Chapitre 45 - Flashback 20
Décembre 2002
Drago haussa un sourcil en croisant son regard.
"Tu m'as volé ma place dans le classement, ce qui était pire. J'avais suivi des cours particuliers chez moi, je m'étais préparé ma vie entière pour Poudlard. Mon père avait planifié ma vie entière : tête de classe, préfet, Capitaine de Quidditch, Préfet en chef, stage au Ministère de la Magie, et finalement membre du Magenmagot et ensuite Ministre de la Magie. La carrière de Ministre de la Magie qu'il a perdue à cause de sa participation à la première guerre des sorciers ; j'étais censé faire tout ça. Mais ensuite, première année d'école et une petite Sang-de-Bourbe inférieure réussit à me battre dans chaque cours."
Il leva la main et la posa en travers de la gorge d'Hermione. Le souffle d'Hermione se coupa légèrement et il resserra sa prise, juste assez pour tirer le visage d'Hermione plus près du sien.
Les yeux de Drago brillaient, et son ton était presque léger, comme s'il la défiait de reculer. "Je dois admettre, j'ai réellement espéré que tu meures pendant la deuxième année quand la Chambre des Secrets a été ouverte. J'avais réellement gagné ma place dans l'équipe de Quidditch de Serpentard avant que mon père offre des balais à l'équipe, mais grâce à ton petit commentaire, toute l'école a présumé que mon père avait juste acheté ma place." Alors qu'il parlait, il remonta son pouce de la gorge d'Hermione à sa mâchoire puis poussa de nouveau sur l'os pour la forcer à lever la tête.
Il essayait de la forcer à reculer. Hermione continua de le regarder dans les yeux. Ils s'assombrissaient.
La pièce semblait plus chaude.
Il continua à parler.
"Il était facile de croire que les Moldus et leur progéniture étaient responsables de tous les problèmes du monde. Cela y ressemblait vraiment dans ma vie. Entre le sang-mêlé Potter, dont la vie n'était qu'un flux sans fin de chance absurde et de favoritisme, et toi, et puis les Weasley ruinés étant l'exemple parfait de ce qui arrivait aux traîtres à leur sang. Il n'y avait aucune raison de croire que le monde sorcier ne pouvait être un meilleur endroit sans toi et ceux de ton acabit."
"Je n'avais pas réalisé que tu pensais autant à moi," dit Hermione.
Elle pouvait sentir la chaleur irradier lentement dans tout son corps, s'étendant à partir de la main de Drago, mais aussi entre ses omoplates, à travers sa peau et s'enroulant quelque part dans son bas-ventre. Elle frissonna légèrement alors qu'elle continuait à le regarder dans les yeux.
Drago grimaça. "Ma haine pour toi était pâle en comparaison de ma rivalité avec Potter. Tu étais irritante. Malgré tes notes tu étais moche, socialement inadaptée et visiblement anxieuse." Ses lèvres se courbèrent dans un léger rictus. "Me battre académiquement n'aurait pas compté si tu n'avais pas été amie avec Potter. Il t'a tirée dans la lumière et avait assez besoin de toi pour ne pas le nier. Si Potter n'avait pas compté, tu n'aurais pas compté non plus."
Hermione sentit son ventre se nouer soudainement, repensant à la suspicion qu'elle avait initialement eue ; que la demander était une sorte de revanche ou de représailles contre Harry. Elle avait presque oublié cette peur.
Il sourit et se pencha en avant pour peser sur elle tout en continuant de la tenir par la gorge et à baisser les yeux sur son visage. Leurs corps se touchaient presque, et elle sentit de nouveau à quel point il était grand, à quel point il pourrait lui faire du mal s'il le voulait. Qu'elle essayait de forcer un coffre-fort, et qu'elle ne savait pas s'il y avait autre chose que de la rage à l'intérieur.
Mais cela n'avait pas d'importance, parce que c'était ce qu'elle était censée faire.
Son souffle se coupa et elle se mit légèrement à trembler. Les yeux de Drago s'assombrirent.
Il la tira encore plus près. Le cœur d'Hermione battait si fort que ça lui faisait mal.
C'est un jeu, se dit-elle. Quand il était ivre, il ne lui avait pas fait de mal. Il essayait de lui faire peur.
Le souffle de Drago était brûlant sur son visage, et sa voix était si basse qu'il chuchotait presque. Ce timbre jouait sur ses nerfs.
"Le Seigneur des Ténèbres ne se soucie pas réellement de la pureté du sang, ou de ses serviteurs, ou de la puissance de la magie. Vous, les nés-Moldus apparaissez juste être assez courants pour ressembler à une menace. Cela donne au Seigneur des Ténèbres une excuse pour accumuler du pouvoir et cela incite les créatures sombres à se joindre à sa cause. Il a amené la plupart de l'Europe de l'Est dans son alliance comme ça. La Roumanie était la première, et le reste a suivi en ligne. Il y a des milliers de créatures sombres qui sont avides de voir tomber le Statut du Secret et la restriction sur les baguettes. La plupart des familles de sang pur sont mécontentes de la façon dont les sorciers sont obligés de rester dans l'ombre pour le confort des Moldus. C'est assez de ressentiment, si ce n'est pour les rattacher à la cause, pour les encourager à ignorer ce qu'il se passe."
