Drago


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"Un livre moldu ?" s'écria Drago.

Pansy lâcha soudainement le livre comme s'il portait une maladie. Elle regarda Théo avec un air de dégoût tandis qu'il le ramassait par terre. Il avait les joues rouges, évitait le regard de ses amis et se recroquevilla contre son fauteuil avec son livre à la main.

"Théo, qu'est-ce que tu fous avec un truc pareil ?" siffla Pansy, scandalisée.

"C'est rien." dit-il calmement.

Son ton contrastait trop avec ses joues rouges et son embarras pour être vrai.

"Comment ça, rien ?" insista Pansy.

"C'est rien, je le lis seulement pour ma… Culture."

"Ta culture moldue ?" appuya Drago.

Pansy et Drago se tenaient tous les deux devant Théo qui tenait son livre contre sa poitrine, comme pour se protéger de leurs mots. Il hocha plusieurs fois la tête et se passa une main dans la masse de cheveux bouclés qu'il avait, un geste qu'il faisait souvent quand il était stressé.

"Comment tu peux lire ça ?" demanda Pansy.

"Tu ne sais même pas de quoi ça parle !"

"J'en ai pas besoin, je sais que c'est Moldu !"

"Et alors ? Tu ne t'intéresses jamais à ça, toi ?"

"Non !" dit Pansy de sa voix aiguë.

"C'est pratiquement un sorcier, cet auteur." dit Théo. "Ça parle d'une exploration sous-marine du 19ème siècle, aucun Moldu n'aurait réussi à réaliser cet exploit…"

"Alors pourquoi tu ne lis pas plutôt des livres de sorciers directement, Nott ?" dit Drago. "Il y en a des milliers dans la Bibliothèque !"

"Parce que ça m'intéresse." expliqua Théo, toujours en évitant de regarder Pansy et Drago dans les yeux. Il voulait paraître plus décontracté, mais sa posture crispée trahissait son angoisse. "Je m'intéresse à tout, et la littérature moldue… Je sais pas, certains livres me plaisent ! Ça fait de moi un traître ?"

"Oui !" dirent en chœur Drago et Pansy.

"Arrêtez, laissez-le tranquille." intervint Blaise.

Drago se tourna vers lui. Il était posé dans le canapé, parfaitement paisible. Pansy se recula de choc :

"Quoi ? Tu étais au courant ?"

"Évidemment que je suis au courant, je connais Théo depuis dix ans."

"Comment tu peux approuver ça ?" demanda Drago.

"Il faut croire que vous le faisiez aussi." répondit Blaise avec un petit sourire. "Ça fait un an que vous traînez avec Théo, et vous n'avez jamais voulu savoir ce qu'il lisait ?"

"On aurait jamais pensé qu'il pouvait lire ça."

"Tu ne sais même pas de quoi tu parles, Pans' !" dit Théo. "Si seulement tu les lisais, certains livres sont vraiment bien écrits et…"

"Arrête !" coupa Pansy. "Comment peux-tu oser dire ça ? Et ton père, qu'est-ce qu'il en pense, de ces lectures ?"

Les joues de Théo s'enflammèrent encore plus et il baissa la tête. Ce fut Blaise qui répondit d'un ton tranchant :

"On s'en fout de ce qu'en pense son père. Tu écoutes toujours le tien, toi ? Quand tu te maquilles, ou quand tu dors avec Drago ?"

Pansy ouvrit grand les yeux, mais ne répondit rien. Elle s'assit sur le canapé derrière elle et croisa les bras sur sa poitrine. Drago s'assit à côté d'elle et se passa une main sur le visage, comme pour se réveiller d'un mauvais cauchemar. Comment cette soirée avait-elle pu dégénérer autant ? D'abord ce message étrange sur le mur, puis Théo qui lisait des livres moldus ? Est ce qu'il allait apprendre que Blaise était un Sang-de-Bourbe avant d'aller se coucher ?

Drago remarqua que certaines personnes autour d'eux écoutaient leur conversation, probablement à cause de leurs éclats de voix qui avaient dû attirer leur curiosité. Il les ignora. Théo, lui, tournait son livre dans tous les sens pour s'occuper les mains pendant ce long silence. Il finit par reprendre la parole en chuchotant :

"Je sais que vous êtes attachés aux valeurs de vos parents, et je comprends. Mais ce n'est pas mon cas. Je crois que mon père a tort, et que c'est une mauvaise personne. Je m'intéresse à ça parce que je veux comprendre ce que mon père me cache."

Pansy ne répondit rien : ses lèvres étaient pincées et ses yeux vagabondaient entre Théo et Blaise qui soutenait son regard avec une lueur de défi dans les yeux.

Drago demanda :

"C'est pour ça que tu as accepté l'offre de Crabbe et Goyle ? Parce que tu ne veux plus porter ton nom de famille, et que ton père va te renier ?"

Drago repensa aux trous noirs sur le parchemin de son arbre généalogique qu'il avait appris l'année précédente. Il imagina le nom de Théodore Nott Junior rayé grossièrement. Comment pouvait-il envisager ça ?

Théo haussa vaguement les épaules et osa enfin lever la tête vers Drago :

"Je ne sais pas, mais je me dis que si ça arrive, il vaut mieux être prudent."

Blaise approuva d'un signe de tête. Pansy ne dit rien. Elle soupira, se leva, et alla rejoindre Daphné Greengrass qui était à côté de la cheminée de la Salle Commune sans un mot.

