Chapitre 57 - Flashback 32
Mai 2003
Presque à la fin du mois de mai, les Mangemorts lancèrent une attaque sur une ville moldue dans le Surrey. C'était un piège. Ils ne s'étaient même pas souciés de masquer le fait qu'ils utilisaient un leurre pour la Résistance.
Il n'y en avait pas besoin. La Résistance irait de toute façon.
Hermione regarda l'Ordre partir rejoindre les combats et travailla avec Padma à transférer la salle d'hôpital dans l'entrée et à repousser les murs du salon. Elles appelèrent plusieurs membres de la Résistance qui travaillaient comme guérisseurs ou infirmières dans les hospices.
Poppy Pomfresh avait attrapé la Grippe du chat noir et était sous quarantaine. Une maladie qui causait une mauvaise fortune chronique était l'une des dernières choses dont l'Ordre avait besoin dans la Résistance.
L'horloge tic-taquait impitoyablement pendant qu'Hermione faisait les cent pas, organisant précautionneusement et méticuleusement son esprit. Elle rassembla ses souvenirs de Drago, les fourrant dans les recoins les plus éloignés de sa conscience, là où elle gardait les souvenirs de ses parents.
Elle ne pouvait pas penser à Drago. Elle ne pouvait pas s'inquiéter de savoir s'il se battait. De savoir si Kingsley ou Maugrey lui faisait faire quelque chose qui le mettrait en extrême danger pour donner un léger avantage à la Résistance.
Elle devait travailler. Y penser n'y changerait rien.
Elle emmura tout.
Seamus apparut à la porte, portant une femme inconnue et Michael Corner dans les bras.
"Vampire," dit-il avec un signe de tête vers la femme. "Pour lui je ne sais pas."
Il les déposa et transplana rapidement de nouveau.
L'entrée commença à se remplir de corps. Moldus, combattants de la Résistance ; ils étaient tous amenés à Hermione et Padma.
Hermione versa une potion de régénération sanguine et l'antidote pour la morsure dans la gorge de la femme avant d'essayer de diagnostiquer rapidement ce qui était arrivé à Michael. Un charme de diagnostic indiqua que ses organes étaient en train de cesser de fonctionner, mais elle ne pouvait pas comprendre pourquoi. Elle commença à lancer une toile d'analyse sur la signature du sort pour essayer de l'identifier.
Crac.
Kingsley apparut, portant Tonks. Tonks criait de toute la force de ses poumons ; ses yeux se révulsaient.
Hermione lança un sort de stase sur Michael dans l'espoir de gagner du temps et se précipita.
Le bras de Tonks avait reçu un maléfice ; la peau était en train de glisser alors que son corps s'écorchait de lui-même. Hermione annula le sort et en lança un autre pour atténuer la douleur avant de tendre une potion de repousse de la peau vers les lèvres de Tonks.
Du sang et un liquide noir et acide coulait sur la manche d'Hermione. Elle leva vivement les yeux.
"Tu as reçu un maléfice," dit-elle, regardant une tâche s'étendre sur l'épaule de Kingsley à travers ses robes.
"Il faut que je fasse sortir Potter," dit-il, se tournant pour repartir.
Elle attrapa son bras. "C'est près de ton cœur. Laisse-moi te soigner."
Il repoussa sa main. "Pas le temps. Prépare-toi, on va en apporter plus."
Il y eut un craquement alors que Parvati apparaissait, alourdie de quatre corps.
"Donnes-les à Padma," dit Hermione, poursuivant Kingsley alors qu'il se précipitait hors du Square Grimmaurd. "Laisse-moi te soigner, Kingsley."
Elle tendit la main pour l'attraper avant qu'il n'atteigne la limite des protections. Alors que ses doigts se refermaient sur le tissu de ses robes, il transplana. Ils réapparurent tous les deux sur le champ de bataille. C'était une place de la ville, brumeuse de poussière, de sang et de magie résiduelle.
Il y avait des corps partout. Les Mangemorts lançait des sorts sur les membres de la Résistance qui essayaient d'évacuer les blessés. Des Détraqueurs flottaient au-dessus de leurs têtes, embrassant tous ceux qu'ils croisaient.
Hermione regarda autour d'elle avec horreur.
"Retourne au Square Grimmaurd ! Ton travail c'est de rester dans les planques, Granger," lui aboya Kingsley ; son expression était furieuse quand il réalisa qu'elle se tenait près de lui. Il lança un bouclier autour d'eux.
Il y eut un cri de rage qu'Hermione reconnut comme appartenant à Ron.
"Retourne à la planque, Granger," dit Kingsley par-dessus son épaule alors qu'il avançait vers le cri.
Hermione se prépara à transplaner mais, juste avant de disparaître, ses yeux tombèrent sur un garçon allongé sur le sol. Son ventre avait été ouvert, probablement par une harpie ou un loup-garou. Elle s'agenouilla et vérifia son pouls. Trop tard ; il était déjà mort. Il y avait une baguette dans sa main. Un combattant de la Résistance. Il n'avait pas quatorze ans.
Une sorcière à côté de lui avait un sort de nécrose qui rampait sur sa jambe. Elle semblait avoir perdu connaissance à cause de la douleur. Il y avait un autre corps sur la sorcière ; un jeune homme qui était tombé en travers d'elle. Hermione le fit rouler sur le dos pour voir s'il était toujours vivant aussi.
