« C'est un vrai connard putain, j'en reviens pas, le mec a clairement traité ma mère de pute sans sourciller !

James était agité, il marchait de long en large comme un lion en cage, il ne pouvait pas oublier la dispute avec Remus, il fulminait !

– Il s'est excusé, on ne peut pas passer à autre chose ?

– Tu n'as pas de mère tu ne peux pas comprendre à quel point ça me touche Sirius !

L'adolescent ouvrit de grands yeux, stupéfait, lui qui venait de se réconcilier avec ses amis. Il ne savait trop comment réagir, blessé il l'était et pas qu'un peu, les réactions indignées ne tardèrent pas.

– James ! T'es en colère d'accord mais ça ne te donne pas le droit de dire des choses aussi horribles à Sirius !

– T'es vraiment qu'un sale con. Ajouta Lily en soutien au propos de Marlène.

– Excuse-toi vieux. Enchéris Peter.

– Comment tu peux dire ça ? S'exclama Mary sous le choc.

James était conscient d'avoir commis une erreur, sa colère l'empêchait de mesurer ses mots, il ne pouvait pas traiter son meilleur ami de cette façon alors qu'ils venaient à peine de se réconcilier.

– Pardon mon pote, je suis sur les nerfs je n'aurais jamais dû dire un truc aussi con.

– Tu ne sais même pas à quel point je suis jaloux de ta relation avec ta mère, moi aussi j'aurai préféré que la mienne me serre dans ses bras en me disant qu'elle m'aime plutôt que de me regarder comme un moins que rien et laisser mon grand-père me démonter devant elle sans rien dire.

– Désolé Sirius. James voulut attraper le bras de son ami mais ce dernier se soustrait à son contact.

– Ça fait quelque jour que tu me sors des remarques hyper blessantes, je peux savoir ce que je t'ai fait ?

– Quoi ? Mais rien. Dit James d'une petite voix.

– Alors c'est gratuit, c'est encore pire ! Tu me fais du mal gratuitement !

– T'es bizarre aussi depuis qu'on est allés à la Push ! Se défendit l'adolescent à lunettes.

Sirius se leva du banc sur lequel il était assis, Marlène à ses côtés, leurs mains jointes.

– Je suis bizarre ?

– Tu te mets en colère hyper rapidement et tu me caches des choses, tu es chelou mec on en a parlé entre nous et on est d'accord pour dire que tu es méga bizarre.

L'adolescent se retourna vers ses autres amis qui détournèrent le regard.

– Marlène toi aussi tu me trouves bizarre ? Dit Sirius la voix pleine d'émotion.

Sa petite amie lui adressa un sourire rassurant et lui serra la main.

– Je remarque que tu es angoissé, et je comprends pourquoi. Même si les autres ont oublié, je n'ai pas oublié que quelqu'un est entré par effraction chez toi, dans ta chambre, pour voler tes vêtements. C'est probablement un pervers. Je sais que ce n'est pas facile à gérer, et que ton angoisse est sûrement alimentée par ce genre de monsieur muscle qui semble clairement ne pas t'apprécier pour des raisons inconnues. Je te comprends, je ne t'en veux pas, et ce n'est certainement pas une raison pour te faire des remarques aussi horribles !

Elle avait prononcé l'intégralité de son discours tout en maintenant un contact visuel avec Sirius du début à la fin.

– Merci. L'adolescent s'inclina pour déposer un doux baiser sur les lèvres de sa bien-aimée.

– On a cours de sport après, j'ai des affaires à chercher tu viens avec moi ? Proposa Marlène. »

Sirius acquiesça et le couple partit sans que personne ne les retienne. Ils avaient commis des erreurs, c'était à eux de faire face à leur conscience. Ils se dirigèrent ensemble vers leur casier pour récupérer leur équipement de sport. Il était prévu de jouer au volley-ball. Intérieurement, Marlène espérait que les natifs écraseraient James en représailles personnelles au nom de Sirius.

Après leurs deux heures de sport, ils avaient 1h30 de pause repas pour enchaîner ensuite sur leurs options, Sirius avait pris dessin et mécanique, Marlène elle avait pris théâtre et poterie.

« Tu devrais leur dire, peut-être qu'ils comprendraient tu sais.