Drago repensait à ce que venait de dire Nott. Il n'avait jamais remis en question les paroles de son père, les valeurs que sa famille lui avait transmises. Il savait que les Moldus étaient inférieurs, et que les Sangs-de-Bourbe ne méritaient pas d'apprendre la magie. Seuls les Sangs-Purs méritaient l'éducation. Il n'y avait qu'à voir Granger pour comprendre qu'ils étaient à part, qu'ils étaient étranges.

Mais il devait avouer que ce que disait Nott l'intriguait. Il n'avait jamais entendu de personnes de son âge et de son rang s'exprimer de la sorte. Il était à la fois dégoûté et admiratif.

Le soir, Drago entra dans son dortoir avec Pansy sur les talons. Ils se changèrent en silence, et à peine furent-ils entrés dans le lit de Drago que Pansy agita sa baguette pour fermer les rideaux et mettre en place un sortilège de silence qui empêchait Blaise et Théo d'entendre ce qu'ils disaient. Drago entendit le soupir irrité de Blaise de l'autre côté de la pièce, mais Pansy l'ignora. Ils s'allongèrent tous les deux et Pansy posa tout de suite son coude contre le matelas pour pouvoir regarder Drago :

"On peut parler de ce qu'il vient de se passer ?"

Drago contemplait le plafond de son lit à baldaquins : il était vert et drapé. Il prit une grande inspiration et dit dans un souffle :

"Quelle partie ? La Chambre des Secrets ou le fait que Nott lise des livres moldus ?"

"Les deux. Qu'est ce qu'on en pense ?"

Drago aimait le fait qu'elle prononce "on" pour parler de leurs opinions. Il ressentait la même chose, le besoin de mettre en perspective ses propres pensées et celles de Pansy, qui étaient toujours les mêmes, comme s'ils partagaient le même cerveau.

"J'en sais rien. Concernant Nott, je suis vraiment surpris."

"Tu savais qu'il avait pour projet de s'émanciper de son père ?"

Drago secoua la tête contre son oreiller :

"Non. Mais je dois avouer que je ne le blâme pas vraiment pour ça. Son père est le pire de nos parents, et de loin."

Il avait un vague souvenir du père de Nott, et à chaque fois qu'il l'avait croisé, il avait eu un grand frisson dans le dos. À côté, Lucius était un gentil papa aimant.

"Oui mais quand même… Un livre moldu !"

Drago n'était pas très objectif. Pendant sa première année à Poudlard, il s'était lié d'amitié avec Théo. Il s'était avéré être drôle, gentil, intéressant, ils avaient passé de nombreuses soirées à discuter ou rire dans leur dortoir, et il s'était attaché à son sérieux et ses tics qu'il connaissait par cœur, désormais. Il avait finalement compris pourquoi Blaise et lui étaient amis depuis tant d'années. Drago ne l'avait jamais apprécié avant, mais maintenant, Théodore Nott représentait pour lui un de ses meilleurs amis. Il ne voulait pas s'éloigner de lui, et encore moins parce qu'il lisait.

"Je sais pas…" commença Drago d'une voix hésitante. "J'aime bien Nott. Est-ce que je suis d'accord avec ce qu'il lit ? Non. Est-ce que je n'ai plus envie d'être ami avec lui pour autant ? Non plus."

Pansy réfléchit à ses paroles. Il essaya encore de la convaincre :

"Ce ne sont que des livres, Pans'. Il veut se rebeller contre son père en lisant des livres moldus, c'est une méthode bizarre je te l'accorde, mais je peux le comprendre. On est pas obligés d'approuver ça pour autant."

"Blaise l'approuve."

"Raison de plus ! Blaise a toujours raison, tu le sais bien."

Pansy eut un faible sourire.

"Bon… D'accord. Si tu l'acceptes, alors je te suis."

Drago reposa sa tête contre ses bras et regarda quelques secondes le haut de son lit avant que la petite voix de Pansy s'élève encore une fois :

"Et pour la Chambre des Secrets ?"

Il se tourna vers elle : elle avait l'air réellement effrayée. Ça lui faisait penser au moment où elle lui avait demandé s'il était sûr qu'il serait envoyé à Serpentard, l'été dernier. Son visage de porcelaine était strié d'un pli soucieux entre ses deux sourcils, et ses yeux sombres étaient presque suppliants. Elle avait besoin d'être rassurée, et comme souvent, elle l'affichait rarement en public, uniquement quand elle était seule à seule avec Drago.

"Ne t'en fais pas, c'est probablement juste une blague d'un élève qui a voulu semer la panique, c'est tout. Et au pire des cas, si elle existe vraiment et qu'elle est vraiment ouverte, tant mieux ! On ne sera jamais touchés, on est des Sangs-Purs."

Pansy hocha la tête, comme pour se convaincre elle-même, mais elle avait l'air toujours soucieuse. Drago était soudain épuisé d'avoir tant parlé et de la suite des évènements qu'ils avaient vécu après le festin, alors il se tourna pour montrer à Pansy qu'il allait s'endormir et elle ne dit plus un seul mot.

Ce fut seulement dix minutes plus tard qu'elle osa se rapprocher de lui. Il sentit sa tête se reposer contre son épaule et son souffle dans son cou, et il s'endormit en se calquant sur ses respirations.


