16 : de la boue partout!


Drago


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La pluie glaciale qui s'infiltrait sous sa robe de Quidditch n'était pas la raison pour laquelle Drago frissonnait. Il atterrit piteusement et se dirigea vers les gradins le plus lentement possible. Il sentait la déception et la colère lui faire tourner la tête.

Tandis que tout le monde se précipitait sur le précieux Potter qui s'était évanoui après sa chute, Drago retrouva ses parents qui attendaient en bas de la tour des Serpentards. De loin, il pouvait voir sa mère qui regardait partout autour d'elle, probablement inquiète de la réaction des gens face à la terrible prestation de son fils. À côté d'elle se tenait Lucius, qui avait l'air à peu près autant en colère que quand Drago avait brûlé le tapis du salon du Manoir avec Blaise quand ils avaient 7 ans.

"Tu sais combien coûte ce balai, Drago ?" demanda-t-il de sa voix glaciale quand Drago arriva à sa hauteur.

"Non, Père…"

Drago regarda fixement le sol d'un air penaud.

"200 Gallions, Drago." répondit sèchement Lucius. "Je l'ai offert à toute l'équipe de Serpentard. Tu as fait le calcul ?"

Drago baissa encore plus la tête, il sentait les gouttes de pluie marteler sa nuque.

"Oui…"

"Est-ce que tu comprends donc ma déception quand je vois… ça ?"

Il désigna le terrain d'un geste de la main. Il était furieux, ça s'entendait clairement dans sa voix qui tremblait un peu, et le fait que Narcissa ne l'arrêtait pas. Drago hocha la tête :

"Oui Père."

"Le Quidditch, c'était supposé être la chose dans laquelle tu étais le meilleur. Au vu de ta prestation d'aujourd'hui, dois-je en conclure que tu es déplorable dans tout ce que tu entreprends ?"

Il y eut un silence avant que son père ne crie :

"Réponds-moi !"

"Je… Non, la pluie… C'est Potter…"

"Cesse donc de parler de ce Potter ! Il a été bien plus fort que toi sur ce coup-là. Il a grandi dans une famille de Moldus et il est capable d'attraper un Vif d'Or, contrairement à toi ! À quoi tous ces balais t'ont-ils servi, depuis tout ce temps ? Qu'est-ce que tu fabriquais chez ton ami Blaise toutes ces après-midis ?"

"Je m'entraînais !" protesta Drago.

"Clairement, non. Peux-tu réellement me dire que…"

"Lucius, arrête, les gens nous regardent." intervint Narcissa.

Elle fit un faux sourire à des gens qui passaient par là et qui les regardaient étrangement, ce qui calma Lucius.

"Je ne suis pas fier du tout, Drago." dit son père en se redressant légèrement. "Alors, soit tu t'entraînes deux fois plus pour atteindre un semblant de niveau, soit tu arrêtes de t'humilier de la sorte."

Drago hocha plusieurs fois la tête. Puis, pour changer de sujet, il osa demander :

"As-tu reçu ma lettre, Père ?"

Lucius lui répondit sans le regarder dans les yeux, occupé à vérifier que personne autour d'eux ne pouvait vraiment les entendre :

"Oui, je l'ai reçue. Comme je t'ai expliqué plusieurs fois, ce n'est pas vraiment malin de parler de Potter en mal ces derniers temps."

"Mais la Chambre des Secrets ? Elle existe vraiment ?"

Lucius fit un signe de la main pour l'empêcher de parler :

"Cesse, Drago ! Pas devant l'école ! Je te répondrai par hibou. Et ne montre à personne ce que je t'écris, c'est clair ?"

Drago acquiesça encore une fois. Il vit du coin de l'œil que Potter était emmené à l'infirmerie, et son bras avait une forme étrange, comme s'il tenait sur un fil. Il n'y fit pas attention, trop occupé à se prendre la colère de son père à la figure.

"Nous devons y aller." continua Lucius en reprenant sa canne. "À plus tard, Drago."

Et il s'éloigna. Sa mère se rapprocha alors de lui et remit correctement le col de sa robe. Elle l'évitait du regard, elle aussi.

"C'était quand même bien, Drago." dit-elle doucement. Comme toujours, elle arrondissait toujours les angles après Lucius. "Tu as fait des belles figures. Potter a juste eu un coup de chance. Peut-être que tu gagneras le prochain, d'accord ?"

Elle lui fit un rapide bisou sur la joue et lui dit au revoir, avant de disparaître dans la foule. Drago se sentit soudain épuisé, vidé de toute son énergie. Il n'avait qu'une envie, c'était de retrouver ses amis et de retourner à la Salle Commune pour grignoter et oublier ce qu'il venait de se passer. Il se retourna, mais il ne fut pas au bout de ses surprises : Marcus Flint s'était mis en face de lui, et son visage était contorsionné par la rage.

"Tu plaisantes, Drago ? C'était quoi, ça ?"

"Je sais pas." s'énerva Drago, qui en avait marre de se faire crier dessus. "La pluie…"

"La pluie ?!" hurla Flint. "La pluie ? Tu vas vraiment utiliser l'excuse de la pluie, là ? Pendant les entraînements, tu réussissais à voir le Vif d'Or à des kilomètres ! Ne me parle pas de la pluie, Malefoy !"

