Hermione
Hermione se fit réveiller ce matin-là par un son pénible qui la tira brutalement de son sommeil. Elle grommela et parcourut sa chambre mauve du regard pour trouver la source de la nuisance, et trouva un hibou brun qui tapotait sa fenêtre avec son bec.
Elle se leva précipitamment de son lit et ouvrit la fenêtre pour laisser entrer l'hibou. Elle se rendit compte -un peu trop tard- qu'il y en avait en fait cinq au total qui se postèrent tous sur son bureau. Hermione lâcha un son étouffé de surprise tandis que les hiboux déposaient leurs cargaisons sur le bureau de la jeune femme. Puis, ils la regardèrent, comme s'ils attendaient quelque chose.
Hermione, gênée, détacha la lettre de la patte du premier oiseau et comprit aux premières lignes :
"Chère Miss Granger,
(Merci de payer les hiboux (en nourriture car je doute que vous aurez de l'argent sorcier sous la main))"
Hermione ouvrit les tiroirs de son bureau et trouva les paquets de biscuits qu'elle gardait en cas de petit creux pendant la nuit et donna des miettes aux hiboux. Satisfaits, ils sortirent un par un de la fenêtre d'Hermione en étirant leurs ailes immenses et repartirent dans le ciel nuageux. Désormais son bureau était en piteux état, il y avait des plumes partout et tout ce qu'elle avait rangé hier dessus était par terre ou déchiquetés par leurs pattes. Quel réveil étrange.
Elle soupira et reprit la lettre pour continuer sa lecture :
"Comme promis, je vous envoie les livres sur Poudlard qui pourraient vous intéresser. Je me suis permise d'ajouter quelques livres à votre liste de fournitures, ils sont évidemment en option, mais vous permettront d'en savoir un peu plus sur vos matières avant la rentrée.
Je ne vous l'ai pas précisé hier, mais sachez que Poudlard dispose d'une grande Bibliothèque qui contient des centaines de milliers de livres. Je suis sûre que vous aimerez y passer du temps. Les ouvrages que je vous ai fait parvenir viennent de la Bibliothèque, merci de les apporter à votre arrivée et de vous adresser à Mrs. Pince, la bibliothécaire, pour les rendre.
Je vous souhaite des excellentes vacances d'été, au plaisir de vous croiser lors de mes classes de Métamorphose.
Sincèrement,
Professeure Minerva McGonagall."
Hermione s'empressa de déchiqueter les paquets que les hiboux venaient d'apporter et lut les titres des livres que McGonagall avait envoyé : "L'Histoire de Poudlard", "Programmes résumés des matières de Poudlard - 1ère année", "L'Art de la baguette", et enfin "Les Grands Sorciers du XXe siècle". Elle contempla les couvertures des livres qui paraissaient anciens. Elle avait si peu de temps pour apprendre tout ce qu'elle pouvait sur un monde dont elle ne connaissait rien…
Elle prit les livres dans ses bras et tituba sous leur poids en descendant les escaliers. Elle trouva ses parents dans le séjour, son père en train de couper une pomme sur le comptoir de la cuisine ouverte et sa mère en train de manger un bol de porridge à la table à manger. Quand elle entra, ils arrêtèrent tout de suite de parler et la mère d'Hermione lui fit un petit sourire :
"Nouvelles lectures, ma chérie ?"
"C'est Professeure McGonagall qui me les a envoyés !"
Ses deux parents se jetèrent un regard furtif et observèrent Hermione qui déposa les livres sur la table. Elle prit le premier de la pile, "l'Histoire de Poudlard", et alla s'asseoir.
La maison d'Hermione était assez petite, avec deux chambres à l'étage, une salle de bains, un séjour en bas avec une cuisine ouverte et des toilettes. Mais il y avait un endroit qu'Hermione adorait plus que tout, c'était la petite banquette sous la fenêtre arrondie du salon.
C'était ici qu'elle avait lu la plupart des livres de sa collection, et c'était devenu son endroit préféré au monde. La banquette était parfaitement bien placée pour avoir une vue sur la rue tranquille de la banlieue de Londres que donnait la fenêtre. Hermione passait le plus clair de son temps libre assise là, à dévorer les livres des étagères de chez elle, ou de la bibliothèque de son quartier où elle se rendait toutes les semaines.
