Hermione


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Avoir trouvé des amis comme Ron et Harry avait énormément d'avantages, comme le fait qu'elle ne se sentait plus du tout seule, qu'elle passait toutes ses journées avec eux, qu'elle riait souvent, et qu'elle aimait encore plus Poudlard qu'avant. Les désavantages, cependant, étaient que le temps passait atrocement vite, qu'elle révisait beaucoup moins ses cours, et surtout, surtout, qu'elle se retrouvait dans des situations complètement irrationnelles.

Elle n'avait pas eu tort quand elle pensait qu'Harry et Ron étaient des cancres. Ils ne faisaient pas forcément les pitres comme Fred et George Weasley, mais par contre, ils avaient le don pour l'embarquer dans des endroits plus dangereux les uns que les autres.

D'abord Touffu, puis le troll de 4m dans les toilettes, puis le fait qu'elle avait littéralement enflammé la cape d'un professeur.

Bon, peut-être qu'elle n'était pas totalement innocente là-dedans et que c'était son idée à elle. Il n'empêche qu'Hermione avait une autre personnalité quand elle était avec Harry et Ron, elle se trouvait plus forte, plus courageuse, elle ne s'était jamais sentie plus Gryffondor que depuis qu'elle passait du temps avec ses deux nouveaux amis. Elle ne savait pas encore si c'était une bonne ou une mauvaise chose, mais en tout cas, elle ne voulait pas arrêter.

Plus le temps passait, plus elle s'habituait doucement à sa vie de Poudlard. Elle prenait ses marques et créait des habitudes. Elle écrivait une lettre à ses parents toutes les semaines qu'elle envoyait toujours le plus vite possible, qu'elle accompagnait de temps en temps d'un mot pour Danny ou Mary. Elle aidait Neville de plus en plus en lui faisant apprendre ses leçons, et aidait Harry et Ron à faire leurs devoirs sans trop leur donner de réponses.

Elle se rapprocha aussi du garde-chasse Hagrid qu'Harry lui avait présenté, et elle passait souvent des après-midis dans sa petite maison aux bordures de la Forêt Interdite, à boire des thés un peu trop forts.

Elle avait complètement arrêté de parler à Drago Malefoy, et ce dernier avait semblé avoir compris qu'une amitié entre eux était désormais impossible. Elle n'en parla pas à Ron et Harry par contre, sans trop savoir pourquoi. Elle voulait garder leurs conversations privées, comme pour le protéger d'un secret qu'ils avaient partagé.

Malefoy faisait semblant de ne pas la connaître non plus d'ailleurs, et c'était tant mieux. Elle avait du mal à le cerner et il l'a mettait un peu mal à l'aise, surtout la manière dont il parlait à Harry et Ron. Il avait l'air de réellement les haïr.

Elle avait la même perspective concernant le Professeur Rogue. C'était le seul Professeur qu'Hermione n'aimait pas à Poudlard, surtout depuis qu'il avait tenté de tuer Harry sur son balai lors de son premier match de Quidditch. Elle avait beau essayer de retourner la situation dans sa tête, rien ne faisait sens. Pourquoi un professeur voudrait-il attaquer un élève en particulier, sans raison valable ?

Poussés par l'envie d'en savoir plus, Ron, Harry et elle devinrent vite obsédés à l'idée de découvrir l'identité de ce Nicolas Flamel, le seul indice qu'ils détenaient concernant l'objet que gardait Touffu au troisième étage. Et ce fut à ce moment-là, plongée dans ses cours, ses devoirs, Nicolas Flamel, Drago Malefoy, Rogue, qu'Hermione réalisa que Noël n'arrivait que dans quelques jours et que le temps était passé si vite qu'elle n'avait pas vu passer l'automne.


Drago


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"Tu sais que je passe Noël chez toi ?" lança Théodore en entrant dans le compartiment du Poudlard Express.

Drago hocha la tête. Comme chaque année, sa mère organisait un bal pour Noël au Manoir, et avait invité pratiquement tous les Sang-purs du pays. Drago était habitué aux grandes fêtes d'aristocrates, il n'en était pas particulièrement fan, mais si ça voulait dire que ses amis étaient là, ça lui suffisait amplement. Au fil des semaines à Poudlard, il s'était vraiment lié d'amitié avec Nott, et passait la plupart de ses journées avec lui, Pansy et Blaise désormais.

"Nous aussi." répliqua Goyle en se montrant du doigt avec Crabbe.

Nott leva les yeux au ciel et ouvrit rapidement son livre sans répondre. Il n'aimait pas du tout Crabbe et Goyle, et il ne faisait pas semblant de les apprécier devant eux non plus. Pansy s'assit à côté de Drago sur la banquette du train qui se mettait en marche :

"J'imagine que mon père a été invité aussi, alors."

