Merci à tous pour vos reviews, ça me fait trop plaisir de les lire :)
Hermione
Le 5 août, ce fut avec le ventre tordu de stress qu'Hermione entra dans le métro londonien. Son père et sa mère, assis de part et d'autre d'elle sur les strapontins, avaient l'air aussi anxieux qu'elle, si bien qu'aucun ne parlèrent pendant tout le trajet jusqu'à Charing Cross.
Ils mirent du temps à trouver le pub indiqué par McGonagall, mais Hermione réussit à voir la porte entre une petite librairie et un magasin de vinyles fermé. Le propriétaire du Chaudron Baveur les accompagnèrent jusqu'à l'entrée du Chemin de Traverse, un mur en briques rouges, sur lequel il tapota avec sa baguette.
Le mur s'ouvrit, et Hermione se retrouva bouche-bée devant la vue face à elle.
Le Chemin était bordé de vitrines de magasins de toutes les couleurs, qui s'entassaient le long de la rue pavée. Des hiboux hululaient gaiement, des centaines de personnes discutaient et riaient en marchant. Ils étaient pratiquement tous vêtus de capes et de robes, comme la professeure McGonagall. Certains avaient l'âge d'Hermione, d'autres étaient plus âgés. Hermione n'aurait jamais pensé qu'il existait autant de sorciers en plein cœur de Londres.
Elle serra la liste de ses fournitures dans sa main et avança avec ses parents qui regardaient les environs comme elle, c'est-à-dire complètement choqués avec des étoiles dans les yeux. Ils firent un premier tour pour lire tous les noms des magasins, et après avoir compris dans lesquels ils devaient se rendre ensuite (grâce aux files d'attente d'élèves devant), ils se dirigèrent d'abord à Gringotts, comme l'avait conseillé McGonagall.
Si certaines des devantures de magasins étaient incompréhensibles, la banque était reconnaissable entre mille. Elle surpassait les autres bâtiments, et le nom "GRINGOTTS" était gravé dans la pierre blanche.
Les parents d'Hermione et elle s'approchèrent, et ils étaient tellement concentrés sur la devanture de la banque si impressionnante qu'ils ne virent pas le petit homme qui se tenait debout à côté des portes. La mère d'Hermione lâcha un cri de surprise, et Hermione baissa les yeux en sursautant. Elle comprenait pourquoi sa mère avait crié : l'homme était petit, avait des grandes oreilles pointues et des longues mains avec des doigts fins.
Elle n'avait jamais vu un homme aussi étrange, et Hermione comprit qu'il s'agissait probablement d'un gobelin. Il ne sembla pas du tout offusqué par le cri de stupeur de Rachel et s'inclina légèrement quand ils passèrent devant lui.
"McGonagall n'avait pas précisé que la banque était gardée par… eux." commenta son père dans un chuchotement tandis qu'ils rentraient dans le grand bâtiment.
Le hall d'entrée était aussi majestueux que la façade blanche. Il y avait des grands comptoirs derrière lesquels de nombreux gobelins étaient installés. L'intérieur était tout en marbre, avec un immense lustre blanc au plafond qui éclairait le long couloir.
Ils s'approchèrent, hésitants, vers l'un des gobelins qui était penché sur une étrange pierre brune.
"Excusez-moi ?" demanda timidement le père d'Hermione.
Le gobelin releva la tête. Il portait une longue barbe rousse et des petites lunettes carrées au bout de son nez crochu.
"Oui, c'est pour quoi ?" demanda-t-il d'une voix fluette.
"Nous souhaiterions échanger de l'argent en… euh… en argent sorcier ?"
Le gobelin haussa un sourcil épais :
"Vous avez un coffre chez nous ?"
Il sortit un épais registre poussiéreux d'un tas de livres à côté de lui.
"Non. Nous sommes des "moldus"." répondit hasardeusement le père d'Hermione.
"Vous tous ?"
"Non, ma fille…" Il montra Hermione de la main comme si c'était une star internationale et qu'il allait immédiatement la reconnaître. "Ma fille est une sorcière, elle a reçu sa lettre pour aller à Poudlard il y a quelques jours."
"Ah, je vois. Combien voulez-vous échanger ?"
Les parents d'Hermione se regardèrent, ne sachant probablement pas la conversion qu'il fallait faire. Rachel annonça :
"300£ ?"
