18 : le reflet du miroir


Drago


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Il y avait définitivement quelque chose qui avait changé en elle. Il ne saurait dire quoi. Ses cheveux étaient moins hirsutes ? Ou son sourire plus timide ? Ou ses yeux plus clairs ?

Pansy lui donna soudain un coup de coude dans les côtes et il arrêta son observation de Granger pour se tourner vers elle :

"Quoi ?!" s'exclama-t-il à voix basse.

"T'écoutes pas !" se lamenta Pansy. "Il a dit qu'il fallait ajouter quoi après ? L'oeil de lézard ou le sang de salamandre ?"

Drago observa la potion qu'ils partageaient et qu'ils devaient rendre à la fin du cours. Elle était de couleur rouge et bouillonnait, alors qu'elle devait être verte pâle.

"Donne, je vais le faire." grommela Drago en poussant légèrement sa meilleure amie pour se mettre devant le chaudron.

Il ajouta les ingrédients dans le bon ordre et baissa un peu l'intensité du feu pour retrouver une consistance à peu près correcte. Rogue passa à côté d'eux à ce moment-là et se pencha pour sentir l'odeur de la potion Wiggenweld qu'ils étaient en train de préparer.

"Très bien, Monsieur Malefoy… Très bon travail…" dit-il de sa voix grave.

Rogue se tourna ensuite vers Crabbe et Goyle dont la potion était bleue et Drago en profita pour regarder de nouveau Granger en biais.

C'était la première fois qu'il la voyait depuis qu'elle avait passé un mois à l'infirmerie. Personne ne savait pourquoi elle s'était absentée, mais le fait qu'elle soit restée tout en haut du classement prouvait qu'elle trichait. C'était impossible de pouvoir être première sans réellement suivre les cours.

Mais il y avait définitivement quelque chose de différent. Il essaya de deviner ce qui avait pu lui arriver pour justifier son mois de confinement à l'infirmerie, sans réussir à mettre le doigt dessus. Il avait l'impression qu'elle était encore plus fiévreuse qu'avant, mais c'était probablement son imagination. Ou qu'il était trop habitué à la froideur de Pansy.

"Drago ? Drago !"

Drago se tourna vers la voix de Théo qui l'appelait de l'autre côté de la table.

"Passe moi la salamandre !" dit-il d'un ton exaspéré, la main tendue. Visiblement, il avait répété sa demande plusieurs fois.

"Hé Drago, t'es dans la lune aujourd'hui !" commenta Pansy qui découpait des rondelles de racines d'érable. "Concentre toi un peu, il faut rendre ce truc à la fin du cours."

"Je croyais que tu t'en foutais des notes." marmonna Drago.

"Je dis ça pour toi." lança froidement Pansy. "C'est pas toi qui veut étudier les potions après Poudlard ?"

Drago ne répondit rien. Il était gêné par les chuchotements de Granger, Weasley et Potter juste à côté de lui. S'il se concentrait un peu, il pouvait presque faire abstraction du bruit de sa potion et des murmures de la classe pour entendre quelques phrases de leur conversation :

"Mais non, c'est impossible…" murmura Weasley.

"Si, je l'ai vu." affirma Potter, qui avait plus de mal à contenir sa voix à un chuchotement.

"Ça ne peut pas être Hagrid, il ne ferait jamais ça." continua Weasley.

"Le fait de l'avoir vu ne prouve rien, Harry." souffla Granger. "On le connaît. C'est probablement Tom qui a tort, après tout, on le connaît à peine."

Drago ne comprenait rien de ce qu'ils disaient, mais cet échange l'énerva quand même. À chaque fois qu'il voyait Granger, Potter ou Weasley, il avait une nouvelle décharge de colère qui le prenait à la gorge et qu'il n'arrivait pas vraiment à contrôler. Mais ces derniers temps, c'était surtout Granger qui lui tapait sérieusement sur les nerfs. Elle était vraiment insupportable ! Dès qu'il voyait son visage, il était exaspéré, et sa voix haut perchée n'aidait pas non plus.

En plus, elle faisait la potion toute seule, Potter et Weasley ne foutaient absolument rien à côté. Weasley tournait les pages du manuel pour faire semblant de lire, et Potter mélangeait mollement la potion dans les sens que lui indiquaient Granger à mesure qu'elle versait les ingrédients. Comment pouvait-elle réussir à faire la potion parfaitement bien en la faisant seule et en ayant une discussion en même temps ? C'était tellement frustrant !

"Drago !" appela Pansy pour la troisième fois du cours.

"Quoi ?!"

Pansy lui montra du doigt le contenu de son chaudron, qui avait viré au violet. Il avait oublié de mettre les rondelles de racine.

"Merde, désolé." dit-il en versant les ingrédients. "C'est Granger, elle m'énerve. J'entends sa voix à côté de moi et ça m'empêche de me concentrer ! Elle ne te tape pas sur le système, à toi ?!"

Pansy haussa les épaules en fixant Drago d'un drôle d'air.

