Chapitre 51 - Flashback 26

Avertissement : ce chapitre comprend un épisode d'auto-mutilation.

Mars 2003

La grossesse de Ginny se déroulait aussi bien que possible. Elle était physiquement drainée par le tribut que ça prenait dans sa magie, mais si on mettait de côté le fait qu'elle dormait toute la journée et qu'elle refusait la plupart de la nourriture qu'Hermione faisait envoyer, ses symptômes de grossesse étaient plutôt mineurs. Après avoir entendu parler de Narcissa Malefoy qui était presque morte pendant sa grossesse, Hermione était paranoïaque sur le genre de tribut que la grossesse magique pouvait prendre. Mais Ginny semblait gérer facilement sa grossesse.

"C'est un truc de Prewett ; facilement enceinte, grossesses faciles," dit Ginny avec un haussement d'épaules quand Hermione lui posa la question.

"Tu as de la chance, je détesterais te laisser seule comme ça si tu étais aussi malade que les livres disent que les sorcières peuvent l'être," dit Hermione, étudiant l'orbe d'un jaune brillant flottant au dessus du ventre de Ginny. "Le bébé a une bonne signature magique ; il semble en bonne santé. Mais je n'ai pas beaucoup d'expérience avec tous ces sorts."

Hermione alla à une autre page du Guide Pratique des Soins de la Grossesse Magique et de l'Accouchement et utilisa un charme pour vérifier l'absence de placenta praevia.

"Est-ce que tu as eu des nouvelles de Harry et Ron ?" demanda Ginny après quelques minutes où Hermione manipula les sorts de diagnostic.

Hermione hocha la tête et annula les diagnostics qui tournaient autour de Ginny. "Ils sont de nouveau à Poudlard. Ils n'ont pas envoyé de message."

"Harry a envoyé son cerf cette nuit. Je pense qu'il doit le faire quand il est de garde. Il est venu dans ma chambre hier soir." Ginny pinça les lèvres et sembla au bord des larmes.

Hermione lui serra la main.

"Je me sens si mal de lui mentir," dit Ginny, tirant sur le bout de ses cheveux. "Et de te faire mentir aussi. Je suis désolée. J'aurai dû faire plus attention."

"Ce n'est rien. Ne t'inquiète pas pour moi." Hermione fit un haussement d'épaule fatigué alors qu'elle rétrécissait le livre et le glissait dans un sac.

Ginny se pencha en avant et attrapa le poignet gauche d'Hermione. "Hé bien, je n'ai pas grand chose à faire ici. Et je pense que tu as besoin de quelqu'un qui s'inquiète pour toi. Tu es si maigre." Ginny fit courir son pouce sur le cubitus d'Hermione comme pour illustrer à quel point ses os étaient saillants. Hermione libéra son poignet et tira sur ses manches. "Tu as l'air de ne pas dormir du tout. On dirait que tu es faite de papier. Tu n'as vraiment personne ?"

Hermione détourna les yeux. "Hé bien, George m'a fait une proposition," dit-elle avec un sourire tordu. "Mais je ne pense pas qu'il le pensait vraiment."

Ginny la poussa. "Sois sérieuse. Tu ne peux pas survivre seule à cette guerre. Personne ne peut le supporter. On survit ensemble." Ginny regarda attentivement Hermione. "Je veux dire, peut-être que tu allais bien avant. Mais… tu… tu as l'air de ne plus t'en sortir. Depuis Noël je n'ai pas l'impression de t'avoir vu dormir. N'as-tu vraiment personne ?"

Hermione se gratta le nez avec dégoût. "Je pense que j'ai déjà mentionné que la baise cathartique n'était pas mon truc." Elle s'esclaffa en secouant la tête. "Ajouter un plan cul va difficilement améliorer ma capacité à faire face."

Ginny leva les yeux au ciel et secoua la tête. "Je ne te dis pas de trouver un plan cul. Tu n'as même pas quelqu'un à qui parler ou à serrer dans tes bras après une mauvaise journée. Dès que quelqu'un essaie de s'approcher de toi, tu le repousses comme tu l'as fait avec Harry à Noël. Je ne comprends pas pourquoi tu ne laisses personne partager ton fardeau. Je connais ce regard que tu as ; c'est le même que celui de Harry quand la guerre est en train de le broyer. Mais Harry sait qu'il a Ron peu importe ce qu'il se passe, et moi, et toi, et la famille, et l'Armée de Dumbledore, et Remus, et Tonks, et l'Ordre, et même ces stupides combats moldus quand ça devient trop lourd. Il a tout ça sur lequel se reposer quand il a besoin de se décharger pendant un petit moment. Tu en as besoin aussi."

Hermione baissa les yeux sur ses ongles et joua avec ses cuticules pendant une minute. "Quelle charge ai-je que quelqu'un aurait la volonté de partager avec moi ?" Sa voix était amère.

Elle se détourna et regarda par la fenêtre pendant une minute avant de regarder de nouveau ses ongles. "C'est pire, Ginny, de penser que quelqu'un est là pour que tu t'appuies dessus et de te rendre compte que ce n'est pas le cas quand tu as le plus besoin de lui. Je ne peux… je ne peux pas prendre ce risque. Je ne serais pas capable de le supporter."