"D'accord. Ça fera 60 Gallions, 4 Mornilles et 2 Noises. Nous prenons une commission de 2 Gallions. Ça vous va ?"
Le père d'Hermione acquiesça, même si aucun des trois n'avait compris la valeur de la monnaie qu'ils s'apprêtaient à recevoir. Il tendit les billets, et le gobelin prit une plume pour écrire sur son registre, avant de donner des épaisses pièces dorées, argentées et deux en bronze à John qui les enfonça dans la poche de son blouson. Ils remercièrent le gobelin et sortirent de la banque.
"Très bien, alors lis nous ta liste de fournitures."
Hermione lut à haute voix chaque article qu'elle devait acheter. Ils allèrent d'abord aux uniformes, où la gentille vendeuse leur expliqua la valeur de l'argent sorcier en livres et leur proposèrent trois robes noires qu'elle raccourcit sur Hermione, une cape pour l'hiver, un chapeau noir, et une paire de gants en cuir de dragon.
Les parents d'Hermione payèrent avec les pièces et furent satisfaits de voir qu'ils auraient largement assez pour toutes les fournitures scolaires. Ensuite, ils se rendirent chez l'apothicaire, un magasin de plumes, Wiseacres Équipements pour Sorciers, et le magasin de chaudrons.
"Qu'est ce que tu dois acheter d'autre ?"
"Nous pouvons aller à la boutique d'Ollivander, c'est juste là."
Les parents d'Hermione et elle entrèrent dans le petit magasin. Si McGonagall n'avait pas conseillé ce nom, Hermione n'aurait probablement jamais remarqué son existence parmi tous les autres magasins colorés de la rue.
La pièce était petite et la boutique paraissait très ancienne avec des centaines d'étagères qui contenaient plein de boîtes poussiéreuses. Un homme aux longs cheveux blancs était derrière le comptoir, en train de ranger l'une des bibliothèques. Il se tourna subitement vers la famille et il fixa Hermione de ses yeux perçants.
"Bonjour, nous venons-" commença Rachel.
"Acheter une baguette ? Vous avez fait le bon choix."
Mr. Ollivander glissa le long de l'échelle avec une grâce inattendue et se plaça devant Hermione, qu'il observa de longues secondes sans rien dire. La jeune femme soutint le regard du vieil homme, un peu intimidée.
"Vous êtes une née-moldue, c'est ça ?" demanda-t-il tout à coup.
Il n'y avait aucun préjugé dans sa voix, mais la question mit Hermione un peu mal à l'aise.
"Oui, j'ai reçu ma lettre pour Poudlard…"
"Oh, il n'y a pas de doute." interrompit de nouveau Mr. Ollivander. "Je sais que vous êtes une sorcière, j'ai senti votre magie dès que vous êtes entrée dans ma boutique."
Le vendeur se retourna et Hermione en profita pour jeter un coup d'œil à ses parents, qui étaient tout aussi interloqués qu'elle.
"Votre nom, s'il vous plaît ?"
"Hermione Granger." répondit la concernée.
Il hocha la tête, mais ne nota son nom nulle part. Il sortit un mètre ruban de sa poche et commença à mesurer le bras d'Hermione.
"Vous êtes droitière ou gauchère ?"
"Hm, je suis ambidextre."
Ollivander arqua un sourcil mais ne fit pas de commentaire. Il reposa le mètre ruban sur le comptoir et fouilla dans plusieurs boîtes. Il tendit l'une des baguettes à Hermione :
"Bois d'orme, crin de licorne, 28cm."
Hermione saisit le bâton, mais Ollivander lui prit des mains instantanément. Il refit le même geste pour la prochaine, et celle d'après, et celle d'après. Il y avait une trentaine de baguettes sur le sol quand Ollivander retira une énième d'une boîte orangée et très poussiéreuse :
"Bois de vigne, ventricule de dragon, 27,3 cm, rigide."
Hermione prit la baguette. Elle avait des jolis ornements gravés dans le bois et qui s'entrelaçaient et épousaient parfaitement sa paume, comme si les gravures représentaient les lignes de sa main. Dès qu'elle referma sa prise dessus, Hermione sentit une délicieuse sensation de chaleur lui parcourir le bras, et ses cheveux bouclés se gonflèrent un peu, comme si elle venait de passer sous un ventilateur.