Il bondit instantanément en avant. Hermione sentit des crocs plonger dans son épaule alors qu''il la faisait tomber au sol. Hermione lança un sort de magie noire sans même réfléchir.
Le vampire s'écroula.
Hermione sauta sur ses pieds, faisant léviter la femme blessée jusque dans ses bras. Elle regarda autour d'elle à la recherche de quelqu'un d'autre à sa portée.
Un homme à moins d'un mètre de là paraissait avoir été attaqué par un Détraqueur. Hermione avança vers lui pour vérifier s'il avait été pleinement embrassé. Son âme était toujours intacte, mais il était en hypothermie et avait besoin de chocolat.
Une sensation glacée descendit sur elle. Elle leva vivement les yeux pour voir que plusieurs Détraqueurs approchaient.
Hermione prit une grande inspiration et lança un Patronus. Un flash de lumière sortit de sa baguette, mais son Patronus ne parvint pas à se corporaliser.
Alors que son Patronus faisait s'éloigner les Détraqueurs, elle tira le bras du sorcier sur son épaule et se prépara à transplaner.
Elle s'affaissa sous le poids et lança rapidement un sort d'allègement. Ce faisant, il y eut plusieurs craquements de transplanage. Hermione agrippa plus fort les corps en levant les yeux.
Quatre Mangemorts masqués étaient apparus à moins de trois mètres. L'un d'entre eux lui faisait face. Il fit instantanément fouetter sa baguette vers elle.
Les yeux d'Hermione s'écarquillèrent alors qu'elle fixait son esprit vers le Square Grimmaurd. Destination, Détermination, Décision.
Elle sentit le sort frapper sa poitrine alors qu'elle disparaissait.
Elle réapparut dans la rue devant le Square Grimmaurd, faisant tomber la sorcière et le sorcier et tombant en avant avec une exclamation d'agonie.
Elle fut vaguement consciente d'un juron, et de quelqu'un qui l'attrapait et la tirait dans les escaliers de l'entrée du Square Grimmaurd. Elle fut retournée sur le dos et fixa les visages de Padma et de plusieurs gardes de la Résistance en charge de la sécurité du Square Grimmaurd pendant les escarmouches. Hermione frémit et essaya de ne pas sangloter.
"Quel sort ? Quel sort ?" Les yeux de Padma étaient écarquillés et paniqués alors qu'elle se penchait au-dessus d'Hermione. Sa baguette tremblait dans ses mains.
Hermione fit un geste sans parler vers sa poitrine. Padma déchira la chemise d'Hermione pour l'ouvrir et poussa une exclamation.
Le sort d'acide avait frappé Hermione en plein dans le sternum. Il avait été puissamment lancé. Les furoncles avaient déjà profondément brûlé les os et la peau en travers de son torse jusqu'à ses clavicules.
Padma lança rapidement le contre-sort. Hermione était allongée sur le sol et essayait de ne pas sangloter alors que Padma faisait venir des potions à travers la pièce.
Elle brûlait. L'agonie d'avoir été touché au poignet n'était rien comparé à ça. C'était au milieu d'elle. Elle était à peine consciente d'autre chose que la douleur corrosive au milieu de son corps. Elle ne pouvait pas émettre de sons. Elle ne pouvait pas sentir le reste de son corps. Tout ce qu'elle pouvait sentir était qu'elle était en train de brûler. À l'intérieur de sa poitrine. Dans ses os. Sa peau. Comme s'il y avait de l'acide dans sa gorge.
Quelqu'un la stupéfixierait sûrement. Elle était sur le point de supplier.
Elle ferma les yeux et attendit que tout s'arrête.
"Hermione."
"Hermione." La voix de Padma traversa le brouillard d'agonie.
Hermione se força à ouvrir les yeux et à regarder Padma.
"Je ne peux pas enlever tes os maintenant," dit Padma. Sa voix tremblait alors qu'elle versait l'analgésique sur le torse d'Hermione. "Il y a trop de gens en train de mourir… et j'ai besoin de toi. Il y a trop de sorts ici que je ne sais pas comment analyser. En dehors des potions contre la douleur et l'analgésique, qu'est-ce que je peux te donner ?"
Hermione regarda Padma avec une absence horrifiée pendant plusieurs secondes, essayant de mettre un sens sur ses mots.
Elle ferma les yeux et essaya de respirer profondément avant de se forcer à répondre. Tout était en train de brûler. Même avec la potion analgésique, la brûlure ne s'arrêtait pas. Si elle n'avait pas été certaine que crier aurait été plus douloureux, elle aurait hurlé jusqu'à ce que sa voix se brise.
Elle déglutit répétitivement avant de se forcer à parler. "Fortifiant. Une goutte de Felix Felicis. Et un philtre de Paix", dit-elle d'une voix basse quand elle réussit à parler. Elle pouvait sentir les vibrations de ses cordes vocales dans les poches de chair brûlée.
Padma versa précautionneusement les potions dans la bouche d'Hermione et massa légèrement l'analgésique pour le faire pénétrer la peau avant de faire goutter quelques gouttes d'essence de Dictame dans chaque furoncle. Hermione resta allongée sur le sol pendant quelques minutes, attendant le moment où les potions feraient effet, dans l'espoir que les choses deviennent supportables.
