Chapitre 52 - Flashback 27

Mars 2003

C'est un piège. C'est un piège. C'est un piège.

C'était la seule chose à laquelle Hermione pouvait penser alors que Harry disparaissait sous sa cape d'invisibilité pour s'avancer sur le terrain vers la maison.

Ils regardèrent la porte s'ouvrir, et il y eut quelques flash de sorts silencieux avant que la tête de Harry apparaisse et leur fasse signe d'avancer.

Ils avancèrent vers la maison sous fort désillusionnement.

Hermione regarda les ondulations de Fred et Charlie avancer sans bruit dans les escaliers pendant que Harry montrait une porte qui menait à la cave.

Elle pouvait sentir Tonks derrière elle alors qu'ils descendaient les étroits escaliers et entendaient des sorts étouffés et des corps qui tombaient alors que Harry et Remus atteignaient le bas de l'escalier. Ils étaient dans la maison depuis moins d'une minute.

Hermione entendit une porte s'ouvrir brusquement.

"Vide," dit doucement la voix sans corps de Harry.

Ils travaillèrent dans le couloir de la cave, forçant les portes à s'ouvrir. Le silence semblait mortel… il n'était brisé que par les légers frottements de leurs pieds. Son cœur battait dans ses oreilles, plus fort que le bruit que faisait Harry à s'introduire pièce après pièce.

Ils étaient à la moitié du couloir quand la porte du fond s'ouvrit à la volée. Des douzaines de sorts furent lancés. Hermione plongea pour éviter un Doloris qui stria le couloir. Plusieurs sorts ricochèrent sur les murs ; l'air était rempli de magie.

Tout était à la fois plus lent et plus rapide. Hermione se concentrait pour garder son bouclier en place et esquiver aussi vite que possible. Alors qu'elle bondissait pour éviter un sort d'acide qui l'aurait frappée au visage, le vert létal d'un sort de mort fila vers elle.

"Tu dois avoir l'instinct de simplement bouger."

Elle se jeta au sol, sauta sur ses pieds de l'autre côté du couloir et procéda à mitrailler de stupéfix la pièce au bout du couloir.

Rien de léthal. Si Ron était là, elle pourrait le toucher.

Finalement, les sorts s'arrêtèrent. Il y eut un silence.

"Il est là !" cria Harry.

Hermione avança rapidement dans la pièce, enlevant son désillusionnement. Harry était en train de briser des chaînes qui suspendaient Ron au plafond de la pièce. Il y avait huit Mangemorts inconscients sur le sol.

Ron avait été battu. Son visage était si enflé qu'il était à peine reconnaissable. Il était clairement en train de crier mais aucun son ne sortait de sa bouche. Ses poignets avaient de profondes coupures là où les entraves s'étaient enfoncées dans sa peau alors qu'il était suspendu. Harry brisa les chaînes et Hermione et Tonks attrapèrent Ron avant qu'il ne tombe.

"Finite Incantatum." Hermione agita sa baguette vers le visage de Ron en sortant son kit de guérison.

"Harry, espèce de putain d'idiot !" explosa Ron dès qu'il ne fut plus sous silencio. "Sort d'ici ! Pourquoi diable as-tu amené Hermione ?"

Trop facile. Ça avait été trop facile. Les mots se répétaient dans son esprit alors qu'elle commençait à soigner Ron. Elle travailla aussi vite qu'elle le pouvait ; pas tout, juste assez, juste assez pour qu'on puisse l'emmener hors de la maison et qu'il soit capable de se battre si nécessaire.

"Vérifie que c'est lui," dit Remus.

"C'est lui," dit Harry.

"Vérifie le," aboya Remus.

"Comment Quirrell est passé devant Fluffy ?"

"Avec une putain de harpe." Ron essaya de repousser Hermione et de se lever. "Il faut qu'on sorte d'ici."

"Avale ça." Hermione força une potion contre les dommages internes dans sa gorge, suivi par une potion régénérante puis une potion fortifiante.

"Il faut qu'on parte," dit Ron alors qu'Hermione étalait une pâte contre les ecchymoses sur son visage pour réduire le gonflement afin qu'il puisse voir.

"Laisse-moi réparer ta main de baguette," dit-elle, poussant l'entrave qui encerclait toujours son poignet pour verser de l'essence de Dictame dans la profonde lacération qui était ouverte jusqu'à l'os. Elle répara les fractures aussi vite qu'elle le pouvait.

Alors qu'elle lançait les sorts, l'anneau sur sa main devint soudain brûlant. Elle eut une exclamation étouffée et continua à travailler. La sensation avait à peine disparu avant qu'il ne se remette à brûler.

"C'est assez." Ron lui arracha sa main avec une grimace. "Il faut qu'on sorte. M'avez-vous amené une baguette ?"

