17 : bon rétablissement!
Hermione
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La douleur fulgurante qui traversait son corps par vague ne diminua pas pendant l'heure qui s'écoula. Hermione était allongée par terre à côté des toilettes, et sa robe était trempée à cause d'une flaque d'eau, mais elle n'avait pas la force de se relever.
Elle avait compris qu'elle n'avait pas extrait un cheveu de Millicent Bulstrode, mais bien de son chat. Elle avait réussi à attraper difficilement le manuel qui tenait en équilibre sur la cuvette pour lire les contre-indications :
"Ne pas utiliser cette potion pour les transformations animales, le sujet aura alors des attributs animaliers qui peuvent blesser et rester indéfiniment."
Hermione se souvint avoir rigolé en lisant cette phrase pour la première fois. Qui pourrait donc vouloir se transformer en animal ?
Elle ne rigolait plus du tout, à présent. Elle sanglotait, même, à cause de son dos arqué qui lui faisait atrocement mal. Elle ne savait pas combien de temps s'était écoulé depuis qu'elle avait bu la potion quand elle entendit un bruit derrière sa cabine.
"Harry ? Ron ?" demanda-t-elle d'une petite voix.
Elle était soulagée de voir qu'elle pouvait toujours parler, et qu'elle ne s'exprimait pas en miaulant. Elle essaya péniblement de se relever, sans succès. Soudain, la source du bruit arriva dans la cabine : c'était Mimi Geignarde. Elle traversa le mur de la cabine et écarquilla les yeux en la voyant :
"Qu'est-ce que…"
"Mimi ?" demanda Hermione, qui avait encore du mal à voir clair avec les fentes qui lui servaient de yeux.
"Oh. Mon. Dieu." s'amusa Mimi. "Tu t'es transformée… en chat ?"
"Comme tu peux le voir, oui. Tu peux m'aider à me mettre debout ?"
"Non, espèce d'idiote." répondit Mimi qui perdit automatiquement son sourire. "Je suis un fantôme, je ne peux pas te toucher. Tu voulais me rappeler de ce que j'étais pour te moquer de moi ?"
"Non, Mimi, pas du tout." répliqua Hermione, franchement agacée. "Je suis juste un petit peu indisposée, comme tu peux le voir !"
Hermione n'aimait vraiment pas Mimi Geignarde. Elle passait son temps à se plaindre et c'était vraiment pénible, surtout quand elle avait besoin d'aide. Heureusement, elle réussit à se hisser et à s'asseoir sur les toilettes.
"Tu as des poils partout." commenta la fantôme.
Hermione passa une main -ou plutôt une patte- sur son visage et sentit de la fourrure. Elle ne voulait pas sortir pour affronter la réalité de ce à quoi elle ressemblait.
Elle entendit alors la porte s'ouvrir, et les voix de Ron et d'Harry résonner autour d'elle :
"Hermione, sors de là ! On a plein de choses à te dire !"
"Fichez le camp !" dit Hermione.
Elle sentit les larmes monter et sanglota contre un pan de sa robe. Elle n'avait pas envie qu'ils la voient comme ça, mais elle savait qu'elle n'avait pas le choix. S'ils étaient revenus, c'est que la potion devait avoir perdu son effet, et pourtant, elle était toujours un chat.
"Qu'est-ce qui se passe ? demanda Ron d'une voix inquiète. "Tu as dû retrouver ton aspect normal à l'heure qu'il est !"
Mimi Geignarde sortit de la cabine.
"Attendez de voir ça." dit-elle. "Une véritable horreur !"
Satanée Mimi. Elle ne la défendrait plus jamais. Hermione cacha son visage poilu derrière un pan de sa robe et ouvrit la porte en sanglotant.
"Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Ron, déconcerté. "Tu as toujours le nez de Millicent, ou quoi ?"
Hermione finit par se révéler et Ron fit un pas en arrière en la voyant. Harry écarquilla grand les yeux et fit une grimace d'horreur.
"Ce... ce n'était pas un cheveu de Millicent, c'était un poil de chat." sanglota Hermione. "Et la potion est contre-indiquée pour les métamorphoses animales."
"Aïe." dit Ron.
Hermione osa jeter un coup d'oeil au miroir derrière eux, et aperçut alors son visage : elle était couverte de fourrure noire et brune, ses yeux étaient jaunes et elle avait des moustaches sur ses joues. Elle laissa échapper un cri étouffé.
"Tout le monde va se moquer de toi, tu vas voir, ça va être atroce !" lança Mimi Geignarde d'un ton joyeux.
