Drago


.

.

"Ton plan n'a pas marché, Nott." siffla Drago en s'asseyant à la table des Serpentards.

Nott leva la tête vers Potter et Weasley de l'autre côté de la salle, qui avaient deux sourires stupides sur leurs visages.

"J'ai vu ça. J'étais persuadé qu'ils se feraient virer. Peut-être que Rusard ne les a pas trouvés, ou qu'ils ont réussi à s'en sortir encore une fois."

Drago était furieux. Potter était toujours là, et le sablier des Gryffondors était toujours autant rempli de rubis.

"Arrête d'y penser, Drago." dit doucement Pansy en s'asseyant à côté de lui. "Ils n'en valent pas la peine."

"Je les déteste."

"Moi aussi. Ce n'est pas juste. Mais on ne peut rien y faire, ignorons-les et continuons de vivre. De toute façon, ils vont bien finir par payer."

Elle finit sa phrase en versant du miel sur son toast, puis commença à discuter avec Blaise. Mais les pensées de Drago étaient encore trop focalisées sur Potter et Weasley pour s'intéresser à autre chose que ça. Nott ne semblait pas concerné par la phrase de Pansy non plus, car il regardait attentivement la table des Gryffondors.

"Potter a reçu un paquet." commenta-t-il au bout d'un moment, quand six hiboux firent tomber un long colis sur la table.

"Une chose est sûre, c'est que ça ne vient pas de ses parents." lâcha Drago entre ses dents.

Nott eut un petit rire et continua de manger son porridge. Drago, lui, ne mangea rien. Il se leva et quitta la Grande Salle sans dire un mot, malgré les yeux au ciel de Pansy.

Une fois qu'il eut atteint les marches de l'escalier, il sentit une présence derrière lui. C'était Crabbe et Goyle :

"Tu vas où, Drago ?"

"Qu'est ce que ça peut vous faire ?"

Les deux garçons se regardèrent bêtement. C'est à cet instant que Potter et Weasley sortirent de la Grande Salle grands sourires. Drago siffla :

"Attrapez-les."

Crabbe et Goyle s'exécutèrent, beaucoup plus aptes à suivre qu'un ordre qu'à répondre à une question. Drago attrapa le paquet de Potter et devina tout de suite ce que c'était :

"Ça m'a l'air d'être un balai. Cette fois, tu es fichu, Potter, les premières années n'ont pas le droit d'avoir de balai."

"Ce n'est pas n'importe quel balai." dit Weasley d'un air important. "C'est un Nimbus 2000. C'est quoi, déjà, la marque du tien ? Un Comète 260, c'est ça ? Les Comètes, c'est pas mal quand on n'y regarde pas de trop près. Mais évidemment, les Nimbus, c'est une autre classe."

Malefoy sentit une pique de jalousie en entendant la marque. Comment Potter pouvait-il se permettre d'acheter ça ? Quelqu'un lui avait-il offert ? Il se souvint du moment où il l'avait vu dans la vitrine du magasin du Chemin de Traverse. Maintenant, son Comète 260 lui paraissait bien fade.

"Qu'est-ce que tu en sais, Weasley ? Tu n'aurais même pas de quoi te payer la moitié d'un manche. Toi et tes frères, vous les achetez brindille par brindille."

Weasley rougit jusqu'à la racine de ses cheveux, et ils furent interrompus par le Professeur Flitwick qui passait par là.

"J'espère que vous n'êtes pas en train de vous disputer ?"

"Potter s'est fait envoyer un balai." répliqua Drago.

"Oui, oui, bien sûr ! Le Professeur McGonagall m'a mis au courant. De quel modèle s'agit-il ?"

"C'est un Nimbus 2000. Et c'est grâce à Malefoy que j'ai pu l'avoir." répliqua Potter.

Et ils s'échappèrent en gloussant. Drago sentit la rage monter en lui et tout détruire sur son passage : pourquoi Potter avait-il le droit d'avoir un balai, et pas lui ? Il poussa violemment Crabbe et Goyle pour se frayer un passage et sortir de ce hall le plus vite possible.

C'était tellement injuste ! Pourquoi Potter avait-il le droit de faire ce qu'il voulait comme ça ?

Au moment où Drago sortit dans la cour, il entendit une voix haut perchée l'interpeller derrière lui :

"Malefoy, attends !"

Drago ne se retourna pas, mais ralentit tout de même pour que Granger puisse le rejoindre. Elle arriva et marcha à côté de lui :

"Malefoy ? Tu veux bien m'expliquer ce qu'il se passe ?"

"Pourquoi Potter a le droit d'avoir un balai, et pas moi ?"

Il savait qu'il avait l'air d'un enfant en disant ça, mais il ne corrigea pas son ton. Il était tellement énervé que sa vision était un peu floue sur les bords, il se contenta de garder un point fixe avec ses yeux sans regarder Granger.

"Je n'en sais rien." avoua-t-elle. "Je ne trouve pas ça juste non plus, surtout après avoir violé le règlement de la sorte."

"Exactement !"