Sirius ferma son casier après y avoir déposé son sac de classe pour ne prendre que ses affaires de sport.

– Jamais, James ne comprendrait pas, personnes ne comprendraient.

– Moi j'ai compris ! S'exclama Marlène en attrapant le bras de son copain.

– Parce qu'on sort ensemble j'étais bien obligé de te le dire, tu te voyais le découvrir sur le fait accompli ?

– Ils ne te jugeront pas tu sais.

Sirius soupira.

– Je ne vois pas en quoi c'est important qu'ils le sachent, je suis juste Sirius un mec cool ! Qu'est-ce qu'on s'en fiche de savoir ce que j'ai entre les jambes. Murmura l'adolescent vers Marlène.

– Dans l'absolu on s'en tape, tu es un garçon, point à la ligne. Marlène reprit sa respiration. Mais eux ne comprennent pas que tu sois autant sur les nerfs, un truc tout bête sur tes cheveux que James t'a dit par exemple et tu t'es tout de suite emporté alors que d'habitude tu ne dis rien, ou encore à la fin du cours de sport la dernière fois, je sais parfaitement que le fait que tu ne sois pas très bon en sport te pèse et tu remets tout sur ce que tu m'as confié. Sirius, il a raison, tu es sur les nerfs et je suis sûr qu'il n'y a pas que cette histoire d'intrusion dans ta chambre, qu'est-ce qui te tracasse ?

Marlène avait toujours eu une bonne compréhension de son comportement, il était transparent pour elle, elle connaissait tous les aspects de sa personnalité, ce qui le frustrait grandement et le rendait enclin à pleurer, elle était la seule à pouvoir faire ressortir cette partie de lui qu'il voulait le plus dissimuler.

Sirius, blessé par la vie et par ceux qu'il pensait être ses protecteurs.

– Rien, laisse-moi Marlène. Dit Sirius détournant les yeux pleins de larmes pour ne pas affronter le regard de sa petite amie.

– Dis-moi, tu ne peux pas tout garder en toi comme ça, je vois bien que ça te ronge.

Elle avait pris une voix plus douce, car l'adolescente connaissait bien son petit ami et savait qu'il ne fallait pas trop le brusquer ou insister. Sirius était le champion dans la catégorie "j'envoie tout en l'air". C'était un mécanisme de défense violent, mais quand votre propre famille vous avez trahi, tout casser soi-même avant de se faire briser était rassurant, comme un semblant de contrôle que Sirius avait perdu plus jeune.

– Ça va je t'assure, ça va passer, ça passe toujours. Tenta de rassurer le jeune homme en serrant Marlène dans ses bras.

Elle n'insista pas, il n'était pas prêt à tout lui dire et il en avait le droit, l'adolescente savait au fond d'elle que ce n'était pas qu'il ne voulait pas lui dire mais plutôt qu'il n'y arrivait pas.

– Quand tu voudras tu sais que tu peux tout me dire d'accord ? Marlène serra en retour son petit copain, désireuse de lui apporter cette tendresse qu'il n'avait jamais ressentie.

– Je la déteste et en même temps je ne peux m'empêcher de vouloir la revoir, la serrer dans les bras et lui dire que je l'aime malgré tout, puis j'aimerais tellement qu'elle me dise qu'elle m'aime aussi, qu'elle m'a toujours aimé et qu'elle s'excuse.

– Ta mère est une idiote qui ne sait pas à quel point tu es exceptionnel.

Sirius ricana entre ses larmes, il desserra son étreinte et Marlène passa ses mains sur son visage pour effacer les traces de sa peine.

– Ne pleure pas pour elle, elle ne le mérite pas. »

L'adolescent acquiesça, elle avait raison au fond, mais parfois la douleur revenait et lui tordait les entrailles. Ce qui était particulièrement vicieux dans les traumatismes de l'enfance, c'était que ça ne prévenait pas, une phrase banale vous fera replonger dans des eaux profondes et sombres, parfois tellement sombres que Sirius avait envie d'en finir. Ça finissait toujours par passer, mais les rechutes étaient toujours très violentes. Il ne remerciera jamais assez Marlène pour sa présence, il savait qu'il n'était pas le petit ami idéal, il était jaloux, possessif et colérique, un drapeau rouge ambulant et pourtant Marlène était là, elle ne l'avait jamais abandonné.