Drago


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Lucius avait pris l'habitude de lui envoyer plus de courrier qu'avant. Drago suspectait sa mère d'y être la cause et de lui avoir ordonné de lui écrire plus souvent, mais Drago était quand même touché par ce geste. Il envoyait des coupures de journaux, des lettres, parfois même des cadeaux. Drago était donc content de recevoir du courrier le lendemain matin, mais sa joie fut de courte durée quand il lit le mot qu'Ébène lui avait apporté :

Cher Drago,

Nous t'informons que nous partirons en Sibérie avec ta mère pendant le mois de décembre pour régler des affaires de famille. Tu devras donc rester à Poudlard pendant les vacances de Noël.

Désolé.

Cordialement,

Lucius Malefoy.

Drago relut plusieurs fois le mot et poussa un soupir de déception. Théo et Blaise se tournèrent vers lui dans l'attente d'une explication, mais Drago tendit la lettre à Pansy. Elle fronça les sourcils, s'empara du papier et le lut silencieusement. Quand elle l'eut fini, elle releva la tête et croisa le regard de Drago. Ses yeux noirs étaient brillants.

"Quoi ? Mais pourquoi ?" dit-elle dans un souffle.

"Je sais pas… Je crois que j'ai de la famille du côté de mon père là-bas, mon père doit sûrement y aller pour une affaire urgente…"

Il pouvait voir au visage déçu de Pansy que ce n'était pas vraiment la raison qu'elle attendait. Drago n'avait aucune excuse à lui fournir, il était aussi dégoûté qu'elle.

Blaise prit la lettre des mains de Pansy et la lut à son tour, puis la passa à Nott, qui la passa à Crabbe et Goyle. Pansy n'avait pas détourné le regard.

"Mais… Moi, je dois rentrer." murmura-t-elle.

"Je sais."

C'était la première fois que Pansy et lui allaient passer un Noël séparés depuis qu'ils étaient enfants. Il n'avait jamais passé Noël sans elle. Il ressentit une sensation bizarre au creux de l'estomac, comme si le poids de cette révélation tomba brusquement dans son corps.

"Nous aussi on va rester, Drago."

Crabbe désigna Goyle et lui-même d'un geste de la main. Drago avait envie de leur dire que ça ne le réconfortait pas vraiment, mais il n'avait pas envie d'être méchant, alors il leur fit un petit sourire :

"Merci, les gars."

"Moi aussi je peux rester." dit Blaise, ce qui allégea l'humeur de Drago. "Ma mère ne sera sûrement pas là de toute façon."

"Super, je vais être seule avec mon père le soir de Noël." maugréa Pansy.

"Moi, je serais là." dit doucement Théo.

Il n'avait pas parlé depuis la veille, depuis qu'ils avaient découvert le titre de son livre. Pansy leva la tête et regarda longuement Nott, avant de chuchoter simplement :

"Merci, Théo."

Ce dernier eut l'air soulagé.

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Comme il s'y attendait, la lettre de sa mère arriva le lendemain matin. Dedans, elle expliqua plus longuement la raison de leur absence, une affaire importante de famille, testament, enterrement, et autres explications où Drago ne s'attarda pas plus longtemps. Sa mère rattrapait toujours ce que disait Lucius, elle prenait plus de temps à lui expliquer la situation et s'excuser, mais ça ne changeait rien de ce qu'avait dit son père. Ils ne passeraient pas Noël ensemble.

Drago profita de sa journée du samedi pour aller à la Bibliothèque avec Théo. Ils avaient continué de se parler comme s'il ne s'était rien passé, et Théo avait le bon sens de ne pas lire de livre moldu devant lui, au risque de provoquer une autre dispute. Il s'attarda plutôt sur les deux essais d'Histoire de la Magie qu'il devait rendre à la place de Crabbe et Goyle, tandis que Drago sortait un parchemin pour écrire une lettre à son père :

Cher Père,

J'ai bien reçu ta lettre. Je suis un peu déçu de ne pas pouvoir passer Noël avec vous cette année, mais je comprends que vous soyez occupés avec cette histoire de testament.

Ici, il s'est passé une chose étrange. En sortant du festin d'Halloween, nous sommes tombés sur un mot écrit sur l'un des murs de Poudlard : "La chambre des secrets a été ouverte, ennemis de l'héritier, prenez garde."

Est-ce que tu sais quelque chose là-dessus ? Je sais que tu as déjà parlé de cette Chambre des Secrets, mais je ne me souviens plus dans quel contexte. Les ennemis de l'héritier, c'est les nés-moldus ? A-t-elle déjà été ouverte ? Est-ce que c'est réellement une légende ?

Beaucoup de monde se pose des questions ici, le château entier ne parle que de ça depuis deux jours. Pansy est affolée, mais je l'ai rassurée en lui disant que c'était probablement une farce d'un élève, et que de toute façon, ça ne nous concernait pas.

Le plus bizarre est que c'est Potter qui a été retrouvé devant. De tous les élèves de Poudlard, c'est lui qui est pris sur le fait ! Qu'est-ce-que tu en penses ? Je sais que tu as dit qu'il ne fallait pas cracher sur St Potter parce qu'il est censé avoir sauvé le monde des sorciers, mais c'est quand même très étrange.

Réponds moi vite je te prie.

Amitiés,

Drago.

Il fit lire sa lettre à Théo qui approuva d'un hochement de tête quand il eut terminé :

"Parfait. J'espère qu'il pourra nous donner des réponses rapidement. Je n'ose pas demander à mon père, il dirait certainement que je fourre mon nez dans des affaires qui ne me concerne pas."

