ma mère, je n'aurais pas demandé de nouvelles de la fille Weasley."

"Merci d'avoir demandé," dit-elle, regardant autour de la pièce, gênée. "Ça doit être difficile pour toi. Je sais que tu admirais ton père."

Drago eut l'air très gêné du cours qu'avait pris la conversation.

"Bien. Hé bien… à plus tard, Granger," dit-il et il transplana sans un autre mot.

Hermione resta là encore quelques instants, analysant la conversation, avant de retourner au Square Grimmaurd.

Quand elle y arriva, elle trouva sa chambre occupée par Harry et Ginny. Elle s'agita dans le couloir puis monta vers les étages supérieurs de la maison. Alors qu'elle passait devant l'une des plus petites chambres elle eut la vision furtive d'une touffe de cheveux roux penchée au-dessus d'une table remplie de cartes. Elle s'arrêta et frappa doucement à la porte.

"Hey, Mione," dit distraitement Ron alors qu'il bougeait des pions sur les cartes et se grattait la tête d'un air absent avec le bout de sa baguette. Son expression était tendue.

"Tu as une minute ?" demanda-elle.

"Bien sûr." Il fourra sa baguette dans sa poche arrière et leva les yeux vers elle. "Je passe juste en revue ce qu'il s'est passé depuis que je suis parti. Beaucoup de raids quand on n'était pas là, tu as dû être occupée."

Il la fixait d'un regard pénétrant. Hermione baissa les yeux.

"Je suis sûre que tu vois la stratégie," dit-elle doucement.

"Kingsley utilise les Horcruxes pour éloigner Harry des combats," dit-il.

Hermione hocha brièvement la tête. "Tu comprends pourquoi, non ?"

L'expression de Ron se durcit alors qu'il haussait les épaules et hochait la tête.

"Ce n'est pas bon de risquer sa vie dans une escarmouche quand on a besoin de lui pour le coup final. Ouais. Je comprends. Ça ne veut pas dire que j'aime ça. Et certaines de ces…" il tira certains des rouleaux et y jeta un œil. "Ce sont quasiment des missions suicide. Je n'avais pas conscience que Kingsley jouait autant sur la sécurité à cause de Harry. À voir ce qu'il fait quand on est partis pendant quelques semaines…"

Il se tut alors qu'il regardait les rapports avec colère. "Quel a été le taux de victimes exactement pendant qu'on était partis ?"

Hermione ouvrit la bouche pour répondre mais il la coupa.

"Je n'ai pas besoin que tu me le dises. Je veux voir les chiffres juste là. C'est putain, putain d'incroyable. Si Kingsley était là, je lui mettrais mon poing dans la figure."

Son visage rougissait de rage.

"Ron, on ne peut plus se permettre de jouer la sécurité," dit Hermione, son estomac se nouant alors qu'elle repensait au nombre d'yeux qu'elle avait fermés ces dernières semaines et la nouvelle planque d'hospice qu'elle avait aidé Bill à protéger. "Je ne pense pas que tu réalises à quel point nos ressources sont limitées. Combien d'années penses-tu que le coffre fort de Harry puisse nourrir une armée ? La salle d'hôpital tourne avec trois fois rien. L'Europe est verrouillée sous le contrôle de Tom. La seule option qu'il nous reste est de prendre des risques. Et on ne peut pas risquer Harry."

Ron resta silencieux. Hermione pouvait voir les muscles de sa mâchoire se contracter alors qu'il la serrait et desserrait.

"Il faut qu'on trouve les Horcruxes," dit-il finalement. Hermione laissa s'échapper le profond soupir qu'elle avait anxieusement retenu et hocha la tête.

"Oui," dit-elle. "Tom et Harry sont le pivot. Idéologiquement les Mangemorts sont trop différents. C'est le pouvoir de Tom qui garde l'armée cohérente. Si nous pouvons le tuer, de façon permanente, il devrait y avoir assez de luttes intestines pour que la Résistance prenne le dessus."

"J'imagine que c'est l'un des avantages des illusions de Tom sur l'immortalité : il ne s'est pas soucié de former un successeur," dit Ron d'un ton dur alors qu'il jetait un œil sur un autre rapport de mission. Hermione pouvait voir sa signature au bas de la page ; passer en revue les blessés, compter les morts avec des chiffres nets et impersonnels. "Bien que je n'aie aucun doute que les Malefoy penseront qu'ils sont en première ligne maintenant que Bellatrix est morte. Des putains de psychopathes."

