Chapitre 54 - Flashback 29

Mars 2003

Quand elle se réveilla dans la matinée, elle se rendit compte qu'elle était vraiment dans un hôtel avec Drago. C'était si surprenant qu'elle pensa qu'elle était peut-être encore en train d'halluciner.

Elle regarda autour de la pièce, essayant de comprendre. Elle ne rêvait pas ; elle était réellement en ce moment même dans une suite d'hôtel moldu avec Drago. Une suite qu'il occupait apparemment en portant un sweat à capuche d'Oxford.

Si elle était toujours en train de dresser son portrait psychologique, cette révélation aurait nécessité d'entamer un tout nouveau carnet. Pourquoi était-il là ? Était-ce quelque chose qu'il faisait souvent ? Pourquoi diable passerait-il la nuit dans le monde Moldu ?

Elle tourna la tête pour le regarder.

Il était endormi, enroulé possessivement autour d'elle comme s'il voulait empêcher qu'on la lui vole. Son corps était si chaud contre le sien qu'il la brûlait presque.

Alors qu'elle l'étudiait avec perplexité, tous les événements de la nuit précédente lui revinrent.

Elle tressaillit.

Elle n'aurait pas dû venir.

Elle n'aurait pas dû venir, et elle n'aurait pas dû rester.

Elle avait fait une erreur.

Il était comme un dragon. La façon jalouse dont il thésaurisait les choses auxquelles il tenait… il n'y avait pas de modération là-dedans. Il était possessif et mortel. Il la tenait dans ses bras comme si elle était à lui.

La tentation de s'abandonner à ça, de le laisser l'avoir et l'aimer pour ça… ça la terrifiait.

Son besoin d'aimer les gens et son désir désespéré d'être aimée en retour… elle l'avait réprimé. Remplacé par la froideur de la logique, le réalisme et les décisions stratégiques pour le bien de la guerre. Elle les avait fourrés dans un trou où elle ne pouvait plus les sentir. Où ils ne lui manqueraient pas.

Mais Drago les avait tirés de l'endroit où elle les avait cachés, découverts, et s'était affairé à en forcer la serrure. Elle pouvait presque sentir ses doigts tourner le cadran, écoutant les cliquetis de chaque cylindre. Attendant patiemment de trouver une entrée.

Son propre chagrin et la propre solitude, son attention et son inébranlable constance, et cette façon qu'il avait de la regarder, la façon dont il la touchait ; cela passait à travers ses défenses et s'enroulait autour de son coeur aussi sûrement qu'elle avait blessé le sien.

Elle essaya de se glisser hors du lit avant qu'il ne se réveille, mais ses yeux s'ouvrirent brusquement dès l'instant où elle bougea. Sa prise sur elle se resserra, et il la tira contre lui pendant un moment avant que son expression ne vacille et qu'il la relâche.

Elle se figea et le regarda.

La sensation de terreur qu'il lui avait inspirée un an plus tôt avait complètement disparu. Le danger qu'il représentait… il était toujours là, dessiné avec des contours encore plus tranchants maintenant qu'elle avait vu avec quelle implacabilité il pouvait tuer. Mais malgré sa prise de conscience sur son impitoyabilité, il l'effrayait moins.

Maintenant qu'elle voyait à quel point il se retenait. Malgré la hauteur à laquelle il s'était hissé dans les rangs de l'armée de Voldemort, il se retenait. Balayer un escadron entier de Mangemort lui avait à peine demandé un effort. Il était arrivé et avait tué presque une centaine de personnes en quelques minutes.

Elle étudia son visage, et il lui rendit son regard. Son expression était fermée. Quoi qu'il pouvait ressentir, il le dissimulait précautionneusement. Mais ses yeux…

La façon dont il la regardait était assez pour que le cœur d'Hermione s'arrête.

"Je n'aurai pas dû venir," dit-elle finalement.

Il n'eut pas l'air blessé ou surprit par ces mots.

"Tu avais besoin de quelqu'un. J'étais juste disponible. Tu n'as pas besoin de t'inquiéter. Ça ne compliquera pas les choses pour toi," dit-il, détournant les yeux, ses doigts s'agitant légèrement le long du poignet d'Hermione. "Je ne m'attendais pas à ce que ça change quoi que ce soit."

Le souffle d'Hermione se coupa et elle déglutit nerveusement.

Elle ne pouvait pas lui dire que ce n'était pas ce qu'elle avait voulu dire. Il n'était pas juste quelqu'un. Il était… pour elle, il était…

C'était l'erreur qu'elle avait faite.