Drago haussa les épaules : lui, il s'en fichait. Il était curieux, parfois un peu trop, mais son père ne l'avait jamais découragé à l'être. Il ne voyait pas en quoi poser quelques questions pouvait être indiscret.

"Tu veux venir à la volière avec moi pour envoyer la lettre ?" demanda Drago en se levant.

"Non, désolé. Je suis débordé avec les essais de ces deux abrutis. Ils m'ont dit de simplement corriger ce qu'ils avaient déjà écrit, mais je n'ai même pas compris leurs parchemins, donc j'ai décidé de tout recommencer."

Drago ricana :

"Prêt à tout pour gagner 20 Gallions, alors. J'y vais, on se voit au dîner."

Nott approuva d'un signe de la main en continuant d'écrire à toute vitesse. Drago sortit de la Bibliothèque, longea le couloir, jeta des regards noirs à des élèves de première année pour leur faire peur, sortit par la porte du Château et se dirigea vers la volière.

Le trajet pour se rendre à la tour était toujours long, et devait obligatoirement passer par des endroits dehors où Drago devait subir quelques secondes de temps humide et froid. Quand il monta enfin les escaliers et qu'il arriva devant la porte, il entendit quelqu'un qui était déjà à l'intérieur. Il ne toqua pas et entra directement dans la pièce circulaire, qui était couverte de plumes et de crottes d'hiboux. Même après la retenue de Blaise, le sol était toujours aussi sale.

Il releva la tête pour voir qui était déjà à l'intérieur, et jura intérieurement en voyant l'énorme touffe de cheveux de Granger en face de lui.


Hermione


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"Chère Hermione,

Tout d'abord, désolé pour l'attente. J'ai mis du temps à écrire la lettre et la transmettre à tes parents, je suis assez débordé de devoirs moi aussi.

J'ai terminé mon exposé de science, mais je ne pense pas avoir été particulièrement brillant. Tu me connais, la biologie, c'est pas mon truc. J'ai eu une très bonne note en cours de musique, par contre, mais mes parents m'ont dit que ça leur était égal parce qu'avec la musique, on ne pouvait pas avoir de carrière. Je ne suis pas du tout d'accord (regarde les Beatles !) mais j'ai décidé de ne pas m'aventurer là-dedans avec eux.

Mary va bien, mais nous ne sommes pas dans la même classe cette année. Elle a réussi à se faire des copines dès le jour de la rentrée. Moi, je traîne toujours avec Adam, je sais pas si je t'en ai déjà parlé, il est super sympa et il a un Walkman, donc on passe nos journées à écouter des musiques dans la cour du collège.

Je suis désolé d'apprendre que tu croules sous le travail, toi aussi. J'espère que tu arrives quand même à profiter de la vie étudiante des internats. Y a t-il des soirées dans les dortoirs ? L'ambiance doit être géniale. Harry et Ron ont l'air cool, surtout s'ils ont réussi à avoir une retenue le premier jour. Pas du tout ton style ! Qu'est-ce qu'ils ont fait pour que tu sois amie avec eux ? Ou pire, qu'ont-ils fait de la Hermione Granger que je connais et qui ne supporte pas le moindre écart au règlement scolaire ?

Le garçon dont tu as parlé m'inquiète un peu. À te lire, il a l'air parfaitement odieux. Tu n'as pas tort quand tu dis qu'il doit être jaloux de toi parce que tu le dépasse dans toutes les matières. Je veux dire, même moi je suis jaloux. Ce que je comprends pas, c'est comment quelqu'un ne pourrait pas t'apprécier ? Tu es gentille, un peu trop même, et tu aides toujours les gens qui en ont besoin. Ce mec rate des choses s'il préfère te détester. Il ne mérite pas ton temps, ne t'en fais pas. Ignore-le, passe du temps avec les gens que tu apprécies, c'est le plus important. Il s'en mordra les doigts.

Ma famille va bien, mes parents t'embrassent d'ailleurs. Thomas passe son temps enfermé dans sa chambre, il dit qu'il fait ses devoirs mais je n'y crois pas, j'entends sa guitare à travers la porte. Léonie ne parle pas beaucoup non plus. Et moi, je passe mon temps à faire mes devoirs et travailler, je n'ai même plus le temps de dessiner.

Hâte des vacances de Noël.

Amitiés,

Danny."

Hermione mit près d'une heure à écrire une lettre à Danny, Mary, et ses parents. Elle devait constamment faire attention de ne rien révéler de magique à ses deux amis moldus et passait donc son temps à relire sa lettre pour vérifier.

Elle réunit les trois lettres qu'elle attacha avec un cordon et informa Ron et Harry qu'elle les rejoindrait chez Hagrid après être passée à la volière.

Elle grimpa les escaliers infernaux jusqu'à la salle sans fenêtre. Le vent frais d'automne la faisait grelotter sous sa veste. Elle inspecta les rangs d'hiboux pour trouver le plus discret quand elle entendit la porte s'ouvrir derrière elle.

Drago Malefoy.

Elle soupira presque en le voyant, mais se retint. Elle voulait suivre le conseil de Danny, qui était de l'ignorer, mais c'était tellement difficile quand on était face au garçon le plus imbuvable de Poudlard.

"Granger." dit-il de sa voix traînarde pour la saluer. "En train d'écrire à tes parents Moldus ? Tu leur expliques le fonctionnement d'une baguette ?"