Les vestiaires étaient un endroit angoissant pour Sirius. Il ne pouvait pas se changer devant tout le monde et avait réussi à faire passer cela pour de la pudeur. Cependant, en entrant dans le vestiaire des garçons et en voyant les élèves des deux différents lycées réunis dans l'espace réduit, il crut qu'il allait vomir.

Putain de merde, il n'y avait que ces injures qui tournaient en boucle dans sa tête.

Sirius avait l'habitude de se réfugier dans un coin relativement isolé des vestiaires, où personne ne venait le déranger. Cependant, cette option n'était pas envisageable au vu de la densité de personne dans le petit vestiaire.

« Sirius, vient ! Perça une voix dans le brouhaha ambiant.

En tournant la tête vers le bruit, il aperçut James qui lui faisait de grands gestes pour l'inviter à venir chez eux. Au même moment, il regarda de nouveau vers son coin préféré et c'est là qu'il croisa le regard de Remus, un sourire en coin.

Sirius avait un mauvais pressentiment, il avait l'impression que le natif était au courant de sa situation, mais c'était impossible, n'est-ce pas ? Seule Marlène était au fait de cette information en dehors de sa famille.

– Sirius putain vient là ! Cria à nouveau James.

– Ouais va rejoindre ton maître. Se moqua Tekoa.

Puis Remus et ses amis se mirent à aboyer. Sirius, livide, rejoignit son meilleur ami.

– Mais quelle bande de connard. Dit Adam. C'est vraiment une belle bande de sauvages.

– Arrête, pas de bagarre encore.

Sirius jeta un rapide coup d'œil vers les natifs, ils s'étaient arrêtés et tous avaient commencé à se changer dans un silence contradictoire à leur comportement tantôt.

– Je ne t'apprécie pas spécialement mais ne te laisse pas faire putain, tu sais te défendre en plus, ce n'est pas toi qui m'as presque pété le nez en 4e ?

– Je ne me laisse pas faire ! Dit rageusement Sirius.

Il détestait les Lundi. Tout d'abord, il avait deux heures de littérature, suivi de deux heures de sport. C'était une matinée pénible pour lui. L'enfer bordel.

Mais à cet instant, il fut confronté à un autre problème : il devait se changer et enfiler sa tenue de sport. Habituellement, il se mettait à l'écart et de dos, mais comment faire alors que le vestiaire était bondé ? Merde ! Merde ! Merde !

– T'attends quoi ? Demanda James les sourcils froncés.

– Je suis pudique.

– Rho ça va mec on est fait pareil ! S'exclama son meilleur ami en lui donnant une accolade. Ne t'en fais pas, personne ne va te juger sur ton physique.

Justement si James.

Sirius se sentait extrêmement mal, comme s'il était sur le point d'exploser, non pas de colère, mais d'une crise d'angoisse grandissante en lui, comme un verre se remplissant d'eau jusqu'au débordement.

– Sirius !

L'adolescent sursauta, James était en train de le secouer une main sur son épaule gauche.

– Ça va vieux ? T'es tout pâle.

– Je vais me changer dans les toilettes. »

Sirius claqua la porte des toilettes et s'assit sur la cuvette, incapable de retenir ses larmes qui dévalaient en cascade sur ses joues. Il n'était pas comme les autres garçons et ne le serait jamais. Il arborait de grosses cicatrices sur le torse, encore rouges vives de cet été, une opération qu'il avait pu réaliser durant la seule semaine où il n'avait pas vu son meilleur ami, son père avait réussi à inventer une excuse bidon pour que James ne débarque sans prévenir. Il avait finalement pu subir sa mammectomie, soulagé de se débarrasser de cette poitrine qu'il détestait tant et des binders qui lui coupaient le souffle.

Alors non James, nous ne sommes pas pareils !

Malheureusement...

Sirius, après avoir changé de vêtements, essuya ses larmes, se moucha dans un morceau de papier toilette qu'il jeta ensuite, en ayant préalablement profité pour uriner. Il tira la chasse et sortit des cabinets, la tête baissée, souhaitant retourner à son casier sans croiser le regard de qui que ce soit.