Harry en sortit une et Ron l'agrippa mollement et entreprit de se lever. Il y parvint à moitié puis retomba au sol.

Hermione passa son bras au-dessus de ses épaules. "Tu es avec moi," dit-elle. "Mon boulot c'est de te faire sortir."

"Espèce de triple idiote, pourquoi diable as-tu laissé Harry t'entraîner là-dedans ?" Ron s'affaissa contre elle et elle l'aida à remonter le couloir.

"Tu gardes Harry en vie," dit Hermione à voix basse, "et tu es mon meilleur ami. Bien sûr que je suis venue."

Elle le fit monter l'escalier alors que son anneau brûlait de nouveau. Et encore, et encore.

Fred et Charlie étaient en haut des escaliers, les attendant.

"Neuf minutes, il faut qu'on parte." La voix de Charlie vibrait presque sous la tension.

Charlie, Harry et Fred sortirent en premier, suivis par Hermione et Ron, avec Remus et Tonks couvrant leurs arrières.

Les yeux d'Hermione étaient verrouillés sur la limite de la protection anti-transplanage.

"Les protections s'arrêtent dans vingt mètres, il faut juste qu'on atteigne le milieu du terrain," dit-elle à Ron. Sa voix tremblait mais elle essaya de paraître assurée.

Ils étaient à six mètres de la maison quand l'air se remplit de craquements. Le terrain juste à l'extérieur des protections anti-transplanage fut subitement rempli de Mangemorts.

Hermione se figea. Il y avait possiblement une centaine de Mangemorts, et ils avancèrent immédiatement dans la protection, leur bloquant le passage, un mur de sorts fonçant vers eux.

Si elle essayait de se retourner et de s'enfuir avec Ron, ils se feraient faucher. La limite la plus proche de la protection anti-transplanage était derrière les Mangemorts.

La potion fortifiante avait fait effet sur Ron, et il ne s'appuyait plus lourdement sur Hermione. La baguette supplémentaire qu'ils avaient amenée pour lui était toujours un peu affaissée dans sa main.

"Reste à terre, Hermione," dit-il alors qu'il se redressait et avançait jusqu'à sa place à côté de Harry.

Il ne restait dans l'Ordre que d'excellents combattants. La vitesse et la précision avec lesquelles ils se battaient tous étaient remarquables. Considérant les maigres chances qu'ils avaient, il était incroyable qu'ils ne soient pas immédiatement tous morts. La disparité en puissance de feu était énorme.

Tonks et Fred étaient les seuls à utiliser des sorts vraiment dangereux en se battant.

La "stratégie" de s'enfuir disparut rapidement. Ron n'était plus du tout près d'Hermione.

Les Mangemorts qui attaquaient ne paraissaient pas particulièrement talentueux ; il y avait un manque notable de finesse et de coordination dans leurs attaques. Cependant, la différence du nombre était faramineuse. Il y avait plus que dix Mangemorts pour chacun d'entre eux.

Hermione se prépara derrière le bouclier qu'elle avait mis en place.

Elle lança des sorts de découpe sur plusieurs gorges. De minuscules petites coupures. Simple. Permanent.

Sa précision s'était affinée.

Trois Mangemorts tombèrent, l'un après l'autre.

Elle en essaya quelques-uns de plus, mais les autres Mangemorts avaient eu la présence d'esprit de garder leur bouclier levé.

Elle fit glisser quelques charmes de découpe vers leurs pieds. Certains des boucliers des Mangemorts n'étaient pas intégraux.

Il y eut quelques cris alors que d'autres Mangemorts tombaient, leurs tendons d'Achille sectionnés, faisant tomber leur baguette au passage.

Hermione fit suivre les charmes de découpe par des sorts plus létaux pour s'assurer qu'ils resteraient au sol.

Son bouclier commençait à s'affaiblir sous le nombre de sorts qui l'avaient frappé. Elle plongea et roula rapidement sur le côté en évitant un sort de mort. Elle le sentit brûler l'air près de sa joue alors qu'il l'effleurait presque. Elle relança son bouclier en se battant pour avancer vers la limite de la protection anti-transplanage.

Elle chercha après Harry, Ron et les autres, mais les Mangemorts étaient trop près.

Tout le monde était dispersé.

Hermione se tourna vivement pour éviter un sort inconnu. Ce faisant, quelque chose heurta son poignet gauche. La douleur fut brûlante.

Elle recula, baissant les yeux et vit qu'elle avait été frappée là où sa chemise protégée était remontée sur son poignet. De profondes et cruelles pustules enflaient le long de son bras. Le sort d'acide. Si elles explosaient, elles cracheraient leur acide et se répandraient.

C'était si agonisant qu'il fut difficile de prononcer le contre-sort. Elle fut forcée de s'arrêter et d'esquiver ou se jeter au sol pour éviter de nouveaux sorts.

