Drago
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Après avoir passé une grande partie de la nuit ensemble, Pansy, Blaise et Théodore allèrent se coucher dans le Manoir dans des chambres d'invités à côté. Ils étaient tellement épuisés qu'ils s'endormirent tous les quatre habillés, sauf Pansy qui avait emprunté l'un des t-shirts d'entraînement de Quidditch de Drago pour dormir.
Le lendemain, ils n'émergèrent qu'à partir de 10h du matin, et après avoir pris un petit-déjeuner silencieux, Blaise et Théodore rentrèrent chez eux. Pansy, elle, resta pour le déjeuner en compagnie de Lucius et Narcissa, qui discutèrent de la soirée de la veille sans remarquer que ni Pansy ni Drago n'avait réellement assisté à la réception.
"Comment se passe Poudlard ?" demanda soudainement Lucius en s'adressant à Pansy et Drago. "Vous avez réussi à être amis avec ce Potter ?"
"Non ! Certainement pas." s'exclama Drago.
Il expliqua longuement qui était Potter et les personnes qu'il fréquentait. Son père l'écoutait attentivement, chose très rare qui donnait à Drago un sentiment d'importance qu'il adorait. Il expliqua tout ce qu'il s'était passé depuis le début de l'année et à la fin, Lucius secoua la tête, affligé :
"Alors, ce garçon est aussi méprisable que les traîtres de ces Weasley. Si vous voulez mon avis, il faut être sincèrement dérangé pour exercer le genre de métier d'Arthur Weasley, qui en plus de subir la risée du monde des sorciers, n'est même pas payé convenablement pour le faire ! Non, il le fait par passion ! Des Moldus ! Le monde n'est plus celui qu'il était avant, quand le Seigneur des Ténèbres régnait justement et punissait ceux qui le méritaient."
Narcissa approuva d'un léger signe de tête mais personne ne rebondit sur les propos de Lucius, qui restèrent pourtant assez gravés dans la mémoire de Drago.
Ses parents n'avaient jamais vraiment expliqué l'époque du Seigneur des Ténèbres, ou même qui il était. Il savait simplement qu'il tuait les gens impurs, comme les nés-moldus ou les gens qui se mettaient en travers de son chemin. Il représentait plutôt une vague menace, un souvenir noir dans l'Histoire, et pourtant, ses parents vantaient souvent ses mérites.
Plus tard, dans le jardin du Manoir, Pansy et lui étaient allongés par terre, dans le seul carré qui n'était pas occupé par le givre. Pansy avait enfilé un pull par-dessus le t-shirt que lui avait prêté Drago et contemplait silencieusement le ciel. Drago ne cessait de jeter des coups d'œil vers elle.
"Quoi ?" demanda-t-elle brutalement en sentant le regard de Drago sur elle.
"Rien."
"Tu as l'air dérangé par quelque chose. Qu'est ce qu'il t'arrive ?"
"Je me demandais juste… Ton père, il te parle souvent du Seigneur des Ténèbres ?"
Pansy fronça les sourcils mais répondit honnêtement :
"Oui, de temps en temps. Il répète souvent que le monde serait meilleur s'il était toujours là. Et maintenant qu'on a expliqué avec qui traînait Potter, ils sont tous persuadés qu'il a tué la seule personne qui arrivait à maintenir l'ordre."
"Tu penses vraiment que Potter a réussi à le tuer ?"
"Je ne pense pas qu'il a réussi à produire de la magie, peut-être qu'elle était canalisée en lui et qu'il a réussi à se protéger, ou peut-être qu'il avait une sorte de charme sur lui." dit-elle. "Je ne sais pas quoi penser de ce Seigneur des Ténèbres, il me faisait un peu peur quand j'étais petite. Mon père l'utilisait comme menace quand je faisais des conneries."
"Ouais, moi aussi. Mais ils n'ont jamais vraiment expliqué qui c'était, simplement son nom une seule fois à l'écrit qu'ils ont brûlé ensuite et une série de menaces si j'osais dire quelque chose de mal sur lui. On dirait que même s'il est mort, mes parents ont toujours peur de lui…"
"Mon père n'a pas peur." affirma Pansy, comme sur la défensive. "Il rêve qu'il revienne, il pense qu'il n'est pas vraiment mort et qu'on va peut-être recevoir un signe bientôt de son retour. J'espère pas, il a l'air vraiment flippant, même si c'est pour rétablir le bien. Le plus important, c'est qu'on fasse profil bas, qu'on ne parle pas aux sangs impurs et qu'on ne fasse pas honte à nos noms."
"Je ne parle qu'aux Serpentards, de toute façon. Et un peu à Granger, en début d'année, mais elle a décidé de devenir amie avec ce stupide Potter, et Weasley, et même Londubat, alors j'ai arrêté."
Pansy tourna la tête vers Drago avec des yeux ronds, soudain complètement choquée :
"Quoi ? Tu parlais avec Granger ?!"
"Oui ? Pourquoi ?"
"Drago, c'est dangereux ! Comment tu as pu risquer de faire ça ?"
Il fronça les sourcils et se releva en posant ses coudes dans l'herbe pour mieux voir Pansy qui le dévisageait comme si c'était la première fois qu'elle le voyait.
"Qu'est ce que tu veux dire ?"
"Ne me dis pas que tu n'es pas au courant ? Bon sang, Drago, Granger est une née-moldue !"
Il écarquilla les yeux à son tour.
"Quoi ? Mais non, ce n'est pas possible."
"Pourtant, si ! Tout le monde le sait, Drago."
Drago réfléchit aux interactions qu'il avait eu avec cette fille. Il se souvint de la première fois qu'il l'avait vue, dans le train. Elle était jolie, et très différente de toutes les filles qu'il avait pu voir jusqu'alors. Ses longs cheveux frisés, ses joues rouges, son tempérament qui changeait en permanence. C'était pour cela…? Parce qu'elle était une née-moldue ?