Drago s'arrêta d'un coup et finit par regarder Granger : elle tenait des livres dans ses bras et avait les sourcils froncés.

"Attends, quoi ?" demanda Drago.

"Tu sais, après s'être promenés dans les couloirs à cause de ton stupide duel ! Pourquoi as-tu fait ça ?"

"Comment tu sais que je l'ai proposé ?"

"Je t'ai entendu, à la table des Gryffondors, hier. On a failli avoir des gros problèmes à cause de toi, Rusard était là ! C'est toi qui lui a balancé ?"

"Comment ça "on" ?"

Les joues de Granger rosirent légèrement.

"Je me suis retrouvée embarquée avec eux !"

"Quoi ? Mais pourquoi ?"

"Une longue histoire." dit-elle en faisant un geste de la main pour couper court à ses explications. "En tout cas, j'ai failli me faire attraper aussi. Pourquoi tu leur as tendu un piège, comme ça ? Tu savais qu'ils allaient avoir des problèmes !"

"Parce que c'était le but ! Je voulais qu'ils payent, c'est tout. Tu as remarqué comme ils ont tous ce qu'ils veulent ? Potter se fait voir en train de voler alors que c'est interdit, et le lendemain il a un balai, comme ça ? Sans aucun point perdu, sans aucune retenue ?"

"Il volait parce que tu l'as menacé."

Drago leva les yeux au ciel :

"Tu vois ! Même toi tu les défends !"

"Je ne défends personne !" s'énerva Granger. "Je dis juste qu'il y a des torts des deux côtés, ne fais pas semblant de ne pas être impliqué dans cette histoire !"

"Et toi, pourquoi tu t'en mêles, Granger ? Tu n'avais pas autre chose à faire que de les suivre au beau milieu de la nuit ?"

"Pour ne pas faire perdre de point à Gryffondor !" répondit-elle d'une voix plus aiguë que jamais. "Vous êtes vraiment stupides, tous les trois !"

Et elle s'en alla brusquement, laissant Drago tout seul dans sa colère.


Hermione


.

.

Après l'épisode traumatique du chien à trois têtes, Hermione se fit une résolution : ne plus parler aux garçons. Entre Ron qui était méchant avec elle, Harry qui ignorait tous ses avertissements et Malefoy qui était borné, elle décida que ça n'en valait pas la peine. Hermione préféra lire à la Bibliothèque, l'endroit du château où elle se sentait le mieux.

Elle essaya d'être amie avec ses colocataires, mais sans succès. Lavande et Parvati ne lisaient pas et ne s'intéressaient qu'aux ragots de Poudlard, ou aux sorts d'embellissements qu'elle essayait tous les soirs. Elles étaient très gentilles avec Hermione, mais sans plus.

Hermione avait l'impression que ses craintes se réalisaient : elle n'avait pas d'amis. Elle avait toujours eu plus de facilité à se faire des amis garçons que les filles, sans trop savoir pourquoi. Peut-être qu'elle était ennuyante à ne parler que de livres. Elle avait Mary, évidemment, mais c'était différent, probablement parce qu'elles se connaissaient depuis l'enfance et qu'elles s'étaient habituées l'une à l'autre au fil des années.

Après une semaine à réviser tous les jours à la Bibliothèque et passer ses soirées à lire dans la Salle Commune ou dans son lit, Hermione devait avouer qu'elle se sentait un peu seule. Elle écrivait des lettres à ses parents pratiquement tous les jours, et les accompagnaient parfois de lettres pour Danny ou Mary en demandant à ses parents de leur transmettre. Mais ce n'était pas pareil. Elle regardait Ron et Harry discuter ensemble, rire, partager leurs repas, elle écoutait à moitié les conversations de Lavande et Parvati, et elle les enviait. Elle voulait avoir quelqu'un à qui parler.

Elle participait aux cours comme à son habitude, et ce furent les seules interactions sociales de ses journées. Le reste du temps, elle était seule, assise sur un banc dans la cour, ou à la table des repas, avec un livre pour se divertir.

Pendant un petit-déjeuner, elle fut surprise de voir deux hiboux se poser devant elle avec un gros colis. Quelques Gryffondors se tournèrent vers elle tandis qu'elle détachait la lettre de sa patte et qu'elle l'ouvrit.

Quand elle reconnut l'écriture de sa mère, son estomac se contracta douloureusement :

"Joyeux anniversaire Mimi, nous t'aimons fort et nous pensons à toi tous les jours."

Hermione lut le papier plusieurs fois avant de sentir ses yeux piquer. Elle se leva rapidement et quitta la Grande Salle en ignorant les regards intrigués vers elle. Tenant fermement le paquet et son livre dans l'autre main, elle remonta les escaliers en laissant les larmes couler sur ses joues. Elle prononça le mot de passe dans un sanglot étouffé et entra dans la Salle Commune qui était, heureusement, vide. Tout le monde était dans la Grande Salle.

Elle s'assit dans l'un des fauteuils près de la cheminée et remonta ses genoux sous son menton pour laisser libre cours à ses larmes. La solitude et le fait que sa famille lui manquait tellement s'ajoutaient à la douleur d'être seule pour son anniversaire, pour la première fois de sa vie. Il n'y aura pas de gâteau d'anniversaire, pas de cadeaux, pas de fête avec ses parents.