Au troisième essai, elle réussit à faire tenir le contre-sort. Les pustules se calmèrent, mais la douleur était toujours indescriptible.

Elle retomba, haletant irrégulièrement, essayant de trouver un endroit plus défendable.

C'était si ouvert. Rien d'autre derrière quoi se cacher que des corps.

Elle ne pouvait s'empêcher de réfléchir à sa blessure, comme une tic-tac résonnant dans le fond de son esprit. Non létal, mais grave. Elle aurait une cicatrice, mais elle ne risquait pas de perdre sa main. Les endroits où l'acide l'avait rongée jusqu'aux os sur son poignet se guériraient jamais à moins qu'elle ne les enlève et les fasse repousser. Elle devrait faire attention de ne pas tomber dessus ; les os étaient remplis de trous et hautement fragiles.

Elle lança un puissant Confringo pour forcer les Mangemorts qui approchaient d'elle à reculer. Où étaient les autres ?

Remus et Tonks se battaient dos à dos. Tenant bon mais à presque dix mètres de là, coincés contre le mur de la maison.

Harry était plus près d'elle, se battant furieusement contre une douzaine de Mangemorts. Ses lunettes étaient cassées et il semblait qu'un sort coupant l'avait frappé sur le front. Il y avait du sang qui coulait sur la moitié de son visage.

Fred, Charlie et Ron avançaient vers lui en se battant.

Hermione détourna les yeux alors qu'elle distinguait l'éclat d'un couteau du coin de l'œil.

Elle esquiva instinctivement et attrapa le poignet de l'attaquant, utilisant son élan pour poursuivre le mouvement et plonger la lame dans le ventre d'un autre Mangemort qui approchait.

Le porteur du couteau grogna de rage et pivota pour l'attaquer de nouveau.

Le combat à courte distance à la baguette était difficile, essayer de faire correctement le mouvement quand il y avait à peine la place de bouger son poignet.

Simple.

Mortel.

Du plus minuscule mouvement de baguette, elle lança un sort vers le haut. Une minuscule trainée écarlate s'étala sous la mâchoire du Mangemort avant que sa tête ne se renverse en arrière. Du sang jaillit sur le visage d'Hermione.

Il y en avait dans ses yeux et elle put en sentir le goût alors qu'elle entendait le couteau tomber sur le sol.

Hermione essuya le sang de son visage, crachant, et vit un énorme Mangemort non masqué attraper Ron et enfoncer ses dents dans son épaule.

Harry, Fred et Charlie lancèrent tous des stupéfix, mais ils rebondirent sur le Mangemort loup-garou.

Ron hurlait de douleur en essayant de se libérer. Le loup-garou leva brusquement la tête, déchirant l'épaule de Ron.

On était à un jour de la pleine lune. La puissance nécessaire pour abattre un loup-garou à ce stade serait considérable. Au moins sept stupéfix de plus.

Trop long pour Ron.

Des sorts pour abattre un loup-garou ; Hermione réfléchit pour en trouver un.

Elle alla chercher profondément en sa magie et siffla, "Carbonescrere."

Quelque chose en elle se tordit.

Le sort de magie noire surgit de sa baguette. C'était comme un nuage de fumée noire qui filait à travers le terrain et qui explosa autour du Mangemort. Le loup-garou se figea pendant une seconde et tomba en poussière. Ron tomba sur le sol.

Alors qu'Hermione le fixait, tout en elle devint froid et sombre.

Elle trébucha et agrippa sa poitrine.

Alors que le monde surgissait de nouveau devant ses yeux, elle remarqua quelque chose qui avançait vers elle. Elle se tourna, sautant en arrière.

Elle eut l'impression d'être violemment frappée dans les côtes.

Hermione haleta, essayant d'inhaler et baissa les yeux. Il y avait un couteau planté jusqu'à la garde dans le côté droit de sa cage thoracique. Si elle s'était tournée une seconde plus tard, il aurait pu toucher son cœur, mais, alors qu'elle l'étudiait avec surprise, elle pensa qu'il n'avait probablement rien touché d'immédiatement vital.

Son esprit de guérisseuse ne pouvait pas s'éteindre.

Sa baguette glissa de ses doigts, et ses mains foncèrent se refermer sur celle du Mangemort qui tenait toujours le couteau. L'arrêtant avant qu'il ne le fasse tourner, ou le retire et la poignarde de nouveau.

Elle sentit les os de sa main gauche craquer alors qu'elle agrippait fermement les mains du Mangemort dans les siennes et - dans se laisser penser à la douleur que ça serait de bouger avec une lame toujours plongée en elle - lança vicieusement son genou entre ses jambes.

Il s'effondra au sol, lâchant sa prise sur la garde. Hermione s'éloigna en titubant, haletant irrégulièrement.

