Drago


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Granger ne sursauta pas, et n'esquissa d'ailleurs pas le moindre mouvement qui pourrait indiquer qu'il l'avait surprise. Elle releva distraitement les yeux de son livre qu'elle lisait en marchant et le regarda, ennuyée :

"Vas t'en de mon chemin, Malefoy."

Il fronça les sourcils très légèrement, interloqué de cette réaction. Elle ressemblait tellement à Nott à cet instant. C'était déconcertant. Il s'attendait à ce qu'elle tremble de peur comme Londubat, mais elle avait l'air simplement dérangée. Ça l'énerva encore plus.

"Où sont Potter et Weasley ? Ils sont toujours collés à toi, d'habitude."

"Ça ne te regarde pas. Est-ce que je te demande pourquoi Parkinson n'est pas collée à tes basques, moi ?"

Drago commença à voir rouge. Déjà, elle se permettait de mal parler de Pansy, et en plus, elle avait toujours cet air détaché qui le foutait en rogne.

"Tu n'as pas peur qu'un préfet passe et te donne une retenue pour te balader dans le Château aussi tard, Granger ? Toi qui a la frousse dès qu'un professeur…"

"Je sors du cours d'Astronomie, j'ai parfaitement le droit d'être dans le Château aussi tard." coupa sèchement Granger. "Tu ne peux pas en dire autant, et en plus, tu prépares une embuscade pour me coincer dans un couloir, c'est toi qui devrais avoir une retenue."

Cette fille était tellement énervante. Sa voix haut perchée était insupportable, comment Potter et Weasley pouvaient-ils lui parler sans vouloir se cogner la tête contre les murs ? Il la détailla quelques secondes : son uniforme était parfaitement repassé, ses cheveux partaient dans tous les sens, ses yeux lançaient des éclairs et la main qui tenait son livre avait plein de petites tâches d'encre. Une vraie Miss-Je-Sais-Tout.

Elle haussa les sourcils en voyant qu'il ne répliquait rien et continua de sa voix fluette :

"Plus rien à dire ? Tu regrettes de ne pas être venu avec Parkinson pour pouvoir me prendre en duel à deux contre un, c'est ça ?"

"Je ne sais pas de quoi tu veux parler." siffla Drago.

"Neville est mon ami, et il m'a montré ce que tu lui as fait. Tu lui as brûlé la main avec le sortilège d'Étincelles foudroyantes, j'ai reconnu les effets. Pourquoi tu t'en prends à Neville ? Parce que c'est le seul que tu arrives à battre en duel ? Ou parce que tu as simplement peur de te battre contre des gens plus expérimentés ?"

Drago ouvrit la bouche pour lui lancer une répartie cinglante, mais ne trouva rien à dire. Il ne pensait pas que cette altercation allait prendre une tournure aussi brusque, il l'avait surprise pour lui faire peur et l'embêter, mais elle s'avérait beaucoup plus entêtée que ce qu'il avait imaginé. Par réflexe, il frôla sa poche où se trouvait sa baguette de sa main, et Granger surprit son geste :

"Je te déconseille de faire ça." dit-elle calmement.

Il n'avait pas envie de se battre avec elle. Pour la seule et bonne raison qu'il pourrait avoir des gros problèmes s'il se faisait surprendre par un professeur dans un couloir en train de jeter des sorts à une fille, pas parce qu'il pensait qu'elle pourrait le battre. Jamais. Il préféra donc s'armer de ce qu'il avait de plus fort pour la blesser : les mots.

"Weasley t'as expliqué, alors ? Ce que représentent les Sang-de-bourbes comme toi ?"

Pendant une fraction de seconde, Granger sembla perdre de sa prestance en entendant ce mot, mais elle retrouva très vite ses traits habituels.

"Il ne faut pas avoir de diplôme pour deviner ce que ça veut dire, Malefoy."

"Alors, tu as compris que ton sang était sale ? Que tu n'as rien à faire dans cette école ?"

Elle était énervée, maintenant, il pouvait voir ses joues rosir et ses yeux s'assombrir malgré la pénombre du couloir :

"Pourtant, je te dépasse dans toutes les matières. Comment tu expliques ça, si je n'ai rien à faire dans cette école ?"

"Tu triches."

"Bien sûr. C'est l'excuse que tu te donnes pour justifier ta médiocrité ?"

Drago se raidit :

"Attention, Granger…"

"Quoi ? Ce n'est pas vrai ? Tu as beau travailler, tu n'arrives pas à me dépasser. Tu n'arrives même pas à battre Nott, ou Zabini. Alors, au lieu de projeter tes propres erreurs sur les autres, pourquoi n'essaies-tu pas de te rendre compte que tu es juste… plus stupide que nous ?"

Elle lui fit un demi-sourire, le genre de sourire insolent après avoir lâché une pique, et Drago sentit de nouveau une vague de colère monter en lui. Granger reprit sa marche en essayant de le contourner, et poussé par la rage, il lui attrapa l'épaule et la retourna de force pour qu'elle se retrouve en face de lui. Elle soutint son regard et il vit que ses yeux étaient animés par la colère, eux aussi.