Elle pleura un long moment, jusqu'à ce que les premiers élèves qui revenaient pour chercher leurs livres entrèrent dans la Salle Commune. Elle essuya alors ses larmes et ouvrit son livre pour se changer les idées, mais les mots dansaient sous ses yeux.

Hermione était sur le point de ressortir pour aller en classe plus tôt quand elle sentit une présence à côté d'elle. C'était Neville. Il avait les joues rouges et évitait son regard :

"Hey, Hermione."

"Salut Neville."

"Je voulais te souhaiter un joyeux anniversaire."

Hermione le regarda en écarquillant les yeux :

"Comment tu sais que c'est mon anniversaire ?"

"Tu m'avais dit après la rentrée que c'était le 19 septembre et je l'avais noté dans mon calendrier, à côté de mon lit."

Hermione sentit de nouveau ses yeux piquer et reposa son livre sur la table devant elle pour éviter de regarder Neville.

"Oh, merci, ça me touche beaucoup Neville…"

Il lui fit un petit sourire et se dirigea vers l'escalier des dortoirs. Harry et Ron étaient là aussi, ils traversèrent la Salle Commune en riant jusqu'à ce que Harry croise le regard d'Hermione. Ses yeux devaient être encore rouges et gonflés parce qu'il fronça un peu les sourcils en la voyant.

"Vas-y Ron, je te rejoins." dit-il à l'adresse du rouquin.

Ron monta les escaliers avec Neville et Harry s'approcha d'Hermione :

"Tout va bien ?"

"Oui, pourquoi ?"

"La lettre que tu as reçu tout à l'heure, c'était une mauvaise nouvelle ?" demanda-t-il en chuchotant pour ne pas se faire entendre.

C'était la première fois qu'Harry lui parlait sans Ron à côté de lui, et elle le trouva soudainement très gentil. Elle frotta distraitement son oeil en répondant :

"Euh, non, au contraire. C'étaient mes parents, ils me souhaitaient un joyeux anniversaire."

"Oh. Je vois. Joyeux anniversaire, Hermione."

"Merci."

Il se balança quelques secondes, gêné. Il avait les cheveux encore plus en bataille que quand elle l'avait rencontré pour la première fois dans le train, et il avait des grands yeux verts.

"À plus tard."

Et il alla rejoindre Ron, probablement pour aller chercher ses livres de cours dans le dortoir. Hermione monta à son tour et s'assit dans son lit en fermant les rideaux autour pour ne pas se faire déranger au cas où Lavande et Parvati remontraient entre-temps, puis ouvrit le colis. Dedans, il y avait deux autres lettres et des cadeaux emballés. Elle ouvrit la première lettre :

Joyeux anniversaire Hermione !

J'espère que ton école te plaît et que tu as réussi à t'intégrer. On a hâte de te revoir à Noël ! En attendant, je t'envoie un cadeau (celui qui a un papier jaune), que j'ai fabriqué moi-même, j'espère qu'il te plaira.

On pense à toi tout le temps, les cours, c'est moins marrant sans toi. J'ai hâte de recevoir ta prochaine lettre pour que tu me racontes tout ce qu'il se passe dans ton internat, est ce que tu as déjà rencontré du monde ?

Passe une bonne journée d'anniversaire !

Mary.

Hermione prit le petit cadeau jaune et l'ouvrit. Dedans, il y avait un bonnet tricoté violet et deux paires de gants blancs. Elle sourit en les voyant, il y avait un gant plus grand que l'autre, ce qui les rendait encore plus parfaits. Puis, elle prit la seconde lettre :

Hey Hermione !

Joyeux anniversaire ! J'ai l'impression que ça fait déjà six mois que tu es partie, la vie est bien triste sans toi à Londres. La rentrée s'est bien passée, mais les professeurs nous ont déjà donné un tas de devoirs et je n'ai pas de Miss-Parfaite pour m'aider à faire mes maths.

Blague à part, tu nous manques vraiment, à Mary et moi. J'ai lu toutes tes lettres, ton école a l'air vraiment géniale ! J'espère que tu aimes la France et que tu apprends bien la langue. Peut-être qu'à Noël, tu seras déjà bilingue ?

Tu n'as pas beaucoup parlé de tes classes, comment ça se passe ? Est-ce que tu passes toujours tes journées à la Bibliothèque de l'école ?

J'attends ta réponse avec impatience, tes parents font l'intermédiaire parce qu'apparemment, ils sont les seuls à pouvoir envoyer des lettres à ton internat. Je leur ai donné celle-ci, j'espère qu'elle arrivera bien le 19 septembre.

Déguste bien mon cadeau, j'espère qu'il t'apportera un peu de Londres là où tu es.

Joyeux anniversaire Hermione, reviens vite nous voir.

Danny.

