11 : quatre familles bien différentes
Hermione
L'été passa en un claquement de doigts. Ses parents travaillaient souvent au cabinet, donc elle passait beaucoup de temps avec Danny et Mary. Ils étaient tellement heureux d'être en vacances, Hermione n'osait pas leur dire qu'elle aurait aimé retourner à Poudlard encore plus vite. Ils passèrent l'été à se promener dans les parcs de Londres, manger des glaces, faire des pique-niques, aller au cinéma… C'était un très bon moyen de faire passer le temps. En plus, Danny et Mary avaient cette capacité à faire filer le temps bien plus vite que quand elle était seule chez elle.
Hermione passait aussi beaucoup de temps à écrire des lettres à Harry, Ron, et Neville. Elle ne leur racontait pas beaucoup leurs vacances, et préférait plutôt demander des nouvelles d'eux, et du monde des sorciers à Ron et Neville. Ces derniers ne répondaient pas très vite, dès qu'un hibou toquait à sa fenêtre, elle était toujours heureuse de recevoir de leurs nouvelles.
Harry, cependant, ne répondit à aucune lettre. Hermione en envoya une bonne dizaine avant de comprendre que les gens chez qui il vivait, Vernon et Pétunia, devaient être assez abominables pour l'empêcher de les lire. Elle les avait vus à la gare, le dernier jour d'école, et elle avait compris tout de suite que les récits qu'Harry lui avait partagé sur sa vie là-bas étaient bien vrais.
Ron lui informa dans une de ses lettres qu'Harry ne lui répondait pas non plus. Elle espérait qu'il ne passait pas un été trop horrible, surtout le jour de son anniversaire. Elle était presque tentée d'aller chez lui, mais elle n'avait en réalité aucune idée de l'endroit où il habitait, et elle ne pouvait pas faire de magie en dehors de Poudlard.
Quand elle n'était pas avec Danny ou Mary, Hermione lisait. Elle n'avait jamais autant lu de toute sa vie, tous les jours elle avait un livre différent. Mrs. Pince avait été assez gentille pour lui laisser emprunter des livres pendant l'été, à condition qu'elle les rapporte à la Bibliothèque le jour de la rentrée, et qu'ils ne soient pas abîmés. Hermione avait donc chargé sa malle de toutes sortes de documentations sur plein de sujets différents. Elle avait peur de tout oublier pendant ces deux mois de vacances.
Vers la fin de juillet, Hermione se rendit chez sa grand-mère, à Edimbourg, pendant deux semaines. Danny et sa famille partaient en même temps en Islande, et les parents de Mary l'emmenait en Egypte pendant un mois.
Pour le dernier soir avant leurs départs respectifs, Hermione proposa un pique-nique dans Hampstead Heath, et ils acceptèrent. Quelques soirs pendant le mois de juillet, le parc organisait une projection de film dans le parc, et ce soir-là, c'était Retour vers le Futur. Ils s'installèrent donc dans l'herbe, devant l'écran du parc, et dégustèrent les toasts qu'ils avaient fait avant de partir, en attendant que le film ne commence.
Juste au moment où la projection allait commencer, Thomas, le frère aîné de Danny, s'approcha d'eux.
"Hey, je savais pas que vous alliez voir ce film aussi. Je peux m'asseoir avec vous ?"
Danny et Mary hochèrent la tête tandis qu'Hermione lui faisait de la place à côté d'elle pour qu'il puisse s'asseoir sur la nappe. C'était rare que Thomas passe du temps avec eux, il était plus âgé et passait son temps avec son groupe d'amis à lui.
"Tu n'es pas avec Polly et Darren, ce soir ?" demanda Danny.
"Non, ils sont partis en vacances hier. Je me suis dit que j'allais sortir un peu. Vous voulez des pop-corns ? Je vous les offre."
Thomas se leva sans attendre de réponse et revint avec quatre énormes boîtes de pop-corns qu'il distribua.
"Merci Thomas !"
"Pas de problème." dit-il en s'asseyant de nouveau sur la nappe, juste à côté d'Hermione.
Le film commença, et Hermione essaya vraiment de se concentrer pour comprendre l'intrigue, mais elle était perturbée. Elle pouvait entendre la respiration de Thomas à côté d'elle, et si elle tournait un peu les yeux, elle pouvait presque l'entrevoir.
Thomas était le seul garçon qui lui faisait cet effet-là. Depuis qu'elle était en primaire, elle avait une sorte d'admiration, mêlée à de l'attirance pour lui. Elle ne ressentait pas du tout ça pour Ron, Harry, ou Danny. Elle mettait ça sur le fait qu'il était plus âgé qu'eux, qu'il était vraiment beau, et qu'elle l'avait toujours perçue comme le grand frère cool et distant qui grimpait aux arbres dans les parcs et traînait avec ses amis stylés du collège.
"Tu ne veux plus de tes pop-corns, Hermione ?" demanda soudain le concerné.
Elle sursauta et lui tendit son paquet entamé en secouant la tête.
"Non, j'ai trop mangé. Tiens."
"Merci."
Elle reposa son regard sur l'écran du film et essaya de se ressaisir. Elle avait sauté dans une trappe gardée par un énorme chien à trois têtes pour aller vaincre le Seigneur des Ténèbres, comment pouvait-elle être aussi troublée pour un garçon ?
Drago
L'été n'aurait pas pu être plus lent que ça. Dès qu'il retourna au Manoir, son père commença une longue leçon de morale sur ses notes, et à la fin, il hurlait presque :
"Même pas dans les vingt premiers ? On pensait qu'en te mettant à Poudlard, cette école de pacotille, tu aurais pu briller, nous rendre fiers ! Mais non ! Tu t'es juste ridiculisé, c'est ça ? Zabini et Nott sont dans le classement, eux ! Tu ne veux pas prendre exemple sur eux, au lieu de rester aussi médiocre ?"