Elle pouvait sentit les dégâts dans ses os. Ça irradiait vers ses poumons alors qu'elle luttait pour respirer. Elle se força à se lever et agita sa baguette en tremblant pour réparer sa chemise en marchant à travers l'entrée.
Elle était en train de mourir.
Elle avait l'impression d'être en train de mourir.
Elle se força à se séparer mentalement de la douleur et à se mettre au travail, avançant immédiatement vers les blessures les plus complexes pendant que Padma et les autres guérisseurs s'occupaient de tout le reste.
Chaque mouvement était douloureux. Respirer était agonisant. Hermione ne pouvait pas faire tressaillir son bras sans sentir le moindre dommage sans sa poitrine. Elle se mordit la lèvre et se força à ne pas pleurer ; si sa poitrine se soulevait sous les pleurs, elle avait peur de s'évanouir.
Ses poumons ne cessaient de s'agiter sous le besoin de tousser. Son oesophage se contractant, et sa poitrine se creusant légèrement alors qu'elle luttait contre. Si elle toussait, elle se casserait probablement le sternum.
Elle faillit se lancer un sort de diagnostic, mais elle ne pensait pas pouvoir supporter de savoir combien de dommages osseux elle ignorait.
Elle but une potion contre la toux et se força à respirer profondément.
Sa convalescence serait lente. Juste la réparer prendrait littéralement des heures.
Elle se retourna lentement, prenant mesure du nombre qui semblait infini de civières d'hôpital qui l'entourait.
Il y avait tant de blessures. Des éviscérations de harpies et des morsures de vampire. Des mutilations de loup-garous. Des douzaines de sorts qu'Hermione n'avait jamais vu avant. Le Sussex était une chambre de la mort, anéantissant lentement la Résistance. Elle reconnut certains sorts pour lesquels Severus et Drago l'avait avertie et avaient fourni des contre-sorts. De profondes coupures qui ne se fermeraient pas ; des furoncles n'ayant pas l'air graves et qui se mettaient soudainement à enfler et à brûler, causant des hémorragies. Elle sortit des scorpions, des vipères et même un homard de ventres ou de torses.
L'air puait les organes internes, le sang et la magie noire.
Elle soignait, encore et encore, et les corps qu'on lui amenait ne semblaient jamais se tarir. Elle pensa voir Harry ou Ron en vie, mais ils furent repartis avant qu'elle ne puisse détourner les yeux du garçon Moldu qu'elle était en train de soigner.
Alors qu'elle lançait un sort compliqué pour réparer un gros intestin déchiré, elle devint progressivement consciente de quelqu'un se tenant à côté d'elle.
Elle jeta un oeil et vit que Kreattur levait les yeux vers elle.
"Est-ce que la Sang-de-Bourbe de Potter aller bien ?"
Elle le fixa avec les yeux vides mais ne répondit pas alors qu'elle passait à la blessure suivante avec une grimace, descendant une autre potion contre la toux en même temps.
"La Sang-de-Bourbe de Potter être blessée," dit Kreattur d'un ton aussi concluant que dérisoire.
"Kreattur, dégage de là," dit Padma, ses yeux plissés et furieux. "J'ai besoin de quelqu'un avec des compétences basiques en guérison par ici."
"Comment la Sang-de-Bourbe de Potter être blessée ?"
"Et si je te lançais un sort d'acide dans la poitrine aussi, pour que tu puisses voir ?" aboya Padma, le poussant hors du passage en s'agitant.
Kreattur recula et fixa Hermione pendant une autre minute alors qu'elle déconstruisait la signature d'un sort inconnu sur une sorcière donc les os se dissolvaient à l'intérieur d'elle.
Quand Hermione leva de nouveau les yeux, Kreattur avait disparu.
Quand elle en eut fini avec la sorcière, Hermione trébucha et prit une autre dose d'anti-douleur, de fortifiant et de philtre de Paix en essayant de forcer ses mains à ne pas trembler.
Ses poumons commençaient à hoqueter. Elle but une autre potion contre la toux et essaya de ne pas y penser. Padma n'avait pas indiqué que quoi que ce soit dans sa blessure menaçait sa vie.
Elle se tourna pour essayer de voir où on avait besoin d'elle ensuite. La plupart des blessures complexes avaient été traitées. Elle alla se joindre à Padma pour guérir les blessures moins graves.
"Est-ce que tu veux que j'essaie de te soigner maintenant ?" demanda Padma, touchant le poignet d'Hermione avec hésitation.
Hermione s'arrêta un moment, considérant l'idée, puis elle secoua la tête. "Sais-tu pourquoi notre guérisseuse de secours n'est pas là ? Nous l'avons appelée il y a deux heures."
Le visage de Padma se tendit. "Je ne sais pas. J'ai envoyé cinq Patronus de plus. Je n'ai eu aucun retour."
Hermione agita sa baguette et soigna un maléfice d'expulsion des entrailles. Elle se sentait presque engourdie au-delà de la douleur brûlante de sa poitrine.
"Alors," dit-elle lentement, "nous devrions attendre un peu plus longtemps. Jusqu'à ce qu'on sache que plus personne ne sera amené. Kingsley… Kingsley n'est jamais revenu. Je devrais attendre… au cas où il rentre. Il était blessé."