Hermione avait l'impression que l'énergie qu'elle avait depuis qu'elle était petite et qu'elle avait tant de mal à saisir venait de se condenser en elle. Toute cette excitation et cette soif d'apprendre qu'elle connaissait depuis toujours et qui l'empêchait souvent de dormir tant son cœur battait vite se répandait dans sa baguette, comme un alignement d'elle-même.
C'était donc ça, la magie ? Elle leva la baguette dans un geste automatique et des étincelles bleues jaillirent tout de suite. Ollivander et les parents d'Hermione s'exclamèrent en même temps.
"C'est celle-ci !" s'exclama Ollivander, visiblement très enthousiaste à l'idée d'avoir finalement trouvé la bonne baguette. "Une baguette extrêmement puissante, Miss. Granger, très puissante. Vous êtes née en septembre, n'est-ce-pas ?"
"Oui, le 19 septembre." dit-elle, étonnée.
"Le bois de vigne est l'un des bois les plus puissants de la communauté des sorciers, Miss. Granger. Je ne serais pas surpris que vous deveniez une sorcière aussi brillante que l'est votre baguette. Et ventricule de dragon… Très intéressant, très intéressant…"
Hermione contempla sa nouvelle acquisition. Elle n'avait plus envie de la lâcher. C'était la première preuve qu'Hermione était réellement une sorcière, qu'elle appartenait à ce monde intriguant.
Mr. Ollivander demanda sept Gallions pour la baguette et Hermione fut contrainte de la ranger dans sa boîte pour le reste du shopping.
"Il nous reste un peu plus de 30 Gallions." indiqua John.
"Est ce que tu veux un animal ?" demanda la mère d'Hermione en lisant la liste.
"Pas vraiment, je vais déjà avoir du mal à m'occuper de moi-même, je ne me vois pas trop en charge d'un animal en plus." dit Hermione avec un sourire.
"Considère ces 30 Gallions comme un cadeau en avance pour ton anniversaire." dit son père en fourrant les pièces dans la main de sa fille. "C'est pas comme si on allait les utiliser de toute façon. Comment veux-tu les dépenser ?"
Ils se rendirent donc à Fleury et Botts, et quand ils entrèrent, le père d'Hermione lâcha un soupir de désespoir en voyant les centaines de livres devant lui.
"Je pense que c'est inutile de sortir la liste, maintenant." dit Rachel, les yeux aussi gros que ceux de sa fille en voyant les étagères. "Nous allons tout prendre."
Deux heures plus tard, les Granger quittèrent le Chemin de Traverse avec quatre sacs de livres. Hermione avait pratiquement dépensé tous ses Gallions à Fleury et Botts, et elle avait déjà hâte de tout lire.
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Le reste de l'été se passa en un temps record, et Hermione passa le mois d'août à lire.
Sur sa banquette, dans des parcs, à la bibliothèque de Londres, et même dans les métros en prenant soin de cacher les titres de ses nouveaux livres.
Elle apprit absolument tout ce qu'elle pouvait sur le monde des sorciers qui la fascinait, et expliquait tout à ses parents, le soir quand ils finissaient le travail. Dès qu'elle terminait un livre, elle le passait à sa mère, qui voulait apprendre autant qu'elle.
Hermione s'entraîna même avec sa baguette magique pour essayer quelques sorts simples, qu'elle réussit à chaque fois, à sa plus grande joie. Elle réussissait à allumer sa baguette et à faire voler les objets de la maison comme un aimant en un simple geste de la main.
Elle visita aussi quelques jours sa grand-mère à Edimbourg, avec qui elle passa de longues soirées à jouer au Scrabble, se promena dans les ruelles et visita le château.
Quand elle ne passait pas son temps à apprendre ses livres d'école par cœur, Hermione se baladait avec Danny. Ils passèrent le reste de l'été ensemble, pratiquement tous les jours, soit à se balader dans les parcs en discutant, soit dans les magasins de la rue, soit chez Hermione. Un soir, les parents d'Hermione les emmenèrent même dans un théâtre de Piccadilly Circus pour aller voir une pièce de magie (au grand amusement du père d'Hermione qui lui fit des clins d'œil entendus pendant tout le spectacle).