Ginny eut un soupir frustré et tapa l'une des fausses pustules sur son poignet. "Harry et Ron se fâchent contre toi parce qu'ils se soucient de toi, cependant. Tu ne peux pas partir du principe que les gens vont te laisser tomber et juste ne pas leur donner une chance. Et si ils étaient vraiment là pour toi et que tu ne leur faisais pas assez confiance pour le découvrir ?"

Hermione fit tourner sa baguette dans sa main. "Et s'ils ne l'étaient pas ? Quand j'ai vraiment besoin qu'ils le soient ?"

Il y eut un silence et Ginny eut un soupir triste.

Hermione ferma les yeux pendant un moment avant de les rouvrir. "Cette façon de fonctionner est devenue une habitude pour moi, Ginny. Je ne sais plus comment faire autrement."

"Et moi ?" dit Ginny avec un petit sourire.

Hermione la regarda. "Toi ?"

"Pourquoi ne peux-tu pas me parler ? Tu vois ? On est amies depuis des années ; on a partagé une chambre pendant presque quatre ans. Mais tu n'as jamais considéré que j'étais quelqu'un à qui tu pouvais parler. Même avant que je ne devienne membre de l'Ordre, Harry et moi étions toujours capable de parler de choses et d'autres. Il pouvait m'en dire assez. Tu peux me parler. Tu peux me faire confiance. Je ne te jugerai pas. Je te fais confiance. Je suis là pour toi. Si tu as besoin de quelqu'un, tu peux me parler de n'importe quoi."

Hermione regarda Ginny avec culpabilité. "Ginny… Je… ce n'est pas une question de te faire confiance ou pas. Je… juste… je ne…"

L'expression de Ginny retomba. "Peu importe. Je n'essaie pas de t'obliger. Je voulais juste que tu saches que tu as quelqu'un à qui parler. Si jamais tu en as envie. Même si je ne suis pas d'accord avec toi, je ne vais pas cesser d'être ton amie."

"Merci, Ginny," dit Hermione, détournant les yeux. "J'apprécie. Si je le pouvais… je te parlerais si je le pouvais. Mais je ne sais même pas par où commencer. Et…" elle regarda sa montre, "je dois partir. La garde de Padma va commencer et je l'aide toujours."

"Ok," soupira Ginny. "Je te laisse partir alors. Est-ce que Padma va bien ?"

"Aussi bien que possible. Elle s'adapte toujours à la prothèse ; elle devient douloureuse et elle se fatigue facilement… Le travail de charme n'est pas aussi bon qu'il pourrait l'être. Flitwick et moi essayons encore de tripatouiller avec l'équilibre."

Hermione rassembla ses livres et ses potions et les fourra dans un sac avant de sortir de la chambre de Ginny ; faisant un spectacle de retirer tous les charmes de protection de son corps et appliquant des charmes de nettoyage avant de changer ses vêtements.

Sur son chemin vers la salle d'hôpital, elle s'arrêta et s'appuya contre le mur pendant quelques minutes. Elle pressa ses mains à plat contre le papier peint pour essayer de les faire arrêter de trembler.

Elle n'avait pas pu dormir plus d'une heure ou deux à la suite depuis Noël. Elle prenait un philtre Calmant une fois par semaine le lundi soir, pour que ses mains ne tremblent pas pendant sa formation avec Drago.

Tout le monde se rassemblait dans le salon la nuit quand ils ne pouvaient pas dormir, mais Hermione se voyait incapable de supporter d'y être. Elle évitait les conversations ; les gens essayaient de la réconforter et de l'inclure. Elle était trop fatiguée pour faire semblant.

La plupart des nuits, quand la maison était silencieuse, elle s'asseyait seule dans la cuisine du Square Grimmaurd, essayant de trouver quelque chose à faire pour remplir les heures vides et froides avant le lever du soleil.

Elle enleva ses mains des murs et partit prendre sa garde.

Hermione était dans les escaliers avec Padma, l'aidant à apprendre à descendre l'escalier sans canne, quand la porte du Square Grimmaurd s'ouvrit à la volée.

"No ! Lâche-moi ! Lâche-moi !" Harry hurlait et essayait de s'arracher aux bras de Remus alors que Remus le tirait pour qu'il passe la porte. "Putain ! LÂCHE-MOI ! On ne peut pas les laisser !"

Harry donna un coup de poing dans le visage de Remus alors qu'il luttait pour se libérer.

"Que quelqu'un le stupéfixie !" aboya Remus alors qu'il plaquait Harry au sol et l'épinglait pour qu'il ne se torde pas pour se libérer.

"Mon dieu, non. Putain. Tu as laissé Ron ! LÂCHE-MOI ! TU NE PEUX PAS ME LAISSER L'ABANDONNER !"

Hermione sortit vivement sa baguette et toucha Harry sur le côté de la tête avec un stupéfix. Harry devint interne.

"Ne le réveille pas tant qu'il ne sera pas attaché !" aboya Remus, se retournant et se précipitant par la porte avant de transplaner avant que quiconque n'ait pu poser de questions.

Hermione laissa Padma dans les escaliers et se précipita près du corps inerte de Harry. Elle lança un diagnostic, le vérifiant attentivement. Il était couvert de saletés et avait une commotion cérébrale ainsi que plusieurs côtes fêlées ; plusieurs ongles avaient été arrachés et il avait des blessures par maléfice.