Drago fit un petit sourire alors que son visage s'approchait encore. "Le Seigneur des Ténèbres veut du pouvoir. Il ne regarde pas particulièrement qui il écrase sous ses talons pour l'obtenir. Les Moldus et les nés-Moldus…" elle pouvait presque sentir ses lèvres sur les siennes, "... vous… étiez la cible facile."
Hermione pouvait à peine respirer. Son corps entier était tendu ; au bord d'un précipice qui ressemblait à de la peur. Son cœur battait rapidement. Tout autour d'elle était flou.
Elle avait envie de se sauver ; elle se sentait effrayée et vulnérable. Elle comprenait l'anatomie et la physiologie humaine, mais son corps faisait des choses avec lesquelles elle n'était pas familière. Sa physiologie n'était pas censée être déroutante. Elle avait besoin d'espace pour tirer ça au clair.
Mais… elle ne voulait pas partir ; elle n'avait jamais ressenti ça avant. Le contact physique qui était réconfortant, elle le comprenait. Mais ceci n'était pas réconfortant. La main de Drago autour de sa gorge n'était pas réconfortante. C'était terrifiant… et excitant.
"Un moyen pour une fin," se força-elle à dire. "Nous sommes juste un moyen pour une fin."
Il la poussa légèrement en arrière. "Précisément."
Elle l'étudia. Ses yeux étaient noirs, et le creux de ses joues était légèrement rougi. Il glissait lentement son pouce le long de la courbe de la mâchoire d'Hermione. Elle se lécha les lèvres.
"Est-ce que nous tuer a résolu tous vos problèmes, alors ?" demanda-elle.
La main de Drago se figea. Il la fixa pendant plusieurs secondes. Puis ses yeux brillèrent et il sourit.
"Hé bien, tu n'es certainement plus une menace pour mon emploi maintenant, n'est-ce pas ?" En le disant, sa main gauche se glissa fermement entre les jambes d'Hermione.
Les yeux de Drago étaient froids et verrouillés sur les siens. Ses doigts se plièrent et pressèrent de façon experte au sommet des cuisses d'Hermione. Elle eut l'impression qu'il l'électrocutait. La sensation courut le long de ses nerfs.
Elle poussa une exclamation.
Ce faisant, tout lui tomba dessus avec une sensation d'horreur glacée.
Hermione eut un mouvement de recul.
Les mains de Drago se retirèrent immédiatement d'elle, et il la regarda avec une expression indifférente alors qu'elle reculait jusqu'à être de l'autre côté du lit.
Elle tremblait légèrement. Elle pouvait toujours le sentir la toucher ; glissant sa main entre ses cuisses tout en la regardant dans les yeux et lui rappelant qu'il l'avait transformée en sa propriété. Pas parce qu'il avait envie d'elle. Mais simplement parce qu'il le pouvait. Parce que ça l'avait amusé de faire cette offre. Parce qu'il avait le pouvoir, et qu'elle était un pion.
Maintenant il la regardait essayer de se vendre à lui, et faire toute chose qu'elle pouvait concevoir, dans l'espoir de devenir une possession dont il pourrait au moins être réticent à se séparer. Il n'avait pas besoin de l'avilir d'avantage. Il pouvait rester assis et la regarder faire par elle-même.
Les pommettes d'Hermione lui semblaient creuses. Elle avait l'impression qu'elle allait être malade.
Ses mains ne cessaient de trembler, peu importait à quel point elle essayait de les stabiliser. Elle se mordit la lèvre inférieure et prit plusieurs longues inspirations.
Quand elle arrêta de trembler visiblement, elle se força à parler. "As-tu… des renseignements cette semaine ?"
Il était presque amusant de devoir poser cette question à cet instant. Bien que… ça avait toujours été ce que voulait dire la question. Elle s'y était juste habituée.
Cela lui faisait soudainement de nouveau mal, et le timing était presque amusant, d'une façon un peu tordue. Elle ne savait pas si cet humour pouvait être catégorisé dans l'ironie ou dans l'humour noir. Elle savait juste que c'était quelque chose d'amer, quelque chose auquel il était douloureux de penser. Mais parfois aussi cruellement drôle.
Drago fit un rictus et sortit un rouleau de parchemin. Il avait enfoncé le clou ; comme s'il l'avait poignardée puis qu'il avait cassé la poignée pour qu'on ne puisse plus enlever la lame. Qu'il ne réitère pas l'insulte montrait qu'il le savait.
La main d'Hermione tremblait légèrement quand elle accepta le rouleau et se leva.
Elle partit sans un autre mot.
Il ne restait qu'une semaine avant Noël.
Quand elle retourna au Square Grimmaurd, elle alla prendre un philtre Calmant. Elle resta dans son cabinet de potions, attendant que ses mains cessent de trembler.
