Chapitre 44 - Flashback 19

Octobre 2002

La fois suivante, quand Hermione arriva à la masure, Drago apparut l'air visiblement ennuyé, portant un gramophone.

Elle le regarda attentivement. "Je pense que j'ai raté quelque chose."

"Rassure toi, Granger, si j'avais pu trouver une meilleure solution, je l'aurais fait." Il fit apparaître une table et y posa le gramophone. Il agita sa baguette et une musique commença à s'élever.

"Est-ce que c'est…" s'étrangla légèrement Hermione en le regardant avec incrédulité. "Est-ce que tu veux qu'on danse ?"

"La valse." Il se tourna pour la regarder. "Tu bouges comme un pingouin quand tu te bats en duel."

Hermione sentit ses joues brûler.

"Absolument pas," aboya-elle.

"J'ai passé considérablement plus de temps à te regarder te battre que toi, et crois-moi, c'est le cas." Il sourit avec dérision. "Tu es lente et maladroite et la seule raison pour laquelle je te ne touche pas plus c'est parce que je fais exprès de ne pas viser."

Hermione ravala une réplique.

"Alors tu penses que la solution c'est de danser la valse ?"

"Oui. Tante Bella était l'une des danseuse les plus exceptionnelle avec lesquelles j'ai eu le malheur d'être apairé. Elle se battait avec une fluidité identique. Je sais que tu peux danser. Nous avons juste besoin de transférer le mouvement au duel."

Hermione y réfléchit un moment, puis elle hocha la tête et et mit sa sacoche de côté. "Très bien."

Drago marcha vers elle avec l'expression de quelqu'un qui préférerait qu'on lui envoie un coup de poing dans la tête plutôt que de faire ce qu'il était sur le point de faire.

Il leva sa main gauche pour qu'elle la prenne. Puis il serra la mâchoire et glissa sa main droite sous le bras d'Hermione, la plaçant sous son omoplate avant de la tirer plus proche de lui jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que quelques centimètres entre eux. Hermione avait l'impression de respirer à peine.

Elle leva les yeux vers le visage de Drago en posant sa main gauche en haut de son bras, près de son épaule.

Il restèrent en position, sans bouger, se regardant juste l'un l'autre. Elle pouvait voir la tension dans sa mâchoire et la ligne pincée de sa bouche alors qu'il se moquait presque d'elle. Elle pouvait aussi voir ses yeux et, en croisant son regard, elle put voir que ses iris s'élargissaient avant qu'il ne lève brusquement le menton et regarde autour de lui.

Elle sentit ses doigts tressaillir contre son dos avant qu'il ne les immobilise.

"Alors." Sa voix était dure alors qu'il avait toujours le regard ailleurs. "La danse qui représente le mieux la rapidité et la fluidité que je veux que tu développes est la valse de Vienne. Ce sont des pas extrêmement faciles à apprendre, si la femme est réactive et douée pour suivre le lead d'une autre personne. Étant donné que personne ne te qualifierait de l'un ou de l'autre, je me suis résigné à ce qu'il faille un temps considérable avant que tu y arrives avec un semblant de grâce."

Il lui fit un sourire condescendant.

Hermione sentit l'indignation et la détermination monter en elle et elle se raidit légèrement avant que ça ne lui vienne à l'esprit : Drago ne voulait clairement pas la "tenir" dans ses bras ; il essayait de la provoquer pour qu'elle s'efforce d'y arriver vite pour mettre fin à leurs "leçons de danse" aussi vite que possible.

Elle lui fit un de ses petits sourires.

"Je ferai de mon mieux," dit-elle, et elle se mélangea un peu les pieds, marchant "presque" sur les orteils de Drago.

"Alors, s'il-te-plait, ne me marche pas sur les pieds." Il lui jeta un regard méprisant. "Je préfèrerais ne pas devoir aller chez le guérisseur parce que ta maladresse m'aurait fracturé un os.

"Je le soignerais pour toi," dit-elle avec une gentillesse feinte.

Il lui jeta de nouveau un regard méprisant et commença brusquement à bouger. Hermione essaya de suivre mais leurs genoux se cognèrent. Elle glapit et il jura.

"Préviens avant de commencer à bouger," dit-elle d'une voix tendue alors que son genou la lançait.

"Essaie de suivre mes pas," aboya-il. "C'est pour se battre en duel. Personne ne va te 'prévenir' avant de t'attaquer. Il faut que tu aies juste l'instinct de bouger."

Hermione serra la mâchoire et elle souffla.

"Bien."

"Recommençons."