C'était la première fois qu'il en voyait une de sa vie. Il n'aurait jamais pensé qu'elle puisse l'être, il avait toujours entendu parler d'eux comme des êtres sales, malades, illégitimes et stupides. Granger n'était rien de tout cela.
"Mais comment peut-elle être première du classement si elle ne connaissait pas Poudlard ?" demanda-t-il.
"Aucune idée." avoua Pansy en haussant les épaules. "Les profs doivent avoir pitié d'elle à cause de ses parents. Ce sont des moldus !"
Il replongea dans ses pensées, essayant d'imaginer les parents Moldus qui avaient éduqué Granger. Comment était-ce possible ?
"C'est pour ça qu'elle a l'air constamment…"
"Folle ? Oui, probablement." coupa Pansy.
Drago n'allait pas dire ça, il allait dire brûlante, comme si elle avait de la fièvre, comme si elle émanait toujours de la chaleur autour d'elle qui la différenciait tant des visages de glace de son entourage. Il ne corrigea pas Pansy cependant. Elle continuait de le fixer, ahurie :
"Drago, tu ne peux pas te faire voir en compagnie de Granger. C'est dangereux. Imagine la réaction de tes parents s'ils l'apprenaient… Tu ne dois jamais te faire voir avec elle."
Drago leva franchement les yeux au ciel : à l'entendre, on aurait pu croire qu'il l'avait demandée en mariage devant toute la Grande Salle.
"Relax, je ne lui ai parlé qu'une ou deux fois, et après m'être rendu compte qu'elle était aussi proche de Potter et Weasley, j'ai coupé les ponts. Maintenant que je sais qui elle est, je ne lui parlerai plus jamais."
"J'espère bien. Je n'en reviens pas que tu n'étais pas au courant."
Pansy se rallongea devant le ciel et Drago fit de même, toujours aussi perplexe. Découvrir ça de Granger lui donnait une raison de plus pour la détester. Elle était inférieure à lui, sauf peut-être en cours, et il pourrait facilement la dépasser s'il le voulait. Maintenant, elle le dégoûtait.
Il repensa au moment où il l'avait accompagnée poster sa lettre en réalisant qu'elle l'avait probablement envoyé à ses parents moldus et il eut la chair de poule. Lucius lui avait toujours interdit de parler avec des nés-moldus, mais il n'avait jamais précisé qu'ils pouvaient autant lui ressembler.
Il s'attendait à pouvoir les reconnaître à des kilomètres, marqués par la maladie, mais Granger était la preuve vivante qu'il fallait se méfier de tout le monde dans cette école. Même si elle était très jolie.
Hermione
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Hermione passa le reste de ses vacances de Noël en compagnie de Danny et Mary, qui était rentrée de son Noël avec sa famille. Ils allèrent au cinéma, au parc, à la patinoire, et regardèrent des films dans le salon des Granger. Ils passèrent même le Nouvel An chez elle, et hurlèrent de joie quand l'horloge sonna minuit.
Mais aussi triste qu'elle était de devoir quitter de nouveau ses proches, Hermione devait avouer qu'elle avait hâte de retrouver Harry, Ron, et Poudlard. Quand elle était chez elle, elle avait l'impression d'être complètement coupée du monde des sorciers et elle n'aimait pas trop ça.
Danny et Mary restèrent pour le dîner la veille de son départ et ils se dirent au revoir sur le palier de la porte de sa maison. Puis, Hermione rangea sa valise en ajoutant quelques pulls et ses cadeaux de Noël dedans, et s'endormit profondément.
Le lendemain, ses parents l'emmenèrent à King's Cross et Hermione leur dit au revoir dans la voiture parce qu'ils n'avaient pas le temps de l'accompagner avant de commencer le travail. Elle prit sa grosse malle et traversa la plateforme 9 et 10, entra dans le train et s'installa dans un compartiment vide pour le reste du trajet.
Enveloppée dans la couverture de sa maman de toutes les couleurs, Hermione passa son voyage en alternant entre sa lecture, regarder les paysages et manger le sandwich que son père lui avait préparé le matin-même. Personne ne vint la déranger jusqu'à Poudlard, excepté la troupe des Serpentards qui s'arrêtèrent devant son compartiment pour lui jeter des regards de dégoût.
En arrivant à Poudlard, Hermione était frigorifiée, mais très heureuse d'être rentrée. Elle se précipita dans les escaliers pour retrouver Harry et Ron dans la Salle Commune. Elle les trouva là, en train de jouer à un jeu de bataille explosif. Quand elle arriva, ils levèrent tous les deux la tête :
"Hermione !" s'exclamèrent-ils en souriant.
"Comment s'est passé votre Noël ?" demanda-t-elle.
"Pas mal." dit Ron en haussant les épaules.
"Pas mal ? Génial, plutôt ! J'ai eu des cadeaux pour la première fois de ma vie. Merci pour les Chocogrenouilles, d'ailleurs." lança Harry.
"Avec plaisir. Vous les avez déjà toutes dévorées, je suppose ?"
"Non, mauvaise langue." s'indigna Ron. "On a des cadeaux pour toi aussi, on n'osait pas les envoyer par hiboux à cause de tes parents."
"J'envoie des lettres à mes parents toutes les semaines, ils sont habitués aux hiboux maintenant."
Il lui tendit deux paquets avec le même papier cadeau. Le premier était une plume de la part de Ron, une longue et blanche, un peu comme celle sur laquelle ils s'étaient entraînés pour le sort de lévitation en Sortilèges le jour d'Halloween. L'autre paquet était celui d'Harry, qui contenait des petits sablés à la vanille.