Où était tombée sa baguette ? Il y avait du sang dans ses yeux. Elle secoua la tête, essayant d'éclaircir sa vision.

Elle baissa de nouveau les yeux sur sa cage thoracique. Son poumon droit était perforé, et elle suspectait son foie d'avoir été entaillé. Depuis l'angle où elle regardait, c'était dur à dire.

Elle vit sa baguette. Elle essaya de l'attraper sans plier le torse. Alors que ses doigts se refermaient autour de la poignée, elle sentit quelqu'un enfoncer les doigts sans ses cheveux tressés et la tirer sur ses pieds jusqu'à ce qu'elle soit suspendue dans les airs, ses orteils touchant à peine le sol.

"Je me souviens de toi, Sang-de-Bourbe." Rabastan Lestrange s'esclaffa en enlevant son masque de Mangemort. Ses yeux se baissèrent et il remarqua le couteau toujours enfoncé entre ses côtes. "Regardez-ça. Quelqu'un a déjà commencé."

Elle essaya de lui jeter un maléfice, mais il envoya voler sa baguette. Elle l'entendit tomber sur le sol.

Son couteau, il fallait qu'elle l'atteigne.

"Combien de fois penses-tu que je puisse te poignarder avant que la lumière ne s'éteigne dans tes yeux ?" demanda-il avant d'arracher la lame de son torse.

Hermione eut une exclamation heurtée en essayant de l'arrêter. Le côté droit de son corps fut soudainement brillant du sang qui coulait de sa blessure. Rabastan leva la lame vers sa poitrine jusqu'à ce qu'elle appuie sur son cœur.

Hermione essaya de libérer sa tête et de sortir son couteau sans attirer son attention.

Il appuya sur la pointe et heurta un os. Il bougea la lame jusqu'à trouver un espace entre ses côtes. Les yeux d'Hermione s'écarquillèrent alors qu'elle levait les yeux vers lui.

"Ici ? Ou devrais-je commencer plus bas ?" Sa voix était moqueuse. Il ne se souciait pas du combat autour de lui.

Hermione ne savait pas quoi faire entre essayer d'atteindre son couteau ou l'empêcher de la poignarder dans le cœur.

Y avait-il seulement une utilité à faire un choix ? Elle pouvait se sentir saigner à mort.

Il commença à appuyer lentement.

Alors que la pointe du couteau commençait à couper dans sa peau, Rabastan se figea. Sa prise sur les cheveux d'Hermione se détendit, et son expression se relâcha alors qu'il tombait mort à ses pieds. Hermione s'effondra avec lui et se rattrapa d'une main.

Derrière Rabastan, juste au-delà de la protection anti-transplanage, un Mangemort masqué se tenait seul sur le terrain.

Plusieurs Mangemorts autour d'elle se figèrent et se tournèrent de surprise quand Rabastan tomba.

Ils furent morts avant de pouvoir lever leur baguette.

Hermione regarda juste. Elle suspectait son poumon perforé de se collaber. Elle pressa ses mains contre la blessure pour se protéger contre l'hémorragie et pour empêcher l'air d'entrer dans sa cavité thoracique.

Elle regarda avec des yeux vides le Mangemort qui venait d'apparaître avancer sur le terrain.

C'était Drago.

Elle ne l'avait jamais vu se battre, pas vraiment. Mais le style était quand même familier.

Il était aussi létal que ce qu'elle avait imaginé.

L'influence de la formation de Bellatrix était évidente. La fluidité de mouvement. Le sillage de corps qu'il laissait derrière lui alors qu'il marchait à grands pas sur le terrain. Le style imprévisible de Bellatrix avait été dicté par son sadisme… sa folie.

Le style de Drago était l'efficacité brutale.

Il ne s'inquiétait pas de mutiler ou de faire souffrir. Il ne voulait pas de prisonniers. Il tuait tout le monde.

Il ne montrait aucune hésitation alors qu'il fauchait les Mangemorts paniqués autour de lui. La façon dont il concevait le fait de tuer rapidement des gens était terrifiante. C'était entièrement une question de chiffres. Effort minimum, grands résultats.

Il était impossible qu'il se soit jamais battu avec son plein potentiel avant. Si un Mangemort s'était déjà battu de cette façon, tout le monde l'aurait su.

Il lança un sort sur le sol qui transforma le rayon qui l'entourait en liquide. Quinze Mangemorts disparurent immédiatement sous la surface. Hurlant. Il annula le sort et les coinça sous la surface, les laissant suffoquer dans la terre autour d'eux.

Il lançait sort après sort après sort, la plupart informulés. Les Mangemorts tombaient de façon régulière.