Hermione n'eut pas besoin de prétendre être maladroite en dansant avec Drago. La vitesse à laquelle il s'attendait à ce qu'elle valse était presque à se briser le cou. Il n'était pas patient. En fait, il semblait déterminé à rendre ça aussi désagréable que possible ; probablement pour la motiver.

Ses orteils la lançaient, et elle était presque certaine que les bottes en cuir de dragon de Malefoy étaient renforcées avec de l'acier aux orteils parce qu'il la frappa accidentellement dans le tibia et elle crut qu'il lui avait fracturé quelque chose.

Elle tomba sur le sol avec un grognement et serra sa jambe.

"Tu es le pire professeur de danse de la planète," aboya-elle, et elle leva son pantalon pour voir qu'une ecchymose violette commençait déjà à s'étaler sur sa peau.

"Comment vais-je pouvoir vivre ?" dit-il sèchement, sans même baisser les yeux vers elle. "Mon ambition secrète est ruinée."

"Est-ce que tu essaies de me casser la jambe ? Pourquoi portes-tu des bottes de combat ?" dit-elle d'une voix furieuse.

Malefoy lui jeta vivement un regard et vit sa jambe. Son expression vacilla pendant une fraction de seconde avant qu'il ne retrouve son masque d'indifférence. "Je ne m'attendais pas à ce que tu sois si maladroite," dit-il.

"Tu es vraiment un bâtard," dit Hermione alors qu'elle faisait venir sa sacoche et se mettait à fouiller après son kit de guérison.

"Et pourtant la plupart de ton petit Ordre serait mort à présent sans moi." Drago lui jeta vicieusement un regard méprisant. "À présent je suis plus leur sauveur que Saint Potter ne le sera jamais, et je te possède, donc tu n'as vraiment pas de quoi te plaindre."

Hermione se sentit pâlir alors que la fureur l'envahissait. Elle le détestait. Elle le détestait. Elle le détestait et elle le désirait quand même, et cela la faisait le détester encore plus.

Mais elle se détestait possiblement encore plus parce qu'il avait raison à propos de l'Ordre. La guerre en Grande-Bretagne était actuellement dans une impasse, après des années de lente défaite de leur côté. L'Ordre était toujours comparativement fortement désavantagé, mais Voldemort remportait de moins en moins de victoires depuis que Malefoy avait commencé à espionner. L'aide de Drago avait mis la balance de la guerre à l'équilibre, et il le savait.

Il tenait l'Ordre dans le creux de sa main.

C'était la forme de survie la plus précaire possible parce qu'ils ne savaient pas s'il pouvait un jour simplement les laisser tomber.

"J'essaie," dit-elle d'une voix tremblante alors qu'elle étalait un baume contre les ecchymoses sur sa peau. "Si tu m'avais avertie, j'aurais trouvé un livre et je me serais entraînée aux pas avant de venir. Ce n'est pas comme si je n'y arrivais pas intentionnellement. Je ne les connais pas. Tu pourrais essayer de communiquer un peu plus."

Il la regarda pendant quelques instants avant de détourner les yeux. "Hé bien, maintenant, tu sais. Alors entraîne-toi."

Il disparut dans un craquement furieux.

Hermione resta derrière. Elle enleva ses chaussures pour vérifier que ses orteils n'étaient pas fracturés et rumina sur l'incroyable trou du cul qu'était Drago. Elle soupira et enfouit son visage dans ses mains.

Le pire était qu'elle ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. Si quelqu'un faisait à Hermione ce qu'elle était en train de faire actuellement à Drago, et en réussissant apparemment, elle aurait du mal à ne pas lui en vouloir et aurait aussi envie de lui faire mal. Ça devait le ronger de savoir qu'elle le manipulait émotionnellement et qu'il était toujours attiré par elle. C'était quelque chose de vicieux et de cruel à faire à quelqu'un.

Surtout à lui.

Tout ce qu'elle apprenait sur lui la faisait se sentir encore plus coupable.

Elle ravala sa culpabilité. Drago Malefoy était une arme à double tranchant, tout aussi capable de détruire l'Ordre que de l'aider. À moins qu'elle ne le tienne en laisse, il était une menace.

Ce n'était pas comme si elle aimait ça. Il devait sûrement le savoir aussi.

Elle ne mentait pas. Elle n'était pas malhonnête. C'était pour ça que ça fonctionnait. Qu'il sache que sa motivation ne changeait pas la véritable connexion qui s'était forgée entre eux. C'était pour ça que c'était si horrible. C'était réel, mais elle s'en servait comme d'une arme.