"Il faut que tu convainques Harry que les Horcruxes sont la priorité absolue," dit-elle, regardant intensément Ron. "Surtout maintenant, après Ginny. J'ai peur qu'il ait juste envie de les ignorer."

L'expression de Ron se tendit.

"Ouais," dit-il doucement.

Hermione s'approcha avec hésitation.

"Ron, j'espère que ce que j'ai dit à la réunion hier soir ne te fais pas penser que c'était ta faute. Tu as sauvé Ginny. Je ne pense pas qu'il était approprié de garder cette information mais je ne voulais pas te blesser en la diffusant."

"Ça va," dit-il, raide. "Tu as fait ce qu'il fallait."

"Je suis désolée…"

"Ne le sois pas. Je ne veux vraiment pas en parler," dit-il d'une voix tremblante qui n'appelait aucun argument.

Les yeux d'Hermione filèrent vers son visage, reconnaissant la tension autour de ses yeux, le bord rouge de ses oreilles alors que sa peau devenait si pâle que ses tâches de rousseur ressemblaient à des gouttes de sang sur son visage.

Si elle poussait plus loin, il exploserait.

Hermione sentit son cœur se serrer.

"Bien. Alors je te laisse à ses rapports," dit-elle en se retournant pour partir.

Elle monta lentement une volée de marches.

Le nombre de sujets qu'elle évitait avec Harry et Ron dans le but de ne pas se disputer avec eux avait lentement ouvert un gouffre entre eux.

Essayant de rester concentrée. De rester en mission. Tous ces problèmes personnels et ces disputes qu'elle reportait à un autre jour. En comptant sur le fait que la guerre finirait et qu'ils auraient une chance de régler ça sans compromettre sa concentration ni risquer la vie de quelqu'un.

Mais la guerre avait continué pendant des années.

À présent, ils savaient à peine comment se parler l'un à l'autre. Il y avait tant de ressentiment non exprimé. Tant de choses pour lesquelles ils avaient attendu trop de temps sans parler. Chaque désaccord concernait mille choses de plus que simplement le problème concerné.

L'idée qu'ils puissent un jour réparer ça semblait impossible.

Peut-être qu'il y aurait eu une chance avant Malefoy. Mais à présent…

Hermione était presque certaine qu'elle avait franchi une limite de laquelle ils ne l'autoriseraient pas à revenir. Pour eux, l'ampleur de la trahison briserait les choses de façon permanente.

Le simple fait d'y penser lui donnait du mal à respirer.

Elle se retrouva dans la salle d'entraînement. Elle s'avança, coinça ses pieds sous une armoire utilisée pour stocker des équipements et commença à faire des abdos jusqu'à ce qu'elle ait l'impression qu'on avait injecté de l'acide dans ses muscles.

Elle avait découvert que les exercices de Drago étaient un excellent moyen de canaliser son stress, sa frustration et son chagrin. Elle n'avait jamais l'intention de lui dire, mais elle regrettait de ne pas avoir commencé à s'exercer des années plus tôt. On ne pouvait pas se débarrasser des symptômes physiques du stress avec l'occlumencie. Les canaliser par l'exercice était un excellent moyen de les calmer.

Le pic d'endorphines qui suivait était un avantage additionnel.

Après avoir fait tant de répétitions d'abdominaux qu'elle pouvait à peine se relever, elle se retourna et commença à faire des pompes. Elle était nulle à ça, mais elle était aussi résolue. Elle était déterminée à travailler l'exercice jusqu'à ce qu'elle sache en faire autant d'affilée que ce que Drago avait demandé.

Elle était ruisselante de transpiration et avait l'impression de s'être fait touchée par un maléfice de jambencoton qui aurait agi sur tout son corps quand elle acheva les différentes répétitions. Elle ne faisait qu'un quart des quantités mais elle avait finalement réussi à faire tous les différents exercices.

Elle dévala les escaliers et s'endormit sur le rebord de la fenêtre.

Quand elle se réveilla le matin suivant, son corps entier protesta. Chaque partie d'elle lui faisait mal. Elle descendit les escaliers jusqu'à une salle de bain et prit une longue douche avant que quelqu'un ne se réveille.

Ce soir-là, elle passa mentalement en revue la liste de tout ce dont elle avait besoin pour la procédure de Drago. Elle acheta une bouteille de tequila bon marché au cas où il déciderait d'avoir besoin de quelque chose. Elle doutait qu'il ait jamais goûté d'alcool moldu, et elle décida qu'il méritait de souffrir s'il choisissait d'ignorer son conseil d'apporter le sien.