Le père de Pansy et elle ne correspondaient jamais par lettres, et Pansy disait souvent qu'elle préférait ça, même si Drago la surprenait souvent à regarder les hiboux de la Grande Salle avec espoir. Elle ne parlait pratiquement jamais de sa relation avec son père aux Serpentards, mais Drago savait qu'elle était très compliquée et qu'il n'avait jamais exprimé le moindre amour pour sa fille.

Blaise s'assit de l'autre côté de Drago et sortit un parchemin de son sac.

"Qu'est-ce-que tu fous ?" demanda Drago.

"Je fais mes devoirs."

"Déjà ?! Mais on est en vacances depuis à peine une journée !" lança Nott en levant la tête de son livre.

"Et alors ? Je veux m'avancer pour ne pas avoir à le faire pendant les vacances, quand vous serez tous en train de paniquer parce qu'il vous reste trois essais à terminer ! Pendant ce temps-là, je profiterais d'une délicieuse part de tarte aux pommes en vous regardant réviser." répliqua Blaise avec un sourire en sortant une plume.

"Tu es sûr que c'est la seule raison ?" demanda Nott.

"Oh, et il y a aussi le fait que je veux te battre dans toutes les matières à partir de la rentrée." répondit tranquillement Blaise.

"Impossible, je suis bien trop haut devant toi. Tu ne pourras jamais me rattraper."

"C'est ce qu'on va voir."

"Vous savez déjà à quelle place du classement vous êtes ?" demanda Drago, surpris.

Les deux garçons se tournèrent vers lui :

"Oui, c'est inscrit dans la salle de Métamorphose. Il y a le classement des vingt meilleurs élèves de l'école, dans toute la promo et dans chaque Maison."

"Et Nott est premier ?"

"Non, second." répondit le concerné avec un froncement de sourcils. "Zabini est quatrième, derrière un Serdaigle dont j'ai oublié le nom."

"Nathan Conley." répondit distraitement Pansy qui avait le visage caché derrière un magazine.

"Comment tu le sais ?" demanda Blaise.

"Parce qu'il a un visage difficile à oublier." dit-elle avec un éclat dans les yeux et un sourire en coin.

"Tu as retenu son nom uniquement parce qu'il est beau ?" demanda Nott en riant.

"Oui, ça te pose un problème, Natt ?"

Le concerné arrêta tout de suite de rire.

"Alors, Nott est second, ce Nathan je-sais-pas-quoi est troisième, et Blaise est quatrième ?" demanda Drago. "Moi, je suis où ?"

"Dixième, je crois. Tu es l'un des premiers en Potions." répondit Blaise.

"Qui est premier du classement ?"

Ils se regardèrent tous les uns après les autres, attendant que quelqu'un réponde. Nott le fit au bout de longues silences d'attente :

"Granger."

"Granger ?"

"Ouais… C'est la seule Gryffondor de la liste."

Il y eut un long silence gêné. Drago savait que Granger était intelligente, il l'avait compris depuis qu'il l'avait rencontrée la première fois. Sa manière de s'exprimer et le fait qu'elle était toujours en train de lire un livre le démontraient, mais il n'aurait jamais pensé qu'elle puisse être première de toute l'école. Cette pensée l'énervait, il voulait soudain avancer sur ses devoirs aussi dans l'espoir de la dépasser.

"Et moi, je suis où ?" demanda Crabbe, sans remarquer le changement brutal d'atmosphère.

"Tu es loin, Crabbe. Bien trop loin." rétorqua Nott dans un souffle agacé.


Drago


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Quand ils virent les arbres de la campagne s'espacer pour laisser place à la ville de Londres, Drago retira sa cape noire et la rangea dans sa valise. Le train s'arrêta et Drago mena la marche, suivi de Blaise, Pansy, Nott, Crabbe et Goyle. Il chercha la porte de sortie la plus proche et descendit sur le quai.

Il analysa la foule à la recherche de sa mère du regard et vit Granger qui sortait, seule, du train. Elle portait un long manteau brun, un bonnet violet et des gants blancs trop grands et visiblement mal tricotés. Rien que de la voir énervait Drago, il n'avait toujours pas digéré son changement brutal de "camp". Ses cheveux hirsutes dépassaient du bonnet et tombaient en cascades sur ses épaules. Elle ne se coiffait donc jamais ?

Il vit soudain sa mère et toutes ses pensées pour Granger s'évaporèrent. Narcissa abordait un grand sourire. Quand il arriva à sa hauteur, il vit qu'elle hésitait à le prendre dans ses bras, mais étant donné qu'elle ne le faisait jamais, elle se contenta de lui faire un bisou sur le front en lui ébouriffant un peu les cheveux :

"Drago ! Te voilà. Tu as passé un bon voyage ?"