Cela dut se voir sur son visage parce qu'alors qu'il l'étudiait, ses yeux brillèrent soudain de quelque chose qui ressemblait à du triomphe. Avant qu'elle ne puisse se dérober ou s'enfuir, il la tira à lui et ses lèvres descendirent sur celles d'Hermione.

Au moment où sa bouche se posa sur la sienne, toutes ses peurs, sa culpabilité et sa résolution s'envolèrent.

Tout ce qu'elle pouvait penser c'était à quel point elle avait envie d'être ici, qu'il la touche. Il était comme du feu. Il n'attendait plus patiemment, il était déjà entré, brûlant tout sur son passage.

Il avait vu les fissures dans la défense d'Hermione, et de la même manière implacable qu'il était passé derrière ses murs d'occlumancie, il était rentré par effraction dans son cœur.

Il l'attira au-dessus de lui. La brûlant de ses lèvres pendant que ses mains parcouraient son corps. Elle s'agrippa à lui et lui rendit férocement ses baisers.

Ce n'était pas comme la nuit précédente.

Ce n'était pas réconfortant.

C'était une revendication.

La bouche de Drago était chaude contre ses lèvres, le long de sa mâchoire et de sa gorge, et sur ses épaules. Elle emmêla ses doigts sans ses cheveux en essayant de ne pas pleurer d'avoir désespérément envie de lui et d'être si reconnaissante qu'il ne la force pas à demander.

Les mains possessives de Drago traînèrent sur son corps, l'attirant de plus un plus près jusqu'à ce qu'elle soit écrasée contre lui. Puis il s'aligna avec elle et plongea en elle d'une vive poussée.

Alors qu'il se mouvait en elle, il mémorisait le corps d'Hermione sous ses mains et l'embrassait jusqu'à ce qu'elle manque d'air. Il plongea profondément en elle.

Sa prise sur elle… ton toucher… elle ne l'oublierait jamais.

Il était exigeant. Déterminé à prouver qu'ils étaient à elle. S'assurant qu'elle ne pourrait pas nier ce qu'il lui faisait ressentir.

Il la fit jouir sous ses mains, sous son corps, deux fois avant qu'il ne lâche prise. Quand il vint en elle, son contrôle lui échappa, laissant son expression ouverte pendant un moment. Il n'y avait plus de cœur brisé sur son visage à présent, c'était de la possessivité…

… et du triomphe.

"Tu es à moi. Tu t'es jurée à moi," dit-il à son oreille, alors qu'il se glissait hors d'elle et la serrait fermement contre lui. "Maintenant. Et après la guerre. Tu l'as promis. Je vais prendre soin de toi. Je ne laisserai personne te faire du mal. Tu n'as pas à être seule. Parce que tu es à moi."

Elle aurait dû partir.

Mais elle s'était perdue là. Elle était coincée dans la dangereuse étreinte de Drago Malefoy, et elle s'y sentait bien.

Elle s'endormit dans ses bras, très profondément. Elle ne se souvenait pas de la dernière fois où elle avait dormi plus de quatre heures de suite sans potion de Sommeil sans rêve. Elle émergea brièvement à la sensation des mains de Drago qui glissaient le long de son épaule. Elle leva les yeux et le trouva en train de l'étudier. Elle s'arqua sous son toucher et pressa un baiser sur son cœur avant de se rendormir.

Quand elle se réveilla la fois suivante, c'était presque le soir. Drago était assis à côté d'elle, jouant avec les doigts d'Hermione.

"Comment peux-tu être là ?" demanda-elle, le regardant avec perplexité.

Il haussa un sourcil. "C'est ma suite."

Elle leva les yeux au ciel. "Comment peux-tu être dans le monde moldu ? Et comment peux-tu passer la journée entière au lit avec moi ? N'es-tu pas général ?"

Il passa une main dans les cheveux d'Hermione et attira sa bouche contre la sienne, roulant au-dessus d'elle et l'embrassant pendant plusieurs minutes avant de reculer sa tête et de la fixer. "Je suis habituellement dans le monde moldu quand je ne travaille pas. À moins que je ne sois sous Polynectar, il n'y a pas… ce que je suis et ce que j'ai fais…" il détourna les yeux, "... tout le monde sait qui je suis. Alors… quand je ne suis pas de garde, je viens dans le monde moldu. Personne ne me connaît. Si quoi que ce soit requiert ma présence, le Seigneur des Ténèbres peut m'invoquer lui-même ou envoyer quelqu'un au manoir. Je sais si quelqu'un essaie de passer les grilles."

"Tu ne vis pas dans ton manoir ?" demanda-elle. La main de Drago glissa possessivement le long de la gorge d'Hermione, et elle sentit son pouce effleurer sa clavicule.