"Merci beaucoup, ça me touche beaucoup."
"Maintenant, on doit te raconter ce qu'on a fait pendant les vacances…"
Hermione s'agenouilla à côté d'eux pour écouter le récit de leurs vacances. Elle s'attendait à entendre des découvertes sur Nicolas Flamel, mais elle fut déçue quand elle comprit qu'ils n'avaient rien appris sur lui. A la place, Harry lui raconta sa découverte du miroir du Rised, et surtout ses escapades nocturnes.
"Tu es sorti dans les couloirs trois fois ?" demanda-t-elle, scandalisée. "Et si Rusard t'avais attrapé ?"
"J'ai reçu un cadeau qui m'a permis d'y échapper." répondit Harry avec un éclat de malice dans les yeux.
Il monta dans le dortoir et redescendit avec un tissu étrange et roulé en boule. Harry lui tendit, avec un morceau de parchemin. Quand elle prit le tissu argenté, elle se rendit compte qu'il était très léger.
"Une cape d'invisibilité ?" demanda-t-elle.
"Comment tu le sais ?" demanda Ron. "Tu en avais déjà vu avant ?"
"Non, j'ai lu ça dans un livre de la Bibliothèque. Qui t'as offert ça ?"
Harry lui tendit le morceau de parchemin : "Ton père m'a laissé ceci avant de mourir. Il est temps que tu en hérites. Fais-en bon usage. Joyeux Noël."
Hermione fronça les sourcils.
"Tu sais qui ça peut-être ?"
"Aucune idée. J'aimerais bien le savoir."
"C'est ton père qui l'avait… Peut-être que ton père savait quelque chose et que cette cape peut te servir à comprendre ce que c'est ?"
"Je ne sais pas…"
Hermione passa sa main dans le tissu, et elle disparut. Elle eut un sursaut. Peu importe ce qu'elle pouvait lire ou apprendre tous les jours dans ce château, elle était toujours choquée par la magie, même après des mois à l'étudier.
Hermione
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Après plusieurs semaines à fréquenter les mêmes personnes, on commence à réellement les connaître. Hermione se familiarisa davantage avec Ron et Harry, et le fait de les voir tous les jours l'aidait à les comprendre.
Harry avait un sens de la bravoure qu'elle n'avait jamais vu chez quelqu'un d'autre, il était plus courageux que n'importe quel Gryffondor qu'elle connaissait. Il était attachant, sensible, et à l'écoute. Il ne supportait pas l'injustice, peut-être parce qu'il avait subi ça toute sa vie dans sa maison de Moldus, où il se plaignait souvent d'y avoir été malmené. Hermione ne comprenait pas comment on pouvait maltraiter quelqu'un d'aussi viscéralement gentil.
Ron, lui, était un peu plus effacé. Il était drôle, surtout cynique, et taquin. Il était aussi extrêmement maladroit, manquant souvent de tact, mais ses intentions étaient toujours bonnes. Il était admiratif, et se rangeait parfaitement dans l'ombre d'Harry. Il était aussi timide, et très fidèle. Ils étaient tous les deux différents, et pourtant s'entendaient extrêmement bien, comme s'ils se complétaient.
Hermione avait du mal à trouver sa place dans ce groupe au début, et puis ils avaient réussi à l'intégrer, et elle n'avait plus envie de partir. Elle avait envie de connaître Harry et Ron et de grandir à leurs côtés.
Elle passait la plupart de ses journées avec eux, de ses repas jusqu'aux cours. Le seul moment où elle était seule, c'était à la Bibliothèque. Malgré ses insistances, Harry et Ron semblaient déterminés à y passer le moins de temps possible, uniquement pendant les urgences, comme la recherche de ce fameux Nicolas Flamel.
Ça ne la dérangeait pas particulièrement, elle aimait ce temps rien que pour elle où elle n'était jamais dérangée pour lire ou faire ses devoirs. Elle y passa tous les soirs de sa semaine de rentrée pour rattraper le temps qu'elle avait perdu en vacances.
Le jeudi soir, après le dîner, Hermione était assise à l'une de ses tables préférées de la Bibliothèque. Au fil des mois elle avait érigé un classement mental des meilleures tables, et celle-ci était en train de devenir sa préférée. Elle était ronde, assez reculée, mais donnait une vue parfaite sur les premiers rayons et l'entrée. De plus, elle était située sous une immense fenêtre qui donnait sur le terrain de Quidditch, où elle pouvait apercevoir Harry qui s'entraînait avec le reste de l'équipe pour le prochain match.
Hermione était en train de réviser un paragraphe particulièrement difficile sur Ulric le Follingue du dernier cours d'Histoire de la Magie quand elle sentit un regard persistant sur elle. En relevant la tête, elle croisa les yeux glacés de Drago Malefoy, debout près d'une étagère. Il avait l'air énervé, mais elle ignorait complètement pourquoi. Incapable de se concentrer de nouveau, elle lui lança :
"Qu'est ce que tu veux, Malefoy ?"
Il ne la lâcha pas du regard mais sembla surpris qu'elle l'interpelle. Il s'approcha d'elle et, visiblement incapable de se retenir plus longtemps, fulmina :
"Comment oses-tu me parler ?"
"Je ne sais pas, tu me regardes bizarrement depuis cinq bonnes minutes, tu avais visiblement quelque chose sur le coeur." dit-elle sèchement.
"La dernière fois, tu as dit "je pense que tu comprendras vite pourquoi je ne peux pas être ton amie, Malefoy." Est-ce c'était ça dont tu voulais parler ?"
"Ça quoi ?"
"Tes origines moldues."
Hermione soupira et referma son livre.