"Non." dit-elle dans un murmure. "Pas du tout."


Drago


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L'héritier de Serpentard avait dû prendre peur, parce qu'il n'y eut aucune nouvelle pétrification pendant les semaines suivantes. Drago attendait que ça retombe à tout instant, mais tout le monde semblait avoir oublié cette histoire et était passé à autre chose.

Le côté positif, c'était que plus personne ne prétendait que Potter était l'héritier de Serpentard, ce qui était complètement débile, puisque l'héritier de Serpentard provenait forcément de la maison de Serpentard. Juste parce qu'il avait craché des phrases incompréhensibles lors du club de duel ne voulait absolument pas dire qu'il était le descendant de Salazar Serpentard, et tout le monde savait qu'il aimait trop les Sangs-de-Bourbe pour ça.

Évidemment, ça n'empêcha pas Drago d'embêter Granger et Londubat dès qu'ils se croisaient dans un couloir. Londubat avait toujours la frousse de se faire attraper par le monstre (apparemment personne ne lui avait dit qu'il était sang-pur et qu'il ne risquait rien), alors Drago en profitait pour le faire sursauter en hurlant dès qu'il s'approchait trop près de lui. Ça marchait à tous les coups, et même Blaise ricanait en voyant le visage apeuré du Gryffondor.

Pour Granger, c'était plus difficile. Elle était beaucoup plus rigide que Londubat, et Drago n'arrivait pas à lui faire peur. Ça le rendait fou, il avait tout essayé : les menaces, les sursauts, l'intimidation. Rien ne fonctionnait, Granger était toujours décidée à l'ignorer royalement. Elle voulait tellement être différente et ingénieuse, elle arrivait toujours à anticiper ses attaques.

À chaque fois, il finissait par s'énerver tout seul et devait se calmer quand il ressentait une énième pulsion de colère qui lui hérissait les poils. Cette fille exaspérante avait le don pour le mettre en rogne, il n'avait jamais ressenti autant de rage depuis qu'il la voyait tous les jours à Poudlard. Parfois, juste observer son visage concentré à la Bibliothèque suffisait à lui faire monter sa tension. Il n'avait jamais ressenti autant d'émotions à la fois, et il soupçonnait que ce soit ses origines moldues qui le contaminait.

Pourtant, il continua. Peut-être plus par ennui que par sincère envie de l'effrayer, juste parce que le climat de l'école était redescendu et qu'il n'y avait rien d'autre à faire que de suivre les cours, manger et dormir. Embêter Granger était donc son passe-temps préféré.

Un jour d'Avril, il la vit marcher au loin pour se rendre à la Bibliothèque, seule. Elle tenait des livres contre sa poitrine et ses cheveux étaient décoiffés et tombaient maintenant sur ses épaules dans des boucles incontrôlées. Il attendit qu'elle arrive à sa hauteur pour l'énerver :

"Alors Granger, on se promène toute seule dans le Château ? Tu n'as pas peur de te faire tuer par le monstre ? Ou alors tu espères que ta voix de Miss-Je-Sais-Tout l'endorme avant qu'il ne puisse faire le moindre mouvement ?"

Granger roula simplement des yeux et continua sa route, Drago sur ses talons :

"Je t'ai vu à des kilomètres, Malefoy. Et tu commences à ressasser tes insultes, tu m'as déjà fait le coup de la voix qui endort."

"Alors je vais appeler l'héritier de Serpentard et lui dire qu'il a oublié une Sang-de-Bourbe, comme ça je n'aurai plus jamais à entendre ta voix stridente !"

"Fais donc ça !" siffla Granger en entrant dans la Bibliothèque. "Ça fait six mois que tu le dis, j'attends toujours que tu mettes ton plan à exécution."

"Ne t'inquiètes pas Granger, ça ne saurait tarder."

Elle s'échappa vers une table qu'elle occupait ces derniers temps et Drago rejoignit celle où étaient déjà assis Blaise, Théo, Crabbe et Goyle.

"Vous me devez déjà quarante Gallions, je ne bosse pas gratuitement, moi." chuchota Théo à Crabbe et Goyle, le visage caché derrière un bouquin.

Drago lut le titre en s'asseyant : "Frankenstein." Il soupira. Il n'avait jamais vu un mec qui lisait autant.

"Allez, Nott, s'il te plait !" supplia Crabbe.

"Qu'est-ce qu'il se passe ?" demanda Drago en sortant un parchemin.

"Ça fait vingt minutes que Crabbe et Goyle demandent à Théo de faire leur essai de Botanique, mais Théo refuse parce qu'ils n'ont pas payé leurs derniers devoirs." expliqua Blaise.

"On ne pensait pas qu'on aurait un "Optimal" à chaque fois." se lamenta Goyle.

"Quoi, vous n'avez plus assez pour me payer ?" railla Théo.

"On a vidé nos réserves qu'on avait ici, il faut qu'on aille à Gringotts pour récupérer le reste. Tu peux pas nous faire une avance ?"