"Ce n'est pas grave, Hermione." dit aussitôt Harry. "On va t'emmener à l'infirmerie. Madame Pomfresh ne pose jamais beaucoup de questions…"
Hermione refusa, puis après de longues minutes de négociations, elle finit par se rendre à l'infirmerie. Ron lui cacha le visage avec sa robe et Harry la guidait à travers les couloirs, à l'aveugle.
"On y est." chuchota Ron.
Ils poussèrent la porte de l'hôpital de l'école et Hermione entendit la voix de Madame Pomfresh :
"Oui ? C'est pour quoi ?"
"Euh…" commença Harry.
Hermione se débarrassa de sa robe et l'infirmière eut un petit mouvement de recul.
"D'accord… Miss Granger, si vous voulez bien me suivre…"
Hermione fit un rapide au revoir aux garçons et suivit l'infirmière, qui l'installa dans un lit reculé de la salle. Elle ferma les rideaux autour d'elles et Hermione prit timidement place sur le lit.
"Pouvez-vous m'expliquer ?"
"C'est… un élève qui m'a attaqué dans le dos." mentit Hermione. "Il m'a lancé un sort que je n'ai pas entendu, et depuis, je suis comme ça."
"Vous n'avez pas vu l'élève ?" demanda Madame Pomfresh, un peu sceptique.
"Non…"
"Hm. Je vois."
Elle examina Hermione pendant une vingtaine de minutes, qui resta allongée avec les yeux fermés.
"Vous avez mal quelque part ?"
"Oui, mon dos. Il est arqué et endolori. Et mes yeux me font mal…"
"C'est la lumière." expliqua l'infirmière. "Les chats préfèrent le noir."
Elle tamisa alors les lumières autour du lit d'Hermione et ses yeux s'habituèrent tout de suite à l'obscurité.
"Vous allez prendre ces six médicaments tous les jours pendant un mois, quatre fois par jour en même temps qu'un repas." indiqua l'infirmière en posant les potions et les gélules sur la petite table de chevet d'Hermione. "Et vous devez rester à l'infirmerie."
"Pendant un mois ?!" gémit Hermione.
"Vous voulez vous balader comme ça dans le Château ?" demanda l'infirmière d'un ton sec.
"Non, mais… Les classes…"
"Vous n'êtes pas en état, Miss Granger. L'élève qui vous a fait ça dans le dos… Il doit être extrêmement doué pour réaliser une métamorphose de la sorte."
Elle lui lança un regard perçant, le genre de regard qui indiquait clairement qu'elle savait qu'elle mentait. Hermione ne répliqua rien et cessa de protester.
Hermione resta toute la journée à l'infirmerie. De temps en temps, Madame Pomfresh venait lui apporter un thé ou à manger et la regardait boire les potions infâmes qu'elle devait prendre. Son dos lui faisait moins mal et elle s'était presque habituée à sa vision bizarre.
Le soir, Ron et Harry lui rendirent visite avant d'aller dîner. Hermione entendit leurs pas et la porte s'ouvrir distinctement, malgré le fait qu'elle soit située si loin dans l'infirmerie. Elle suspectait ses oreilles d'avoir une audition bien plus performante que les humains.
"Salut Hermione !" lança Harry.
"Comment tu te sens ?" demanda Ron.
Ils s'assirent des deux côtés de son lit.
"Un peu mieux, mon dos me fait moins mal. J'ai toujours la même tête ?"
Les lèvres pincées de Ron lui indiquèrent que oui sans qu'il ait besoin de répondre.
"Génial." maugréa Hermione. "Apparemment, ça va prendre un mois pour que je retrouve ma forme normale…"
"Comme le temps de la préparation de la potion." fit remarquer Harry.
"C'est peut-être une punition pour tous les gens qui essaient de dévier les règles inscrites dans le manuel." dit Ron.
Hermione grommela. Elle supposait que c'était la peine qu'elle méritait pour avoir enfreint le règlement de l'école.
Ron et Harry finirent par lui raconter en chuchotant ce qu'avait dit Malefoy dans la Salle Commune. Vers la fin, Madame Pomfresh les interrompit en leur ordonnant d'aller dîner et de la laisser se reposer. Hermione prit un morceau de parchemin et une plume et s'empressa de griffonner quelques titres de livres qu'elle fourra dans la main de Ron :
"Apporte moi ça demain, s'il te plaît ! Je ne pourrais pas rester ici sans avoir quelque chose à lire, je vais devenir folle sinon !"