Hermione ouvrit le second cadeau où était écrit le prénom de Danny et déchira l'emballage. Il y avait deux paquets de Cadbury fingers au chocolat, les gâteaux préférés de Danny. Elle en croqua un en souriant, le goût lui rappelant des doux souvenirs du parc avec lui.

Elle regarda l'heure et vit que le cours de Métamorphose allait bientôt commencer, alors elle reposa ses cadeaux sur son lit avec les deux lettres et sortit de son dortoir avec le cœur un peu plus léger que quand elle était entrée.


Hermione


.

.

Vivre à Poudlard était à la fois extraordinaire et terriblement difficile. Hermione adorait se promener dans le château, apprendre ses cours, lire, manger des délicieux repas. Elle adorait regarder les fantômes passer dans les couloirs, écouter les conversations des portraits, et discuter avec les professeurs. La seule chose qui lui manquait cruellement, c'était des amis.

Mis à part Percy, les jumeaux Weasley et Neville, Hermione ne parlait presque à personne. Drago passait son temps avec son groupe de Serpentards, Harry et Ron étaient tout le temps ensemble, et Hermione était un peu trop toute seule.

La seule personne avec qui elle discutait vraiment, c'était Neville, elle l'aidait à faire ses devoirs le soir, mais elle n'arrivait pas à s'empêcher de vouloir être amie avec d'autres personnes, comme Harry et Ron. Ils étaient déjà inséparables, et Hermione était un peu jalouse de ce lien qu'ils avaient formé dès le premier jour. Elle aurait aimé avoir quelqu'un avec qui passer du temps de la sorte.

Heureusement, ses parents lui écrivaient très régulièrement, et recevoir des nouvelles du monde extérieur la rassurait énormément.

Le jour d'Halloween, la joie d'Hermione de sentir l'odeur de la citrouille dans les couloirs se dissipa quand elle dû se mettre en binôme avec Ron Weasley en cours de Sortilèges. Il n'avait pas cessé d'être méchant avec elle, et l'envoyait balader dès qu'elle disait quelque chose. Elle l'ignora pendant toute l'explication de Flitwick sur la lévitation et le laissa faire en premier l'exercice.

"Wingardium Leviosa !" s'écria-t-il en brandissant sa baguette en l'air.

"Tu ne prononces pas bien. Il faut dire "Win-gar-dium Leviosa", en accentuant bien le "gar"."

"Tu n'as qu'à le faire, si tu es si intelligente." dit-il froidement.

Hermione leva les yeux au ciel. Il était tellement agaçant, à ne pas supporter la moindre critique ! Elle essayait seulement de l'aider. Elle remonta les manches de sa robe et articula :

"Wingardium Leviosa !"

Elle fit tourner sa baguette et la plume s'envola au fur et à mesure qu'elle la levait. Elle s'était déjà entraînée la semaine d'avant et avait réussi plusieurs fois à faire voler les objets autour d'elle, mais voir sa plume s'élever lui donna tout de même un sentiment de fierté.

"Bravo, très bien !" s'écria le professeur Flitwick. "Regardez-tous, Miss Granger a réussi !"

Hermione sentit ses joues rougir un peu et fit redescendre la plume en évitant de regarder Ron.

"Très bien, toutes les personnes qui n'ont pas réussi à faire voler leurs objets pendant ce cours devront s'entraîner pendant la semaine pour avoir des résultats plus satisfaisants la semaine prochaine." dit le Professeur Flitwick à la fin de la classe pendant que les élèves rangeaient leurs affaires.

Hermione referma son sac et sortit dans le couloir. Ron et Harry marchaient devant elle et elle entendit Ron se lamenter :

"Ça ne m'étonne pas que personne ne puisse la supporter. C'est un vrai cauchemar, cette fille-là !"

Hermione se figea en entendant ça et en comprenant qu'il parlait d'elle. Elle sentit ce nœud familier dans son estomac se tordre et des larmes inondèrent instantanément son visage. Elle accéléra le pas et bouscula les deux garçons au passage.

"J'ai l'impression qu'elle t'a entendu." dit Harry d'une petite voix.

"Et alors ? Elle a bien dû se rendre compte qu'elle n'avait pas d'amis." continua Ron.

Les larmes d'Hermione redoublèrent. Elle n'avait jamais autant pleuré que depuis qu'elle était à Poudlard, alors qu'elle ne pleurait pas souvent d'habitude. Elle sortit dans le parc du château et marcha le long d'un petit chemin sinueux de la cour, jusqu'à trouver un banc sur lequel elle s'assit en prenant son visage entre ses mains.

"Granger ?"


Drago


.

.

Drago suivait Pansy, Blaise, Nott, Crabbe, Goyle et Daphné sur le chemin vers le cours de Botanique sans prendre part à la conversation. Le petit groupe de Serpentards avançait dans la cour de Poudlard tandis que Drago traînait à l'arrière en marchant sur les feuilles brunes qui craquaient sous ses pas.

Il entendit alors un bruit étrange, comme un sanglot, et quand il releva la tête, il vit Granger assise sur un banc. Sans trop savoir pourquoi, il se dirigea vers elle, sans que le groupe de Serpentards ne réalise qu'il n'était plus derrière eux.