Drago sentit sa poigne se resserrer sur son manche à balai tandis qu'une nouvelle vague de colère commençait à monter en lui. Il ne répondit rien, attendant que Flint arrête d'hurler :

"Non, c'est Potter ! C'est Potter qui t'as déconcentré ! Tu étais tellement focalisé à l'idée de te foutre de sa gueule que tu as raté le Vif d'Or. Il était juste au-dessus de ton oreille, je l'ai vu, putain ! Comment t'as fait pour le rater ? On aurait pu gagner et prendre la tête du championnat !"

Flint était tellement proche de Drago qu'il sentait les postillons sur son visage. Il jeta un coup d'œil par-dessus l'épaule du capitaine et vit toute l'équipe de Serpentard qui lui jetait des regards mauvais.

Super.

"Tu as intérêt à te rattraper au prochain entraînement. Jeudi, 20h. Ce n'est pas parce que ton père est riche et qu'il nous fait des cadeaux que tu mérites d'être ici pour autant."

Et il s'en alla pour aller crier sur Adrian Pucey.

Drago ne resta pas, il s'empressa de chercher ses amis dans la foule qui retournait vers le Château. Il vit Blaise un peu plus loin, la tête qui dépassait tout le monde, mais il était déjà trop loin. Drago jura entre ses dents et se dirigea vers le hangar pour y déposer son Nimbus 2001. Il remonta ensuite l'allée vers le Château seul et ne prit même pas la peine de jeter un sort pour empêcher la pluie de lui tomber dessus. Il était dépité.

Il arriva dans les cachots et sentit les regards déçus des Serpentards dans son dos. Il les ignora et rentra dans la Salle Commune, qui était pleine à craquer, et se rendit directement vers son dortoir. Ses chaussures étaient pleine de boue et ses cheveux étaient trempés à cause de la pluie. Pansy était assise dans le fauteuil que Nott occupait souvent.

"Où sont Blaise et Théo ?" demanda-t-il sèchement.

"Dans la Salle Commune."

Drago haussa les sourcils et ne répondit rien. Pansy le regardait fixement, dans l'attente d'une réaction. Ça l'agaça. Il s'enferma dans la salle de bains sans dire un mot et retira sa robe verte qui lui collait au corps à cause de la pluie et de la boue et fit couler l'eau chaude.

Il resta longtemps sous la douche, en partie pour se laver, mais aussi pour faire partir la colère qui s'était accumulée en lui.

Quand l'eau de la douche devint froide, il sortit enfin et rentra dans le dortoir avec une serviette autour de la taille. Pansy était toujours là, elle n'avait rien dans les mains et se contentait juste de regarder ses ongles en l'attendant. Quand elle vit que son visage était aussi fermé, elle poussa un soupir :

"Drago ! C'est bon, c'est fini, tu peux arrêter de faire la gueule."

"Je ne fais pas la gueule, je suis juste énervé."

"Contre qui ?"

"Contre moi-même." répondit-il froidement.

Il ouvrit les tiroirs de sa commode pour en sortir un pantalon en coton confortable. Même après la douche, il avait l'impression qu'il avait toujours de la boue sur lui, et il avait encore plus froid que quand il était rentré. Pansy le regarda choisir ses vêtements avec un air de profond ennui sur ses traits :

"Ton père t'as dit quelque chose ?"

"Il m'a hurlé dessus, plutôt. Tu savais qu'il allait être dans le public ?"

"Comment veux-tu que je le sache ? Je l'ai juste vu arriver avec ta mère au début du match, c'est tout."

Il retourna dans la salle de bains pour se changer mais laissa la porte légèrement entrouverte pour entendre Pansy parler :

"Marcus Flint t'as engueulé aussi ? C'est pas très juste, Adrian Pucey a raté pas mal de fois aussi, il aurait pu marquer deux fois plus de buts quand il avait le…"

"Ce n'est pas la question, Pans'." coupa Drago. "J'ai été nul."

Elle poussa un soupir et le regarda sortir de la salle de bains.

"C'est qu'un jeu, Drago. On s'en fout."

Cette phrase eut le don d'irriter Drago encore plus. Pansy n'avait jamais compris le Quidditch. Elle avait beau avoir aidé Drago et Blaise pendant l'été et observé des centaines de matchs, elle n'avait jamais compris l'importance du Quidditch à ses yeux. Pour elle, ce n'était qu'un sport. Il soupira et décida d'aller voir la seule personne au monde qui comprenait ce que ça représentait : Blaise Zabini.

Il sortit du dortoir. La Salle Commune s'était complètement vidée pendant la douche de Drago, tout le monde était parti vaquer à leurs occupations du samedi après-midi. Il reconnut la tête de Blaise qui était de dos, dans son canapé habituel. Théo était dans le fauteuil à côté, les jambes posées sur l'accoudoir, en train de lire.

Quand Drago s'approcha, Blaise ferma doucement son magazine et observa Drago s'asseoir sur le fauteuil de l'autre côté du canapé. Puis, il dit :

"Pas extraordinaire, hein ?"

Contrairement à ce qu'il aurait pu penser, cette phrase n'énerva pas Drago. Au contraire, c'était la première phrase honnête et sincère qu'il avait entendu depuis la fin du match et ça le consola, sans qu'il sache vraiment pourquoi.

"Non."

Blaise lui tendit une tasse de thé et Drago arqua un sourcil en la voyant.

"Je voulais te servir du Whisky Pur-Feu, mais il s'avère que c'était difficile d'en trouver ici." expliqua Blaise avec un sourire en coin. Drago prit la tasse et but une gorgée de thé.