Ron acquiesça sans cacher un sourire moqueur et ils s'en allèrent. Hermione s'ennuya dix minutes à peine après qu'ils ne soient partis. Elle n'avait pas de livre, pas de devoirs, personne à qui parler, et en plus, elle détestait le silence. L'infirmerie, c'était l'endroit du silence.
Madame Pomfresh restait enfermée dans son petit bureau et il n'y avait aucun patient dans l'infirmerie, à part quelques lits aux rideaux tirés qu'Hermione supposait être les endroits où les gens pétrifiés avaient été posés.
Hermione était en train de tester son oreille supersonique pour détecter si le dîner était terminé en essayant d'entendre les bruits de pas au-dessus d'elle quand la porte de l'infirmerie s'ouvrit. Elle entendit les pas se rapprocher d'elle et la voix du professeure McGonagall retentit à travers le rideau :
"Miss Granger ? M'autorisez-vous à ouvrir le rideau ?"
"Euh, oui." répondit-elle d'une petite voix.
McGonagall tira le rideau et détailla le visage d'Hermione sans montrer le moindre signe de surprise. Puis, elle soupira et s'asseya à la chaise qu'Harry avait occupé quelques heures plus tôt :
"Une sacrée métamorphose. Je dois dire qu'aucun élève de septième année ne pourrait réaliser ce genre d'exploit. Je le sais, parce qu'il se trouve que c'est moi qui enseigne cette matière à l'intégralité des élèves de Poudlard et je ne connais pas un seul élève capable de réaliser une semi métamorphose humaine de ce genre. Même moi, j'aurais du mal à la réaliser dans un couloir bondé. À moins que ça ne soit Dumbledore que vous suspectez de vous avoir jeté un sort ?"
Les joues d'Hermione rosirent un peu et elle balbutia quelques mots. À sa grande surprise, la professeure McGonagall eut alors un petit sourire :
"Détendez-vous, Miss Granger. Je ne suis pas ici pour vous interroger. Même si je suis à peu près certaine que Mr. Potter et Mr. Weasley doivent être impliqués dans cette histoire également."
Hermione ne sut quoi répondre. McGonagall avait le don pour la décontenancer, plus que n'importe quelle personne de Poudlard. Soudain, la professeure tournoya sa baguette dans les airs et deux tasses de thé apparurent, qu'Hermione saisit au vol. Dedans, il y avait du thé à la cannelle.
"Tenez." dit McGonagall doucement. "Buvez un peu de thé, ça vous fera le plus grand bien."
Hermione prit une gorgée et observa sa professeure par-dessus la tasse.
"Bien, Miss Granger." poursuivit-elle. "Comme vous le savez, la maison des Gryffondors m'est particulièrement chère. C'est pour ça que je porte une attention toute particulière à chacun des élèves qui y habite. Et c'est pour ça que je suis venue vous voir, pendant l'été de 1991, pour vous informer que vous étiez une sorcière."
"Vous saviez déjà que je serais chez Gryffondor à ce moment-là ?" s'exclama Hermione, choquée.
"Personne ne peut réellement savoir où sera placé un élève avant la Répartition. Et il m'est arrivé de me tromper quelques fois auparavant." expliqua McGonagall avec un sourire. "Mais sur ce coup-là, il y avait de grandes chances que vous intégriez ma Maison, ou celle de Serdaigle."
"Quand vous m'avez expliqué le fonctionnement des Maisons, je pensais être répartie à Serdaigle." confessa Hermione.
"Bien sûr, votre goût prononcé pour la lecture, et le fait que vous soyez l'élève la plus brillante de votre génération le prouve."
Hermione rougit intensément en entendant le compliment, et n'arriva pas à remercier la professeure avant que cette dernière ne reprenne la parole :
"Mais j'ai tout de suite cerné votre courage et votre volonté de faire vos preuves. Vous êtes aussi douée que vous êtes vaillante, Miss Granger, et ce sont deux excellentes qualités. Et le fait que vous vous soyez liée d'amitié avec Mr. Potter le démontre. Vous n'avez pas de mal à enfreindre les règles si c'est pour une bonne cause."
Hermione but de nouveau une gorgée de thé pour avoir l'opportunité de sourire dans sa tasse.