"Oui, j'ai supposé que tu allais l'apprendre un jour ou l'autre. Qui te l'as dit ?"
"Quelle importance ? Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?"
"Parce que je savais que ça allait changer ta vision sur moi, et je suppose que je voulais te prouver que les qualités de quelqu'un ne dépendaient pas de son sang."
"Parce que tu penses sincèrement que j'allais vouloir être ton ami alors que tu appartiens à… ces gens-là ?" dit-il en regardant autour de lui, de peur de se faire surprendre en train de parler avec elle.
"Je pense que tu n'as aucune idée de ce que c'est, et que tu parles simplement en te basant sur ce que ta famille te dit sur la mienne. Est-ce que tu veux que je t'explique ?"
"M'expliquer quoi, Granger ? Je sais parfaitement ce que tu es. Je n'ai pas besoin de tes explications. Tu me dégoûtes."
Et il s'en alla, laissant Hermione figée sur sa chaise. Personne ne lui avait dit une chose aussi cruelle en restant parfaitement calme de la sorte. Seuls ses yeux gris étaient révulsés par la colère.
Elle décida de ne plus y penser et tira une croix définitive sur une potentielle amitié avec Drago Malefoy en rangeant ses cahiers dans son sac. Il était vraiment horrible, avec tous ses préjugés qu'il ne comprenait même pas lui-même.
Hermione rejoignit la Salle Commune où elle fut heureuse de voir Ron en train de parler avec Dean. Elle s'approcha d'eux et il se tourna vers elle :
"Déjà de retour ? Tu as fini tous les livres de la Bibliothèque ?"
"Non, j'en avais marre de faire mes devoirs. Qu'est-ce que vous faites ?"
"Pas grand chose."
"Je vais au lit." annonça Dean en se levant. "Bonne nuit !"
Ron se tourna vers elle et lui proposa de jouer aux échecs sorciers. Hermione accepta et ils commencèrent à jouer, Ron était tellement concentré sur ses pièces qu'elle comprit qu'elle n'aurait probablement aucune chance de gagner. Les premiers tours lui donnèrent raison : Ron réussit à prendre sa reine et ses deux cavaliers.
Tandis qu'il réfléchissait à une nouvelle stratégie en écoutant ses pièces débattre sur la prochaine tactique à emprunter, Hermione réfléchit à ce que Malefoy lui avait dit à la Bibliothèque. "Tu me dégoûtes." Elle savait que beaucoup de familles sorcières pensaient que les nés-moldus ne méritaient pas leurs places ici, mais Hermione était intimement persuadée que Malefoy ne savait pas vraiment ce qu'il disait. Il devait répéter inlassablement ce que ses parents lui disaient.
Elle regarda Ron et se dit que c'était un Sang-pur aussi, mais qu'il n'avait jamais fait la moindre remarque sur ses origines. Elle ouvrit la bouche pour lui raconter ce que Malefoy lui avait dit à la Bibliothèque, mais Harry s'assit à côté d'eux, un peu paniqué.
"Attends, ne me parle pas pour l'instant. Je dois me concen… Qu'est ce qu'il se passe ?" demanda Ron en voyant la tête d'Harry.
"Rogue va arbitrer le prochain match contre Poufsouffle, Dubois vient de l'annoncer à l'équipe pendant l'entraînement."
"Il ne faut pas que tu joues." dit aussitôt Hermione.
"Tu n'as qu'à dire que tu es malade." conseilla Ron.
"Fais semblant de t'être cassé la jambe."
"Ou casse toi vraiment la jambe."
"Impossible." répondit Harry solennellement. "Il n'y a pas d'Attrapeur remplaçant dans notre équipe. Si je déclare forfait, Gryffondor ne pourra pas jouer du tout."
Hermione faillit lever les yeux au ciel en entendant un tel engouement pour seulement un sport quand tout le monde se tourna vers la porte de la Salle Commune. Neville venait de rentrer en tombant par terre à plat ventre. Il avait les jambes collées ensemble et gémissait de douleur sur le sol.
Hermione se leva pour aller l'aider, ignorant les éclats de rire des autres Gryffondors, et sortit sa baguette pour annuler le sort. Neville se releva péniblement et elle l'emmena à la table d'Harry et Ron.
"Qu'est ce qu'il s'est passé ?"
"C'est Malefoy." répondit Neville faiblement. "Je l'ai croisé devant la Bibliothèque. Il m'a dit qu'il cherchait quelqu'un pour s'entraîner à lancer ce mauvais sort."
Décidément, Malefoy était en forme ce soir.
"Va voir le professeur McGonagall. Raconte ce qu'il s'est passé." suggéra Hermione.
"Ca me rapporterait encore plus d'ennuis." marmonna-t-il en secouant la tête.
"Il faut que tu te défendes ! Il a pris l'habitude de marcher sur tout le monde, il ne faut pas lui faciliter la tâche en se couchant devant lui." dit Ron.
Hermione ne pouvait pas blâmer Neville, elle n'était pas assez courageuse pour reporter ce que lui avait Malefoy non plus, même pas à Ron.
"Je sais bien que je ne suis pas assez courageux pour être à Gryffondor, Malefoy me l'a déjà dit." gémit Neville.
Harry lui tendit une Chocogrenouille et le réconforta :
"Tu vaux douze fois mieux que Malefoy. C'est le Choixpeau magique qui a décidé de t'envoyer à Gryffondor, non ? Et Malefoy, où est-il, lui ? Chez ces horribles Serpentards !"
Neville sourit un peu en ouvrant le chocolat. Hermione admirait Harry pour sa facilité à consoler ceux qui en avaient besoin.
"Merci, Harry. Je crois que je vais aller me coucher. Tu veux la carte de la Chocogrenouille ? Tu fais la collection je crois ?"