"Comment oses-tu me parler sur ce ton ?" cracha-t-il. "Ce sont tes parents Moldus qui t'ont donné ce langage de sauvage, Granger ? Tu retournes à tes instincts ? Tu peux essayer de te convaincre que tu fais partie de cette école autant que tu veux, mais tu ne la feras pas à moi. Pour moi, tu resteras toujours cette Moldue, cette détraquée qui suit Potter et Weasley comme un petit chien parce que personne ne veut de toi ici."

"Si tu es si sûr de toi, essaie de me battre, Malefoy. Essaie de me dépasser, ne serait-ce que dans une matière. Si je suis aussi bête et insignifiante que tu le dis, ça ne devrait pas être si difficile, si ?" répliqua-t-elle.

Ils se fixèrent quelques secondes, aussi enragés l'un que l'autre. Drago sentait la colère le transpercer et chauffer sa peau. Il était persuadé qu'il pouvait la blesser, mais elle avait réussi à l'atteindre autant que lui. Il voulait sortir sa baguette pour lui faire mal, ou la faire pleurer, mais trop effrayé que la colère qui le faisait trembler prenne le contrôle sur son corps, il finit par s'éloigner.

Il retourna à la Salle Commune. Il vagabondait dans les couloirs sans savoir vraiment où il allait, et sans vérifier qu'il était seul. Il s'en foutait. Il voulait juste s'éloigner le plus possible de Granger et cette capacité qu'elle avait de le faire vriller comme ça. Sa propre réaction le terrifiait : s'il était resté dans ce couloir, il aurait probablement craqué et blessé cette fille insupportable. Sa voix haut perchée retentissait dans son crâne comme si elle était toujours à côté de lui : "au lieu de projeter tes propres erreurs sur les autres, pourquoi n'essaies-tu pas de te rendre compte que tu es juste… plus stupide que nous ?""

Finalement, il retrouva enfin des escaliers qui menaient aux cachots. Il descendit quelques marches, et freina brusquement. Il ne pouvait pas rentrer en étant aussi agité, les élèves allaient se poser des questions. Drago s'appuya sur la rampe et inspira plusieurs fois pour contrôler sa respiration. Il essaya de se calmer, d'éloigner Granger de sa tête, son petit sourire insolent et ses cheveux hirsutes qui volaient constamment autour d'elle.

Au bout de plusieurs minutes, ça fonctionna. Drago reprit sa constance, et continua sa marche. Il fut extrêmement chanceux de n'avoir croisé personne à une heure aussi tardive.

"Viridis." murmura-t-il au mur.

La porte apparut et Drago entra dans la Salle Commune. Quelques élèves étaient encore en train d'étudier sous la lumière des lampes vertes. Aucun des amis de Drago n'était là, alors il prit la direction des dortoirs et ouvrit la porte du sien à la volée.

Les deux lits de Blaise et Théo étaient fermés et le dortoir était plongé dans le noir. Quand il s'approcha de son lit, Drago vit la petite silhouette de Pansy qui était emmitouflée sous les couettes. Elle portait un haut noir qui devait probablement appartenir à Drago, et ses cheveux lisses étaient étalés sur l'oreiller. Elle était tellement pâle qu'elle contrastait avec les draps sombres, même dans l'obscurité. Quand il s'approcha, elle tourna la tête vers lui :

"Drago ?" demanda-t-elle d'une voix ensommeillée.

"Rendors-toi." dit-il doucement en se changeant.

"Où étais-tu passé ? Il est quelle heure ?"

Elle se releva légèrement et se frotta les yeux pour essayer de discerner quelque chose dans l'obscurité du dortoir.

"Tard. Je me suis promené dans le Château."

Il grimpa dans le lit et s'allongea à côté de Pansy qui reposa sa tête sur l'oreiller en murmurant un "Hmm…". Elle se retourna et se remit en boule, sa position préférée pour dormir. Drago la couvrit de la couette et regarda son dos bouger au fil de ses respirations endormies en tentant de trouver le sommeil, en vain.


Hermione


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Hermione grimpa les escaliers jusqu'à la tour des Gryffondors rapidement. Quand elle entra, elle vit qu'Harry, Ron et Neville étaient déjà partis se coucher. Hermione était restée après la classe pour poser des questions sur une carte qu'elle avait complétée au Professeure Sinistra, et elle leur avait demandé de ne pas l'attendre avant d'aller dormir.

Pourtant, elle aurait aimé parler de ce qu'il venait de se passer à quelqu'un.

Elle savait qu'il ne fallait pas parler de Drago Malefoy à Ron et Harry, parce qu'ils pouvaient probablement vouloir se venger. En plus, elle aurait du mal à redire avec certitude ce qu'ils s'étaient échangé quelques minutes plus tôt, c'était déjà flou dans son esprit. Elle se souvint qu'il avait été odieux, comme à son habitude, mais elle était assez fière de lui avoir tenu tête de la sorte.

Elle balaya la Salle Commune du regard et tomba sur Ginny, qui était assise à l'une des tables d'étude. Elle était profondément endormie, la bouche ouverte, la tête sur ses parchemins, et elle tenait toujours sa plume dans ses doigts qui formait maintenant une grosse tâche d'encre sur le papier.

"Elle s'est endormie il y a une demie-heure, mais je n'ose pas la réveiller." dit une voix derrière elle.