Elle quitta la masure et transplana au magasin de livres pour trouver un livre qui expliquait comment danser la valse de Vienne.

La semaine suivante, Drago était tout aussi hargneux, mais il avait eu la courtoisie de mettre des chaussures différentes. Quand Hermione arriva, elle s'assit devant lui et s'affaira à métamorphoses ses baskets de récolte en une paire de chaussures à talons.

"Tu prévois de porter des talons pour te battre également ?" demanda-il, haussant un sourcil alors qu'il avait les yeux baissés vers elle. Il avait un sourire condescendant.

"Le livre que j'ai lu disait que j'étais censée être sur la pointe des pieds. C'est plus facile de s'habituer aux pas et à la fluidité si mes pieds sont déjà dans la bonne position. Je remettrai mes baskets une fois que tu trouveras que j'aurai un semblant de grâce," dit-elle, levant le menton.

"Tu as besoin de meilleures chaussures. Ces choses moldues que tu portes sont inutiles," dit-il avec un air méprisant.

Hermione rougit. La plupart de ses vêtements venait de conteneurs de vêtements moldus. De bonnes chaussures à sa taille étaient difficiles à trouver. Elle gardait sa paire actuelle en état avec des Reparo.

Drago Riche Branleur Malefoy ne savait probablement même pas combien coûtait une paire de bottes en cuir de dragon.

"Elles remplissent leur fonction," dit-elle d'une voix tendue. "C'est tout ce dont je me soucie."

Elle se leva.

"Si ça ne te dérange pas, si tu commences plus lentement et que tu accélères ensuite, je pense que je serais capable de mieux te suivre," dit-elle.

Drago leva les yeux au ciel. "Ok."

Il ne baissa même pas les yeux vers elle alors qu'il tendait les mains et qu'elle s'avançait entre elles pour se mettre en position. Elle était prête quand il avança en avant sans avertissement. Elle recula son pied droit et fit un petit pas rapide alors qu'elle s'autorisait à se faire pivoter sur un pied, et il fit un grand pas en arrière et elle le suivit avec son pied gauche.

C'était, comme il l'avait dit, des pas extrêmement faciles techniquement parlant. La difficulté était la vitesse et le fait de faire confiance à la façon de mener la danse de Malefoy ; se forcer à se détendre assez pour le suivre instinctivement plutôt que réactivement.

Le suivre n'était pas difficile en théorie ; on lui avait clairement appris à danser. Il avait une excellente posture et bougeait avec la fluidité d'un chat. Malheureusement il était aussi un trou du cul qui essayait intentionnellement de rendre la danse avec lui aussi désagréable que possible, pendant qu'elle essayait de s'adapter à un nouveau pas qui impliquait de tourner ensemble dans le sens des aiguilles d'une montre tout en se déplaçant dans la pièce dans le sens inverse des aiguilles d'une montre.

Il marcha sur ses orteils huit fois en vingt minutes, et Hermione pensait que ça avait été plusieurs fois été intentionnel.

"Pour l'amour du ciel, Drago !" Hermione lui donna un vif coup de pied dans le tibia après qu'il lui ait écrasé le pied droit de façon particulièrement douloureuse. "Nous allons passer un temps considérablement moins long à danser ensemble si tu me laisses juste une chance de m'habituer aux pas. Ça prendra plus de temps si tu me casses les orteils."

"Y-a-t-il quelque chose que tu saches faire sans te plaindre ?" dit-il avec un regard méprisant alors qu'elle se baissait pour examiner l'appendice blessé.

"Je ne sais pas. Y en a-t-il ?" dit-elle froidement, se relevant et carrant les épaules. Elle croisa son regard en levant les bras en position de valse avant qu'il ne puisse le faire.

Son expression vacilla et il hésita momentanément. Elle lui fit un rictus espiègle et l'expression de Drago se fit brièvement meurtrière et il la tira dans ses bras et contre son torse. Elle leva les yeux vers lui.

"À moins que pour une raison tu ne puisses pas le faire, peut-être qu'on pourrait essayer de danser la valse de Vienne normalement," dit-elle d'un ton neutre mais légèrement piquant. "Après tout, c'était ton idée. Au plus vite je maîtriserai la fluidité, au plus vite on pourra en revenir à se jeter des maléfices."

"Un accomplissement vivement souhaité," dit-il avec une expression froide.

Il bougea plus lentement. Hermione n'était en fait pas une mauvaise danseuse, elle manquait juste vraiment de pratique et était dans les bras de quelqu'un de physiquement distrayant et personnellement malveillant.