Ses parents étaient habitués à la voir assise sur sa banquette, en train de lire, matin et soir quand elle n'avait pas école. Pendant l'hiver, elle s'endormait même souvent là, sous des gros plaids épais qu'elle jetait sur elle pour être plus confortable.
Elle s'assit là pour commencer sa lecture. Elle ouvrit la première page et fut surprise de voir la qualité du papier, qui était vieux et sentait très bon, comme du vieux parchemin.
Au bout d'un moment, ses parents vinrent lui faire un bisou sur le front avant d'aller travailler, et Hermione les regarda par la fenêtre avant qu'ils ne disparaissent dans le coin de la rue. Ses parents travaillaient dans un cabinet dentaire juste à côté de la maison.
Très vite, elle fut emportée par sa lecture. Elle lut deux fois de suite "l'Histoire de Poudlard", qui était l'un des livres les plus passionnants qu'elle avait pu lire dans sa vie. Elle n'arrivait pas à s'imaginer en train de marcher dans ce château, ça lui paraissait irréel. Ensuite, elle prit le second de la pile, "programmes résumés des matières de Poudlard", et même si McGonagall lui avait déjà énoncé brièvement les contenus des cours, elle fut ravie de voir qu'il n'y avait pas de mathématiques ou d'art plastiques dans ce programme. A la place, elle trouva des diagrammes d'Astronomie, des recettes de Potions, des dessins de créatures magiques et des incantations latines.
Elle sentait son coeur battre très fort dans sa poitrine quand elle s'imaginait apprendre tout ça. La seule matière qui ne lui donnait pas envie était Vol sur un balai, parce qu'Hermione avait le vertige et que c'était la seule matière qu'elle ne pouvait pas réviser en avance.
La journée passa en un claquement de doigts. Vers le milieu du troisième livre, elle se leva pour se préparer un sandwich au beurre de cacahuètes, sans quitter le livre des yeux. Elle le dévora en continuant de lire, en faisant attention à ne pas faire tomber de miettes sur son précieux ouvrage emprunté.
Quand elle en était au cinquième chapitre de "L'Art de la baguette", elle remarqua que le ciel commençait à s'assombrir dehors, indiquant la fin de la journée, mais elle n'y fit pas vraiment attention.
Peu de temps après, elle entendit quelqu'un frapper à la porte. Elle releva la tête, légèrement indignée que quelqu'un puisse la déranger dans sa lecture, et se leva pour aller ouvrir. En marchant, elle eut espoir de voir de nouveau la professeure McGonagall à la porte, avide de lui poser encore des centaines de questions sur ce qu'elle venait de lire.
Mais quand elle ouvrit la porte d'entrée, elle tomba sur Danny.
Danny était un de ses amis de l'école primaire. Ils se connaissaient depuis très longtemps parce qu'ils avaient eu toutes leurs classes ensemble, et que les parents de Danny étaient très amis avec ceux d'Hermione car ils faisaient tous partie du comité des parents d'élèves de leur école primaire, l'école d'Hampstead Heath de Londres.
"Salut Danny."
"Salut Hermione, je te dérange ?"
Hermione cacha discrètement le livre qu'elle avait dans les mains derrière son dos de peur qu'il lui demande ce qu'elle était en train de lire.
"Non, pas vraiment. Mes parents sont au travail."
Danny avait des cheveux châtains clairs qui tombaient devant ses yeux à cause de la coupe au bol que sa mère lui faisait tous les étés. Il était très mignon, un peu joufflu, et quand il souriait, il avait un léger écart entre ses deux dents de devant.
"Tu veux venir au parc avec moi ?" demanda-t-il.
Hermione fut tentée de refuser pour continuer de lire, mais elle se souvint qu'elle n'avait pas bougé de la journée et qu'une promenade au parc lui ferait sûrement du bien. Elle accepta avec un sourire, et Danny entra dans le hall d'entrée le temps qu'elle repose son livre sur sa banquette et qu'elle enfile une veste.
Une fois dehors, Hermione apprécia le vent frais du soir sur sa peau. La journée était passée tellement vite ! Maintenant, elle avait des images de Poudlard plein la tête et c'était difficile de suivre la conversation de Danny sans rêvasser.
"Mary est en vacances à St Tropez avec ses parents, elle m'a envoyé une carte postale. Tu y es déjà allée ?" demanda-t-il.