Il fit apparaître une nuée de colibris argentés. Plusieurs Mangemorts hésitèrent, visiblement confus. Drago fit fouetter sa baguette en avant et les minuscules oiseaux traversèrent l'air comme une grêle de balles, s'enfonçant dans les gorges et les torses de tous ceux qui n'avaient pas un bouclier puissant. Il rappela les oiseaux, gouttants de sang, et les lança de nouveau.

Il n'était qu'à un mètre d'Hermione.

Il tendit la main et l'attrapa par le poignet gauche. Elle poussa un cri en sentant ses os endommagés se fracturer sous sa prise. Il sortit quelque chose de ses robes. Le tenant au-dessus de sa tête, il l'activa.

C'était comme si tout l'air et le son de la zone avait été soudainement aspiré. Un silence mortel. Tous ceux qui étaient autour d'eux tombèrent au sol, haletant et attrapant leur gorge.

Hermione hurlait de douleur et de panique. Elle sentit son poignet se briser alors qu'elle essayait de se libérer. Les Mangemorts cherchaient silencieusement de l'air en suffocant.

"Harry ! Harry. Ron ! Stop. Stop ! Tu ne peux pas tuer tout le monde ! Stop, Drago !" Elle hurlait. Leurs visages devenaient bleus.

L'étouffement arrivait à sa fin. Les corps se figèrent.

"Drago, stop !" Elle reprit sa lutte pour se libérer et sentit les os de sa main se briser. "Stop !"

"Idiote," aboya-il à travers son masque, relâchant son poignet. "Attends là."

Il jeta l'artefact de magie noir sur le sol. Il grésilla et se tordit dans un tas de bouts de métal. Il marcha à grands pas jusqu'à Harry, Ron, Fred, Charlie, Remus et Tonks. Il leur lança chacun un sort de réanimation suivi d'un "Oubliettes" murmuré avant de faire léviter les corps inconscients derrière lui alors qu'il se retournait. Il fit venir la baguette d'Hermione à lui et la tira par le bras.

Il était difficile de respirer.

Bouger était déchirant. Elle avait l'impression que son poignet gauche avait été soumis au Doloris. Du sang ruisselait de son côté.

Il devenait de plus en plus difficile de respirer alors que Drago la tirait à travers le terrain.

Il fallait qu'elle referme la perforation. Dès qu'elle pourrait trouver quelqu'un… quelqu'un qui pourrait lancer les sorts qui l'empêcheraient de se vider de son sang. Qui pourrait enlever l'air de sa cavité thoracique.

Si elle pouvait transplaner. Si elle pouvait transplaner au Square Grimmaurd.

Si elle pouvait.

Elle trébucha. Sa tête lui semblait légère et il était difficile de réfléchir correctement. Elle essayait de respirer mais elle avait l'impression qu'elle ne pouvait pas.

Drago fit tomber tout le monde à l'extérieur des protections anti-transplanage. Elle avança vers leurs corps. Elle ne connaissait pas le sort de réanimation qu'avait utilisé Drago. Avant qu'elle ne puisse faire un pas, la prise de Drago se resserra et il transplana avec elle.

Il atterrirent dans la masure.

Il la lâcha immédiatement et arracha son masque et ses gants. Elle s'effondra contre la porte.

"Tu… tu ne peux pas les laisser là-bas," dit-elle d'une voix rauque.

"Ils vont se réveiller dans moins d'une minute," dit-il le visage tordu par la fureur.

S'agenouillant sur le sol, il utilisa le bout de sa baguette pour dessiner une série de runes sur le sol. Les runes brillèrent un moment et une trappe apparut. L'ouvrant brusquement, il descendit et en sortit ce qui semblait être un hôpital entier de matériel médical.

Drago se tourna pour la regarder. Son visage était blanc de rage.

"Peux-tu tenir assez longtemps pour que j'aille te chercher un guérisseur ?" demanda-il. Sa voix tremblait.

Elle secoua la tête.

"Tu vas devoir me dire comment faire. Je n'ai jamais utilisé de charmes complexes de guérison," dit-il, sortant le matériel.

Elle s'appuya contre le mur pour se redresser et fit un petit geste vers son côté droit avec son poignet brisé.

"Mon foie. C'est… de là que vient le sang. Je pense. Il y a de l'air dans ma cavité thoracique. Ça collabe mon poumon."

Il fit apparaître une civière et l'aida à s'y allonger.

Elle avala une potion de régénération sanguine avant de le faire lancer un sort de diagnostic pour qu'elle puisse confirmer les blessures qu'elle pensait avoir.

Il avait toutes les potions nécessaires pour aider à la stabiliser et l'empêcher d'entrer en état de choc.

Il avait les mains stables. Il coupa les vêtements d'Hermione et lança les sorts pour arrêter le saignement et réparer les vaisseaux sanguins et les voies biliaires de son foie alors qu'il commençait à la guérir, suivant attentivement ses instructions. Puis il lui tendit une autre fiole de potion de régénération sanguine.