"Je pense avoir une petite idée de ce qui vous a causé cette transformation." poursuivit McGonagall mystérieusement, en désignant le visage d'Hermione. "Mais je ne dirais rien. J'éprouve une grande confiance en vous, et je pense que Mr. Potter et Mr. Weasley doivent s'estimer heureux de vous avoir à leurs côtés. Vous êtes sans nul doute celle qui leur a sauvé la vie à maintes reprises. C'est pour ça que je ne parlerai pas de ce malheureux incident à vos parents. Si vous avez décidé de ne pas le faire, je ne veux pas saboter vos intentions en les inquiétant pour rien. J'espère que cela montre l'admiration que j'éprouve pour vous."
"Merci, Professeure."
"J'espère seulement que vos intentions resteront toujours les mêmes au fil du temps, et que l'influence positive que vous avez sur Mr. Potter et Mr. Weasley ne s'estompera pas."
McGonagall se leva alors subitement. Elle reposa la tasse de thé qu'elle avait dans les mains sur la table de chevet d'Hermione, qu'elle n'avait pas touché. Elle fit mine de s'en aller, puis ajouta avec le même petit sourire qu'elle avait depuis le début de la conversation :
"J'offre vingt points à Gryffondor. Pour une élève de deuxième année, c'est un exploit que vous ayez réussi à réaliser une potion de Polynectar."
Et elle sortit de l'infirmerie, ne laissant à peine le temps à Hermione de saisir ce qu'elle venait de dire.
Drago
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Pansy revint la veille de la rentrée et à peine fut-elle arrivée dans le dortoir que Drago ressentit une vague de soulagement mêlée à de la joie de la revoir. Elle portait encore le serre-tête que son père lui ordonnait de mettre dès qu'elle était chez elle, qu'elle retira dès qu'elle entra et qu'elle jeta sur le lit de Drago avec une expression dégoûtée.
"Bonne année !" lança-t-elle en guise de bonjour en voyant les deux garçons allongés dans leurs lits.
Elle posa sa valise sur le sol et l'ouvrit pour en sortir des vêtements plus confortables que la tenue qu'elle portait actuellement, une robe lacée avec des collants noirs.
"Tu as élu domicile ici, à ce que je vois." commenta Théo en arrivant dans le dortoir à son tour.
"Ça te pose un problème, Nott ?" demanda-t-elle, la tête plongée dans sa valise.
"Non, pas du tout. Ravi de savoir que nous sommes quatre à dormir ici."
"Tu dis ça parce que tu es jaloux que je dorme avec Drago et pas avec toi ?"
Théo éclata de rire et observa Pansy avec un air de défi.
"Mon lit est toujours ouvert."
"Bon, ça suffit tous les deux." coupa sèchement Drago, qui n'aimait pas qu'on parle de leurs habitudes de la sorte. "Venez, on va manger, je meurs de faim."
Ils attendirent que Pansy se soit changée pour se rendre dans la Grande Salle. C'était purée saucisse ce soir, un plat que Drago n'aimait pas particulièrement, mais il se força à manger de la purée pour avoir quelque chose dans l'estomac avant de dormir.
"Qu'est-ce que vous avez fait, pendant les vacances ?" demanda Pansy.
"Beaucoup de Quidditch." répondit Blaise.
Drago n'avait suivi qu'un seul entraînement avec l'équipe de Serpentard avant les vacances de Noël, et il n'avait pas trop aimé les regards amers de ses coéquipiers pendant toute la séance. Il avait donc redoublé les entraînements avec Blaise, qui ne s'était pas plaint une seule fois, pour pouvoir améliorer son niveau avant que les entraînements officiels ne reprennent en janvier.
"Et pour Noël ?" demanda Théo.
"C'était nul." marmonna Drago. "Je suis parti au moment où Hagrid a commencé son troisième chant de Noël."
Pansy éclata de rire.
"Et toi, c'était comment ?" demanda Blaise.
Pansy soupira, et Théo baissa les yeux sur son assiette, l'air soudain morose.
"Horrible. On n'a même pas fêté Noël ensemble, tous les deux." dit-elle en désignant Théo et elle du doigt. "Mon père a refusé que j'aille chez Théo, et on a passé la soirée de Noël tous les deux à table en mangeant un plat immonde que l'elfe avait mal préparé."
"Et tes cadeaux ?"
"Mon père m'a dit que j'avais la clé du coffre de Gringotts et que je pouvais me servir comme je voulais, pour acheter ce qui me plaisait."
Une personne extérieure aurait pu penser qu'elle était chanceuse d'avoir accès à autant d'argent, mais Drago connaissait suffisamment Pansy pour savoir que la clé du coffre ne lui faisait pas plaisir du tout. Elle aurait aimé que son père lui achète quelque chose pour elle, pour montrer qu'il la connaissait, et qu'il voulait lui faire plaisir. Mais ça n'avait jamais été le cas.