"Non." répondit Théo, toujours en train de lire. "Il fallait y penser. Ce n'est pas de ma faute si je suis un génie et que j'arrive toujours à vous donner des bonnes notes."

Blaise et Drago pouffèrent de rire en entendant Théo.

"Allez, s'il te plaît !" continua Crabbe.

"Vous n'avez qu'à demander à Granger, elle vous les fera, vos essais." dit Théo en montrant Granger du menton, qui était assise à côté d'eux. "À trois fois rien."

Granger leva un œil de ce qu'elle faisait en entendant son nom et leur lança un regard amer.

"Hors de question." s'opposa Crabbe. "On ne veut pas de sang impur sur nos copies."

"Je crains que vous n'ayez pas le choix, si vous voulez avoir un bon travail sans payer. De toute façon, ce n'est pas plus mal, parce que les professeurs commencent à émettre des doutes que vous ayez soudain réussi à aligner plus de deux mots cohérents dans la même phrase."

Crabbe et Goyle se regardèrent, puis s'avouèrent vaincus. Ils se levèrent et partirent de la Bibliothèque en grognant des phrases incompréhensibles. Drago se fit la réflexion qu'il n'avait jamais vu Crabbe et Goyle à la Bibliothèque jusqu'à présent.

Pansy arriva à ce moment-là. Elle traversa la Bibliothèque et jeta un regard hostile à Granger, et particulièrement à sa tenue. Elle était habillée façon moldue, avec un gilet par-dessus son haut et un jean. À côté, Pansy avait l'air d'une aristocrate avec sa jupe noire et ses cheveux lissés à la perfection.

"Les listes des options de troisième année sont arrivées !" lança-t-elle en distribuant des parchemins à Blaise, Drago et Théo. Ce dernier se jeta dessus comme si c'était une gourde d'eau dans un désert.

"Merlin, Nott, tu ne veux pas essayer de paraître un peu moins intello ?" râla Pansy en prenant place sur la chaise à côté de Drago.

"Désolé. Vous allez prendre quoi, vous ?" demanda Théo qui lisait avidement les options proposées.

Drago lut plusieurs fois le papier et soupira : aucune des matières ne l'intéressait vraiment, sauf peut-être Arithmancie.

"C'est quand qu'on peut suivre les cours d'Alchimie ?" demanda Drago en relisant le papier.

"Sixième année, si tu as assez de BUSES pour y entrer." dit Théo.

"Oh, Théo, ne me dis pas que tu vas prendre le cours d'Études de Moldus." se moqua Blaise qui lisait le papier aussi.

Les joues de Nott rougirent pendant que Drago et Pansy riaient.

"Non…" marmonna Théo.

"Tu prends quoi, toi ?" demanda Pansy à l'adresse de Drago.

"Peut-être… Arithmancie."

Elle fit une tête de dégoût :

"Quoi ? Mais non, ça a l'air horrible."

"Tu ne sais même pas ce que c'est." commenta Théo.

"Toi, retourne à lire ton livre sur Frank and Stein."

"C'est Frankenstein." corrigea Théo.

Pansy l'ignora et continua de parler à Drago :

"Et quoi d'autre ?"

"De tout ce qu'il y a, je dirais Soins aux Créatures Magiques. C'est probablement celle où il y aura le moins de devoirs." dit-il.

Blaise approuva d'un signe de tête. Pansy posa le parchemin de ses options sur la table et soupira :

"Ok, ça me va. Mais pas les nombres."

"Ou les Moldus." dit Blaise en montrant Théo du doigt sans qu'il s'en aperçoive, ce qui firent rire Pansy et Drago.


Hermione


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Hermione était perturbée par l'attaque du dortoir des garçons, et du vol du journal de Tom Jedusor. Elle se demandait sans cesse qui pouvait bien avoir fait ça chez les Gryffondors, mais elle avait beau examiner les visages des élèves assis à sa table, elle ne trouvait aucune explication.

Elle se demanda vaguement si c'était Malefoy qui avait compris qu'ils s'étaient transformés en Crabbe et Goyle et avait voulu refaire la même chose, mais Hermione abandonna vite cette idée. Il n'y avait aucune chance qu'un Serpentard puisse fabriquer du Polynectar.

Le samedi, Hermione était en train de monter les escaliers pour accompagner Harry qui allait chercher ses affaires de Quidditch quand ce dernier poussa un cri.

"La voix !" s'écria-t-il. "Je viens encore de l'entendre. Pas vous ?"

Hermione se concentra et remarqua qu'Harry observait les murs, comme s'il pouvait l'entendre à travers. C'était frustrant de ne pas entendre la même chose qu'Harry, ça lui rappelait le moment où il avait parlé en Fourchelangue et qu'elle n'avait pas décrypté un mot de ce qu'il disait.

Soudain, elle comprit.

"Harry !" s'exclama-t-elle. "Je crois que je viens de comprendre quelque chose ! Il faut que j'aille à la Bibliothèque !"

Elle partit aussitôt, sans laisser le temps à Harry ou Ron de lui poser des questions. La seule chose à laquelle elle pensait, c'était "Les Monstruosités les plus macabres."