"Non. Pas à moins qu'on ne me demande d'héberger quelqu'un. Je…" il retira sa main et s'assit brusquement. "... ça… ça…" sa tête tomba pendant une seconde, et il prit une vive inspiration. "Tout est teinté là-bas. À chaque fois que j'y vais, j'entends ma mère… hurler. C'est comme si la maison était hantée. La cage dans laquelle elle était gardée ; elle a été construite dans le sol de la salle à manger en utilisant la magie des lignes telluriques du domaine. On ne peut pas l'enlever."

L'amertume de son ton rappela à Hermione à quel point son chagrin était particulier. À quel point il avait pesé sur lui. Seul. Année après année.

"Je suis tellement désolée," dit-elle, posant sa main contre la joue de Drago et attrapant des mèches de ses cheveux du bout des doigts. Il laissa tomber sa tête contre la paume d'Hermione et ferma les yeux pendant un moment.

"De toute façon," sa voix était tendue et mal à l'aise, "ça soulèverait des questions si on me voyait vivre ailleurs. Alors j'ai fini dans le monde moldu." Il eut un petit rire incrédule. "Je vagabondais en essayant de voir comment les choses fonctionnaient ici. Le service est utile ; peu importe à quel point mes questions sont idiotes ou mes requêtes bizarres, ils trouvent toujours une façon de s'y accommoder. Et ils ne posent jamais de question, peu importe la quantité de sang sur leurs serviettes."

"Quel hôtel est-ce ?" demanda-elle, s'asseyant et regardant dans la pièce.

"Ah. Quel jour du mois sommes-nous ?" dit-il avec amusement. "Dernière semaine de mars… c'est le Savoy."

Hermione se recula légèrement pour le fixer. "Tu restes dans plusieurs hôtels ?"

"Trop d'activité magique pourrait finir par attirer l'attention, même avec toutes les protections. Alors je tourne entre quelques-uns d'entre eux avec une équation de randomisation arithmétique. Le personnel est légèrement sous Confusio ; rien de détectable, juste assez pour que si on leur demande ma description physique, ils en offrent une différente." Il haussa les épaules.

Hermine cilla et essaya de ne pas penser à la somme d'argent que Drago dépensait pour garder de multiples suites d'hôtel constamment à sa disposition. Riche branleur.

"Alors tu vis dans des hôtels moldus de luxe quand tu n'es pas un général dans la guerre sorcière," dit-elle, secouant la tête d'incrédulité.

"Tu savais que j'avais étudié l'Histoire moldue ; où pensais-tu que je l'avais fait ? Je suis plutôt bon pour passer inaperçu." Son ton était dégoulinant de suffisance aristocratique en prononçant ces mots, et Hermione doutait qu'il y ait un endroit au monde où il pourrait être décrit comme passant inaperçu.

Il détourna de nouveau les yeux d'elle, tournant son bras gauche pour cacher sa Marque des Ténèbres. "Il semblait raisonnable d'avoir des activités temporaires, et c'était quelque chose à faire quand j'avais du temps libre."

Hermione était silencieuse. Bien sûr, il avait passé presque une année à attendre le jour où elle le trahirait. Temporaire. Sans engagement. C'était raisonnable.

Elle reposa sa tête contre son épaule et enroula ses bras autour de lui. Elle pouvait sentir les cicatrices de ses runes dans son dos.

"Quand… quand t'es-tu rendu compte que je ne savais pas que tu étais censé mourir en juin ?"

Il eut un petit rire. "Quand tu l'as dit. Je pensais qu'en pointant le fait que tu n'avais pas anticipé ma punition, tu réaliserais que Maugrey et Shacklebolt m'avaient piégé. Mais non. Puis j'ai présumé que le lendemain ça t'aurait été expliqué. Mais ce n'était apparemment pas le cas. Alors j'en ai conclu que Maugrey et Shacklebolt avaient entre-temps décidé que ma survie était utile. Il était clair, basé sur ton comportement, qu'ils ne t'informeraient pas de ce détail avant de décider d'agir. Ce qui a rendu ta proximité à la fois amusante et agonisante. Parfois, je voulais juste te le dire… mais je suppose que j'aimais bien la façon dont tu voulais me sauver."

Hermione pinça les lèvres et reposa son front contre lui. "Je me suis parfois demandée, au début, si c'était le plan. Mais j'avais supposé que ça serait dans des années. J'ai essayé de ne pas y penser. Et finalement, j'ai oublié. Après que j'aie soigné tes runes et que tu aies cessé de venir… j'ai arrêté d'y penser à ce moment-là. J'étais trop préoccupée à me demander si je te reverrai un jour."