Quand ses mains furent de nouveau stables, elle regarda autour d'elle avec nostalgie. Elle redressa un petit panier plein de ce qui ressemblait à de petits portefeuilles de cuir. Les cadeaux de Noël qu'elle prévoyait de faire cette année-là étaient plutôt tristes. Elle avait fait des kits de guérison d'urgence. Encore une fois. Elle en faisait chaque année. Les basiques, emballés ensemble et rétrécis pour être facilement transportés.
Hermione n'avait pas d'argent pour acheter à ses amis des livres qu'ils ne liraient jamais, ni le temps de tricoter des chapeaux ou des écharpes pour eux. Alors elle leur donnait des potions et espérait qu'ils les utiliseraient plutôt que de transplaner vers elle avec des blessures facilement soignables. Les filles le faisaient ; elles demandaient des recharges. Neville, Fred, Dean Thomas et Michael Corner utilisaient occasionnellement leur kit aussi.
Mais Hermione pensait que Harry et Ron n'avaient jamais ouvert les leurs. À chaque fois qu'elle leur donnait de nouveaux kits, ils lui rendaient d'un air penaud leur ancien kit intact. À chaque fois, soit ils ignoraient leurs blessures, soit ils transplanaient en paniquant vers elle. Ginny avait été une excellente partenaire pour Harry et Ron ; les deux garçons avaient tendance à revenir en meilleure condition quand Ginny partait en mission avec eux.
Hermione déglutit avec difficulté, descendit des fioles des étagères et commença à assembler un kit de plus.
Elle avait un travail. La façon dont elle se sentait vis à vis de ce travail un jour en particulier ne comptait pas.
Cela ne comptait jamais.
La semaine suivante, quand Drago apparut dans la masure, Hermione et lui s'arrêtèrent tous les deux et se fixèrent l'un l'autre.
"J'ai un cadeau de Noël pour toi," dit-elle après une minute. "Enfin, ce n'en est pas vraiment un. Mais étant donné le contexte, c'en est un.'
Elle sortit la petite mallette de cuir et la lui tendit.
"C'est… c'est un kit de guérison d'urgence. J'en donne à tous mes amis."
Drago haussa un sourcil et soupira légèrement alors qu'il la prenait de ses mains ; comme si l'accepter était une faveur qu'il lui faisait.
"Si tu n'as pas l'intention d'aller voir un guérisseur, tu devrais au moins avoir ça sur toi." Elle parlait rapidement, essayant de tout dire avant qu'il ne la coupe et la lui renvoie au visage. "Si tu me laisses t'apprendre quelques sorts, tu seras capable de soigner la plupart des blessures basiques par toi-même."
Il ouvrit la mallette et scanna le contenu. "Tu réalises que je peux m'acheter tout ça."
Hermione grimaça. Elle ne s'était pas attendue à ce qu'il soit reconnaissant ; elle s'était préparée à ce qu'il puisse ne même pas accepter le présent.
"Comme ça tu pourras facilement remplacer ce que tu utilises." Hermione se força à approcher et à faire courir son doigt le long de la mallette, pointant les différentes fioles.
"Elles sont toutes étiquetées. Là c'est la potion pour les commotions cérébrales ; toute sorte de choc à la tête et tu devrais vérifier avec un sort de diagnostic. De l'essence de Murlap pour les écorchures mineures de la peau ou les petites ecchymoses. La crème pour les ecchymoses est pour les hématomes plus profonds et plus sérieux. L'essence de Dictame est l'atout pour la plupart des blessures. À moins que ça soit une blessure due à un sort, le Dictame peut aider avec les blessures externes sévères, les morsures de loup-garou, le désartibulage. À moins que ça ne soit les yeux ou une blessure au cerveau, auquel cas tu aurais besoin d'appeler un spécialiste. Ne pense même pas à transplaner ou à te déplacer de quelque façon que ce soit si tes yeux sont blessés ou que tu as n'importe quel type de ponction sur le crâne. La pression engendrerait des dommages irréversibles. L'anti-venin va contrecarrer l'effet des morsures et des piqûres empoisonnées à moins que ça ne soit une bête de type de classe XXXX ou au-delà. L'antidote qui est là peut contrer les propriétés anti-coagulantes des morsures de vampire."
Drago renifla légèrement.
Hermione continua obstinément. "Philtre Calmant. Potion de régénération sanguine. Ceci est pour les dommages aux organes internes, les commotions rénales et autres. Je t'apprendrai un sort de diagnostic pour les détecter. Et celle-là, c'est un analgesique pour le sort d'acide. J'imagine que tu connais le contre-sort. L'analgésique va le neutraliser complètement et soulager la douleur. Il faudra toujours que tu enlèves précautionneusement tous les os et que tu les fasse repousser. Mais ça va réduire le temps de récupération de plusieurs jours et faire baisser la probabilité d'une atteinte des nerfs. Et une barre de chocolat, pour les Détraqueurs. Quand tu retireras les éléments de la mallette, ils reprendront une taille normale. Je les réduis pour que ça ne soit pas trop encombrant à transporter."