Elle se retourna. C'était Fred. George était à côté de lui et regardait sa sœur avec un mélange de tendresse et d'inquiétude.

"Pourquoi ?" demanda Hermione.

"Elle n'arrive pas à dormir, en ce moment." dit George. "Elle me l'a dit la semaine dernière. Elle dit que c'est à cause du stress d'être à Poudlard, mais j'ai du mal à y croire, elle n'a jamais eu d'insomnie avant, ça ne lui ressemble pas."

Hermione reporta son attention sur la rouquine. Elle avait des cernes encore plus impressionnants que la semaine précédente : elle avait l'air vraiment souffrante. Soudain, la plume que Ginny tenait dans un équilibre précaire avec sa main tomba sur la table, la réveillant en sursaut. Elle regarda autour d'elle comme si elle ne reconnaissait pas l'endroit où elle était, et Fred et George s'approchèrent d'elle tout de suite :

"Hey, Gin'... Tu t'étais endormie, on avait pensé que tu voulais te reposer un peu…"

"Quoi ? Pourquoi ?" s'égosilla la rouquine d'une voix rauque, soudain paniquée. "Non ! Vous auriez dû me réveiller ! Je suis en retard pour cet essai d'Histoire de la Magie, je pensais avoir le temps de le finir hier, mais j'ai…"

"Hé… Calme toi, Gin'. Tu es trop angoissée. Professeur Binns ne va jamais se rendre compte que tu n'as pas rendu ton essai, t'inquiètes…" commença George doucement.

"Non ! Non ! Je dois le finir !" répondit Ginny en arrachant les parchemins des mains de Fred qui les avaient pris sur la table.

"Ok… Si tu veux, on peut t'aider à le faire." dit Fred d'une voix inquiète.

"Hm… Ok. Merci."

Les jumeaux s'asseyèrent tous les deux de part et d'autre de Ginny et commencèrent à chuchoter entre eux en reprenant l'essai de leur sœur. Hermione, qui n'entendait plus leur conversation, prit congé et alla se coucher. Elle monta les nombreuses marches jusqu'à son dortoir, et quand elle ouvrit la porte, elle fut surprise de trouver Parvati encore réveillée sur son lit.

"Oh, salut Hermione !" lança joyeusement Parvati. "On ne t'as pas vue de la semaine, tu vas bien ?"

"Ça va." mentit Hermione qui n'avait pas du tout envie de parler de Drago Malefoy, au risque que la nouvelle se répande dans tout le Château dès le lendemain. "Tu ne dors pas ?"

"Non, j'attends que Lavande termine sa douche."

Lavande et Parvati, qui étaient meilleures amies depuis le premier jour de la rentrée, avaient pour habitude de discuter le soir avant de dormir dans le lit d'une des deux. Ça ne gênait pas du tout Hermione parce qu'elles fermaient toujours le rideau et jetaient probablement un sort qui camouflait leurs paroles pour ne pas la réveiller.

Hermione rangea ses affaires et se mit en pyjama avant de se mettre au lit. Il était très tard, mais elle avait quand même envie de lire, alors elle prit le bouquin qui était sur sa table de chevet, "Médicomagie : la branche vénérée de la santé", et commença sa lecture. Elle voulait s'empêcher de penser à son altercation avec Malefoy, et lire était la meilleure des distractions.

Quand elle arriva à un paragraphe intéressant sur l'une des premières médicomages à avoir inventé une potion contre les plantes vénéneuses, la porte de la salle de bains s'ouvrit. De la vapeur s'engouffra à l'intérieur du dortoir au même moment où Lavande sortait, en pyjama. Quand elle vit Hermione en train de lire dans son lit, elle lui fit un sourire :

"Hey Hermione !"

"Salut Lavande."

"Puisque tu es là, est-ce que tu veux ce shampooing ?" proposa la blonde en lui tendant un flacon en verre. "Je l'ai acheté sur le Chemin de Traverse cet été, mais je n'aime pas l'effet sur mes cheveux et Parvati en a déjà plusieurs."

Hermione prit le flacon dans sa main et ouvrit le bouchon : il sentait la fraise.

"J'adore l'odeur !" s'exclama-t-elle.

"Prends-le." répéta Lavande avec un sourire. "Je l'ai acheté à la boutique de Madame Pimprenelle avec ma mère. J'en ai pris un à la fraise et un à la rose…"

"Et pourquoi tu as décidé de garder celui à la rose, Lavande ?" demanda Parvati en gloussant.

"Tu sais très bien pourquoi !" répondit Lavande sur le même ton en regagnant son lit. "C'est son odeur préférée !"

Les deux filles gloussèrent de plus belle.

"Hum… L'odeur préférée de qui ?" demanda timidement Hermione, qui n'avait aucune idée de qui elles parlaient.

Lavande roula des yeux exagérément :

"A ton avis, Hermione ! Tu devrais le savoir, tu es celle qui a tout réussi au test de début d'année !"

"Gilderoy Lockhart ?!"

Les deux filles hochèrent la tête avec des sourires béats sur leurs visages.

"Vous l'aimez bien ?!" demanda Hermione, consternée.

"Evidemment ! Qui ne l'aime pas ?" répondit Parvati. "Il est tellement beau, et son souriiiire !"