"Mais j'ai travaillé !"
"Menteur !" hurla Lucius en tapant du poing sur la table. "Si tu avais travaillé, tu serais bien plus haut !"
"Lucius, calme toi." intima Narcissa.
"Je suis second en Potions." fit remarquer Drago d'une petite voix.
"Heureusement que tu l'es, ton professeur est un ami à nous. Vu tes notes, il a dû te privilégier. Tu aurais dû arriver premier !"
"Ce n'est pas de ma faute ! C'est Granger !"
"Qui ?"
"Granger ! C'est une née-moldue, elle est arrivée première dans toutes les matières, alors que c'est impossible ! Elle a triché, c'est sûr…"
"Tu veux dire…" dit Lucius en posant une main sur son front. "Que même une Sang de bourbe a réussi à être meilleure que toi ?"
Drago rassembla son courage pour ne pas paraître faible face à la colère de son père :
"Elle n'est pas meilleure, elle ne connait rien, ses parents sont Moldus…"
"Granger ?" intervint Narcissa. "La famille dont tu m'as parlé, à Noël ?"
"Oui ! Je ne le savais pas encore à ce moment-là, mais Pansy m'a dit que c'était une née-moldue. Elle est très bizarre, un peu folle. C'est une des amies de Potter."
"Tu lui as parlé ?"
"Non ! Jamais de la vie." mentit-il.
Lucius parut satisfait de cette réponse. Il s'assit lourdement sur la chaise en face de Drago et soupira.
"Cette école est encore pire que ce que je pensais. Des Sangs de bourbe… Bien sûr, Dumbledore doit les favoriser. Je suis juste étonné que Rogue ait accepté ce chantage…"
"Il doit être obligé, à cause de Dumbledore." surenchérit Drago, qui était content de voir que la colère de son père était passée à quelqu'un d'autre.
"Amie avec Potter… Ce garçon a visiblement des mauvaises fréquentations. Est ce qu'il était toujours aussi insupportable à la fin de l'année ?"
Excité de pouvoir leur partager sa rancœur envers son ennemi, Drago se mit à raconter toutes les aventures de Potter. Plus son récit avançait, plus les visages de ses parents étaient crispés par la colère, mais Drago était tellement heureux qu'ils ne parlaient plus de ses notes qu'il continua :
"Et tout le monde l'adore, tout le monde l'acclame ! Il n'est même pas fort en Quidditch, et il a le droit d'avoir un Nimbus 2000, c'est vraiment injuste. Dumbledore ne s'en cache même pas, il lui a fait gagné la Coupe alors qu'on était premier !"
"Je vois… Heureusement que tu ne traînes pas avec ces gens-là."
"Jamais !" affirma Drago.
Ses deux parents se lancèrent un regard, puis Lucius se leva :
"En tout cas, ça n'excuse pas tes notes catastrophiques. Tu as intérêt à travailler l'année prochaine Drago, et à dépasser la Sang de bourbe de Granger."
Il sortit de la pièce, toujours aussi furieux. Drago se tourna vers sa mère, qui lui dit calmement :
"Ne t'en fais pas, Drago. Il se sera calmé d'ici quelques jours. Alors, raconte moi, comment va Pansy ? Et Blaise ?"
Drago sentit la pression qui s'était accumulée sur ses épaules partir tandis qu'il raconta ce qu'il avait fait de son année à sa mère, ou du moins, ce qu'il avait pas déjà écrit dans ses lettres. Narcissa l'écouta attentivement avec un petit sourire, et Drago en fut reconnaissant, parce qu'elle avait réussi à lui faire changer les idées, et lui passer l'envie de pleurer.
Le mois de juillet fut lent et répétitif. Les parents de Drago n'étaient pratiquement jamais au Manoir, ils passaient leurs soirées dans des galas de "haut rang" et leurs journées au Ministère ou Merlin savait où. Drago faisait tous les jours sensiblement la même chose, c'est-à-dire prendre son petit-déjeuner seul au Manoir, lire un peu, passer ses après-midis chez Blaise pour jouer au Quidditch.
Nott était souvent là-bas aussi, il voulait toujours être le plus éloigné possible de chez lui. Il ne jouait pas au Quidditch cependant, il préférait rester allongé dans l'herbe avec un livre, et jouait le rôle d'arbitre quand Drago ou Blaise faisaient des fautes ou contestaient un point. Parfois, Pansy venait aussi, quand elle n'était pas chez l'une de ses amies, et elle montait même sur un balai de temps en temps pour jouer en tant que gardienne.
Vers le milieu du mois, ils furent tous invités au mariage de la mère de Blaise. C'était son cinquième mariage, et Drago avait déjà assisté à quatre d'entre eux. Il accompagna ses parents jusqu'au Manoir des Zabini, qui avait été entièrement décoré pour l'occasion. Le jardin était illuminé par des centaines de lanternes volantes de toutes les couleurs, et une immense table blanche avait été placée pour que tous les invités puissent y manger. Au fond du jardin, il y avait une arche en fleurs, placée en face d'une dizaine de petits bancs.
Drago, son père et sa mère s'assirent à la place indiquée. Pansy et son père prirent place sur le banc de l'autre côté de l'allée, et elle lui fit un petit signe de la main avant que la cérémonie ne commence.
Le beau-père de Blaise, Allan, était un homme assez vieux, petit, avec des cheveux grisonnants. Il avait l'air nerveux, il dansait d'un pied sur l'autre en saluant les invités qui remplissaient peu à peu tous les bancs face à l'arche. Drago remarqua qu'il y avait encore moins d'invités que lors du dernier mariage.