"Que quelqu'un envoie un patronus à Kingsley et Maugrey," dit vivement Hermione alors qu'elle annulait les maléfices. Elle fit léviter Harry du sol et l'emmena dans la salle d'hôpital.

Il ne fallut pas longtemps pour réparer les blessures de Harry. Puis elle versa différentes potions fortifiantes et réparatrices dans sa gorge.

Elle tourna autour de lui, essuyant son visage et regardant les couleurs revenir progressivement sur son visage. Elle repoussa ses cheveux rêches de son visage et fit courir un doigt le long de sa cicatrice.

"Oh, Harry, Harry, Harry," murmura-elle dans un souffle, et elle pressa son front contre le sien. "S'il te plait Remus, ramène Ron."

Elle resta près de Harry jusqu'à ce que Neville apparaisse, accompagné de Charlie qui portait une Tonks inconsciente. Padma les suivait. Le bras de Neville était cassé dans plusieurs angles affreux.

"Que s'est-il passé ?" demanda Hermione alors que Padma faisait léviter Tonks dans un lit.

"Aucune putain d'idée," dit Neville. Il était si pâle que sa peau était presque transparente. Hermione lança un diagnostic ; il avait été touché au bras avec le sort d'acide et il montrait aussi des signes du Doloris. "Ils devaient s'attendre à ce qu'on utilise finalement les passages secrets. Nous avons déclenché une alarme ou quelque chose. Soudain il y avait plus d'une douzaine de Mangemorts. Il y avait des protections anti-transplanage ; nous n'avons même pas pensé à vérifier pendant qu'on creusait. On les a retenus et Remus a fait exploser le plafond du tunnel pour faire un trou et il a d'abord sorti Harry. On a essayé de suivre. Ron a été touché par quelque chose. Anthony et moi avons essayé de le récupérer mais ils ont touché mon bras de baguette avec un sort d'acide. Anthony l'a contré, utilisé un leviosa et m'a jeté hors du tunnel. L'idiot, il a baissé sa garde. J'ai vu le sort de mort le toucher. Je ne sais pas comment Tonks est sortie. Personne d'autre… n'est sorti. Quand Remus est revenu, il nous a juste fait transplaner."

"Alors… est-ce que Ron est en vie ?" La voix d'Hermione tremblait alors qu'elle enlevait les os de son bras. Neville était si hébété qu'il ne réagit même pas.

"Je ne sais pas…"

"Nous avons envoyé un mot à maman," dit Charlie d'une voix sans vie. "Pour voir ce que dit l'horloge."

L'aiguille de Ron sur l'horloge de la famille Weasley restait sur En danger de mort.

Hermion y alla personnellement et resta à la regarder près de Molly Weasley, qui y montait la garde. Hermione avait peur que si elle se détournait, elle pourrait brusquement passer sur "Mort" à côté de celle de Percy.

Il lui fallut une demi-heure avant de réussir à se forcer à détourner les yeux.

"Molly, il y a une réunion dans une heure, sur ce qu'il faut faire. Je.. peux rester avec Arthur, si tu veux y aller," dit finalement Hermione, posant légèrement sa main sur l'épaule de Mrs. Weasley.

Molly ne détourna pas les yeux de l'horloge. Elle secoua la tête. "Non. Je dois rester ici, ma chérie. Les garçons vont venir. Il faut que je reste là."

Hermione retira sa main. "Je vais te faire du thé avant d'y aller."

La réunion était en effervescence.

"Nous n'allons pas tenter de mission suicide pour entrer dans Poudlard," dit Kingsley dès que le débriefing fut terminé. Il était extrêmement calme malgré la tension qui vibrait dans l'air. "Entrer dans l'école était déjà une mission prioritaire et ça continue de l'être. Étant donné notre incapacité à accéder à l'école, nous ne pouvons pas planifier immédiatement une mission de secours pour ne trouver qu'un seul prisonnier dans le château. Tant que nous n'avons pas de meilleures informations, une tentative de sauvetage est hors de question."

Charlie frappa la table avec colère, et la réunion se limita à des cris pendant plusieurs minutes.

"Nous ne pouvons pas le laisser là-bas. C'est un membre de l'Ordre. Ils sont probablement en train de le torturer. Et si Lucius Malefoy mettait la main sur lui ?" Le torse de Harry se soulevait et s'abaissait de panique et de rage malgré le philtre de Paix et les sédatifs qu'Hermione lui avait administrés avant de donner le feu vert pour sa réanimation.

"Il n'y a rien que l'on puisse faire tant que nous n'avons pas plus de renseignements," dit Kingsley, imperturbable. Il était toujours très calme pendant les réunions. Ses yeux fusèrent dans toute la pièce avant de s'arrêter sur Harry. "Pendant que tu récupères, Maugrey est déjà en train de mener une nouvelle mission à Poudlard. Nous sommes actuellement tout à fait conscients de l'urgence de la situation, Harry."

"Je n'ai pas besoin de récupérer," aboya Harry, les dents serrées. "J'ai besoin que vous m'aidiez à récupérer Ron. Il doit y avoir quelque chose à faire. Nous avons des prisonniers, on pourrait faire un échange."