"Tu as reçu le nôtre ?" demanda Blaise.
Le visage de Pansy s'éclaira :
"Oui ! Merci !"
Drago sourit. Ils avaient cotisé pour lui acheter des boucles d'oreille hors de prix sur le Chemin de Traverse.
"Et toi, Théo ?"
"Un peu moins horrible que Pansy, je suppose. Mon père n'était pas là, j'ai passé la soirée tout seul avec mon elfe, à la maison."
Drago et Blaise ne répondirent rien, et Drago trouva qu'il avait passé un Noël pas si mal, après tout.
"Des nouvelles de la part de l'héritier de Serpentard ?" demanda Pansy, probablement pour changer de sujet.
"Non, rien pendant les vacances." dit Drago.
"Ah bon ? Pourtant, j'ai cru entendre que Granger avait été pétrifiée ?"
Blaise leva les yeux au ciel en coupant sa saucisse :
"Pans' ! Comment c'est possible que tu as pu entendre des rumeurs alors que tu n'étais même pas ici ?"
"J'ai mes sources, Zabini." répondit Pansy avec un clin d'œil. "Et le Poudlard Express était particulièrement bruyant, aujourd'hui."
Drago jeta un coup d'œil à la table des Gryffondors. Effectivement, Potter et Weasley n'étaient pas accompagnés de la Sang-de-Bourbe. Drago se demanda où elle pouvait bien être.
"Elle n'est pas pétrifiée." informa Théo. "Je suis allé à la Bibliothèque en revenant, et j'ai vu qu'elle avait emprunté des livres pendant les vacances."
Blaise et Drago arquèrent un sourcil et Théo eut un petit sourire :
"Quoi ? Vous pensiez vraiment que je n'allais pas vérifier que la concurrence était toujours vivante ?"
Hermione
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Chère Hermione,
Bonne année !
Nous espérons que tu as passé des bonnes vacances de Noël et que tu as réussi à profiter malgré la tonne de travail que tu as.
As-tu reçu des cadeaux de la part d'Harry et Ron ? Et de tes professeurs ?
Ici, la soirée a été calme. Nous avons cuisiné de la dinde et nous avons invité les parents de Danny. Thomas n'est pas venu, il n'y avait que Danny et Léonie. Ce n'était pas très réjouissant sans toi, mais au moins ton père a reçu une nouvelle blouse qui lui va à ravir de la part de ta grand-mère.
Je t'envoie des biscuits à la cannelle que tu aimes tant. J'espère que le hibou ne va pas les dévorer avant de te les apporter.
Je t'embrasse,
Maman.
Hermione sourit en voyant les trois petits biscuits au fond de l'enveloppe. Elle en croqua un distraitement et remarqua qu'il y avait une autre carte dans le petit tas que lui avait apporté Madame Pomfresh, ce matin-là.
À Miss Granger,
Meilleurs vœux de rétablissement de la part de votre professeur attentif, Gilderoy Lockhart, Ordre de Merlin, troisième classe.
Membre honoraire de la Ligue de Défense contre les Forces du Mal,
Cinq fois lauréat du prix du sourire le plus charmeur, décerné par les lectrices de Sorcière-Hebdo.
Hermione sentit son cœur battre anormalement dans sa poitrine. Elle savait qu'elle devait probablement rougir sous les petites touffes de fourrure qui étaient encore dispersées sur ses joues, mais comme elle était seule, elle s'en fichait éperdument. Elle cacha l'enveloppe dorée sous son oreiller pour ne pas que les garçons la voient sur sa table de chevet lors de leur prochaine visite et se promit de la montrer à Lavande et Parvati quand elle pourrait enfin quitter l'hôpital.
Bien après la visite quotidienne d'Harry et Ron, Hermione prit ses derniers médicaments de la journée. Elle s'endormit sans le vouloir (la potion violette l'assommait), et fut réveillée par le bruit du rideau qui s'ouvrait.
"J'ai déjà pris la potion…" dit-elle à l'infirmière en baillant sans ouvrir les yeux.
"Salut, Hermione."
Hermione se réveilla en sursaut, et vit avec stupéfaction Neville Londubat qui se tenait à côté de son lit.
"Neville ?!"
"Je suis rentré aujourd'hui des vacances de Noël et j'ai appris que tu te sentais mal."