Après une heure, elle était capable de le suivre à pleine vitesse sans qu'aucun d'entre eux n'insulte l'autre.

Finalement il s'arrêta.

"C'est assez bien. Commence à penser à comment utiliser la fluidité quand tu te bats," dit-il, dégageant ses cheveux de son visage et essuyant son front.

"Bien. Je vais juste valser dans la salle d'entraînement, je suis sûre que personne ne le remarquera," dit acerbement Hermione entre deux souffles pantelants. Elle transpirait et pouvait sentir sa chemise coller à son dos entre ses omoplates. Des mèches de cheveux collaient à son cou.

Malefoy paraissait frais comme un concombre. Il avait probablement des charmes de régulation thermique sur tous ses vêtements. Bien qu'il semblait quand même légèrement transpirer.

Hermione tira sur sa chemise pour qu'elle arrête de coller à son torse et lança un sort rafraîchissant avant de faire apparaître une tasse et de l'eau.

"C'est ta vie," dit-il froidement, puis il sortit un rouleau. "Le Seigneur des Ténèbres devient frustré de toutes les missions de sauvetage. Il fait travailler le Sussex sur quelque chose pour les empêcher. Je n'ai pas vraiment accès à ce bâtiment, mais l'Ordre devrait se préparer à l'éventualité de ne plus pouvoir sauver les gens pour longtemps."

Hermione déglutit avec difficulté.

"Je n'avais pas réalisé que Dolohov avait de multiples talents," dit-elle finalement.

"Il n'en a pas," dit Drago, faisant apparaître son propre verre d'eau. "Maintenant que la plupart de l'Europe est conquise, le Seigneur des Ténèbres est capable de rassembler un certain nombre de scientifiques ambitieux avec peu d'éthique. Tu sais, le Sussex s'étend au-delà du développement de sorts. Il est remarquable de voir les avancées magi-scientifiques qui peuvent être faites quand les scientifiques peuvent faire ce qu'ils veulent avec leurs sujets de test."

Hermione avait l'impression que quelque chose en elle s'était effondré pour laisser un vide. "Je vois… je suppose que ce n'est pas très surprenant. Des choses similaires sont arrivées pendant la deuxième guerre mondiale des Moldus."

Drago hocha la tête et eut l'air fatigué. Plus que fatigué ; c'était comme si son âme brillait à travers ses yeux argentés, et qui était presque transparente à l'intérieur.

"Comment es-tu au courant de la seconde guerre mondiale ?"

Les yeux de Drago brillèrent durement comme des diamants. "Comme précédemment mentionné, je sais lire. Pourquoi est-ce que je ne l'étudierais pas ? Il est évident que c'est de là que viennent les idées du Seigneur des Ténèbres. La propagande est similaire. Les mêmes tactiques. Il a appris des erreurs de Hitler ; il ne perd pas son temps avec la Russie, et il fait attention à éviter de provoquer le Congrès magique des États-Unis d'Amérique le plus longtemps possible. Bien que je ne sache pas ce qu'ils auront l'intention de faire quand il essaiera de renverser le Secret Magique."

Hermione hocha la tête. "Nous avons essayé d'appeler à l'aide, mais apparemment le génocide n'est pas une raison d'intervenir. Les autres pays ont besoin de gérer leurs propres problèmes, tu sais ; le Congrès magique des États-Unis d'Amérique ne sont pas les Aurors du monde. Ils n'acceptent même pas les réfugiés. Sans au moins quelques années pour les examiner. Même les enfants. Apparemment il y a trop de risque de ramener des extrémistes européens sur leur sol, et nous n'avons même pas d'enregistrement légal pour la plupart des plus jeunes…"

Sa voix s'éteignit. Elle leva les yeux vers lui avec sérieux. "Penses-tu que nous pouvons gagner, Drago ?"

Elle avait envie d'entendre la réponse de sa part plus qu'elle ne voulait l'entendre de qui que soit d'autre. Ron, Harry, Fred, même Kingsley ou Maugrey… ils mentiraient tous, ou choisiraient de voir les choses avec optimisme. Mais Drago Malefoy ne mentirait pas à ce propos. Pour certaines raisons, elle en était certaine. Il lui dirait ce qu'il pensait vraiment être possible.

Il soupira et s'adossa contre le mur. "Quelle importance, ce que je pense ?"

"Je vis parmi les idéalistes, mais tout ce que je vois c'est de plus en plus de cadavres. Je veux entendre l'avis de quelqu'un qui sait réellement comment c'est là bas et qui ne croit pas que l'optimisme puisse améliorer les chances."