"Tu devrais arrêter de bouger," dit Padma. "Il y a assez de guérisseurs de terrain ici ; nous pouvons nous occuper de tous les traitements restants. Va te reposer pendant que tu attends Kingsley."
"C'est plus supportable si je peux me concentrer sur autre chose. Juste… donne moi quelque chose à faire qui ne me demande pas de bouger les bras.
"Pourquoi ne refermerais-tu pas les coupures ? Tous ceux là ont déjà eu le maléfice enlevé. C'est juste un mouvement de poignet." Le visage de Padma était gris d'inquiétude et de culpabilité alors qu'elle regardait Hermione.
Hermione hocha la tête et se retourna pour y aller.
Elle commençait à suspecter que sa blessure soit au-delà des compétences de Padma. Les dommages aux poumons et à l'œsophage qu'elle pouvait sentir requerrait des compétences avancées en guéridon et possiblement deux guérisseurs pour coordonner le travail de sortilège.
Avec Pomfresh malade… sans leur guérisseuse de Sainte Mangouste qui n'arrivait pas… Hermione était la seule personne à savoir le faire.
Hermione aurait besoin de rester consciente pendant que Padma enlevait le sternum d'Hermione et ses côtes et réparait ses poumons et sa gorge pour lui donner les instructions à suivre. Cette simple pensée amenait Hermione au bord de la crise de nerfs.
Elle s'évanouirait probablement de douleur et devrait être réveillée…
Plusieurs fois.
Ses mains commencèrent à trembler violemment. Elle ferma les yeux et essaya de respirer. Sa poitrine eut un spasme et elle poussa une exclamation de douleur.
Elle devait s'assurer que tous les autres qui avaient des blessures sérieuses étaient soignés pour que Padma puisse la guérir sans interruption. Ce serait pire si Padma devait faire des pauses. Peut-être que si Kingsley rentrait, il serait capable d'amener un guérisseur.
Hermione ouvrit les yeux et cilla avec étourdissement. Kreattur était de nouveau apparu et se tenait devant elle.
"La Sang-de-Bourbe de Potter travailler toujours," dit-il, la regardant de haut en bas.
Hermione commença à le contourner. Alors qu'elle passait à côté de lui, elle sentit la main osseuse lui attraper le poignet. Elle baissa les yeux sous la surprise en se sentant disparaître.
La pression du transplanage sur ses os endommagés était hallucinante. Elle les sentit se fracturer en réapparaissant. Elle eut un cri d'agonie et les os se broyèrent. Le cri fit brusquement s'expandre et se contracter sa cage thoracique, résultant en une vive douleur brûlante alors que quelque chose se brisait en elle. Elle hurla.
Elle tomba en avant et sentit qu'on l'attrapait par les épaules.
Tout lui faisait mal, encore et encore. Une douleur tellement aveuglante. Elle était à peine conscience de tout le reste. À chaque fois qu'elle sanglotait, elle sentait les os se broyer et se briser de nouveau à l'intérieur de sa poitrine. Elle continuait d'essayer sans y arriver.
"Stupefix."
ooo
Quand elle se réveilla, elle était immobile. Regardant sauvagement autour d'elle, elle vit Drago qui la regardait, pâle et les yeux écarquillés.
Elle le fixa.
"Tu…" Elle sentit sa mâchoire se serrer de colère et dut forcer les mots à sortir. "Qu'est-ce que tu as fait ?"
"Tu étais blessée. Que penses-tu que j'ai fait ?" Sa voix vibrait d'intensité.
Hermione essaya de baisser les yeux et se rendit compte qu'elle ne pouvait pas bouger le cou. Elle était paralysée. Elle baissa les yeux vers sa poitrine. Elle était enroulée dans des bandages et un sort d'exosquelette supportait ses poumons pendant que son sternum et ses côtes repoussaient. Elle pouvait sentir la douleur vive et semblable à des piqûres d'aiguilles du Poussos. Cela faisait des heures qu'elle était inconsciente si elle se basait sur la repousse qu'elle pouvait sentir.
"J'allais être soignée." La sensation de ne pas avoir de côtes, de sternum ou de clavicules était horrible. Elle ne pouvait pas bouger les bras, le torse ou le cou. Ses doigts pouvaient à peine remuer. "J'attendais Kingsley."
"Tu as failli mourir." La voix de Drago tremblait. "Tu étais en train de mourir."
"Il aurait pu revenir. Il devrait être là maintenant…" Elle haleta et essaya de tourner la tête. "Il avait reçu un maléfice. Je dois y retourner."
"Shacklebolt est mort."
Les yeux d'Hermione filèrent sur Drago, horrifiés.
"Comment le sais-tu ? Que sais-tu ?" dit-elle d'une voix qui tremblait d'outrage.
"Je l'ai tué." Il n'y avait pas de trace de regret sur son visage ou dans ses yeux.
Hermione le fixa.
"Tu… tu quoi ?"
La sensation de poids en elle lui donnait l'impression qu'un gouffre sans fond s'était ouvert dans son ventre, et qu'elle y était tirée. S'effondrant en elle-même.
D'une certaine façon, elle avait oublié. Qu'il avait tué Dumbledore ; qu'il était un Mangemort ; qu'elle l'avait vu tuer des douzaines de gens sans montrer une once de remords ; que sa létalité était la raison pour laquelle il était un espion précieux pour eux ; qu'il leur amenait des informations précieuses et vitales parce qu'il continuait à mener des attaques victorieuses pour Voldemort.