"Bonjour Mrs. Malefoy." lança Pansy.

Elle arriva derrière Drago, suivie de Théodore et Blaise.

"Oh ! Vous tombez bien, j'ai proposé à vos parents de venir vous chercher en même temps que Drago. Voulez-vous nous joindre pour le thé au Manoir ?"

"Avec plaisir." répondit Pansy avec un sourire poli.

Drago regarda discrètement par-dessus l'épaule de Narcissa et elle surprit son regard. Elle fronça tristement les sourcils :

"Oh… Je suis désolée, Drago, il n'a pas pu venir, les affaires du Ministère, tu comprends…"

"Non, non." interrompit Drago. "Je… D'accord, ça m'est égal."

Il ignorait le regard de ses amis, il ne voulait pas qu'ils sachent qu'il plaçait autant d'importance dans le fait que son père vienne le chercher à la gare. Il avait d'autres choses à faire. Il se concentra plutôt sur la perspective de passer la soirée avec ses amis chez lui et fourra sa valise dans les bras de Dobby pour rentrer à la maison.


Hermione


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Ses parents attendaient derrière la plateforme 9 ¾, en retrait, et en regardant nerveusement entre les deux panneaux. Quand ils virent Hermione au loin, ils eurent un grand sourire et se jetèrent sur elle :

"Mimi !"

Ils se prirent longuement dans les bras, Hermione sentit une joie incontrôlable exploser en elle en voyant ses parents.

"Oh, vous m'avez tellement manqué !"

"Toi aussi, Mimi, on est tellement contents de te voir."

Elle serra encore une fois son père dans ses bras et ils se dirigèrent vers la voiture dans le parking de la gare. Son père insista longtemps pour porter sa malle tandis que la mère d'Hermione ne cessait de lui remettre une mèche folle derrière l'oreille, les yeux brillants :

"Tu as tellement grandi."

"Maman, je suis partie il y a quatre mois…"

"Tu as quand même grandi, tu n'es plus la petite fille que nous avons déposée sur ce quai en septembre."

"En tout cas, j'ai plein de choses à vous raconter !"

Ils trouvèrent la petite voiture rouge sur le parking et Hermione s'assit à l'arrière. Malgré la fatigue du voyage, elle commença à leur parler de Poudlard, et raconta tout ce qu'il s'était passé qu'elle n'avait pas déjà mis dans ses lettres. Ses parents écoutèrent avec attention tout le trajet, puis à la maison, puis pendant le dîner (restes de filet de porc et pommes de terre), puis jusqu'à ce que l'horloge sonne à minuit.

"Ça a l'air fantastique !" dit son père après lui avoir posé des questions sur le cours de Sortilèges. "Et tu es la première de l'école ? Comment c'est possible ?"

"Je ne sais pas, je pense que je travaille beaucoup et que je lis des notions qui ne sont pas encore au programme, donc j'ai toujours des choses à dire sur mes parchemins." expliqua-t-elle.

"On est tellement fiers de toi." dit sa mère qui mettait les assiettes du dîner dans l'évier de la cuisine. "Tu as l'air de vraiment te plaire à Poudlard."

"Et vous, comment ça va ?"

Ils avaient évincé ses questions depuis qu'elle était entrée dans la voiture, babillant quelques mots sur le cabinet avant de revenir sur Poudlard avec de nouvelles questions.

"Pas grand chose, c'est toi qui vis tout le fun !" répliqua son père en souriant. "Tout est exactement comme avant, ici. Danny et Mary sont au collège de Londres, ils ont l'air de s'y plaire, même si tu as déjà dû le lire dans leurs lettres… Quoi d'autre…"

"Mrs. Porter va avoir un bébé." lança la mère d'Hermione depuis la cuisine ouverte. "Et les parents de Danny ont accepté notre invitation pour le dîner de Noël, donc nous serons neuf en tout."

"Oh, super ! Mamie vient aussi ?"

"Oui, elle va venir pour le Réveillon et le soir de Noël."

Hermione but sa tisane en écoutant ses parents lui raconter les dernières nouvelles du quartier. Quand son père eut terminé de raconter les nouvelles des clients du cabinet, la maman d'Hermione revint avec des biscuits en forme de gingerbread men à la cannelle.

"Tu as bien reçu toutes nos lettres ?" demanda soudain sa mère.

"Oui, bien sûr. Et celles de Danny et Mary que vous avez transmis avec."

Hermione but de nouveau un peu de sa tisane avant de se rendre compte de quelque chose :

"Comment avez-vous fait, d'ailleurs ?"

