TW : sang
Je me suis inspiré de la fanfiction All The Young Dudes pour une scène à la fin de ce chapitre. Si vous ne l'avez pas encore lu, je vous la conseille fortement, c'est la meilleure fanfiction que j'ai lu de ma vie! (et elle est disponible en français!)
.
Hermione
.
.
Expliquer à ses parents qu'elle avait été pétrifiée pendant près d'un mois fut l'une des discussions les plus étranges qu'Hermione avait pu avoir. Elle essayait tant bien que mal de raconter sans les effrayer, minimisant le plus possible les détails sordides de l'histoire sous les yeux apeurés.
"Un gros serpent ? Mais comment pouvait-il se balader dans l'école ?" demanda son père.
"Il utilisait les tuyaux, derrière les murs. Et Harry pouvait l'entendre parce qu'il parle le Fourchelang, c'est la langue des serpents. Il est le seul de l'école à la comprendre, parce que c'est… une sorte de pouvoir qu'on a à la naissance."
"Et pourquoi il ne lui a pas demandé d'arrêter de pétrifier les gens alors, s'il arrive à dompter les serpents ?"
"Euh… Il ne les dompte pas vraiment." expliqua Hermione avec des gestes de la main pour essayer de se faire comprendre. "Il arrive à les entendre et à leur parler, mais il ne peut pas avoir de discussion avec eux, et en plus, ce serpent là était très méchant…"
"C'est pour ça qu'il t'as pétrifiée ? Parce que tu es amie avec Harry ?" demanda sa mère.
"Non."
"Mais pourquoi toi spécifiquement ? Il y a combien d'élèves dans l'école ?"
"C'est compliqué… Vous vous souvenez, quand je vous ai parlé de Drago Malefoy l'été dernier ?"
Ses deux parents secouèrent la tête et Hermione tâtonna encore plus :
"Si, vous savez, le garçon dont le père s'est battu à Fleury et Botts."
"Ah, le garçon blond ? Oui ?"
"Il… enfin, sa famille plutôt, pense que je serais moins apte à apprendre la magie parce que je suis née-moldue."
Son père fronça les sourcils encore plus qu'avant :
"Mais c'est idiot, tu es la première de l'école. Il ne sait pas que tu as réussi tes examens ?"
"Si, mais il a tellement internalisé cette idée que les nés-moldus étaient inférieurs qu'il est persuadé que je ne mérite pas ma place à Poudlard."
"Quel rapport avec le gros serpent ?" pressa sa mère.
"J'y viens. Il y a pas mal de sorciers qui pensent comme ça, qu'on est moins doués en magie. Et il y a un sorcier en particulier, un sorcier qui pratique la magie noire et qui était à Poudlard quand il était jeune, qui veut absolument nous éliminer. Donc, il a utilisé le serpent qu'il avait dans le Château pour pétrifier les nés-moldus."
Sa mère plaqua une main sur sa bouche aussitôt :
"Quoi ? Mais comment pouvait-il avoir un serpent dans le Château ? Personne ne l'a remarqué avant ?!"
"Il était caché dans une chambre secrète, qu'Harry et Ron ont découvert et ils l'ont vaincu."
"Seulement tous les deux ?"
"Non, avec notre professeur de Défense contre les Forces du Mal."
Hermione fit exprès de ne pas détailler plus amplement cette conversation en leur disant que le sorcier en question voulait tuer les nés-moldus, que Drago Malefoy l'avait insultée de Sang-de-Bourbe pendant l'année, et que le professeur en question s'était fait enlevé les souvenirs par la baguette de Ron qui avait des ratés depuis qu'il l'avait cassée en atterrissant dans un arbre avec une voiture volante trafiquée qu'ils avaient dû emprunter parce qu'un elfe de maison les avaient empêchés de passer. Ses parents étaient déjà suffisamment sous le choc pour encaisser ce genre de récit.
"Et qu'en pense la professeure McGonagall ?" demanda sa mère d'une petite voix.
Hermione faillit rire en entendant la confiance qu'inspirait la professeure à ses parents.
"Elle a été très fière d'Harry et Ron quand ils ont vaincu le serpent, parce qu'ils ont été très courageux, et elle a annulé les examens finaux en guise de cadeau pour la fin de l'année."