Harry prit la carte tandis que Neville rejoignait son dortoir. Hermione contempla de nouveau le jeu d'échecs et ses pauvres pièces qui n'osaient même plus l'aider pour battre Ron.
Harry poussa alors une exclamation perçante qui la fit sursauter :
"Je l'ai trouvé !" murmura-t-il. "J'ai trouvé Flamel !"
Harry s'empressa de lire la carte de Dumbledore :
"Écoutez ça : Dumbledore s'est notamment rendu célèbre en écrasant en 1945 le mage Grindelwald, de sinistre mémoire. Il travailla en étroite collaboration avec l'alchimiste Nicolas Flamel et on lui doit la découverte des propriétés du sang de dragon !"
Hermione sauta sur ses pieds dès qu'il eut fini de lire :
"Attendez-moi ici."
Elle se rua dans les escaliers pour aller chercher l'un des livres de sa table de chevet et redescendit avec, sous les regards perplexes des deux garçons.
"Je n'avais jamais pensé à regarder là-dedans ! J'avais pris ce livre à la Bibliothèque il y a déjà un bout de temps pour avoir quelque chose à lire le soir."
"Tu parles d'un plaisir !" commenta Ron. "Lire un truc comme ça avant de s'endormir !"
Hermione lui fit un geste de la main pour qu'il arrête de se moquer et chercha le chapitre qu'elle voulait.
"Je le savais ! Je le savais !"
"On a le droit de dire quelque chose, maintenant ?" maugréa Ron.
"Nicolas Flamel est le seul alchimiste qui ait réussi à fabriquer la pierre philosophale !" s'exclama-t-elle.
"La quoi ?"
"Vous ne lisez donc jamais rien ? Regardez ça."
Elle leur tendit le livre pour qu'ils puissent lire le paragraphe en question. À la fin, ils semblèrent enfin comprendre ce que cette découverte impliquait, et ce que gardait Touffu sous la trappe. Et leurs théories sur la pierre philosophale réussit à enlever tout de suite Malefoy des pensées d'Hermione.
Drago
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"Moi, je ne viens pas, il fait trop froid."
"Mais Pans', c'est un des matchs les plus importants de l'année !"
"Tu dis ça pour absolument tous les matchs, Drago. Vas-y avec Crabbe et Goyle, on se retrouve après."
Drago soupira et se dirigea vers l'une des tours qui surplombaient le terrain de Quidditch pendant que Pansy retournait au château, emmitouflée dans son écharpe de Serpentard.
Crabbe et Goyle le suivaient de près, mais aucun autre ami à lui n'avait accepté de venir voir le match. Personne n'avait l'air d'aimer le Quidditch autant que lui.
Quand il arriva, sa mauvaise humeur s'évapora en voyant Weasley et Granger dans les tribunes. Il allait se défouler sur eux en attendant que Poufsouffle ne gagne le match. Il lança un sourire mauvais à Crabbe et Goyle qui dûrent comprendre ses intentions parce qu'ils se dirigèrent aussi vers eux. Drago donna un coup de coude à Weasley qui se retourna brutalement :
"Désolé, Weasley, je ne t'avais pas vu."
Il sourit à Crabbe et Goyle et ils s'assirent tous les trois derrière Weasley, Granger et Londubat qui fixaient obstinément le match. Le match commença, Potter zonait au-dessus de tout le monde en cherchant le Vif d'Or.
"Je me demande combien de temps Potter va réussir à rester sur son balai. Quelqu'un veut parier ? À ton avis, Weasley ?" commenta Drago.
Il l'ignora. Drago regardait à peine le match, il s'amusait beaucoup trop à se moquer de Weasley qui avait l'air tellement stressé à l'idée que son Potter se blesse. Granger aussi était affolée. Drago remarqua que ses doigts étaient croisés sur ses genoux et qu'elle se balançait d'avant en arrière légèrement en fixant Potter.
"Vous savez comment ils choisissent leurs joueurs dans l'équipe de Gryffondor ?" reprit Drago pour énerver davantage Weasley qui semblait au bord de la crise de nerf. "Ils vont chercher les gens qui leur font pitié. Par exemple, ils ont pris Potter parce qu'il n'a pas de parents, les Weasley parce qu'ils n'ont pas d'argent et ils vont sûrement prendre Londubat parce qu'il n'a pas de cerveau."
Le visage rougeâtre de Londubat lui fit face :
"Je vaux douze fois mieux que toi, Malefoy."
Drago éclata de rire avec Crabbe et Goyle.
"Bien dit, Neville." dit Weasley sans bouger.
"Si le cerveau était en or, tu serais encore plus pauvre que Weasley, ce qui n'est pas peu dire." lança Drago, amusé.
Drago remarqua que Granger l'ignorait royalement, il n'était même pas sûr qu'elle ait entendu ce qu'il avait dit tant elle était fixée sur le jeu. Ça l'énerva. Il voulait qu'elle réagisse et qu'elle s'énerve pour qu'il lui balance une insulte en pleine face, ce n'était pas aussi satisfaisant quand elle avait le dos tourné.
"Je te préviens, Malefoy." menaça Weasley en se tournant vers Drago. Son visage était aussi rouge que la racine de ses cheveux. "Un mot de plus et…"
"Ron !" s'exclama soudain Granger. "Harry !"
"Quoi ? Où ?"
Drago leva les yeux et vit Potter faire une descente en piqué, le bras tendu.
"Tu as de la chance, Weasley, Potter a dû voir une pièce de monnaie par terre." railla Drago.
Il s'attendait à tout sauf à être projeté violemment sur le sol. Weasley s'était jeté sur lui comme un boulet de canon et il eut le temps de lui asséner un coup de poing dans la mâchoire avant que Drago ne le pousse de toutes ses forces pour rouler sous les gradins et le frapper à son tour. Crabbe et Goyle n'avaient eu le temps de rien voir non plus, et très vite Londubat enjambea sa rangée et cogna férocement le nez de Goyle.