"Granger ?"

La concernée releva vivement la tête de ses mains et Drago vit qu'elle pleurait. Il se figea.

Elle avait le visage imbibé de larmes et les yeux rouges vifs. Elle essuya son nez avec la manche de sa robe et murmura :

"Quoi, Malefoy ?"

Granger était tellement différente de Pansy. Avec Pansy, il fallait creuser pour deviner ses émotions derrière le masque de porcelaine qu'était son visage impénétrable. Même après des années à la côtoyer tous les jours, Drago avait encore du mal à comprendre ce qu'elle ressentait. Elle était froide, inexpressive, presque ténébreuse.

Granger était tout le contraire : Drago pouvait deviner ce qu'elle ressentait en regardant juste ses yeux. Son visage était comme un écran de ses pensées, qui vacillaient tellement souvent que c'était difficile à suivre.

"Tu pleures ?" demanda-t-il inutilement.

Elle leva les yeux au ciel exagérément :

"Ça ne se voit pas ? Qu'est ce que tu fais là ?"

"Je ne sais pas vraiment, je t'ai entendue et je me suis dit que…"

"Que quoi ?" coupa Granger agressivement. "Que tu allais venir te moquer de Granger, la Miss Parfaite qui ne fait que pleurer ?"

Drago recula comme pour se protéger de ses mots :

"Hé ! Calme-toi, je ne t'ai rien dit ! Qu'est ce que tu as aujourd'hui ?"

"Rien. J'ai entendu des choses méchantes. Sur moi."

"Qu'est ce que tu as entendu ?"

Granger essuya vainement ses larmes qui continuaient de couler le long de ses joues cramoisies.

"Que je n'avais pas d'amis parce que personne ne pouvait me supporter."

"Qui a dit ça ?"

"Ron Weasley."

Drago leva les yeux au ciel :

"Weasley ? Depuis quand tu écoutes cet imbécile ?"

Granger lui lança un regard noir :

"Depuis qu'il m'insulte juste devant moi. Peu importe qui c'est, ça fait toujours mal."

"Mais on s'en fout de ce que pense Weasley !"

"Pourtant, il a raison, je n'ai pas d'amis, parce que je suis insupportable, "un cauchemar" !" dit-elle en sanglotant.

"Ne te mets pas dans un état pareil pour Weasley. Tu es tellement sensible ! Si tu écoutes tout ce que disent les gens sur toi, tu ne vas jamais finir de pleurer."

Sans trop savoir pourquoi, Granger avait l'air encore plus énervée :

"Ah bon ? Parce que tout le monde le dit ? Comme tes copains de Serpentards, ils se moquent tous de moi dans mon dos, c'est ça ?"

Elle fit un geste vers le groupe de Serpentards qui avaient atteint les serres de Botanique maintenant. Drago fit quelques pas en arrière.

"Non, ce n'est pas ce que j'ai dit."

"Alors ne dis rien, et vas-t-en."

Elle détourna le regard et continua de pleurer sur le banc. Drago se retint de ne pas lever les yeux au ciel de nouveau :

"D'accord, très bien. Tu n'as qu'à continuer à te morfondre, si tu penses que c'est la solution."

Et il partit rejoindre ses amis, parce qu'il ne savait pas quoi dire d'autre. Pourquoi cette fille était-elle aussi compliquée ? Pourquoi pouvait-il la comprendre si facilement, et en même temps la trouver si imprévisible ?

"T'étais où ?" demanda Pansy quand il se faufila entre elle et Nott dans la serre.

"Nul part." répondit-il sèchement, ses pensées toujours dirigées vers Granger assise sur son banc.


Hermione


.

.

Hermione était inconsolable. Elle n'arrivait pas à calmer la tristesse qui l'avait envahie depuis qu'elle avait entendu Ron dire cette phrase horrible, qui résonnait dans sa tête de plus en plus fort. "Ça ne m'étonne pas que personne ne puisse la supporter…" Ce qui faisait le plus mal, c'était qu'il avait raison. Il avait réussi à cerner toutes ses craintes et les exposer, c'était comme s'il avait poignardé son cœur pile au bon endroit pour que ça fasse le plus mal possible.

Elle pensait à Danny et Mary qui devaient probablement bien s'amuser dans leur école moldue. Est-ce que Poudlard en valait la peine si c'était pour souffrir de la sorte ?

Agacée de voir du monde passer à côté d'elle, Hermione se réfugia dans les toilettes des filles du premier étage et s'enferma dans l'un des cabinets pour s'asseoir. Elle pleurait depuis de longues minutes quand la porte s'ouvrit et que la voix familière de Lavande résonna dans les toilettes :

"- alors je lui ai donné l'adresse, elle m'a dit qu'elle commanderait par hibou et qu'elle les reçeverait probablement d'ic semaines, avec un peu de chance…"

Elle s'arrêta de parler d'un coup et demanda :

"Qui est là ?"

Hermione, qui n'avait pas réussi à dissimuler ses sanglots par une toux discrète, ouvrit timidement la porte :

"C'est moi."