"Tu es bien consciente que je pense que ton Ordre est largement composé d'idiots." Son expression était amère. "Bien que j'aie remarqué que Shacklebolt et Maugrey fassent occasionnellement les choix stratégiques quand ils peuvent s'en laver les mains."

Il gratifia Hermione d'un regard acéré, qu'elle lui retourna sans ciller.

"Je ne vois pas comment vous pouvez gagner en gardant la politique contre l'utilisation de la magie noire. Encore une fois, Potter est un idiot qui est toujours en vie. Il a le talent le plus inhabituel pour la survie que je n'aie jamais vu ; une puissance aussi, s'il avait la volonté de l'utiliser réellement. Si on en arrive à un duel entre le Seigneur des Ténèbres et Potter, je donnerais à l'Ordre une chance sur quatre, sur la base de l'éternelle chance improbable de Potter. Mais si la guerre est basée sur plus que ça…" il essuya son front "les chances sont beaucoup plus faibles. Pour le dire gentiment."

"Pourquoi nous aider alors ?"

Il haussa un sourcil et son expression devint réservée et moqueuse. "Ne penses-tu pas que tu en vailles la peine ?"

"Ah oui, ta rose dans un cimetière." Elle détourna les yeux, reniflant légèrement, et lissa ses vêtements. "Tu t'es fait faire ces runes pour moi ?"

Ses yeux lancèrent des éclairs pendant un moment, puis il secoua la tête.

"Pourquoi alors ?" demanda-elle en l'étudiant.

Il la fixa et son expression vacilla. Il avait l'air amer. Blessé. Ses yeux furent calculateurs pendant plusieurs secondes alors qu'il la regardait, puis son expression se referma.

"Ça n'a pas d'importance."

Hermione commença à ouvrir la bouche. Elle voulait argumenter, pointer le fait que ça avait de l'importance ; que s'il cessait d'être énigmatique elle ne serait pas forcée de le manipuler. Mais elle ne pouvait pas dire ça, et il le savait déjà. Quelle que soit sa motivation, il ne faisait pas confiance à l'Ordre pour ne pas l'utiliser contre lui.

Ils savaient tous les deux que l'Ordre le ferait.

"Je suppose que non." Elle soupira et s'assit pour métamorphoser ses chaussures.

Elle se prépara à sortir et jeta un regard en arrière à Drago quand elle fut à la porte. Il était appuyé contre le mur, ses yeux se détournant d'elle quand elle se retourna.

"Ne meurs pas, Drago."

Il la fixa pendant un moment avant de sourire.

"Seulement parce que tu me l'as demandé, Granger." Son ton était dégoulinant de sarcasme.

Il était toujours appuyé sur le mur quand elle ferma la porte derrière elle.

Leurs mardis en étaient venus à être composés d'une étrange combinaison de danse et de duel. Drago l'entraîna avec détermination jusqu'à ce qu'elle puisse esquiver avec fluidité et bouger de la façon dont il voulait qu'elle bouge. Il avait eu raison ; la danse et le duel faisaient appel à un type de capacité à réagir similaire et Hermione l'avait saisi rapidement.

Cela l'énerva légèrement quand elle réalisa que ses mouvements et techniques lui rappelaient de plus en plus ceux de Bellatrix.

Elle aurait presque pensé qu'elle devenait bonne, mais Malefoy n'utilisait jamais sa main gauche. Elle se demandait comment il se battait quand il essayait vraiment.

Il arrivait parfois avec des blessures remarquables mais refusait froidement de la laisser le soigner.

Le temps qu'ils passaient ensemble devenait de plus en plus long. La formation au duel demandait des pauses toutes les demi-heures pour se rafraîchir et s'hydrater. Hermione essaya de lui parler mais il l'ignorait la plupart du temps, et quand il répondait à ses questions, il semblait mentir.

Occasionnellement, Hermione était rappelée brusquement à la suite d'une escarmouche, mais les Mangemorts n'avaient pas tendance à attaquer tôt le matin.

La tension de la guerre semblait infiniment tendue, comme si le fragile équilibre pouvait basculer à tout moment. La tension entre Hermione et Drago était similaire.

Quand le mois de décembre arriva, elle avait l'impression que l'air entre eux vibrait quand ils étaient ensemble. Colère. Ressentiment. Désespoir.

Drago semblait se rapprocher de ses limites ; comme s'il était légèrement érodé par le stress. Elle ne savait pas si c'était simplement le stress de la guerre ou si elle y contribuait.