Drago resta silencieux.

"Quand je suis venue le jeudi après Noël… je venais de le découvrir. Que ça avait été le plan."

Drago hocha légèrement la tête. "C'est ce que je pensais."

Il tourna lentement la tête et baissa les yeux vers elle. "Puisqu'on en parle, je voulais te demander, qu'est-ce que tu m'as fait ?"

Hermione se figea avec culpabilité.

Les coins de la bouche de Drago tressaillirent alors qu'il continuait à l'étudier.

"Granger, j'avais ces runes depuis un mois avant que tu y poses ta baguette. Je suis allé voir plusieurs guérisseurs pour la douleur. Mis à part le fait que le traitement de la magie runique est généralement obscur, ce que tu as fait a violé les lois fondamentales de la magie. Alors… j'ai mes hypothèses, mais j'apprécierais que tu me le dises."

Hermione resta silencieuse pendant une minute, traçant ses cicatrices des doigts, son autre main toujours enlacée dans la sienne.

"En Egypte, Isis est la déesse de la guérison," dit-elle finalement d'une petite voix. "Certains disent qu'elle a un pouvoir sur le Destin lui-même. En mythologie égyptienne, quand une personne meurt, le cœur est pesé et seuls ceux qui sont jugés vertueux ont le droit d'accéder à la vie éternelle. Il est dit qu'Isis a fait cadeau aux guérisseurs égyptiens de pierres capables de purifier le cœur. Ces pierres sont appelées le Cœur d'Isis. Selon les mythes, quelqu'un dont le cœur est corrompu par les ténèbres pourrait se voir accorder une chance de rédemption si ses actions ont été menées avec de bonnes intentions." Elle déglutit. "Ce que les pierres font, c'est qu'elles absorbent la magie noire ; elles en purifient le poison."

"Tu en as une."

Hermione étudia les draps sur le lit. "Le directeur de l'hôpital m'en a donné une. Elle était destinée à Harry. Il pensait que si Harry vainquait Tu-Sais-Qui, il en aurait besoin. Que Harry méritait d'être purifié pour avoir une chance d'avoir la vie qu'il voulait après la guerre. Mais Harry n'aurait jamais… n'utilisera jamais de magie noire. Pour lui, son opposition à l'utiliser est basée sur une sorte de principe. Ce n'est pas parce qu'il a peur de mourir ou d'en être blessé. Il ne va pas l'utiliser parce qu'il veut que personne d'autre ne l'utilise. Les runes… elles t'empoisonnaient. Tu savais qu'elles t'empoisonnaient. Je suis arrivée tellement en retard que je ne pouvais même pas ralentir le poison. Tu as sauvé des centaines de personnes et nous avions besoin de toi. Alors j'ai utilisé la pierre pour te soigner. C'est… quand l'Ordre a découvert ce que j'ai fait… c'est… c'est pour ça qu'on m'a jugée compromise."

Elle s'éloigna brusquement, levant les genoux sur sa poitrine et tirant la couverture autour d'elle.

Compromise. Pas digne de confiance.

Assise nue dans le lit de Drago Malefoy.

Si Maugrey et Kingsley savaient qu'elle était là de sa propre volonté… qu'elle était venue à lui… cela ferait-il une différence ? Ou avaient-ils toujours agi en présumant qu'elle finirait là ?

Elle baissa les yeux vers toutes les cicatrices de son poignet. Elles étaient toujours fraîches et roses ; si elle les traitait, elles s'estomperaient plus.

Drago brisa le silence après une minute. "Alors… comment fonctionne un Cœur d'Isis exactement ?"

Hermione leva de nouveau les yeux vers lui. Il avait une expression neutre alors qu'il l'étudiait. Les yeux d'Hermione retombèrent sur ses mains.

"Ce n'est pas bien compris. Sur certains aspects, elle est alchimiquement similaire à une Pierre Philosophale. Mais… l'hôpital égyptien n'a pas rendu public le fait que les pierres étaient réelles. Ils n'autorisent pas les recherches. Il n'y a pas beaucoup d'informations vérifiées."

"Comment ça marche ?"

"Elle… hé bien" elle bougea maladroitement "pour des quantités mineures de magie noire, une proximité temporaire est suffisante. Mais…" elle baissa les yeux "les runes sont permanentes. Chacune d'entre elle est comme un sort de magie noire, tirant constamment sur ta magie. Tu… tu en as choisi tellement… pour te soigner, j'ai… elle est à l'intérieur de ton cœur. Je l'y ai mise quand tu étais inconscient." Hermione leva nerveusement les yeux pour voir sa réaction.