"Et toi, en train d'écrire à tes parents pour leur demander un autre Nimbus 2001 ?"

Hermione remarqua du coin de l'œil que Drago avait haussé les sourcils en entendant sa répartie. Il ne devait pas s'attendre à ça, et pour être honnête, elle non plus. Sa résolution de l'ignorer était partie en fumée.

"Pourquoi es-tu toujours plus insolente quand tu n'es pas aux côtés de Potter ? Tu as peur qu'il découvre ta vraie nature de dégénérée s'il t'entend t'adresser à moi de cette manière ?"

"Non, absolument pas. Harry ne me prend pas pour une dégénérée. Toi non plus, d'ailleurs. Je pense que tu as tellement été bercé par les remarques racistes de tes parents que tu n'as jamais voulu voir plus loin que le bout de ton nez, et que tu te rends compte que je suis en fait parfaitement normale."

Hermione était toujours dos à Malefoy, face aux centaines d'hiboux qui bougeaient la tête en regardant Hermione et Drago à tour de rôle, comme s'ils suivaient la dispute.

"Mais tu n'es pas normale, Granger. Tu es une Sang-de-Bourbe, tu as grandi avec des Moldus. Tu n'as rien à faire ici." continua Malefoy de sa voix traînante.

"Tu ne sais même pas de quoi tu parles. Est-ce que tu as déjà vu des Moldus, en fait ?"

Drago ne répondit rien. Hermione se retourna pour jauger son expression, qui était aussi fermée qu'une porte de prison. Finalement, il souffla du nez dans un rire moqueur :

"Pas besoin, je sais qu'ils sont plus limités que nous."

"Pour quelqu'un qui veut paraître indifférent, tu es plutôt obsédé par mes origines." rétorqua Hermione. "Tu ne parles que d'eux, on dirait presque tu serais… curieux. Mais tu n'oses pas te l'avouer, et tu te caches derrière les préjugés que tes parents t'ont appris pour ne pas te révéler, j'ai raison ?"

Drago sembla surpris. Hermione cacha un sourire : elle était sûre de l'avoir décontenancé parce qu'elle était bien trop proche de la vérité.

"Pas du tout." dit Drago un peu trop vite. "Je ne suis pas curieux, je suis dégoûté. Et ce ne sont pas des préjugés. Tu l'as vu toi-même : la Chambre des Secrets a été ouverte, Granger. Tu ne devrais pas te balader à la volière, tu risques de te faire tuer par le monstre."

Il ricana froidement. Hermione appela un hibou gris d'un signe de la main qui s'étira les ailes du haut de son perchoir.

"Alors, tu crois à cette légende ? Pas étonnant."

"Je suppose qu'on verra bien, quand tu mourras à cause de ton impertinence. Je reste à Poudlard pour les vacances de Noël, j'espère que tu ne seras plus là d'ici là. Ça serait un très beau cadeau de Noël."

"Bien sûr, Malefoy, bien sûr. Tu dis ça, mais tu n'en crois pas un mot." ajouta Hermione, désintéressée.

Le hibou gris finit par s'envoler et se posa sur le bras tendu d'Hermione. Elle le regarda quelques secondes, puis se tourna vers Drago :

"Ce hibou ressemble à un pigeon, pour toi ?"

Il sembla complètement désemparé face à cette question. Son sourire méprisant s'effaça et il fronça les sourcils :

"Hein ?"

"Est-ce que tu trouves que cet hibou ressemble à un pigeon, pour toi ? Je dois envoyer la lettre à mes parents et je ne voudrais pas que les voisins pensent que c'est un hibou."

Elle faillit éclater de rire en voyant son air d'incompréhension.

"Euh… Je…"

"Bon, ça sera lui."

Elle attacha ses lettres à sa patte et regarda le hibou s'envoler à travers l'une des fenêtres sans verre de la volière.

"Je pense que tu veux m'effrayer avec tes menaces, mais ça ne me fait rien." dit Hermione en se dirigeant vers la sortie. "Je n'ai pas peur de toi, Malefoy. Dis bonjour à papa et maman de ma part."

Elle descendit les escaliers avant qu'il ne puisse répondre et se dirigea vers la cabane d'Hagrid. La cour était plongée dans le brouillard et les nuages au-dessus d'elle étaient grisâtres. Il allait pleuvoir. Hermione se demanda vaguement si Malefoy pouvait l'apercevoir marcher depuis la haute tour de la volière, mais elle ne se risqua pas à regarder.

Quand elle arriva dans la cabane d'Hagrid, Ron et Harry étaient en train de raconter l'un des cours du professeur Lockhart en riant, et le thé à la cannelle et leurs éclats de rire empêchèrent Hermione de leur raconter ce qu'il venait de se passer.


Hermione


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Le dimanche, Hermione se dirigea vers la Bibliothèque.

La principale raison était pour s'éloigner des commérages et des murmures qu'elle entendait partout sur son passage. Tout le Château ne parlait que de Miss Teigne et du fameux message sur le mur. Hermione aussi était curieuse, mais elle en avait marre des regards tournés vers Harry et elle dès qu'ils se promenaient quelque part.

Elle préféra faire ses recherches seule et apprendre ce qu'elle pouvait concernant cette légende de la Chambre des Secrets, parce qu'aucune des rumeurs qu'elle avait entendues ne l'aidait à comprendre ce que ça pouvait bien être.