"Potter a été plus rapide. C'est pas grave, tu vas te rattraper." continua tranquillement son meilleur ami. "On peut s'entraîner. Demain, si tu veux ?"

Drago hocha la tête. La tranquillité de Blaise réussit à lui faire arrêter de broyer du noir. Il était plus efficace qu'une douche et qu'une séance de hurlements de la part de son père, le seul à réussir à cerner Drago suffisamment pour savoir quoi dire et quoi proposer.

"Tes tours de terrain étaient très bien, par contre. Tu aurais dû continuer, c'est comme ça que tu arrives le mieux à trouver le Vif d'Or. Pourquoi tu ne l'as pas fait jusqu'au bout ?"

"Parce que Potter n'a pas arrêté de faire des trucs bizarres, tu as vu ? On aurait dit qu'il était ensorcelé, comme en première année. Je me suis moqué de lui, évidemment."

"Tu ne penses pas que c'était une technique pour te distraire ?"

Drago haussa les épaules.

"Ce Cognard était vraiment étrange." fit remarquer Blaise en se rappelant du match. "Il n'attaquait vraiment que Potter. C'était la première fois que je voyais ça. J'ai cru que c'était Flint qui l'avait trafiqué pour le faire tomber de son balai."

Drago soupira et s'appuya contre son fauteuil. Il n'avait plus envie de se rappeler du match, de toute manière c'était terminé. Ils avaient perdu.

Soudain, Théo brisa le silence :

"Ce que les joueurs regrettent par-dessus tout, d'ordinaire, c'est moins la perte de leur argent que celle de leurs folles espérances."

Il leva la tête et croisa les deux visages médusés de ses amis, et il leva légèrement son livre pour expliquer ce qu'il venait de dire :

"Ça vient de là. Je pensais que ça correspondait plutôt bien à la situation."

Blaise éclata de rire, et Drago ne put s'empêcher de sourire aussi.

"Vraiment bizarres, ces Moldus."


Hermione


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Chère Maman et Papa,

J'espère que tout se passe bien à Londres et que vous n'êtes pas trop débordés de travail. Ici, tout se passe bien, je passe mon temps à la Bibliothèque. Je prépare les examens et j'ai réussi à convaincre Ron et Harry de s'y mettre aussi. On passe notre temps plongés dans des bouquins !

Les professeurs nous donnent aussi plus de devoirs que d'habitude. Il y a beaucoup d'examens pratiques à réaliser, et j'ai bien peur que ça sera compliqué de pouvoir travailler à la maison sans pouvoir pratiquer la magie. Est-ce que vous pensez que ça serait possible que je ne passe pas Noël à Londres, cette année ?

J'aimerais beaucoup être avec vous le 25 décembre, mais avec la quantité de travail que j'ai, je ne pense pas pouvoir en profiter autant que l'année dernière. Harry et Ron restent aussi, Harry parce qu'il ne veut pas rentrer du tout, et Ron parce que sa mère lui a conseillé de le faire pour pouvoir travailler directement à l'école.

Je suis désolée, je sais à quel point vous aimez Noël. Vous me manquez beaucoup, et ça sera très difficile de ne pas vous voir avant juin.

J'attends votre réponse avec impatience,

Hermione.

Hermione reposa sa plume avec une sensation désagréable au ventre. Elle détestait mentir, et encore plus à ses parents, mais elle ne voulait pas les inquiéter en leur parlant du climat qui régnait en ce moment au Château à cause des pétrifications. Elle relut plusieurs fois sa lettre et la montra à Ron qui était assis à côté d'elle à la grande table de la Bibliothèque.

"Très bien !" dit-il en finissant de lire.

"Je n'aime pas trop leur mentir comme ça…" confessa Hermione en pliant sa lettre.

"C'est pour la bonne cause, Hermione. Il faut absolument interroger Malefoy. C'était ton idée le Polynectar, et tu as dit toi-même que la période de Noël était parfaite pour pouvoir le confronter."

Hermione acquiesça, mais elle était toujours un peu maussade. Ron n'avait jamais vraiment compris sa relation avec ses parents, ça ne le dérangeait pas du tout de ne pas voir les siens aussi longtemps. Peut-être parce que la moitié de ses frères et sœurs étaient avec lui à Poudlard. C'était la première fois qu'Hermione allait passer Noël sans être avec ses parents, et ça la rendait un peu triste.

Elle sortit un autre parchemin et commença à écrire une lettre pour Danny. Lui aussi allait être déçu de ne pas passer Noël avec elle.

"Encore une lettre ?" s'amusa Ron.

"Oui, c'est pour un ami."

Ron haussa les sourcils :

"Londres va s'écrouler sans toi !"

Elle rit en entendant ça et Ron replongea dans son livre sur le Quidditch. Harry retourna à la table à ce moment-là et ils furent silencieux pendant qu'ils étaient tous les trois occupés : Ron à lire, Harry à finir ses devoirs, et Hermione à écrire une lettre pour Danny dans laquelle elle essayait tant bien que mal de glisser l'air de rien qu'elle ne serait pas là pour Noël.

Le trimestre se termina dans une tension qu'Hermione n'avait jamais connu à Poudlard. Entre la pétrification de Colin Crivey, de Justin Finch-Fletchley et de Nick-Quasi-Sans-Tête et la révélation qu'Harry était un Fourchelangue, le Château semblait sur le point d'exploser à tout instant.