Il arriva un jour l'air pâle, avec du sang qui coulait de sa main gauche. Il l'avait presque mordue la dernière fois qu'elle avait essayé de le soigner, alors Hermione essaya de l'ignorer. Quand il n'eut toujours pas arrêté de saigner après une demi-heure, elle pivota finalement vers lui alors qu'elle évitait un maléfice et lui lança un charme de diagnostic. Elle le regarda pendant moins d'une seconde.

"Espèce d'idiot !" Elle fut forcée de se reculer sur le sol et se lança dans un saut périlleux pour éviter la rapide et furieuse succession de stupéfix qu'il lui envoya. "Tu ne peux pas ignorer les morsures de vampire."

Elle envoya une demi douzaine de sorts de trébuchement vers ses pieds et pendant qu'il les évitait, elle fit fouetter sa baguette vers le haut et réussit à lui toucher le front avec un stupéfix.

Il tomba et elle le regarda avec étonnement, s'attendant à moitié à ce qu'il se relève subitement. Elle fut choquée d'avoir réellement réussi à le toucher. Puis il lui vint à l'esprit que son succès était plus probablement dû à sa perte de sang qu'à son talent pour le duel. Elle se dépêcha de lui lancer un autre sort de diagnostic.

Il avait perdu une quantité inquiétante de sang. Il avait été mordu quelque part sur son bras, avait une hémorragie interne et une plaie ouverte sur le flanc.

Elle fit apparaître un lit et le fit léviter dessus. Elle n'hésita qu'un moment avant de s'asseoir sur le bord du lit à côté de lui. Même inconscient, Drago avait l'air tendu. Elle tendit timidement la main et toucha sa peau. Puis elle passa le bout de ses doigts entre ses yeux, essayant d'effacer le stress de son expression.

Elle lança un sort pour déboutonner ses robes et sa chemise puis, avec un sort de lévitation partielle dont elle avait l'habitude, elle le tira pour qu'il repose contre elle et elle poussa tous ses vêtements de ses épaules et des ses bras. Sa tête tomba contre son épaule, et elle ne put s'empêcher de remarquer les cicatrices des runes. Elles s'étaient stabilisées en des cicatrices argentées en travers de ses omoplates. Elle passa légèrement les doigts dessus et en sentit la magie ; froide et implacable. Gravée dans son être. La magie frissonna légèrement sous son toucher.

Sa peau était anormalement froide.

Elle le remit sur le dos dans le lit et l'observa. Il avait été mordu au biceps, deux ponctions profondes qui furent aisément soignées. Le problème le plus sérieux était son torse qui était tacheté d'ecchymoses profondes qu'Hermione suspectait de provenir d'un sortilège d'Expulsion à bout portant, possiblement d'une escarmouche avec l'Ordre qui avait eu lieu la nuit précédente. Il avait une entaille sur le flanc qui avait l'air de dater de plusieurs jours mais avait recommencé à saigner à cause de la morsure de vampire.

Elle fait venir sa sacoche et en sortit son kit. Elle versa plusieurs potions dans la gorge de Drago puis entreprit de réparer la blessure de son flanc.

Il était un idiot, et elle se sentit glacée par l'inquiétude quand elle se rendit compte qu'il ne s'occupait pas de ses blessures. Dans le passé, il avait été dans une excellente condition physique quand elle l'avait soignée.

Il avait d'innombrables cicatrices sur les bras et le torse qui n'y étaient pas auparavant. Elle pouvait dire en les regardant qu'il les avait juste ignorées et les avait laissées guérir toutes seules plutôt que d'aller voir un guérisseur.

Peut-être qu'il avait renvoyé son précédent guérisseur après qu'il ne lui ait offert aucune solution pour ses runes. Même si la magie était noire, aucun guérisseur compétent n'aurait pu être aussi ignorant et prétendre qu'il n'y avait pas de solution à moins d'avoir été volontairement négligent.

Il avait pourtant dit qu'il avait un nouveau guérisseur. Quand elle lui avait proposé de le soigner, il avait insisté sur le fait que quelqu'un s'en occuperait.

Il était intentionnellement imprudent.

Peut-être qu'il le faisait pour se punir lui-même. Si elle le faisait dévier de son… expiation, ou quoi que ce fut. Hermione se mordit la lèvre. Peut-être qu'il négligeait intentionnellement son bien-être pour se concentrer. Ou… il était possiblement en train de tester ses limites.

Elle essaya de ne pas s'attarder sur cette possibilité.

Elle sortit une pâte pour les ecchymoses et l'étala sur son torse puis murmura des sorts sur ses cicatrices pour les aider à guérir et à s'estomper.