C'était un livre qu'elle avait emprunté il y a longtemps, et qui parlait de toutes les créatures horribles qu'on pouvait rencontrer. Elle l'avait lu pour se renseigner sur les créatures magiques qu'elle pourrait rencontrer lors du cours de Soins aux Créatures Magiques en troisième année. Et maintenant qu'elle venait de comprendre que la voix qu'Harry entendait dans les murs était en Fourchelangue, elle avait une idée de ce que pouvait être le monstre de la Chambre des Secrets.

Elle courut jusqu'à la Bibliothèque et salua à peine Madame Pince en entrant. Elle marcha droit vers le rayon "Créatures Magiques" et chercha le livre en passant son doigt sur les reliures :

"Monstruosités, monstruosités, monstruosités…" récita-t-elle dans un murmure.

Elle faillit pousser un cri quand elle le trouva et ouvrit à la page du sommaire pour trouver ce qui l'intéressait : le Basilic. Quand elle arriva sur la bonne page, elle tomba sur une illustration. C'était un serpent énorme avec des dents jaunes et pointues. Elle eut un frisson dans le dos et commença à lire le paragraphe :

"De tous les monstres et créatures qui hantent nos contrées, il n'en est guère de plus étrange ni de plus mortel que le Basilic, connu également sous le nom de Roi des Serpents. Ce reptile, qui peut atteindre une taille gigantesque et vivre plusieurs centaines d'années, naît d'un œuf de poulet couvé par un crapaud. Pour tuer ses victimes, la créature recourt à une méthode des plus singulières : outre ses crochets venimeux, le Basilic possède en effet des yeux meurtriers qui condamnent à une mort immédiate quiconque croise son regard. Il répand également la terreur parmi les araignées dont il est sans nul doute le plus mortel ennemi. Le monstre, quant à lui, redoute plus que tout le chant du coq qui lui est fatal si d'aventure il lui parvient aux oreilles."

"C'est ça ! C'est lui !" hurla-t-elle en sautillant sur place.

Pendant un instant, elle avait oublié qu'elle se trouvait au beau milieu de la Bibliothèque. Elle releva la tête et croisa le regard outré de Madame Pince.

Hermione prit le livre, puis se dit qu'elle n'avait pas le temps d'aller inscrire son nom dans la liste d'emprunts. Elle devait absolument retrouver Ron dans les gradins du match pour lui expliquer sa découverte !

Elle se cacha donc derrière un pilier de la Bibliothèque et arracha la page qui concernait le Basilic, ignorant la sensation désagréable dans son ventre d'avoir dégradé du matériel de l'école, referma le livre et le rangea à sa place. Puis, elle sortit une plume de son sac et utilisa le peu d'encre qui restait dessus pour inscrire sur le bas de la page "tuyaux". Tout concordait. Elle avait trouvé qui était le monstre !

Elle serra la boule de papier dans sa paume et s'apprêta à ressortir de la Bibliothèque, avant de s'arrêter brusquement.

Harry venait d'entendre la voix.

Cela voulait dire que le monstre allait passer à l'action, maintenant.

Et c'était une née-moldue, et elle était seule.

Elle jeta un regard d'espoir autour d'elle pour localiser Fred, George, Neville, Ginny, n'importe quel Sang-pur qui pourrait l'escorter. Il n'y avait personne, tout le monde était au match. Hésitante, elle trépigna un instant sur place, à la fois pressée d'aller retrouver Ron, mais aussi terrifiée à l'idée de se retrouver face à face au Basilic.

Elle essaya d'imaginer ce que pourrait dire Ron à ce moment-là. "Tu es une Gryffondor, ou quoi ?"

Hermione devait partir. Elle chercha autour d'elle et eut une idée en voyant un miroir de poche posé sur l'une des tables de la Bibliothèque, où personne n'était assis. Elle piqua le miroir qu'elle glissa dans sa poche, passa innocemment devant Madame Pince et sortit dans le couloir.

Elle prit le miroir dans sa main et observa le reflet. Elle le braqua sur les murs pour pouvoir croiser le regard du Basilic, et ne pas se le prendre en face. Marcher de la sorte était plus périlleux, elle devait arpenter le couloir sur le côté et faire attention à ne pas se prendre les murs. Soudain, alors qu'elle tournait dans un angle, elle se cogna contre quelqu'un.

"Hé ! Regarde où tu marches !"

Hermione, qui avait fermé brutalement les yeux en sentant l'impact, soupira de soulagement.

"Désolée."

Elle rouvrit les yeux et vit un badge bleu et argenté accroché à la robe de la fille où il était inscrit "Préfet". La fille qu'elle avait bousculée devait être en cinquième ou sixième année, et elle avait des longs cheveux bouclés et blonds.

"Tu es une née-moldue ?" demanda Hermione.

La fille parut surprise de cette demande, elle haussa haut les sourcils :

"Oui ? Ça te pose un problème, peut-être ?"