"Hmm. Sage décision." murmura son père, les yeux dans le vide.
Hermione profita du silence pour contempler le salon. Il était encore plus petit que dans ses souvenirs. Elle était assise sur sa banquette, et ses deux parents étaient situés en face d'elle sur le canapé, avec deux tasses de thé dans les mains qu'il n'avait pas touché pendant l'histoire d'Hermione. Gênée, elle croqua le bout de son biscuit en attendant que ses parents digèrent ce qu'elle venait de leur dire.
Elle se doutait qu'ils ne l'auraient jamais laissée aller se coucher sans qu'elle raconte ce qui lui était arrivé pendant un mois, surtout après la lettre qu'ils avaient reçue de la part de McGonagall. Hermione observa ses parents boire leurs thés distraitement, essayant de comprendre ce qu'elle venait de dire.
Elle avait beau vouloir les inclure dans sa vie, Hermione se rendit compte avec tristesse que ses parents ne comprendraient jamais. Ils ne pouvaient pas s'imaginer ce qu'elle avait vécu, parce que c'était trop irréel pour qu'ils puissent en saisir le sens. Ses parents étaient Moldus, ils étaient dentistes, pragmatiques, leurs seules préoccupations dans la vie c'est ce qu'ils allaient manger le soir et où ils pouvaient partir en vacances l'été prochain. Ils étaient extrêmement compréhensifs envers leur fille, mais ça n'empêchait pas le fait qu'ils seront toujours un pas à côté de la vérité.
Elle en vint à cette conclusion douloureuse en regardant sa cheminée, et elle eut un élan de compassion pour ses pauvres parents qui essayaient tant bien que mal de rassembler les pièces du puzzle pour en former quelque chose de cohérent.
Elle décida de couper le silence pour tenter d'alléger l'atmosphère :
"En tout cas, je vais mieux maintenant."
"Tant mieux !" lança son père, avide de changer de sujet. "Danny va être ravi, il n'a pas arrêté de nous demander de tes nouvelles depuis début mai."
"J'irai le voir demain."
Hermione posa sa tasse sur la table pour montrer qu'elle allait se coucher. Le voyage en Poudlard Express avait été épuisant, elle ne rêvait que de son lit.
"Oh, Mimi !" ajouta son père à la dernière minute. "J'ai oublié de te dire, nous pensions partir en France cet été, ça te dirait ? On voulait louer une voiture et faire un petit tour de la campagne, peut-être visiter ta tante à côté de Dijon."
"Oui ! Super !" s'exclama Hermione. "Ça serait génial !"
"Ok, on réservera les billets demain." dit sa mère en ramassant leurs trois tasses.
Hermione
Hermione passa le début de ses vacances d'été de la manière la plus Moldue possible. Elle était le plus clair de son temps avec Danny, souvent chez lui, ou dans des parcs, ou au magasin de comics qui faisait l'angle de leur rue. Parfois, Danny acceptait de l'accompagner à la bibliothèque, et ils s'installaient à une table, lui avec une BD et Hermione avec un gros livre de littérature anglaise.
Danny ne ressemblait plus du tout au garçon de l'école primaire. Elle ne savait pas si c'était parce qu'elle ne l'avait pas vu depuis un an, ou si c'était parce qu'il avait réellement grandi, mais elle eut presque du mal à le reconnaître quand il l'accueillit sur son palier de porte le lendemain de son arrivée à Londres.
Il n'était plus autant joufflu qu'avant, et ses cheveux n'étaient plus coupés dans le même bol que d'habitude : ils étaient plus longs et partaient dans des épis irréguliers. Il avait grandi, la dépassant maintenant de plusieurs centimètres.
Mais le plus gros changement, ce n'était pas ses joues ou ses cheveux.
"Tu as un appareil dentaire !" s'était écrié Hermione en le voyant sourire.
Danny eut un petit sourire timide.
"Oui… Ce sont tes parents qui me l'ont posé en mai. Je ne t'ai rien dit dans mes lettres pour la surprise. Plus de dents du bonheur !"
Il ouvrit la bouche et elle vit que derrière les bagues, il n'y avait plus le petit écart entre ses dents. Hermione fit une petite moue :
"Alors, tu quittes le club des Dents Cassées ?"