De la musique s'éleva alors de nul part et tout le monde se tourna vers le bout de l'allée, où la mère de Blaise fit son apparition. Elle était extrêmement belle. Elle portait une longue robe blanche sirène qui épousait ses formes, elle avait un grand sourire et ses cheveux étaient nattés. Blaise l'escortait, et ils marchèrent entre les bancs en s'enlaçant le bras.
Quand ils arrivèrent au bout de l'allée, Blaise se tourna vers sa mère et lui embrassa la joue, avant de tendre la main de sa mère à Allan. Il s'assit ensuite au premier rang, et un sorcier escalada rapidement l'estrade où le couple se tenait pour présider la cérémonie.
La mère de Blaise faisait presque deux têtes de plus que son futur mari, et lui avait l'air de ne pas réaliser la chance qu'il avait d'épouser une femme aussi belle. "pauvre gars", pensa Drago.
Ils échangèrent leurs vœux, et l'homme commençait presque à sangloter en entendant la mère de Blaise parler de lui de la sorte. Drago entendit Lucius murmurer "pathétique", mais Narcissa lui donna un coup de coude et il ne fit que ruminer tout le reste de la cérémonie.
À la fin de leurs voeux, la mère de Blaise se pencha pour embrasser son mari, puis se tournèrent vers les invités qui applaudirent timidement.
"La réception va commencer dans le jardin, si vous voulez bien venir !" déclara une voix dans le dos de Drago.
Tous les invités se levèrent et le couple de jeunes mariés s'avança dans l'herbe en riant. Pansy rejoignit Drago dès que son père alla s'asseoir à la table du dîner.
"Belle cérémonie, non ?" commenta-t-elle.
Drago haussa les épaules :
"J'ai l'impression que ça fait cent fois qu'on voit la même chose."
"La mère de Blaise est trop belle dans cette robe." dit Pansy en observant la femme qui était en train de servir à boire aux invités.
"Hey, les gars !" lança Blaise, tout sourire, en s'approchant d'eux. "Où est Nott ?"
"Pas vu, il devait être dans le fond. Comment tu te sens ?" demanda Pansy.
"Pas mal, ce n'est pas la première fois que je fais ça." dit-il avec un petit sourire. "On s'asseoit ?"
Drago s'assit au bout de la table des invités et commença à manger. Cooky, l'elfe de maison des Zabini, s'était surpassé. Il y avait tellement de nourriture sur la table qu'on ne voyait presque plus les assiettes. Nott finit par les rejoindre et s'assit entre Drago et Pansy, suivis de près par Crabbe et Goyle dont les parents avaient été invités aussi.
Contrairement à ce qu'il avait pensé, Drago s'amusa beaucoup pendant cette soirée. Il n'arrêtait pas de rire, et plus la soirée passa, plus il avait l'impression d'être seul au monde avec ses amis tant ils étaient submergés dans leur conversation.
La nuit finit par tomber, et les mariés se levèrent pour aller danser sur la grande piste blanche du jardin. Tous les invités les regardèrent danser sur une musique de harpe langoureuse, avant de se lever à leur tour pour aller danser aussi. Lucius invita Narcissa et elle accepta avec un sourire.
Drago se tourna vers Pansy, qui était en train de manger une part de tarte à la mélasse en regardant les couples danser sur la piste. Elle était très jolie. Elle portait son indémodable rouge à lèvre noir qu'elle mettait très souvent et qui tenait toujours, même après avoir mangé. Pour l'occasion, elle était habillée d'une robe verte pâle, par-dessus laquelle elle avait ajouté un corset en satin.
Elle posa son regard sur lui quand elle vit qu'il l'observait et plissa légèrement les yeux, comme pour lui demander "qu'est-ce que tu regardes ?"
Drago tendit sa main vers elle :
"Accepteriez-vous cette danse, mademoiselle ?"
Son visage s'éclaira soudain et elle acquiesça en acceptant sa main. Ils se levèrent et rejoignirent la piste de danse. Drago avait eu certaines de ses classes préparatoires d'avant Poudlard, dont le cours de danse, piano, français, latin et anglais, avec Pansy et un professeur particulier. Ils étaient donc habitués à danser ensemble, ce qui facilitait la tâche.
Ils se positionnèrent face à face et il lui fit une petite révérence pour la faire rire. Puis, ils se rapprochèrent l'un de l'autre et Drago passa son bras contre la taille de Pansy pour commencer la valse. De l'autre côté de la piste de danse, Blaise dansait avec Daphné Greengrass, et Nott avec Millicent Bulstrode. Pansy et Drago tournoyèrent de longues minutes en discutant à voix basse, surtout pour commenter les robes affreuses de certaines dames du mariage, ce qui les faisaient pouffer de rire.
"Tu veux dormir au Manoir, ce soir ?" proposa Drago.
"Je peux pas, je dois rentrer avec mon père."
En entendant ça, Drago chercha par réflexe l'homme en question dans la foule autour de lui. Il était resté assis à la table, avec son éternel costume gris, l'air profondément ennuyé.
À ce moment-là, Mrs. Zabini frôla Pansy en dansant dans les bras de son mari, et leur envoya un grand sourire charmeur :
"Vous vous amusez bien ?" demanda-t-elle.
"Oui, super !" répondirent en chœur Drago et Pansy. "Vous êtes magnifique, Mrs. Zabini." ajouta Pansy.
"Merci ma chérie." dit la mère de Blaise.
"On espère assister bientôt à votre mariage, à vous deux !" commenta Allan avec un grand sourire d'encouragement.
Ils s'éloignèrent plus loin sur la piste de danse.
"Votre mariage" ? Drago se retourna vers Pansy, qui s'était arrêté de danser. Ils se regardèrent, leurs yeux s'arrondirent, et ils éclatèrent de rire ensemble, et leurs rires se réverbèrent longuement contre les lanternes du ciel.
