Chapitre 48 - Flashback 23
Décembre 2002
Quand Hermione arriva à la masure la fois suivante, Drago apparut uniquement vêtu d'un pantalon et d'une chemise. Elle s'arrêta et le fixa avec surprise.
Il haussa un sourcil et baissa les yeux sur lui-même. "Je ne voulais pas que tu t'emmêles dans mes robes," dit-il d'une voix suggestive.
Il la fixa pendant un moment avec des yeux plissés avant de lui faire signe d'avancer.
"Etant donné que tu ne t'entraînes pas nécessairement pour des escarmouches, nous avons besoin d'étendre tes compétences de combat," commença-il d'un ton sec. "Les vampires, les harpies ou les goules n'ont pas de baguette, mais ils ont de l'expérience dans l'attaque des sorciers. Ils optent pour des attaques au corps à corps qui sont difficiles à contrer. La plupart des sorciers étudient la défense en se basant sur le fait qu'ils sont à distance, mais une harpie intelligente avancera à moins d'un bras de distance aussi rapidement que possible. Ils savent que les sorts de combat sont difficiles à utiliser à courte distance. Les loup-garous peuvent avoir une baguette, mais la plupart de ceux qui se déplacent en meute préfèrent le combat physique. Tu es… petite." Hermione renifla, et Drago la regarda gentiment. "Tu vas être désavantagée à chaque combat. Il faut que tu te défendes avec imagination."
"Très bien." Hermione fit un bref hochement de tête.
Les yeux de Drago étincelèrent et il la surplomba. "Maintenant, imagine que je sois un vampire. Je viserais le côté de ton cou. Tu n'as pas de partenaire de duel pour te couvrir. Pendant que tu te battais avec un gytrash, je me suis approché." Il avança jusqu'à ce que leurs corps se touchent. "Que ferais-tu maintenant ?"
Hermione fit fouetter sa baguette vers le haut, mais Drago était trop près pour qu'elle puisse faire le mouvement de baguette nécessaire à la plupart des sorts défensifs. Avant qu'elle ne puisse reculer et lancer un sort, la main de Drago surgit et frappa brusquement son poignet. Sa baguette s'envola de ses doigts et glissa sur le sol. Elle se tourna pour plonger après elle, mais la main de Drago se referma sur son poignet et il la tira en arrière.
"Sans baguette non plus. Que fais-tu, Granger ?" Il commença à se pencher en avant vers sa gorge comme s'il avait l'intention de la mordre.
La main gauche d'Hermione se leva pour le repousser, mais l'autre main de Drago se referma autour de son poignet gauche. Elle essaya de lui arracher ses bras pour les libérer, mais sa prise était impitoyable.
"Un petit conseil," dit Drago sur le ton de la conversation alors qu'elle continuait d'essayer de se libérer. "Ne laisse pas tes poignets à portée. Une fois que je te tiens par le poignet, j'ai un avantage considérable ; c'est une prise beaucoup plus facile à maintenir pour moi qu'à se libérer pour toi. Même chose pour tes pieds. Fais attention quand tu frappes au-dessus du genou. Si tu te fais attraper par la cheville, tu seras au sol en quelques secondes. Écraser ou donner un coup de genou est mieux que donner un coup de pied. L'écrasement utilise ton poids. Frappe fort et vise les pieds, les chevilles ou le côté des genoux. Handicaper ton adversaire est la clé. Un genou dans l'entrejambe marche pour tout : sorciers, vampires, loup-garous… même les harpies détestent ça."
Hermione essaya de frapper Drago avec son genou, mais il utilisa sa prise sur ses poignets pour la faire dévier et évita facilement sa jambe.
"Tu vois, une fois que tes bras sont piégés, tes options sont limitées, et les miennes sont déjà infinies selon ce que je veux te faire après."
Sa leçon commençait à être agaçante. Hermione lui martela le pied et lui donna un coup de pied dans le tibia. Il étouffa une légère exclamation de douleur.
"Mieux. Mais si j'étais un vampire, tu serais déjà vidée de ton sang. Tu manques clairement d'aptitude pour te battre à la déloyale."
Il la lâcha brusquement, et Hermione recula et lui fit face. Il la fixa sérieusement.
"Granger, si tu es attaquée, tu seras en infériorité numérique. Et même si tu n'es pas en infériorité numérique, physiquement parlant, tu ne seras jamais aussi forte que la plupart des créatures maléfiques. Elles feront tout pour te tuer. Le combat sera inégal pour toi de toutes les façons possibles. Fais tout ce que tu peux pour t'échapper."
Hermione fit un bref signe de tête.
"Bat-toi intelligemment," dit-il froidement. "Soit sournoise. Quand ton adversaire est plus fort que toi, il est crucial d'utiliser sa force contre lui. Tu ne seras jamais plus forte qu'un loup-garou, mais ils sont assoiffés de sang et leurs attaques sont prévisibles. Si tu utilises cette connaissance, tu pourrais être capable de survivre. Aussi," il lui jeta un regard, "retiens tes coups ; c'est un combat d'entraînement."
Il lui rendit sa baguette et l'attaqua encore. Et encore, et encore. Il était impitoyable, et bavard au point que c'en était agaçant. Il la désarmait sans même utiliser de sorts, puis la faisait trébucher, ou lui tordait un bras derrière le dos et la forçait à prendre une position où elle était impuissante, tout en lui répétant sans cesse qu'elle aurait pu faire mieux.