Lavande et Parvati se précipitèrent sur elle :

"Hermione ! Ça va ? On s'est inquiétées pour toi quand on a vu que tu n'étais pas en cours d'Histoire de la Magie !"

"Professeur Binns a dit quelque chose ?" demanda Hermione.

"Non, tu sais bien qu'il ne connaît aucun nom d'élèves." la rassura Parvati. "Je pense que s'il n'y avait personne dans la classe, il ne le remarquerait même pas. Tout va bien ?"

"Pas vraiment… Est ce que vous pourriez dire à Madame Bibine que je ne me sens pas bien, et que je me repose dans la chambre, s'il vous plaît ?" demanda Hermione d'une petite voix.

Les deux filles échangèrent un regard surpris, probablement parce qu'elles ne s'attendaient pas à ce qu'Hermione Granger sèche une classe, mais elles acquiescèrent tout de même :

"Bien sûr. Tu veux qu'on aille chercher quelqu'un ?"

"Non, c'est gentil…"

"D'accord… Appelle-nous si tu as besoin." recommanda Lavande.

"Parfois, la meilleure chose à faire c'est de pleurer jusqu'à ce qu'on se sente mieux. On se voit au dîner, ce soir ?" demanda Parvati.

"Oui, oui… Merci les filles…"

Elles s'en allèrent des toilettes pour laisser Hermione seule de nouveau. Elle ne pleurait plus maintenant, mais elle ne voulait pas partir. Elle ne voulait plus jamais revoir la tête de Ron Weasley, plus jamais entendre sa voix, elle ne voulait plus voir personne. Hermione s'assit par terre, dans le petit cabinet des toilettes et posa sa tête contre le mur pour vider ses pensées.

Elle ne savait pas depuis combien elle était là, à ne rien faire à part renifler, quand elle entendit un bruit de splash d'eau. Quand elle tourna la tête, elle sursauta en voyant la tête d'un fantôme la regarder bizarrement depuis la cuvette des toilettes.

"C'est ma place ici, d'habitude." dit-elle d'une voix criarde.

Le fantôme était une fille, mais son visage était caché par une longue mèche noire qui barrait ses grosses lunettes. Elle avait l'air d'une adolescente.

"Ah, désolée…"

"Tu pleures ? Moi aussi je pleure souvent."

Le corps de la fille-fantôme s'éleva des toilettes pour se poser sur la cuvette, allongée sur le ventre. Elle regardait Hermione avec l'œil qui n'était pas obstrué par ses cheveux noirs d'un air à la fois compatissant et agacé.

"Est-ce que tu pleures à cause d'un garçon ?" demanda la fantôme.

Hermione acquiesça sans parler. Elle soupira :

"Moi aussi, ils me font pleurer. Et parfois, ils m'énervent juste, alors je m'enferme dans les toilettes. C'est comme ça que je suis morte."

"Oh, je vois…" dit Hermione, qui ne savait pas trop quoi dire d'autre. C'était très étrange de parler de la mort d'une fille de manière aussi banale.

"Oui…" répondit-elle dans un long soupir.

"Euh… Tu vis ici ?"

"Depuis que je suis morte, oui, je vis dans les toilettes des filles."

Hermione ne dit rien, elle était un peu gênée d'être avec ce spectre très étrange. Il y eut un long silence, Hermione fixait le mur du cabinet des toilettes en face et la fantôme était toujours allongée, dans la lune, en soupirant de temps en temps. Puis, d'un coup, elle s'exclama :

"Je m'appelle Mimi Geignarde. Et toi, comment tu t'appelles ?"

"Hermione Granger."

"Enchantée." dit la fantôme sans esquisser le moindre mouvement. "Je vais partir maintenant, te laisser de la place pour pleurer. Je vais aller aux toilettes du deuxième étage."

Et elle replongea dans les toilettes d'un coup. Hermione entendit le bruit des canalisations, puis, de nouveau le silence.

Elle resta assise très longtemps, laissant ses pensées dériver. Parfois, les larmes montaient et elle ne faisait rien pour les empêcher de couler. Au bout d'un certain temps - heures ? -, elle entendit les bruits de pas des élèves de Poudlard marcher dans les couloirs, probablement pour aller dîner. Hermione ne se leva pas, et personne ne rentra dans les toilettes.

Elle entendit le bruit étouffé des conversations dans la Grande Salle. Elle se demanda à quoi ressemblait la décoration d'Halloween et si le buffet était aussi bon que lors du premier jour quand elle entendit la porte s'ouvrir. Des pas retentirent. Puis, plus rien. Hermione hésita à sortir sa tête du cabinet pour observer le nouvel arrivant, quand soudain, un bruit sourd explosa au-dessus de sa tête. Par réflexe, elle baissa brusquement la tête pour se protéger de l'impact du mur qui vola en morceaux.

Elle sortit précipitamment de son cabinet maintenant complètement détruit et vit alors la chose la plus terrifiante qu'elle ait pu voir dans sa vie.