"Hmm ? Euh, non, jamais là-bas. Je suis allée dans les Alpes, pour faire du ski l'année dernière."
Ils entrèrent dans le square à côté de la maison d'Hermione et ils s'assirent sur l'un des bancs du parc. Étant donné qu'ils étaient en plein mois de juillet, il n'y avait aucun autre enfant dans le square parce que tout le monde était parti en vacances.
Danny regarda la balançoire devant eux et eut un petit rire :
"Tu te souviens quand on faisait de la balançoire ici, quand on était petits ?"
Hermione acquiesça avec un sourire. Quand ils étaient plus jeunes, ils avaient eu l'habitude de venir ici avec leurs parents après l'école pour manger le goûter et jouer un peu avant de repartir chez eux le soir.
"Tu vas partir en vacances, cet été ?" demanda Danny.
"Non, je ne crois pas. Mes parents n'ont pas pu avoir beaucoup de vacances cette année. Je vais peut-être aller chez ma grand-mère à Edimbourg une semaine ou deux en août. Et toi ?"
Danny haussa les épaules.
"Non. Thomas va visiter des amis à Oxford début août par contre."
Thomas était le frère aîné de Danny, il avait trois ans de plus qu'Hermione et lui.
"Pas de chance. Tu ne vas pas trop t'ennuyer ?"
"Je passe ma journée au magasin de BDs au bout de la rue." Il montra du doigt le petit store dans le coin, qui avait maintenant un rideau métallique tiré. "Et j'ai le droit de jouer aux jeux vidéos, maintenant que je vais rentrer en sixième, alors je prends l'ordinateur de Thomas quand il n'est pas là. Sinon, je me promène dans Hampstead Heath."
"Je serais ravie de me promener avec toi, si tu veux bien. Je vais m'ennuyer chez moi tout l'été."
"Demain ?"
Hermione hocha la tête avec un sourire.
"Et toi, je suppose que tu prépares tous tes cours avant la rentrée ? Tu fais des cahiers de vacances et tout ça ?" dit-il, moqueur.
Hermione eut un petit rire.
"Oui, on peut dire ça."
"Tu es tellement sérieuse ! Je serais incapable de le faire. Je ne suis pas prêt à entrer au collège." murmura-t-il, un peu inquiet.
"Ne t'en fais pas, tu vas y arriver. Je suis sûre que tu vas avoir des bonnes notes, comme en primaire. Et puis, tu vas exceller en arts plastiques."
Danny ricana mollement :
"Ouais, à peu près la seule matière où je suis sûr de te battre."
Hermione lui lança un regard en biais, et prise d'une impulsion, elle lui annonça :
"Danny, je ne vais pas aller au collège d'Hampstead, à la rentrée."
Le dire rendait la chose encore plus réelle que tous les livres qu'elle avait lus depuis ce matin. Danny lui lança un regard interloqué :
"Quoi ? Qu'est ce que tu racontes ? Évidemment que tu y vas, tes parents t'ont inscrite l'année dernière."
"Changement de plan."
"Tu vas où, alors ?" demanda-t-il, les sourcils froncés. "À Marylebone ?"
"Non… Je vais dans un internat pour filles, en France."
Elle avait sorti ça sans y penser, mais ça semblait être le meilleur mensonge crédible. Danny écarquilla grand les yeux, et elle vit de la déception dedans qui lui fit mal au coeur :
"Pourquoi tes parents ne l'ont pas dit à mes parents ?" dit-il sur un ton de reproche.
"Ça vient de se décider, hier soir en fait. Je suis désolée Danny. J'aurais aimé passer l'année avec toi."
Danny chassa tout de suite la déception de son visage et lui fit un grand sourire, dévoilant ses dents du bonheur :
"Non, non, ne t'excuses pas, c'est une très bonne nouvelle pour toi ! Tu vas pouvoir découvrir plein de nouvelles choses et me raconter pendant l'été. Ce n'est pas comme si tu partais pour de bon, tu reviendras voir tes parents."
"Oui ! À chaque vacances. Et je t'écrirai des lettres."
Hermione se fit une note mentale de demander comment marchait la poste moldue à Poudlard, parce qu'elle doutait qu'elle puisse lui envoyer un hibou. De toute façon, il aurait probablement une crise cardiaque en voyant une lettre de son amie attachée à un hibou à sa fenêtre.