Partout où ils passaient, les élèves se retournaient à leur passage, fixant Harry et en murmurant entre eux. Harry devait probablement être habitué à ce genre de réaction depuis qu'il était arrivé à Poudlard l'année dernière, mais Hermione n'arrivait pas à ne pas y prêter attention.

Hermione n'avait pas menti à ses parents quand elle avait parlé d'une quantité impressionnante de travail, sauf que ce n'était pas des devoirs. Elle n'avait jamais vu une potion aussi compliquée que le Polynectar, et Ron et Harry ne lui était d'aucune aide. Hermione avait l'impression de passer ses journées à vérifier que la potion était en bon état, restant des heures dans le petit cabinet des toilettes qui sentait l'eau croupie. Mais elle était motivée par le fait qu'elle allait enfin pouvoir comprendre cet étrange garçon qu'était Drago Malefoy.

Ron était persuadé qu'il était l'héritier de Serpentard, et même s'il avait des preuves assez convaincantes, Hermione n'arrivait pas à imaginer ce garçon arrogant réaliser quoique ce soit d'aussi diabolique.

Drago Malefoy avait pourtant pris la fâcheuse habitude de la menacer dès qu'elle osait passer à côté de lui. Visiblement, leur débat dans la volière lui avait donné une nouvelle raison pour la haïr encore plus, et même si Hermione savait pertinemment qu'il ne pensait pas vraiment ce qu'il disait, ça n'aidait pas vraiment à faire partir la pression qu'elle ressentait ces derniers jours.

"Tu es la prochaine, Granger !"

"Tu vas rejoindre tes amis à l'infirmerie ?"

"Ne marche pas seule dans les couloirs, à moins que tu veuilles rencontrer le monstre, Granger !"

Hermione ne prêtait aucune attention à ses tentatives de provocation. Elle savait que Drago Malefoy n'était qu'un stupide garçon jaloux et hautain qui ne méritait pas son attention, comme lui avait dit Danny dans sa dernière lettre.

Mais les pétrifications de Colin et de Justin prouvaient que les nés-moldus étaient bel et bien en danger, et avant de savoir si c'était bien Malefoy qui les avaient réalisées, Hermione ressentait quand même un peu d'angoisse.

Sans qu'ils s'en rendent compte, Hermione ne marchait plus qu'avec Harry ou Ron dans les couloirs. Quand les deux n'étaient pas là, elle faisait toujours en sorte d'être à côté d'un "sang-pur", comme Neville, les jumeaux Weasley, ou Ginny. Le seul moment où elle était "seule", c'était à la Bibliothèque, parce qu'elle doutait que le monstre ne puisse l'attaquer dans une salle remplie d'autres personnes.

Elle ne s'asseyait plus à la table du fond de la pièce, mais toujours à la grande table où Ron et Harry la rejoignaient de temps en temps, pour être bien au centre et exposée. Dès qu'elle entendait un bruit un peu suspect, elle sortait sa baguette et passait en revue des sorts de défense dans sa tête.

Personne n'avait remarqué ce changement d'attitude, exceptée deux personnes. C'était un soir de décembre, après le dîner. Harry était parti à une séance de Quidditch et Ron était avec Seamus et Dean. Hermione était donc seule pour rentrer à la Salle Commune, et profita que les jumeaux Weasley se levaient de table pour les rejoindre.

"Salut les garçons." dit-elle en les accompagnant vers les escaliers.

"Salut Hermione." répondit George. "Quoi de neuf ?"

"Pas grand chose… Et vous ?"

"On s'est amusés à modifier le badge de Percy encore une fois, et on attend de voir dans combien de temps il va se rendre compte." ricana George.

Quand ils arrivèrent au couloir de la tour des Gryffondors, Fred demanda :

"Tu es sûre que ça va, Hermione ?"

"Oui, pourquoi ?"

"Tu crois qu'on a pas remarqué ce que tu faisais depuis la pétrification de Justin Finch-Fletchley ? Tu ne veux plus te balader seule dans les couloirs ?"

Hermione écarquilla les yeux :

"Qu- Comment ?"

"Pas à nous, Hermione !" lança gaiement George.

"Contrairement à Ron, nous sommes très observateurs." expliqua Fred avec un sourire. "Et on peut voir que ça te fait peur. Ne le prend pas mal, on comprend pourquoi ! À ta place, on ferait probablement la même chose. C'est normal que tu prennes des précautions."

"Ginny est dans le même état que toi." continua George en fronçant les sourcils. "On lui a expliqué plusieurs fois qu'elle était sang-pure et qu'elle n'était pas la cible, mais ça ne l'empêche pas de flipper."

"C'est pour ça qu'on s'amuse avec Harry en disant que c'est lui l'héritier. Pour qu'elle arrête de stresser." dit Fred.

"Mais ça n'a pas vraiment l'air de trop marcher." avoua George. "Poinsettia !"

Le portrait pivota et ils entrèrent dans la Salle Commune. George alla rejoindre Ginny qui était assise à une table en train d'écrire, et Fred se pencha un peu vers Hermione pour que seule elle puisse entendre ce qu'il disait :

"Ne t'en fais pas, on comprend. Si tu as besoin d'escorte dans le Château, on sera ravis de t'accompagner. Même si je ne doute pas que tu sois capable de battre le dragon ou quoique ce soit cette fameuse créature en un claquement de doigt."

"Merci, Fred."

Il sourit en entendant son prénom, qui montrait qu'elle l'avait reconnu, et alla rejoindre Ginny à son tour.