Hermione devenait de plus en plus irritée, ce qu'il remarqua et qui sembla l'amuser.
"Je suis une harpie," annonça-il avec un rictus avant de l'attaquer pour la vingtième fois. Hermione lança une série de stupéfix en essayant de rester hors de sa portée, mais il les esquiva rapidement et s'approcha. Elle essaya de plonger pour lui échapper mais il l'attrapa par la cheville. Elle pivota et essaya de lui jeter un maléfice, mais il lui arracha sa baguette de la main, la jeta dans un coin et s'assit sur ses hanches. "Je t'aurais probablement déjà ouvert le ventre et j'aurais commencé à manger tes organes à ce stade," remarqua-il de façon détendue, glissant une main sur le ventre d'Hermione. "Tu es encore pire à ça qu'à la danse, et tu étais une danseuse épouvantable."
"Je n'ai jamais fais ce genre de combat avant," dit Hermione avec rébellion en gigotant pour essayer de se libérer. "As-tu une idée du nombre de types de combats au corps à corps qui existent ? J'ai passé en revue des douzaines de livres, mais je n'avais aucune idée de quel genre de combat j'étais censée apprendre." Elle le regarda et ajouta. "Je pourrais te poignarder avec l'une de mes dagues maintenant."
Il la fixa pensivement puis hocha la tête. "On devrait utiliser des couteaux d'entraînement. J'en ramènerai une paire."
Hermione l'étudia avec perplexité. "Pourquoi es-tu d'aussi bonne humeur aujourd'hui ?"
Des mois à endurer sa rage glaciale, et soudainement il était joyeux et bavard sans raison apparente.
Il la regarda pendant un moment et lui fit un sourire moqueur. "Joie de vivre, je suppose. Ou peut-être que j'aime juste être assis sur toi."
Hermione le regarda avec suspicion et se demanda s'il avait pris une quelconque substance.
Il se releva et lui offrit sa main. Elle cilla de surprise et l'accepta. Puis elle l'étudia.
Il était étrangement joyeux… à la limite d'être affectueux. Hermione ne l'était pas. Elle se sentait au bord de la crise de nerfs rien qu'à le regarder.
Un mois. Elle avait un mois. Un mois pour trouver le moyen de le contrôler.
Le contrôler. Même si elle le pouvait, elle n'avait aucune idée de comment elle pourrait possiblement le démontrer.
"Après tout, que gagne-il exactement à vous posséder ? Vous ne couchez pas avec lui. Il vous apprend à vous battre ; il vous enseigne l'occlumancie. Quel bénéfice en tire-il ?"
"Que diriez-vous que vous êtes pour lui ?"
Hermione avait l'impression qu'elle allait avoir une crise d'angoisse. Elle regarda Drago avec désespoir.
"N'aies pas peur d'utiliser tes coudes," dit-il. "Lorsque tu repousses les attaques à courte distance, les coups de poing n'auront pas beaucoup de force. Les coudes sont durs et idéaux pour les attaques rapprochées. Mieux que quelque chose d'aussi inefficace que gifler."
"La gifle a plutôt bien fonctionné sur toi," rétorqua Hermione.
Drago renifla légèrement. "Si tu te fais attaquer par un adolescent de treize ans, gifle le par tous les moyens."
Hermione se renfrogna.
"Encore," dit-il une fois qu'elle eut reprit son souffle.
Il se précipita vers elle. Plutôt que d'essayer de fuir, elle avança vers lui puis fit un pas sur le côté au dernier moment. Il pivota et se retourna, mais elle l'avait déjà frappé avec un maléfice cuisant et touché à la cheville avec un maléfice bloque-jambe. Il était trop proche pour un autre sort. Elle essaya de bondir plus loin mais il l'attrapa par le bras, envoya sa baguette au loin et la tira sur le sol derrière lui.
Hermione donna des coups de pieds, le griffa et grogna alors qu'elle se débattait pour se libérer, mais il pesait au moins vingt kilos de plus qu'elle. Elle essaya de lui faire une clé pour s'échapper, mais en moins d'une minute elle était entièrement épinglée sous lui.
"Si j'étais un loup-garou, je t'aurais déjà arraché la gorge," dit-il d'une voix basse. Sa bouche était près de la base du cou d'Hermione, et elle devint brusquement consciente de toute la longueur du corps de Drago pressé sur le sien. Son souffle caressait la peau sensible à la jonction entre son cou et son épaule. Ses jambes étaient entre celles d'Hermione, et alors qu'elle essayait de se libérer, elle ne cessait d'agiter les hanches contre celles de Drago.
Il s'arracha rapidement à elle et se leva, la regardant. Il faisait rouler légèrement sa mâchoire et ses yeux étaient noirs.
"Si jamais tu dois combattre un loup-garou, je ne te recommandes pas de le faire de cette façon," dit-il d'une voix tendue en sortant sa baguette pour annuler le maléfice de sa cheville.
"Comment devrais-je faire ?"
"Utilise ta tête pour lui briser le nez, et quand il lâche ton poignet, arrache-lui les yeux," dit-il avec raideur. "Vise les genoux, l'entrejambe, les yeux, les chevilles. Comme mentionné précédemment, tu essaies d'handicaper ton assaillant."
"Bien." Elle se releva et le regarda avec nostalgie.
"Encore," dit-il. Il l'attaqua de nouveau.