"Non, non, pas du tout ! Moi aussi je le suis ! Écoute, il va y avoir une nouvelle attaque, le monstre est un serpent, et il ne faut surtout pas le regarder dans les yeux ! Tiens, tiens ! Prends le miroir avec moi, il faut vite qu'on aille à la Grande Salle, ou à la salle des professeurs."

"Quoi ? Mais ? Comment tu peux savoir ça ?" balbutia la fille qui prit le miroir avec une certaine hésitation.

"Je viens de le découvrir, et je sais qu'il va attaquer ! Regarde dans le miroir pour marcher, il ne faut surtout pas croiser ses yeux. Si tu penses qu'il y a quelque chose derrière toi, vérifie dans le miroir, tu te feras seulement pétri…"

Pendant qu'elle lui expliquait ce qu'il fallait faire, Hermione baissa les yeux sur le miroir, et elle vit alors deux gros yeux jaunes dans une bouche d'aération.

Elle n'eut pas le temps de sursauter, ou de crier, ou de fermer les yeux.

C'était comme si son cerveau venait d'être plongé dans un seau d'eau glacée.

Elle tomba en arrière et tout devint noir.


Drago


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"C'est pas juste, je voulais trop voir le match de Quidditch." dit Drago.

"Tu voulais voir Potter se faire massacrer par Diggory plutôt." s'amusa Blaise.

"Pourquoi tu penses que ça a été annulé ?" demanda Drago en suivant les Serpentards dans la Salle Commune.

"Aucune idée, probablement une dérogation de Potter."

Drago haussa les épaules et s'étala de tout son long dans le canapé de la Salle Commune. Le match de Quidditch était ce qu'il attendait le plus de sa journée, maintenant que c'était annulé, il n'avait aucune idée de quoi faire. Il se contenta donc d'observer les gens autour de lui en s'affalant complètement. Blaise prit place dans son fauteuil de prédilection juste à côté.

"Où sont Théo et Pansy ?" demanda-t-il.

"À la Bibliothèque. Ils ont tous les deux refusé de venir voir le match sous prétexte qu'il n'y avait pas Serpentard et qu'il n'y avait donc aucun intérêt."

Blaise leva les yeux au ciel :

"Ils n'en ont vraiment rien à faire."

"Hey les gars." lança Goyle en se plantant devant eux. "Vous savez pourquoi le match a été annulé ?"

"Non, aucune idée." répondit Drago. "McGonagall a dit qu'on aurait plus d'informations, on attend aussi."

À ce moment-là, la porte s'ouvrit de nouveau et Pansy et Théo entrèrent dans la Salle Commune. Théo avait l'air interloqué, et Pansy franchement irritée. Elle s'asseya sur le canapé aussi, sans porter la moindre attention au fait que Drago était déjà allongé. Elle ignora son petit cri de protestation quand elle s'appuya sur ses jambes, et croisa les bras sur sa poitrine comme une enfant à qui on venait de refuser quelque chose :

"La seule fois où j'accepte de faire mes devoirs avec Nott à la Bibliothèque, c'est le jour où il y a un confinement et que tout le monde doit retourner dans les Salles Communes. Pourquoi le sort s'acharne-t-il tout le temps sur moi ?"

"Il y a eu une nouvelle attaque ?" demanda Théo en prenant place dans son fauteuil, en face.

Drago arqua un sourcil : il n'avait même pas pensé à cette probabilité. Il avait complètement oublié que l'héritier de Serpentard n'avait toujours pas été arrêté.

"Bonjour à tous."

Drago sursauta : le professeur Rogue se tenait devant la cheminée. Il ne l'avait pas du tout vu ou entendu rentrer. Pansy non plus apparemment, parce qu'elle décroisa tout de suite les bras et se raidit contre le dossier du canapé.

Rogue jeta un regard froid à l'assemblée qui attendait ses instructions, puis déroula un parchemin qu'il lut lentement :

"Il y a eu une nouvelle attaque. À compter d'aujourd'hui, tous les élèves devront regagner leurs salles communes à six heures du soir. Passée cette heure, aucun élève ne devra plus quitter son dortoir. À la fin de chaque cours, un professeur vous accompagnera dans la classe suivante. Tous les entraînements et les matches de Quidditch sont reportés à une date ultérieure et il n'y aura plus aucune activité le soir."

Rogue ne fit aucun commentaire de plus et roula de nouveau soigneusement le parchemin, insensible aux protestations qui s'étaient élevées dans la salle. Puis, il s'en alla, et Drago râla :

"Plus de Quidditch ? Qu'est ce qu'on va pouvoir faire les week-ends ?"

"C'est injuste ! Pourquoi tout le monde doit prendre alors qu'on est pas concernés ?" se lamenta Blaise.

Pansy se leva subitement et alla rejoindre Millicent Bulstrode et Daphné Greengrass, qui étaient assises derrière eux. Drago put de nouveau étirer ses jambes et contempla le plafond, avant de finalement se relever.

"Je m'ennuie. Blaise, ça te dit un jeu d'échecs ?"