"C'est justement ça qui nous paraît étrange. Les premières lettres que nous avons reçu de toi, nous ne pouvions pas y répondre parce que… Poudlard n'a pas "la poste"" expliqua son père en mimant les guillemets avec ses doigts. "On était frustrés de ne pas pouvoir te parler à notre tour, alors on a quand même écrit une lettre en se disant qu'on arriverait peut-être à la faire parvenir à Poudlard tout de même… et…"

"Un hibou est apparu sur le bord de la fenêtre." continua la mère d'Hermione. "Comme s'il savait qu'on t'avait écrit quelque chose ! Il attendait gentiment, alors j'ai accroché la lettre et le colis de ton anniversaire et il a su où aller."

Hermione rit avec ses parents en imaginant la scène du hibou sur la fenêtre du salon. Tout avait tellement changé pour elle, et pourtant, tout était parfaitement normal, ici. Elle s'attendait presque à ce que le monde de Londres soit aussi bouleversé que le sien, mais non.

Revenir à la maison faisait du bien au moral, mais elle devait avouer que Poudlard lui manquait déjà un peu.


Drago


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Pansy, Blaise et Théodore restèrent au Manoir jusqu'au dîner, qu'ils prirent tous ensemble à la grande table de la salle à manger. Ils passèrent la soirée à parler de Poudlard en mangeant bien plus que nécessaire. Narcissa écoutait passivement, et racontait de temps en temps une anecdote sur son temps à l'école. Lucius ne rentra pas de toute la soirée.

Quand les assiettes furent enfin vidées et que les quatre Serpentards s'endormaient presque sur leurs chaises, Narcissa les renvoya doucement chez eux et Drago alla se coucher dans son lit qu'il avait quitté depuis quatre mois déjà.

Tout était exactement comme avant. Personne n'était entré dans sa chambre vraisemblablement, excepté Dobby pour nettoyer. L'elfe de maison avait posé la malle de Drago sur son lit, et il commença à se préparer pour aller au lit. Épuisé de sa longue journée, il entra dans son immense lit avec un soupir de plaisir et s'endormit à peine sa tête eût touché l'oreiller.

Il fit un rêve très étrange. Au début, il commença bien, il était à Poudlard dans des serres qui ressemblaient à celles du cours de Botanique mais aussi à celles de chez Pansy. Il riait avec Blaise, il faisait chaud dans la serre, jusqu'à ce que le rêve se modifie et que l'image devint un peu plus floue. Le sourire de Blaise s'effaça et soudain, Lucius arriva dans la serre.

Ils n'étaient plus que tous les deux désormais, et son père avait un visage fermé et sévère qui ne présageait rien de bon. Drago voulut partir, mais les plantes de la serre s'étaient soudain éveillées et des tiges énormes lui encerclaient la taille et le torse pour le maintenir en place pendant que Lucius s'approchait de lui et tendait sa main, mais ce n'était pas sa main, c'était une main blanche avec des longs doigts qui allait l'atteindre et…

"Arrrghh !"

Drago se débattit un instant avec sa couverture dans le noir jusqu'à ce qu'il réalise que la main était partie, et qu'il était dans son lit, dans sa chambre, au Manoir. Il s'allongea de nouveau et essaya de calmer les battements de son cœur qui martelaient sa cage thoracique. Il s'épongea le front, il était couvert de sueur. Le rêve avait paru tellement réel, il était comme cloué sur place, il avait l'impression d'être encore dans cette serre… et cette main…

"Mr. Malefoy ?" couina une petite voix.

Drago sursauta de nouveau. Au bout de son lit, il pouvait apercevoir le bout des deux longues oreilles de Dobby par-dessus sa couverture.

"Dobby ?" appela-t-il d'une voix sèche.

"Je pensais que vous voudriez peut-être boire un peu d'eau, Mr. Malefoy."

Dobby s'approcha en longeant le côté du lit de Drago. Il lui tendit un grand verre d'eau, et Drago se releva contre ses oreillers pour le boire d'une traite.

"Quelle heure est-il ?"

"3h du matin, monsieur."

"J'ai réveillé mes parents ?"

Il ne savait pas s'il avait hurlé suffisamment fort pour que ses parents, qui dormaient dans l'autre aile du Manoir, aient pu entendre. Heureusement, le petit elfe fit "non" de la tête :

"C'est normal de faire des cauchemars parfois, Mr. Malefoy. Dobby en fait aussi, parfois."

Drago regarda l'elfe bizarrement. Il n'avait jamais vu Dobby dormir.

"Dobby va s'en aller." continua l'elfe de maison en reprenant le verre d'eau. "Pour vous laisser vous reposer…"

"Non, Dobby…" dit Drago d'une petite voix.