Le temps qu'Hermione puisse transplaner, elle était couverte d'hématomes. Drago l'avait faite tomber, encore et encore alors qui lui donnait des leçons sur les méthodes d'attaque préférées des harpies, des vampires et des loup-garous.
Elle se cacha dans la salle de bain quand elle arriva au Square Grimmaurd et étala de l'essence de Murlap partout sur son corps. Elle étudia l'auto-défense. Elle passa en revue ses notes sur Drago.
Elle ne savait pas quoi faire. Elle ne savait pas comment le contrôler. Elle ne savait pas comment prouver qu'elle le contrôlait.
Elle ne savait pas ce qu'il voulait. Elle. D'une certaine façon - pour une raison inconnue - il avait envie d'elle. Mais elle interférait avec l'autre chose qu'il voulait.
Elle tria ses souvenirs de manière exhaustive : les retournant, les organisant, essayant de trouver quelque chose à détricoter.
Elle se coucha dans son lit le soir et se demanda si elle mettait en péril l'effort de guerre. Peut-être qu'elle était compromise. Pas fiable. Peut-être que Severus avait raison et que Drago serait mieux mort. Peut-être qu'il était une telle figure centrale dans l'armée de Voldemort que le tuer et laisser un vide dans le pouvoir serait la façon la plus efficace de l'utiliser.
Mais elle ne pouvait pas le concevoir. Elle refusait d'y croire.
Elle se roula en boule et eut l'impression qu'elle pourrait mourir du sentiment de désespoir qu'elle ressentait.
Chaque semaine quand Drago la formait, elle était distraite. Elle faisait les mouvements, mais elle n'était pas concentrée, et Drago le remarqua.
"Est-ce que ça sert à quelque chose que je te forme si tu n'y prêtes même pas attention ?" demanda-il, l'expression irritée.
Hermione fit la grimace, et les coins de ses yeux picotèrent. Elle détourna les yeux. "C'est juste que je ne vois plus vraiment l'intérêt."
Il la fixa pendant quelques secondes, l'air légèrement agacé. "Je pensais que tu ne voulais pas mourir," dit-il finalement.
"Si je suis prise en embuscade par une meute de loup-garous, je doute que je survivrais. Et si c'est le cas je serais tellement en morceaux que je doute que ça ait de l'importance," dit-elle à voix basse.
Il recula et la fixa comme s'il réévaluait quelque chose. "Qu'est-ce qui ne va pas ?"
"Je suis fatiguée," dit-elle en fixant le sol. "Je suis lasse de cette guerre. Je suis lasse d'essayer de sauver des gens pour les voir mourir quand-même, ou de les sauver et de les regarder mourir plus tard. Je me sens comme Sisyphe, piégée dans un cycle éternel. Je ne sais pas comment en sortir, et je ne sais pas non plus comment continuer comme ça."
Drago resta silencieux un moment. "Qu'est-il arrivé à 'tout faire pour Potter et Weasley' ?" Son ton était piquant de dédain.
"Le prix pour ça ne fait qu'augmenter. Je ne sais pas si je peux continuer à payer."
Son expression se ferma. "Je suppose que même les martyrs ont leur limite."
Hermione lui fit un sourire indifférent. "Ou des mauvais jours, tout du moins."
Elle leva les yeux vers Drago, étudiant son expression de masque réservé et l'attention avec laquelle il la regardait.
Cède. Cède, le pressa-elle. Elle pouvait le voir dans ses yeux, il en était si près.
Mais il refusait de franchir la ligne. De céder. À chaque fois qu'elle essayait de l'attirer de l'autre côté, sa malveillance refaisait surface.
Il était plus cruel quand il était vulnérable.
Peut-être que si Hermione était plus déterminée, elle pourrait trouver un moyen de passer à travers la douleur, mais il semblait toujours savoir où frapper pour lui faire le plus mal.
Quel que soit ce qui le retenait… elle ne savait pas comment le rompre.
Les doigts d'Hermione s'enroulèrent et elle faillit tendre la main vers lui avant de se retenir. Elle prit une vive inspiration et se força à réprimer son désespoir et à se concentrer sur la situation en cours.
"Bien. J'ai fini de me morfondre," dit-elle en se redressant.
Elle récupéra sa baguette sur le sol et se mit en position. Il la regarda pensivement pendant un instant avant de brusquement plonger vers elle.
Elle fit un pas de côté et le poussa une fois qu'il l'avait dépassée, mais il se rattrapa et pivota. Sa main attrapa le poignet d'Hermione et la força à faire tomber sa baguette. Elle envoya son coude dans ses côtes, se libérant, et plongea après sa baguette.
Elle saisit sa baguette, sauta sur ses pieds et réussit à le toucher plusieurs fois avant qu'il ne s'approche de nouveau. Il l'attrapa par le bras et lui arracha une nouvelle fois sa baguette de la main. Elle tenta de crocheter son pied au niveau de sa cheville, mais il balaya en arrière et l'évita en tordant le bras d'Hermione derrière son dos. Elle lui fit lâcher prise en plongeant en avant et eut un sentiment de triomphe avant de se rendre compte qu'il l'avait laissée partir. Utilisant la force de son évasion, il la fit pivoter, attrapa la cheville d'Hermione avec son pied et la plaqua au sol.
Hermione se tordit, essayant de se libérer, mais elle avait ses deux poignets verrouillés dans les mains de Drago.