Drago haussa vivement les sourcils. "Tu as mis une pierre à l'intérieur de mon cœur… quand j'étais inconscient ?"

"Une pierre magique," dit Hermione, levant le menton, "pour éviter que tu sois empoisonné à mort."

"Tu as mis une pierre à l'intérieur de mon cœur sans me demander la permission." Il la fixa, ses yeux argentés écarquillés sous l'étonnement. "Est-ce qu'on peut au moins l'enlever ?"

Hermione rougit. "Pas… vraiment. Je ne pouvais pas te le dire, je ne savais toujours pas si tu prévoyais de devenir le prochain Seigneur des Ténèbres à ce moment-là. Je ne pouvais pas te demander si tu voulais être immunisé contre la magie noire."

Il renifla et sombra de nouveau contre les oreillers. "Je n'y suis pas immunisé. Je l'aurais remarqué si le Doloris avait cessé de faire effet."

"Pas immunisé de recevoir des sorts. Tu es immunisé contre les effets de leur utilisation. Les runes t'affectent toujours comme elles ont été conçues pour le faire. Elles ne peuvent juste pas t'empoisonner. Tu es immunisé contre la corrosion et l'entâchement. C'est comme… un rituel de purification constant dans ta magie."

Drago resta silencieux.

Elle l'étudia et tendit la main avec hésitation, touchant son torse au niveau de son cœur. "Peux-tu le dire ? Je ne sais pas comment c'est… pour toi. Rien ne paraît sur les sorts de diagnostic. Mais tu as remarqué, n'est-ce pas ? Que les choses étaient différentes."

Il hocha lentement la tête, l'expression fermée. "C'est comme… se faire couper mais ne pas saigner. Tu sais mieux que moi ce qu'il se passe quand la magie noire est invoquée. Cela la rend à la fois plus facile et plus difficile à utiliser. Il n'y a plus de sensation de déchirure qui vient en utilisant quelque chose de plus puissant. Même la sensation de découpe s'atténue. Je suspecte que… à la fin… je ne la ressentirai plus du tout." Il détourna les yeux d'elle.

"Je suis désolée," dit Hermione, retirant sa main et détournant les yeux. Elle pressa les doigts contre son propre sternum. Elle avait l'impression d'avoir quelque chose de froid qui pesait dans sa poitrine, comme la sensation de toucher un cadavre. Il y avait un sens frais et viscéral de contamination à l'intérieur d'elle. Mais cela semblait… approprié. Il y avait certaines choses qui étaient censées faire mal. Qui avaient besoin d'avoir un coût.

Quand on déchirait son âme, on était censé le sentir.

Elle regarda Drago ; il regardait par la fenêtre, l'expression fermée. Le silence était lourd. Elle continua d'attendre qu'il la regarde. Il ne le fit pas.

Hermione déglutit et détourna les yeux. Sa peau était froide, et elle se demanda si c'était le signe qu'elle devait partir.

"Je suis désolée de ne pas avoir demandé," dit-elle finalement, avançant vers le bord du lit. Ses vêtements étaient… quelque part.

Elle sentit une main se refermer sur son poignet.

"Bon dieu, Granger, tes amis t'ont bousillée. Je ne suis pas en colère contre toi." Il la tira de nouveau en travers du lit. Son expression était dure alors qu'il la ramenait vers lui. "Et si je l'étais, je m'en remettrais. Mais… tu ne m'as pas dit ce que tu avais fait. Je pensais que j'étais mourant. Puis j'ai pensé que je devenais fou. Il ne m'est pas venu à l'esprit que tu pouvais m'avoir soigné de façon permanente. Ce n'était pas quelque chose que j'avais anticipé. Je suis toujours en train d'essayer de l'accepter. Est-ce que tu traverses vraiment la vie en t'attendant à ce que tous ceux que tu sauves te punissent pour ça ?"

Hermione tressaillit. "C'est plus facile à anticiper que d'être prise par surprise."

"Ne présume de rien avec moi." Son expression était aussi dure que du marbre.

Hermione eut un petit rire défensif en s'éloignant vivement de lui. "Pourquoi pas ? Tu le fais mieux que quiconque."