Danny explosa de rire. Quand ils étaient à l'école, et que d'autres élèves s'étaient moqués d'eux pour leurs dents (trop écartées pour Danny, et trop longues pour Hermione), ils avaient décidé de former un club. C'était d'ailleurs la première chose qui les avaient rapprochés, le club des Dents Cassées. Hermione s'en souvenait comme si c'était hier.
Quand Mary était disponible, elles organisaient aussi des soirées pyjama dans le salon de l'une ou de l'autre, qui se terminaient généralement par des couettes et des oreillers posés un peu partout devant la petite télé, et elles s'endormaient toujours avant de pouvoir terminer le film. Parfois, Danny les rejoignait aussi, et expliquait les derrières du film en grignotant des pop-corns avec elles.
Hermione était très heureuse de ses vacances, mais le monde des sorciers lui manquait tout de même terriblement. Pour ne pas se sentir trop "à part" pendant son mois de juillet, elle décida d'ajouter trois choses à sa vie Moldue. De un, elle s'était abonnée à l'envoi de la Gazette des Sorciers, qui arrivait tous les jours vers 9h du matin, en hibou. Elle devait donc faire très attention que Danny ou Mary ne remarque pas qu'un hibou énorme tapotait à la fenêtre avec le journal dans le bec. Ainsi, elle avait des nouvelles de "l'autre monde", et ne serait pas perdue à la rentrée.
La deuxième chose, c'était qu'elle lisait toujours autant. Quand Danny ou Mary n'étaient pas dans les parages, elle lisait ses livres de cours ou faisait ses devoirs, et quand ils étaient à côté, elle sortait un livre moldu. Elle aimait autant la littérature anglaise classique que les livres de la Bibliothèque de Poudlard. Dès qu'elle était chez elle, elle s'installait confortablement sur sa banquette avec un thé et dévorait des pages et des pages pour ne pas arrêter d'apprendre tout ce qu'elle pouvait.
La troisième chose, c'était qu'elle écrivait à ses amis très régulièrement. La personne à qui elle parlait le plus était Ron, parce qu'il n'avait jamais aucun problème à recevoir du courrier par hibou. Harry, c'était plus compliqué, elle avait peur de la réaction de son oncle et de sa tante, alors elle limitait les contacts au maximum. Elle écrivait souvent à Neville aussi, qui lui racontait ses vacances chez son oncle Algie ou sa grand-mère.
Mi-juillet, ses parents prirent quelques jours de congé pour aller en France. Au même moment, Danny partit chez de la famille éloignée dans le Pays de Galles, et quelques jours plus tard, Ron voyageait en Egypte avec toute sa famille.
Hermione passa le voyage en avion à lire, en partie pour éviter de regarder par la fenêtre parce qu'elle avait le vertige. Sa mère était encore pire : elle resta agrippée aux accoudoirs du siège férocement pendant tout le vol.
Une fois arrivés, ils louèrent une petite voiture dans laquelle ils stockèrent toutes leurs affaires et commencèrent leur périple. Ils s'arrêtèrent dans plusieurs villes de France, dont Beaune et Dole qui étaient deux villages charmants. Ses parents furent d'autant plus ravis que c'était la région du vin, et qu'il pouvait en déguster autant qu'ils voulaient.
Hermione fut ravie de voir que les hiboux de la Gazette du Sorcier arrivaient jusqu'en France. Donc, le soir, quand ses parents s'arrêtaient dans des petits hôtels locaux pour passer la nuit, Hermione lisait le journal à l'abri des regards, pour qu'aucun Moldu ne se rende compte que les photos bougeaient.
Ce soir-là, quand Hermione déplia le journal qu'elle avait rangé dans sa valise pour la journée, elle fut surprise de voir que toute la couverture était occupée par une grande photo d'un homme au visage cireux et des yeux vitreux. Ses longs cheveux étaient emmêlés et tombaient sur ses épaules. On aurait dit qu'il fixait Hermione, elle eut un petit frisson dans la nuque. Au dessus de la photo, on pouvait lire :
"SIRIUS BLACK, DANGEREUX PRISONNIER, S'EST ÉCHAPPÉ D'AZKABAN"
Hermione ouvrit précipitamment la page 2 et lut l'intégralité de l'article qui expliquait l'évasion du prisonnier, qui avait tué treize personnes dans la rue 12 ans plus tôt. Hermione lut plusieurs fois l'article, ignorant la sensation étrange dans sa gorge en lisant ses horribles meurtres et son sang-froid. Soudain, quelqu'un toqua à la porte de la chambre de l'hôtel et Hermione cacha vivement le journal sous sa couette.