Le sort pour siphonner l'air qui collabait son poumon était délicat. Elle eut des difficultés à lui montrer le mouvement de baguette. Les mains d'Hermione tremblaient toujours malgré l'anti-douleur qu'elle avait pris.

"C'est plus subtil que ça," essaya-elle d'expliquer. "Juste le plus petit frisson sur le côté avec le bout de la baguette, où ça ira trop loin et endommagera les tissus."

Grimaçant, elle mit les deux mains autour de celle de Drago et fit lentement bouger sa main gauche dans le mouvement nécessaire alors qu'elle disait l'incantation au bon moment avec chaque mouvement.

Il y arriva à la troisième tentative.

"Et après avoir réparé le tissu pulmonaire, ça sera… juste un sort classique de guérison pour réparer le muscle diaphragme et fermer l'incision," lui expliqua-elle quand elle put finalement respirer.

Elle retomba allongée pour se remettre pendant qu'il nettoyait le sang sur elle. Il était incrusté sur son visage, dans ses cils.

"Que faisais-tu là-bas ?" demanda-il d'une voix basse et tremblante alors qu'elle se tournait , métamorphosait un morceau de pansement en chemise et essayait de la passer par-dessus sa tête.

"Harry m'a demandé de venir," dit-elle avec un petit haussement d'épaule. "Je te l'ai dit, on a besoin de Ron."

"Tu n'as pas d'expérience du combat," dit-il. Il était pâle et ses mains tremblaient légèrement alors qu'il l'aidait à passer la chemise par-dessus sa tête. "Pourquoi est-ce qu'ils t'y amènent sans même te donner un partenaire ?"

Hermione ne le regarda pas. Elle déglutit et glissa sa main droite dans la manche. "Ils avaient besoin d'un guérisseur. Notre autre guérisseuse a perdu son pied en allant en récolte. J'ai été choisie parce que je pouvais marcher plus vite."

Il prit une vive inspiration.

"Tu savais que c'était un piège," dit-il. "Tu le savais. Mais tu y es quand-même allée. L'embuscade de la prison de Rabastan. Personne ne pensait réellement que l'Ordre serait assez idiot pour tomber dans le panneau. C'était une simulation d'entraînement pour les débutants."

"Harry allait y aller."

"Donc ?"

"Harry est le but de la guerre. S'il meurt, c'est fini. Je le suivrai toujours. Stratégiquement, je suis une perte qu'on peut se permettre. Harry, non. Si j'augmente ses chances de survie ne serait-ce qu'un peu, ça vaut le coût," répondit-elle d'une voix calme en tordant précautionneusement son poignet brisé et en le levant pour enfiler la manche.

"Vous ne sauviez pas Potter. Vous sauviez Weasley."

Hermione fit bouger son épaule. "Ron est critique. Harry… a besoin de Ron. Si quelque chose arrive à Ron il se brisera. Il a besoin de Ron pour avoir envie de gagner."

"Et toi alors ? Potter n'a pas besoin de toi ?" dit Drago. Ses yeux brillaient de rage.

Elle ravala la boule dans sa gorge.

"Les Weasley…" commença-elle, puis elle fit un petit soupir. "Ils sont sa famille. Ils sont tout ce qu'il veut. Pour gagner, il a besoin de se voir avec eux après la guerre. C'est… ce qui le porte en avant. S'il perd ça - s'il arrête de croire que ça va arriver - il ne va pas continuer. Il n'en sera pas capable."

"Je pensais que tu faisais partie du trio. Potter ne va-il pas désespérer s'il te perd ?"

"Non," dit-elle, détournant le regard. "Il serait triste, il serait en colère. Mais je… je ne suis pas émotionnellement vitale. Je n'ai jamais été très bonne pour…" ses lèvres tressaillirent, "...Ron se connecte à Harry émotionnellement. Harry est porté par ses émotions."

"Alors… quoi ? Potter t'entraine dans un tir de feu pour lequel tu n'as aucune expérience à essayer de survivre parce que tu es assez dispensable ?"

"Ron passe en premier. Harry prendra soin de lui d'abord. Il ne réfléchit pas correctement quand les gens qu'il voit comme sa famille sont en danger. Il ne se rend pas compte qu'il risque les autres," dit-elle, levant le menton. "Il a toujours été comme ça."

Drago la fixa. "Alors qui se soucie de toi, Granger, si ce n'est pas Potter ?"

Elle cilla.

"Je n'ai pas besoin qu'on se soucie de moi," dit-elle avec raideur, mais sa voix tremblait. "Ce n'était pas un accident, Drago. J'ai choisi de réduire la valeur de ma perte."

Son expression se durcit. "Tu t'es laissée devenir dispensable pour Potter."

"Au plus Harry a de faiblesse, au plus la Résistance est vulnérable."