Elle lança un nouveau sort de diagnostic et l'étudia attentivement pour s'assurer qu'elle n'avait pas manqué de blessures.

Une fois qu'elle fut certaine qu'il n'y avait rien d'autre dont elle devait s'occuper, elle prit sa main, entortilla ses doigts avec ceux de Drago et pressa le dos de sa main contre sa joue. Attendant que sa peau recommence lentement à se réchauffer pendant que la potion de régénération sanguine faisait effet.

Elle balaya les cheveux de Drago hors de son visage et le regarda, suivant ses traits du regard et observant ses couleurs revenir lentement.

Puis quand il fut indéniablement chaud, elle retira ses mains et lança un sort de nettoyage sur ses vêtements et le redressa. Ses robes étaient souillées de magie noire, comme si elle était tissée dans le tissu.

Elle se demanda si elle devait rester où elle était ou aller de l'autre côté de la pièce pour le réanimer.

Elle resta.

Elle avait à peine fini de prononcer le sort quand il surgit, attrapa Hermione par la gorge et l'écrasa contre le matelas avant qu'elle ne puisse crier de surprise. Sa main resta sur le cou d'Hermione, et elle put sentir plusieurs de ses épingles à cheveux se planter dans son cuir chevelu alors qu'il l'épinglait. Les yeux de Drago étaient désorientés, mais son expression était enragée. Leurs visages n'étaient séparés que de quelques centimètres.

Elle regarda son expression se fissurer quand il la reconnut et qu'il réalisa qu'il était sur le point de l'étrangler. Sa prise se relâcha immédiatement.

"C'est quoi ce bordel, Granger ?" Il regarda autour de lui et parut encore plus confus quand il réalisa qu'ils étaient ensemble dans un lit.

Elle leva les yeux vers lui, le cœur battant. Il ne lui était même pas venu à l'esprit qu'il pourrait l'attaquer ainsi. "Tu étais blessé."

Il arracha sa main du cou d'Hermione et son expression se fit furieuse. "Je t'ai presque tuée. Ton ingérence…"

Elle l'interrompit. "Il est possible que tu n'en sois pas conscient, malgré le fait que je te l'aie spécifiquement dit, mais le venin de vampire est un anti-coagulant. Tu avais des dégâts internes mineurs de l'escarmouche d'hier soir. Tu te vidais de ton sang intérieurement et extérieurement."

"Je m'en serais occupé en temps voulu," dit-il, mais ses yeux évitèrent ceux d'Hermione ; ils étaient plus bas, sur son cou. La main de Drago glissa vers elle et elle sentit son pouce caresser sa gorge.

Elle frissonna légèrement et sentit sa peau picoter alors que son doigt courait le long de son cou. "Vraiment ? Qui allait te soigner au juste ? Parce que je dois dire, en me fiant à toutes les nouvelles cicatrices qui couvrent ton corps, je pense que le nouveau guérisseur que tu ne cesses de mentionner est un imposteur."

La main de Drago se figea. "Tu as enlevé mes vêtements."

"Juste ta chemise. Ne prends pas l'air si étonné, je suis une guérisseuse, Drago. Ce n'est pas comme si c'était la première fois que je te voyais sans chemise."

Ses yeux lancèrent des éclairs de rage. "Ne me soigne pas sans ma permission." Sa voix était un grondement bas.

Sa fureur était évidente, mais son côté intimidant était annulé par le fait qu'il était simultanément en train de tourner doucement la tête d'Hermione, vérifiant s'il lui avait fait des hématomes.

Hermione sentit le coin de sa bouche se soulever légèrement alors qu'elle le regardait faire. Il était penché au-dessus d'elle, ses doigts pressés le long de la mâchoire d'Hermione alors qu'il continuait de lui faire tourner la tête d'un côté à l'autre et de passer légèrement ses doigts sur sa peau.

Le cœur d'Hermione battait plus vite que quand il l'avait brusquement épinglée.

"Essaie de ne pas mourir en ma présence et je ne me sentirais pas obligée de le faire. Je ne veux pas que tu m'entraînes quand tu es blessé. Tu le sais déjà." La main d'Hermione se leva et se referma autour du poignet de Drago pour l'immobiliser. Ses yeux vacillèrent et croisèrent ceux d'Hermione, et elle l'étudia sérieusement. "Trouve toi un guérisseur, Drago. Un bon. Mets-le sur réserve et va le voir quand tu es blessé. S'il te plait. S'il te plait trouve toi un guérisseur."