Elle fit une grimace en le regardant. "Après tout, la première fois que je t'ai soigné, tu es revenu la semaine suivante et tu m'as jeté maléfice sur maléfice jusqu'à ce que j'aie l'air d'avoir été fouettée. Quand je n'ai pas voulu te jeter des maléfices quand tu étais blessé, tu m'as jeté la mort de Colin au visage. Après m'avoir embrassée quand tu étais ivre, tu es parti et je ne t'ai pas vu pendant presque deux mois. Après que je t'aie soigné en Décembre, tu m'as attrapée par la gorge et m'a regardée dans les yeux en me rappelant que tu avais fait de moi une prostituée… juste parce que tu le pouvais. Ensuite…," sa voix se brisa et la tête se baissa alors qu'elle se détournait de lui, "… après que je sois allée dire à l'Ordre que tu étais d'accord pour faire un Serment Inviolable et que je les aies suppliés de ne pas te tuer, tu m'as dit que tu ne pouvais pas supporter de me regarder parce qu'être liée à moi par un serment était pire que d'être un Mangemort. C'était il y a quatre jours. Pourquoi devrais-je présumer que tu ne finiras pas par décider de me punir pour ça aussi ? Tu le fais toujours."

Elle s'assit sur le bord du lit, lui tournant le dos avec un sanglot. "Je ne suis pas aveugle aux manquements de mes amis. Mais tu n'as pas le droit de dire que la façon dont tu me traite est supérieure à la leur. Tu… tu es pareil."

Drago resta silencieux.

"Je suis désolé," dit-il finalement.

Hermione eut un petit rire sans joie. "Oui, ils s'excusent tous aussi à un certain stade. Harry… Harry était vraiment désolé hier après que je sois revenue à la planque. Jusqu'à ce qu'il se souvienne que j'ai utilisé de la magie noire ; ensuite il était furieux que je n'ai pas sauvé Ron d'une autre façon. Je suis sûre qu'il s'excusera encore la semaine prochaine."

Drago prit une vive inspiration. "Je suis désolé."

Hermione fixa juste le sol sans répondre.

"Je ne m'étais jamais attendu à… quelqu'un comme toi," dit Drago après une minute. "Je savais ce que tu faisais, mais tu me regardais dans les yeux et tu le faisais quand même. Quand j'ai senti que ça marchait, j'ai fait tout ce que je pouvais pour te faire arrêter. Depuis le moment où tu es entrée dans ma planque, je me suis attendu à ce que ce soit toi qui me trahirait ; je m'attendais à ce que tu le saches. Mais à la place tu as agi comme si j'étais rachetable. Tu te comportais comme si tu allais m'appartenir tout le reste de ta vie, et tu étais juste déterminée à vivre avec pour sauver ton Ordre. Je ne me suis pas rendu compte qu'ils ne te le diraient pas."

Hermione se mordit la lèvre. "Je pense qu'ils ont pensé que je ne jouerai pas assez bien mon rôle… si je savais."

Elle déglutit, grimaçant en essayant de réprimer les sentiments submergeants de trahison et de blessure qu'elle ressentait envers tous ceux qu'elle avait tout fait pour protéger.

"Je pensais qu'il y aurait un stade où je serais assez cruel, et que tu arrêterais. J'ai supposé que tu avais une limite. Je me disais qu'une fois que je l'aurais trouvée, tu… tu arrêterais de m'aveugler émotionnellement." Il fit un petit soupir. "J'ai passé un long moment à présumer que tu serais celle qui me ferait tuer à la fin. Je ne voulais pas avoir la douleur additionnelle de prendre à cœur le fait que ce soit toi. J'essayais de te faire du mal. Mais je suis désolé."

Hermione regarda la Tamise en contrebas de la fenêtre.

"On est une belle paire de bousillés," dit-elle, le coin de sa bouche se soulevant. "Je ne peux pas croire que ça ait fini comme ça. Je voulais vraiment te tuer la première fois que je t'ai vu. Je pensais que tu allais me violer, ou au moins me forcer à coucher avec toi et t'amuser à me faire souffrir, et qu'ensuite, un jour, je te ferai tuer. J'avais hâte de ça. Mais j'ai toujours senti que tu ne faisais que me montrer un masque ; quelqu'un que tu pensais être facile à détester pour moi. Peut-être que si j'avais été moins seule, j'y aurais cru, mais tu me rappelais moi-même. Je pensais au début que nous étions le contraire de l'autre. Maintenant…" elle le regarda et tendit la main. "… je pense qu'on est à peu près pareil."

Ses yeux étaient sombres quand il entrelaça ses doigts avec ceux d'Hermione et la tira lentement vers lui ; jusqu'à ce qu'elle soit dans ses bras, leur corps pressés l'un contre l'autre. Il l'embrassa. Il l'embrassa et elle l'embrassa.

La vie n'était pas froide.

Il pencha la tête en arrière et embrassa le front d'Hermione, glissant ses mains le long de ses épaules et caressant sa gorge d'une façon qui avait fini par devenir familière. Il l'embrassa entre les yeux. "Tu es une meilleure personne que je ne le suis."