"Oui ?"
"C'est moi." répondit sa mère en ouvrant la porte.
Elle lui fit un grand sourire et alla chercher ses affaires dans la valise au pied du lit d'Hermione. Rassurée, Hermione sortit de nouveau le journal et continua sa lecture.
"Qu'est-ce que tu lis ? Le journal sorcier ?"
"Oui."
"Qui est cet homme, sur la couverture ?"
"Sirius Black. Un prisonnier."
Elle plia le journal de telle sorte à ce que sa mère ne puisse pas voir le titre du journal, de peur qu'elle s'inquiète.
"Quand tu auras fini, tu pourras descendre ? Ton père a commandé une planche de charcuterie et il n'arrive pas à la finir tout seul."
"Je te suis !"
Hermione se leva du lit et suivit sa mère dans les escaliers de l'hôtel pour rejoindre son père dans le restaurant, laissant la Gazette du Sorcier sur le lit avec l'horrible visage du prisonnier qui bougeait imperceptiblement.
Drago
.
.
L'été de Drago fut plus réjouissant qu'il aurait pu l'imaginer, parce que son père s'avéra ne pas être là. En un mois, il avait dû le voir deux fois. Il passait en coup de vent dans le Manoir, toujours de mauvaise humeur et pressé de repartir pour "régler des affaires au Ministère." Drago ne se plaignait pas du tout de cette absence, il était ravi de passer du temps avec sa mère et ses amis sans avoir la constante pression de croiser son père et ses humeurs massacrantes.
Quand il n'était pas au Manoir, Drago était chez Blaise. Ils jouaient au Quidditch, s'allongeaient dans le jardin pour prendre le soleil, mangeaient ce qu'ils voulaient dans les cuisines. La mère de Blaise était toujours ravie d'accueillir Drago. Ils dînèrent ensemble pratiquement tous les soirs, et parfois même Narcissa venait aussi pour passer du temps avec Agate.
De temps en temps, Théo et Pansy venaient aussi. Ils n'avaient pas des parents aussi souples que Narcissa, donc ils ne pouvaient pas passer autant de temps chez Blaise qu'ils le souhaitaient, mais ils en profitaient tout de même. Pendant les après-midis ensoleillées, ils s'asseyaient souvent sur la grande table du jardin pour boire du jus de citrouille et parler de tout et de rien.
Drago adorait ces moments, il se sentait tellement bien, entouré de ses amis de la sorte. Même si Pansy finissait toujours par retourner chez elle avec une mine triste et que Théo tremblait de peur à l'idée de passer la soirée avec son père, Drago essayait d'épuiser le meilleur de ces moments avec eux.
Un soir vers la fin du mois de juillet, Drago était en train de dîner avec sa mère dans la salle à manger. Drago avait du mal à comprendre pourquoi ils utilisaient toujours cette table immense pour un dîner à deux, alors qu'il y avait une table parfaitement fonctionnelle et beaucoup plus petite dans la cuisine.
Narcissa était en train de lire le journal du soir face à son assiette encore vide quand Drago s'assit en face d'elle. Pendant un instant, le visage de sa mère fut caché par la couverture, qui affichait une tête horrible d'un homme que Drago n'avait jamais vu.
"Qui est-ce ?" demanda-t-il.
Sa mère replia le journal pour regarder la couverture :
"Sirius Black, un prisonnier d'Azkaban qui s'est échappé aujourd'hui."
Drago haussa les sourcils mais ne répondit rien : il avait faim.
Narcissa finit par plier le journal qu'elle posa à côté de son assiette, et la nourriture se matérialisa devant eux à la seconde où le papier toucha la table. Le nouvel elfe de maison, Chubby, avait subi une formation coriace de la part de Narcissa pour que tout soit aussi parfait que quand Dobby travaillait.
Drago commença directement à manger, mais en levant la tête, il vit que sa mère n'avait pas commencé et qu'elle fixait un point dans le vide.