Alors qu'elle emballait différentes potions, elle sentit quelqu'un passer les protections de son cabinet de potions et elle se retourna pour voir que Harry se tenait derrière elle, gêné.

"Hermione," dit-il, ne croisant son regard qu'un instant avant de baisser les yeux.

"Oui ?" dit-elle prudemment, glissant quelques fioles de plus dans ses poches et sa sacoche.

"Je…" commença-il, puis il s'arrêta.

Elle regarda sa montre. Elle devait retrouver Drago dans sept minutes.

"C'est Ginny qui t'a envoyé ?" dit-elle avec une voix légèrement coupante. Même avant que Ginny et Harry ne commencent à coucher ensemble, Ginny avait fait une affaire personnelle de forcer Hermione et Harry à se réconcilier après une dispute.

"Ouais," dit-il, gêné, fourrant ses mains dans ses poches. La mâchoire d'Hermione se serra.

"Hé bien, tu peux lui dire qu'on a discuté. Ce n'est rien. Pas de rancune. Je suis sûr que tu étais juste fatigué et que tu veillais sur ton meilleur ami," dit Hermione d'un ton dédaigneux, regardant de nouveau sa montre.

Harry ne dit rien, et Hermione commença à avancer en le contournant pour partir. Il attrapa son bras.

"Hermione," dit-il fermement. "Je suis désolé. Et pas juste parce que Ginny m'envoie. J'ai dépassé les limites. J'étais en colère parce que Ron était bouleversé, et je me suis défoulé sur toi. J'ai remis en question la façon dont tu as traité Ginny et Ron, même si je sais que ta priorité est toujours tes patients. Je suis désolé pour ça."

Hermione s'arrêta et regarda Harry, l'expression fermée.

C'était des excuses pour l'avoir insultée et avoir douté d'elle en tant que guérisseuse. Ce n'était pas des excuses envers elle.

Il étudia son visage pendant quelques secondes.

"Tu es l'une de mes meilleures amies," ajouta-il.

Hermione sentit quelque chose en elle s'éteindre. Comme si elle portait une flamme dans son cœur et qu'elle avait été brusquement soufflée pour la laisser dans les ténèbres.

Les mots étaient… une pensée secondaire. Quelque chose à dire parce avait eu l'habitude de le dire avant. Parce que c'était une chose qu'il était censé lui dire.

Elle sentit sa mâchoire trembler.

Elle le regarda. Quelque chose devait se voir sur son visage parce que Harry s'avança brusquement et la serra fort contre lui.

Elle s'accrocha à lui pendant une minute.

"Désolé. Je suis vraiment désolé," dit-il sur le côté de sa tête, la voix étouffée.

Elle essaya de se ressaisir. Elle n'avait ni le temps ni les capacités de gérer ses émotions à ce moment-là.

Elle serra les poings et trembla un moment en lui rendant son câlin, avant de forcer ses murs d'occlumancie à se mettre en place. Il n'y avait pas de place pour Harry à l'intérieur.

"Je suis juste fatiguée. Tu avais raison de t'inquiéter pour Ron. Tu avais raison, je n'ai pas pensé à lui quand j'ai abordé le sujet." Elle se poussa hors des bras de Harry. "Tu es un bon ami pour lui."

Harry la regarda attentivement.

"Est-ce que je suis un bon ami pour toi ?" demanda-il.

Hermione croisa son regard.

"Le meilleur," dit-elle d'une voix calme. "Toujours mon meilleur ami."

Le soulagement se peignit sur les traits de Harry.

"Ginny dit qu'elle veut tester son visage dans un bar moldu alors on est quelques uns à sortir ce soir. Pomfresh a dit que tu n'étais pas de garde ce soir. Tu veux venir ?"

Le cœur d'Hermione se gonfla le temps d'un battement, puis se serra.

"Je ne peux pas," dit-elle. "J'ai promis à l'un des hospices que je viendrais ce soir pour faire des check-up et l'inventaire. Je suis déjà en retard."

"Oh… très bien. Je voulais juste te demander," dit Harry.

"Amuse-toi bien."

Harry hocha la tête. "Je vais aller le dire à Ginny."

Elle hocha la tête et le regarda s'éloigner. Quand il fut parti, elle ferma la porte de son cabinet de potions et s'y tint une minute, essayant de se maîtriser.