Sifflant légèrement de frustration, elle se raidit quand il s'agenouilla au-dessus d'elle.
"Tu essaies toujours de gagner en étant rapide plutôt qu'en étant intelligente," la réprimanda-il.
Il relâcha ses poignets et se leva.
"Encore."
Hermione commençait à fatiguer, mais elle réussit quand même à continuer plus longtemps. Elle le frappa deux fois, mais ne put pas prendre le dessus. Alors qu'il essayait de l'épingler, elle pivota sur le côté en utilisant l'élan de Drago, et ils roulèrent sur le sol.
Il finit quand-même au-dessus d'elle à la fin.
Elle jura presque de frustration.
"Mieux," dit-il, haletant.
Son visage était à moins d'un centimètre de celui d'Hermione, et il avait les yeux baissés sur elle. Ses mains étaient enroulées autour des poignets d'Hermione, au-dessus de sa tête.
Elle pouvait sentir les battements du cœur de Drago.
On était le 21 janvier. La semaine suivante serait la dernière fois, et elle serait obligée de donner ses souvenirs à Kingsley.
Drago, qui s'inquiétait pour elle plus que n'importe qui. Qui avait pris un temps qu'il n'avait probablement pas pour essayer de la former pour qu'elle reste en vie. Parce qu'il voulait juste qu'elle vive.
Depuis qu'il lui avait dit qu'elle pouvait dire non, il ne lui avait jamais vraiment demandé quoi que ce soit. Alors qu'il la regardait, son expression était fermée, mais ses yeux étaient résolus ; comme s'il la mémorisait. Puis son expression vacilla, un flash d'amertume familier.
Et elle sut.
Il attendait qu'elle le trahisse. Il savait qu'elle le ferait. Qu'elle choisirait toujours l'Ordre en premier.
C'était ce qui l'avait toujours retenu.
Il l'avait anticipé depuis le tout début, avant que la possibilité ne lui soit venue à l'esprit. Et il l'avait quand-même formée.
Elle ne pouvait pas le comprendre. Quel était l'intérêt de tout ça s'il s'attendait à être tué par l'Ordre ? Par elle ?
Elle le fixa. Elle n'avait pas besoin d'un livre pour lui dire ce qu'était l'expression sur son visage. Elle pouvait le sentir elle-même, c'était une chaleur dans son abdomen, une sensation prenante dans sa poitrine, et un vrombissement dans ses veines. L'intensité avec laquelle il la regardait. Les doigts de Drago étaient enroulés autour de ses poignets, et son pouce glissait inconsciemment le long de l'intérieur du bras d'Hermione en la regardant.
Il s'approcha. Elle retint son souffle. Puis l'expression de Drago se durcit. Il retira ses mains et commença à se lever.
La main d'Hermione fusa, et elle attrapa Drago par sa chemise, le ramena vers elle et pressa ses lèvres contre les siennes.
Ce n'était pas un baiser lent et doux. Ce n'était pas un baisé causé par l'alcool et l'anxiété.
Il était né de la rage, du désespoir et du désir si brûlant qu'il menaçait de la brûler jusque dans l'oubli.
C'était possiblement un baiser d'adieu.
"Si… quand Kingsley et Maugrey décideront d'exposer Drago, nous vous donnerons une heure pour le prévenir."
Drago se figea quand les lèvres d'Hermione touchèrent les siennes, et elle pensa qu'il pourrait juste la repousser. Elle sentit sa main sur son épaule et s'arma alors qu'elle approfondissait le baiser et resserrait sa prise sur ses vêtements.
Il vacilla.
C'était comme si quelque chose se brisait en lui. Comme la rupture d'un barrage, et soudain, Hermione se noya en lui.
Il enroula ses bras autour d'elle et l'embrassa sauvagement.
La chaleur était comme un feu sauvage.
La tension, l'attente. Des mois à attendre qu'il fasse un pas vers elle. Après lui avoir dit que c'était pour ça qu'elle avait été envoyée, une vierge en tribut pour ses services.
Mais cela avait été une ruse de sa part. La toucher, l'embrasser, la "vouloir". Une feinte pour masquer ses véritables intentions et motivations. La demander avait été la même forme de diversion que quand il lui avait appris l'occlumancie.
Un mensonge…
Jusqu'à ce que ça n'en soit soudain plus un.
Elle avait évolué dans son jugement. Manipulé son chemin jusqu'à occuper la place exacte qu'il avait prétendu qu'elle avait.
Elle glissa ses doigts sur ses épaules. L'une des mains de Drago agrippa ses cheveux, tirant sur les tresses, pendant que son autre main descendait et arrachait la chemise d'Hermione pour l'ouvrir, poussant son soutien-gorge hors du chemin. Il attrapa ses seins avec assez de force pour la faire étouffer une exclamation de douleur contre la bouche de Drago.
Elle l'embrassa profondément alors que ses doigts glissaient dans les cheveux de Drago et le long des tendons de sa nuque. Elle traîna ses ongles sur ses épaules.
Malgré la façon froide avec laquelle il agissait, son nom était approprié ; il était un dragon. Il gardait des murs de glace autour de lui, mais il y avait du feu dans son cœur.
Ils arrachèrent chacun les vêtements de l'autre. La chemise de Malefoy perdit plusieurs boutons alors qu'elle l'ouvrait et mordait son épaule. Le sentant. Le marquant. Son corps lui était familier. Elle en avait déjà mémorisé les contours.