Drago


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Cher Drago,

Comme promis, je réponds à ta lettre concernant la légende de la Chambre des Secrets. Je te rappelle que tu ne peux montrer cette lettre à personne. J'ai ma réputation à tenir, et je ne veux pas que des rumeurs s'ébruitent dans le Château.

Tout d'abord, sache que tu ne peux pas te vanter de savoir quoique ce soit sur cette Chambre. C'est encore considéré comme un mythe par beaucoup de personnes, et il faut que ça le reste le temps que l'héritier de Serpentard ne nous débarrasse des Sangs-de-Bourbe. Je ne veux pas que tu sois au courant de trop de choses pour ne pas que tu attires les soupçons sur ta famille, ou que tu aies des problèmes avec Dumbledore.

La Chambre des Secrets existe. Elle a déjà été ouverte il y a environ cinquante ans. La dernière fois, un Sang-de-Bourbe avait même été tué, et celui qui l'a ouvert a été renvoyé de l'école et envoyé à Azkaban à vie. Évidemment, je ne suis pas du tout d'accord avec cette décision, mais le monde des sorciers est persuadé que tuer des nés-moldus est un crime…

Je ne veux pas te partager les détails de cette histoire sordide avant que l'héritier de Serpentard n'agisse. Pour le moment, personne ne parle des pétrifications qui ont lieu à Poudlard, et il vaut mieux que ça reste comme ça pour laisser la voie libre. Je ne veux pas que tu commences à enquêter tout seul pour découvrir qui est l'héritier, Drago.

C'est tout ce que je peux te dire sur cette Chambre des Secrets. Tu peux rassurer Pansy, elle ne devrait pas avoir de problème, c'est une Sang-pur qui vient d'une famille respectable, le monstre ne s'en prendra jamais à elle.

Je te demanderais de ne plus me poser des questions sur le sujet, désormais. Je t'ai dit tout ce que tu devais savoir, et ta mère est déjà suffisamment en colère que je t'ai dévoilé autant. Nous avons des affaires à régler, le Ministère continue ses perquisitions et je dois gérer le conseil d'administration de Poudlard et le testament de ta tante qui habite en Sibérie chez qui nous devons nous rendre pour Noël.

Je te souhaite une bonne fin de trimestre et compte sur toi pour que le nom de Malefoy reste aussi respecté.

Cordialement,

Lucius Malefoy.

Ignorant complètement les avertissements de son père, Drago tendit la lettre à Pansy sans réfléchir. Elle était à côté de lui dans son lit à moitié endormie. En fait, Pansy avait dormi tous les soirs depuis le message sur le mur dans le lit de Drago. Ça ne le dérangeait pas, au contraire, il aimait sentir une présence à côté de lui en s'endormant, ça le rassurait, même s'il ne lui dirait jamais.

Elle lut en fronçant les sourcils et releva la tête en plongeant son regard d'encre dans celui de Drago :

"Il ne dit pas qui est l'héritier." pointa-t-elle.

"Non…"

"Montre !" lança Théo depuis son lit qui était faiblement éclairé par sa baguette pour lire avant qu'il ne s'endorme.

Drago jeta la lettre à travers la chambre et Théo l'attrapa au vol pour la lire, puis la passa à Blaise qui lut à son tour.

"Il y a cinquante ans ?" répéta Blaise. "Il n'y a pas un moyen de savoir qui a pu l'ouvrir à ce moment-là ? Rien dans tes livres, Théo ?"

"Non, rien. Les livres disent que c'est une légende, et il n'y a rien dans les archives de l'école." répondit Nott en haussant les épaules.

"Tant que ça ne nous touche pas, c'est le principal." décréta Pansy en remontant la couette jusqu'à son menton. "Et Nott, éteins ta foutue lumière, on veut dormir."


Hermione


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Le jour de Noël, Hermione se réveilla étrangement tôt. Elle regarda longtemps les flocons de neige tomber par la fenêtre qui contrastaient avec le ciel noir et décida de se lever pour finir la potion. Il ne restait que trois lignes à faire dans le manuel qu'ils avaient emprunté, et Hermione devait absolument le faire maintenant s'ils voulaient interroger Malefoy le soir-même.

En se levant, elle sentit les paquets de Noël sur sa couette et sourit dans la pénombre. Ils avaient dû arriver pendant la nuit sans qu'elle s'en rende compte. Elle était seule dans le dortoir, Parvati et Lavande avaient décidé de rentrer pour les vacances, alors elle alluma la lumière et vit sur son réveil qu'il était 6h20 du matin.

Le premier paquet provenait de Danny. Elle l'ouvrit et éclata de rire en voyant que c'était un livre "Comment ne pas se faire submerger de travail en 5 étapes". Avec, il y avait une petite lettre :

Joyeux Noël Hermione !

J'espère que tu suivras assidûment les conseils de ce livre avant l'été, sinon, tu ne rentreras jamais à Londres.

J'espère que tes vacances se passeront bien et que tu ne culpabilises pas trop de m'avoir laissé seul avec tous nos parents pour Noël :)

A bientôt,

Danny.

Elle était soulagée de voir qu'il n'avait pas mal pris son absence et lui envoyait quand même un cadeau de Noël. Les autres présents étaient tout aussi réconfortants : des livres, des plumes, des confiseries de Noël… Sa grand-mère lui avait envoyé un gros pull rose parce que "elle savait qu'il faisait froid en France", et un calendrier de jolis paysages qu'elle accrocha à côté de son lit.