Elle se rendit donc au rayon "Poudlard" pour essayer de trouver des informations sur la Chambre des Secrets. Elle sélectionna une dizaine d'ouvrages et s'avança jusqu'à sa table préférée de la Bibliothèque, mais elle était déjà occupée. Hermione fut tellement surprise de voir quelqu'un déjà assis là qu'elle resta plusieurs secondes immobile, avant d'aller s'installer à une autre table à côté. Elle était bien aussi, mais le fauteuil était moins confortable, et elle n'avait pas la vue de la fenêtre.

Elle regarda avec envie sa table préférée. Blaise Zabini était adossé contre l'une des chaises et devait être en train de faire ses devoirs. De l'autre côté, face à elle, il y avait Théodore Nott. Hermione l'avait déjà aperçu dans le groupe de Serpentards, c'était le plus discret. Il avait des cheveux qui ressemblaient à ceux d'Harry parce qu'ils étaient longs et débordaient sur son front et ses oreilles, mais les deux différences étaient qu'ils étaient plus clairs que ceux d'Harry, et ondulés.

Il n'était pas aussi grand que Zabini mais plus que la moyenne tout de même. À chaque fois qu'elle le voyait, il avait un livre dans les mains, un peu comme elle. Ça l'intrigua. Curieuse comme elle était, elle plissa un peu les yeux pour lire le titre. "Vingt mille lieues sous les mers."

Hermione écarquilla les yeux. Un livre moldu ?! Théodore Nott, un Serpentard, lisait des livres moldus ? Elle se demanda si les autres Serpentards avaient déjà remarqué ce qu'il lisait. Peut-être que le livre, qui était brun et sans aucune indication autre que son titre, ne laissait pas deviner que c'était un livre moldu. Blaise Zabini pouvait lire le titre de là où il se tenait, mais il avait l'air de ne pas avoir remarqué, ou alors il s'en fichait éperdument.

Hermione ressentit une vague d'affection pour Nott sans réellement savoir pourquoi. C'était assez courageux de lire ce genre de livre dans une Maison aussi fermée d'esprit sur le sujet. Elle se demanda si Drago Malefoy le savait. Non, certainement pas, ils ne seraient probablement pas amis sinon.

Hermione se rendit compte que ça faisait cinq minutes qu'elle était assise et qu'elle avait été tellement attentive à la table d'à côté qu'elle n'avait pas ouvert un seul livre. Elle secoua la tête et se mit au travail. Elle éplucha le sommaire de chaque livre, lut des paragraphes entiers en essayant de trouver une mention, une référence, mais rien. Même le livre "Les souterrains de Poudlard : ce qu'il se cache sous les cachots" ne parlait pas du tout de la Chambre des Secrets.

Hermione retourna à la Bibliothèque le lundi, mardi et mercredi suivant. À chaque fois, ses recherches étaient vaines. Elle ne trouva pas la moindre explication de ce que pouvait être la légende de la Chambre des Secrets. Assise à sa table de prédilection qu'elle avait retrouvé, elle passa son temps à refermer rageusement les livres les uns après les autres. Si personne n'avait parlé de cette légende, c'était qu'elle devait être fausse.

Le mardi, pendant le déjeuner, Drago Malefoy était assis à l'une des tables de la Bibliothèque qu'Hermione pouvait apercevoir à travers une étagère devant elle qui la dissimulait. Elle repensa à ce qu'il avait dit concernant la Chambre. Il avait l'air de s'y connaître sur le sujet, ça l'intriguait.

S'il n'était pas aussi imbuvable, elle se serait levée pour lui poser directement la question, mais elle savait qu'il s'amuserait à la menacer plutôt que de lui répondre réellement, alors elle laissa tomber. Ce qui serait parfait, ça serait de se faufiler dans la Salle Commune des Serpentards pour écouter ce qu'il disait et savoir ce qu'il savait. Non, c'était une idée étrange, elle était bien trop curieuse.

Le mercredi, Ron et Harry décidèrent de venir avec elle à la Bibliothèque. C'était très rare. Ils s'asseyèrent à une table bien plus grande et Hermione regarda distraitement Ron faire ses devoirs quand un souvenir la frappa.

"Je sais ! Je sais !"

Hermione se leva précipitamment sous le regard interloqué de Ron et se dirigea dans le rayon "Poudlard" qu'elle avait déjà fouillé depuis dimanche. Elle savait où est-ce qu'elle avait lu cette fameuse légende, c'était dans "L'Histoire de Poudlard" ! Elle se souvenait parfaitement du moment où elle l'avait lu pour la première fois, assise sur sa banquette chez elle, à Londres.

Elle s'agenouilla mais ne trouva aucun des exemplaires du livre qu'elle recherchait. Elle se dirigea donc vers le comptoir de Madame Pince, et attendit sagement qu'elle finisse de trier des livres pour lui demander :

"Bonjour ! Il n'y a plus d'exemplaires de "L'Histoire de Poudlard ?""

La bibliothécaire secoua la tête, visiblement habituée à la question.

"Non, je suis désolée. Il y a une liste d'attente de deux semaines, tous les élèves se sont jetés dessus. Veux-tu que j'ajoute ton nom à la liste ?"

"Non, ça ira." dit Hermione, sans cacher sa déception. "Est-ce que vous vous souvenez du passage sur la légende de la Chambre des Secrets ? Pourriez-vous m'en parler ?"