Hermione se rendit compte qu'elle n'avait pas eu le temps de cacher son visage en se réveillant. Elle regarda Neville dans les yeux, presque dans l'attente qu'il recule d'horreur en voyant ses moustaches. Le garçon n'en fit rien. ll prit soin de ne pas la regarder pour ne pas la gêner et s'assit à la chaise des visiteurs.
"Je t'ai apporté des chocolats."
Il lui tendit une boîte dorée.
"Oh… Merci, Neville."
"Pas de problème." répondit le garçon avec un sourire timide. "Comment tu te sens ?"
"Pas génial. Je m'ennuie."
"C'est bien ce que je me disais."
Il sortit alors de son sac une grosse pile de livres qu'il posa sur le bord du lit. Hermione sauta presque sur son oreiller.
"Des devoirs ?" demanda-t-elle avidement.
"Je n'ai pratiquement rien fait pendant les vacances, et je me suis dit que… comme on avait loupé quelques samedis de révisions…"
"Oh, merci Neville ! Merci !" s'exclama-t-elle en ouvrant précipitamment le premier manuel de Métamorphose.
"Je vais faire semblant de ne pas remarquer que tu es plus ravie par les devoirs que par les chocolats." dit Neville en riant.
"Oh non, ne dis rien à Ron, il se moquerait de moi. Alors, tu avais besoin d'aide pour quelle matière ?"
Tandis que Neville lui expliqua ses difficultés à comprendre le dernier chapitre de Potions, Hermione regarda le garçon, et se rendit compte que c'était la seule personne qui ne lui avait pas demandé ce qu'elle avait sur le visage depuis Noël.
Drago
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Le jour de la rentrée, Granger n'était toujours pas assise à la table des Gryffondors. Drago le remarqua distraitement, par hasard, complètement contre son gré. Il avait juste jeté un rapide coup d'œil à la table et s'était rendu compte de son absence. Par hasard.
Il se demanda vaguement ce qu'elle avait. Si elle n'était pas pétrifiée, qu'est ce qu'elle foutait à l'infirmerie ?
Blaise déplia le journal du jour à côté de lui et le bruit interrompit les interrogations de Drago qui plongea sa cuillère dans son porridge.
"Mon beau-père est mort." annonça Blaise d'une voix morne en lisant le journal.
Pansy, Théo, Crabbe et Goyle levèrent la tête vers lui, un peu surpris.
"Quoi ?"
"Là. C'est écrit dans les annonces de décès du journal. Allan Zabini." montra Blaise.
Drago vit le petit carré sur le journal :
"Allan Zabini, époux de Agate Céleste Zabini, est décédé ce jour. Les circonstances de sa mort sont encore inconnues, mais il s'agirait d'un suicide au vu des preuves que les Aurors possèdent jusqu'à présent.
Nous envoyons nos sincères condoléances à sa femme et son beau-fils."
Blaise reprit le journal et continua de lire comme s'il venait de leur montrer qui avait remporté le premier prix du concours du meilleur pudding de Noël. Il n'avait pas l'air attristé du tout par la mort de son beau-père.
"Euh…" commença Théo, toujours aussi étonné. "Ça va, Blaise ?"
Le concerné releva lassement les yeux du journal :
"Hmm ? Oui, pourquoi ?"
"Bah je sais pas… Ton beau-père…"
Pansy et Drago eurent tous les deux le même réflexe : se plonger dans la contemplation fascinante de leurs bols de porridge pour ne pas prendre part à la conversation.
"Je m'en fiche." dit Blaise d'une voix calme.
"Mais… Ce n'est pas étrange, quand même ?" insista Théo. "Qu'est-ce que tu en penses ?"
"Je pense que la Gazette du Sorcier et les Aurors qui sont sur l'affaire sont des profonds idiots qui ne se rendent pas compte de l'ingéniosité de ma mère." dit Blaise en souriant.
"Tu penses vraiment que c'est ta mère qui l'a tué ?" chuchota Nott, outré.
"Évidemment." répliqua Blaise sans la moindre hésitation.
Drago le savait aussi. Probablement toute la table des Serpentards le savait aussi. C'était un sujet tabou, personne n'osait proférer la moindre insulte envers la mère de Blaise quand il était dans les parages, tout le monde était au courant de cette règle. Crabbe en avait subi les frais lors du voyage du Poudlard Express. Mais Théo n'avait pas l'air de comprendre comment il pouvait rester aussi calme en sachant ça :
"Mais ça ne te fait rien ? Savoir que ta mère tue des innocents ?"