Hermione
"Chère Hermione,
Harry n'a toujours pas répondu à mes lettres et je commence vraiment à m'inquiéter. Mon père m'a dit qu'un sort de lévitation avait été jeté à son adresse devant des Moldus, et qu'il a reçu une lettre d'avertissement du Ministère de la Magie.
Son oncle et sa tante ont l'air vraiment horribles, j'ai peur qu'il lui soit arrivé quelque chose. Avec Fred et George, nous avons décidé d'aller le secourir chez lui ce soir et le ramener au Terrier. Maman sera ravie de l'accueillir ici. Tu es évidemment la bienvenue aussi, si tu n'es pas trop occupée.
Comment se passe ton été ? Ici, tout est comme d'habitude. Je t'envoie des nouvelles d'Harry le plus vite possible.
Hâte de te revoir à Poudlard,
Signé : Ron."
Hermione relut plusieurs fois la lettre de Ron, les sourcils froncés. Le fait qu'Harry avait reçu une lettre d'avertissement n'était définitivement pas un bon signe, sa famille devait vraiment l'avoir poussé à bout pour qu'il fasse de la magie sans le vouloir. Elle déplia un morceau de parchemin qui était sur son bureau et le lissa pour écrire sa réponse à la vas-vite, en lui proposant de faire leurs achats de livres en même temps qu'elle, la semaine suivante.
Quand elle regarda le pauvre hibou qui avait volé jusqu'à elle, elle ne fut pas vraiment sûre de l'envoyer de nouveau. Il avait l'air épuisé, et il lui manquait des plumes. Elle lui fit boire quelques gouttes de son thé, lui donna des miettes d'un biscuit, et quand il fut prêt, elle accrocha sa lettre, pas trop sûre d'elle, en répétant plusieurs fois "Le Terrier, Ron Weasley" (elle avait cru comprendre que c'était comme ça que la famille de Ron appelait leur maison).
Hermione regarda le pauvre hibou voler dangereusement au-dessus de la route. On aurait dit qu'il aurait pu s'écraser à tout instant.
Elle descendit de sa chambre et trouva ses parents devant la télé, en train de boire du thé.
"Ron m'a envoyé une lettre, il m'a dit qu'Harry venait de recevoir une lettre d'avertissement pour avoir pratiqué un sort devant son oncle et sa tante. Il m'a dit qu'il allait le chercher chez lui, et qu'il m'enverrait bientôt de ses nouvelles…"
"Oh !" s'écria sa mère en regardant par la fenêtre, comme si le hibou de Ron allait réapparaître instantanément.
"Tu n'avais pas dit que c'était interdit de pratiquer la magie en dehors de Poudlard ?" demanda son père.
"Si, c'est pour ça que je m'inquiète. S'il pratique la magie alors qu'il sait très bien que c'est interdit, il n'a pas dû la contrôler. Peut-être qu'il était trop en colère, ou trop triste…"
"Comment sont son oncle et sa tante avec lui ?"
"Horribles. Ils sont méchants, Harry a tout l'air d'être maltraité, là-bas. J'espère que Ron réussira à le faire revenir chez lui…"
"Maltraité ? Et McGonagall ne dit rien ?"
Ses parents avaient pris l'habitude de penser que McGonagall était chargée de toute la direction de Poudlard, après l'avoir vue chez eux l'année précédente.
"C'est sa seule famille." répondit Hermione en haussant les épaules.
"En tout cas, s'il a besoin, il peut toujours venir ici." suggéra la mère d'Hermione. "Peut-être que si c'est nous qui allons le chercher, en tant que Moldus, sa tante et son oncle seront plus enclins à le laisser partir…"
"C'est gentil, mais Ron est déjà en train d'aller le chercher en ce moment-même."
Ses parents hochèrent la tête, peu convaincus. Hermione était tellement angoissée : elle voulait que Ron sorte Harry de chez lui et de cette maison horrible où il devait passer son été, mais en même temps, elle avait peur que Ron risque bien pire en essayant de l'enlever de force de chez lui, peut-être illégalement (surtout s'il était aidé par Fred et George).
Hermione passa le reste de la journée et de la soirée à regarder le journal télévisé avec ses parents. Elle s'attendait à voir une nouvelle qui pourrait lui indiquer si Ron avait réalisé sa mission ou non, mais heureusement, il n'y eut aucun accident reporté qui pourrait expliquer ce qu'avait fait Ron. Quand la dame de la météo apparut à l'écran, Hermione souhaita une bonne nuit à ses parents et partit se coucher, toujours un peu angoissée pour son meilleur ami.
Heureusement, la réponse de Ron arriva le lendemain, toujours apportée par son pauvre hibou qui était en pire état qu'avant. Elle ouvrit le parchemin et essaya de déchiffrer l'écriture de Ron :
"Chère Hermione,
Harry est arrivé. Nous n'avons rien fait d'illégal, et Harry ne court plus aucun danger. Ses Moldus sont vraiment fous, il y avait des barreaux à ses fenêtres et il ne lui donnait presque rien à manger ! Enfin, heureusement, il va rester au Terrier jusqu'à la fin de l'été.
Maman est d'accord pour qu'on se rende tous au Chemin de Traverse mercredi prochain. On se donne rendez-vous sur les marches de Gringotts à 9h ?
Ne travaille pas trop dur !
A bientôt,
Ron."
Hermione lâcha un soupir de soulagement. Harry était sain et sauf, dans la maison de Ron. Elle n'avait plus qu'une hâte, c'était de les revoir le mercredi suivant sur le Chemin de Traverse.