Il accepta et Drago s'assit par terre face à la table basse en préparant le jeu. Il remarqua que Théo n'avait pas sorti de livre, ce qui était extrêmement rare. Il regardait juste autour de lui, perdu dans ses pensées.

Blaise avait déjà capturé son cavalier et ses deux fous quand Pansy revint, un petit sourire aux lèvres. Elle s'assit sur le canapé derrière lui.

"J'ai des infos ! Drago, ça va te faire plaisir !" lança-t-elle gaiement.

Théo se repositionna bien sur le fauteuil pour écouter ce qu'elle disait.

"Ah oui ?" demanda Drago qui était concentré sur sa prochaine tactique qui visait la tour de Blaise.

"Ça oui ! Il y a eu une nouvelle pétrification, et c'est Granger !"

La main de Drago s'immobilisa dans les airs.

"Granger ?" répéta-t-il d'une voix blanche.

"Oui, Hermione Granger."

Drago fut agacé qu'elle ait besoin de préciser son nom, il avait parfaitement compris de qui il s'agissait. Il ne répondit rien, attendant que Pansy ne dévoile ce qu'elle savait, ce qu'elle s'empressa de faire quelques secondes plus tard d'un ton enjoué :

"C'est Daphné qui me l'a raconté, elle m'a dit qu'elle s'était fait retrouvée par McGonagall dans le couloir de la Bibliothèque, avec une autre Serdaigle. Deux pour le prix d'une !"

Elle jeta un regard enthousiaste à Drago qui sourit :

"Pas mal !" dit-il.

Sa voix était un peu bizarre, mais elle n'y fit pas attention et continua :

"Apparemment, elle n'a rien vu venir, le monstre de la Chambre l'a trouvée et elle s'est faite pétrifiée sur le coup."

Elle regarda les garçons autour d'elle dans l'attente d'une réaction : Théo avait les yeux écarquillés, Blaise avait l'air plongé dans une grande réflexion, Drago avait toujours sa pièce d'échec dans la main et Crabbe et Goyle avaient des sourires carnassiers. Pansy fut un peu déçue de ne pas avoir suscité plus de choc et leva les yeux au ciel :

"Hé, Drago ! Hermione Granger ! Tu as dit combien de fois qu'elle te tapait sur les nerfs et que tu avais hâte que ça soit son tour ?"

Drago se ressaisit et posa vivement sa reine sur le jeu :

"Je suis très content, j'espérais simplement qu'elle meure pour ne plus jamais revoir sa tête."

Pansy eut un grand sourire en entendant ça, mais Drago n'avait pas le cœur de la copier. Il ne savait pas pourquoi, mais il ne ressentait pas la joie qu'il pensait avoir en entendant cette nouvelle.


Hermione


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Drago


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Pendant les semaines suivantes, Drago se rendit compte qu'il avait pris la fâcheuse habitude d'observer Granger un peu trop souvent. Il ne cessait de la chercher du regard avec une moquerie qu'il avait préparé dans sa tête, avant de se rappeler qu'elle était pétrifiée à l'infirmerie, et sa phrase mourrait alors sur sa langue.

En cours de potions, dans la Grande Salle, à la Bibliothèque…

Au début, il se disait qu'il aimait juste l'embêter. Mais au fur et à mesure, il comprit avec horreur qu'il avait en fait pris l'habitude de faire traîner son oreille pour entendre des bribes de ses conversations avec Potter, ou l'observer en biais quand elle était occupée. Il ne savait pas pourquoi il faisait ça, et maintenant qu'elle n'était plus là, il n'avait plus aucune raison de le faire et son propre réflexe de la chercher dans la foule l'agaçait.

Bien sûr, c'était uniquement parce qu'il adorait l'embêter, et voir son visage se contorsionner dans des expressions grotesques de colère. Cette fille était tellement un livre ouvert, c'était trop satisfaisant de toucher là où ça faisait mal pour voir ses murs de protection tomber un par un. Londubat, Potter et Weasley, c'était trop facile : Londubat sursautait, Potter rageait tout de suite, et Weasley voulait se battre. Granger, c'était plus intéressant, c'était s'amuser à atteindre son point faible. Parfois même, elle répliquait, et Drago se trouvait à court de mots.

Ces échanges lui manquaient presque.

C'était la seule personne qui arrivait à lui faire ressentir toutes les émotions qu'il ne contrôlait pas en même temps. Maintenant, il se sentait étrangement seul et blasé.

Évidemment, il n'aurait jamais dit à qui que ce soit ce qu'il ressentait. De l'extérieur, il faisait exprès de dire qu'il était heureux de savoir qu'elle avait été pétrifiée, qu'elle avait eu que ce qu'elle méritait.