Elle fit semblant de s'évanouir sur ses oreillers sous les fous rires de Lavande. Hermione était amusée, et franchement rassurée : elle n'était pas la seule à ressentir de l'attirance pour son professeur !

"Je n'en avais aucune idée que vous le trouviez beau aussi ! Ron et Harry n'arrêtent pas de se moquer de moi quand je dis quelque chose de bien à son égard…"

"Mais Ron et Harry sont des garçons, Hermione." dit Lavande qui avait repris son sérieux à moitié. "Ils ne comprendront jamais qu'un autre garçon puisse être beau tant que ce ne sont pas eux. Surtout un professeur."

"Ron et Harry sont juste jaloux !" compléta Parvati.

Hermione ne pensait pas du tout que Ron ou Harry puissent être jaloux, mais elle préféra ne pas contredire les filles qui riaient trop pour s'en soucier.

"Il m'a dit que j'avais une jolie natte, la dernière fois." jubila Lavande.

"Et moi, il m'a dit que j'avais parfaitement réussi mon sort de défense." dit fièrement Parvati.

"Toi aussi tu le trouve beau, Hermione ?" demanda la blonde.

Hermione sentit ses joues rougir un peu. Elle n'avait jamais parlé de son attirance pour Gilderoy Lockhart à personne, et Lavande lançait le sujet si délibérément. Hermione acquiesça lentement :

"Oui, il est plutôt beau."

"Ça c'est sûr !"

"Il y a d'autres garçons que tu trouves beau, Hermione ?" demanda Parvati.

Hermione essaya d'analyser leurs expressions : elles n'avaient pas l'air de fouiner, elles étaient juste curieuses. Ça devait être un de leurs passe-temps de discuter de ce genre de choses, elles avaient l'air d'avoir beaucoup de choses à dire sur le sujet des "garçons", qu'Hermione n'abordait jamais. Ron et Harry n'étaient pas vraiment experts dans ce domaine-là.

"Hum, non."

"Oh, allez ! Il doit bien y avoir quelqu'un que tu trouves beau ! Harry ?"

Hermione fit une grimace, ce qui fit rire les deux filles en face d'elle :

"Harry ?! Non, jamais de la vie. C'est mon meilleur ami."

"Et alors ? En plus, il est super ténébreux…"

Hermione réprima un rire en entendant cet adjectif, qui ne décrivait absolument pas Harry.

"Aucun garçon ?" demanda Lavande en riant.

La brune réfléchit à la question en passant les garçons qu'elle fréquentait dans sa tête :

"Hum… Je ne sais pas trop… Peut-être les jumeaux Weasley ? Dean ?"

Lavande et Parvati affichèrent une mine un peu déçue. Hermione pensa alors à quelqu'un, mais elle n'avait jamais parlé de ce garçon à personne. Elle se dit que Lavande et Parvati n'auraient absolument jamais la chance de le croiser de sitôt, alors elle leur confia :

"Il y a ce garçon…"

Elles se penchèrent toutes les deux en avant, en écoutant attentivement :

"C'est le grand frère de mon meilleur ami moldu. Il s'appelle Thomas. J'ai un crush sur lui depuis toujours, mais je n'ai jamais osé en parler."

"Ooooh." dit Lavande. "Il est beau ?"

"Oui, il est grand, et il a des cheveux châtains très clairs qui lui tombent devant les yeux."

"Le grand frère de ton meilleur ami ! Qui aurait pu penser qu'Hermione Granger soit aussi dévergondée ?" se moqua gentiment Lavande. "Donc pas de crush honteux ?"

"Honteux ?" répéta Hermione.

"Tu sais, le genre de mec que tu ne peux pas vraiment avouer, parce que c'est embarrassant. Par exemple, pour Parvati, c'est Drago Malefoy."

La concernée lâcha un "hey !" à Lavande avec un sourire, et quand elle le vit le regard de pur choc sur le visage d'Hermione, elle plaça ses deux mains devant elle comme pour se défendre :

"Juste physiquement ! Si tu oublies le côté arrogant et tout ça."

"Et moi, c'est Blaise Zabini." ajouta Lavande en ricanant.

Hermione visualisa le meilleur ami de Malefoy : il était grand, noir de peau, et avec des traits parfaits, comme s'il avait été sculpté dans de la pierre. C'était vrai qu'il était beau. Hermione pensa aussi à Théodore Nott, qu'elle trouvait assez craquant avec ses cheveux bouclés. Mais c'était peut-être parce qu'il avait des livres à la main en permanence.

Lavande et Parvati poursuivèrent leur conversation jusqu'à tard, se lançant dans un classement des garçons les plus mignons de Poudlard qu'elle énumérait l'une et l'autre en riant. Hermione écoutait, amusée, donnant parfois son avis, mais elle s'endormit avant de pouvoir entendre qui avait gagné la première place.


Hermione


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"Et c'est comme ça que tu arrives à la potion d'Enflure !" conclut Hermione en chuchotant.

Elle avait tellement parlé que sa gorge était sèche. Hermione étudia la réaction de Neville pour voir s'il avait compris son explication sur les potions. En voyant son air d'incompréhension, elle s'appuya sur le dossier de sa chaise et se passa une main sur le visage.