Drago
Drago passa tout le reste du mois d'août chez Blaise. Sa mère était partie en voyage de noces pendant plus d'un mois dans les Caraïbes, et Blaise était donc tout seul dans sa grande demeure. Drago ne rentrait que pour dîner de temps en temps, quand ses parents étaient exceptionnellement là, ou pour récupérer des vêtements.
Pansy et Nott étaient souvent là, aussi. Leurs deux pères, aussi austères l'un que l'autre, s'absentaient régulièrement pour des "missions secrètes", ce qui arrangeait bien les deux Serpentards. Blaise jouait au Quidditch avec lui tous les jours, et cette après-midi, Pansy revêtit même ses gants de gardienne pour jouer avec eux. Elle s'éleva dans les airs et se positionna devant les trois cerceaux avec un air de défi.
Drago commença à jeter le Souafle en évitant les Cognards que Blaise lançait. Comme ils n'étaient que trois, ils devaient incarner plusieurs rôles en même temps. Blaise était à la fois Batteur, Poursuiveur et Attrapeur, tout comme Drago, et Pansy avait pour mission d'essayer de bloquer tous les Souafles, peu importe de qui ils provenaient. Etonnamment, alors qu'elle n'aimait pas particulièrement le Quidditch, Pansy s'était révélée être une très bonne gardienne, elle arrivait presque toujours à empêcher Blaise ou Drago de marquer.
Drago envoya le Cognard contre Blaise qui l'esquiva docilement, tandis qu'il fonçait vers Pansy pour marquer. Il lança le Souafle, visant pour le cerceau le plus en haut, mais Pansy fut plus rapide et le relança, ce qui permit à Drago de le récupérer. Il faillit se prendre le Cognard, puis il lança le Souafle, mais Pansy l'arrêta avant qu'il ne passe le cerceau. Drago lâcha un juron entre ses dents.
Blaise observait le terrain pour essayer d'apercevoir le Vif d'Or tandis que Pansy reprenait le Souafle pour le lancer aléatoirement dans les airs. Ce fut Blaise qui l'attrapa en premier, Drago le poursuivit à toute vitesse, jusqu'à ce que le Cognard leur frôle la tête. Drago attrapa le Souafle, que Blaise jeta au même moment, et il passa dans le cerceau que Pansy ne gardait pas.
"10 points pour moi !" hurla Drago en levant les bras en signe de victoire.
"Non, 10 points pour moi. C'est moi qui l'ai jeté dans le cerceau !" contesta Blaise.
"Quoi ?" s'indigna Drago. "N'importe quoi, j'ai récupéré le Souafle avant."
"Non, je l'avais déjà lancé."
"Pansy ?"
La concernée haussa les épaules :
"Je n'ai pas vu."
"Nott ?" demanda Drago en se tournant vers le garçon qui était assis dans l'herbe.
Blaise et Drago descendirent vers le sol pour l'entendre, mais ce dernier était captivé par un livre et n'avait pas remarqué que Drago lui avait parlé.
"Nott !" répéta Drago. "Qui a marqué, Blaise ou moi ?"
Nott soupira en levant les yeux au ciel :
"Arrête de m'appeler comme ça."
"Comme quoi ? Nott ? C'est pas ton nom ?"
"Non, c'est le nom de mon père. Je déteste ça."
"Ok, je dois t'appeler Théodore, alors ?" railla Drago.
"Non, appelle moi Théo, comme tout le monde !"
Drago fit la moue, puis haussa vaguement les épaules : il était trop habitué à l'appeler Nott, mais ça ne le dérangeait pas de l'appeler Théo. Il avait une fâcheuse habitude d'appeler les gens qu'il ne connaissait pas ou n'aimait pas trop par leurs noms de famille, mais Théo était devenu un de ses amis les plus proches désormais.
"Théodore Jr Nott, est-ce que tu peux nous dire qui a marqué ?" demanda Blaise d'un ton impérieux en se posant par terre.
"Je ne sais pas, j'étais en train de lire."
"Tu es un très mauvais arbitre." commenta Blaise en souriant.
"Pour ton information, Blaise Zabini, je n'ai jamais accepté d'être arbitre, je ne vais pas passer mon temps à vous regarder vous jeter une balle dans les airs pendant que je pourrais lire un…"
Mais Drago n'entendit pas la fin de la phrase de Théo, parce qu'un éclat doré venait de lui faire perdre le fil. Il vit, au-dessus de lui, le Vif d'Or, et à peine eut-il posé les yeux dessus qu'il partit dans l'autre sens en battant des ailes. Drago se lança à sa poursuite à toute vitesse. Il sentit l'air chaud d'été lui relever les cheveux et l'assourdir, mais il était tellement focalisé sur la petite balle dorée qu'il n'y fit presque pas attention.
Il tendit le bras, glissa le long du manche de son balai, et sentit les petites ailes argentées du Vif d'Or se refermer dans sa main. Au moment où il ferma le poing, il entendit Pansy s'exclamer :
"Bravo Drago ! Il l'a attrapé, le Vif d'Or !"
Drago sourit de toutes ses dents et traversa le terrain dans l'autre sens pour retrouver ses amis. Ils étaient tous les trois en train d'applaudir, même Théo.
"T'es vraiment doué au poste d'Attrapeur, Dray." fit remarquer Blaise. "A chaque fois, c'est toi qui l'attrape, tu ne me laisses aucune chance !"
"Ouais, mais à quoi ça sert si je ne fais pas partie de l'équipe ?"
"Si tu continues à t'entraîner, tu finiras par y entrer." dit Blaise en renfourchant son balai pour recommencer une partie.
Drago regarda son ami retrouver son poste dans les airs en espérant qu'il avait raison. Rien ne lui ferait plus plaisir que d'intégrer l'équipe de Quidditch des Serpentards, et battre Harry Potter.