Il passa ses mains sur le corps d'Hermione, le long des courbes desquelles il s'était moquées quand il l'avait qualifiée de maigrichonnes. Il embrassa ses seins et emmêla ses doigts dans les cheveux d'Hermione jusqu'à ce qu'elle gémisse en penche la tête en arrière.
La bouche de Drago était à la jonction entre le cou et l'épaule d'Hermione, et il l'embrassa et la mordilla le long de sa clavicule jusqu'à atteindre un point où elle gémit gutturalement et s'arqua contre lui.
C'était rapide. Rude. Ce n'était pas une romance entre eux, mais la collision entre deux forces contraires.
Il écarta les jambes d'Hermione et sombra en elle d'une seule poussée brutale. Puis il s'arrêta et l'embrassa avant de commencer à bouger.
Hermione ravala un cri de douleur et se força à ne pas se raidir ou reculer.
Ça faisait mal.
Elle avait su que ça serait probablement le cas, si ce n'était pas fait doucement. Mais la douleur l'avait quand même prise de court. Sa soudaineté.
Peut-être qu'il avait supposé qu'il y en avait eu d'autres avant lui.
Elle était contente que ça fasse mal. Elle se prostituait pour la guerre. Elle avait séduit Drago après qu'il ait rendu extrêmement clair le fait que c'était une limite qu'il ne voulait pas franchir. Elle l'avait manipulé parce qu'elle voulait quelque chose de lui.
Ça devait lui faire mal physiquement, de la même façon que ça lui faisait mal mentalement.
Il était tellement plus grand qu'elle que sa carrure l'enveloppait pratiquement. Les mains de Drago étaient si emmêlées dans ses cheveux qu'elle pouvait à peine bouger la tête pendant qu'il croisait son regard en bougeant en elle.
La mâchoire de Drago était tendue. Son expression était gardée comme elle l'était presque toujours. La ligne serrée de ses lèvres.
Mais ses yeux… l'intensité en eux quand il la regardait était brûlante. À son expression, elle pouvait le dire…
Il était à elle.
Le réaliser lui brisa le cœur.
Elle se força à ne pas montrer de signe d'inconfort. Elle bougea les hanches pour suivre les mouvements de Drago et s'accrocha à lui alors qu'elle passait ses ongles le long de son dos. Elle verrouilla ses pieds sous les hanches de Drago pour le faire plonger plus profondément en elle.
Il étouffa une exclamation et laissa tomber sa tête contre l'épaule d'Hermione alors qu'il se poussait profondément en elle. L'angle de son mouvement, l'intensité entre eux n'était pas que la sienne… elle gémit et haleta près de l'oreille de Drago.
Le rythme de Drago se fit légèrement hésitant, et il leva la tête. Il glissa ses mains hors des cheveux d'Hermione, attrapa celles d'Hermione et entrelaça leurs doigts. Il l'embrassa. Des baisers à fendre l'âme qui serrèrent le cœur d'Hermione alors qu'elle les lui rendait.
Il changea de rythme. Plus lent. L'angle était différent, la façon dont leur pelvis se touchait alors qu'il se poussait en elle, et Hermione s'alarma quand elle réalisa qu'il lui arrachait son sens du contrôle. La tirant plus loin dans le feu auquel elle ne savait pas comment échapper, ni contrôler.
Drago l'embrassait. Brûlant. Écrasant. Presque des baisers punitifs, alors qu'il agrippait ses mains et continuait de bouger en elle. La douleur s'était atténuée en une petite palpitation dans le feu de sensation qui se frayait un chemin dans les nerfs d'Hermione.
Plusieurs accoups supplémentaires, durs, profonds, puis les hanches de Drago se crispèrent et il eut un profond gémissement et laissa tomber sa tête près de celle d'Hermione. Son souffle courait sur la peau d'Hermione alors qu'il haletait près de son oreille et embrassait son épaule.
Hermione était allongée, immobile, à côté de lui. Elle était subitement consciente des lames de parquet grossières qui lui mordaient la peau. De la froideur de la pièce.
La seule chose à laquelle elle pouvait penser était à quel point elle était soulagée de ne pas avoir joui.
Drago resta pressé contre elle et toujours en elle pendant plusieurs secondes puis il se tendit brusquement et se retira. Son expression était tirée, et le ne la regarda même pas en saisissant ses vêtements sur le sol. Il enfila son caleçon et son pantalon.
Hermione s'assit lentement, le regardant attentivement. Il devenait de plus en plus pâle alors qu'il se redressait. Son expression était à la fois incrédule et horrifiée.
"Putain…" dit-il dans un souffle, passant sa main dans ses cheveux.
Il semblait étrangement dévasté.
Il plaqua sa main contre sa bouche et leva les yeux, croisant le regard d'Hermione. Quoi qu'il se passe en lui, cela semblait lui donner une crise d'angoisse.
Il déglutit visiblement, ferma les yeux et tira sur sa chemise. Puis il ouvrit les yeux. Il semblait s'être repris. Il prit une profonde inspiration et se tourna vers elle. Son expression était tendue.
Alors qu'il la regardait, ses yeux tombèrent entre ses jambes et il blanchit.
"Tu étais vierge ?" Sa voix était rauque.
"Oui," dit-elle. "Quand tu as donné tes conditions, il était supposé que c'est ainsi que tu me voulais."