"Avec plaisir. Tu vas me manquer, Hermione. Tu me laisses tout seul avec Mary."
Hermione éclata de rire, le cœur plus léger après sa confession.
Drago
Le 1er août, Lucius et Narcissa annoncèrent à Drago pendant le petit-déjeuner qu'ils iraient acheter ses fournitures scolaires dans la journée, sur le Chemin de Traverse. Malgré le dîner de la semaine précédente, Drago devait s'avouer soulagé que son père vienne avec eux pour faire ses achats. Il espérait qu'il soit fier que son fils rentre à Poudlard.
Narcissa transplana avec Drago au bout de l'allée du Manoir et ils se retrouvèrent sur le Chemin de Traverse, comme quelques jours auparavant, avec Lucius et Dobby. Le Chemin était plus bondé que la dernière fois, cette fois-ci, il y avait plein d'élèves de Poudlard qui entraient et sortaient des magasins, ou discutaient sur les côtés. La mère de Drago contempla tout le monde en plissant le nez :
"Il y a plein de monde. Nous aurions dû venir plus tôt."
Lucius vit quelqu'un au loin qu'il reconnut et afficha un sourire mielleux sur son visage en le saluant. Puis il dit dans un murmure saccadé à sa femme et son fils :
"Je vous laisse, je dois voir quelqu'un pour parler affaires. Narcissa, tu peux aller à Gringotts, tu as la clé de notre coffre ?"
"Oui, je l'ai dans mon sac…"
"D'accord, on se retrouve à Fleury et Botts quand j'ai terminé."
Et il s'en alla, sillonnant le Chemin pour retrouver un homme au teint cireux, habillé tout en noir de l'autre côté de la rue. La déception de Drago de voir son père partir ne dura pas longtemps, cependant, parce qu'il passa devant la vitrine du magasin de Quidditch et écarquilla grand les yeux :
"Un Nimbus 2000 !"
Il poussa sans ménagement les quelques enfants qui s'étaient attroupés devant les balais pour le contempler. Il était magnifique, c'était le plus beau balai qu'il avait pu voir de sa vie. Son manche était parfaitement ciré, et la courbe devait être si confortable !
"Maman, je veux ce balai." dit-il en pointant le Nimbus 2000 du doigt.
"Mais tu as eu un balai i peine une semaine." répondit-elle d'une voix douce.
"Et alors ? Celui-là est dix fois mieux. La vendeuse ne m'avait pas dit que le Nimbus 2000 serait là maintenant."
Narcissa eut un rire froid.
"C'est normal, elle avait l'air d'être une parfaite incapable."
"Alors, je peux l'avoir ?"
La mère de Drago considéra un instant la vitrine du magasin avant de décider :
"On verra avec ton père."
Drago grommela en continuant sa route aux côtés de sa mère. Il avait intérêt à avoir un Nimbus 2000.
Ils entrèrent à Gringotts, où une petite foule faisait déjà la queue. Dobby attendit à l'entrée. Narcissa se dirigea vers l'un des comptoirs et s'adressa au gobelin d'un ton autoritaire :
"Je souhaiterais me rendre au coffre n°212."
Le gobelin, sans lever les yeux du registre sur lequel il travaillait, répondit machinalement :
"Vous pouvez rejoindre la file d'attente."
"Pardon ?" siffla Narcissa. "Je crois que vous ne savez pas à qui vous vous adressez."
Le gobelin releva la tête et croisa le regard furieux de Narcissa, et aussitôt, il bégaya :
"Pa-pardon, Mrs. Malefoy. Suivez-moi, je vous prie."
Drago eut un petit sourire en coin. Stupide gobelin.
Ils allèrent jusqu'au coffre à bord d'un petit wagonnet, et sa mère passa le court voyage à plisser le nez pour montrer son inconfort.
Quand ils arrivèrent devant le coffre, Narcissa donna la clé au gobelin qui l'ouvrit, et de là où il se tenait, Drago pouvait apercevoir une montagne de pièces dorées. Il savait que la famille Malefoy possédait plusieurs coffres dans la banque, et il était déjà venu de nombreuses fois avec ses parents pour retirer de l'argent. Narcissa remplit ses bourses et se rassit dans le wagonnet sans un mot.