Madame Pince agita ses mains devant elle comme pour éloigner sa question :

"Je ne suis pas la mieux placée pour parler de ça. Tu devrais demander à l'un de tes professeurs, il sera bien plus informé que moi."

Et elle s'enfuit vers le rayon "Plantes magiques". Hermione soupira et retourna à la table, où Harry s'était assis entre temps :

"Tous les exemplaires de "L'Histoire de Poudlard" ont été empruntés." expliqua-t-elle. "Et il y a une liste d'attente de deux semaines. Je regrette d'avoir laissé mon exemplaire à la maison, mais avec tous les livres de Lockhart, je n'ai pas réussi à le faire tenir dans ma valise."

"Pourquoi tu voulais ce bouquin ?" demanda Harry.

"Pour la même raison que les autres. Pour lire la légende de la Chambre des Secrets."

Hermione se trouvait bête d'avoir oublié où elle avait lu la légende, elle aurait pu avoir emprunté le livre bien avant. Peut-être pourrait-elle demander à sa mère de lui envoyer par hibou.

"Qu'est-ce que c'est que ça ?"

"Justement, je ne m'en souviens plus, répondit Hermione, songeuse. "Et impossible de trouver l'histoire dans un autre livre."

La cloche sonna à ce moment-là et Hermione décida de demander au professeur Binns. Même si ce n'était pas vraiment au programme, elle était sûre d'obtenir la réponse à sa question en demandant à l'un des professeurs les plus anciens de l'école.


Drago


.

"Allez, prends du jus de citrouille."

Drago regarda le verre que lui tendait Blaise d'un air dégoûté. Il avait la nausée depuis qu'il était réveillé, et encore plus depuis qu'il avait enfilé sa robe de Quidditch devant le miroir.

Même Pansy, qui n'était pas une très grande fan de Quidditch, avait l'air angoissée pour lui, ce qui redoublait son stress. Drago leva la tête pour observer le plafond : il allait pleuvoir, il y avait des énormes nuages gris qui assombrissaient la Grande Salle.

"Non, merci. Ça va." mentit Drago.

"Tu plaisantes ?" pressa Blaise. "Tu es encore plus pâle que d'habitude, tu vas bientôt rejoindre le Baron sanglant avec cette tête là. Prends un truc à manger, sinon tu vas t'évanouir avant de pouvoir monter sur ton balai !"

Drago céda à la requête de son meilleur ami et mangea un bout de bacon et un verre d'eau glacé. Il n'arrêtait pas de faire sauter sa jambe sur le sol pour se défouler, malgré les protestations de Pansy qui disait que ça la rendait nerveuse. Vers 9h, Nott les rejoignit à la table des Serpentards.

"Si ça peut te rassurer," dit-il en enjambant le banc, "Potter est dans le même état que toi."

Il pointa derrière lui et Drago aperçut Potter, qui avait l'air très stressé. À côté de lui, les jumeaux Weasley riaient. Marcus Flint s'approcha alors de lui et Drago se redressa en arrêtant de remuer la jambe :

"Ça va Malefoy ?" lança-t-il en lui serrant la main. "Prêt à tout déchirer ? On t'attend au tournant, il faut que tu battes Potter."

Il s'éloigna pour aller encourager l'un des Batteurs. Nott haussa les sourcils :

"Il est… motivant."

À 10h30, Drago sortit avec sa bande de Serpentards pour aller au match. C'était la première fois qu'il se dirigeait vers les vestiaires, et non pas les gradins. Il sentait le stress monter à chacun de ses pas, comme une boule qui remontait lentement dans sa gorge et l'empêchait progressivement de respirer.

"Ne t'en fais pas Drago, tu vas être génial." dit Pansy en lui tapotant le bras.

"Imagine-toi qu'on est dans mon jardin, et ça ira tout seul." conseilla Blaise.

Théo, Blaise, Pansy, Crabbe et Goyle lui souhaitèrent bon courage une dernière fois avant de monter les escaliers des tours, tandis que Drago se glissait dans les vestiaires. L'équipe était presque au complet, et comme il avait déjà enfilé sa robe, il s'assit simplement sur le banc et serra le manche de son Nimbus 2001 jusqu'à ce que ses phalanges deviennent blanches.

Le discours de Flint fut partiellement masqué par les exclamations du public dehors et le vent qui frappait contre les murs. Drago crut entendre les mots "pluie", "rage" et "Potter" avant que Flint leur ordonne de sortir, bien trop tôt au goût de Drago. Il marcha jusqu'à la porte, puis se retrouva dehors, et le froid le frappa comme un élan de choc.

Il regarda autour de lui et vit que les joueurs avaient déjà enfourché leur balai. Il fit de même, insensible aux bruits extérieurs provenant du public. Il était tellement stressé qu'il n'entendait plus rien, ou alors c'était le temps désastreux qui bourdonnait contre ses oreilles ?

Il entendit le coup de sifflet de Madame Bibine et il s'éleva alors dans les airs. La sensation de vent contre son visage qu'il adorait habituellement ne lui fut d'aucun réconfort cette fois-ci. Il prit de grandes inspirations pour se calmer et suivit le conseil de Blaise : c'était son jardin, un terrain familier… pas de pression…

Il aperçut Potter qui prenait en hauteur lui aussi.

"Ça va, le balafré ?" lança Drago.

Il accéléra sur son balai à côté de lui pour essayer de l'impressionner avec son Nimbus 2001. Potter le regarda avec envie avant de détourner le regard pour chercher le Vif d'Or. Un Cognard arriva à toute vitesse et faillit le percuter de justesse.