L'adolescent fit trois pas en arrière après s'être cogné contre le torse de Remus, il croisa son regard. Bien que le natif partageait certains traits physiques avec son père, il avait une apparence très différente, avec des cheveux plus bruns que noir, des yeux plus noisette que noir et une peau beaucoup plus clair que son père. Remus était également bien plus grand et musclé, suggérant une grande force physique.

« Désolé, je ne regardais pas où j'allais. S'excusa rapidement Sirius.

Il se déplaça latéralement pour contourner le Natif, mais ce dernier fit un mouvement similaire pour lui barrer la route.

– Tu as pleuré ?

– Hein ? Non ! Dit précipitamment l'adolescent.

– Pourquoi tu pleures ? Demanda Remus d'une voix plus sèche.

– Mais je n'ai pas pleuré !

– Tu sais, tu n'as pas à avoir honte de qui tu es.

Sirius s'immobilisa, son cœur s'arrêta, de quoi Remus parlait-il ?

– Je me suis posé la question, pourquoi infligé à ton corps autant de modifications, chez nous si tu sens que tu es une femme ou un garçon, c'est assez bien accepté, en fait, c'est surtout qu'on s'en bat la race. Il n'y a pas besoin de faire autant de mal à ton corps, enfin, je ne comprends pas trop il faut l'avouer la non-ouverture d'esprit des blancs.

Non, il avait parfaitement compris, il en était certain, Remus le savait ! Comment avait-il pu le savoir ?

– Co...Comment tu...Il ne pouvait plus prononcer un seul mot, lui qui avait mis tant de temps à accepter son identité, lui qui ne voulait le dire à personne, c'était une véritable angoisse pour Sirius que d'autres personnes que sa famille sachent ce qu'il ne voulait pas dire.

– Il n'y a rien de grave, tu sais. Chez nous, personne ne te jugera, c'est normal.

Sirius ne parvenait plus à respirer, il avait l'impression de perdre le fil.

– Ça ne va pas ? Demanda Remus en penchant légèrement la tête sur le côté.

– Ne dis rien à personne. Sirius murmura d'une voix chevrotante.

– Toute la tribu le sait, si tu ne veux pas qu'on le dise chez toi pas de soucis, mais sache que tout le monde s'en bat les couilles chez nous. C'est donc pour ça que tu chiales et que tu te caches dans les toilettes ? Remus indiqua les toilettes d'où Sirius était sorti plus tôt.

– Désolé, je dois aller voir mo...mon oncle. »

Il n'avait pas pris le temps d'attendre la réponse de Remus. Il s'était enfui. Il avait du mal à respirer, ayant l'impression que quelque chose lui écrasait la cage thoracique. Les larmes lui étaient à nouveau montées rapidement au bord des yeux. Il tenait toujours ses vêtements dans les mains.

L'adolescent était accablé d'une profonde tristesse, rongé par l'angoisse et surtout submergé par une colère intense. Il était convaincu qu'un de ses proches avait divulgué son secret, sans quoi comment Remus aurait-il pu être au courant de sa transidentité ? Comment cela était-il possible ?

Putain !

« Sirius ? Demanda la secrétaire abasourdie de voir le neveu du directeur le visage tordu par la tristesse, les larmes noyant son visage. Ton oncle est en réunion avec le directeur de la réserve...

Mais l'adolescent ne prit pas le temps d'attendre une réponse et se précipita dans le bureau de son oncle où Lyall, Minerva et le professeur de la réserve étaient effectivement présents. Il avait jeté ses vêtements rageusement dans un coin de la pièce.

– COMMENT ? HEIN ! DIT MOI COMMENT REMUS PEUT ÊTRE AU COURANT QUE JE SUIS... Mais les mots ne voulaient pas sortir de la bouche de Sirius, il n'y arrivait pas, c'était rendre cette situation trop réelle.

– Qu'est-ce cas fait Remus ? Ce gamin n'apporte que des problèmes. Vociféra Minerva.

– Il n'a rien fait ! Tu l'as dit à qui putain ! Tous les habitants de la réserve le savent apparemment !

– Mais quoi Sirius ! S'écria Alphard.

– QUE JE NE SUIS PAS UN VRAI HOMME !

L'adolescent, dans un accès de colère, balaya d'un geste ample tout ce qui se trouvait sur le bureau du directeur de l'école de Forks.

– PUTAIN !

La voix de Sirius se brisa, il n'avait plus de force et il se laissa glisser contre le mur en face du bureau, secoué par des sanglots bruyants.