Ses parents, eux, lui avaient envoyés un joli service à thé blanc, ce qui lui permettait de boire des thés dans sa chambre et qui était donc très utile. Elle avait même reçu un paquet de la part d'Hagrid, qui contenait une écharpe tricotée par ses soins.

Elle se leva, enfila des vêtements chauds (dont son nouveau pull) et descendit dans la Salle Commune. Elle était vide et plongée dans le noir. Le feu de la veille s'était éteint pendant la nuit et il ne restait que du brasier qui ne réchauffait pas du tout la pièce.

Hermione jeta un rapide sort sur la cheminée qui raviva la flamme, puis sortit pour se rendre aux toilettes. C'était l'une des seules fois où elle se baladait seule dans Poudlard ces derniers temps. Elle ouvrit la porte des toilettes, vérifia que Mimi Geignarde n'était pas dans les parages, et sortit le livre de la Réserve qu'elle cachait derrière les toilettes.

Il n'y avait que les sons du feu qui réchauffait doucement le chaudron et des bulles à la surface qui interrompaient le silence de la pièce. Hermione tourna la potion dans le sens des aiguilles d'une montre, puis dans l'autre, et ajouta le dernier ingrédient à la potion : des chrysopes séchées, qu'elle versa petit à petit dans la mixture. Cette dernière prit une drôle de couleur, une sorte de vert qui ressemblait à de l'herbe boueuse.

Puis, elle alla à la buanderie du Château qui se trouvait aux cachots, jeta un Alohomora à la serrure et emprunta trois robes larges de Serpentard, écrivit une lettre à ses parents, sa grand-mère, Danny, Mary et Neville pour leur souhaiter un joyeux Noël avec leurs cadeaux, retourna à la potion pour vérifier qu'elle ressemblait toujours à l'image du manuel, et remonta dans son dortoir.

Elle prit la robe qu'elle avait mise le jour du Club de Duel et y extraya le cheveu de Millicent Bulstrode. Hermione se souvint avec un frisson d'horreur la force avec laquelle la Serpentard l'avait propulsée au sol et la poigne de ses mains contre son cou. Elle enferma le cheveu dans un petit flacon en verre. Puis, affamée, elle se mit en route pour aller réveiller Harry et Ron.

"Debout !" lança-t-elle en ouvrant les rideaux.

C'était l'aube, le soleil perçait timidement à l'horizon, entre les deux montagnes qui bordaient la vallée du Château. Elle se retourna : Harry était en train de mettre ses lunettes sur son nez, et Ron était toujours allongé, gêné par la lumière :

"Hermione, tu n'as rien à faire ici, c'est réservé aux garçons !" protesta-t-il d'une voix enrouée de sommeil.

"Toi aussi, joyeux Noël ! Ça fait une heure que je suis levée. J'ai rajouté des chrysopes dans la potion. Elle est prête, maintenant." dit-elle en posant leurs deux cadeaux sur leur lit.

"Tu es sûre ?" demanda Harry.

"Absolument certaine. On va pouvoir agir dès ce soir."

Hermione observa Ron ouvrir son cadeau avec un petit sourire. C'était une boîte de Chocogrenouilles en édition spéciale Noël. Ron la remercia avec un grand sourire, changeant brutalement son humeur grincheuse du réveil. Il était complètement émerveillé et déballa la première qui contenait une carte de Bertie Crochue qu'il n'avait pas encore.

Harry la remercia pour la plume d'aigle qu'elle lui avait pris sur le Chemin de Traverse et Hermione ouvrit à son tour ses cadeaux : une boîte de caramels de la part d'Harry, et un livre sur les créatures magiques de la part de Ron.

Pendant le dîner, Hermione passa plus de temps à regarder la décoration de Noël qui était splendide plutôt que ce qu'il y avait dans son assiette. Elle était assise entre Fred et Ron qui avaient tous les deux revêtus leurs pull-overs que leur mère avait envoyés le matin-même. Elle mangea en discutant avec Ginny, se servit une part de pudding et fit exploser deux crackers sorciers avec Fred qui contenaient un bonnet et un jeu d'échecs qu'elle donna à Ron.

Quand elle vit que Malefoy avait fini son repas, elle se leva et intima Ron et Harry du regard de la suivre.

"Nous devons maintenant nous procurer un petit bout des trois personnes dont nous allons prendre l'apparence. Vous deux, vous vous transformerez en Crabbe et Goyle. Il faudra prélever quelque chose sur eux et s'assurer qu'ils ne débarqueront pas pendant que nous interrogerons Malefoy. J'ai déjà tout organisé."

Elle sortit deux parts de gâteau au chocolat qu'elle venait de piquer du buffet.

"J'y ai ajouté un somnifère. Arrangez-vous pour que Crabbe et Goyle trouvent les gâteaux sur leur chemin. Goinfres comme ils sont, ils vont sûrement les dévorer. Quand ils seront endormis, vous n'aurez plus qu'à leur arracher quelques cheveux. Ensuite vous les enfermerez dans un placard pour qu'ils ne puissent pas sortir à leur réveil."

"Hermione, je ne crois pas que…" commença Harry.

Tout ça pourrait très mal tourner…" risqua Ron.

Hermione leur lança un regard glacé :

"La potion n'aura aucun effet sans les cheveux de Crabbe et de Goyle. Vous voulez interroger Malefoy, oui ou non ?"

"D'accord, d'accord." dit Harry. "Mais toi, à qui tu vas arracher les cheveux ?"