Elle savait tout ça. Mais elle l'avait aussi oublié.
Il avait tué Kingsley. Il avait été probablement ravi de le faire. Elle ne savait que trop bien à quel point il détestait Maugrey et Kingsley.
"Tu n'aurais pas dû m'amener ici," dit-elle finalement.
"Tu serais morte si je ne l'avais pas fait. Tu as été mordue par un vampire et tu as pris une potion contre la toux. Savais-tu seulement que tu étais en train de te noyer dans ton sang ? Il ne te restait que des minutes quand tu es arrivée. Deux guérisseurs spécialisés ont à peine été suffisants pour te sauver."
Hermione cilla. Elle avait oublié la morsure de vampire… c'était arrivé si vite. Comment Padma avait-elle pu la manquer ? N'avait-elle même pas jeté un sort de diagnostic assez avancé pour le détecter ?
Elle mit la question de côté.
"Je ne le savais pas. Il y avait une pièce pleine de gens en train de mourir. J'étais en ligne comme tous les autres. Pomfresh était malade. Notre guérisseuse de secours n'est pas venue. Ils avaient besoin de moi. Une fois que quelqu'un aurait commencé à me soigner, je n'aurais plus été capable de bouger, peu importe le genre de blessure avancée qui serait arrivée. Ça a pris des heures, n'est-ce pas ? À tout réparer ? Il n'y avait personne de disponible pour le faire. As-tu une idée du nombre de gens qui sont morts aujourd'hui ? Combien sont si blessés qu'ils ne se remettront jamais ? Ce n'est pas parce que tu ne te soucies pas d'eux qu'ils ne comptent pas."
"Tu es à moi !" Drago montra les dents de rage. "Je me suis retourné et j'ai vu que tu avais été touchée pendant que tu disparaissais, et je ne savais même pas si tu étais toujours en vie. Tu avais dit que tu ne quitterais plus les planques. Tu m'as dit que tu serais en sécurité. Tu étais au milieu du massacre. Puis… j'ai appris que tu étais en vie mais pas soignée."
Il était si furieux qu'il avait l'air prêt à exploser. Elle pouvait sentir la rage qui émanait de lui.
"J'ai même pensé que je dépassais les limites à te faire kidnapper hors de la planque. J'aurais dû le savoir… putain, j'aurais dû le savoir, espèce de Gryffonor idiote. Tu te serais juste laissée mourir."
"C'est la guerre, Drago. Des gens meurent," dit Hermione d'une voix plate. "Etant donné ton compte personnel de morts, tu devrais le savoir mieux que n'importe qui. Si tu me connaissais un peu, tu saurais que je ne prioriserai pas ma survie à celle de tous les autres."
Drago la fixa pendant quelques secondes. Il respirait à travers ses dents, les poings serrés.
"Hé bien, tu devrais." Il était soudain froid comme la glace. "Je t'ai prévenue. Si quelque chose t'arrives, je vais personnellement anéantir l'Ordre. Ce n'est pas une menace. C'est une promesse. Considère ta survie autant comme une nécessité à la survie de la Résistance qu'à celle de Potter. Si tu meurs, je tuerai chacun d'entre eux jusqu'au dernier. Puisqu'apparemment risquer leur vie est la seule façon de te faire donner de la valeur à ta tienne."
Hermione leva les yeux vers lui en était de choc, qui se changea lentement en rage.
"Comment oses-tu ? Comment oses-tu ?"
Si elle avait pu bouger, elle lui aurait jeté un maléfice, l'aurait poignardé, essayé de le battre de ses mains nues.
Elle avait envie de pleurer en réalisant pleinement ce que sa menace voulait dire.
Il était trop dangereux.
Trop risqué pour l'Ordre.
Quand elle le rapporterait à Maugrey, il déciderait probablement qu'ils n'avaient pas d'autre choix que de tuer Drago.
Que ça soit Maugrey qui utilise ses souvenirs ou elle, le résultat serait le même.
Les larmes montèrent et se mirent à couler du coin de ses yeux. Elle les ferma pour qu'elle n'ait pas à regarder Drago.
Le silence resta suspendu entre eux pendant une minute avant qu'elle ne l'entende lourdement soupirer. Elle sentit le lit bouger et ses doigts caressèrent son visage, écartant une mèche de cheveux puis se posant sur sa joue.
"Tu es en train de penser que tu va devoir me tuer, n'est-ce pas ?" dit-il. "Je suis une trop grosse responsabilité maintenant. Si tu vas voir Maugrey, il l'ordonnera."
Sa main descendit et reposa légèrement sur sa poitrine, à l'endroit où son sternum était en train de repousser. Sa chaleur se répandit lentement à travers le bandage et dans sa peau. Cela lui coupa le souffle.
"Et tu vas le faire. N'est-ce pas ?"
Hermione ouvrit les yeux et le regarda. Il était assis au bord du lit, la fixant. La rage avait disparu de ses yeux.
"Tu ne me laisses pas le choix," dit-elle d'une voix tremblante. "Tu sais… tu sais que je ne choisirais pas avant tout les autres."
Il l'étudia. "Tu ne te le pardonneras jamais."