Il avait tellement honte de demander à un elfe de maison de rester dans sa chambre après avoir fait un cauchemar, il pouvait déjà imaginer les sourires moqueurs de Pansy ou Blaise s'ils apprenaient ça. Alors, il ne dit rien, et se contenta de regarder l'elfe avec des yeux suppliants. Ils se regardèrent longtemps, et les oreilles de Dobby s'affaissèrent de plus en plus en fixant Drago.

"Dobby doit absolument tricoter. Est-ce que Mr. Malefoy voudrait que Dobby le fasse dans sa chambre ?" demanda-t-il au bout d'un long moment.

Drago hocha la tête silencieusement. Dobby posa le verre d'eau sur la table de chevet et s'assit dans l'un des fauteuils de sa chambre, qui était tellement énorme comparé au petit elfe que ses oreilles dépassaient à peine le haut du siège, et que ses pieds ne touchaient pas le bord. Il sortit deux aiguilles épaisses pour tricoter une sorte de nappe de toutes les couleurs.

Drago observa longtemps l'elfe de maison, ce qui eut le don de l'apaiser et il s'endormit une seconde fois, bercé par le son de cliquetis des aiguilles de Dobby.


Drago


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Drago était assis par terre dans l'un des salons du Manoir, appuyé contre la tasse basse sur laquelle il avait disposé plusieurs parchemins et manuels pour dessiner la carte du ciel d'Astronomie à rendre pour la rentrée. Narcissa était assise sur un fauteuil à côté de lui et lisait attentivement la Gazette du sorcier du jour en tournant les pages de temps en temps.

Mais Drago ne réfléchissait pas à la position des planètes ou à la couleur de Pluton sur sa carte, il était dans la lune. Il pensait à Poudlard, aux cours, à Blaise, à son Comète 260 dans le hangar, à Potter, Weasley et Granger.

"Mère ?" demanda-t-il.

"Hmm ?" répondit-elle sans quitter le texte des yeux.

"Est-ce que tu connais une famille de Granger ?"

"Granger… Hm, non, ça ne me dit rien… C'est pour tes devoirs ?"

"Non, non… Juste, une fille à Poudlard, je me demandais si tu connaissais ses parents."

"Il n'y a pas de Granger dans les vingt-huit familles sacrées pur-sangs, si c'est ta question. Je n'ai jamais entendu parler de ce nom."

"Ah… D'accord."

Narcissa reposa son journal sur la table basse où était assis Drago et soupira :

"Il n'y a absolument rien d'intéressant dans l'édition du jour."

Elle regarda la porte du salon, soudain un peu inquiète :

"Ton père ne va pas tarder à revenir. Il est rentré tard hier soir, à cause d'une réunion… Il ne devrait pas tarder. Nous devrions commencer à organiser la réception de Noël de demain. Dobby !"

L'elfe de maison dévala les escaliers en entendant sa maîtresse l'appeler et Drago prit ses parchemins pour finir ses devoirs dans sa chambre.


Hermione


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"Joyeux Noël Mimi !" s'exclama son père en entrant dans la chambre d'Hermione pour ouvrir les rideaux en grand et laisser pénétrer la lumière.

"Hrmf…"

"Allez, descends, le petit-déjeuner est servi !"

Hermione ouvrit péniblement un oeil et aperçut son père sortir de la pièce. Elle roula dans son lit, laissa échapper un autre grognement matinal et s'étira. Quand elle descendit, la table était en effet recouverte de nourriture, et ses deux parents étaient déjà assis. Ils portaient des pulls de Noël avec des cerfs et des traîneaux dessus.

"Viens manger, il y a plein de choses !"

Ils commencèrent à déjeuner et la grand-mère d'Hermione les rejoignit une demie-heure après. Sa grand-mère était petite et avait des cheveux courts et blancs qui mettaient en valeur son visage souriant. Hermione adorait sa grand-mère, elle adorait visiter sa maison à Edimbourg et le fait qu'elle soit venue à Londres pour Noël la comblait. Toute la famille ouvrit leurs chaussettes accrochées à la cheminée du salon, dans laquelle Hermione trouva des bonbons au miel, un stylo, des sachets de thé et un sucre d'orge. Son père reçut un chapeau avec des cornes de cerf qu'il mit aussitôt et garda pour le reste de la journée.

Après le petit-déjeuner de Noël, les parents d'Hermione proposèrent d'aller se promener, alors ils sortirent tous les quatre pour visiter le parc d'Hampstead Heath qui avait givré pendant la nuit. Les rues étaient silencieuses mais joliment décorées avec des lumières des lampadaires tamisées.

Cette journée de Noël était fantastique.