Elle laissa s'échapper plusieurs souffles par ses narines puis donna des coups de pieds dans la plinthe jusqu'à ce que la douleur dans ses orteils devienne vive.

Elle ne pouvait pas pleurer. Elle devait effectuer une procédure de guérison complexe. Il n'y avait pas de place dans sa tête pour les émotions. Elle n'avait pas le temps de pleurer à propos de Harry.

Elle pinça les lèvres et essaya de se recentrer.

Après une minute, elle réussit à calmer le maelstrom en elle. À le repousser au fond de son esprit. Elle attendit que sa respiration redevienne régulière. Puis elle sortit du Square Grimmaurd en souriant et en saluant rapidement tous ceux qui étaient prêts à partir à Londres.

Elle avait quatre minutes de retard quand elle entra dans la masure. Drago apparut une minute après.

Il la regarda.

"J'ai presque cru que tu m'avais posé un lapin," dit-il ironiquement.

"Quelqu'un voulait me parler. Je n'avais pas d'excuse pour m'enfuir,' dit-elle en faisant apparaître une petite table et en commençant à sortir son matériel de sa sacoche.

Malefoy la regarda travailler en silence pendant une minute.

"Tu es un hôpital ambulant," dit-il.

"Pas le choix."

Elle arrangea tout dans l'ordre où elle en aurait besoin puis fit venir l'une des chaises.

"Il serra plus facile pour toi de tester ta dextérité sur une chaise que sur une table d'examen," dit-elle. "Tu devrais retirer entièrement ta chemise."

Il commença à la déboutonner pendant qu'Hermione alignait son matériel et le passait en revue une dernière fois.

"Il y a deux façons de soigner des incisions aussi profondes que les tiennes," dit-elle, levant les yeux vers lui. "Sans douleur, mais la cicatrisation du tissu musculaire peut conduire à une limitation de la mobilité de ton épaule sur le long terme. Ou avec douleur, pour s'assurer que le tissu cicatriciel ne se forme pas d'une façon qui interfèrerait avec ta mobilité. J'ai supposé que tu choisirais la seconde."

Il hocha la tête. La regardant attentivement.

"Je peux utiliser des charmes anti-douleur sur les incisions que je ne suis pas en train de soigner, mais je ne peux pas utiliser de potion qui réduirait tes sensations sinon tu ne pourras pas me dire si le tissu cicatriciel se forme correctement. Ça va faire mal."

"J'en suis conscient," dit-il d'une voix dure.

Hermione sortit la tequila et la posa sur la table. "L'alcool aide. En supposant que tu ne deviennes pas complètement bourré, ça aidera la douleur à rester supportable sans réduire les sensations dans ton épaule à un degré qui interfèrerait avec la guérison. C'est un alcool moldu appelé tequila. C'était très bon marché. Je n'ai pas un gros budget pour l'alcool."

Elle sortit un philtre de Paix. "Une double dose de philtre Calmant aide aussi. Être tendu n'aidera pas."

Elle tendit à Drago la grande fiole de philtre Calmant et le regarda la boire.

"Prêt ?" dit-elle. Elle ne s'était pas sentie aussi nerveuse à propos d'une procédure de guérison depuis longtemps.

Il enfourcha la chaise et elle commença.

Elle fit soigneusement pousser une section de tissu cicatriciel puis la fit pivoter complètement, l'agrandit et l'attacha à son omoplate. Elle tira. Elle lança un sort pour aider à relâcher les tissus mais elle continua à tirer. Elle dut en couper une partie et la faire repousser.

Morceau par morceau.

Du sang coulait des autres runes car ses mouvements les agitaient continuellement.

Elle arrangea le tissu cicatriciel de quatre runes avant que Drago ne craque finalement et fasse apparaître sans baguette une bouteille de whisky pur-feu millésimé.

Elle ne dit rien, s'arrêtant le temps qu'il arrache le bouchon avec ses dents et déglutisse pendant plusieurs secondes. Puis il la posa fermement à côté de la bouteille de tequila et laissa tomber sa tête sur le dos de la chaise.

"Putain. Putain. Putain," marmona-il.

"Désolée," dit-elle, gênée, en posant légèrement sa main sur son épaule alors qu'elle se remettait au travail.

"Laisse tomber, Granger," gronda-il. Son visage était pâle, et il agrippait si fort le bord de la chaise que ses phalanges en étaient blanches.

Il but entre chaque rune après ça.

Le temps qu'elle commence sur l'autre omoplate, il était passé au-delà de l'enivrement et atteignait le premier stade de l'ivresse.