Drago fit le tour du terrain sur son balai. Il avait remarqué, quand il avait observé les matchs des gradins, que Potter avait comme tactique de rester fixe à un endroit pour observer le jeu et espérer trouver le Vif d'Or en même temps. Drago ne faisait pas du tout la même chose : il avait pris l'habitude de parcourir tout le terrain à toute vitesse, et rencontrait forcément un éclat doré aussi rapide que lui dans sa course.

Il parcourut donc plusieurs fois le terrain le plus rapidement possible. Quand il commença à pleuvoir, il freina et observa la foule de Serpentards dans le gradin : Pansy était au premier rang avec Blaise, ils portaient tous les deux leurs écharpes à l'effigie de la maison et agitaient leurs mains pour que Drago puisse les reconnaître.

Ce fut là qu'il le vit. Son père, assis sur le gradin, qui se démarquait par sa prestance et ses cheveux blonds agités par le vent. Il n'abordait aucune expression, mais ses mains étaient crispées sur sa canne. Drago déglutit en le voyant, il ne pensait pas qu'il serait là, et ça lui ajoutait une pression supplémentaire sur les épaules.

Sa mère était à côté de lui, beaucoup plus petite, mais elle lui fit un grand sourire en le voyant s'arrêter devant eux et ça le rassura un peu. Il continua sa route, encore plus angoissé qu'avant. La boule de stress qui était remontée en venant était maintenant bloquée dans sa gorge, et il avait du mal à se concentrer sur le jeu quand il sentait le regard gris et perçant de son père dans son dos.

Pour couronner le tout, il commença à pleuvoir. Les mains de Drago tenaient le manche du Nimbus 2001, mais elles n'arrêtaient pas de glisser et sa vision était brouillée. Il vit difficilement un Poursuiveur de son équipe marquer à travers les cerceaux plusieurs fois mais il n'avait aucune idée des points. Il volait hasardeusement, cherchant à tout prix une boule dorée dans le paysage gris autour de lui.

"Serpentard mène soixante points à zéro !" s'exclama le commentateur.

Drago sentit le stress diminuer légèrement en entendant ça. Il savait que le jeu ne comptait en réalité que sur lui et sa capacité à trouver le Vif d'Or, mais c'était bien de savoir que son équipe n'était pas en train de se ridiculiser.

Il observa le terrain de haut et vit que Potter était entouré des deux batteurs, que Drago reconnut à leurs cheveux roux. À ce moment-là, il y eut un coup de sifflet et Marcus Flint fit un geste à Drago pour lui demander de descendre. Quand il retrouva le sol, l'équipe de Serpentard était déjà placée en cercle :

"Qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi il y a une pause ?" demanda Adrian Pucey.

"Aucune idée." répondit Marcus Flint en jaugeant les Gryffondors de son mauvais regard. "Potter a du mal, j'ai cru comprendre qu'il s'était pris un Cognard. On ne voit rien avec cette pluie. Drago, tu as déjà repéré le Vif d'Or ?"

"Non." répondit timidement le blond.

"Continue de chercher. On mène, ça devrait nous aider. Bonne chance à tout le monde !"

L'équipe se dispersa de nouveau et Drago retourna dans les airs. En attendant que les Gryffondors retournent sur leurs balais à son tour, il se tourna vers les gradins des Serpentards. Il vit le visage de Pansy dans la foule, qui souriait et lui faisait des pouces en l'air pour l'encourager.

Le coup de sifflet indiqua la fin de la pause et Drago se remit en quête du Vif d'Or. Il fit le tour du terrain à toute vitesse, et crut même voir une sphère dorée avant qu'elle ne file devant ses yeux. Agacé, il remonta de nouveau dans les airs et aperçut alors Potter, qui était en train de danser sur son balai. Drago s'arrêta et observa le garçon qui montait, descendait, faisait des virages et des loopings à bord de son balai.

"Prêt pour le ballet, Potter ?" railla Drago en riant.

Potter se tourna vers lui et lui jeta un regard plein de haine. Drago vit alors le Cognard arriver par la gauche et frapper de plein fouet Potter. Drago entendit un sinistre "crac" qui retentit à ses oreilles, puis tout à coup, il se jeta sur lui. Il pouvait voir son visage terrassé par la douleur se rapprocher dangereusement de lui.

"Qu'est-ce que…" commença Drago.

Avant que le bras tendu de Potter ne puisse l'atteindre, il s'échappa aussi vite que son Nimbus 2001 lui permettait et l'évita de justesse. Il regarda par-dessus son épaule et vit alors Potter tomber en avant, tenant à peine sur son balai, son bras cassé pendant lamentablement le long de son flanc. Le public eut une grande exclamation générale de surprise, avant qu'il ne s'écroule par terre, dans la boue.

Drago faillit rire en voyant ce spectacle assez misérable d'en haut. Mais son sourire se dissipa à l'instant où il aperçut la petite balle dorée dans la main fermée de Potter, par terre.

Il réalisa que Gryffondor avait gagné une minute après le public. Il n'entendait pas les cris de joie du public, ni les commentaires hurlés dans le microphone. Il ne regarda pas Blaise, ou Pansy, ou Théo, ou Rogue. Il se tourna automatiquement vers son père. Et son visage crispé par la colère et la déception firent tomber la boule de stress qui était restée logée dans sa gorge au fond de son estomac.