Il ne fit que la fixer, et elle eut l'impression que son cœur s'arrêtait face à cette intensité. Son pouls tambourinait sous les doigts de Drago et elle regarda ses pupilles s'élargir lentement, avalant l'argent de ses iris. La chaleur de sa peau se déversait dans celle d'Hermione, et elle pouvait sentir son souffle sur son visage.

Le visage de Drago s'approcha infinitésiment. Le cœur d'Hermione battait si fort qu'elle se demandait s'il pouvait l'entendre. Sa respiration s'emballa et ses doigts se resserrèrent sur le poignet de Drago. Tout était chaud, et ils étaient si proches. Il était si proche.

Il baissa la tête plus bas, jusqu'à ce que leurs lèvres se touchent presque. Puis il se mit à rire.

Il arracha sa main à celle d'Hermione et s'assit. Son expression était froide comme la glace, et il lui jeta un regard méprisant.

"Pensais-tu vraiment que j'allais t'embrasser ?"

Hermione le fixa.

Il pencha la tête sur le côté et s'esclaffa amèrement. "Tu sais, ça me surprend que quelqu'un comme toi ait réussi à rester amie avec Potter et Weasley pendant si longtemps."

Hermione tressaillit. "Quelqu'un comme moi ?"

Il baissa les yeux vers elle et haussa un sourcil, son expression était impassible, mais elle pouvait voir la rancœur dans ses yeux. "Quelqu'un avec aucune limite. Avec la droiture de Potter et Weasley, je me serais attendu à ce que ça ait mis fin à votre amitié à présent."

Hermione le regarda et fit la grimace. Elle pinça fermement les lèvres. Il eut un rictus et pencha légèrement la tête. "Quoi ? Tu pensais que je faisais référence à son sang ?"

Elle baissa les yeux. Oui, elle y avait pensé. Elle ne tirerait aucun bien en admettant qu'il avait raison ; son impitoyabilité était ce qui avait principalement mis fin à son amitié avec Harry et Ron.

Elle s'assit et leva les bras pour ajuster les épingles qui tenaient ses tresses. "Tu as été la première personne à m'appeler Sang-de-Bourbe."

Drago secoua la tête avec une incrédulité feinte. "Tu sais sûrement au moins que cette guerre n'est pas à propos de la pureté du sang."

"Je le sais." Elle leva le menton. "Mais la plupart du monde sorcier ne semble pas l'avoir remarqué."

Il lissa ses robes et haussa les épaules. Son masque était revenu en place ; son expression était indolente et aristocratique. Hermione le fixa, essayant d'assimiler la profonde contradiction qu'était Drago Malefoy. Assassin. Espion pour l'Ordre. Héritier pur-sang. Amateur de philosophie et d'Histoire moldues. Général chez les Mangemorts.

Au plus elle en savait sur lui, au moins elle le comprenait.

Il s'adossa contre la tête du lit et la regarda. "La guerre requiert des extrêmes faciles. L'altérité. Quand je dis que mon nom est Malefoy, je me contextualise immédiatement dans l'histoire. Le nom des Malefoy a presque mille ans d'histoire traçable en Angleterre. Les gens savent qui sont mes parents, mes grands-parents, mes arrières grands-parents. Nous avons des livres d'histoire entiers et des allées de portraits conscients pour porter et maintenir cet héritage. Mais toi… l'histoire de ta famille est aussi boueuse que le lit d'un ruisseau. Personne ne sait qui sont tes parents ou quel genre de maladie génétique tu peux porter ou ce que ton potentiel magique peut ou ne peut pas être."

Il pencha la tête sur le côté et la regarda des pieds à la tête comme s'il évaluait un cheval.

"Il est facile d'être suspicieux des gens dont on ne sait rien. Quand quelque chose est effrayant, il est facile à haïr. Les nés-Moldus avec des vêtements bizarres, l'électricité et les rumeurs sur vos armes étranges. Tes parents sont la raison pour laquelle le monde sorcier a été forcé de vivre dans l'ombre du secret depuis des centaines d'années. Et pourtant dès le moment où un Moldu montre la moindre étincelle de capacité magique, on s'attend à ce qu'on les accueille dans notre monde pour qu'ils puissent violer nos traditions et voler nos emplois."

Hermione renifla et se tourna pour qu'ils soient de nouveau plus proches l'un de l'autre. Les yeux de Drago s'écarquillèrent pendant un moment avant qu'il ne se raidisse de surprise. Hermione referma l'espace entre eux et leva les yeux vers lui.

"C'est pour ça que tu me détestais à l'école, Drago, parce que j'allais voler ton emploi ?"