Drago empêcha Weasley de lui donner un autre coup et visa plutôt son nez qu'il sentit se fendre en deux sous son poing. Il gémissa de douleur et du sang gicla entre les doigts de Drago. Pendant les quelques secondes où il regarda le sang sur sa main, ébahi, Weasley eut le temps de le frapper de nouveau, à l'œil cette fois, et Drago tomba en arrière en poussant un cri de douleur. Crabbe assoma Londubat et il tomba par terre misérablement, à côté de Drago qui se releva péniblement.
"Ron ! Ron ! Où es-tu ?" hurla Granger au-dessus de lui en sautillant sur place. "Le match est fini ! Harry a gagné ! On a gagné ! Gryffondor prend la tête du championnat !"
Drago s'assit sur un des gradins et cracha du sang en grommelant, essayant d'ignorer la joie de Granger à côté de lui qui serrait Dean Thomas dans ses bras. Il ne voulait même pas regarder le match, il avait compris que Potter avait attrapé le Vif d'Or.
"Va le voir, Ron !" lança Granger à l'adresse de Weasley qui descendit précipitamment les escaliers de la tour, le nez toujours ensanglanté mais avec un sourire béat sur le visage. Crabbe et Goyle le suivirent au pas de course.
Le sourire de Granger se dissipa quand elle vit Londubat à ses pieds, inconscient. Elle s'agenouilla à côté de lui et chercha le responsable. Elle ne mit pas de temps à voir Drago, assis sur l'un des gradins à côté de lui.
"Qu'est ce que tu as fait, Malefoy ?" grinça-t-elle en prenant la tête du garçon entre ses mains.
"C'est Weasley qui m'a attaqué, et Londubat a cru qu'il allait réussir à battre Crabbe et Goyle tout seul, cet idiot." siffla Drago entre ses dents.
Granger n'avait pas l'air furieuse, mais plutôt désapprobatrice. Ses longs cheveux bouclés étaient coincés dans son écharpe et ses joues plus rouges que jamais.
"C'est toi qui l'a provoqué !"
Malefoy ouvrit la bouche pour répliquer, n'importe quoi, une menace, une insulte, mais il n'eut aucune idée de quoi lui dire. Il croisa son regard chocolat et ses sourcils froncés et se retrouva soudain à ne pas pouvoir penser à quelque chose qui pourrait l'énerver, ou la blesser. Elle finit par baisser de nouveau la tête vers Londubat et sortir sa baguette pour l'aider, et Drago se leva pour éviter de se faire voir en train de parler avec elle.
Il retourna à la Salle Commune sans Crabbe et Goyle, qui avaient disparu après le match de Quidditch. Drago était furieux, déjà contre Weasley pour l'avoir frappé de la sorte sans qu'il s'y attende, contre Potter qui avait encore réalisé un exploit sans le vouloir, mais aussi contre Granger, sans savoir pourquoi. Son regard de déception l'avait décontenancé, il aurait préféré voir de la rage plutôt que cet air de reproche qu'elle lui avait lancé, comme s'il était un enfant qu'il fallait gronder.
Il sentait la colère monter en lui, et ses grandes respirations peinaient à le calmer.
Quand la porte s'ouvrit, Pansy tourna à peine son regard vers lui.
"Déjà ?"
Blaise et Théodore, assis à côté d'elle, se levèrent subitement en voyant le visage de Drago. Pansy se tourna et le vit, et elle laissa échapper un cri de surprise.
"Drago !"
"Qu'est-ce qu'il s'est passé ?" demanda Blaise, alarmé.
Drago s'assit sur le fauteuil devant le feu. Ses trois amis se tournèrent vers lui, il devait vraiment avoir une tête déformée pour qu'ils le regardent comme ça.
"Weasley. On s'est battus."
"Pourquoi ?"
"Je me suis moqué de lui, et d'un coup il m'a sauté dessus. Il m'a frappé à la mâchoire et à l'œil, et moi je lui ai cassé le nez."
"Où sont Crabbe et Goyle ?" demanda Nott. "Ils ne sont pas censés être là pour ce genre de situation ?"
"Aucune idée. Londubat s'est jeté sur eux. Il s'est fait assommé et emmené à l'infirmerie."
Nott et Blaise ricanèrent en entendant ça, mais Pansy avait un visage de marbre. Elle avait le même regard de reproche que Granger, mais celui de Pansy était beaucoup plus glacial.
"Est ce que ça valait vraiment le coup, Drago ?" dit-elle. "De te faire casser la gueule pour trois secondes de gloire ?"
"C'est pas grand chose." répliqua-t-il froidement.
"Pas grand chose ?!"
"Elle a raison, Dray, t'as vraiment une sale tête." commenta Blaise.
Drago prit le petit miroir que Pansy lui tendit qui lui servait pour appliquer du rouge à lèvre et contempla les dégâts. Il avait un gros oeil au beurre noir qui s'étendait jusqu'à sa tempe et qui l'empêchait presque d'ouvrir l'oeil, et un gros hématome jaune sur la mâchoire.
"Je le déteste." dit-il en rendant le miroir à Pansy.
"Ça, on a cru le comprendre." commenta Théodore en s'allongeant de nouveau dans le canapé.
Drago
.
.
Drago n'attendait que le moment où il pourrait se venger de Weasley et Potter, et ce jour arriva très vite. Il était sur le chemin vers le cours de Métamorphose avec Pansy quand il entendit la voix de Granger s'exclamer :
"... des ennuis. Et ce ne sera rien comparé à ceux qu'aura Hagrid quand quelqu'un finira par s'apercevoir de ce qu'il a fait."