Hermione ne mentionna pas le fait qu'elle avait élargi le kit de Drago bien au-delà des basiques qu'elle donnait à tous les autres. Dans le cas de ses amis, elle pouvait toujours compter sur eux pour venir la voir s'ils étaient blessés. Ce n'était pas une supposition qu'elle pouvait faire avec Drago. S'il ne faisait plus confiance aux guérisseurs, elle pouvait au moins l'équiper assez pour qu'il puisse gérer plus de blessures de lui-même.
Drago referma brusquement la mallette. Hermione le regarda avec sérieux. "Juste… garde-la avec toi. Laisse-moi t'apprendre un charme de diagnostic, pour que tu puisses savoir si tu as quelque chose de sérieux."
"Je sais comment lancer un sort de diagnostic, Granger." Son expression était légèrement offensée.
"Probablement pas celui que je veux t'apprendre. Il est un peu inhabituel. Plus sombre. Meilleur pour les blessures de guerre. Les charmes basiques sont des charmes pour la famille, pour diagnostiquer les fièvres, les infections et les blessures du quotidien. La plupart des livres de médecine enseignent des sorts de diagnostics généraux en présumant que le guérisseur puisse ensuite affiner sa concentration progressivement. Mais si tu utilises un sort de diagnostic, ça sera probablement après un raid ou un duel. Alors tu peux te concentrer sur la détection de maléfices et de blessures physiques, il n'y a pas besoin de chercher la dragoncelle ou ou s'il y a une métamorphose partielle."
Elle fit une démonstration du sort de diagnostic en le lançant sur elle-même.
"Tu vois ? Le sort est simple. Ce qui est compliqué c'est de le lire, mais nous allons nous en tenir à la base. Les couleurs et les endroits ont une signification. Je ne suis pas touchée par un sort ou blessée donc la lecture est plutôt ennuyante. La façon dont j'incline ma baguette peut amener à zoomer sur différentes zones de résultats. Tout est d'un bleu ciel sain. Si ça commence à virer au turquoise, ça indique une dangereuse perte de sang ou une chute de la température du corps. C'est c'est bleu roi, c'est de la fièvre. Ça se lit de haut en bas. Au plus la couleur est vive, plus la blessure est mineure. Si c'est noir, même la plus petite trace de noir, c'est potentiellement une blessure mortelle. Le rouge indique une blessure externe. Le violet, une blessure interne. S'il y a du violet sur ta tête, ça indique une commotion cérébrale. Sur ton torse ça veut dire que tu devrais prendre la potion pour les dommages internes. Le vert citron indique un maléfice mineur mais le viridien un sort grave ; va à Sainte Mangouste ou appelle ton guérisseur. Le jaune indique du poison ou du venin. Les os fissurés sont montrés en orange pâle, si c'est cassé ou déplacé c'est plus orange citrouille. Si c'est une fissure, tu pourras la soigner tout seul. C'est un sort facile, je te l'apprendrai."
Malefoy coopérerait à contre-coeur et semblait même parfois légèrement intrigué. Hermione lui fit ingérer avec détermination autant d'informations qu'elle estimait pouvoir lui donner et lui fit démontrer qu'il pouvait le faire par lui-même.
Il avait un don pour ça. Elle avait pensé que ça serait probablement le cas. Un occlumens naturel avec une concentration aussi précise que la lame d'un rasoir gravée en lui ; la précision lui viendrait naturellement.
Elle le suspectait de connaître un peu la théorie de la guérison. Elle lui demanda presque pourquoi, mais sa coopération semblait hautement conditionnelle. Elle ravala sa curiosité et continua simplement de le matraquer d'astuces de guérison.
"En tout cas, ce sont les bases," finit-elle enfin.
Il regarda sa montre. "Tu réalises que tu a parlé pendant presque deux heures d'affilée."
Hermione rougit. "C'est quand même très basique."
Il y eut une pause, et Hermione se rendit compte qu'elle s'était avancée si proche de Drago que leurs épaules s'effleuraient. Elle pouvait sentir l'odeur de la mousse de chêne qui s'accrochait à sa peau. Elle leva les yeux vers lui et leurs regards se croisèrent
Pendant un moment tout entre eux cessa d'être si tendu et plein de ressentiment ; comme si la guerre s'était estompée momentanément, et que ce n'était juste qu'eux. Elle lui sourit presque. Parce qu'il pouvait être gentil envers elle quand il le voulait bien, et qu'elle était si fatiguée ce jour-là.
Elle essaya de ne pas penser à à quel point ça la rendait pathétique.
Puis Drago pinça les lèvres et elle vit sa mâchoire se serrer. Ses yeux lancèrent des éclairs et elle les regarda se durcir ; comme le regard d'un oiseau de proie, ils commencèrent à devenir cruel.
Elle recula et baissa les yeux. "Joyeux Noël, Drago."
Il la regarda avec un air contemplatif. Son expression était indéchiffrable. Elle sentit son rythme cardiaque augmenter. Elle n'était jamais sûre de ce qu'il pouvait faire.
Elle essaya de ne pas laisser ses doigts s'agiter.
Il fit rouler sa mâchoire. Hermione se sentait glacée et presque vide à l'intérieur alors qu'elle se préparait.
"J'ai quelque chose pour toi," dit-il, portant la main à ses robes.