En fin d'après-midi, la famille de Danny arriva. Il y avait les parents de Danny, une femme petite au visage rond et un homme assez grand et très discret. Ils prirent place à la table rallongée des Granger, suivis de leurs deux fils, Danny et Thomas, et de leur fille, Léonie. Elle avait 7 ans, était particulièrement petite et avait des grands yeux bleus.

Ils remercièrent les parents d'Hermione une bonne vingtaine de fois pour l'invitation avant de se mettre à manger. Ils avaient cuisiné toute l'après-midi pour que la table croûle sous les plats : dinde farcie aux fruits, pommes de terres sautées, épinards, panais rôtis, sauce aux cranberries, pigs and blankets…

Les invités lui demandèrent des nouvelles de son école, et Hermione arriva à broder une histoire à laquelle elle avait réfléchi dans le Poudlard Express, prenant des éléments de Poudlard et des mensonges pour raconter son expérience dans sa nouvelle école en France.

Quand Hermione n'arriva plus à manger, les desserts arrivèrent : pudding, mince pies et biscuits à la cannelle.

La famille d'Hermione et de Danny discutèrent de tellement de sujets différents qu'il était difficile de suivre la conversation, alors Hermione passa la soirée à parler avec Danny et Thomas. C'était tellement rafraîchissant de parler avec des gens qu'elle connaissait si bien. Danny lui raconta les nouvelles de son collège, ses nouveaux professeurs et quelques amis qu'il s'était fait.

"Je ne parle que de moi ! À toi, raconte nous, tu t'es fait des amis là-bas ?" demanda Danny.

"Oui, Harry et Ron, ils sont très drôles. Je pense que tu les adorerais."

"Harry et Ron ? Mais je croyais que c'était une école pour filles ?" demanda Danny en fronçant les sourcils.

Mince. Hermione sentit le regard de sa mère dévier un instant sur elle en entendant la réflexion de Danny.

"Euh… Oui, effectivement, mais Harry et Ron sont dans l'institut pour garçons à côté et on s'est rencontrés pendant les récréations… C'est seulement les cours et les dortoirs qui sont réservés qu'aux filles."

Hermione était fascinée par sa capacité à inventer un mensonge au fur et à mesure. Danny acquiesça en mangeant son pudding :

"Ah ! Je vois. Toujours amie avec les garçons toi !"

"Oui, tu me connais bien !"

Quand l'heure des cadeaux arriva, Hermione fut étonnamment très gâtée. Les parents de Danny lui offrirent un jeu de société d'investigation, Danny un joli bracelet rose pâle, Thomas un puzzle qui représentait un oiseau. Elle les remercia chaleureusement maintes fois et observa la mère de Danny déballer son écharpe avant que sa mère ne l'interpelle :

"Ouvre les nôtres !"

Hermione piocha dans la pile de cadeaux pour trouver ceux avec son prénom écrit. Elle déballa d'abord celui de son père, un pull blanc qu'elle avait repéré dans un magasin de Londres avec lui, et une jolie plume brune pour écrire. Sa grand-mère lui avait pris une encyclopédie sur les plantes médicinales, dont les pages étaient épaisses avec des dessins de fleurs à la main, et un herbier pour les collectionner. Mais le plus beau cadeau de sa soirée était sans doute celui de sa maman.

Une immense couverture tricotée en patchwork de toutes les couleurs, réalisée à la main par sa maman qui adorait tricoter. Elle était immense, et contenait une dizaine de petits carrés de couleurs pastel, et le meilleur fut qu'elle avait l'odeur de sa maman.

"C'est pour que tu puisses dormir avec en France." dit-elle avec un clin d'œil. "Pour ne pas que tu m'oublies, quand tu seras là-bas."

Hermione se précipita dans ses bras pour l'enlacer :

"Je ne t'oublierai jamais, maman."


Drago


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Cette journée de Noël était horrible.

Drago passa le plus clair de son temps à éviter les pièces où sa mère était pour ne pas l'entendre hurler des ordres sur Dobby qui devait préparer le Manoir pour le dîner de Noël. L'elfe de maison courait dans tous les sens pour poser des assiettes, accrocher les dernières décorations, nettoyer les sols, et surtout préparer l'immense repas qui devait être servi pendant la réception. Même depuis sa chambre, Drago pouvait entendre les cris perçants de sa mère. À 17h, il entendit un faible coup à sa porte :

"Monsieur Malefoy." annonça Dobby d'une voix légèrement cassée en entrant dans la chambre de Drago. "La réception ne va pas tarder à commencer. Votre mère vous conseille de porter cette tenue, et de venir le plus vite possible."