"Tais-toi !" l'interrompit Potter.
Drago s'arrêta net. Il attendit qu'ils s'éloignent pour se pencher vers Pansy :
"Tu as entendu ?"
"Entendu quoi ?"
"Granger !"
"Non ? Donne-moi ton essai, je n'ai pas eu le temps de finir le mien."
Pansy fouilla dans le sac de Drago en cherchant son rouleau de parchemin de devoirs mais Drago réclama de nouveau son attention :
"Pans', ils ont dit que ce lourdeau d'Hagrid avait fait une connerie."
"Et ?"
"Et si je découvrais ce que c'était, peut-être que Potter et sa clique pourrait avoir des ennuis !"
"Oh, sérieusement Drago ? T'être battu avec Weasley ne t'as pas suffi ?"
"Non, je veux me venger."
Pansy fit rouler ses yeux et commença à copier à la vas-vite ses devoirs avant d'entrer dans la classe de McGonagall. Drago lui demanda :
"Quel cours ont les Gryffondors, ce matin ?"
"Botanique."
Il ne demanda pas comment elle savait, Pansy avait le don pour tout savoir sur l'école. Elle était capable de raconter la vie de quelqu'un au détail près sans lui avoir jamais adressé la parole. Ils entrèrent dans la salle et Pansy déposa fièrement son parchemin sur sa table pendant que McGonagall lançait un Accio pour récupérer leurs devoirs.
Drago n'écouta pas un mot du cours et dès que la cloche du château sonna, il rangea rapidement ses affaires et ignora le soupir de Pansy en se précipitant dehors. Il se dirigea tout droit vers la petite hutte du garde-chasse, et chercha une fenêtre où les rideaux n'étaient pas complètement tirés.
Comme il l'avait prédit, Potter, Granger et Weasley étaient assis autour de la table en bois. Drago essaya de voir ce qu'ils regardaient, mais Hagrid lui cachait la vue. Soudain, il vit des étincelles qui brûlèrent légèrement la surface de la table, et Hagrid se décala suffisamment sur la droite pour que Drago puisse voir ce qui avait produit ça.
Il n'en revint pas. C'était un dragon, un bébé dragon tout noir avec des gros yeux orange.
Un dragon ?! Il n'en croyait pas ses yeux. Cette fois, il les tenait, il était sûr qu'il pouvait les faire tomber, tous les quatres. Il s'arracha de la contemplation de la créature quand Hagrid remarqua que les rideaux étaient entrouverts et se rendit au château à toute vitesse pour raconter à Pansy ce qu'il venait de voir.
Drago
.
.
Cette fois, même Pansy était excitée quand elle écouta la découverte de Drago, qu'il lui raconta en chuchotant en cours de Défense contre les Forces du Mal. Le soir, il s'empressa de répéter son récit à Blaise et Nott dans leur dortoir, et ils furent tous les deux aussi scandalisés que Pansy :
"Un dragon ? Mais c'est interdit par la Convention des sorciers de 1709 !" s'exclama Nott.
"Pas la peine d'étaler tes connaissances, on sait tous que c'est interdit." railla Pansy qui était assise sur le lit de Drago (elle était toujours dans leur dortoir le soir jusqu'au moment où ils allaient dormir.)
"Cet Hagrid est vraiment idiot." commenta Blaise en pliant ses vêtements. "Sa cabane est en bois."
"Bien vu. Qu'est ce que tu vas faire, maintenant ?" demanda Nott à Drago.
"Déjà, je vais m'amuser un peu, les torturer mentalement en leur montrant que je connais leur secret." répondit-il avec un sourire en coin.
"Et ensuite ?"
"Je ne sais pas encore. Mais si je le fais bien, Hagrid peut se faire virer, et j'aurais ma vengeance sur Weasley. Avec un peu de chance, ils tomberont aussi, tous les deux."
"Trois." corrigea Pansy. "Granger était là aussi, non ?"
Drago acquiesça. Il avait oublié que Granger risquait une exclusion, elle aussi, trop préoccupé par les sorts de Weasley et Potter. Comment pouvait-elle être aussi bête ? Ne savait-elle pas à quel point les dragons étaient dangereux, même si elle venait du monde des moldus ?
Pendant les jours qui suivirent, Drago s'amusa à regarder les visages tordus par l'appréhension des trois Gryffondors dès qu'il passait à côté d'eux. Ils devaient probablement avoir compris qu'il avait découvert leur secret, mais Drago était sûr qu'ils n'avaient pas réussi à se débarrasser du dragon parce qu'ils avaient l'air toujours aussi affolés, et passaient beaucoup de temps dans la cabane d'Hagrid.
Un matin, alors que Drago mangeait son petit-déjeuner avec Blaise, ce dernier montra la table des Gryffondors avec le bout de sa fourchette :
"Regarde la main de Weasley."
Drago leva la tête et observa le bras du rouquin, et vit ce que Blaise avait vu. Sa main avait doublé de volume, il peinait à tenir ses couverts pour manger, et il était encore plus pâle que d'habitude.
"C'est le dragon, tu penses ?" demanda Drago, excité.
"C'est sûr." intervint Nott en regardant, lui aussi, la main de Weasley de l'autre côté de la salle. "Une morsure de Norvégien à crêtes, je dirais."
Blaise et Drago se tournèrent vers lui tandis qu'il prenait une orange sur le plateau devant lui, insensible aux regards choqués de ses amis.
"Comment peux-tu savoir ça ?!" demanda Blaise.
"Parce que je suis plus cultivé, et intelligent, et doué, que vous." répondit-il tranquillement. "Tu ne me battras jamais, Zabini, même après des heures et des heures de révision, je serais toujours plus fort que toi."