Elle leva la main pour attraper sa mâchoire dans sa paume. Elle avait l'impression qu'elle ne pourrait jamais le toucher assez.

"Je n'ai jamais eu à aller aussi loin. Comme tu l'as dit, je peux toujours être naïve. Même si je savais que quelque chose de ce genre arriverait, il ne m'est pas venu à l'esprit à quel point l'Ordre irait loin. Je savais que Kingsley était manipulateur, qu'il utilisait les impulsions des gens pour obtenir ce qu'il voulait. Mais… je ne suis pas une stratège ; je ne sais pas comment penser comme ça sur le long terme. Même quand j'essaie," elle posa sa tête sur son épaule "je ne sais pas comment rester détachée à propos de tout ça."

Il tourna le visage d'Hermione vers le sien. "Tu gardes les gens en vie. Tu les regardes, et essaies de tous les garder en vie. C'est considérablement plus difficile que calculer toutes les façons dont tu peux les utiliser ou les tuer. J'imagine que ça te coûte plus cher aussi."

Le coin de la bouche d'Hermione se tordit tristement, et elle baissa les yeux. Drago posa son front contre le sien, et elle ferma les yeux. Elle avait l'impression que leurs âmes se touchaient.

Elle tourna la tête jusqu'à ce que le nez de Drago effleure le sien, et elle leva le menton pour que leurs lèvres se rencontrent.

Elle voulait passer le reste de sa vie perdue dans ce moment.

Elle recula avec réticence. "Je dois y aller. Je suis sûre que l'Ordre attend une explication."

Drago ne la lâcha pas. "Tu devrais manger."

"Je dois y aller," dit Hermione, secouant la tête.

Les doigts de Drago tressaillirent et sa prise se raffermit. "Prends une douche. Je vais te commander quelque chose. Une préférence ?"

"Drago." Elle attrapa son poignet et tira fermement sa main pour qu'il la lâche. "Tu ne peux pas me garder ici. Je dois y aller."

Son expression vacilla brièvement. Juste assez pour révéler un éclat de possessivité et quelque chose de vorace et désespéré qu'elle ne put identifier. Puis tout disparut alors qu'il retirait ses mains et la laissait se lever.

Son expression était froide et fermée, mais ses yeux brûlaient.

Hermione tendit la main et toucha son visage, penchant sa tête en arrière. Elle pressa un baiser sur son front.

"Je vais accepter ton offre de douche." Elle tira le drap plat du lit et l'enroula autour d'elle alors qu'elle rassemblait ses vêtements sur le sol. Elle pouvait sentir le regard de Drago alors qu'elle traversait la pièce.

La salle de bain avait une énorme baignoire à pieds qu'Hermione regarda longuement avant d'entrer dans la douche. L'odeur indubitable du sexe l'entourait, et elle avait toujours des traces du sang de la veille sur elle. Ce n'était pas que le sien. Elle put le sentir dans ses cheveux alors qu'elle commençait à les laver.

Elle se récura rapidement des pieds à la tête avant de sortir et de se sécher. Elle se regarda dans le miroir. La salle de bain était lumineuse, fortement éclairée. Conçue pour les femmes qui appliquaient méticuleusement du maquillage et voulait être capable d'inspecter chaque pore de leur peau. Hermione se fixa dans le miroir, serrant la serviette contre elle.

Le faible éclairage du Square Grimmaurd était beaucoup plus gentil avec elle. Elle reconnaissait à peine la personne dans le reflet.

Alors qu'elle regardait, Drago arriva et se tint à la porte. Il avait mis un pantalon.

"Tu as raison, je ressemble à un cadavre," dit-elle après un autre moment.

Le creux des joues de Drago rougit, et il baissa les yeux au sol. "Tu devrais manger plus."

Elle haussa les épaules. "C'est le stress. Ce n'est pas comme s'ils ne me nourrissaient pas. Je mangerai de nouveau quand je pourrai de nouveau dormir." Elle le regarda avec un œil critique. "Tu n'as pas vraiment un corps en bonne santé non plus."

Il baissa les yeux sur lui puis le dirigea de nouveau sur elle, haussant un sourcil. "Qui cause mon stress, à ton avis ? C'est un cauchemar de s'inquiéter pour toi."

Elle détourna les yeux, sa gorge se serrant légèrement alors qu'elle commençait à nettoyer ses vêtements avec un sort. "Je… J'ai une partenaire de récolte, maintenant."

"La Patil qui a perdu son pied. Celle que tu as formée."