"Putain de merde," grogna-il à voix basse. "J'ai toujours dit que tu étais vraiment une garce absolue. Tu n'as pas besoin de me le montrer."

Hermione pinça fermement les lèvres, partagée entre l'offense, l'amusement et la sympathie.

"Une garce qui te soigne," dit-elle.

Il s'esclaffa.

"Apparemment."

Il ne parla plus, excepté pour répondre à ses questions sur le tissu cicatriciel jusqu'à ce qu'elle ait fini. Elle nettoya tout le sang de son dos.

Elle appliqua doucement plusieurs analgésiques et une couche finale de potion crémeuse pour aider le nouveau tissu à se fixer correctement. Les cicatrices étaient d'un rouge vif.

Elle regarda sa montre. Il était bien au-delà de minuit. Cela avait pris plus de temps que ce à quoi elle s'attendait.

"Très bien," dit-elle. "J'ai fini."

Malefoy soupira de soulagement et avala le reste du whisky pur feu avant de poser cette seconde bouteille sur la table à côté de la première.

Il resta immobile pendant plusieurs secondes comme s'il reprenait ses marques. Puis il pencha la tête sur le côté et regarda la bouteille de tequila.

"Qu'est-ce que c'est que ce truc ?" dit-il en l'attrapant par le col et en l'inspectant.

Il ne montrait presque aucun signe d'ivresse. Ses mots étaient clairs et ses mains ne tremblaient pas. Hermione n'avait jamais vu quelqu'un boire tant d'alcool et demeurer aussi inaffecté de l'extérieur.

Il était terrifiant de voir à quel point il se contrôlait.

"Ne bois pas ça. C'était vraiment bon marché. Tu viens juste de boire un alcool millésimé qui vaut une centaine de Gallions. N'y ajoute pas ça."

Il n'était pas enclin à l'écouter. Il dévissa le bouchon, renifla la tequila et prit une gorgée curieuse. Il recracha immédiatement sur le sol.

"Putain ! C'est du vernis. Tu m'empoisonnes maintenant, Granger ?"

"J'avais vu ça comme une punition si tu choisissais de ne pas me croire et de ne pas amener ta propre boisson," dit ironiquement Hermone. "On m'a dit que ça avait meilleur goût avec du sel et un quartier de citron vert."

"On t'a dit ?"

"Je ne bois pas beaucoup, et surtout pas dans le monde Moldu," lui rappela Hermione.

"Tu ne sais même pas ce que tu achètes." Sa bouche était toujours grimaçante, comme s'il ne pouvait pas se débarrasser du goût sur sa langue.

"J'ai juste cherché quelque chose de pas cher avec un fort taux d'alcool," dit-elle.

"Ça ne devrait pas me surprendre. Ta conception de s'enivrer c'est de boire du porto et te prendre pour un troll sous un pont," dit-il, s'esclaffant légèrement.

Hermione prit une expression acerbe en finissant de ranger son matériel de guérison. Elle fouilla dans son sac et jura intérieurement. Elle avait oublié d'apporter une potion de sobriété. Elle l'avait notée sur sa liste mentale, mais elle était sortie de son esprit quand Harry était arrivé.

"Hé bien, j'ai fini. Est-ce que tu peux transplaner ?" demanda-elle, le regardant avec attention. Elle ne pensait pas que ça soit possible.

Il sembla considérer la question pendant plusieurs secondes. Penchant la tête d'un côté puis de l'autre et haussant un sourcil.

"Je ne pense pas que ça serait médicalement conseillé," dit-il enfin.

Elle soupira de soulagement. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle aurait fait s'il avait essayé de prétendre qu'il était sobre. Elle se demanda si elle serait capable de le stupéfixer s'il ne la laissait pas faire.

"Bien. Hé bien, veux-tu que je fasses apparaître un lit pour toi ? Je suis douée pour ça," demanda-elle.

"Impatiente de partir ?" dit-il, se levant et lui jetant un regard perçant. Il ne paraissait pas du tout être ivre. "Tu as quelqu'un qui t'attend ?"

La question la prit de court. Elle cilla et pensa à tous les autres qui étaient partis au bar sans elle.

"Non," dit-elle en secouant la tête.

"Moi non plus," annonça-il. Puis d'un mouvement de la main, sans baguette ni incantation, une autre bouteille d'Ogden's Old apparut. "Buvons."

Elle le fixa. Elle n'avait pas anticipé que la soirée prendrait une telle direction.