Hermione profita bien de son mois d'août, qui passa un peu trop vite. Elle était très excitée de découvrir Poudlard, et à la fois très angoissée. Elle avait peur de s'y sentir seule, de ne pas se faire d'amis, ou pire, de se faire rejeter parce qu'elle ne s'y connaissait pas assez.
En primaire elle avait toujours eu des notes excellentes, elle voulait obtenir les mêmes résultats à Poudlard, mais le fait d'être aussi étrangère aux matières la stressait énormément. En plus, elle avait peur de quitter ses parents, et Danny, et sa vie paisible et familière de Londres qu'elle aimait tant. Le mélange de toutes ses émotions lui donnaient des insomnies.
Le 25 août, Mary revint de St Tropez et invita Hermione à la fête foraine le soir-même, avec Danny et son frère, Thomas. Hermione accepta (après avoir passé la journée à apprendre tous les sortilèges de "Le livre des sorts et enchantements"), et partit donc après le dîner pour rejoindre ses amis.
La fête foraine était en réalité une petite kermesse de fin d'été, qui avait lieu chaque année dans le parc d'Hampstead Heath. Il n'y avait pas beaucoup de monde et peu d'attractions. Quand elle arriva au portail de la fête foraine, elle vit de loin son amie Mary qui accourut vers elle, et la prit dans ses bras en riant. Ses cheveux sentaient la vanille.
"Enfin, te voilà ! Tu m'as manquée ! Viens, je vais te raconter mes vacances !"
Mary prit le bras d'Hermione dans le sien et commença à marcher le long des stands de friandises.
"Tu as bronzé !" fit remarquer Hermione.
Mary était métisse, avec des cheveux encore plus crépus que ceux d'Hermione, des lèvres pulpeuses et des grands yeux marrons. Elle était très jolie, tous les garçons de la primaire lui avaient envoyé des lettres d'amour, mais elle n'en avait accepté aucune.
"Merci ! Il y a beaucoup de soleil, dans le Sud de la France. Toi, tu n'as pas beaucoup bronzé, par contre, tu as passé ton été à lire chez toi ? Danny me l'a dit. Il m'a aussi dit que tu partais dans un internat en France, mais je ne l'ai pas cru."
"Si, je pars le 1er septembre…"
"MAIS NON !" s'exclama Mary. "Oh non, j'espérais que c'était une blague. Qu'est ce que je vais faire sans toi ? En plus, personne ne pourra m'aider pour mes devoirs, et tu sais à quel point je suis nulle en géographie. Mon père m'a acheté ce globe dans un magasin de touristes en France, et j'étais incapable de nommer plus de 8 pays sans me tromper. Il sera où, ton internat ? Tes parents ont décidé au dernier moment ? Ma cousine est allée dans un internat, je crois, je lui demanderai si elle a aimé. Tu pourras m'écrire ?"
Hermione hocha la tête, amusée. Mary avait la particularité d'être extrêmement bavarde. C'était une très bonne amie d'Hermione, mais parfois, elle avait la tête qui menaçait d'exploser quand elle passait trop de temps avec elle. Elle perdit un peu le fil de la conversation au fur et à mesure de leur balade, se perdant dans la contemplation des attractions, l'odeur du pop-corn des machines, les couleurs des stands…
"Hé ! Hermione, Mary, par ici !"
La voix de Danny interrompit les réflexions d'Hermione et le flot de paroles de Mary, et elles rejoignirent le garçon au bout de l'allée. Il avait encore du sucre de barbapapa au coin de la bouche.
"Salut Danny !" saluèrent Mary et Hermione d'une même voix.
"Vous voulez faire quel manège ? Moi, je veux faire la fusée géante !"
Il désigna du doigt la gigantesque attraction qui tournait et les pauvres gens qui hurlaient à l'intérieur.
"Ça sera sans moi." gémit Hermione qui avait un haut-le-cœur juste en regardant l'attraction.
"Et de toute façon, vous n'êtes probablement pas assez grands pour le faire." marmonna Thomas qui venait d'apparaître derrière l'épaule de Danny.
Thomas était grand, avec une teinte de cheveux plus claire que celle de son frère. Dû à sa grande taille, il se tenait légèrement courbé sur le côté, ce qu'Hermione trouvait très cool. Il ne cessait de remuer la tête pour chasser une mèche devant ses yeux, et il avait toujours un sourire en coin accroché aux lèvres.