Hermione leva les yeux et le regarda sans le miroir. "Comment le savais-tu ?"

Il croisa froidement son regard. "Je fais attention à tous les rapports qui concernent les guérisseurs de l'Ordre. Tu es remarquablement invisible, mais Patil est un visage familier dans la Résistance. Amical. Et plutôt bavarde. Des petits détails ici et là. Ils s'additionnent." Son expression était neutre. "Je suis un légilimens. Je suis souvent celui qui extrait ces informations."

La gorge d'Hermione se serra. "Pourquoi m'as-tu formée alors ? Si tu savais ?"

Il fit un petit sourire et pencha la tête sur le côté. "Quand cela a-t-il commencé ? Mi-octobre ? Tu y allais toujours seule aussi, pour maintenir ta couverture. Je voulais que tu vives. Après que je sois mort, je voulais que tu restes en vie. J'aurais pu juste demander que tu aies un partenaire. Ça n'aurait pas été déraisonnable, étant donné mes conditions. Mais Shacklebolt ou Maugrey n'auraient pas respecté mes conditions une fois que j'aurais été mort." Son expression se fit vicieuse. "Comme tu l'as dit toi-même : s'ils t'ont vendue une fois, qu'est-ce qui les empêcherait de recommencer ? Qui sait, peut-être que la deuxième fois ils l'auraient annoncé."

Il y avait une sensation déchirante dans le ventre d'Hermione alors qu'elle détournait les yeux. "Ils ne sont… ils ne sont pas des monstres. Ils ont si peu d'options. Ils doivent travailler avec ce qu'ils ont. Ce sont eux qui gardent la Résistance en vie. Ce sont leurs choix calculés qui nous ont porté si loin. Ils ne peuvent pas me faire passer avant tout le monde. Je ne veux pas qu'ils le fassent."

"Je me fiche de la Résistance," dit-il d'un air méprisant.

"Hé bien, pas moi." Hermione ne vacilla pas. Elle croisa son regard en le disant. "Je me soucie de chacun d'entre eux. Je me soucierai toujours d'eux."

"Ils ne savent même pas qui tu es." Son ton était venimeux. "Tu es une figure sans visage dans leur douleur. Ils aiment leurs infirmières, les guérisseurs des hospices, Pomfresh, Patil. Ceux qui s'affairent quand ils ne sont plus en danger. Ils ne savent même pas que c'est toi qui les a sauvés, encore et encore. Ou tout ce que tu as fait."

Hermione haussa les épaules et mit ses vêtements. Elle n'était pas habituée à être nue, pas près de quelqu'un. Une fois que sa chemise et son pantalon furent enfilés, elle commença à tresser ses cheveux avec l'aisance que confère l'habitude.

Drago resta à la regarder dans l'encadrement de la porte. Elle pouvait presque sentir le ressentiment qui émanait de lui alors qu'il la regardait se préparer à partir.

"Je n'ai rien fait de ce que j'ai fait parce que j'attendais qu'on me voit comme une héroïne." Elle s'esclaffa. "Je ne demande pas les lauriers. Quand cette guerre sera terminée…" elle détourna les yeux en attrapant de nouvelles sections de cheveux qu'elle ajouta à sa tresse, "si l'Ordre gagne…" Elle déglutit. "Si nous gagnons, il y a de bonnes chances pour que Kingsley, Maugrey et moi finissions par être arrêtés pour crime de guerre."

Elle croisa les yeux de Drago dans le reflet du miroir. "Je ne serai jamais une héroïne. Je le savais quand j'ai choisi de me former en tant que guérisseuse. Ça n'a jamais été la raison de mes choix."

Elle finit une tresse et commença l'autre.

"Potter a tant de valeur pour toi ?"

Le coin de la bouche d'Hermione se tordit. "C'est plus que ça. Harry est mon meilleur ami, mais la guerre va au-delà de Harry ou de quiconque."

Ses mains se figèrent, et elle resta silencieuse un moment.

"Je veux…" commença-elle, puis elle s'arrêta et prit une petite inspiration. "Je veux que la prochaine née-Moldue avec des étoiles dans les yeux arrive dans un monde qui l'accueille avec plaisir. Un monde où elle n'aura pas à constamment regagner le droit d'être là et ne sera pas traitée comme si son existence volait quelque chose à quelqu'un d'autre. Où elle pourra grandir et faire des études. Avoir le travail qu'elle voudra, se marier, avoir des enfants et vieillir avec quelqu'un. Je n'ai pas…" sa voix se brisa brièvement. "Je… n'aurai aucune de ces choses. Je veux créer le monde dans lequel j'aurai voulu vivre."