Kingsley prit une grande inspiration et secoua la tête. "Si l'Ordre essayait d'ouvrir des négociations, nous les alerterions sur la valeur de leur prisonnier. Tu es en deuil ; jusqu'à ce que tu aies un nouveau partenaire assigné, tu as interdiction de te joindre à d'autres missions."

Harry se leva et sortit de la pièce sans un mot.

"Gardez un oeil sur Harry," dit Kingsley. "Remus, Fred, Charlie, ne le quittez pas des yeux."

Alors que la pièce se vidait, Kingsley resta au bout de la table. Hermione se leva pour partir.

"Granger, un mot avant que tu partes," dit Kingsley.

Elle s'arrêta et se retourna. Kingsley lança un sort de confidentialité autour d'eux. Elle serra les poings derrière son dos.

"Il faut que tu parles avec Malefoy. Je veux tout ce qu'il sait sur Poudlard, immédiatement."

Hermione fixa Kingsley avec réserve. "Maintenant ?"

"Dès que tu peux, j'attends ici jusqu'à ce que tu lui parles. Dis lui que c'est critique. Fais lui bien comprendre que c'est une priorité absolue pour l'Ordre."

Elle hocha la tête et commença à se retourner avant de s'arrêter. "Devrais-je lui dire pourquoi ? Qu'on essaie de récupérer Ron ?"

Kingsley hocha lentement la tête en la regardant. Son expression était fermée mais son regard alors qu'il l'étudiait était méticuleux. Elle se demandait souvent quelles conclusions il tirait.

"Oui. S'il a une chance de pouvoir récupérer Ron, ça serait préférable aux pertes dont nous souffririons à attaquer Poudlard. Je doute qu'ils soient assez fous pour le tuer ; les tendances de Harry sont trop bien connues. Jusqu'à ce qu'on récupère Ron, Harry est inutile. Il n'y a pas de solutions qui ne seraient pas un risque pour l'Ordre. Perdre Ron peut facilement être un coup critique pour nous."

Hermione fit la grimace devant l'implication informulée. Il valait le coup de sacrifier Drago pour retrouver Ron. Bien sûr. C'était pour ça que ça la concernait en premier lieu. Elle savait que ce calcul était bon. Parce que la guerre valait plus que quiconque.

Mais… mais…

Elle déglutit. "Très bien. Je lui dirai," dit-elle d'une voix morte.

Après un moment elle ajouta. "Vous vous rendez-compte que Harry va essayer de monter une mission de secours par lui-même."

Le coin de la bouche de Kingsley tressaillit. "C'est pour ça que j'ai mis Remus, Fred et Charlie sur le coup. Si je tente de m'en occuper moi-même, il essaiera d'y aller seul. Il est moins probable qu'il les laisse derrière lui. J'ai espoir que Remus puisse lui inculquer un peu de bon sens s'il fait quelque chose de stupide. À moins qu'on le mette sous stase quelque part à un endroit où les Weasley ne peuvent pas accéder, je pense qu'il n'y a aucun moyen de l'arrêter."

Hermione commença à parler puis hésita. Kingsley haussa un sourcil.

La mâchoire d'Hermione se tendit. "Ginny. Est-ce qu'on devrait lui dire pour Ginny ? Ça pourrait le retenir un peu."

Elle regarda Kingsley réfléchir à la question. Elle avait réalisé après quelques années de guerre que Kingsley Shacklebolt avait été un Serpentard.

"Pas encore. Si on ne peut pas récupérer Ron sous une semaine, on l'utilisera," dit finalement Kingsley. "Je ne veux pas qu'une information leur parvienne. Si on a de la chance, ils seront eux-même occupés à essayer de rassembler leurs propres informations jusqu'à ce que Maugrey et moi trouvions une solution."

"Très bien."

Hermione quitta la pièce et marcha directement jusqu'à la sortie du Square Grimmaurd.

La pièce de la masure était froide. Elle enroula fermement ses bras autour d'elle pendant qu'elle restait à attendre que Drago apparaisse.

Il arriva en moins de cinq minutes.

Il étudia son visage. "J'imagine que c'est à propos de ce qu'il s'est passé à Pré-au-Lard."

Hermione hocha brièvement la tête. "Ils ont Ron."

L'expression de Drago vacilla. "C'est Ron ? Je savais seulement que c'était un Weasley."

"C'est Ron. Nous… nous avons besoin qu'il revienne. C'est vital. Il faut qu'on le récupère."

L'expression de Drago se fit froide. "Attaquer Pourdlard serait du suicide. Cet endroit est une forteresse."

"Il faut qu'on le récupère," dit Hermione sans ciller. "Ce n'est pas négociable. On m'a dit de te dire que c'était critique." Les yeux de Drago lancèrent des éclairs. "Ron est crucial dans l'Ordre. Kingsley veut tout ce que tu pourras nous donner sur la prison de Poudlard."

Il prit une petite inspiration et leva la tête. "Considère que c'est fait."

"Merci," dit Hermione, essayant d'attraper son regard pendant un moment. Et s'il mourait ? Et si c'était la dernière fois qu'elle le voyait ?

Il ne la regarda pas. "Je t'appellerai quand j'aurai quelque chose."

"Merci, Drago."

Il eut un sifflement d'irritation. Sa mâchoire se serra. "Je préférerais que tu ne m'appelles pas comme ça."