La mâchoire d'Hermione trembla. "Non…" Sa voix se brisa. "Mais… ça ne serait pas la première chose impardonnable que j'aie faite. Je suis déjà une prostituée." La main de Drago posée sur elle tressaillit. "Devenir une assassin sera juste une ligne de plus dans les livres d'histoire."
"Si tu le fais, que feras-tu alors ?"
"Je suis sûre que tu peux l'imaginer." Elle avait envie de détourner la tête, mais, sans ses os, ses muscles ne pouvaient pas fonctionner.
Il retira sa main. Sa soudaine absence tira sur quelque chose en elle. Elle lutta pour ne pas sangloter.
Elle détestait cette guerre.
Elle avait pensé qu'elle pourrait tout faire. Elle avait pensé qu'il n'y aurait pas de limite à ce qu'elle pouvait faire pour sauver Harry… pour sauver tout le monde. Qu'elle serait capable de faire face aux conséquences assez longtemps pour arriver au bout.
Apparemment Drago était devenu sa limite.
Elle ne savait plus comment endurer la guerre toute seule. La pensée de regarder la lumière s'éteindre dans ses yeux…
Une plainte hachée s'arracha de sa gorge.
Soudain, Drago était au-dessus d'elle, la tenant dans une étreinte comme il le pouvait sans la blesser. Son visage n'était qu'à un souffle du sien.
"Vis, Hermione." Sa voix tremblait. "C'est tout ce que je te demande de faire."
Hermione eut un sanglot. "Je ne peux pas te le promettre. Tu sais que je ne peux pas te le promettre. Et je ne peux pas risquer ce que tu ferais si je mourais."
Il l'embrassa. Ses mains caressèrent son visage, et ses doigts passèrent dans ses cheveux. Elle sanglota contre ses lèvres.
"Je suis désolée…" continuait-elle à dire, encore et encore en l'embrassant. "Je suis désolée de t'avoir fait ça."
Les lèvres de Drago étaient toujours contre les siennes quand il se raidit soudain avec une exclamation irritée.
Il s'arracha à elle, agrippant son avant-bras gauche jusqu'à ce que sa main droite blanchisse. "Merde.'
Il se leva et baissa les yeux vers elle. "On m'invoque."
Elle pouvait voir les calculs dans ses yeux. Sa mâchoire se serra, et il sembla vaciller. Une expression de résignation désespérée vacilla dans ses yeux.
"Je ne peux pas temporiser. Je dois y aller. Topsy !"
Une elfe de maison apparut dans la pièce. Hermione sursauta légèrement et regarda autour d'elle, réalisant qu'elle n'était pas dans une chambre d'hôtel.
"Suis… suis-je au Manoir Malefoy ?" Sa voix tremblait d'incrédulité.
Drago fit un petit hochement de tête, l'expression fragile. "J'ai dû t'amener ici. Je ne peux pas faire venir des guérisseurs dans le Londres moldu." Drago attrapa une pile de robes. Hermione reconnut son uniforme de Mangemort. Il les enfila rapidement. "Je ne m'attendais pas à devoir te laisser si rapidement."
Il se pencha vers elle et ses doigts effleurèrent ses poignets. "Je te le jure, les protections ne laisseront entrer personne sur le domaine. Tu es en sécurité. Je reviendrai."
Ses pupilles étaient dilatées alors qu'il avait le regard baissé vers elle. Elle reconnut la terreur dans ses yeux.
"Je reviendrai. Personne ne peut entrer ici. Tu es en sécurité jusqu'à ce que je revienne," répéta-il. "Topsy, prends soin de Granger."
Drago mit son masque sur son visage et baissa les yeux vers elle pendant une fraction de seconde avant de disparaître de la pièce.
Hermione fixa le point duquel il avait disparu, essayant d'absorber le fait qu'elle était paralysée allongée, seule, dans le Manoir Malefoy.
Hermione leva les yeux vers le plafond et entendit l'elfe de maison, Topsy, s'agiter à côté d'elle. Hermione pinça les lèvres pendant quelques secondes, essayant de décider par où commencer.
"Est-ce que Kreattur vient souvent ici ?" demanda finalement Hermione, tournant les yeux pour regarder Topsy.
Topsy rendit son regard à Hermione avec ses énormes yeux et hocha la tête. "Kreattur venir presque tous les mois pour voir le maître. Kreattur servit la noble maison des Black. Le maître être le dernier Black en vie."
"Je vois." Hermione bouillonnait intérieurement. "Que fait Kreattur quand il vient voir Drago ?"
"Il parler au maître de Granger et de l'Ordre du Phénix. Et Kreattur entretenir les tombes de Maîtresse Malefoy et Maîtresse Lestrange. C'est comme ça que le Maître avoir su que Kreattur toujours servir la maison des Black."
Hermione regarda le plafond et se lécha les lèvres. "Depuis combien de temps Drago le sait ?"
"Topsy ne pas savoir. Topsy penser que ça fait peut-être un an."
Hermione pinça les lèvres alors qu'elle remontait le fil de ses interactions avec Drago. "Quelles sortes de choses Kreattur raconte-il à Drago sur moi et sur l'Ordre du Phénix ?"
Topsy bougea et ses yeux se baissèrent sur le sol. "Topsy ne pas savoir. Le Maître parler la plupart du temps seul avec Kreattur."