Il en sortit quelque chose qui était emballé dans une toile cirée et il le tendit vers elle. Elle l'accepta et déroula la toile cirée pour en révéler le contenu. À l'intérieur se trouvait un ensemble de belles dagues mortelles, rangées dans des holsters de mailles délicates.
"Elles devraient être assez petites pour que tu en gardes une attachée à ton avant-bras. Les holsters sont en soie d'acromentule trempée dans du sang de manticore ; ils vont ajuster leur taille à la tienne et ne pas restreindre du tout tes mouvements; tu devrais porter l'autre dague à ta cuisse." Il eut l'air visiblement gêné alors qu'il lui donnait cette information. Ses yeux évitaient ceux d'Hermione, mais ils ne cessaient de revenir sur elle alors qu'elle étudiait les dagues.
"Est-ce qu'elles ont été forgées par des gobelins ?" demanda-elle après une minute.
"Oui. Et elles ont été trempées dans du venin de manticore à vrai dire."
Elle leva vivement les yeux vers lui. "Est-ce que ça veut dire…"
"Elle est morte. Tragiquement." Le coin de la bouche de Drago se souleva légèrement. "Le temps qui n'était pas clément, selon mes suspicions. J'ai rempli tous les papiers et j'ai rendu le corps à McNair hier."
"Mais pas avant d'avoir récolté du venin," dit Hermione, sortant l'une des dagues de son étui et regardant le fil acéré de la lame, capable de couper à travers presque n'importe quoi. La lame pourrait se glisser à travers un sort ou un bouclier de protection comme s'il n'y en avait pas.
"Pas beaucoup, oui ça aurait été suspect. Mais assez pour une poignée d'armes et une fiole en plus pour les jours de pluie."
Hermione commença à compter mentalement le prix du cadeau de Drago. Deux couteaux d'argent forgés par les gobelins : au moins cent gallions chacun. Du venin de manticore : encore une autre centaure de Gallions environ. Des holsters en soie d'acromentule : encore une centaine de Gallions.
Le cadeau de Noël de Drago valait une petite fortune. Elle ne savait même pas s'il en avait conscience ou non.
Hermione était obsédée par son budget et ses ressources. Elle était obligée de l'être. Elle économisait tout et gardait chaque goutte de potion et Noise qu'elle pouvait. Il y avait un coin de son esprit qui était continuellement en train de trouver de nouvelles façons d'économiser ou de trouver des ressources inexploitées.
Ça la tuait, la façon détendue avec laquelle Drago pouvait lui donner une cape enchantée ou un ensemble de couteaux qui valaient ensemble plus que son budget annuel pour l'hôpital et les potions pour toute la Résistance.
Elle les vendrait. Au moins un, possiblement les deux. Sur le marché noir elle pourrait probalement en tirer un prix décent, assez pour acheter plus de venin d'acromantule ou d'essence de Dictame, ou pour refaire ses stocks de matériel pour l'hôpital. Ou peut-être qu'il serait mieux de les donner à Maugrey et Kingsley ; ils auraient bon usage de ce genre de couteau. Elle pourrait peut-être utiliser les dagues pour négocier une hausse permanente du budget.
"Merci," dit-elle, rangeant la lame qu'elle tenait dans son étui et glissant le tout dans sa sacoche.
"Pour information, tu n'es pas autorisée à les vendre ou à les donner à quelqu'un d'autre."
Les mains d'Hermione se figèrent et ses yeux filèrent avec culpabilité jusqu'au visage de Drago. Ses yeux étaient verrouillés sur les siens, et l'argent en eux pétillait.
"Est-ce que c'est clair, Granger ?" Son ton était glacé.
Elle fit un hochement de tête à contre-coeur.
"Je m'attends à ce que tu les portes à chaque fois que tu vas faire une récolte. Je les chercherai."
Elle se tendit et déglutit difficilement avec irritation. "Bien."
L'expression de Drago se radoucit marginalement. "Hé bien, ça a été délicieux. Je ne peux pas me souvenir de toutes les fois où j'ai regretté de ne pas pouvoir passer un Noël à subir un cours sur la façon de lire un charme de diagnostic." Il fit un sourire hypocrite. Hermione ne dit rien. Il y eut un silence, puis il ajouta, "Pour ton information, voilà un avertissement. Je vais commencer à t'apprendre le combat au corps à corps à partir de la semaine prochaine."
Puis il fouilla dans ses robes et en sortit un rouleau de parchemin. "Mon versement pour Maugrey." Alors qu'elle l'acceptait, il lui fit un petit sourire méprisant. "Je dois dire, tu finis par me coûter assez cher, Granger."
Il disparut sans un bruit.
Le jour de Noël, Hermione passa la matinée en garde à l'hôpital. Angelina avait été gravement blessée pendant un raid dans le Londres moldu la nuit précédente ; elle avait été touchée au genou avec le sort d'acide, et pendant qu'elle était à terre, un Mangemort lui avait jeté un sort additionnel de destruction d'organes internes. Fred avait réussi à l'attraper avant de l'amener directement à Hermione avant qu'Angelina ne meure dans ses bras.