Hermione avait toujours eu un petit crush sur lui, elle ne pouvait pas vraiment le nier. Il était le grand frère de son meilleur ami, et dans sa tête, il avait 25 ans. Il balaya Mary et Hermione du regard.
"Bon, moi je vais rejoindre des potes de l'autre côté de la fête foraine. Tu me dis quand tu veux repartir, ok Daniel ?" dit-il d'un ton moqueur en insistant sur son prénom.
"Arrête de m'appeler comme ça." grommela son frère.
"Pourquoi ? Tes amies ne veulent pas entendre ton prénom, Daniel ?"
Thomas courut vers le bout de l'allée et disparut de leur vue. Hermione, Mary et Danny se retrouvèrent donc à trois dans la fête foraine. Après avoir acheté des churros, Hermione accepta de faire les auto-tamponneuses et le tir au pistolet, qu'elle échoua lamentablement.
Danny, lui, tira parfaitement ses trois balles en plastique sur les cibles, et gagna trois peluches, qu'il choisit et offrit à Hermione et Mary. Celle d'Hermione était en forme de loutre, son animal préféré.
Après avoir trépigné autant, Hermione se plaint d'être fatiguée et salua Danny qui partit rejoindre son frère, tandis que Mary et elle rentraient chez elles. Mary habitait à quelques rues de chez Hermione.
"Sérieux, Hermione, tu vas me manquer quand tu seras là-bas." soupira Mary en glissant son bras dans celui d'Hermione.
"Je reviendrai pour les vacances de Noël, et je promets de t'écrire."
"J'espère bien !"
"On se voit demain, au parc ? Danny m'a proposé de prendre le thé chez lui à cinq heures, on peut se retrouver un peu avant si tu veux."
"D'accord, je te donnerai ton cadeau, comme ça. Je t'ai pris un souvenir de la France. Ce n'est pas grand chose, juste des bonbons à la cannelle."
Hermione éclata de rire en entendant Mary, qui était incapable de contenir une surprise plus de trente secondes sans la dévoiler. Elles se firent un câlin sur le pas de la porte des Granger et Hermione alla directement se coucher, un de ses nouveaux livres à la main.
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La veille de sa rentrée de Poudlard arriva un peu trop vite au goût d'Hermione. Elle avait réussi à lire tous les livres qu'elle avait achetés et appris la plupart des enchantements et des propriétés de potions demandées en 1ère année.
La perspective de pouvoir réviser à la Bibliothèque dont McGonagall lui avait parlé l'enchantait, elle pourrait continuer à découvrir de nouvelles choses. Elle dit au revoir à Danny et Mary après le dîner que ses parents avaient organisé pour son départ, et se prépara pour aller au lit. Comme elle le craignait, elle n'arrivait pas à tenir en place.
Après avoir tourné dans son lit une centaine de fois, éteint et rallumé sa baguette et lu deux chapitres de "L'Histoire de Poudlard", Hermione abandonna sa tentative de dormir et alla se préparer un thé en bas.
Quand elle descendit, elle fut étonnée de voir une faible lumière dans le séjour. Elle regarda l'horloge : 2h30 du matin. Elle descendit les dernières marches et vit son père assis à la table à manger, en robe de chambre.
"Ah, Mimi. Tu n'arrives pas à dormir ?"
"Non…"
"Moi non plus." dit son père avec un petit sourire. "Trop stressé pour toi. Tu veux partager une orangette et un thé avec moi ? On ne dira rien à maman."
Hermione eut un petit rire et s'assit devant son père. Il lui servit un thé et lui donna une orangette, une confiserie à l'orange enrobée de chocolat.
"Tu te rends compte que ça fait un mois et demi que la Professeure McGonagall s'est assise ici ?" constata son père en regardant la chaise d'un air absent.
"Déjà ? L'été est passé trop vite."
"Oui… Le temps passe toujours plus vite quand on a plus beaucoup de temps avec les gens qu'on aime."
Il eut un petit sourire triste et Hermione lui caressa le dos de la main :
"Papa, tu sais que je vais t'écrire tout le temps."
"Je sais, ma chérie. Et je suis vraiment fier de toi. Je pense que tu vas adorer ce monde, il a l'air de te plaire."
"Pas toi ?"
Son père haussa les épaules.