Hermione fit rouler sa mâchoire. "Drago vient ici souvent ?"
"Il ne pas venir beaucoup ici. Topsy et les elfes faire de leur mieux, mais il ne pas aimer être ici. Il ne venir que pour rencontrer des Mangemorts et rendre visite à la tombe de Maîtresse Malefoy."
Il y eut un silence alors qu'Hermione peinait à décider quoi demander ensuite.
"Est-ce… est-ce que tu sais ce qui est arrivé aux guérisseurs que Drago a amené ici pour me guérir ?"
Topsy resta silencieuse.
"Est-ce qu'il les a tués ?" La voix d'Hermione s'éleva vivement.
"Topsy ne pas savoir."
Hermione laissa s'échapper une petite exclamation et resta silencieuse pendant quelques minutes.
"Est-ce que Miss Granger vouloir quelque chose ?" Topsy s'approcha et regarda Hermione. "Topsy pouvoir amener de la nourriture, du thé, du bouillon, ou autre chose dont la miss avoir besoin."
"Non. Je n'ai besoin de rien excepté des os entièrement repoussés pour que je puisse bouger." Hermione avait envie d'exploser de rage. Elle allait tuer Kreattur.
Comment l'Ordre avait pu manquer une vulnérabilité de cette ampleur ? Si Kreattur pouvait la kidnapper hors du Square Grimmaurd sur l'ordre de Drago, pour quoi d'autre Drago avait-il pu l'utiliser ?
Elle resta allongée là alors que son esprit réfléchissait à toute vitesse. Elle réussit à bouger légèrement les doigts et fit des expérimentations pour voir à quel point elle pouvait bouger.
Drago revint après une heure. Son apparition fut silencieuse mais Hermione le vit immédiatement.
Elle put tourner légèrement la tête. Elle l'étudia, cherchant un signe de blessure. Son expression était tendue, mais il n'y avait rien qui indiquait qu'il avait été blessé ou soumis au Doloris.
Ils se regardèrent en silence.
"Qu'est-il arrivé aux guérisseurs que tu as fait venir ?" dit finalement Hermione. Sa voix était froide comme la glace.
Les yeux de Drago vacillèrent légèrement. "Sous oubliettes."
"Vraiment ?"
"Deux guérisseurs morts pourraient soulever des questions," dit Drago avec un haussement d'épaules.
"Alors tu les aurais tués, mais tu ne l'as pas fait parce que ça ne valait pas le désagrément ?"
Les yeux de Drago lancèrent des éclairs. "Oui, Granger, par commodité, ce qui, tu le sais, j'ai abondamment dans ma vie avec mes deux maîtres mutuellement exclusifs."
Hermione sentit la culpabilité lui serrer la gorge. "J'ai juste… je ne veux pas que tu tues des gens à cause de moi."
Drago eut un rire qui ressemblait à un aboiement et parut amusé alors qu'il baissait les yeux vers elle. "Qu'est-ce que tu penses que je fais de tout mon temps ? Je tue des gens. J'ordonne à d'autres gens de tuer des gens. Je forme des gens à tuer des gens. Je sabote et sape l'autorité de gens pour qu'ils se fassent tuer, et je fais tout ça à cause de toi. Chaque mot. Chaque sort. À cause de toi."
Hermione vacilla et eut une exclamation dans un souffle comme si elle avait été frappée.
L'expression vicieuse de Drago disparut immédiatement. "Granger, je ne…"
Hermione recula légèrement la tête et sa mâchoire se tendit. "Non. N'essaie pas de le reprendre. C'est vrai. Ce que tu as dit est entièrement vrai. Tout ce que tu fais est de ma faute aussi. Chaque sort." Sa voix vacilla et se tût.
"Ne fais pas ça." Il s'assit sur le bord du lit et prit la main d'Hermione. "Ne porte pas ce fardeau. Ce n'est pas le tien. Arrête de porter cette putain de guerre sur tes épaules."
"C'est le mien. C'est moi qui t'ai fait ça." Elle pressa la main de Drago dans la sienne. "Quelqu'un devrait regretter tout ça. Tu n'as pas le temps ou l'espace pour hésiter. Ça a plus de sens que ça soit moi qui le porte. Peut-être que si je le fais… tu arrêteras un jour."
Drago se figea et il grimaça. Au lieu de répondre, il sortit sa baguette et lança le sort de diagnostic qu'elle lui avait appris. Ils l'étudièrent tous les deux. Il restait au moins deux heures de repousse.
Hermione détourna les yeux de la baguette de Drago et le regarda.
"Je vais me débarrasser de Kreattur quand je vais rentrer. En présumant que Maugrey ne l'ait pas déjà tué. Tu peux l'avoir, mais il ne remettra plus jamais les pieds au Square Grimmaurd."
La mâchoire de Drago se serra, et il détourna les yeux sans un mot.
"Depuis quand est-ce que tu l'utilises pour espionner l'Ordre ?"
"Je l'ai trouvé en train d'entretenir la tombe de ma mère en avril l'année dernière."
"Avril," répéta Hermione. Puis ses yeux s'écarquillèrent. "C'est pour ça que tu m'a jeté tous ces maléfices ? Parce que tu as lu mes notes ?"
Drago ne dit rien en réponse.
"Je pensais que c'était parce que je t'avais soigné."