Malefoy eut l'air d'être sur le point de vomir. Sa mâchoire était serrée alors qu'il restait juste les yeux fixés sur elle.
"Je…" Sa voix le lâcha.
"Je… J'aurais été plus doux… si j'avais su," dit-il finalement.
Hermione referma les genoux pour se cacher et tira ses jambes plus près de son corps. "Je ne voulais pas que tu le sois."
Il pinça les lèvres. Il avait l'air étrangement perdu.
Elle ne pouvait pas comprendre le sens de tout ça. Pourquoi céder et la baiser était un coup décisif.
Peut-être que ça l'était. Après qu'il l'ait embrassée quand ils étaient tous les deux ivres, il avait dessiné une limite claire. L'une de celles qu'il était furieusement assidu à maintenir.
S'il était attendu à ce qu'elle le tue à la fin, il aurait pu trouver l'idée de franchir cette limite insupportable.
Mais ça n'expliquait pas tout le reste de ce qu'il avait fait. S'il s'était attendu à ce qu'elle le trahisse, pourquoi grimper dans les rangs ? Pourquoi essayer de retirer sa Marque des Ténèbres ?
Cela devait être relatif aux runes. S'il avait été déchiré, et il avait clairement été déchiré, alors ça aurait pu faire pencher la balance. Peut-être qu'il ne pouvait plus changer de trajectoire maintenant. C'était fixé. Obsessionnel. Possessif. Elle l'avait ; possiblement pour toujours, si elle était assez rusée pour l'utiliser.
Il y avait quelque chose d'ironique dans le fait de séduire quelqu'un dans l'espoir que ça pourrait lui sauver la vie. Le coin de la bouche d'Hermione se souleva légèrement.
Elle agrippa ses genoux ; ses mains tremblaient légèrement.
Elle avait eu ce qu'elle voulait. Elle pleurerait sur le coût plus tard, quand elle aurait l'espace pour le faire. Elle mit ses murs d'occlumancie en place. Elle n'allait penser à rien d'autre que la situation actuelle.
Il était à elle. Pour une raison inconnue, il était à elle. Maintenant elle devait trouver un moyen d'en tirer avantage.
Il remarqua son expression.
"Tu sembles ravie," dit-il d'une voix amère, "d'avoir réussi à te prostituer. Contente de savoir que tu as une pièce d'échecs bien placée ?"
Elle ne tressaillit pas face à cette insulte. Elle serra lentement les poings puis les força à se rouvrir. "C'était mon travail," dit-elle à voix basse. Il était inutile de le nier. "Tu devais savoir que c'était ma mission."
"Bien sûr," dit-il d'un ton vide, détournant les yeux. Ses bras pendaient, inertes, comme s'il ne savait plus quoi faire de lui-même. "J'ai juste… je n'ai jamais pensé que tu pourrais vraiment réussir. Je n'avais pas envie de toi… quand je t'ai demandé… je n'avais pas vraiment envie de toi."
"Je sais." Elle détourna les yeux. "Je me suis rendue compte que tout était un jeu de rôle au début." Sa peau lui faisait mal à cause du froid. La masure n'avait jamais été chauffée, mais elle ne s'était jamais rendu compte qu'elle était si froide jusqu'à ce moment-là.
Il eut un rire étranglé dans un souffle et la regarda de nouveau. "Bien sûr."
Il y eut un silence. Hermione commença à remettre ses vêtements. Drago détourna les yeux.
"Je n'allais pas trahir ton Ordre," dit-il finalement d'une voix morte. "Je n'en ai jamais eu l'intention. Vous étiez déjà en train de perdre quand je suis arrivé, et vous êtes toujours probablement en train de perdre aujourd'hui. Mais… je ne m'en suis jamais soucié. Je n'ai pas changé d'allégeance à cause de ça. Je voulais venger ma mère. J'étais parfaitement volontaire pour mourir dans le processus." Il fixa le sol. "Malheureusement, le temps que j'aie une chance de proposer mes services, elle était morte depuis trop longtemps. Ce n'était plus une explication 'plausible'."
L'amertume sur son visage était pure. Il fit rouler sa mâchoire et leva les yeux vers le plafond, renversant sa tête en arrière. "Je n'étais pas conscient qu'il y avait une durée limitée pour le deuil."
Il la regarda et son expression se fit vicieuse et dédaigneuse. Ses yeux étincelaient. "Comme ce n'était plus une raison valable, j'ai dû trouver quelque chose que je voulais ostensiblement de la part de l'Ordre. Alors… une grâce. Mais je savais que ça serait difficilement croyable aussi. Je savais que j'avais besoin d'un contact ; choisir une fille et faire croire que j'avais une sorte d'intérêt semblait une solution pragmatique. Une façon de rentrer dans le rôle du Mangemort." Il fit un léger sourire. "Mais la plupart des sorcières de la Résistance représentaient un trop gros risque ; impétueuses et trop souvent sur le terrain si bien qu'il y avait trop de chances qu'elles soient capturées pendant une escarmouche et soit ma couverture tomberait, soit je changerais constamment de contact."