"Je sais pas… J'aime mon monde à moi. J'aime mon cabinet, j'aime ma maison, je t'aime toi, et ta mère… Toutes ces fantaisies, je ne sais pas si j'aimerais. Mais je te vois très bien là-dedans, j'ai toujours su que tu étais spéciale, ma Mimi. Exceptionnelle, même."
"Si tu avais reçu cette lettre, tu n'y serais pas allé ?" demanda Hermione, étonnée.
John sembla réfléchir à la question pendant quelques secondes et soupira :
"J'en sais rien, à vrai dire. Je ne sais pas si j'aurai eu le courage."
"Le courage ?"
"Oui ! Tu es très courageuse de t'aventurer là-dedans. Sur le Chemin de Traverse, je n'arrêtais pas de regarder ces enfants, accompagnés de leurs parents qui avaient l'air de tout connaître par coeur. Toi, tu n'avais personne, juste deux pauvres parents complètement perdus. Et tu as tout réussi, toute seule, comme d'habitude. Tu es très courageuse."
"Je ne pense pas. Mais j'aimerais l'être, j'aimerais être à Gryffondor…"
"Tu le seras, j'en suis persuadé. Ou à Serdaigle, ta mère pense que ça sera Serdaigle. En réalité, tu corresponds à toutes les Maisons, mais ce n'est que mon avis subjectif de père." dit-il avec un grand sourire.
"J'ai peur…" Hermione déglutit un peu. "J'ai peur de ne pas réussir à me faire des amis. Ce n'est pas mon fort."
Son papa eut un sourire compatissant et ce fut lui qui posa sa main sur la sienne pour la rassurer :
"Tous ces élèves de Poudlard seraient chanceux de te compter parmi leurs amis, n'oublie jamais ça. Je pense que tu es tellement intelligente et avancée pour ton âge que tu peux paraître intimidante au début, mais je suis certain que tu trouveras très vite ta place, et des amis. Ne t'en fais pas pour ça."
Hermione remercia son père dans un murmure, et finit par manger son orangette. Elle entendait le "tic-tac" de l'horloge qui diminuait son temps de sommeil à chaque seconde qui passait. Ils finirent le thé en parlant de plein de choses. Hermione regardait son père comme si c'était la dernière fois qu'elle le voyait, mémorisant intérieurement ses traits qui allaient tant lui manquer dans quelques jours.
Quand ils finirent leurs thés, John bailla et conseilla à sa fille d'aller se recoucher, ce qu'elle fit en traînant des pieds. Elle s'allongea dans son lit. Les mots de son père et le thé chaud dans son ventre eurent raison d'elle et elle s'endormit, malgré le stress.
Drago
"Monsieur Malefoy, vous partez dans cinq minutes."
"J'arrive." lâcha Drago d'une voix blanche.
Il entendit les pas de Dobby s'éloigner de sa porte et Drago referma sa valise. Il essayait de ne pas le montrer, mais le stress montait un peu. Il ouvrit les portes de sa chambre à la volée sans prendre la peine de la regarder une dernière fois et descendit les marches du Manoir. Quand il vit Dobby, il ordonna :
"Vas chercher ma valise et mon hibou dans ma chambre et descends les."
L'elfe s'empressa de remonter les escaliers tandis que Narcissa et Lucius attendaient à la porte.
"Tu es prêt mon chéri ?" demanda sa mère dès qu'il fut devant elle, repassant sa cape avec ses mains.
"Oui." dit-il, la gorge sèche.
Ils avancèrent le long de l'allée du Manoir des Malefoy. Drago vit la fontaine au loin et une partie de son angoisse s'envola en pensant au fait qu'il allait bientôt voir Pansy, et Blaise. Les paons du jardin se promenaient sous les derniers rayons de soleil de l'été.
"Prends ta valise. Dobby, tu restes ici." dit Narcissa. "Prends mon bras quand tu es prêt, Drago."
Le blond prit sa malle et la cage de son hibou qui dormait, attrapa le bras de sa mère et sentit le tourbillon désagréable le transporter. Quand ils atterrirent, Narcissa et Lucius avaient l'air de ne pas avoir bougés du tout, leurs visages toujours aussi figés que d'habitude. Drago se demanda quand est ce qu'il sera enfin habitué à ce mode de transport.