Neville et elle étaient assis à la Bibliothèque depuis plusieurs heures pour leur séance de révision de la semaine. La classe de Potions était la plus difficile pour Neville, qui en plus de sa maladresse innée, n'arrivait pas à comprendre l'addition des ingrédients et finissait toujours par se tromper dans l'ordre ou les propriétés des ingrédients. Il jurait qu'elle l'aidait beaucoup, mais elle avait du mal à le croire.

Elle reprit le manuel et expliqua chaque propriété des ingrédients, et lui proposa ensuite de faire un exercice pour comprendre leurs vertus. Il commença à répondre aux questions de l'exercice du manuel, et elle attendit patiemment qu'il termine en regardant par la fenêtre.

Il pleuvait dehors, comme depuis une semaine, mais ça n'empêchait pas Harry de s'entraîner pratiquement tous les jours. Elle pouvait discerner vaguement les silhouettes habillées en rouge voler au-dessus du terrain. Hermione s'amusa à essayer de deviner laquelle des silhouettes était Harry quand une voix nasillarde la tira de ses pensées :

"Londubat ? Ta copine te fait réviser ton cours de Potions ?"

Hermione se retourna et croisa le regard sombre et amusé de Pansy Parkinson. Elle portait son uniforme de Serpentard, mais elle l'avait vraisemblablement raccourci, et avait enlevé sa cravate. Hermione ne répondit rien, mais Neville était devenu rouge.

"Ignore-la, Neville." conseilla Hermione en murmurant.

"Attention Granger, tes dents vont rayer la table si tu continues de parler." lâcha Parkinson avec un petit rire.

Hermione ne répondit rien mais la suivit du regard tandis qu'elle s'asseyait à une table de la Bibliothèque un petit peu plus loin. Nott était déjà assis, accompagné de Malefoy et Crabbe qui lisaient. Ils ne se saluèrent même pas quand elle arriva à leur table. Pansy sortit un parchemin de son sac et parla quelques secondes avec Théodore Nott qui haussa les sourcils en riant. Il lui montra quelque chose dans son livre, et Malefoy leva les yeux au ciel et chuchota quelque chose à Crabbe…

"Hermione ?"

"Hm ?"

"J'ai fini."

Hermione se rendit compte qu'elle était en train d'observer le groupe de Serpentards depuis trop longtemps, et que Neville avait probablement répété son prénom plusieurs fois pour avoir son attention. Elle s'excusa et se pencha sur sa feuille d'exercice pour la relire. Elle lui corrigea quelques propriétés d'ingrédients qu'il avait confondu, essayant de lui apprendre des mémotechniques pour ne pas qu'il oublie lors du prochain cours.

"Voilà, je crois que je t'ai tout dit." dit-elle en lui tendant son cahier d'exercice. "Tu avais besoin d'aide pour autre chose ?"

"Hm, oui à vrai dire… Tu as fait l'essai d'Astronomie ?"

"Oui, je l'ai terminé hier."

"Je l'ai presque fini. Je peux terminer de l'écrire pour que tu me le corriges ?"

"Oui, oui. Bien sûr."

Neville sortit son parchemin et sa plume de son sac et finit de rédiger son essai. Pour ne pas le déconcentrer, elle préféra se taire et attendre plutôt que d'essayer de lire au-dessus de lui.

Hermione avait terminé tous ses devoirs. Elle aurait pu se lever pour choisir un livre, mais sa liste de livres empruntés était déjà pleine et elle n'avait pas envie de commencer une lecture alors qu'un très bon livre l'attendait déjà sur sa table de chevet. Au bout de plusieurs secondes, elle posa sa tête dans ses mains et continua sa contemplation silencieuse de la table des Serpentards.

Pansy Parkinson ne travaillait pas du tout. Elle parlait avec Malefoy et ils riaient tous les deux de temps en temps, tandis que Nott lisait un livre qu'Hermione n'arrivait pas à identifier. Crabbe, lui, semblait peiner à finir un parchemin, sûrement un essai, et demandait de l'aide à Nott qui refusait d'un signe de la main sans lever la tête de son livre.

Malefoy avait abandonné tout projet de travail : il ne jetait même plus un coup d'œil sur le parchemin en face de lui. Il avait des livres et des manuels ouverts devant lui, mais son attention était complètement accaparée par Pansy Parkinson qui lui racontait quelque chose en faisant des grands signes de la main. Hermione pouvait voir les lèvres de Nott bouger parfois, mais Pansy ne se tournait pas vers lui et continuait de parler à Malefoy qui l'observait attentivement.

Pansy Parkinson était, il fallait l'avouer, très jolie. Elle ne l'aimait pas à cause de son caractère et du fait qu'elle se moquait d'elle en permanence, mais si on mettait sa personnalité de côté, elle était vraiment belle. Elle avait un teint très pâle qui contrastait avec ses cheveux noirs et ses yeux sombres qu'elle maquillait avec de l'eye liner pour faire des yeux de chat. Son carré court s'arrêtait pile en dessous de ses oreilles et ses cheveux étaient soyeux, lisses, et bougeaient au rythme de ses mouvements de tête comme des vagues symétriques. Hermione aurait tué pour avoir cette texture de cheveux.