"J'ai déjà ce qu'il faut." répondit Hermione en leur montrant le petit flacon. "Vous vous souvenez de ma bagarre avec Millicent Bulstrode au club de duel ? Elle a laissé ça sur ma robe pendant qu'elle essayait de m'étrangler ! Et comme elle est repartie chez elle pour Noël, il me suffira de dire aux Serpentard que j'ai décidé de revenir."

Elle leur donna les gâteaux et retourna aux toilettes pour vérifier que la potion était toujours de la même couleur verte qu'elle était supposée être. Elle attendit patiemment que Ron et Harry reviennent, ce qu'ils firent au bout d'une demie-heure. Elle sépara ensuite la potion en trois portions qu'elle versa dans des verres. On aurait dit de la boue.

Ils déposèrent leurs cheveux et les potions prirent des teintes encore moins ragoutantes qu'avant.

"Attendez !" dit Harry. "On ferait mieux de ne pas boire ça ici. Quand on aura la taille de Crabbe, de Goyle et de Millicent Bulstrode, on ne tiendra plus à trois dans cette cabine."

"Ça, c'est vrai." approuva Ron en ouvrant la porte. "On n'a qu'à prendre chacun une cabine séparée."

Hermione regarda les deux garçons sortir et entendit les deux cabines à côté d'elle s'ouvrir et se fermer.

"Prêts ?" demanda Harry à sa gauche.

"Prêts !"

"Un, deux, trois !"

Hermione avala d'une traite de la potion. Au début, il ne se passa rien. Affolée, elle commença à se pencher vers le manuel pour voir où elle avait pu faire une erreur, quand elle sentit soudain une brûlure dans son ventre qui la plia en deux.

Elle eut à peine le temps de comprendre ce qu'il lui arrivait quand elle sentit sa peau la démanger, fort, et ses oreilles s'agrandir, et une nouvelle vague de douleur la fit gémir de douleur. Elle tomba par terre et serra sa tête entre ses deux mains. Son nez changeait de forme, elle avait le dos courbé qui craquait de bas en haut.

Elle savait que Millicent Bulstrode n'avait rien à voir avec son physique, mais elle ne comprenait pas pourquoi c'était ces parties spécifiques du corps qui lui faisaient mal. Le nez de Millicent était-il si aplati ? Ses oreilles si décollées ?

Sa peau brûlait sur chaque parcelle de son corps, comme si une nouvelle couche poussait par-dessus. Elle eut l'impression que la transformation dura des heures. Elle entendit la porte de la cabine de droite s'ouvrir et la voix de Ron qui résonna dans sa cabine :

"C'est incroyable !"

Hermione ouvrit les yeux. Elle était toujours par terre, son dos dans une drôle de position. Sa peau la grattait et elle ne voyait plus comme avant : ses yeux étaient comme des fentes et sa vision était floue.

Elle leva alors sa main pour essayer de focaliser ses yeux et vit avec horreur que ce n'était plus une main. C'était une patte.


Drago


.

.

Blaise était retourné au dortoir bien avant Drago, qui venait seulement de terminer son dessert. Il se leva paresseusement et alla rejoindre la Salle Commune. Son Noël n'avait pas été aussi festif que les dernières années. Sûrement parce que Pansy n'était pas là.

Il trouva Crabbe et Goyle à l'entrée de la Salle Commune. Ils rentrèrent ensemble et Drago s'installa dans l'un des fauteuils près de la cheminée, celui que Théo occupait habituellement. Crabbe et Goyle prirent place sur le canapé à côté de lui, et Drago se souvint soudain de quelque chose. Il se leva en lançant :

"Attendez-moi ici. Je vais vous chercher ce que mon père vient de m'envoyer."

Drago rentra dans son dortoir, où Blaise était en train de lire dans son lit. Il arqua un sourcil en le voyant entrer :

"Je voulais montrer la coupure de journal que mon père a envoyé à Crabbe et Goyle." indiqua Drago en prenant le bout de papier qu'il avait posé sur sa table de chevet. "Tu veux venir ?"

"Et passer ma soirée de Noël avec Crabbe et Goyle ? Non merci." répondit Blaise.

"D'accord Théodore Nott." railla Drago qui referma la porte du dortoir avant que Blaise ne puisse lui jeter son coussin à la figure.

Il retourna devant Crabbe et Goyle et leur montra le journal. C'était un article sur Arthur Weasley, qui devait payer une amende pour avoir trafiqué une voiture moldue en la rendant volante.

"Ça va vous faire rire." promit-il.

Il observa Crabbe et Goyle lire l'article, ce qui prit du temps. Il était peut-être trop habitué à la vitesse à laquelle Théo lisait, maintenant.

"Alors ? dit Drago quand Goyle lui rendit la coupure. "C'est drôle, non ? Arthur Weasley aime tellement les Moldus qu'il ferait mieux de casser en deux sa baguette magique et d'aller vivre avec eux. On ne dirait vraiment pas que les Weasley ont le sang pur, quand on voit ce qu'ils font."

Crabbe et Goyle étaient peut-être stupides, mais c'était ses seuls amis devant lesquels il pouvait critiquer le trio d'or en étant sûr qu'ils étaient du même avis que lui. Ils avaient la même haine envers les sangs sales que lui. Crabbe fronça soudain les sourcils.

"Qu'est-ce qui t'arrive, Crabbe ?" demanda Drago.

"Mal à l'estomac."