Drago
Un soir d'août, alors que Drago était en train de prendre un goûter chez Blaise, il vit son hibou Ébène frapper à la fenêtre avec son bec. Drago le laissa entrer et déplia le mot qu'il portait :
"Drago,
Nous ferons tes fournitures scolaires demain, sur le Chemin de Traverse, dans la matinée. Ton père va venir également. Rentre à la maison ce soir pour le dîner s'il te plaît.
A tout à l'heure,
Maman."
Blaise, qui avait lu le papier par dessus l'épaule de son meilleur ami, lui frappa le dos :
"Avec un peu de chance, ton père t'achètera un balai !"
"J'espère. Il avait dit qu'il le ferait dans une lettre quand j'étais à Poudlard, j'espère qu'il n'a pas changé d'avis."
Drago resta chez Blaise jusqu'à la fin de l'après-midi, puis, il rentra au Manoir en empruntant la route principale du village. En passant devant la maison de Pansy, il remarqua que les volets de sa chambre étaient fermés et que les lumières étaient éteintes.
Quand il entra, il n'y avait personne dans le Hall, ni dans les pièces principales du rez-de-chaussée. Quand il arriva dans le salon, il trouva sa mère assise dans le canapé en train de lire, absolument pas gênée par le boucan qui avait l'air de venir du sous-sol. Narcissa leva la tête vers son fils et l'informa :
"Ton père est dans la salle où il garde sa collection d'objets de magie noire, il y a des raids qui viennent du Ministère et ton père veut en vendre quelques-uns."
Drago hocha la tête. Il s'assit à côté de sa mère et lui demanda :
"Mère, est ce que tu penses que ça serait possible que j'intègre l'équipe de Serpentard de Quidditch, cette année ?"
Narcissa reposa son livre sur la table basse et regarda Drago en fronçant les sourcils :
"Ce n'est pas le capitaine qui choisit ?"
"Si… Mais je me suis dit que comme Père avait de l'influence… Peut-être qu'il arriverait à me faire rentrer dans l'équipe."
Narcissa le regarda longuement, un pli entre ses deux sourcils. Puis, elle dit doucement :
"Je suis sûre qu'il peut faire quelque chose pour te donner un coup de boost, oui… Mais Drago, je pense surtout que tu es assez talentueux pour entrer dans l'équipe sans l'aide de ton père. Je t'ai déjà vu jouer, et Blaise dit que tu es un très bon joueur."
"Je sais, mais je préfère demander. Je ne voudrais pas rater les admissions de cette année."
"On va voir ce qu'on peut faire." dit-elle avec un petit sourire en ébouriffant gentiment la mèche de Drago sur son front.
À ce moment-là, Lucius arriva dans le salon. Il tenait un parchemin dans sa main, sur lequel il avait visiblement listé tous les objets qui posaient problème.
"Fini. Le Ministère ne trouvera rien ici, si je parviens à tout vendre d'ici demain… Des perquisitions… Sûrement cet abruti d'Arthur Weasley, ce vaurien, amoureux des Moldus et des Sangs de bourbe…"
Lucius passa le reste de la soirée et du dîner à se plaindre des agissements du Ministère de la Magie, et surtout envers Arthur Weasley. Drago n'écouta que d'une seule oreille, pas très intéressé par le commerce de son père en objets maléfiques. Il ne comprenait pas trop l'intérêt de disposer d'autant d'objets dont ils ne pouvaient pas se servir, et qui en plus pouvaient causer des problèmes lors des inspections.
À la fin du dîner, Drago se dirigea machinalement à l'arrière de son jardin. Il pouvait apercevoir la silhouette de Pansy allongée dans l'herbe, entourée de plusieurs paons qui dormaient à la belle étoile. Il traversa le jardin et se mit à côté d'elle, face au ciel.
"Comment as-tu su que j'étais ici, et pas chez Blaise ?" demanda-t-il.
"Je suis passée chez Blaise avant de revenir chez moi, il m'a dit que tu étais rentré. J'ai passé l'après-midi chez Millicent."
Pansy se lança alors dans le récit de son après-midi, et plus particulièrement des derniers ragots qu'elle avait appris chez son amie. Drago l'écouta en observant les étoiles, puis ils parlèrent de Poudlard, et de la résolution de Drago de mieux travailler pour que ses notes s'améliorent.
Pansy n'y attachait pas de grande importance, elle lui dit que son père ne l'avait pas engueulée sur son absence dans le classement, tant qu'elle passait à la classe suivante chaque année, mais promis tout de même à Drago de le faire réviser dans les matières difficiles.
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Le lendemain, Dobby réveilla Drago à une heure bien trop matinale pour lui. Il avait passé une grande partie de la nuit dans le jardin avec Pansy, et n'avait pas assez dormi du tout. Il s'habilla d'un pas morne et rejoignit ses parents qui l'attendaient de pied ferme devant l'entrée du Manoir.
"C'est pas trop tôt." s'indigna Lucius.
"Bonjour Père." dit Drago en bâillant. "Pourquoi on va au Chemin de Traverse si tôt ?"
"Je dois aller chez Barjow et Beurk avant qu'il y ait plein de monde dans le magasin. Je dois vendre. Tu veux venir avec moi ?"
Drago accepta, parce qu'il était intrigué par le Chemin des Embrumes. Son père ne l'avait emmené que quelques fois, et il se dit qu'en passant un peu de temps avec lui, il accepterait peut-être de lui offrir un balai. Narcissa, elle, refusa : elle n'aimait pas du tout les fréquentations de cette rue qu'elle trouvait trop lugubre.