"Mère ? Tout va bien ?"
Elle secoua vivement la tête et ébaucha un faux sourire :
"Oui, oui."
Elle prit sa fourchette et piqua dans une pomme de terre sans grande envie.
"Sûre ?" insista-t-il.
Elle posa son regard froid sur la couverture du journal et ses lèvres formèrent un rictus crispé.
"Cet homme… Sirius Black… C'est mon cousin."
Drago interrompit sa bouchée. Il s'attendait à tout, sauf à ça. Pourtant, il aurait dû faire le rapprochement avec le nom de famille du prisonnier, Black, comme le nom de jeune fille de sa mère. Le visage émacié de l'homme et ses cheveux sales étaient tellement à l'opposé du physique de sa mère qu'il n'aurait jamais imaginé qu'elle puisse le connaître.
"Ton cousin ?"
Drago repensa à l'arbre généalogique que son père lui avait demandé d'apprendre juste avant sa première année à Poudlard. Il n'avait pas appris ce nom, mais il se dit qu'il devait être parmi ceux qui avaient été brûlés de la lignée, reniés.
"Oui, le fils d'Orion et Walburga Black, ma tante."
"Tu le connaissais bien ?"
Narcissa secoua brusquement la tête, comme pour se dédouaner de partager un lien de sang avec cet homme :
"Non ! Seulement de vue. Il traînait toujours avec sa bande d'amis, à Poudlard. Ils n'arrêtaient pas de faire le plus de bêtises possibles, ma soeur et moi trouvions ça déplorable."
Elle plissa le nez comme elle avait habitude de le faire quand elle parlait de quelque chose qui lui déplaisait fortement. Puis, elle jeta un dernier regard à l'homme sur la couverture, avant de changer de sujet brutalement :
"J'ai parlé avec Severus il y a quelques jours, il m'a dit que tu avais un certain talent dans les Potions. Est-ce ton sujet préféré ?"
"Oui, je pense. C'est celui que j'aime le plus faire, en tout cas." répondit Drago en haussant les épaules. "Je suis content de savoir que toutes ces séances de révision portent leurs fruits."
"Avec qui révises-tu ?"
"Avec Théodore Nott, le plus souvent. C'est devenu un bon ami à moi."
"Le garçon châtain, avec des cheveux ondulés ?"
"Oui, exactement. C'était un ami de Blaise, et comme on partage le même dortoir…"
"J'en suis ravie." dit sa mère en tapotant sa serviette contre sa bouche. "Il a l'air parfaitement bien éduqué. Pas facile, avec un père pareil."
Drago leva la tête en entendant ça. Sa mère ressemblait à Pansy quand elle partageait des rumeurs de la sorte.
"Son père ?"
"Oui. Je dois avouer que je ne suis pas une grande admiratrice de cet homme. Ton père s'entend bien avec lui, ils faisaient souvent affaire ensemble il fut un temps, et à chaque fois qu'il l'invitait au Manoir je trouvais une excuse pour m'échapper. Il ne m'a jamais paru sympathique."
"Je ne m'en souviens pas bien." avoua Drago.
"C'est normal, j'ai tout fait pour que tu croises son chemin le moins possible !" s'écria sa mère, scandalisée. "Pauvre Théodore. Sa maman est morte dans des circonstances tellement affreuses…"
"Ah bon ? Lesquelles ?"
Drago savait que Théo n'avait plus que son père, mais il ne lui avait jamais demandé comment sa mère était morte. Narcissa plissa davantage le nez et retroussa ses lèvres. Elle eut l'air de réfléchir à si elle devait le dire ou pas, puis secoua la tête :
"Non, non. Il ne vaut mieux pas que tu le saches avant que Théodore ne te le dise, s'il veut en parler un jour. En tout cas, sache que son père est tout bonnement odieux."
Elle continua de manger. Drago pensa au fait que Théo était le seul de son groupe d'amis à être le plus détaché des valeurs de pur-sang qu'ils respectaient tous. Il se souvint que la première fois qu'il lui avait parlé, Théo lui avait dit que ça ne le dérangeait pas d'être à Serdaigle. Il avait toujours mis un point d'honneur à ne pas ressembler à son père, par son nom ou ses habitudes.