"Alors, va à l'infirmerie et donne un coup de pied de ma part à ces Sang-de-Bourbe." dit Drago en riant. "Ça m'étonne que La Gazette du Sorcier n'ait pas encore parlé de ces attaques. Dumbledore doit faire tout ce qu'il peut pour étouffer l'affaire. Il va se faire renvoyer si ça continue. Mon père a toujours dit que la nomination de Dumbledore comme directeur est la pire chose qui soit jamais arrivée à cette école. Il adore les enfants de Moldus. Un directeur digne de ce nom n'aurait jamais admis ce rogaton de Crivey."

Drago fit alors semblant de prendre des photos avec un appareil imaginaire en imitant la voix suraiguë du premier année :

"Potter, je peux prendre ta photo, Potter ? Je peux avoir un autographe ? Je peux te lécher les chaussures, s'il te plaît, Potter ?"

Malefoy regarda Crabbe et Goyle et fut surpris de voir qu'ils ne souriaient pas du tout.

"Qu'est-ce qui vous arrive, tous les deux ?" demanda-t-il.

Ils finirent par rire, et Drago regretta de ne pas parler avec Blaise, Pansy ou Théo qui auraient tout de suite compris la blague.

"Saint Potter, l'ami des Sang-de-Bourbe…" continua Drago. "Encore un qui ne se conduit pas comme un vrai sorcier, sinon, il ne se traînerait pas tout le temps avec cette intello d'Hermione Granger. Une vraie Sang-de-Bourbe, celle-là. Quand on pense qu'il y a des gens qui considèrent Potter comme l'héritier de Serpentard… Si seulement je savais qui c'est ! Je pourrais l'aider."

"Tu dois bien avoir une petite idée de qui est derrière tout ça ?" dit Goyle d'une voix hésitante.

"Tu sais bien que non, Goyle, combien de fois faudra-t-il que je te le répète ?" répliqua Drago pour la centième fois depuis que le message était apparu sur le mur. "Et mon père ne veut rien me dire sur ce qui s'est passé la dernière fois que la Chambre des Secrets a été ouverte. Bien sûr, c'était il y a cinquante ans, donc avant qu'il soit élève ici, mais il connaît toute l'histoire. Seulement, il a peur que j'attire les soupçons si je sais trop de choses là-dessus. En tout cas, ce qui est sûr. c'est que la dernière fois que la Chambre a été ouverte, un Sang-de-Bourbe est mort. Alors il y aura sûrement un autre mort bientôt, simple question de temps... Et j'espère que ce sera Granger."

Il prononça cette dernière phrase avec un air victorieux. Il repensa à son air de Miss-Je-Sais-Tout parfaite et il savait que Crabbe et Goyle la détestait autant que lui.

"Est-ce que tu sais si la personne qui a ouvert la Chambre la dernière fois s'est fait prendre ? demanda Goyle.

"Oh oui, je ne connais pas son nom, mais on l'a renvoyé de l'école." dit Drago. "Il doit encore être à Azkaban."

"Azkaban ?" répéta Goyle stupidement.

"Voyons, Goyle, Azkaban, la prison des sorciers !" expliqua Drago.

C'était parfois fatiguant de devoir tout expliquer à Crabbe et Goyle, il avait oublié à quel point ils étaient stupides. Peut-être qu'il ferait mieux d'aller discuter avec Blaise, ça sera plus enrichissant.

"Tu as vraiment l'esprit lent, mon pauvre vieux. Si tu continues comme ça, tu finiras par marcher à reculons !" dit Drago. "Mon père m'a dit de ne pas me faire remarquer et de laisser agir l'héritier de Serpentard. Il dit qu'il faut débarrasser l'école de la racaille des Sang-de-Bourbe, mais que je ne dois pas m'en mêler. Il a suffisamment de soucis comme ça, en ce moment. Vous êtes au courant que le ministère de la Magie a fait une perquisition au Manoir, la semaine dernière ?"

Goyle arrondit les yeux.

"Eh oui…" continua Drago. "Heureusement, ils n'ont quasiment rien trouvé. Mon père possède des choses très précieuses en matière de magie noire. Mais nous aussi, on a une chambre secrète, sous le parquet du grand salon…"

"Ah !" coupa Crabbe.

Drago le regarda bizarrement. Il attendit qu'il continue de parler, mais il eut soudain un visage horrifié et ils se levèrent tous les deux d'un coup :

"Il faut que j'aille soigner mon estomac."

Drago haussa les sourcils, mais n'eut pas le temps de faire le moindre commentaire avant que les deux ne repartent par la porte principale. Ils étaient étranges. Ou alors peut-être qu'ils étaient tout le temps comme ça mais que Drago ne le remarquait pas. Il se leva et retourna dans le dortoir.

"Où sont tes deux meilleurs amis ?" demanda Blaise.

"Partis. Tu peux revenir, espèce d'idiot." dit Drago en reposant le journal.

"Je ne les ignore plus, tu sais." dit Blaise en refermant son magazine. "Je suis simplement en meilleure santé quand je ne suis pas avec eux trop longtemps. J'ai l'impression qu'ils m'abrutissent."

Drago hocha la tête. Il comprenait ce qu'il voulait dire. Crabbe et Goyle étaient peut-être du même avis que lui sur beaucoup de sujets, mais c'était difficile de parler avec des idiots pareils.

Ils retournèrent dans la Salle Commune et Blaise lui proposa de faire une partie d'échecs, ce qui enleva immédiatement Crabbe et Goyle de sa tête.