Blaise baissa le journal de sorte à regarder Théo. Cette fois-ci, il ne souriait plus, son visage était figé dans une expression glaciale qui pétrifia Théo comme la pauvre chatte de Rusard.
"Culotté de parler de ma mère quand on sait ce que fait ton père, Nott."
L'ambiance autour de la table devint aussi froide que les yeux de Blaise. Théo reçut la phrase comme un coup de poing et vacilla sur le banc quelques secondes, comme étourdi, avant de se ratatiner et de se taire.
Blaise était la personne qui défendait le plus ses amis, mais il avait aussi un certain talent pour plonger une salle entière dans l'embarras. Il retourna à la lecture de son journal et tout le monde continua de manger sans oser prononcer le moindre mot.
Hermione
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Le mois qu'Hermione passa à l'infirmerie lui donna l'impression d'en avoir passé six. La routine qu'avait instauré Madame Pomfresh étirait les journées et faisait regretter amèrement Hermione d'avoir préparé cette satanée potion. Les seuls évènements de ses journées qu'elle attendait avec impatience étaient les visites d'Harry, Ron et Neville, et les thés qu'elle partageait avec Madame Pomfresh à l'heure du goûter.
Une fois que l'infirmière avait cessé d'être froide après l'arrivée d'Hermione, elle s'était révélée être tout à fait cordiale. Hermione savourait ces thés de l'après-midi avec elle où elle lui racontait ses études et les cas de médicomagie qu'elle avait rencontrés dans sa vie.
Cette branche de la médecine était fascinante aux yeux d'Hermione, elle avait même fait quelques recherches de son côté pour savoir comment intégrer des études de médecine après Poudlard.
Heureusement, Hermione avait maintenant de quoi s'occuper pendant les longues heures de solitude qu'elle passait dans son lit. Harry et Ron lui apportaient tous les soirs les devoirs et les cours de la journée, et Lavande avait eu la gentillesse de lui apporter les manuels qu'elle avait laissés dans la chambre, et que Madame Pomfresh lui apporta le lendemain sur sa table de chevet.
Cette dernière débordait maintenant de parchemins et de livres, mais Hermione était ravie : elle pouvait se plonger dans le travail pour faire défiler les heures plus rapidement.
La première semaine de février, Madame Pomfresh lui tendit un miroir pour qu'Hermione puisse voir les avancées des potions sur son visage. Elle fut particulièrement heureuse de voir qu'il ne lui restait plus que deux moustaches, et que ses yeux avaient repris une teinte à peu près marron.
"Vous pourrez sortir après vos médicaments du petit-déjeuner, demain matin." annonça l'infirmière.
Hermione se réveilla donc bien avant l'heure habituelle, mourant d'impatience de quitter l'hôpital. Elle n'en pouvait plus du silence, elle voulait entendre les voix qui bourdonnaient sans cesse dans le Château. Dès que Madame Pomfresh lui apporta son jus de citrouille et ses médicaments, Hermione avala tout d'une traite et sortit précipitamment du lit.
Elle s'habilla pour la première fois en plusieurs semaines et quitta l'infirmerie, non sans avoir remercié longuement l'infirmière. Elle retourna à la Salle Commune des Gryffondors directement et retrouva Harry et Ron.
"Ah, enfin sortie !" s'exclama Ron en la voyant arriver par le tableau de la Grosse Dame. "Et plus de queue, à ce que je vois !"
"Non, partie ! Alors, qu'est-ce que j'ai raté ?"
Harry lui tendit alors un journal à la couverture noire et lui expliqua comment ils l'avaient trouvé, dans les toilettes de Mimi Geignarde. Ils passèrent le reste de la journée à élaborer des théories sur ce qu'il pouvait bien être, mais étant donné qu'il était vide, leur enquête se termina assez rapidement.
Hermione fut satisfaite de voir que sa place de première élève n'avait pas changé sur le classement général. Elle était toujours tout en haut, suivie de près par Théodore Nott. Malgré son absence en cours, elle avait réussi à suivre et à sécuriser sa place.
Quand elle arriva le soir dans son dortoir pour la première fois depuis bien trop longtemps, Lavande et Parvati s'exclamèrent en la voyant arriver :
"Hermione !"
"Enfin ! On est venues te voir à l'infirmerie, mais Madame Pomfresh a refusé qu'on vienne te rendre visite. Qu'est-ce qui t'es arrivé ?"
"Je me suis pris un sort dans le dos, mais je vais mieux maintenant." dit-elle en utilisant le même mensonge qu'elle avait donné à toutes les personnes qui lui avaient demandé la raison de son absence. "Et merci d'avoir apporté mes livres, ça m'a beaucoup aidé."