Il regarda la gare de King's Cross un instant avant que son père ne l'emporte avec lui rapidement en marmonnant :
"Dépêchons nous, il y a plein de Moldus ici… Quelle idée franchement, un train dans une gare de moldus…"
Drago essaya de regarder autour de lui mais l'emprise de son père le força à garder les yeux au sol. Ils arrivèrent devant la barrière invisible entre la plateforme 9 et 10. Lucius enleva sa main et lui fit un geste pour qu'il avance.
Drago sentit l'appréhension monter : et s'il ne passait pas ?
Il prit une grande inspiration, regarda autour de lui pour vérifier qu'aucun passant ne l'observait et prit de l'élan. Il s'élança, sentant les battements de son cœur retentir contre ses tympans. Quand il fut assez proche de la barrière pour ne plus pouvoir freiner, il ferma les yeux, redoutant un impact. Mais quand il les ouvrit de nouveau, il était sur le quai du Poudlard Express. Il eut un grand sourire en voyant la locomotive rouge.
Il allait enfin à Poudlard, après des années à attendre ce moment.
Lucius et Narcissa arrivèrent derrière lui, et aussitôt, Pansy sortit de la foule et se planta devant eux avec un petit sourire :
"Bonjour Drago, bonjour Mr. et Mrs. Malefoy."
"Bonjour Pansy." salua Narcissa. "Tu es prête ? Ton père est venu avec toi ?"
"Oui, il est là."
Le père de Pansy se détacha de la foule et se rapprocha des Malefoy. Il avait la même peau de porcelaine que sa fille, et la même couleur de cheveux, mais la ressemblance s'arrêtait là. Il avait des lèvres si fines qu'elles ne formaient qu'un trait sur son visage et ses cheveux courts dépassaient à peine sur son front.
"Lucius, Narcissa, Drago." salua froidement le père de Pansy.
Drago lui fit un hochement de tête discret. Il n'aimait pas trop le père de Pansy, il n'avait jamais eu une bonne attitude avec lui, et encore moins avec Pansy. Il était encore plus sévère que Lucius.
"Allez, ne soyez pas en retard, tous les deux." dit la mère de Drago.
Pansy et son père s'en allèrent trouver le wagon réservé aux Serpentards et Drago se tourna vers ses parents. Sa mère avait les larmes aux yeux.
"Mère, ne pleure pas ! Je t'écrirai des lettres toutes les semaines, promis."
"Je sais, je sais." dit-elle en s'essuyant le nez avec un mouchoir. "Tu vas nous manquer au Manoir, Drago."
Elle s'approcha de lui pour lui faire un câlin et l'embrasser sur le front. Drago n'était pas vraiment habitué aux gestes affectueux de sa famille, et encore moins en public, mais il étreignit tout de même sa mère. Lucius se contenta de poser sa main sur son épaule :
"Rends nous fiers, mon fils. A bientôt."
Drago hocha la tête et embarqua à bord du Poudlard Express. Il regarda sa mère et son père à travers la vitre jusqu'à ce que le train ne démarre, et dès qu'ils furent hors de vue, Drago essuya rapidement ses yeux et trouva le compartiment où Pansy et Blaise l'attendaient.
Ils étaient accompagnés de Théodore Nott, que Drago connaissait un peu grâce à Blaise, de Vincent Crabbe et de Grégory Goyle. Drago s'installa sur la banquette et rangea rapidement sa malle et la cage de son hibou avant de s'installer. Il n'écouta la conversation autour de lui que d'une oreille, perdu dans ses pensées. Serpentard, Serpentard, Serpentard, il le fallait…
Une dame avec un chariot passa dans le couloir pour proposer des friandises. Drago n'en prit pas (il avait un peu la nausée à cause du stress), mais Crabbe et Goyle s'empressèrent de sortir des Gallions de leurs poches pour en acheter le plus possible. Quand ils se précipitèrent hors du compartiment pour suivre la dame, Blaise chuchota à l'oreille de Drago :
"Ils ont l'air bêtes comme leurs pieds."
Drago approuva, même s'il ne les connaissait pas beaucoup. Il suffisait de voir leurs deux têtes pour comprendre. Nott haussa les épaules :
"Ouais, mais ça peut être utile."
"En quoi ?" persifla Pansy.
"S'allier. Ils sont peut-être stupides, mais ils sont costauds. Ça peut impressionner."
Drago considéra ces paroles. Son père lui avait déjà dit quelque chose comme ça : "Il faut que tu trouves des gens pour bien te faire voir, que tu t'entoures de Sangs-purs naïfs en permanence." Crabbe et Goyle correspondaient parfaitement à cette description.