Le travail de réparation final était trop complexe pour Padma ou Poppy.
Hermione était assise dans la salle d'hôpital calme et reconstruisait lentement les tissus et les tendons du genou d'Angelina. "Très bien, j'ai besoin que tu le plies pour voir si les tissus se sont formés correctement. Faire repousser les os pour des blessures comme celles-là ne fonctionne pas toujours correctement.
Angelina se mordit la lèvre. Sa peau était grise de douleur, mais elle bougea le genou comme demandé.
"Uggghh." Elle haleta faiblement et s'arrêta. "À l'intérieur. Ça me fait mal à l'intérieur… comme si on était en train de le broyer."
Hermione lança un sort de diagnostic et l'étudia. A cause de l'urgence qu'il y avait eu pour sauver les organes d'Angelina, le sort d'acide avait été ignoré pendant quelques minutes avant d'être contré. Il avait détruit la plupart des os du genou d'Angelina et avait laissé de grosses poches de tissus absents. C'était difficile à réparer quand il ne restait que si peu des tissus d'origine à partir desquels reconstruire. Hermione avait initialement eu peur de devoir l'amputer, mais il restait juste assez de tissu intact après que l'os eut repoussé pour que ça soit soignable.
"Je vois le problème. Je vais te stupéfixer. Tu n'as pas besoin d'être consciente pour cette partie."
Angelina hocha la tête et ferma les yeux.
Il fallut presque quatre heures avant qu'Hermione réveille Angelina.
"Très bien, essaie encore de le bouger."
Angelina leva la jambe et la plia légèrement. "C'est mieux. Ca m'élance un peu." Sa couleur était beaucoup plus saine.
"Il ne faudra pas t'appuyer dessus pendant au moins un mois, mais je pense qu'à terme tu seras capable de marcher dessus. Ça va faire mal, particulièrement les jours où il fera froid. Tu pourrais boiter un peu. Tu le sentiras toujours. Mais tu peux toujours te battre, si tu veux."
"Je ne quitte pas les combats," dit fermement Angelina.
Hermione hocha la tête, pas surprise et commença à masser une potion sur la nouvelle peau d'Angelina. Alors qu'Hermione travaillait, elle devint consciente du regard intense d'Angelina. Hermione leva les yeux et croisa son regard. "Quoi ?"
Angelina pencha la tête, étudiant toujours Hermione. "Parfois j'essaie de me souvenir de toi avant la guerre, et je ne peux plus voir cette personne."
La mâchoire d'Hermione se tendit. Elle essayait de se restreindre dans son plaidoyer pour la magie noire pendant les réunions de l'Ordre, mais sa position était devenue connue dans les cercles plus larges de la Résistance. Les membres de l'Armée de Dumbledore prenaient souvent sur eux pour évangéliser Hermione à propos du pouvoir du Bien et de la malfaisance de la magie noire.
Elle pouvait dire, à la vue de l'expression sur le visage d'Angelina qu'elle était sur le point d'être soumise à un nouveau sermon.
Elle força sa voix à rester stable. "Qui pensais-tu que j'étais alors ?"
"Je ne sais pas. Forte. Avant-gardiste. Positive. Plutôt abrasive, pour être honnête. Quand tu as organisé l'Armée de Dumbledore, tu étais un peu impitoyable, mais c'était de façon honnête et vertueuse. Maintenant, quand tu n'es pas en mode guérisseuse, tu sembles juste impitoyable. Tu es si silencieuse la plupart du temps, mais il y a cette rage en toi que je sens parfois. Comme si la guerre t'avais changée en quelqu'un d'autre. J'ai l'impression que tu l'as laissée te changer."
Le coin de la bouche d'Hermione tressaillit, et elle sentit ses yeux se plisser. "La guerre est une épreuve. Penses-tu qu'aucun d'entre nous en sortira inchangé ?"
Angelina baissa les yeux vers son genou et haussa les épaules. "Je porterai des cicatrices à l'intérieur et à l'extérieur, mais au plus profond de moi je serai toujours la même personne." Angelina regarda de nouveau Hermione. "Mais je ne sais pas si tu es la même et que je ne l'ai juste jamais vu, ou si tu as réellement autant changé. J'ai l'impression que tu t'es laissée aller."
Les mains d'Hermione se figèrent et elle se rassit. "Laissée aller ?"
Angelina changea de position et parut mal à l'aise. "J'imagine que je m'inquiète pour toi. Fred a dit que quand il était venu rendre visite à George ici, il lui avait semblé qu'il t'était arrivé quelque chose. Comme si les dernières parties de toi avaient juste… disparu un jour. Et je t'ai observée dernièrement, tout ce que je vois c'est que… je ne sais même pas ce que je vois. Parfois je pense que c'est de la rage. D'autres fois je pense que c'est du désespoir. Mais c'est comme si tu t'y noyais."
Hermione avait l'impression que sa bouche était sèche, et elle déglutit plusieurs fois, achetant du temps en rebouchant des fioles. Elle agrippait le verre si fort que ses mains tremblaient légèrement.
"Cette guerre m'a rongée, Angelina," dit-elle finalement lentement.