Elle n'avait pas pensé que Drago puisse être encore plus en colère qu'il ne l'était déjà, mais il sembla soudain prêt à exploser.

"Quand je pense que je ne peux pas détester Potter plus que ça, il trouve une nouvelle façon de me prouver que j'ai tort," dit-il, sortant plusieurs autres potions et les lui tendant.

Elle essaya de retirer les bouchons d'une main mais ne put pas y arriver. Elle était assez certaine que si elle bougeait de nouveau son poignet gauche, elle s'évanouirait.

"Qu'est-il arrivé à ta main gauche ?" demanda-il brusquement, lui arrachant une fiole et la débouchant pour elle.

"Tu… l'a cassée."

Il sembla pâlir.

"Elle était déjà blessée," dit-elle pour clarifier les choses. J'ai été touchée par un sort d'acide. Le temps que j'arrive à le contrer, les os étaient assez endommagés. Il s'est juste trouvé que tu l'as saisie."

"Tu aurais dû me le dire."

Il mis la main dans ses robes et en sortit le kit qu'elle lui avait donné pour Noël. Il enleva l'analgésique de son emplacement, en imbiba un chiffon et l'enroula autour du poignet et de la main d'Hermione.

Hermione eut presque une exclamation de soulagement alors que la brûlure s'apaisait.

"As-tu besoin que j'enlève les os ?" demanda-il après un moment en la regardant bercer son poignet contre sa poitrine.

Elle leva les yeux vers lui. "Tu pourrais ? Je… J'allais le faire moi-même, quand j'en aurai eu le temps."

Retirer les os avec précision, surtout les éclats, était un procédé douloureux. À moins qu'elle ne veuille faire repousser tout son bras, cela allait être un lent calvaire sur lequel il serait difficile de rester concentré et de garder la main stable. Elle avait planifié de le faire après être rentrée vérifier l'état de Ron.

"Je connais le sort. Est-ce que tu veux que je te stupéfixie ?" demanda-il.

"N…non. Je devrais rester éveillée, à moins que tu ne connaisses déjà le nom de tous les os de la main et du poignet."

"Non," dit-il, détourna les yeux, les lèvres pincées.

Déballant de nouveau sa main, elle lança un sort de diagnostic dessus pour évaluer les dommages. En dehors des poches d'acide qui avaient brûlé la peau, il y avait quatre os qui avaient été réduits en miettes et six autres avec des degrés variés de corrosion, incluant son cubitus. Elle devrait enlever les os de la moitié de son avant bras.

Elle le fixa pendant plusieurs minutes avant de prendre une vive inspiration et de détourner les yeux.

"D'abord la cinquième métacarpe. Quinque metacarpus."

"Quinque metacarpus ossios dispersimus."

La vive douleur poignante de l'os qui disparaissait brusquement de la main d'Hermione la fit crier. Elle laissa tomber sa tête contre l'épaule de Drago et frémit.

La douleur était plus difficile à gérer sans l'adrénaline du combat.

"Ensuite le hamate. Os hamatum." Elle frissonna contre l'épaule de Drago, essayant de s'armer.

Le temps que Drago finisse de retirer tous les morceaux d'os, elle pleurait dans ses robes. La moitié de son avant bras et la plus grosse partie de sa paume était sans os et reposait sur ses genoux, flasque.

Drago sortit une bouteille de Poussos. Elle l'avala puis grimaça alors que la sensation de piqûre d'aiguilles des os qui repoussaient envahissait son bras.

Il versa de l'essence de Dictame sur son bras entier pour réparer les poches de tissus corrodés. Elle fut tentée de lui crier dessus.

"Ne fais pas ça !" Elle essaya de lui prendre la fiole. "C'est du gâchis. Je peux les soigner avec des sorts une fois que les os auront repoussé.

Il la regarda. "Ferme-la."

Elle se tut alors qu'il arrosait son bras une deuxième fois puis fouillait dans le matériel de sa réserve et assemblait un ensemble d'équipement magiques avec une efficacité surprenante.

"Pourquoi as-tu tout ça ?" demanda-elle, observant tout le matériel alors qu'il attachait une attelle à sa main et son coude pour que les os puissent repousser droit.

"Je les ai achetés pour toi," dit-il. Elle le regarda avec surprise. "Après le Hampshire, j'avais peur que tu reviennes encore blessée. J'ai pensé que si j'avais tout ce dont tu pourrais avoir besoin sous la main, je serais moins inquiet."

Hermione eut mal au cœur alors qu'elle l'aidait à passer la bretelle de l'attelle par-dessus sa tête.

"Mais… ça fait beaucoup. C'est pratiquement l'inventaire d'une unité de soin des blessés au combat."