Soudain, sans qu'elle s'y attende, Malefoy se tourna vers Hermione. Elle voulut détourner le regard, mais ses yeux gris la transperçaient tellement qu'elle prit plusieurs secondes avant de pouvoir s'arracher d'eux. Comment pouvait-elle voir qu'ils étaient gris alors qu'ils étaient si loin ? Est-ce qu'il s'était tourné vers elle parce qu'ils parlaient d'elle et qu'il l'avait regardée à l'évocation de son prénom ? Ou avait-il senti qu'elle le regardait déjà ?

Elle feignit de s'intéresser à l'essai de Neville en sentant toujours le regard perçant de Malefoy sur elle.

Au bout de plusieurs minutes, elle regarda discrètement de nouveau vers la table des Serpentards.

Elle était vide.

"Voilà ! Terminé !" dit fièrement Neville en posant sa plume sur la table.

Hermione sourit et prit l'essai pour le relire. Elle corrigea quelques phrases et le positionnement de certaines planètes, mais en somme, c'était un très bon devoir.

Ils se dirigèrent ensuite tous les deux vers la Grande Salle pour dîner. Ron et Harry avaient déjà terminé de manger (ils aimaient le faire juste après l'entraînement), alors Hermione dîna en compagnie de Neville et de Seamus. Ils discutèrent de tout et de rien, puis remontèrent dans la Salle Commune qui était assez pleine en ce samedi soir.

Elle s'assit sur l'un des canapés rouges et s'enfonça dedans. Ron était assis à ses pieds et terminait son essai d'Astronomie, et Harry descendit de son dortoir quelques minutes après. Il s'assit sur le canapé d'Hermione et lui fit un petit sourire : ses cheveux étaient plus longs qu'en première année, ils couvraient presque entièrement sa cicatrice sur son front.

"Comment s'est passé l'entraînement ?" demanda-t-elle.

"Fatiguant. Il pleuvait, et en plus Fred et George m'ont dit que les balais de l'équipe de Serpentards sont bien plus performants que les nôtres. Et toi, comment s'est passée ta séance de révisions à la Bibliothèque ?"

"Super, on a révisé un chapitre de Potions et l'essai d'Astronomie."

Ron lâcha une plainte étouffée :

"Quoi ? Tu n'aurais pas pu m'aider moi plutôt ?"

Hermione leva les yeux au ciel :

"Tu ne veux pas de l'aide, tu veux que je rédige ton essai à ta place. Ce n'est pas travailler, c'est se reposer sur ses lauriers."

"Et alors ? Être meilleur ami avec la première de l'école devrait au moins m'apporter des avantages !" répondit Ron avec un demi-sourire.

"Tu n'avais qu'à venir à la Bibliothèque avec nous, tu aurais eu ta séance de révisions avec Neville."

Ron grommela mais ne répondit rien et continua de gribouiller sur son parchemin. Hermione jeta un coup d'œil par-dessus son épaule et vit qu'il s'était trompé dans les deux diagrammes qu'elle pouvait apercevoir.

"Oh ! Au fait, j'ai croisé Nick-Quasi-Sans-Tête sur le chemin du retour après l'entraînement." continua Harry. "Il m'a demandé si je voulais assister à l'anniversaire de sa mort, c'est le soir d'Halloween. Il y aura une sorte de fête avec plein de fantômes, et il vous a invité tous les deux aussi."

"Un anniversaire de mort ?" dit Hermione avec enthousiasme. "Il ne doit pas y avoir beaucoup de vivants qui peuvent se vanter d'avoir assisté à ce genre de fête. Ça va être passionnant !"

"Fêter l'anniversaire de sa mort, quelle idée !" bougonna Ron. "Je ne vois pas ce que ça a de réjouissant !"

"Il m'a aidé à éviter une retenue. D'ailleurs, quand j'étais…"

La phrase d'Harry fut interrompue par un bruit d'explosion derrière eux. Quand ils se retournèrent en même temps pour voir ce qu'il se passait, Hermione ne fut pas surprise de voir les visages hilares de Fred et George, qui faisaient des expériences sur une pauvre salamandre qui avait l'air d'avoir avalé des feux d'artifice. Elle tournoyait dans les airs en crachant des étincelles.

La voix autoritaire de Percy couvrait à peine le spectacle qui se déroulait au-dessus de la tête des élèves et des éclats de rire des jumeaux. Hermione n'aimait pas trop ça, elle regarda la salamandre avec un air désapprobateur, puis se retourna de nouveau vers le feu. Elle avait oublié de quoi ils parlaient.

Ron produisit un son entre la plainte et le grognement. Hermione soupira :

"Merlin, Ron, donne-moi ton essai."


Drago


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Le soir d'Halloween, Drago n'aurait pas pu rêver d'un meilleur festin. Il n'avait pratiquement rien mangé à midi pour se réserver de l'appétit pour le soir, et il dévora tout ce qu'il lui passait sous les yeux, surtout les desserts. Après sa troisième part de tarte, il déclara forfait.

Il se massa le ventre en contemplant la décoration d'Halloween : plein de citrouilles volaient en dessous du faux plafond où la pluie s'abattait dans un bruit apaisant, et il y avait une délicieuse odeur de citrouilles et de cannelle qui s'était répandue dans la Grande Salle. Pansy, elle, regardait distraitement les chauve-souris qui tournoyaient au centre de la salle.