Dobby déposa la tenue sur le fauteuil. C'était un costume noir avec une cravate blanche, on aurait pu croire qu'il se rendait à un enterrement et non pas un repas de Noël. Il l'enfila et descendit dans la salle principale, qui avait été décorée pour l'occasion : des guirlandes vertes et blanches illuminaient la pièce, l'immense table à manger était au centre de la pièce, finement décorée par des broderies et des décorations mouvantes tout le long de la table.

Dobby s'était surpassé, mais Narcissa continuait d'hurler depuis la cuisine plusieurs menaces de mort envers l'elfe. Drago entra dans les cuisines et trouva sa mère, penchée sur l'elfe qui préparait un pudding malgré les hurlements :

"Dépêche toi ! C'est trop sec ! Tu as suivi la recette que je t'ai donnée, ou tu n'es vraiment bon à rien faire ? A quoi ça sert d'avoir un elfe si c'est pour avoir un travail aussi bâclé ?"

"Pardon maîtresse." couina Dobby en sortant le gâteau qu'il déposa sur la table. "Dobby va mettre ses doigts au four pour se punir de son travail mal fait."

"Très bien, et tu le feras deux fois, et en silence." répliqua Narcissa d'un ton sec avant de se tourner vers son fils. Sa voix redevint calme : "Tu es prêt, Drago ?"

Ce dernier acquiesça, bien qu'il n'avait aucune envie d'assister à une réception de Noël. Les premiers invités arrivèrent, reçus par Narcissa. Drago ne reconnaissait personne. Il avait l'impression que tous les invités de ses parents avaient la même tête, c'est-à-dire le nez plissé et les yeux perçants, comme s'ils jugeaient chaque petit détail de la décoration, ce qu'ils faisaient probablement. Il serra à la main à ce qu'il sembla une centaine de personnes avant de finalement reconnaître quelqu'un, son professeur de potions, Severus Rogue.

"Ah, Severus !" s'exclama Narcissa en le voyant arriver. "Entre, entre… Drago me dit que les cours de Potions se passent bien ? C'est ses préférés !"

"J'en suis ravi." dit Rogue avec un semblant de sourire.

Soudain, Lucius entra dans le salon. C'était la première fois que Drago voyait son père depuis qu'il était rentré de ses vacances. Il avait un grand sourire et portait le même costume que Drago. Il s'empressa de saluer chaque invité en leur serrant la main, échangeant quelques phrases avant d'arriver aux côtés de Narcissa pour accueillir Rogue.

"Bonsoir Severus, comment vas-tu ?" demanda son père d'une voix mielleuse. "J'espère que Drago ne te donne pas trop de fil à retordre depuis la rentrée ?"

"Non, bien au contraire. C'est un très bon élève, particulièrement doué en Potions. Le meilleur de sa classe."

Narcissa eut un sourire fier et serra sa main sur l'épaule de Drago par fierté. Puis, Rogue alla rejoindre l'un des groupes qui s'était formé dans la grande salle. Tous les invités déjà présents étaient ennuyants à mourir. Narcissa insista pour présenter son fils à chacun d'entre eux, et Drago crut qu'il allait exploser s'il devait échanger encore des banalités avec une seule autre personne.

Après des dizaines de mêmes questions ("Comment se passe Poudlard ?" "Tu te plais à Serpentard ?" "A quoi ressemble Harry Potter ?" "Lui as-tu déjà parlé ?" "Comment est-il ?"), Drago décida de rester posté devant la porte d'entrée en attendant de voir ses amis arriver.

Pansy arriva la première, suivie de son père. Il portait un costume gris trop grand, et Drago se fit la réflexion qu'il ne l'avait en fait jamais vu dans une autre tenue que celle-ci. Il avait toujours cet air un peu vicieux sur le visage, et pas l'ombre d'un sourire quand il s'approcha du Manoir.

Pansy, par contre, était magnifique. Elle avait coiffé ses cheveux dans une coiffure sophistiquée, une sorte de chignon tressé, et portait une longue robe noire en bustier qui affinait sa taille. Son maquillage était aussi réussi que sa tenue : un long trait noir sur ses yeux, et un rouge à lèvre noir mat qui faisait écho à ses cheveux et sa robe.

"Bonsoir." salua Drago à l'adresse du père de Pansy.

Il lui fit un hochement de tête discret et entra dans le Manoir, où Lucius l'accueillit avec des grands gestes.

"Tu es très élégant." dit Pansy, sur le palier de la porte, en détaillant le costume de Drago de ses yeux sombres.

"Toi aussi. Joyeux Noël, Pansy."

Il lui fit un petit bisou sur la joue et ils entrèrent dans la salle de bal. Les invités étaient tellement nombreux désormais qu'il fallait slalomer entre les gens pour pouvoir se déplacer. Après avoir salué un nombre incalculable de sang-purs supplémentaires, dont certains qui regardaient Pansy un peu trop longtemps aux yeux de Drago, Blaise et Théodore arrivèrent enfin.