Il déglutit et sa bouche se tordit. "Puis je me suis souvenu de toi. Je pensais que tu étais morte depuis des années, mais Rogue a rapporté que tu étais la guérisseuse de l'Ordre. Quand tu m'es venue à l'esprit, j'ai pensé avoir trouvé la solution parfaite. Tu étais gardée dans des planques ; il n'y aurait pas beaucoup de risque que tu sois capturée ou tuée, et tu étais assez pragmatique pour accepter si tu pensais pouvoir sauver tes amis. Ça semblait être la solution parfaite. Quand j'ai dit que mes conditions étaient toi et une grâce, ils l'ont immédiatement gobé. Apparemment le 'maintenant et après la guerre' était assez absurde pour que vous y croyiez tous."
Il renifla. "Comme si je pouvais trahi le Seigneur des Ténèbres pour avoir une chance de te posséder," dit-il, levant les yeux au ciel. "Je savais qu'ils t'enverraient avec pour instruction d'essayer de me faire tomber amoureux de toi… pour s'assurer mes services et s'assurer que je ne me lasse pas de toi ou que je ne change pas d'avis. Mais… je me suis dit que tu étais une telle garce à l'époque de l'école, et tu me détestais tellement d'avoir tué Dumbledore, j'étais sûr que tu n'y arriverais pas. J'ai honnêtement pensé que ça serait amusant de te regarder essayer."
Il fixa le sol.
"Mais tu as… tu t'es montrée plus habile que moi," dit-il. "Ou peut-être que j'étais juste trop fatigué et en deuil pour continuer à te repousser. Ça n'a vraiment pas d'importance. Tu as gagné."
Il s'effondra contre le mur et ferma les yeux.
Hermione l'étudia avec scepticisme alors qu'elle remettait le reste de ses vêtements. Elle ne savait pas quel angle il essayait de jouer avec cette… concession ? confession ?
La partie qui la concernait était assez crédible. Ça correspondait à tout ce qu'elle avait noté sur lui. Mais elle avait des doutes sur son affirmation concernant sa mère comme étant sa réelle motivation. Elle avait considéré cette possibilité d'innombrables fois et l'avait écartée.
"Vraiment ? Tu as changé de camp parce que ta mère est morte ?" Elle renifla bruyamment avec incrédulité en se levant. "Sa mort était à peine de la faute de ton maître. Et quoi ? Avant ça, tu as juste grimpé dans les rangs par accident ? Tu l'as à peine remarqué pendant cinq ans et oh…bon sang, quoi ? L'anniversaire de sa mort est arrivé et tu es devenu si mélancolique que tu n'as pas pu t'empêcher de nous contacter ?"
Elle le piquait. Elle était sûre que ça allait l'énerver. Peut-être… que si elle l'aiguillonnait suffisamment, il lui dirait vraiment la vérité pour une fois.
Les yeux de Drago s'ouvrirent brusquement et il pâlit de rage. "Va te faire foutre, Granger."
Hermione tressaillit. La peau de son dos et des ses épaules semblait griffée à vif et son bas ventre était légèrement douloureux. Elle pouvait sentir son sperme couler dans le tissu de sa culotte, et il y avait une sensation piquante entre ses jambes. Elle déglutit et se força à l'ignorer.
"Tu es un Mangemort," dit-elle froidement, croisant les bras en baissant les yeux vers lui. "Est-ce tu t'attends à ce que j'oublie ce que tu as fait ? À ce que j'imagine que tu sois monté si haut dans les rangs grâce à ta délicieuse personnalité ? Tu as tué Dumbledore. Tu as assassiné mes amis. Tu tortures des gens à mort. Et quoi ? Tu penses qu'invoquer ta mère va changer ça ? Ce n'est pas une question de date d'expiration du deuil. Si tu t'attends à ce qu'on croie que tu blâmes ton maître pour ça, peut-être que tu n'aurais pas dû passer une année de plus à travailler pour lui avant de décider de venir dans notre camp. Après que tu aies commencé cette guerre. Après que tu aies choisi de devenir un Mangemort."
Il la fixa, le visage déformé par la fureur alors qu'il levait la main et arrachait la manche qui couvrait son bras gauche. Exposant le tatouage noir et austère.
"Sais-tu seulement pourquoi j'ai ça ?" demanda-il, montrant les dents alors qu'il la toisait. "T'es tu seulement arrêtée pour demander pourquoi ?"
Il se leva et marcha à grands pas vers elle. "Après que toi et tes amis ayez fait envoyer mon père à Azkaban, le Seigneur des Ténèbres est venu chez moi." Les yeux d'Hermione s'écarquillèrent alors qu'il continuait. "Je n'étais même pas encore rentré de l'école. Quand je suis arrivé, il m'attendait. Il gardait ma mère en cage, dans notre salle à manger. Il l'avait torturée pendant presque deux semaines."
Sa respiration était hachée et irrégulière. "Penses-tu que c'est un choix quand le Seigneur des Ténèbres demande de prendre sa Marque ? Tu t'es vendue pour sauver les gens qui comptent pour toi. Hé bien, moi aussi. T'attendais-tu à ce que j'échoue intentionnellement en tant que Mangemort quand je n'étais pas celui qui en aurait enduré la peine ? Tuer Dumbledore et grimper dans les rangs était la seule façon de la faire libérer."
Hermione se sentit pâlir. "Je ne savais pas."