Ils arrivèrent sur le Chemin de Traverse, qui était anormalement bondé, et ils se séparèrent : Lucius et Drago prirent le direction de la rue perpendiculaire du Chemin des Embrumes, tandis que Narcissa marchait à contre-sens vers Gringotts pour retirer l'argent d'un de leurs coffres pour leurs achats.
En se dirigeant vers l'Allée, Drago observa du coin de l'œil son père. Il avait l'air agité, mais Drago pensa que c'était le meilleur moment pour lui demander quelque chose avant qu'il ne parle de ses affaires, alors il s'éclaircit la voix :
"Père ?"
"Hmm ?"
"Est-ce que je peux avoir un balai ?"
En règle générale, Drago avait le droit à tout ce qu'il voulait. Le plus important, c'était de demander aux bons moments, quand l'humeur de son père n'était pas trop mauvaise ou qu'il n'était pas trop préoccupé par quelque chose d'autre.
"Quoi ?"
Drago leva les yeux au ciel : il était trop préoccupé, il ne l'écoutait même pas.
"Est-ce que je peux avoir un balai ?" répéta Drago.
"Tu n'en as pas déjà en très bon état à la maison ?"
"Si, mais il est ancien. Je voudrais un Nimbus 2000, ou même un Nimbus 2001…"
Lucius ne montra aucun signe qu'il avait entendu, trop occupé à zigzaguer entre les gens pour trouver le magasin qu'il cherchait. Drago ajouta en grommelant :
"Même Harry Potter en a un."
Lucius s'arrêta et regarda Drago :
"Potter ? Il a un bon balai ?"
"Oui !"
"Il est dans l'équipe de Gryffondor ?"
Drago failli lever les yeux au ciel une nouvelle fois, fatigué de devoir répéter toujours la même chose à son père :
"Oui, alors que c'était un première année. C'est l'une des seules fois qu'un élève de première année intègre l'équipe en un siècle, ou quelque chose comme ça… Parfait Potter avec sa parfaite équipe et son balai ultra puissant…" maugréa Drago.
Son père sembla réfléchir quelques secondes, avant d'hocher fermement la tête :
"Je vais voir ce que je peux faire. Je vais t'offrir un balai, et je ferai en sorte de te mettre dans l'équipe de Serpentard. Ça te donnera une bonne réputation. J'utiliserais ma place au conseil d'administration."
Drago jubila en marchant : l'équipe de Serpentard, son rêve ! Il était un peu amer de savoir que son père voulait qu'il y aille pour sa réputation, mais tant qu'il savait qu'il était pris, ça lui allait. Il accompagna donc son père dans le magasin de Barjow et Beurk avec un petit sourire satisfait sur les lèvres, qui s'effaça à l'instant où ils entrèrent dedans.
La boutique était sombre, lugubre, et le vendeur était répugnant. Drago avait envie de sortir dès l'instant où il entra. Il comprenait maintenant pourquoi sa mère avait refusé, et regretta de ne pas plutôt l'avoir accompagnée à Gringotts.
Heureusement, la visite fut relativement courte. Drago sortit de la boutique encombrée et son père et lui marchèrent le long de l'Allée des Embrumes. Drago regardait les vitrines poussiéreuses et maléfiques des magasins tout le long, jusqu'à ce qu'ils retrouvent le calme du Chemin principal, où sa mère les attendait. Entre-temps, elle avait retrouvé une amie à elle, qu'elle présenta fièrement à son mari et son fils, et Drago avait oublié son nom dès l'instant où elle se présenta.
Drago se rendit avec son père dans les magasins nécessaires pour acheter ce qu'il lui manquait : des plumes, de l'encre, un nouveau chaudron, des rouleaux de parchemin. Il acheta également un petit cadeau pour Pansy : un set de plumes et d'encres pour qu'elle puisse écrire dans le journal qu'elle avait "reçu" pour Noël, ou plutôt qu'elle avait pris de la pile de cadeaux de Drago.
Enfin, ils se dirigèrent vers le dernier magasin de la journée : Fleury et Botts. Narcissa avait préféré se rendre au salon de thé avec son amie pour échanger les derniers potins. Ce fut donc Lucius qui accompagna Drago, et quand il arriva devant la vitrine, il entendit son père grommeler. Il fronça les sourcils en regardant la pancarte :
"Aujourd'hui, de 12h30 à 16h30 GILDEROY LOCKHART dédicacera son autobiographie MOI LE MAGICIEN"
Il observa son père, étonné de voir qu'il n'aimait pas l'auteur en dédicace, mais il comprit aussitôt que Lucius ne regardait pas l'auteur, mais bel et bien la personne à côté de l'estrade : Arthur Weasley. Du moins, c'était ce que Drago présuma, étant donné que c'était un homme roux entouré de plein d'autres petits roux, ses enfants.
Drago entra dans la boutique en poussant sans ménagement la foule amassée devant pour observer l'estrade. Dessus, il y avait Harry Potter, qui serrait Gilderoy Lockhart et regardait fixement la caméra en face de lui. Rien qu'à le voir, le sang de Drago bouillonna. Il attendit que Potter atteigne le devant de la boutique, où il donna ses livres à une fille que Drago n'avait pas vu. Elle était rousse, avec des tâches de rousseur sur le nez. Une autre Weasley ? Encore ?!
"Ça a dû te faire plaisir, Potter ?" lança Drago d'un air méprisant. "Le célèbre Harry Potter, il ne peut même pas entrer dans une librairie sans faire la une des journaux."
Une petite voix couina :
"Laisse-le tranquille, ce n'était pas sa faute."
Drago mit quelques secondes à comprendre que la voix suraiguë venait de la petite Weaslette, dont les yeux marrons lui lançaient des éclairs.
"Alors, Potter, tu t'es trouvé une petite amie ?" dit Drago d'un ton amusé.