C'était un troll. Il devait faire plus de quatre mètres de hauteur, et regardait Hermione d'un air idiot, mais menaçant à cause de la massue qu'il tenait à bout de bras et qu'il brandissait au-dessus de sa tête, prêt à l'asséner sur elle. Hermione hurla de toutes ses forces avant de se plaquer contre le mur derrière elle, fixant de ses yeux exorbités l'immense créature face à elle et qui s'approchait d'un pas lent. Sur son passage, il s'amusa à arracher tous les lavabos du mur, produisant un bruit monstrueux.

"Essaye de l'attirer ailleurs !" cria une voix qu'Hermione n'arriva pas à identifier, derrière le troll.

Quelque chose rebondit contre le crâne chauve du monstre et il s'arrêta sur son chemin, essayant de trouver la source de ce qui l'avait frappé. Hermione vit du coin de l'œil Harry Potter et Ron Weasley de l'autre côté essayer d'attirer le troll hors de sa trajectoire vers elle.

Le troll se tourna vers Ron et Harry en profita pour se précipiter sur Hermione :

"Viens ! Cours !" dit-il en lui attrapant le bras.

Mais Hermione était figée sur place, incapable de bouger ou de détourner le regard du monstre. Elle n'avait jamais eu si peur de toute sa vie. Harry s'éloigna et s'agrippa à la nuque du troll en lui plantant sa baguette magique dans le nez, ce qui le fit pousser un hurlement de douleur qui glaça le sang d'Hermione.

Sans qu'elle le réalise, elle se retrouva par terre, le cœur à deux doigts d'exploser dans sa poitrine. Ses mains tremblaient, peut-être avait-elle reçu un coup à la tête sans s'en rendre compte ?

Elle regarda sans rien faire Ron et Harry qui réussirent, par miracle, à faire tomber le troll. Lorsqu'il tomba, le sol trembla, faisant décoller la fine couche de poussière sur le sol. Il était étalé de tout son long, les yeux vitreux et légèrement entrouverts, avec sa massue qu'il tenait à bout de bras et qui roulait sur le sol, à quelques centimètres du corps inanimé d'Hermione.

"Il… il est mort ?" demanda-t-elle d'une voix si faible qu'elle se demanda s'ils allaient l'entendre.

"Je ne crois pas." dit Harry. "Il doit être simplement assommé."

Le bruit du troll de quatre mètres qui s'était écrasé lamentablement sur le sol avait probablement dû se répercuter autant sur les murs du château que dans la tête d'Hermione, parce que McGonagall arriva dans la pièce, paniquée, suivie par Rogue et le Professeur Quirrell. La Professeure regarda le monstre, furieuse :

"Qu'est ce qu'il vous est passé par la tête ?" demanda-t-elle à Harry et Ron.

Hermione réalisa qu'elle ne pouvait probablement pas la voir dans les débris des lavabos. Elle prit son courage de Gryffondor à deux mains et se releva, ignorant sa tête qui tournait et son coeur qui ne s'était toujours pas calmé après avoir vu le troll se diriger vers elle :

"Professeur McGonagall, ne soyez pas trop sévère, s'il vous plaît. Ils étaient venus me chercher."

McGonagall se tourna vers elle. Elle n'avait rien à voir avec la professeure énigmatique et souriante qui était venue lui expliquer ce qu'était Poudlard, à Londres. Elle avait le visage livide, et les lèvres serrées et blanches à cause de la colère qui semblait émaner d'elle.

"Miss Granger !"

"J'étais partie à la recherche du troll parce que je… je croyais pouvoir m'en occuper moi-même. J'ai lu beaucoup de choses sur les trolls…" inventa-t-elle. "S'ils ne m'avaient pas retrouvée, je serais morte à l'heure qu'il est. Harry lui a enfoncé sa baguette magique dans le nez et Ron a réussi à l'assommer avec sa propre massue. Ils n'ont pas eu le temps d'aller chercher quelqu'un d'autre. Le troll était sur le point de me tuer quand ils sont arrivés."

Il y eut un long silence, où les yeux de la Professeure passaient de Ron, à Harry, à Hermione, et au troll qui était toujours par terre dans les vapes.

"Dans ce cas…" soupira McGonagall au bout d'un moment, le visage toujours aussi crispé. "Mais laissez-moi vous dire, Miss Granger, que vous êtes bien sotte d'avoir cru que vous pourriez vaincre un troll des montagnes à vous toute seule."

Hermione baissa la tête. McGonagall continua :

"Miss Granger, votre conduite vous coûtera cinq points à Gryffondor. Vous me décevez beaucoup. Si vous n'êtes pas blessée, vous feriez bien de retourner dans votre tour. Les élèves terminent le repas d'Halloween dans leurs maisons respectives."

Hermione enjambea tout de suite le reste des lavabos et des sièges de toilettes pour sortir de la pièce. Elle essaya d'ignorer la piqûre douloureuse que la phrase "vous me décevez beaucoup" de McGonagall lui avait causée, ainsi que son estomac toujours contracté par la peur, qui diminua qu'une fois qu'elle fut en sécurité dans la Salle Commune.

"Hermione, tout va bien ?" demanda l'un des jumeaux Weasley en la voyant arriver.