Hermione sentit son ventre se nouer. "Drago, quand je t'ai embrassé…"

Son expression se fit vicieuse. "Vraiment, a-t-on le temps de discuter de ça maintenant ?"

Hermione déglutit difficilement mais ne put pas s'en empêcher. "Est-ce qu'à un moment tu vas de nouveau me parler ? Est-ce que tu vas un jour ne serait-ce que me regarder ?" Sa voix était suppliante.

Drago leva vivement les yeux, et une lueur cruelle brillait dans son regard alors qu'il se verrouillait sur Hermione. C'était comme un coup de poing dans le ventre d'avoir de nouveau sa pleine attention sur elle.

"Tu veux que je te regarde, Granger ?" dit Drago. Son ton était léger - presque affectueux - mais il avait un côté glacé. Il marcha à grands pas vers elle. "Bien. Je regarde. C'est délicieux, je dois dire, de voir toute cette culpabilité dans tes yeux."

Il lui jeta un regard méprisant.

"Tu sais, j'avais pour habitude de penser que ma servitude envers le Seigneur des Ténèbres était l'asservissement le plus cruel que l'on puisse concevoir. Mais je l'admet, il fait pâle figure à côté de toi."

Hermione le fixa, ne sachant plus respirer.

"Je suppose que personne ne réalise à quel point une paire de menottes est légère avant d'en avoir une seconde," dit-il, étudiant l'expression d'Hermione alors que son ton se faisait songeur. "Au moins, avant, je pouvais me consoler en me disant que ce n'était pas ma faute ; qu'accepter tout ça était simplement le mieux que je puisse faire pour garder ma mère en sécurité. C'est différent quand on a personne d'autre que soi à blâmer."

La main de Drago se leva et vint se poser sur la gorge d'Hermione. "Après tout, je t'ai choisie. Tu étais si déterminée à faire tout ce qu'il faudrait, mais tu seras toujours une Gryffondor dans ton cœur. J'ai envié le fait que tu puisses toujours être naïve ; m'attribuer de la bonté, et ne pas te rendre compte que Maugrey et Shacklebolt m'avaient piégé depuis le début. Quand tu as supplié pour avoir une chance de me soigner, j'ai abandonné. Quand tu m'as touché, je ne t'ai pas repoussé. Je pensais, où est le mal ? Tout sera bientôt fini. La vie a été froide pendant si longtemps."

Hermione tremblait légèrement.

Il leva l'autre main et le bout de ses doigts effleura la joue d'Hermione. Hermione ferma les yeux et prit une vive inspiration. Il était si proche qu'elle pouvait sentir la mousse de chêne et le papyrus qui collaient à sa peau.

"Le temps que je réalise que je m'étais trompé, tu avais déjà réussi à entrer. Tu étais si peu subtile que ça ne fait qu'empirer les choses. Le fait que tu m'aurais laissé te faire tout ce que je voulais si ça signifiait sauver les mêmes amis qui t'ont laissé te faire vendre ; que rien de ce que je ferais ne te ferait reculer. Au moins quand je me suis vendu et que j'ai pris la marque, ma mère s'est mise à genou et a supplié pour la prendre à ma place. Je suppose que, d'un certain point de vue, j'ai eu plus de chance que toi."

Hermione eut un sanglot.

"Puis, après que tu sois presque morte dans le Hampshire, j'ai pensé, au moins je peux la maintenir en vie. Elle mérite d'avoir quelqu'un qui se soucie assez d'elle pour la garder en vie. J'ai pensé que tu finirais par laisser tomber. Mais bien sûr, tu ferais n'importe quoi pour sauver les gens dont tu te sens responsable. Bien sûr que tu te servirais de ta propre culpabilité comme d'une arme dans le but d'utiliser la mienne." Il eut un petit rire amer. "Je suis sûr qu'il y a quelque chose de poétique dans tout ça, mais pour le moment, tout ce que je peux sentir c'est cette nouvelle paire de menottes."

Sa main hésita pendant un moment avant qu'il ne la retire et s'éloigne d'elle.

"Alors pardonne-moi si je n'aime pas te regarder, je suis toujours en train de m'habituer à toutes les façons dont les nouvelles m'irritent."

Il se retourna et transplana silencieusement.

Hermion fondit sur le col et posa sa tête sur ses genoux en luttant pour respirer.

Elle retourna silencieusement au Square Grimmaurd et découvrit que son cabinet de potions avait été forcé. Elle vérifia l'inventaire et découvrit que plusieurs doses de Polynectar et deux fioles de veritaserum avaient été volées. Rien ne se trouvant dans les compartiments cachés n'avait été touché.

Padma feignit l'ignorance quand Hermione lui posa des questions. "J'étais à un autre étage. Le temps que je descende les escaliers, le coupable avait disparu," dit Padma avec un haussement d'épaule.

"Je ne peux pas imaginer qui aurait besoin de huit doses de veritaserum," dit Hermione d'un ton mordant. "Tu auras besoin de recalculer le rationnement jusqu'à ce que la prochaine série ne soit prête le mois prochain. Peut-être que la prochaine fois que tu oublieras d'activer les alarmes quand les protections seront forcées, tu pourras t'assurer que les voleurs comprennent comment fonctionne le dosage du veritaserum."

Padma rougit et s'éloigna en boitant.