Une fois devant les magasins, Narcissa demanda à Drago de choisir ce qui lui plaisait. Il n'avait même pas besoin de lire de nouveau la liste pour se rappeler ce dont il avait besoin. Drago entra dans tous les magasins un par un pour prendre les meilleurs articles possibles, qu'il jetait à Dobby une fois achetés. Bientôt, l'elfe croula sous les fournitures scolaires de Drago, mais ni Narcissa ni le garçon n'y firent particulièrement attention et continuèrent leurs achats.
Quand ils arrivèrent devant Fleury et Botts, Lucius était devant, en pleine conversation avec le même homme qu'il avait rejoint juste avant.
Quand ils arrivèrent à sa hauteur, Lucius se tourna vers Drago avec un air enjoué :
"Ah ! Willins, voici mon fils, Drago."
Drago serra la main que l'homme lui tendit. Il n'ébaucha aucun sourire et lui fit simplement un hochement de tête pour le saluer.
"Willins est un employé du Ministère de la Magie." expliqua Lucius à sa femme, qui salua l'homme à son tour. Puis, il se tourna de nouveau vers l'homme : "Drago va entrer à Poudlard cette année."
L'homme ne sembla pas du tout intéressé par cette information. Drago était déjà ennuyé par cette conversation. Lucius, voyant le visage fermé de l'homme en face de lui, haussa simplement les sourcils et dit :
"Je vais aller chercher tes livres, Drago, comme ça nous pourrons continuer à parler de cette fameuse vente, n'est-ce-pas Will ?"
L'homme hocha la tête et murmura un "au revoir" à Drago et sa mère avant d'entrer dans la librairie. Drago se demanda quelle sorte de livre un homme aussi austère pouvait bien acheter.
"Drago, donne moi ta liste, vite !" ordonna son père d'un ton pressant.
Il lui donna et Lucius se précipita à la suite de l'homme, visiblement bien plus motivé à parler que Willins.
"Très bien, alors allons acheter ton uniforme." dit Narcissa en se dirigeant vers la boutique de Madame Guipure.
Madame Guipure accueillit Drago et sa mère avec un grand sourire :
"C'est pour Poudlard ?"
"Oui, nous voulons trois robes noires et vertes avec l'écusson de Serpentard."
La vendeuse regarda Narcissa en fronçant les sourcils :
"Je crains que ça ne soit pas possible."
"Pourquoi donc ?"
"La liste stipule trois robes noires. Il est impossible de personnaliser les robes avant la première année."
"Mais enfin c'est absurde, Drago va aller à Serpentard."
Madame Guipure eut un sourire crispé.
"Je n'en doute pas… Mais j'ai bien peur que si le petit Drago rentre à Poudlard avec une robe de Serpentard avant même d'être réparti là-bas, ça risque de poser un gros problème."
Narcissa leva les yeux au ciel mais n'insista pas. Madame Guipure indiqua le chemin à Drago, qui se mit debout sur un tabouret dans le fond du magasin. Ça sentait la lessive.
Sa mère regarda la vendeuse lui faire passer la robe noire autour du cou avec une mine sceptique et lui dit :
"Je vais aller à Ollivander's pour repérer, tu peux me rejoindre quand tu auras fini. Dobby, viens avec moi."
Ils partirent et Drago attendit que Madame Guipure termine ses ourlets. Après quelques minutes, les clochettes de la porte retentirent et elle s'excusa pour accueillir le nouveau client. Drago entendit la dame lui indiquer le chemin et elle revint, suivie d'un garçon.
Il avait probablement le même âge que Drago, même s'il paraissait bien plus frêle que lui. Il avait des cheveux d'un noir de jais avec plein d'épis dedans, et regardait tout autour de lui comme s'il était dans un musée, et non pas dans le fond d'une boutique de vêtements.
Il s'installa sur un deuxième tabouret à côté de Drago en évitant de le regarder.
C'était la première fois que Drago était en compagnie d'un garçon de son âge sans ses parents. Il le jaugea, et même s'il avait l'air un peu perdu, il paraissait assez fin d'esprit pour ne pas être de sang impur. Drago réunit son courage pour essayer de se faire un ami et demanda :
"Salut. Toi aussi tu vas à Poudlard ?"
"Oui." répondit le garçon.