Sa mâchoire tremblait alors qu'il la regardait. "Après sa mort, on m'a surveillé. Le Seigneur des Ténèbres n'est pas idiot, il savait que je vacillerais après l'avoir perdue. J'ai dû regagner sa confiance avant de risquer quoi que ce soit. Je ne suis pas l'un de tes amis. Si je voulais que ma trahison serve, il ne devait pas pouvoir l'anticiper. Si j'avais contacté l'Ordre le weekend suivant, penses-tu vraiment qu'il se serait posé des questions sur l'identité de l'espion ? Il a fallu du temps pour devenir assez proche pour réellement savoir des choses importantes."
Il se détourna et sa voix se fit plus dense et rauque. "Elle… elle ne s'en est jamais remise. Les tremblements… ils ne se sont jamais arrêtés, pas après tant de Doloris. Je ne sais même pas ce qu'ils lui ont fait d'autre… avant que j'arrive…" Sa voix se brisa. Il dégagea les cheveux de son visage et sembla lutter pour respirer. "Pendant tout l'été… je n'ai pas… je n'ai rien pu faire d'autre que lui dire que j'étais désolé."
Drago se retourna et s'appuya contre un mur comme s'il était sur le point de tomber. "Il l'a gardée en cage pendant des mois ; elle y était toujours quand je suis rentré de l'école. Après que j'aie tué Dumbledore, il l'a laissée sortir. Mais après, il est resté et a vécu dans le manoir avec nous. Elle pouvait à peine le supporter. Elle tombait au sol au moindre bruit et se recroquevillait sous la panique."
Il respirait si rapidement que ses mains tremblaient, et il continuait de parler, les mots se déversant juste de lui. "Ma mère… elle… elle n'a jamais été très forte. Elle est presque morte quand elle était enceinte de moi, et elle ne s'en est jamais remise. Elle… a toujours été fragile après ça. Mon père disait toujours que nous devions prendre soin d'elle. Quand le Seigneur des Ténèbres a finalement quitté le manoir… j'ai essayé de l'emmener ailleurs ; quelque part où on ne pourrait pas la trouver ou lui faire de nouveau du mal. Mais elle ne voulait pas partir… elle ne voulait aller nulle part sans moi."
Il pressa les paumes de ses mains contre ses yeux. "J'ai essayé de prendre soin d'elle. J'ai essayé de la garder en sécurité. J'ai essayé de trouver une façon de m'échapper… et puis… elle a été brûlée à mort dans le Manoir Lestrange…"
Sa voix se brisa, et il glissa sur le long du mur en frissonnant.
Hermione sentit quelque chose se tordre dans son cœur.
Il avait toujours été farouchement protecteur envers sa mère, même à l'école. Quand quelqu'un insultait son père il pouvait se mettre en colère, mais la plus petite insinuation contre sa mère le rendait vicieux.
La transformation choquante d'une petite brute de l'école en un meurtrier capable de tuer Albus Dumbledore faisait soudain sens. Voldemort l'avait plongé dans une épreuve avec l'option d'en émerger en tant qu'arme ou celle de perdre la seule personne qui comptait pour lui ; une personne dont il se sentait intensément responsable. Son amour pour Narcissa Malefoy avait forgé sa létalité ; cette froide capacité à réfléchir et à repousser les limites.
"Je suis tellement désolée, Drago," dit-elle, se sentant étourdie par le choc.
"Je ne veux pas de ta fausse sympathie, Granger," gronda-il, mais sa voix tremblait.
Il n'avait probablement jamais dit à personne ce qu'il s'était passé. Severus ne savait pas. Ses amis n'auraient pas pu savoir. Il avait porté ça pendant des années, essayant de faire amende honorable du mieux qu'il le pouvait. Puis Hermione était arrivée et l'avait lentement et impitoyablement manipulé pour qu'il s'attache à quelqu'un d'autre… pour qu'il s'attache à elle.
Pas étonnant qu'il ait été dévasté de s'en rendre compte.
"Je ne mens pas," dit-elle. "Je suis désolée. Je suis réellement désolée de ce qui lui est arrivé. Et… je suis désolée de t'avoir fait ça." Elle s'approcha de lui.
Il avait l'air si seul.
Elle plaça une main timide sur son bras, s'attendant à moitié à ce qu'il l'envoie valser dans la pièce sous le coup de la rage. Mais après un moment d'hésitation, il laissa tomber sa tête sur l'épaule d'Hermione.
Elle le tira sans ses bras ; il se raidit pendant un moment puis s'agrippa à ses épaules et sanglota. Elle ne se serait jamais attendue à le voir pleurer.
"Je ne peux pas… je ne peux pas…" ne cessait-il de répéter en tremblant.
Hermione ne savait pas quoi faire. Elle passa ses doigts dans ses cheveux et le long de sa nuque alors qu'il ne cessait de répéter les mots encore et encore.
"Je ne peux pas… je ne peux pas recommencer…," haleta-il. "Je ne peux pas m'attacher encore à quelqu'un. Je ne peux pas… je ne peux pas y arriver."
Hermione posa une main sur la joue de Drago et sentit ses larmes glisser sur sa peau et le long de son poignet.
"Je suis désolée. Je suis désolée. Je suis tellement, tellement désolée, Drago." Elle répéta les mots encore et encore. Elle s'excusait pour tout.
Pour la première fois, Drago Malefoy était entièrement humain avec elle. Elle s'était glissée derrière ses murs et avait épluché toutes ses couches de protection faites de malveillance et de cruauté, jusqu'à atteindre son centre, et découvrir qu'il hébergeait un cœur brisé.
Elle pouvait utiliser ce fait.