Hermione entreprit de replacer les protections sur le cabinet puis d'aller vérifier l'état des occupants de la salle d'hôpital.

Pouvoir avoir des gardes régulières dans la salle d'hôpital pendant la convalescence de Padma était un soulagement. Quelque chose à faire. Quelque chose sur quoi se concentrer. Quelque chose de bien ; qui ne s'ajoutait pas à la toile de mensonges qui l'étranglait la plupart du temps.

C'était la seule chose qu'Hermione faisait qui ne lui donnait pas envie de se mutiler en guise de pénitence après.

Non qu'il soit important qu'elle soit pénitente ou pas. Non que quelqu'un s'en souciait.

Quand elle s'asseyait seule dans la cuisine la nuit, elle pouvait faire ce qu'elle voulait.

Une ligne la première fois. Elle avait regardé le sang sortir et se transformer lentement en une gouttelette qui avait glissé le long de son bras vers la table.

Elle avait agité sa baguette et le sang avait disparu. Un autre mouvement et la coupure avait disparu aussi.

La nuit suivante il y en avait eu plus. Les heures passaient lentement, nuit froide après nuit froide alors qu'elle coupait, encore et encore. Autant de fines lacérations de lame de rasoir qu'elle le voulait. Elle pouvait toutes les soigner sans qu'il ne reste de cicatrice.

Elle était douée pour ça. Réparer d'éternelles blessures. C'était l'un de ses talents exceptionnels. C'était une chose à faire la nuit.

Alors qu'elle revenait d'une visite à Ginny, elle trouva Harry se tenant devant la porte.

Il avait l'air fiévreux. Sa peau était pâle, mais ses yeux étincelaient.

"Est-ce qu'elle va bien ?" demanda-il avant qu'Hermione n'ait refermé la porte derrière elle.

"Elle va bien. Il n'y a pas encore de changement," dit Hermione avant que l'expression de Harry ne reflète de l'espoir. Elle enleva tous ses sorts de protection et se lança rapidement des sorts de nettoyage.

Il hocha rapidement la tête. "Est-ce qu'elle sait déjà pour Ron ?"

"Je lui ai dit. Je lui ai dit que je lui ferai savoir dès qu'on l'aurait récupéré." Elle posa sa main sur le bras de Harry. "On va le récupérer, Harry."

"Je sais. Je sais qu'on va y arriver," dit Harry, puis il regarda vivement autour de lui comme s'il suspectait que quelqu'un puisse écouter aux portes. "Peux-tu… peux-tu venir avec moi ?"

Hermione lui jeta un regard inquiet. "Qu'est-ce qu'il y a Harry ?"

Harry haussa les épaules, faussement insouciant. "J'ai juste besoin d'une guérisseuse, et tu es la meilleure."

Le cœur d'Hermione s'emballa. "Qu'est-ce que tu as fait, Harry ? As-tu… as-tu torturé quelqu'un ?"

La tête de Harry se leva vivement et il la fixa, horrifié. "Quoi ? Non. Pourquoi penserais-tu une chose pareille ?"

Hermione poussa une petite exclamation de soulagement et ferma brièvement les yeux. "Quelqu'un s'est introduit dans mon cabinet de potions et a volé notre stock entier de veritaserum pour le mois. Je ne sais pas ce que tu aurais pu faire d'autre."

Harry la regarda et fourra ses mains dans ses poches. "Nous sommes juste allés capturer quelques Rafleurs. Aucun d'entre eux ne connaît l'occlumancie. Le veritaserum fonctionne."

"Pourquoi as-tu besoin de moi alors ?"

"Je te le dirai quand on y sera." Harry l'attrapa par le poignet et tira la cape d'invisibilité par-dessus leur tête. Il l'emmena hors du Square Grimmaurd et transplana.

Ils réapparurent sur une parcelle vide. Harry tendit la main et attrapa quelque chose d'invisible au milieu des airs. On entendit le crissement d'une vieille grille et Harry avança, tenant toujours Hermione par le poignet. Alors qu'elle le suivait, un petit cottage commença à apparaître, entouré par un grand jardin et un étang à côté duquel Harry et elle se tenaient.

"Où sommes-nous ?" Hermione regarda autour d'elle.

"C'était la maison des Tonks," dit Harry. "Remus et Tonks l'ont re-protégée pour que Remus ait un endroit sécurisé pour se transformer."

Hermione le fixa avec incrédulité. "Tonks revient dans la maison où ses parents ont été assassinés ?"

Harry regarda le bâtiment avec nostalgie. "C'est la maison de son enfance. Elle s'est mariée dans le salon. Elle dit qu'elle devait revenir. C'est tout ce qu'il reste de ses parents. Si la maison de mes parents était encore sur pieds à Godric's Hollow, j'y retournerais aussi."

Il resta à regarder le cottage pendant une minute avant de se reprendre. "Viens."

Harry ouvrit le chemin le long d'une allée de graviers venteuse jusqu'à la porte d'entrée. L'entrée s'ouvrait sur un salon avec une salle à manger derrière. Charlie, Fred, Remus et Tonks se tenaient tous autour d'une table. Ils levèrent les yeux quand Harry entra, Hermione le suivant dans la pièce.

"J'ai trouvé une guérisseuse," annonça Harry en entrant.