Il regarda Pansy, qui avait l'air d'avoir la même idée que lui, et eut un sourire en coin. Des sous-fifres, comme Dobby, c'est exactement ce dont il avait besoin pour briller dans un groupe. Il se décida à prendre Crabbe et Goyle comme acolytes avant même qu'ils ne reviennent dans le wagon.
Quand ils s'assirent de nouveau, ils s'exclamèrent de leurs trouvailles et s'empiffrèrent de Chocogrenouilles en jetant les cartes par terre.
"Vous pensez être à Serpentard, vous ?" demanda Théodore de nul part.
Pansy eut un rire dédaigneux :
"Évidemment. Où veux-tu qu'on soit ?"
Nott haussa les épaules.
"Je sais pas. Moi, je peux peut-être me retrouver à Serdaigle."
"Mais tu es un Sang-pur." fit remarquer Goyle.
"Et alors ? Il y a des Sangs-Purs partout." répondit Nott. "Les statuts de sang ne définissent pas notre Maison."
"Ah bon ? Alors comment on est réparti ?" demanda Crabbe.
Tout le monde se tut. Personne ne savait comment on passait le test de répartition, c'était écrit dans aucun des livres, et c'était une sorte de tradition des parents de taire cette partie.
"On sait pas." dit finalement Nott. "Mais en tout cas, j'ai lu la description de chaque Maison, et je sais que je peux faire partie des Serdaigles ou des Serpentards."
Drago arqua un sourcil :
"Et ça ne te dérange pas de ne pas être à Serpentard ?"
C'était la première fois que Drago parlait depuis qu'il s'était assis. Théodore haussa de nouveau les épaules. Il avait l'air blasé. Il était grand, châtain avec des cheveux bouclés et des yeux bleus en amande.
"Ton père ne t'ordonne pas de l'être ?" demanda Pansy.
"Si, mais je m'en fous, c'est pas comme si je pouvais contrôler où j'allais."
Pansy se redressa contre son siège, mal à l'aise. Drago aussi sentait le stress monter. S'il n'allait pas à Serpentard, son père le tuerait, et sa mère ne lui parlerait sûrement plus jamais. Il se leva d'un coup et attira tous les regards sur lui. Il bredouilla :
"Je vais… me balader."
Il fit coulisser la porte du compartiment et sortit précipitamment du compartiment. La pression qui lui serrait le corps se dissipa un peu, une fois dehors. Il marcha dans le couloir sans savoir où aller.
Il y avait énormément d'élèves qui s'étaient amassés dans les couloirs pour discuter entre eux, Drago devait zigzaguer entre tout le monde pour pouvoir passer. Il décida de faire un aller retour du train et revenir dans son compartiment, peut-être acheter quelque chose à manger sur le chariot pour essayer d'apaiser son stress. C'est là qu'il la vit.
Elle était brune avec des cheveux bouclés qui partaient dans tous les sens et les joues roses. Il n'avait jamais vu de fille comme ça. Toutes les filles qu'il avait vu dans sa vie étaient toujours soignées et attentives à ce que leur apparences soient parfaites en toutes occasions, comme Pansy qui avait les cheveux lissés tous les jours. Mais cette fille avait un physique tellement différent de ce qu'il avait pu voir avant que ça le déconcerta.
En s'approchant d'elle, il remarqua la grande différence entre elle et les autres filles. Dans sa vie, Drago n'avait connu que des visages froids : Pansy et son teint de porcelaine, sa mère qui ressemblait presque à une statue, les amies ou la famille sang-purs qui avaient toutes l'air pétrifiées, glacées.
Cette fille, devant lui, n'avait rien à voir avec la froideur, elle avait les joues rouges, les lèvres roses, elle trépignait et son visage portait une expression que Drago arrivait déjà à lire alors qu'il ne l'avait jamais rencontrée.
Elle était vraiment jolie.
Soudain, la fille se tourna vers lui et s'approcha d'un pas décidé. Drago eut presque un mouvement de recul. Elle était plus petite que lui de quelques centimètres, mais ça ne sembla pas l'intimider parce qu'elle releva la tête pour le regarder et lui demanda d'une voix autoritaire :
"Tu n'aurais pas vu un crapaud ?"