"Mon père est en train de m'acheter mes livres dans le magasin d'à côté et ma mère est allée me chercher une baguette magique à l'autre bout de la rue." expliqua Drago pour démarrer la conversation. "Ensuite, je compte les emmener faire un tour du côté des balais. Je ne vois pas pourquoi les élèves de première année n'auraient pas le droit d'avoir leur propre balai. J'arriverai bien à convaincre mon père de m'en acheter un et je m'arrangerai pour le faire passer en douce à l'école."
Drago hésita à lui dire qu'il avait déjà un Comète 260, mais il ne le fit pas de peur que le garçon en face ne possède un meilleur balai, peut-être même un Nimbus 2000.
"Et toi, tu as un balai ?" poursuivit-il.
"Non."
"Tu joues au Quidditch ?"
Drago ne comprenait pas comment on pouvait ne pas posséder de balai, ou ne pas jouer au Quidditch.
"Non." répéta le garçon.
"Moi, oui. Mon père dit que ce serait un scandale si je n'étais pas sélectionné dans l'équipe. Tu sais dans quelle Maison tu seras ?"
"Aucune idée." répondit-il toujours aussi sèchement.
C'était difficile de se faire des amis quand le garçon en face de lui en dévoilait si peu sur lui. Drago continua la conversation :
"En fait, on ne peut pas vraiment savoir avant d'être sur place. Mais moi, je suis sûr d'aller à Serpentard, toute ma famille y a déjà été. (Il regarda Madame Guipure en disant ça, mais elle ne réagit pas.) Tu t'imagines, se retrouver à Poufsouffle ? Je préférerais m'en aller tout de suite."
"Mmm…"
Drago releva la tête à cause d'une ombre et sursauta en voyant un homme immense se tenir derrière la vitre du magasin. Il avait une barbe qui lui rongeait le visage, et devait mesurer au moins 3 mètres.
"Oh dis donc, regarde un peu !"
"C'est Hagrid, il travaille à Poudlard." dit le garçon avec un sourire.
"Ah oui, j'en ai entendu parler. C'est une sorte de domestique, non ?"
"Il est garde chasse."
"C'est ça." Il essaya de se rappeler de ce que son père avait dit sur Hagrid. "On m'a dit que c'était une espèce de sauvage. Il habite dans une cabane, dans le parc de Poudlard, et il se soûle de temps en temps. Quand il est ivre, il essaye de faire des tours de magie et il finit toujours par mettre le feu à son lit."
"Moi, je le trouve très intelligent." dit le garçon froidement.
"Vraiment ?" dit Drago en riant. "Qu'est-ce qu'il fait avec toi ? Où sont tes parents ?"
"Ils sont morts." répondit-il.
"Oh, désolé."
Il ne voulait pas être insensible, il savait que les parents pouvaient être un sujet douloureux, comme pour Pansy. Tout à coup, Drago se demanda si le garçon ne venait pas d'une famille de Moldus. Il repensa aux mots de son père : "Qu'est ce qui te fait dire qu'il ne va pas se lier d'amitié avec des sangs-mêlés ou pire, dès qu'on aura le dos tourné ?" Il se hâta de demander aux garçon :
"Mais ils étaient de notre monde, non ?"
"Ils étaient sorciers, si c'est ça que tu veux dire."
Il fut soulagé. Il n'aurait pas su comment réagir si le garçon lui avait dit que ses parents étaient des Moldus.
"À mon avis, Poudlard devrait leur être exclusivement réservé. Ceux qui viennent d'autres familles ne sont pas comme nous, ils n'ont pas eu la même éducation. Certains d'entre eux n'avaient même jamais entendu parler de Poudlard avant de recevoir leur lettre, tu te rends compte ? Je pense que l'école ne devrait accepter que les enfants issus de vieilles familles de sorciers." Drago répéta les mots de son père qu'il avait entendu tant de fois en attendant qu'il approuve, mais le garçon resta silencieux. "Au fait, comment tu t'appelles ?"
"Et voilà, c'est fait mon petit !" dit Madame Guipure qui avait terminé ses ourlets, et le mystérieux garçon sauta du tabouret.
"Nous nous reverrons à Poudlard." dit Drago en guise d'au revoir.
Il regarda le brun partir et rejoindre Hagrid qui lui tendit une glace avec un sourire. Drago soupira. Pansy avait tort, c'était difficile de se faire des amis.