Tout le monde le regarda avec scepticisme.

"Hermione ?" Fred avait un ton incrédule. "Je pensais que tu allais chercher un guérisseur de terrain."

"Ils n'en savent pas assez," dit platement Harry alors qu'il marchait jusqu'à la table. Hermione resta en retrait. "Ça fait trois jours ; nous ne savons pas quelle sorte de blessures il pourrait avoir. Hermione peut tout soigner."

"Et la dernière fois qu'elle est allée en mission, c'était quand ?" dit Charlie, haussant un sourcil en la regardant.

Harry regarda vers Hermione.

"Trois ans et demi," dit Hermione, évitant le regard de tout le monde.

"On ne peut pas l'emmener," dit Fred, croisant les bras. "L'Ordre a besoin d'elle. Personne ne peut la remplacer en tant que guérisseuses, et elle n'a pas d'expérience du terrain."

"Ce dont l'Ordre a besoin c'est d'arrêter de perdre des gens, ou il ne lui restera bientôt plus personne à soigner," dit Harry d'une voix furieuse.

"Padma. Padma est douée pour la guérison, et elle est habituée aux champs de bataille," dit Remus, étudiant Harry plutôt qu'Hermione.

Harry secoua la tête. "Padma n'a plus qu'un pied. Elle pourrait être prête pour les missions avec une prothèse dans quelques mois, mais elle ne l'est pas maintenant. Pomfresh a passé soixante ans et est essoufflée dans les escaliers. J'ai besoin de quelqu'un qui puisse bouger vite. Hermione n'a pas besoin d'être utilisée au combat. On peut la couvrir." Harry avançait la mâchoire avec obstination.

"Que prévois-tu de faire ? Vous cinq ne pouvez pas possiblement penser que vous pouvez vous introduire dans Poudlard pour une mission de secours," dit Hermione, agrippant sa baguette.

"Ron n'est pas à Poudlard," dit Harry sur un ton terre à terre, tapotant un rouleau de parchemin. "Nous avons capturé des Rafleurs. Le mot dit qu'ils l'ont déplacé plus près de Londres pour l'interroger. Il y a une prison plus petite près de Cambridge."

"Près de Cambridge ?" répéta Hermione. Il n'y avait pas de prison connue à Cambridge. Drago l'aurait mentionné. "Et vous tenez ça des Rafleurs ?"

"On récupère beaucoup d'informations des Rafleurs. La plupart des plans qu'on a utilisés pour les missions de secours viennent des Rafleurs, tu sais," dit Harry avec un hochement de tête, regardant le contour grossier d'un bâtiment.

Hermione tressaillit et se glaça. Maugrey avait attribué la plupart des renseignements de Drago sur les plans des prisons comme venant des Rafleurs. Elle s'approcha et regarda le plan pendant une minute avant de lever les yeux.

"Harry… ça pourrait être un piège," dit-elle aussi gentiment que possible.

"Ouais. Toutes nos informations pourraient être des pièges. Mais elles ont été plutôt bonnes jusqu'à maintenant. Je ne vais pas me mettre à douter alors que ça pourrait vouloir dire libérer Ron. Il faut qu'on y aille aujourd'hui. Demain c'est la pleine lune," dit Harry d'une voix tendue.

Hermione regarda Charlie, Fred, Remus et Tonks.

"Il est aussi bon que tous les autres qu'on a eu," dit Remus, lui faisant un petit sourire. "L'Ordre a besoin que Ron revienne. Les Mangemorts vont probablement s'attendre à ce qu'on retarde l'intervention et qu'on utilise une grande force, si on entre et ressort avant qu'ils ne nous attendent, il y aura moins de pertes."

Hermione resta là à vaciller. Si elle exposait Drago à tout le monde dans la pièce, il n'y avait pas de garantie que ça les arrête. Ça pouvait juste anéantir l'Ordre.

"Viendras-tu, Hermione, m'aider à récupérer Ron ?" Harry se détourna de la table et l'étudia avec sérieux.

"Harry…" commença-elle d'une voix suppliante.

"Je ne sais pas ce qu'ils lui auront fait après autant de jours," l'interrompit Harry d'une voix voilée. "Il pourrait être… vraiment grièvement blessé. C'est pour ça que j'ai besoin que tu viennes. Tu es la meilleure. Tu es la meilleure guérisseuse. S'il est trop blessé, on pourrait ne pas pouvoir le faire sortir sans toi. Mais je vais y aller… je dois aller le chercher."

"Jusqu'à ce qu'on récupère Ron, Harry est inutile. Il n'y a pas de solutions qui ne seraient pas un risque pour l'Ordre. Perdre Ron peut facilement être un coup critique pour nous."

Hermione déglutit. "Bien sûr. Bien sûr que je vais venir."

Harry eut un soupir de soulagement et lui sourit. "Bien. Viens voir le plan."

Le plan n'était pas le meilleur de l'Ordre. La stratégie avait toujours été le point fort de Ron et tout le monde ressentait son absence et le fait qu'ils avaient besoin de lui en regardant les plans devant eux.

Le travail d'Hermione était de rester en arrière et laisser tout le monde s'occuper des gardes et des combats. Elle était censée soigner Ron aussi rapidement que possible une fois qu'ils l'auraient trouvé dans le cas où ils devraient combattre pour sortir. S'il y avait un échange de sorts, elle devait faire sortir Ron. Une fois qu'elle l'aurait fait sortir, tous les autres se replieraient.