Il haussa un sourcil. "Je ne savais pas quel genre de choses étaient cruciales pour soigner les blessures de guerre à ce moment-là. J'ai fait des recherches. Puis j'ai eu droit à un long cours sur les soins des blessures de guerre les plus communes comme cadeau de Noël l'année dernière. Ça m'a aidé à ajouter tout ce qui pouvait manquer."

Hermione rougit.

"Tu aurais pu devenir guérisseur," lui dit-elle. "Tu as un don pour ça."

Les coins de la bouche de Malefoy tressaillirent légèrement. "C'est l'une des choses les plus ironiques qu'on ne m'ait jamais dite," dit-il.

La conversation mourut.

"Je dois y retourner. Ron est blessé. Et Harry aussi," dit-elle d'une voix douce en bougeant pour se relever.

Drago se leva, ses yeux devenant froids. "Ne va plus jamais en mission."

"Ce n'est pas à toi de décider," dit-elle, croisant son regard.

Il pâlit et sa mâchoire se serra. "Rappelle à Maugrey que si l'Ordre veut mon soutien continu, ils doivent te garder en vie.

Hermione se figea et elle grimaça en détournant les yeux. "Tu fais ça pour ta mère, Drago."

Il la fit fermement tourner en la prenant par les épaules et la regarda.

"Elle est morte," dit-il. "Tu ne l'es pas. Ma loyauté va à ceux qui sont le moins responsables de sa souffrance. Cependant, si l'Ordre a décidé que tu étais une perte acceptable et t'envoie te faire faucher pour nourrir la bataille, je ne serai pas noble. Je n'ai pas d'injonction qui m'empêchent de provoquer un duel de vengeance. Je ferai payer Potter s'il te fait tuer."

Hermione se figea.

C'était dangereux.

Elle n'avait pas prévu ce risque. Elle savait que la loyauté de Drago n'était pas basée sur l'idéologie ; c'était un sens de la loyauté purement personnel. Il détestait Harry, il détestait simplement plus Voldemort. La confession imprudente et émotionnelle d'Hermione lui avait juste donné des raisons d'hésiter. Il était possessif. Elle était à lui. Harry l'avait mise en danger.

Elle aurait dû être paniquée. Elle aurait dû être glacée. Elle aurait dû lui rappeler son Serment. Lui rappeler qu'elle choisirait toujours l'Ordre en premier jusqu'à ce qu'ils gagnent. S'il la voulait, il devrait attendre

C'était ce qu'elle aurait dû faire.

Elle leva les yeux vers lui, et ses épaules tremblèrent. Elle était si fatiguée. La vie avait été si froide depuis si longtemps.

Les doigts d'Hermione tressaillirent. Elle tendit presque la main vers lui.

Puis elle serra lentement le poing et le glissa derrière son dos. "Ne… Ne fais pas ça, Drago." Sa voix se brisa.

"Tu n'es pas dispensable," dit-il d'une voix basse et désespérée. "Arrête de repousser tout le monde pour qu'ils ne se sentent pas coupable de t'utiliser et de te laisser mourir."

La main d'Hermione tremblait, et elle avait l'impression qu'une pierre était coincée dans sa gorge. Elle baissa la tête et prit une grande inspiration.

Ron est blessé. Et Harry.

Elle se raffermit et essaya de se libérer.

"C'est la guerre. Ce n'est pas une sorte d'auto-condamnation tragique à être dispensable. C'est une responsabilité stratégique de ne pas l'être. J'aurais pensé que tu aurais réalisé que c'était le cas pour moi. Une guérisseuse ne va pas gagner la guerre ; c'est pour ça qu'on peut se permettre de l'échanger. J'ai même une remplaçante dans la salle d'hôpital maintenant… à cause de toi. J'ai dû la former." Elle eut un rire amer. "C'est toi qui m'a fait ça. Tu m'as rendue aussi dispensable que je le suis." Elle ravala un sanglot. "Et tu ne voulais pas de moi non plus."

Il tressaillit et sa prise se relâcha.

"Je dois partir maintenant." La voix d'Hermione tremblait alors qu'elle s'éloignait.

Drago l'attrapa par le bras droit et la tira en arrière.

"Tu n'es pas remplaçable," dit-il. Ses mains tremblaient alors qu'il l'agrippait. "On ne te demande pas de rendre ta mort plus facile. Tu as le droit d'être importante pour les gens. La raison pour laquelle j'ai fait ce foutu Serment c'est pour te garder en vie. Te garder en sécurité."

Elle essaya de s'éloigner de lui, mais il ne lâcha pas. Elle se tortilla, essayant de s'enfuir. Elle devait partir, parce qu'il ne cessait de la regarder avec désespoir, et cela la brisait à l'intérieur d'elle.

Elle sanglota et, avant qu'elle n'ait le temps de réfléchir, enroula les doigts dans les robes de Drago, le tira vers elle et l'embrassa.