Nott arriva accompagné de son père, un homme très petit comparé à son fils qui le dépassait déjà. Il avait un sourire mauvais sur son visage profondément marqué, et la seule ressemblance qu'il avait avec Théodore était qu'il avait les mêmes yeux bleus en amande.

Blaise, lui, était accompagné de sa mère, une grande femme noire magnifique, qui fit tourner la moitié des regards de la pièce vers elle. Elle s'avança dans la foule qui la laissa passer à la manière d'une sirène, et Blaise s'éclipsa discrètement en profitant de l'entrée spectaculaire de sa mère et rejoignit le groupe déjà formé de Drago, Pansy et Nott.

Quand Narcissa eut le dos tourné et fut suffisamment occupée par ses invités pour ne pas se rendre compte de l'absence de son fils, Drago proposa de remplir des assiettes et de monter dans sa chambre. Ils prirent tout ce qu'ils pouvaient du buffet, et sortirent discrètement de la salle de réception pour se faufiler dans la chambre de Drago.

"Vite, avant que Crabbe ou Goyle nous voient." murmura Théodore en grimpant les marches de l'escalier.

Ils arrivèrent enfin dans la chambre du garçon. Une autre des nombreuses règles de la maison des Malefoy était que Drago n'avait pas le droit d'inviter une fille seule dans sa chambre avec lui, sauf s'ils étaient fiancés. Drago avait toujours veillé à maintenir cette règle avec Pansy pour ne pas s'attirer les foudres de son père, mais heureusement, ils étaient plusieurs ce soir-là. Pansy retira ses hauts talons à peine fut-elle entrée dans la chambre en soupirant de douleur.

Tous les cadeaux de Drago étaient posés sur le lit, et le recouvraient intégralement, débordant même sur le sol où des paquets verts et blancs étaient posés tout le long.

Drago les poussa d'un côté de sa chambre pour poser leurs victuailles sur le lit et se servir à leur guise. Pansy s'allongea de tout son long, Blaise mangeait une énorme part de tarte aux pommes sur le fauteuil et Nott était assis par terre en train d'ouvrir un crackers.

"Quelle réception chiante, comme chaque année." se lamenta Drago en s'asseyant sur le bord du lit.

"L'année dernière, c'était chez moi. Juste avant la mort mystérieuse de Valérien, mon dernier beau-père en date." dit Blaise d'un ton amer.

"D'ailleurs, ta mère n'est pas venue accompagnée cette année ?" demanda Pansy en essayant de viser des noix givrées dans sa bouche en les lançant.

"Non, mais je n'ai aucun doute qu'elle rentrera accompagnée ce soir, après avoir trouvé quelqu'un ici." maugréa-t-il. "Hé, Dray, je peux dormir ici ce soir ?"

"Bien sûr. Vous pouvez tous dormir ici, on a assez de chambres pour ça."

"Tu n'ouvres pas tes cadeaux ?" demanda Pansy.

Drago contempla la pile de cadeaux à côté de son lit et haussa vaguement les épaules :

"Aucun n'a une forme de balai."

Elle leva les yeux au ciel et descendit du lit pour les ouvrir à sa place.

"Oh, un journal !" dit-elle en ouvrant le premier. "En cuir, et tout ça. Il est joli. De la part de… Bertie Higgs."

"Connais pas. Prends-le si tu veux."

Pansy garda le journal à côté d'elle et entama l'ouverture des autres cadeaux. À la fin, Drago était entouré d'une montagne de nouveaux objets : un télescope en or, des livres, des kits de potions en tous genres, des plumes de toutes les couleurs avec des encres qui changeaient de couleur, un kit de balles de Quidditch complet, des vêtements, plusieurs boites de dragées surprises de Bertie Crochue, un paquet de cartes de bataille explosive, un modèle de balai miniature, et des boîtes de Chocogrenouilles par dizaines.

Il donna plusieurs livres à Nott qui adorait lire et le modèle de balai miniature à Blaise parce qu'il en avait déjà deux. Puis, ils discutèrent de ce que chacun avait reçu en mangeant des Chocogrenouilles et en s'amusant à imiter les sang-purs à quelques étages en dessous d'eux. Pansy imitait tellement bien les vieilles dames qui colportaient des ragots que Drago hurla de rire toute la soirée.

Il devait avouer que ses amis avaient rendu la soirée de Noël un peu plus agréable. Il se sentait beaucoup plus dans l'ambiance festive au fond de sa chambre avec des chocolats que sous les centaines de décorations du salon avec ses parents.