– Sirius. Alphard s'accroupit face à son neveu, posant une main affectueuse sur le genou de son neveu. Je n'ai rien dit, je te le promets.

– A...lors com...comment ? Hein ? Dis-m...moi comment Rem...Remus est au courant, il m'a dit que tou...toute la tribu était au cou...courant.

La voix de Sirius tremblait. Il se rappelait que la dernière fois où il n'avait pu maîtriser ses soubresauts ou sa respiration, c'était lorsque son grand-père l'avait maltraité devant sa mère pour avoir osé dire qu'il était un garçon et non une fille.

– Je ne sais pas, mais je te promets que jamais je n'aurais raconté une chose pareille. Sirius, ni moi ni ton père n'aurions pu dire un truc aussi important te concernant, qui le sais à part nous ?

– Regulus ?

– Non, jamais. Ton petit frère, moi et ton père en avons longuement discuté, et il n'aurait jamais osé le dire à quelqu'un. L'as-tu dit à James ?

Sirius secoua sa tête négativement.

– Marlène ?

L'adolescent croisa les yeux clairs de son oncle et il comprit.

– Putain. Souffla le directeur de l'école.

– Jam...jamais elle aur...aurait pu faire ç...ça !

Mais Sirius douté, comment Remus aurait-il pu le savoir sans que quelqu'un ne le lui ait raconté ?

– Il serait préférable de ne pas accuser cette jeune fille trop rapidement. Je vais demander à Nashoba comment il a pu obtenir cette information, et nous déciderons de la suite à donner à ce moment-là. Dit Lyall d'une intonation ferme.

– Person...personne n'est au courant à part ma fam...famille et Marlène, même le pro...professeur McGonagall n'était pas au cou...courant ! Alors comment ? Di...dites-moi ?

– Sirius a raison, comment... Alphard s'interrompit, fixant Lyall comme si une idée brillante venait de lui traverser l'esprit. Merde, lâcha-t-il en se frottant le front.

– Quoi ? Demanda Sirius. Quoi putain ! Renifla le jeune garçon.

– Lyall a raison, ne soyons pas trop hâtifs à accuser Marlène. Allons plutôt interroger Remus, mais je te garantis que personne ici ne sera mis au courant. Tu resteras en sécurité ici, et nous informerons les élèves de la réserve pour qu'ils gardent le silence.

– Oncle Alphard ! Tu ne penses pas ce que tu dis ! Même s'ils sont plus ouverts d'esprit ou je ne sais quoi, ils vont en parler ! Ils finiront par le dire ! Tout le monde va le savoir et je vais être la bête de foire du lycée ! Les transphobes vont me frapper et me harceler ! On va me poser des questions indiscrètes ! On va...

Sirius cessa de parler car il éprouvait des difficultés respiratoires, sa respiration étant devenue trop rapide et anarchique, échappant à son contrôle, en proie à une crise d'angoisse.

– Sirius, calme-toi, tu fais une crise d'angoisse. »

Le jeune homme était étendu dans le lit de son père, il avait l'impression d'avoir été écrasé tellement son corps était lourd. Après sa crise d'angoisse, Alphard l'avait ramené avec lui chez eux, il avait ensuite prévenu son père de la situation par téléphone. Orion était rentré au bout d'une petite demi-heure, confrontant son cousin. Puis ils avaient fini par s'enfermer dans la chambre de son oncle pour discuter sans que Sirius ne puisse les écouter. Le calme revenu, il s'était endormi jusque maintenant, il était vingt heures trente.

Il entendait son frère et son père discuter en bas, probablement dans la cuisine, d'après le bruit des casseroles qui s'entrechoquent et l'odeur de steak cuit et de frites. Encore une soirée où Sirius ne mangerait rien. Il ne mangeait plus de viande depuis un moment et d'habitude son père lui cuisinait autre chose, mais pour être honnête, il ne lui en voudrait même pas s'il n'avait pas pensé à lui ce soir. Il n'avait pas la force de descendre, même si la faim se faisait de plus en plus sentir.