Blaise répliqua sur le même ton et ils se disputèrent sur leurs notes tandis que Drago restait focalisé sur la morsure de Weasley. Il ne voulait pas rater sa chance de le dénoncer, il devait agir vite, avant que Potter ne trouve une idée pour se dédouaner.
Pendant le cours de Vol sur balai de l'après-midi, la main de Weasley avait pris une horrible teinte verdâtre et ne semblait pas dégonfler, alors il se rendit à l'infirmerie en début de cours. Drago saisit son opportunité et se rendit à l'infirmerie au lieu d'aller au cours suivant.
"C'est pour quoi ?" demanda Madame Pomfresh en le voyant arriver.
"Je viens visiter Weasley. Euh, Ron. Il a un livre que je dois emprunter pour le prochain cours."
L'infirmière le fixa étrangement à travers ses lunettes, mais le laissa passer. Il s'approcha du lit avec un sourire malveillant. Weasley était allongé, sa main en évidence sur le drap et qui était maintenant tellement enflée qu'on ne voyait presque plus ses doigts.
"Malefoy ?" demanda le rouquin, surpris. "Qu'est-ce que tu fais là ?"
"Je suis venu t'emprunter ton livre. Ou du moins, c'est ce que j'ai dit à l'infirmière." dit Drago d'une voix sournoise. "Qu'est-ce que tu lui as dit pour qu'elle te fasse entrer comme ça ?"
"Un chien. C'est un chien qui m'a mordu." maugréa Weasley en mettant sa "main" sous la couette.
"Un chien ? Et elle a cru ça ?"
"C'est ce qu'il s'est passé."
"Hm, je ne crois pas, Weasley. Je pense que c'est plutôt un dragon, un bébé dragon, que ton ami Hagrid veut élever parce qu'il est aussi bête qu'un tronc d'arbre. Et je vais aller le dire à Madame Pomfresh de ce pas."
Il fit mine de s'éloigner mais Weasley le rappela, énervé mais surtout angoissé.
"Tu ne sais pas de quoi tu parles, Malefoy."
"Au contraire, je sais parfaitement de quoi je parle. Tu es vraiment stupide, à suivre Potter partout. Tu espères avoir quoi, en échange ? De l'argent ? De la reconnaissance ? Arrête de rêver, Weasley. Ta famille est aussi pathétique que cet abruti d'Hagrid."
"Tais-toi Malefoy, ou je vais te…"
Weasley voulut prendre sa baguette magique mais il n'arrivait plus à sortir sa main douloureuse du drap et il gémit de douleur. Drago eut un rire narquois :
"Quoi, tu veux essayer de me faire mal ? Avec cette main-là, tu ne vas rien faire du tout. Déjà que tu n'arrivais pas à produire le moindre sort avant ça…"
Drago arqua un sourcil moqueur et prit le livre sur la table de chevet de Weasley avant de sortir de la pièce sous le regard sévère de l'infirmière. Il retourna à la Salle Commune, jubilant.
"Pourquoi tu souris comme ça ? Et où étais-tu ?" demanda Pansy qui était allongée dans le canapé devant le feu.
"J'ai rendu une petite visite à Weasley. Sa main est en piteux état, et il a l'air absolument paniqué à l'idée que je dévoile son secret."
"C'est ce que tu vas faire ?" demanda Blaise qui avait posé ses pieds sur le fauteuil en face de lui.
Drago poussa les jambes de son meilleur ami pour s'asseoir sur son fauteuil habituel et contempla le feu qui crépitait dans l'âtre de la cheminée.
"Je ne sais pas encore." avoua-t-il.
"C'est quoi, ce livre ?" demanda Nott en prenant l'ouvrage que Drago avait volé à Weasley à l'infirmerie.
"Le livre qu'avait Weasley, je l'ai pris pour faire semblant de lui emprunter quelque chose devant Madame Pomfresh."
Nott prit le livre et examina la couverture. Toute personne qui passait plus de cinq minutes avec Théodore Nott pouvait en venir à la conclusion qu'il était passionné par les livres. Il en avait toujours un sous la main, et c'était difficile de le voir autrement qu'avec son nez plongé dans un bouquin depuis qu'il était à Poudlard. Il était peut-être aussi féru de la Bibliothèque que Granger, et c'était peu dire.
Drago fixait résolument le feu, réfléchissant à une stratégie pour dénoncer Potter et Weasley de la plus belle manière possible.
"Drago !" s'écria Nott.
"Quoi ? Tu veux me montrer un autre paragraphe sur un troll qui a existé il y a deux siècles ?" grommela Drago qui venait de se faire interrompre dans ses plans mentaux.
"Non, imbécile, regarde ce qu'il y avait dans le livre de Weasley !"
Drago prit la lettre que Nott avait trouvé coincée entre deux pages. Il la lut à voix haute et comprit qu'il s'agissait d'une lettre d'un énième Weasley, probablement un de ses frères aînés :
"Pourriez-vous amener le dragon au sommet de la plus haute tour du château, samedi à minuit ? Mes amis vous retrouveront à cet endroit et profiteront de l'obscurité pour emporter le dragon."
Drago écarquilla les yeux en lisant cette partie.
"Comment vont-ils faire pour transporter un suédois à crête ou je ne sais quoi à minuit ?" demanda Pansy en ignorant Nott qui voulait visiblement la corriger sur l'appellation du dragon.
"Ils sont fous, ils vont se faire prendre." dit Blaise.
"Tant mieux. Je veillerais personnellement à ce qu'ils le soient." décida Drago.
Aucun de ses amis ne répondit, et ils changèrent vite de sujet, mais Drago ne pensait qu'à une chose : coincer Weasley et Potter samedi à minuit.