Avant qu'elle ne puisse dire quoique soit d'autre, Hermione se retrouva brusquement tirée en avant avec une bouchée de cheveux dans la bouche alors qu'Angelina la serrait fermement dans ses bras.
"Oh, Hermione. Ne te laisse pas commencer à penser comme ça. Tu dois être capable de visualiser la victoire. La sentir. Te battre pour elle. Te voir de l'autre côté de la guerre. Si tu abandonnes cet espoir, tu vas finir dans un endroit sombre. La Lumière vainc toujours les Ténèbres. Mais il faut que tu y croies."
Hermione sentit quelque chose se raidir en elle. Elle se dégagea d'Angelina en secouant la tête, sa bouche se tordant. "Ce n'est pas assez pour gagner une guerre. Je ne vais pas parier cette guerre sur ma capacité ou celle de quelqu'un d'autre à croire en la victoire."
"Tu veux toujours qu'on utilise la magie noire, n'est-ce pas ?" Angelina fixait Hermione avec l'expression d'un parent déçu.
Hermione lutta pour ne pas lever les yeux au ciel en hochant la tête.
Les épaules d'Angelina s'affaissèrent légèrement. "Si nous nous perdons pour gagner, est-ce que c'est vraiment une victoire ? Si nous nous empoisonnons pour l'obtenir et que nous devenons les monstres que nous combattons ?"
Hermione serra les dents, se battant contre le besoin impératif de secouer Angelina. "Que penses-tu exactement qu'il arrivera si on perd ?"
"On mourra." Angelina haussa légèrement les épaules.
Hermione comprit soudain pourquoi Drago détestait si intensément les Gryffondor. Elle ne put s'empêcher d'être railleuse.
Hermione siffla entre ses dents. La sensation étouffante de la frustration s'élevait en elle alors qu'elle se forçait à faire face, une fois de plus, au perpétuel optimisme des combattants de la Résistance. Le stress et le désespoir en elle paraissaient toxiques, comme de l'acide qui l'érodait lentement au niveau cellulaire. "Si nous perdons… ils vont tous nous rassembler et utiliser les combattants de la Résistance comme des rats de laboratoire ou autre chose jusqu'à ce qu'ils tombent à cours de nous. Après que nous ayons fait exploser la dernière division des sorts, ils en ont juste construite une plus grande. La guerre n'est pas censée s'arrêter avec la Résistance. Les Mangemorts sont censés conquérir l'Europe moldue après. C'est le plan. Le marché. Toutes les créatures sombres se sont alliées avec Tom parce qu'il le leur a promis. Je ne sais pas s'il est assez fou pour penser qu'il peut le faire, mais c'est ce qu'il prétend. Et il va probablement au moins essayer de le faire."
Hermione avait l'impression qu'elle allait commencer à hyperventiler rien que d'y penser. Sa poitrine tressautait et sursautait alors qu'elle continuait de prendre de petites et rapides inspirations.
"Mais Hermione," dit Angelina, posant sa main sur celle d'Hermione, "on est en train de gagner."
Hermione se figea et cligna lentement des yeux alors qu'elle fixait Angelina avec incrédulité. Elle rit presque mais réalisa avec horreur qu'Angelina était absolument sérieuse. "On est en train de… quoi ?"
"Gagner." Angelina fit saillir sa mâchoire, et son expression se fit défensive. "C'est vrai. Pense au raid des prisons. On a libéré des centaines de gens depuis le printemps. On a contré avec succès des centaines d'attaques cette année. Rester fidèle à la Lumière paye. La guerre est en notre faveur maintenant. Bientôt le monde sorcier va commencer à s'en rendre compte. C'est comme ça que l'espoir fonctionne. Il faut une étincelle."
Hermione avait l'impression d'avoir été soudainement frappée à la tête ; comme si elle avait une légère commotion et que ça expliquait le monde surréaliste dans lequel elle se retrouvait brusquement. Elle fixa Angelina sans mot, qui fit à Hermione un sourire encourageant. "Tu n'es pas là dehors donc tu le ne vois probablement pas. Je sais que les choses ont été sombres pendant un moment, mais les heures les plus sombres sont celles qui précèdent l'aube, et j'en suis plutôt certaine, nous sommes à l'aube à présent."
Hermione déglutit difficilement alors qu'elle luttait contre l'envie de crier. Elle pouvait entendre le sang battre à ses oreilles et sentir une migraine s'installer rapidement.
Ils n'étaient pas en train de gagner.
Ils étaient en train de survivre. La Résistance était en équilibre sur la lame d'un couteau tenu par Drago. En utilisant les renseignements que Gabrielle Delacour arrachait aux Mangemorts en utilisant son corps. Ils les utilisaient pour maintenir la Résistance pendant que l'Ordre luttait vainement pour trouver des Horcruxes qui pouvaient être partout en Europe.
Ils n'étaient pas en train de gagner. Ils n'étaient pas près de gagner.
Angelina la regardait avec espoir.
"Oui…" s'entendit dire Hermione. "Je…je suppose que tu as raison… je ne suis pas là-bas, alors je ne le vois pas. Je… je ne m'étais pas rendue compte qu'on était en train de… gagner."