"Je sais."
La gorge d'Hermione se serra. "À chaque fois que je t'ai soigné après ça, j'ai pensé… j'ai pensé que tu me ferais de nouveau du mal."
"Je sais." Sa voix était creuse.
Il y eut un long silence. Hermione pinça les lèvres et prit une longue inspiration, ayant l'impression qu'elle pourrait s'étouffer de chagrin.
"Je ne sais pas quoi faire. Je ne peux pas ignorer une menace pour l'Ordre."
Drago soupira et baissa les yeux. "J'étais juste en colère."
Hermione s'esclaffa et leva le menton. "Tu es toujours en colère. Tu ne peux pas proférer de telles menaces. Surtout pas toi. C'était un accident. J'essayais de soigner Kingsley, et il a transplané. J'ai pensé que je pouvais emmener certains des blessés avec moi en rentrant. Mes mains étaient pleines quand j'ai été touchée."
"Tu continuais à travailler." Sa voix était soigneusement contrôlée. Directe. Elle pouvait encore entendre le sous-ton de rage dedans.
"Je le voulais," dit-elle fermement. "Padma ne connaissait pas les sorts pour me soigner. Pomfresh et elle auraient pu le faire ensemble, mais Pomfresh était malade cette semaine. Notre autre guérisseuse n'est pas venue. Je pense que Padma a paniqué ; je ne pense pas qu'elle ait utilisé un diagnostic avancé pour vérifier ma blessure. J'aurais pu lui demander de me stupéfixer, mais je voulais continuer à travailler, et si elle l'avait fait… hé bien, j'aurais pu mourir à ce moment-là. Bien que, avec un peu de chance elle aurait posé des sorts de monitoring sur moi. Je vais avoir beaucoup de choses à dire sur sa formation de guérisseuse en rentrant. Il y a eu beaucoup de facteurs. Tu ne peux pas réduire les situations complexes à des jeux de reproches simplistes. Tu ne peux pas tenir la Résistance en otage pour me contrôler."
Drago poussa un long soupir et regarda dans la pièce pendant une minute avant de parler. "Si tu meurs, Granger, j'en aurai fini. Je ne continuerai pas ça. Je suis fatigué."
Hermione tordit assez son poignet pour attraper la main de Drago. "Drago, ne…"
Il baissa les yeux vers elle. Son expression était fermée, mais elle pouvait voir la guerre entière dans ses yeux. "Je le pense. Je ne les tuerai pas… mais j'arrêterai. Tu es ma durée de prestation. Le contrat est nul si tu meurs."
Elle secoua la tête. "Il y a une vie pour toi de l'autre côté de la guerre ; ne… ne réduit pas ton monde à moi."
Il haussa un sourcil, et la lèvre supérieure se retroussa. "Le tien semble à peine plus vaste. Ou y a-t-il des plans d'après guerre que tu as oublié de mentionner ?"
Hermione déglutit et détourna les yeux. "Fais ce que je dis, pas ce que je fais."
Drago eut un petit rire, et ils tombèrent dans un silence aussi vide que leur futur.
"Tu… tu pourrais devenir guérisseur," dit-elle après une minute.
L'ombre d'un sourire passa sur son visage. "Je n'avais pas considéré cette idée."
Hermione fit un petit sourire. "Tu devrais. Si tu allais ailleurs, tu pourrais être un très bon guérisseur… bien que tes bonnes manières pourraient être améliorées."
"Ça pourrait compenser le nombre de mes morts," dit-il sans la regarder.
La prise d'Hermione sur la main de Drago se resserra. "Je suis désolée. Je n'aurais pas dû dire ça. Ce n'est pas ta faute."
Les yeux de Drago scintillèrent. "Peut-être une fois. Je crois que c'est de ma faute maintenant."
Hermione sentit son ventre se nouer. "Tu es tellement plus que ce que la guerre a fait de toi." Sa voix tremblait légèrement.
Il ne la regarda toujours pas.
"C'est vrai," dit-elle, étudiant attentivement son visage. "Tout comme moi. Nous sommes tous les deux plus que ça… ça attend juste… ça attend juste de pouvoir sortir." Hermione fit courir ses doigts le long de ceux de Drago. "Un jour… un jour… on laissera tout ça derrière nous. Nous deux… je pense qu'on pourra le faire."
Les doigts de Drago entrelacés avec ceux d'Hermione se tendirent juste un peu.
Elle ne savait pas quoi dire d'autre. Elle sentit ses yeux devenir lourds.
Drago caressa sa joue d'une main. "Dors. Tu as encore quelques heures avant de pouvoir bouger. Une fois que les os auront repoussé, il y a des potions réparatrices que je suis censé te donner. Tu n'iras nulle part avant au moins douze heures. J'ai reçu des instructions précises pour m'assurer que je sache si tu essaies de partir ou de transplaner prématurément."
Hermione leva les yeux au ciel. "Douze heures c'est excessif."
"C'est le grand minimum, comme tu le sais très bien."
Hermion grimaça et Drago renifla. "Tu es une petite menteuse manipulatrice. Ne t'attends pas à ce que je te fasse confiance."
Les yeux d'Hermione se fermèrent, et elle agrippa soudainement la main de Malefoy plus fort. "Ne… me laisse pas seule dans cette maison."
"Je ne te laisserai pas seule."