Assis au dîner dans la Grande Salle, Drago repensa à la phrase qu'il avait prononcé le matin-même, en cours de Potions : "Ça m'étonne que les Sang-de-Bourbe n'aient pas déjà fait leurs valises. Je parie cinq Gallions que le prochain va mourir. Dommage que ça n'ait pas été Granger…"

Il l'avait évidemment dit de telle sorte à ce que Weasley s'emporte, et il était tombé dans le panneau. Mais Drago devait avouer qu'il n'avait pas ressenti l'excitation habituelle qu'il avait quand il les provoquait. Avait-il réellement souhaité que Granger meure ?

"Dray, passe-moi un petit pain s'il te plaît." lança Blaise en face de lui.

Drago s'exécuta et décida en même temps d'arrêter de penser à ce qu'il souhaitait à Granger. Si son père savait ce qu'il se passait dans sa tête, il se ferait probablement renier de sa propre famille, il n'avait pas le droit de ressentir autre chose que de la haine pour cette fille. Il devait être content qu'elle soit pétrifiée, pas en train de regretter son absence.

Il se tourna vers ses amis qui étaient tous en train de manger silencieusement. Mis à part le moment où Pansy lui avait annoncé que Granger avait été pétrifiée deux semaines plus tôt, ils n'avaient jamais abordé le sujet de nouveau. Drago se focalisa sur son assiette pour éviter de se plonger de nouveau dans ses pensées.

"Vous avez entendu que les examens étaient maintenus ?" lança Théo.

Le sujet tomba comme une bombe : tout le monde autour de lui s'exclama et protesta, et Théo fut tellement surpris par ces réactions qu'il en lâcha sa fourchette. Mais les pires hurlements provenaient sans nul doute de Crabbe et Goyle, qui étaient révoltés :

"QUOI ? Mais personne ne nous a prévenu ! Comment on va faire pour passer l'année ?"

"C'est injuste !"

"On va quand même avoir des examens ? C'est une plaisanterie ?!"

"Du calme ! Hé, calmez-vous !" s'écria Théo, choqué d'avoir suscité autant de résistance. "J'ai simplement demandé à Rogue ce matin, et il m'a dit que les examens étaient toujours prévus ! Si vous n'êtes pas contents, allez vous plaindre à lui !"

Crabbe et Goyle se tournèrent violemment vers Rogue, qui mangeait tranquillement à la table des professeurs et n'avait pas remarqué les plaintes des Serpentards.

"J'avais complètement oublié les examens." marmonna Drago.

Il pensa à son père, et le fait qu'il comptait sur lui pour avoir des bonnes notes et un comportement exemplaire. Sa résolution de monter dans le classement général avait été abandonnée au bout de trois semaines de cours, et son nom était misérablement tombé à la place de douzième. Nott lui donna un coup de coude :

"Je révise mon cours de Métamorphose ce soir à la Bibliothèque, tu veux venir ?" proposa-t-il à voix basse.

"Euh, ok ? C'est une réunion secrète ou quoi ?"

"Non, je ne veux juste pas que Crabbe et Goyle se ramènent aussi. Ils ne m'ont toujours pas payé mes quarante Gallions."

Drago accepta et se rendit donc à son dortoir après le dîner pour aller chercher ses livres, avant de repartir vers la Bibliothèque. Pansy refusa de venir, et Blaise était soudain introuvable.

Ils marchèrent dans le Château pour se rendre à la Bibliothèque, quand Drago vit quelque chose qui le fit s'arrêter. Théo se retourna, interloqué :

"Tu viens ?"

"Euh, j'ai oublié mon manuel de Métamorphose. J'y retourne et je te rejoins là-bas."

Nott leva les yeux au ciel mais continua son chemin. Drago, lui, ne retourna pas à la Salle Commune : il venait de remarquer que la porte de l'infirmerie était ouverte. Madame Pomfresh était sortie pour parler au professeure McGonagall, et il avait donc la voie libre.

Poussé par la curiosité, Drago posa ses livres par terre et se faufila par l'ouverture de la porte. L'ambiance était franchement maussade : la pièce principale était éteinte, et il devait faire dix degrés de moins que dans le couloir. Drago n'était jamais entré dans l'hôpital de l'école. Il observa quelques secondes la salle, où une dizaine de lits étaient alignés. Certains avaient des rideaux tirés, mais il n'y avait pas un seul bruit qui pouvait indiquer qu'un élève était là sans être pétrifié.

Il vérifia que l'infirmière discutait toujours dehors, puis s'avança prudemment jusqu'au premier lit aux rideaux tirés. Il l'ouvrit, et reconnut l'élève de Gryffondor qui était venu dans le train. Il tenait un appareil photo dans ses mains qui cachait son visage. Drago avança le long des lits, qu'il ouvrait au fur et à mesure : un Poufsouffle et une Serdaigle qu'il n'avait jamais vue était allongés de la même manière. Le dernier lit était donc forcément Granger.

Il s'approcha et tira brusquement les rideaux. Ce qu'il vit alors le fit reculer de choc.

C'était Granger, mais elle n'avait rien à voir avec la fille qu'il connaissait. La Granger qu'il connaissait avait toujours les joues rouges, et était habitée par des centaines d'expressions qu'il déchiffrait sans mal sur son visage. La Granger qui était allongée dans ce lit était froide, blanche, dépourvue d'émotions. Comme ça, elle lui faisait penser à Pansy et son teint de porcelaine, sauf que ça n'allait pas du tout avec Granger.