Hermione regardait les plans. C'était un piège. La disposition était trop évidente, trop détaillée pour que les Rafleurs en sachent autant. Elle mangea sa lèvre en réfléchissant à ce qu'elle pouvait faire.

"Très bien. Tout le monde se prépare. On y va dans quinze minutes," dit Harry.

Hermione s'agita nerveusement. "Je dois récupérer mon kit. Tu ne m'as pas laissé l'occasion d'emporter mon matériel."

Harry se retourna pour la regarder, ses yeux verts se plissant. "Est-ce que tu essaies d'aller rapporter à Kingsley pour qu'il puisse nous arrêter ?"

Le coin de la bouche d'Hermione tressaillit. "Non."

"Promis ?"

"Je te le promets, je vais juste récupérer mon kit au Square Grimmaurd et je reviens. Je ne le dirai à personne de l'Ordre ou de la Résistance."

Harry hocha lentement la tête. "Très bien. Dépêche-toi. Si tu n'es pas revenue dans quinze minutes, on partira sans toi."

Hermione se rua hors du cottage et transplana à la masure.

Elle attendit quelque minutes. Elle se sentait glacée de terreur.

Maugrey était en Ecosse. Kingsley était sorti pour récupérer des rapports d'éclaireurs. Il n'y avait personne à contacter assez rapidement. Personne ne pourrait ou ne voudrait arrêter Harry.

Si elle envoyait un Patronus, elle n'aurait rien d'autre à dire que Harry allait se jeter dans un piège près de Cambridge. Ce n'était pas assez d'information pour que Kingsley agisse à temps.

Si Drago savait quelque chose, il pourrait dire à Hermione quelque chose de concret qu'elle pourrait utiliser pour dissuader Harry.

Elle mangea ses ongles et tordit le col de sa chemise.

Finalement, elle déglutit avec difficulté. Drago ne venait pas. Ça faisait déjà presque dix minutes.

Elle était à court de temps.

Elle fit apparaître un morceau de papier et griffonna une note pour lui avec les détails pertinents. Endroit. Stratégie. Ses doutes. Pour que s'il finissait par venir, il puisse au moins savoir pourquoi elle l'avait appelé.

Elle utilisa un sort de colle pour le placer au centre du sol où il était impossible à manquer et retourna au square Grimmaurd.

Elle sprinta dans les escaliers jusqu'à son cabinet et en tira son kit de guérison. Il était presque identique à celui qu'elle avait donné à Drago mais avec quelques potions spécialisées en plus, et des bandages et des éclisses. Elle le rapetissa et le fourra dans sa poche puis enleva une planche du parquet et attrapa ses dagues ; en attachant une à son avant bras sous sa chemise et l'autre sur sa cuisse sous son pantalon. Elle tendit la main vers sa cape mais s'arrêta. Trop voyante. Ça pourrait soulever des questions.

Elle se leva et se précipita par la porte.

Harry et les autres se tenaient devant le cottage des Tonks quand elle apparut.

"Hey, Hermione, on pensait que tu t'étais désartibulée," dit Tonks.

Hermione secoua la tête. "Non. Je me suis juste assurée que j'avais tout ce qu'il faut. Je n'ai pas l'habitude de soigner en dehors de la salle d'hôpital."

Tonks hocha la tête. "Très bien. Attrape-moi. Je vais faire transplaner tout le monde étant donné que j'ai fait la reconnaissance."

Hermione agrippa le bras de Tonks et le groupe disparut dans une vive sensation d'écrasement et réapparut dans une forêt. Une grande maison de pierres abandonnée se tenait dans une clairière attenante.

"Il y a une protection anti-transplanage à peu près à mi-chemin du terrain. Une fois que tu auras Ron, Hermione, fait lui passer les protections et ramène le au cottage. C'est là qu'on s'assurera qu'il n'a pas de mouchard avant de retourner dans l'une des planques," dit Harry à voix basse.

"Très bien," dit Hermione, hochant la tête en fixant le bâtiment. Son cœur battait si fort qu'elle en avait mal. Elle joua avec ses doigts et toucha son couteau à travers sa chemise pour s'assurer qu'il était toujours là.

Harry, Remus, Fred et Charlie commencèrent à former un sort complexe de détection pendant qu'Hermione et Tonks montaient la garde.

La toile de magie sortit de leurs baguettes et elle dériva lentement dans la forêt, à peine visible à moins de la chercher. Elle flotta sur le terrain vers la maison, scintillant doucement à différents points pour indiquer les différentes protections. Alors qu'elle traversait le bâtiment il y eut de légers flashs de lumière rouge…

"Deux à la porte," dit Harry.

"Quatre en haut," ajouta Fred.

"Plus de dix dans la cave," dit Charlie. "Je parie que c'est là qu'ils gardent Ron."

"On y va vite," dit Harry. Il serrait sa baguette dans son poing, et ses yeux brillaient alors qu'il regardait le bâtiment. Il bondissait sur ses talons. "Avec les protections qu'il y a ici, nous avons dix minutes avant que les renforts arrivent. Hermione, tout ce que tu as à faire c'est faire sortir Ron.