Potter, Weasley et Granger étaient absents. Drago voulut le faire remarquer, mais vu la réaction qu'avait eu ses amis la dernière fois qu'il avait osé s'exprimer à leur sujet, il n'osa pas.

"Qu'est-ce que tu lis, Nott ?" demanda Goyle.

Le garçon ne leva pas les yeux de son livre en répondant instinctivement :

"Ça ne te regarde pas."

Blaise, qui ne parlait toujours pas à Crabbe et Goyle et qui s'était donc assis de l'autre côté de Drago pour éviter d'être en face d'eux, eut un petit rire. Goyle ignora la remarque de Nott et insista :

"On voulait savoir… Est-ce que tu pourrais faire notre devoir d'Histoire de la Magie ?"

Nott leva les yeux au ciel :

"Même pas en rêve."

"Mais tu l'as fait pour Pansy !"

"Oui, parce que c'est mon amie."

"Et nous ? On est pas tes amis ?!"

Nott arqua un sourcil et leva quelques secondes la tête pour s'adresser directement à Goyle :

"Non."

Les deux garçons levèrent les yeux au ciel et eurent un gros soupir de déception. Nott ne flancha pas. Soudain, Crabbe eut une idée :

"Et si on te payait ?"

Cette fois-ci, Théo leva subitement la tête de son livre et sembla intéressé pour la première fois de la soirée :

"Me payer ?"

"Oui ! On te paye à chaque devoir que tu fais pour nous."

Goyle hocha vigoureusement la tête pour approuver l'idée.

"Combien ?" demanda avidement Théo.

"4 Gallions si tu nous décroche un "Acceptable", 6 Gallions pour un "Effort exceptionnel" et 10 Gallions pour un "Optimal"" répondit Crabbe en comptant sur ses doigts.

Théo sembla réfléchir plusieurs secondes à la question, puis tendit une main par-dessus la table :

"Deal."

Crabbe la serra. Ils étaient tous les trois ravis, ce qui fit rire Drago. Pansy, qui n'avait pas bougé la tête pour regarder l'échange et contemplait toujours les chauves souris, demanda :

"Pourquoi tu acceptes ça, Nott ? La porte de ton coffre de Gringotts doit probablement avoir du mal à se fermer à cause de toutes les pièces à l'intérieur."

"Parce que ce n'est pas mon argent, c'est l'argent de mon père." répondit Théo en replongeant dans son bouquin.

"Et alors ? Tu peux te servir autant que tu veux."

"Mais justement, il vaut mieux avoir de l'argent de côté en sécurité, au cas où. Juste… Pour moi."

Drago fronça les sourcils. Il n'avait jamais pensé à avoir de l'argent de côté, il savait qu'il en avait beaucoup à Gringotts et ça lui suffisait. Pansy devait penser pareil parce qu'elle n'émit aucune objection.

"Et arrêtez de m'appeler Nott." ajouta froidement Théo.

"D'accord Théodore." répondit Pansy avec un sourire en coin.

"Non plus. C'est mon père ça. Appelez moi Théo par Merlin !"

Drago, Pansy et Blaise ricanèrent tandis que Théo continuait de lire avec les sourcils froncés.

À la fin du repas, Dumbledore se leva pour faire un petit discours, mais Drago parlait avec Blaise et n'écoutait pas un mot de ce que le directeur dit, mis à part "allez au lit !". Il se leva, épuisé d'avoir tant mangé, et suivit la foule d'élèves qui se dirigeaient vers leurs dortoirs respectifs. Il poussa sans vergogne les élèves plus petits que lui pour se retrouver tout devant et atteindre son lit plus vite.

Mais quand il tourna dans le couloir, le spectacle qu'il vit devant ses yeux l'arrêta brusquement sur ses pas.

Potter, Weasley et Granger étaient tous les trois seuls au milieu, face à l'un de murs où il était écrit :

"LA CHAMBRE DES SECRETS A ÉTÉ OUVERTE. ENNEMIS DE L'HÉRITIER, PRENEZ GARDE."

Le message était écrit dans une encre rouge, qui coulait un peu. En dessous, la chatte de Rusard pendait misérablement à une torche, figée comme une planche. Drago sentit un frisson lui parcourir l'échine quand il réalisa que l'encre rouge était en fait du sang. Il entendit le souffle de Pansy se couper à côté de lui. Il était à la fois excité de voir Potter se faire attraper de la sorte, et en même temps un peu effrayé par le message en face de lui.

"Ennemis de l'héritier, prenez garde ! Bientôt, ce sera le tour des Sang-de-Bourbe !" s'exclama-t-il.

Il regarda le visage de Potter perdre le peu de couleur qui lui restait avec déléctation.

"Qu'est qu'il se passe, ici ?"

Drago se retourna pour voir le concierge qui se frayait un chemin dans la foule agglutinée devant la scène sinistre qu'ils avaient devant eux. Quand il vit Miss Teigne, son visage se fendit dans une expression affolée qui déformait tous ses traits :

"Ma chatte ! Ma chatte ! Qu'est-ce qui est arrivé à ma chatte ? Vous !" hurla-t-il en pointant Potter du doigt. "C'est vous qui avez assassiné ma chatte ! Vous l'avez tuée ! Et maintenant, c'est moi qui vais vous tuer ! Je vais…"

"Argus !"