Il se rappela de la première fois qu'il l'avait rencontrée dans le Poudlard Express. Il se souvint avoir été choqué de voir une fille qui paraissait aussi brûlante, aussi émotive.

Il contempla avec effroi les yeux grand ouverts de cette fille inanimée, qui n'avait plus aucune chaleur. Elle était immobile, raide comme une planche, et tellement pâle qu'on aurait dit un fantôme. Quelqu'un lui avait mis une couverture étrange sur le corps, avec plein de carrés de toutes les couleurs.

Il éloigna ses yeux de ce corps sans vie qui lui faisait un peu peur et balada son regard autour d'elle. Sur sa table de chevet se trouvait des fleurs roses, probablement apportées par Potter ou Weasley. À côté, il y a avait un nombre impressionnant de cartes.

Toujours guidé par sa curiosité mal placée, il en ouvrit certaines. Il ne fut pas surpris de voir les noms de Potter, Weasley et Londubat, mais il ne s'attendait pas du tout à voir "Fred" ou "Parvati". Il n'avait jamais imaginé que Granger puisse être aussi populaire.

En reposant la carte d'une certaine Lavande, il remarqua un autre objet étrange sur la table de nuit. C'était un miroir de poche, exactement le même que celui de Pansy, qu'elle utilisait pour corriger son maquillage. Il fronça les sourcils et observa son propre reflet dedans quelques secondes. Comment le miroir de Pansy avait-il bien pu se retrouver dans les mains de Granger ?

Soudain, il entendit les pas de l'infirmière retentir et Drago eut tout juste le temps de se cacher derrière le rideau pour ne pas se faire surprendre. Il entendit Madame Pomfresh s'affairer à côté, puis s'enfermer dans son bureau. Sans jeter un dernier regard à Granger, Drago prit le miroir et s'échappa discrètement.

En arrivant dans la Bibliothèque, ses pensées étaient bien trop tournées sur sa découverte pour prêter attention à ce que racontait Théo. Le visage figé de Granger ne cessait de lui revenir en tête, lui foutant les jetons à chaque fois, et il fut bien content d'entendre Madame Pince leur dire que la Bibliothèque fermait pour pouvoir rentrer à la Salle Commune. Il écouta d'une seule oreille Théo qui lui racontait l'intrigue de son livre du moment sur le chemin du retour.

En arrivant au dortoir, Blaise était toujours absent. Pansy était allongée dans le lit de Drago, déjà en pyjama. Elle s'amusait à produire des petites étincelles avec sa baguette, qui s'arrêtèrent quand ils entrèrent dans la pièce.

"Ah, les intellos sont de retour !"

"Hé !" contesta Théo avec un petit sourire. "Si c'est pour nous insulter, tu peux partir, personne t'oblige à dormir ici."

"La ferme, Théo, je sais que tu adores que je sois ta coloc'."

"Où est Blaise ?" demanda Drago en cherchant son pyjama dans sa valise.

"Avec Sandra." dit Pansy.

Drago n'avait aucune idée de qui pouvait bien être Sandra, mais il ne fit pas de commentaire. S'il demandait, Pansy se lancerait sûrement dans une longue explication sur la vie de cette fille, et Drago avait trop envie de se coucher pour s'infliger ça.

Quand il se changea dans la salle de bains, il profita de la porte un peu entrouverte pour jeter le miroir sur son lit, face à Pansy.

"C'est pas à toi, ça ?"

Pansy se redressa et prit le miroir dans ses mains, sidérée :

"Si ! C'est mon miroir, je le cherche partout depuis deux semaines ! Où est-ce que tu l'as trouvé ?"

"Sur une table." répondit vaguement Drago.

Il retourna dans le dortoir et s'allongea à côté de Pansy.

"Pourquoi tu as plein de paillettes dorées sur les doigts ?" demanda-t-elle, sceptique.

Drago leva sa main pour observer sa main.

"Aucune idée."

Elle pointa sa baguette sur les doigts de Drago.

"Scourgify."

"Merci. Je vais dormir, je suis crevé. À demain. À demain Théo !" ajouta-t-il un peu plus fort pour que le garçon puisse l'entendre.

Pansy rabattit la couverture sur lui et murmura une incantation, qui plongea le dortoir dans le noir.

Longtemps après que Pansy et Théo se soient endormis, Drago repensait encore à la figure pétrifiée de Granger. Il n'aurait jamais pensé recevoir un tel choc en la voyant comme ça, il aurait aimé ne pas succomber à sa curiosité. Parce qu'en plus d'avoir été effrayé, Drago ressentait quelque chose qu'il n'avait quasiment jamais ressenti auparavant : de la culpabilité.

Il finit par s'endormir de longues heures plus tard, ses rêves peuplés de visages froids, de cheveux bouclés et de miroirs dorés.