La Weaslette devint aussi rouge que son frère quand il l'insultait. Cela fit ricaner le blond. En parlant de son frère, Ron Weasley s'approcha d'eux et regarda Drago avec un air de dégoût, suivi de près par Granger dont les cheveux volaient autour d'elle comme un halo de boucles.
"Ah, c'est toi. Tu dois être surpris de voir Harry ici, non ?" dit Ron.
"Ce qui me surprend le plus, c'est de te voir dans une boutique, Weasley." répliqua Drago. "Que tes parents n'auront plus rien à manger pendant un mois après t'avoir acheté tous ces bouquins."
Le teint de Weasley devint tout aussi cramoisi. Il voulut s'approcher pour se battre, mais Potter et Granger le retint.
"Ron !" appela le père des Weasley en se frayant un chemin par-dessus la foule, accompagnés de tous ses petits Weasley que Drago n'arrivait même plus à compter. "Qu'est-ce que tu fabriques ? Viens, on sort, c'est de la folie, ici."
Drago sentit une présence derrière lui, et la voix glaciale de son père retentit dans son dos :
"Tiens, tiens, tiens, Arthur Weasley."
"Lucius." répondit froidement Arthur en perdant son sourire.
"Beaucoup de travail au ministère, à ce qu'on dit… Toutes ces perquisitions... J'espère qu'ils vous paient des heures supplémentaires, au moins ?"
Son père tendit le bras pour sortir l'un des manuels usés du chaudron de la Weaslette.
"Apparemment pas." continua son père. "À quoi bon déshonorer la fonction de sorcier si on ne vous paie même pas bien pour ça ?"
Le père Weasley devint aussi rouge que ses deux enfants. Pourquoi est-ce que tous ces gens bizarres avaient la fâcheuse habitude de rougir dès qu'on leur parlait ?
"Nous n'avons pas la même conception de ce que doit être l'honneur d'un sorcier, Malefoy." répliqua Arthur.
"Ça ne fait aucun doute. Vous fréquentez de drôles de gens, Weasley... Je ne pensais pas que votre famille puisse tomber encore plus bas…"
Drago voulut regarder dans la direction que regardait son père, réalisant à ce moment-là qu'il devait probablement parler des parents de Granger. Des Moldus. Drago n'en avait jamais vu d'aussi près, il était curieux de voir à quoi ils pouvaient bien ressembler, mais il ne put voir de qui son père parlait, parce qu'il se fit violemment projeté sur le côté.
Arthur Weasley venait de se jeter sur son père, et Drago regarda la scène avec horreur : des dizaines de livres épais tombaient sur eux tandis qu'ils se débattaient tous les deux. Drago vit son père frapper hasardeusement le visage d'Arthur Weasley qui gémit de douleur, avant qu'ils ne se fassent séparer par Hagrid, qui était apparu de nul part. Ils se remirent tous les deux debout, et Lucius enleva la poussière de sa cape avec un air de dégoût.
"Tiens, jeune fille, prends ton livre. Ton père ne pourra jamais rien t'offrir de mieux." siffla Lucius en jetant le livre dans le sac de Weaslette, avant de sortir du magasin.
Drago le suivit, silencieux. Il avait probablement rarement vu son père aussi furieux, et son œil était violet à cause de l'impact d'un énorme livre qu'il s'était pris sur la figure. Drago n'osa pas lui dire qu'il avait eu l'œil gauche semblable au sien quelques semaines plus tôt, et dans les exactes mêmes circonstances : s'être battu avec un Weasley.
Hermione
Hermione et ses parents dirent au revoir aux Weasley et à Harry timidement avant de regagner Charing Cross Road. Ses parents étaient encore choqués de l'altercation entre Arthur et Lucius Malefoy, et même si elle devait admettre qu'elle ne s'attendait certainement pas à voir le père de Ron s'énerver de la sorte, Hermione avait été heureuse de voir qu'il s'était défendu. Ce Lucius Malefoy avait l'air d'être un homme abominable, encore pire que son fils qui tentait visiblement de reproduire son exemple.
Rachel et John ne parlèrent pas jusqu'à ce qu'ils soient dans le métro, où sa mère soupira, comme s'ils étaient en sécurité à présent.
"Arthur a bien fait de se battre contre cet immonde personnage." dit-elle doucement pour ne pas se faire entendre.
Hermione approuva.
"Les sorciers n'aiment pas beaucoup les Moldus, n'est-ce-pas ?" demanda son père.
"Si ! Les Weasley vous ont adoré."
"Oui, c'est vrai, Arthur est très gentil." concéda le père d'Hermione avec un sourire. "C'est très drôle d'expliquer à un homme le fonctionnement d'objets aussi basiques qu'une télécommande. Mais je voulais parler de ce Lucius… Lucius Malefoy ?"
Hermione baissa tristement la tête, un peu honteuse d'avoir caché ça à ses parents :
"Hm… Certaines familles de sorciers se considèrent comme… l'élite. Ils pensent qu'ils méritent une meilleure place dans la communauté magique parce qu'ils n'ont pas de "sang moldu" dans les veines. Ce qui est complètement absurde, et faux en plus."
"Ils sont racistes des Moldus ?" demanda sa mère, abasourdie.
"Oui… Ils se considèrent comme des "sangs-purs". Mais ce ne sont que certaines familles très anciennes, comme les Malefoy. Les Weasley sont des sang-purs aussi, mais ils ne sont pas du tout discriminants envers vous, ou moi."
Les parents d'Hermione digérèrent ces paroles avec les sourcils froncés, tandis que la voix robotique du métro annonçait : "Piccadilly Circus"
"Et son fils…"
"Drago Malefoy."
"Drago Malefoy… C'est un ami à toi ?"
Hermione écarquilla les yeux :
"Non, pas du tout. Je le déteste."