Angelina hocha la tête et enlaça de nouveau Hermione. "Le problème c'est que tu es trop isolée. Pomfresh sort et passe du temps avec les professeurs de Poudlard, et Padma a Parvati pour la garder informée. Mais tu quittes à peine cette maison excepté pour récupérer des ingrédients pour les potions. Je sais que Harry et Ron ne sont pas tellement dans le coin, mais tu as d'autres amis. Tu as besoin d'amis. Quand tout semble perdu… c'est ce qui va te porter et t'aider à tenir. Le reste d'entre nous, on en parle. Je sais que tu es très intelligente Hermione, mais quand il s'agit de choses comme le Bien et le Mal tu ne peux pas t'attendre à trouver la réponse dans un livre. C'est quelque chose que tu dois sentir. Comme voler… enfin, j'imagine que c'est un mauvais exemple à utiliser avec toi… mais, tu dois être capable de penser que ça te saisira. Tout ça fait partie de l'aventure, toucher le fond pour pouvoir remonter. Le Bien demande des sacrifices. J'espère que, une fois que la guerre sera finie, tu seras capable de le voir. C'est comme ça que fonctionnent la Lumière et les Ténèbres."
"Bien sûr," dit platement Hermione, évitant le regard d'Angelina. "J'imagine que j'étais trop perdue dans mon propre monde."
"Ce n'est pas grave. Il ne faut pas que tu te sentes mal à cause de ça. Ça peut arriver à tout le monde. Moi même j'ai traversé une période sombre quand George et Katie ont tous les deux été blessés. C'est facile de sombrer pendant une guerre. Mais ensuite Harry a fait un discours d'encouragement pour l'Armée de Dumbledore. Il a parlé de la façon dont Dumbledore avait vaincu Grindelwald. Et il a parlé de l'Ordre pendant la première guerre des sorciers, à quel point les choses étaient désespérées. Tout le monde pensait que Tom allait gagner à l'époque ; le Ministère utilisait les Impardonnables, mais l'Ordre a tenu bon. Il y a eu des morts et des trahisons, mais l'Amour et la Lumière brillent toujours plus fort dans ces moments-là. C'est pour ça qu'ils gagnent toujours. Nous devons juste avoir confiance. Juste après qu'Harry ait dit tout ça, je pense même que c'était le même mois, nous avons réussi pour la première fois le raid d'une prison."
Hermione se leva vivement. Elle avait l'impression de ne plus pouvoir respirer. Elle avait besoin… d'air. De fraîcheur. Elle avait besoin d'un philtre Calmant. "J'ai besoin de quelque chose dans mon cabinet de potions. Je reviens dans quelques minutes."
Hermione marcha en titubant vers son cabinet de potions.
Elle trébucha dans l'entrée et ferma la porte derrière elle alors qu'elle débouchait en tremblant une fiole et buvait une dose de philtre Calmant. Alors que la potion faisait effet, Hermione poussa un cri aigü et fondit en larme.
Elle resta là à sangloter pendant plusieurs minutes avant de s'appuyer sur le plan de travail. Elle enfouit son visage dans ses bras et essaya de donner un sens à la conversation qu'elle venait d'avoir.
Elle ne s'en était pas rendue compte… cela ne lui était même pas venu à l'esprit de savoir comment le virage dans la guerre serait perçu par la Résistance. Bien sûr. Bien sûr, pour eux rien n'avait changé. Ils pensaient tous qu'en restant accrochés à leur conviction sur le Bien et le Mal que la guerre avait simplement tourné par inhérente inévitabilité.
Ils n'avaient aucune idée que des Mangemorts étaient torturés pour avoir des renseignements, ou qu'Hermione s'était vendue à Drago pour en rapporter la plus grande partie.
Hermione avait involontairement prouvé leur mythe et dans le processus s'était changée en Cassandre à donner des avertissements ignorés aux portes de Troie.
Hermione eut un sanglot haletant et essaya de respirer lentement par le nez tout en luttant pour réfléchir.
Elle devait avancer avec Drago.
Padma était… passable en fabrication de potions et en guérison. Kingsley avait jeté un œil aux notes d'Hermione et avait recruté un guérisseur en renfort. Elle s'était demandé depuis combien de temps il gardait cet atout dans sa manche.
Elle avait compilé toutes ses notes sur les contre-sorts qu'elle avait développé au fil des années et les instructions qui expliquaient les techniques d'analyse des sorts.
Maugrey semblait devenir de plus en plus frustré du manque de progrès qu'elle rapportait semaine après semaine. Il y avait eu changement dans son récent comportement ainsi que dans celui de Kingsley quand elle faisait son rapport à propos de Drago, un nouveau scepticisme, comme si elle tombait à court d'explications.
Les renseignements de Drago étaient toujours excellents, mais ça avait été le marché depuis le début. C'était un équilibre des pouvoirs dans lequel ils ne voulaient pas faire confiance et qu'ils étaient avides de faire basculer.
Ils voulaient mettre une laisse à Drago.
Hermione était en train de faire traîner les choses.