La télévision était allumée, diffusant apparemment un match de football opposant Tottenham à Liverpool. Bien que son père et son oncle aient renié leur famille, ils n'avaient pas perdu leur passion pour le football européen. Sirius, quant à lui, ne s'intéressait pas à ce type de sport, préférant les randonnées et la moto, des activités sans aucun lien avec un ballon, même Regulus n'éprouvait aucun attrait pour ce genre de sport.

« T'es réveillé ? Chuchota Regulus après avoir frappé à la porte.

– Non.

– Tu parles en dormant ?

– Sûrement.

Le plus jeune souria à son grand frère et prit place sur le rebord du lit.

– Ça va ?

Sirius secoua ses épaules.

– Ça va écoute. Souffla l'adolescent.

– C'est nul ce qui se passe en ce moment pour toi, j'espère que celui qui l'a balancé sera puni.

– Qu'est-ce que tu veux qui lui arrive ? Forcer quelqu'un à faire un coming out n'est pas punissable par la loi.

– Ouais bah c'est nul.

– Ouais, c'est la vie écoute.

Il était complètement vidé et manquait totalement de motivation pour l'instant.

– Papa t'a fait un steak végétal avec des haricots verts et des frites maison, ça te tente ?

En réponse, le ventre de Sirius émit un bruit sans équivoque.

– J'imagine que c'est oui. Ricana Regulus accompagné assez vite de Sirius.

Le plus âgé se leva et descendit en compagnie de son frère dans la cuisine où Alphard et Orion étaient déjà attablés à la table ronde en bois. Une odeur alléchante aiguisa davantage l'appétit de Sirius. Il avait faim.

– Ça va mieux ? S'enquit le père.

– Oui, ne t'en fais pas. Tenta Sirius dans un sourire.

– Arrête de mentir et ne me sert pas ce sourire, tu as le droit de dire que non, ça ne va pas, que tu te sent mal et... Orion s'était arrêté car son aîné avait commencé à pleurer. Vient la putain. Il prit son fils dans ses bras le serrant fort alors que ce dernier déversa un flot de larmes qui brisa le cœur de toutes les personnes présentes dans la pièce.

Sirius demeura un moment dans cette étreinte, ne s'en détachant que lorsque ses larmes se furent quelque peu apaisées. Il prit ensuite place, suivi de son père.

– D'après Lyall, son fils a su que tu étais transgenre car il a surpris ta conversation avec Marlène au lycée. Dit Alphard en se servant des frites puis passa le saladier à Regulus.

– Quoi ?

– Ouais, apparemment vous en auriez discuté.

– Je n'ai jamais utilisé le terme 'transgenre' avec elle au lycée. Elle m'a conseillé d'en parler aux autres membres du groupe, car ils ont remarqué que j'ai des réactions étranges depuis un certain temps.

– Comment ça ? Demanda Orion en mâchant un morceau de son steak qu'il avait encore bien trop cuit.

– Ouais, je me suis disputé avec eux il y a peu car James me lance quelques remarques qui ne devraient pas m'emmerder mais comme je suis trans et que je suis pas mal dysphorique ces derniers temps, bah, ça ne passe pas. La voix de Sirius se brisa quelque peu.

– Hm... Orion semblait peu convaincu par les propos de son fils.

– Mais Marlène me l'a simplement suggéré et après on a parlé de maman, c'est tout, jamais on a parlé de transidentité.

– Il semblerait que Remus soit doué d'une capacité de déduction supérieure à la moyenne alors. Suggéra Alphard.

– Il ment, c'est n'importe quoi cette histoire. Interviens Regulus. Vous le croyez sérieusement ?

– On n'a pas trop le choix de le croire sur ce coup-ci.

– Je suis d'accord avec Reg, et comment tous auraient su? Car d'après lui ils le savent tous en même pas 10 minutes ? Car entre ma discussion avec Marlène et celle avec Remus il s'est passé à peine 10 ou 20 minutes !

– On ne sait pas Sirius. Souffla Orion préoccupé. On ne sait pas et ça nous prend aux tripes pour toi, Remus a promis que personne n'en parlera au lycée, ils ont interdiction d'en discuter quand ceux de ton lycée sont présents.

– Et vous y croyez ? Demanda Sirius d'une petite voix.

– On n'a pas le choix malheureusement. Termina Alphard le plus compatissant possible.

– Non, Sirius n'a pas le choix. Interviens durement Regulus, piquant férocement dans sa viande pour y couper un morceau. »