Hermione
Le lendemain, Hermione était en train de lire la fin de "L'Art de la baguette" à son bureau quand quelqu'un toqua à sa porte. Ses parents entrèrent en demandant :
"On peut te déranger un instant ?"
"Oui, bien sûr." dit Hermione en refermant son livre.
Son père et sa mère s'assirent tous les deux au bord du lit d'Hermione. Ils avaient l'air fatigués, ils avaient tous les deux des cernes sous les yeux et le teint plus pâle que d'habitude.
"Hermione, nous avons beaucoup réfléchi." commença la mère d'Hermione en lissant d'un geste absent les draps d'Hermione avec sa main. "De tout ça, McGonagall et Poudlard."
"Oui ?"
"Le plus important, Mimi, c'est ton bonheur." assura son père d'une voix douce. "Nous pensons que c'est une chance exceptionnelle que tu as, et nous ne voulons pas gâcher ce que tu pourrais accomplir, même si c'est dans un autre monde que le nôtre."
"Nous avons eu du mal à comprendre au début…" avoua Rachel. "Il nous a fallu plusieurs jours pour digérer la nouvelle, et accepter le fait de ne pas te voir pendant plusieurs mois. Mais nous savons que tu as toujours été une fille exceptionnelle, "moldue" ou pas. Alors, si tu es toujours aussi motivée, nous te soutiendrons."
"Nous te soutiendrons toujours, Mimi, peu importe ce que tu décides." dit son père.
Hermione sentit son cœur se serrer dans sa poitrine.
"Je veux y aller. Je suis désolée…"
"Ne t'excuse pas !" dit sa mère. "Tu n'as absolument pas à t'excuser, j'aurais fait exactement la même chose."
"Et même si tu pars, nous voulons quand même des nouvelles." réclama son père, soudain suppliant. "Nous voulons tout savoir de l'école, et de ce que tu fais là-bas. On sera toujours aussi fiers de toi, même si on a du mal à tout comprendre, d'accord ?"
Hermione se leva pour faire un câlin à ses parents. Elle les serra longtemps dans les bras, luttant contre l'envie soudaine de pleurer. Quand ils se détachèrent, ils avaient les yeux brillants eux aussi.
"Tu as déjà fini les livres, je suppose ?" dit sa mère d'un ton moqueur.
"Presque."
"Je peux les lire aussi ?" demanda-t-elle.
La mère d'Hermione adorait lire, tout comme Hermione. Cette dernière hocha vigoureusement la tête, avide de savoir ce que sa mère penserait de ces lectures.
"Tiens, prends celui-là, c'est mon préféré pour le moment. Et il faudra acheter mes fournitures scolaires…"
"Notre prochain jour de congé est le 5 août, ça te va si on y va tous ensemble ce jour-là ?" proposa son père.
"C'est parfait."
"Il faudra aussi annuler ton inscription au collège d'Hampstead." ajouta-t-il avec un pli entre les sourcils.
"On s'en occupera. Et il faudra inventer quelque chose à dire à tes grand-parents, tes tantes et tes cousines." dit sa mère.
"J'ai dit à Danny hier que j'allais dans un internat pour filles, en France." raconta Hermione.
Ses parents approuvèrent en hochant tous les deux la tête :
"Oui, bonne idée. Si tu es à l'étranger, ils ne se demanderont pas pourquoi tu ne reviens pas les week-ends." dit son père.
Hermione regarda ses parents. Ils avaient l'air un peu dépassés, mais résolus. Elle était tellement heureuse d'avoir des parents aussi compréhensifs que les siens.
"Vous allez me manquer." dit-elle dans un souffle.
"Toi aussi tu vas nous manquer, Mimi. Mais tu nous enverras des lettres, d'accord ? On pourra ouvrir une volière dans le jardin." dit son père avec un clin d'œil.
Hermione eut un petit rire en imaginant la réaction des voisins s'ils voyaient ça. Alors, c'était officiel. Hermione Granger n'irait pas au collège de Londres, mais bel et bien à Poudlard.
Avec la joie vint tout de suite l'angoisse, celle de ne rien connaître en arrivant et de se sentir de trop. Elle prit la décision de s'armer de toutes les connaissances possibles, et ouvrit de nouveau l'énorme livre que McGonagall lui avait envoyé pour se replonger dans sa lecture.