Dumbledore fit son apparition à son tour. Il n'était pas du tout enjoué comme à la fin du festin d'Halloween quelques minutes plus tôt, il était grave et sérieux. Il décrocha la chatte de Rusard du mur et énonça calmement :

"Venez avec moi, Argus. Vous aussi, Mr Potter, Mr Weasley et Miss Granger."

Le groupe s'éloigna doucement. La foule d'élèves, silencieux jusque là, explosa de murmures et d'exclamations choquées tandis que chacun reprenait leurs routes. Drago inspecta de nouveau la phrase écrite sur le mur, puis alla rejoindre Pansy, Blaise, Théo, Crabbe et Goyle qui descendaient dans les cachots :

"C'était quoi ça, à votre avis ?" demanda Pansy, le teint livide.

"Aucune idée." répondit Blaise, soucieux. "La Chambre des Secrets ? Et pourquoi Potter était devant ?"

Ils arrivèrent dans la Salle Commune des Serpentards. Elle était blindée : tout le monde discutait de ce qu'ils venaient de se passer à la sortie du dîner d'Halloween. Le groupe de Drago réussit à se trouver des places dans un canapé et des fauteuils au fond de la pièce.

"Ennemis de l'héritier, prenez garde ? Qu'est ce que ça peut vouloir dire ?" demanda Pansy.

"Que le monstre de la Chambre des Secrets va attaquer des nés-moldus." répondit Théo qui était assis dans l'un des fauteuils.

Tout le monde se tourna vers lui. Il expliqua doucement :

"Vous n'avez jamais lu L'Histoire de Poudlard ? Il y a une légende qui dit que Salazar Serpentard aurait crée une chambre à l'intérieur de l'école, et qu'il y a caché un monstre capable de supprimer les élèves qui ne mériteraient pas de faire de la magie."

"Les Sangs-de-Bourbe ?" demanda Goyle.

"Oui. Selon la légende, seul le véritable héritier de Salazar Serpentard pourrait être capable d'ouvrir la Chambre."

"C'est vrai ?" demanda Pansy, à la fois émerveillée et paniquée.

"Seulement si tu veux y croire." répliqua Nott en haussant les épaules.

"Ça serait bien, un monstre qui pourrait éliminer tous les Sangs-de-Bourbe." dit Drago.

"Mais imagine qu'il se trompe et qu'il nous tue, nous…" dit Pansy d'une voix aiguë.

Il y eut un petit silence, où ils se contemplèrent tous les six comme si l'un d'eux allait soudain se transformer. Puis, Blaise intervint :

"Ça n'explique toujours pas pourquoi Potter se trouvait devant. Il est pas censé vouloir protéger les nés-moldus ? Comme Granger ?"

"Peut-être qu'il s'est juste retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment." coupa Théo qui ouvrit son livre à la bonne page pour continuer sa lecture.

"Mon père m'a déjà parlé de cette Chambre…" dit Drago doucement, plongé dans ses souvenirs. "Je crois qu'il savait quelque chose, il m'a déjà dit qu'un jour, Poudlard réussirait à se débarrasser des nés-moldus quand le véritable héritier reviendrait… Je crois qu'elle a déjà été ouverte avant, et qu'un né-moldu avait été tué."

"Quoi ?" s'égosilla Pansy et Goyle au même moment.

"Je lui enverrai un hibou demain pour lui demander."

"Tu n'as aucune idée de qui ça peut être, l'héritier ?" demanda Goyle.

"Non…"

Drago avait beau fouiller dans ses souvenirs, il n'arrivait pas à se rappeler spécifiquement du moment où Lucius avait parlé de cette Chambre des Secrets devant lui. Il devait définitivement écouter plus attentivement pendant les dîners de famille.

Tout le monde dans la Salle Commune était tendu, surtout Pansy. Crabbe et Goyle jetaient des regards terrifiés autour d'eux, comme si le monstre allait les attaquer d'une minute à l'autre, puis ils allèrent se coucher silencieusement. Blaise semblait perdu dans ses pensées, peut-être à élaborer une théorie. Théo lisait tranquillement dans un fauteuil.

Pansy leva soudain la tête et quand elle vit Théo, elle s'énerva :

"Tu n'en as pas marre de lire en permanence, Nott ?"

"Non. Je vous entends quand je lis, j'arrive à faire deux choses à la fois."

Les yeux de Pansy s'assombrirent et elle se leva précipitamment.

"Qu'est-ce que tu lis, d'abord ? Qu'est ce qui peut être plus intéressant que notre conversation, hein ?"

Théo se rendit compte de son geste une seconde trop tard. Il essaya de s'accrocher à son livre avec une faible plainte étouffée, mais Pansy lui arracha des mains.

"Non !" hurla Théo.

Il était complètement paniqué, maintenant. Il était penché en avant, le bras en l'air, essayant à tout prix d'empêcher Pansy de lire le titre de son livre. Evidemment, cette réaction intrigua encore plus la brunette qui lut tout de suite l'ouvrage à voix haute :

"Vingt milles lieues sous les mers."

Une onde de choc parcourut le groupe de Serpentards. Théo baissa la tête, les joues rouges.

Un livre moldu.