"Oui, ça va." mentit-elle. "J'attends simplement Ron et Harry, ils ne devraient pas tarder."

Le jumeau hocha la tête et alla s'asseoir pour manger. Hermione attendit à côté du portrait, et quand Harry et Ron passèrent leurs têtes dans le trou, elle murmura un "Merci" qu'elle espérait sincère. Ils répondirent la même chose, et ils se jetèrent tous les trois sur leurs repas. Ils passèrent le reste de la soirée d'Halloween à raconter l'événement qui venait de se produire encore et encore, et à la fin de la soirée, la peur et la tristesse d'Hermione s'étaient miraculeusement envolées.


Drago


.

.

Depuis que Drago avait surprit Granger en train de pleurer sur le banc dehors, il ne l'avait pas revue sans qu'elle ne soit en compagnie de Weasley et Potter. Ils passaient tout leur temps ensemble, pendant une semaine complète. Ils mangeaient ensemble, se baladaient ensemble, révisaient ensemble, et étaient assis à côté en cours tout le temps.

La seule chose positive avec ce nouveau trio était que Granger avait l'air beaucoup plus souriante, mais cela n'empêcha pas Drago d'être très énervé. Après lui avoir répété plusieurs fois qu'elle n'aimait pas trop Weasley et Potter, Granger s'était finalement attachée à eux. Il ne savait pas trop que ça représentait pour lui, si ce n'était qu'un début d'amitié étrange venait de se terminer brutalement.

À la fin de la semaine, Drago catégorisa Granger dans "personne à éviter", parce que pour lui, elle avait rejoint son camp. Il ne pouvait pas continuer à parler avec une fille aussi déroutante, qui en plus d'être à Gryffondor, la maison rivale, traînait maintenant avec Weasley, Potter, et Londubat. Il avait une réputation à tenir, il fallait faire une croix dessus.

Le dimanche soir, Drago trouva Granger à la Bibliothèque. C'était la première fois qu'elle était seule depuis le début de la semaine, et elle avait le nez plongé dans un bouquin.

Propulsé par la colère, il s'approcha d'elle.

"Granger ?"

Elle releva la tête et eut presque un sourire en le voyant :

"Salut Malefoy."

Il garda un visage impassible. Ne pouvait-elle pas voir qu'il était en colère ?

"J'ai vu que tu étais définitivement amie avec Weasley et Potter, maintenant." cracha-t-il. "Qu'en est-il du "je ne les aime pas trop" que tu m'as dit pas plus tard qu'il y a un mois ?"

Granger lui lança un drôle de regard.

"Hum… Je ne sais pas, je suppose qu'on a fini par devenir amis."

"Tu ne te souviens pas de ce que t'as dit Weasley, la semaine dernière ?"

"Si, mais après m'avoir sauvée la vie, j'ai décidé de le pardonner. Et puis qu'est-ce que ça peut te faire ? Est ce que je te fais des remarques sur tes fréquentations, à toi ?"

"Moi, je ne traîne pas avec des gens comme eux."

"Eux ?"

"Un traître de son sang, pauvre qui suit Potter partout dans l'espoir qu'il lui donne la célébrité qu'il ne mérite pas, parce qu'il n'a rien fait, il a grandi dans une maison de Moldus !"

Hermione ouvrit grand les yeux et reposa brutalement son livre sur la table :

"Tu es vraiment impossible ! Tu te rends compte de ce que tu dis ?"

"Je pensais que tu étais d'accord avec moi, jusque là." répondit-il sèchement.

"Certainement pas. Je ne les aimais pas trop, mais jamais je ne les ai insultés. Qu'est-ce qu'ils t'ont fait pour que tu puisses dire des choses comme ça sans regretter ?"

"Je les déteste, Granger. Je pensais que c'était clair."

"Je vois. Alors, je pense que tu vas devoir me détester moi aussi, dans ce cas."

"Alors, tu as choisi ton camp ?"

"Si tu estimes qu'il y a plusieurs camps, oui. Je pense que tu comprendras vite pourquoi je ne peux pas être ton amie, Malefoy."

"Tu as l'air d'avoir bien réfléchi à la question. Pourtant, i peine une semaine tu pleurais sur un banc parce que ce Weasley de merde t'avais insultée."

"Et je suis désolée si tu as mal pris mon rejet."

"Pardon ? Je n'ai pas mal pris… Tu crois vraiment que j'ai assez d'estime pour toi pour en avoir quelque chose à faire ?"

Granger haussa les épaules.

"Je ne sais pas, tu as l'air plutôt frustré."

"Frustré ?!"

Drago sentit la colère monter, alors il préféra couper court à la conversation :

"Si tu veux traîner avec Weasley et Potter, tu n'as qu'à faire ça. Tu ne viendras pas chialer quand l'un des deux t'aura jetée dans trois semaines parce que ta nature de Miss-Je-Sais-Tout qui pleure pour un rien refera surface."

Et il tourna les talons et sortit de la Bibliothèque avant que Granger ne puisse répondre.

Ça y est, c'était décidé. Hermione Granger venait de devenir son ennemie.