"Pas de problème !" dit Parvati.
"Alors, j'ai loupé des trucs ?"
"Pas grand chose. Nathan Conley sort avec une autre Serdaigle, une certaine Hazel." annonça Lavande avec une moue déçue.
Hermione sourit en entendant ça, Lavande était bien la seule personne qui pouvait répondre à cette question par les ragots de l'école. Ça changeait de Ron et d'Harry.
"Je ne sais pas qui c'est." avoua Hermione.
"Un blond, à Serdaigle. Il est sacrément beau, Hazel a de la chance." commenta Parvati.
Hermione remarqua qu'à ce moment-là que les deux filles étaient penchées sur des papiers étalés sur le lit de Lavande et qui avaient l'air d'avoir été plongés dans un bol à paillettes.
"Qu'est-ce que vous faites ?" demanda-t-elle en observant le parchemin.
Les deux filles se mirent à glousser, quelque chose qu'elles faisaient régulièrement.
"On prépare nos cartes pour la St Valentin." répondirent-elles avec des sourires énigmatiques.
"Ah bon ? À qui ?"
"Au professeur Lockhart !" dit Parvati en riant et en versant une nouvelle quantité impressionnante de paillettes sur sa carte.
"Quoi ? Vraiment ?"
"Toutes les filles de Gryffondor l'ont fait !" ajouta Lavande comme pour se justifier. "On trouvait ça drôle, alors on s'est dit qu'on allait participer. Tu veux le faire aussi ?"
Hermione commença à dire "non", mais elle observa la carte de Lavande et se dit que ce n'était pas une si mauvaise idée. C'était drôle, et c'était typiquement le genre de choses un peu débiles qui lui avaient beaucoup manqué quand elle était allongée seule à l'infirmerie.
"Ok !" lança Hermione en s'approchant du lit.
Parvati lui fit de la place et Lavande lui passa un parchemin de couleur rose. Hermione se rendit compte qu'elle n'avait aucune idée de quoi écrire.
"Montre moi la tienne."
Lavande lui tendit sa carte, qui était tellement décorée qu'elle avait du mal à discerner le texte.
Cher Professeur Lockhart,
Je vous envoie cette carte pour vous souhaiter une belle St Valentin.
Votre sourire est aussi éclatant qu'au premier jour, quand je vous ai vu pour la première fois rentrer dans votre classe. Vous portiez une robe bleue qui mettait en valeur vos yeux.
Sincèrement vôtre,
Lavande Brown.
Le texte était entouré de paillettes et de dessins de cœurs et de petits anges. Hermione pouffa de rire, et Lavande la reprit avec un sourire.
"T'as vu ? J'y ai mis tout mon coeur, j'espère que ça va lui plaire."
"Je n'en doute pas." dit Hermione.
Parvati, elle, n'avait pas encore écrit, elle s'était pour l'instant contentée de dessiner sur sa carte et d'écrire le prénom du professeur de la plus belle écriture possible. Hermione s'allongea sur le ventre et commença à écrire :
Cher Professeur Lockhart,
Je voulais vous remercier de nous enseigner cette matière aussi belle que vous connaissez sur le bout des doigts. Merci de nous partager toutes vos connaissances et de nous transmettre votre savoir à travers vos nombreux ouvrages. Je les ai tous lus, je suis une très grande fan de votre travail.
Je vous envoie donc cette carte de la St Valentin pour vous remercier et espérer vous donner le même sourire que j'ai lorsque je rentre dans votre classe.
Amicalement vôtre,
Hermione Granger, Gryffondor.
Hermione la passa aux deux filles et Parvati fit une moue un peu déçue :
"Tu es trop sérieuse, Hermione ! Tu ne parles que des cours !"
"C'est normal, c'est un professeur." répondit-elle en fronçant les sourcils. "Tu penses que j'aurais dû parler de quoi ?"
"De son sourire ! Ou de ses tenues, il a toujours des jolies couleurs sur lui."
"Ça change des robes de Rogue." commenta Lavande en plissant le nez. "Bon, maintenant la partie amusante, Hermione !"
Elle lui tendit un nombre impressionnant d'encres de toutes les couleurs et de paillettes. Hermione s'amusa à répandre un peu de tout pour que ça fasse un arc-en-ciel.
À la fin, son parchemin ne ressemblait plus à rien, mais au moins, elle n'avait pas arrêté de rire de la soirée.