Il devait être ridiculement saoul. Avec la quantité de whisky Pur-Feu qu'il avait bue, il aurait dû être inconscient.

"Je ne pense pas que ça soit une bonne idée,' dit-elle, dérivant vers la porte.

"Allez, Granger," dit-il sur un ton amadouant en avançant vers elle, bouteille en main. Il était toujours sans chemise. "La petite guérisseuse solitaire de l'Ordre. Essaie de boire dans un endroit qui ne soit pas le lit d'un ruisseau."

Hermione fonça dans le mur alors qu'elle s'éloignait de lui à reculons. Il la surplombait, et elle dut pencher la tête en arrière pour maintenir le contact visuel. Il lui fit un petit sourire narquois.

"Tu devrais te sentir privilégiée. Je bois rarement en compagnie de quelqu'un. Je ne m'enivre jamais près de quelqu'un. C'est vraiment une très mauvaise idée. Occulmancie de mauvaise qualité. Réflexes ralentis. Très mauvaise idée."

"C'est ce que tu avais dit," pointa Hermione, glissant sa main dans son dos en essayant de trouver la poignée de la porte.

"Ah oui ?" Il cilla. "Tu vois ? D'une certaine façon… quand tu es concernée…" il soupira et posa son front au sommet de la tête d'Hermione. Hermione se figea d'étonnement.

Sa main vide se leva et il effleura légèrement la joue d'Hermione du bout de ses doigts. Faisant glisser son pouce le long de sa pommette. Le souffle d'Hermione se bloqua dans sa gorge.

"Tu m'inspires de très mauvaises décisions. Quelque chose chez toi. Je n'arrive pas à comprendre." Il leva la tête et recula juste assez pour pouvoir la regarder. "Qu'est-ce qui te rend si spéciale ?"

Hermione trouva la poignée de la porte et la fit pivoter, essayant de tirer sur la porte pour l'ouvrir. Elle ne bougea pas. Elle baissa les yeux et découvrit que le bout de la chaussure de Drago était posé contre.

Elle leva les yeux et il lui fit un petit sourire satisfait.

"Allez Granger. Où est ton courage de Gryffondor ?" dit-il avec la voix basse, venant du fond de sa gorge, si bien qu'elle paraissait rauque. "Bois avec moi. Je t'appellerai même Hermione."

Elle frissonna au son de son prénom qui sortait de la bouche de Drago. La manière concise et précise avec laquelle il parlait habituellement avait disparu. Il était terriblement joueur. Comme un Fléreur avec un gnome entre ses griffes.

Elle essaya de nouveau d'ouvrir la porte. Il sembla s'approcher d'elle. Il y avait à peine un espace entre eux. Elle pouvait sentir la chaleur de son torse nu sur son visage. Les yeux de Drago étaient à demi clos mais ils brillaient alors qu'il avait les yeux baissés vers elle.

Le rythme cardiaque d'Hermione commença à accélérer progressivement. Elle était sur le point de lui demander de la laisser partir. Ou de lui dire qu'il lui faisait peur.

Elle ouvrit la bouche pour le lui dire. Puis elle se ressaisit.

Elle devrait rester.

Drago Malefoy se donnait à elle ivre sur un plateau d'argent.

Si elle avait jamais rêvé d'une ouverture, c'était maintenant. L'opportunité ne se représenterait jamais. Il avait de lui-même admis qu'il faisait une erreur. Que c'était un risque."

Rester était un risque pour elle, lui chuchota une voix dans un coin de son esprit. Elle trembla légèrement et l'ignora.

Elle devait rester.

Elle essaya de ne pas montrer ouvertement son changement d'avis.

"Je n'ai pas peur," dit-elle, levant le menton et enlevant sa main de la poignée de porte.

Il eut un rictus. "Vraiment ?"

"Vraiment," dit-elle, faisant un minuscule pas vers lui. Il y avait à peine la place de bouger.

Elle attrapa la bouteille d'Ogden's de la main de Malefoy et l'observa. Elle était vieille de quatre-vingt ans. Elle enleva le bouchon et renifla le whisky.

Elle était un poids plume, mais elle doutait de pouvoir faire semblant de boire. Drago le remarquerait.

Et elle avait besoin de courage. Elle n'avait aucune idée de ce qu'un Drago Malefoy aux inhibitions allégées pouvait faire. La pensée la glaça de terreur.

Elle croisa le regard amusé de Drago et prit une gorgée.

L'un d'entre eux était sur un plateau. La question était simplement de savoir qui.