Il hésita presque à raconter à sa mère que Théo lisait des livres moldus, mais préféra se taire : il n'avait aucune idée de ce qu'elle en penserait et il ne voulait pas que Théo tombe dans son estime.
Il vit sur l'horloge qu'il était presque 20h et termina son repas en trois grosses bouchées.
"Je dois y aller, je vais retrouver Pansy." dit-il en se mettant debout et en avalant son verre d'eau.
Sa mère eut un petit sourire amusé.
"D'accord, amuse-toi bien. Je l'aime beaucoup cette Pansy, toujours très polie."
Drago réprima un rire : il connaissait vraiment Pansy, et elle n'avait rien de polie. Elle était forte pour paraître sage, alors qu'en réalité, elle était tout le contraire. Elle continua :
"Je suis ravie que tu te sois liée avec cette fille. Vous ferez de très beaux enfants."
Le sourire de Drago s'évanouit tout de suite de son visage.
"Quoi ?!" s'exclama-t-il, outré.
Sa réaction fit lever la tête de Narcissa qui le regarda avec une expression médusée.
"Qu'est-ce qu'il y a ?"
"Tu… Hein ?!"
"Avec Pansy." expliqua sa mère lentement. "Quand vous allez vous marier."
"Quoi ?!" répéta Drago, estomaqué. "Comment tu peux penser que je vais me marier avec Pansy ?"
"Je ne sais pas, je pensais que c'était évident ?"
Drago était tellement abasourdi qu'il se laissa tomber de nouveau dans sa chaise :
"Pansy est ma meilleure amie, jamais je ne vais me marier avec elle. D'où est-ce que tu sors cette idée ?"
Narcissa haussa les épaules, légèrement rieuse, comme si elle ne venait pas de sortir la phrase la plus indécente possible.
"Ton père et moi aussi étions amis avant de nous marier."
"Ce n'est pas pareil !" se défendit Drago d'une voix aiguë. "Pansy c'est… c'est… C'est ma Pansy ! Je la connais depuis que je suis bébé ! Je ne suis pas amoureux d'elle !"
"D'accord, d'accord." dit sa mère en mettant ses deux paumes face à lui, comme pour s'excuser. "Je ne pensais pas que tu serais aussi véhément à cette idée, excuse-moi."
"Et moi, je ne pensais pas que tu puisses penser ça ! Tu croyais vraiment que je voulais me marier avec elle ?"
"Je n'en parlerai plus." continua-t-elle en reprenant le journal.
Drago, outré, préféra s'en aller. Il sortit par la porte arrière, et heureusement, l'air frais lui fit du bien, comme s'il effaçait ce qu'il venait d'entendre. C'était la deuxième fois que quelqu'un faisait une référence à une potentielle vie amoureuse entre lui et Pansy. Personne ne comprenait donc leur relation ?
Comme s'il l'avait appelée télépathiquement, Pansy traversa justement le jardin de Drago à ce moment-là. En arrivant plus proche d'elle, il voulut lui parler de ce qu'il venait d'entendre, mais il fut coupé dans son élan par une autre découverte.
"Tu as une frange ?" demanda-t-il, étonné.
Pansy s'arrêta devant lui. Ses cheveux noirs étaient plus courts, toujours en carré, avec une frange juste au-dessus de ses yeux qui cachait son front. Elle retira son serre-tête qu'elle jeta dans l'herbe et retroussa la lèvre supérieure dans un air de défi.
"Oui. Ne te moque pas de moi, promets-moi Drago, fais une promesse tout de suite ! J'ai voulu essayer, et j'ai coupé et si c'est catastrophique j'appliquerai une potion pour que ça repousse et je…"
"Non, j'aime bien." coupa Drago doucement.
Pansy arqua un sourcil et un petit sourire se dessina sur ses lèvres.
"C'est vrai ?"
"Oui, c'est très réussi. Ça te va bien."
Il trouvait que ça mettait en valeur ses yeux sombres, ce qui était plutôt flatteur. Pansy s'allongea dans l'herbe et Drago fit pareil.
"Qu'est-ce que ton père en a pensé ?" demanda-t-il, un peu inquiet.
"Pas grand chose. Il a dit que ça faisait sérieux, mais que je n'aurais pas dû la couper moi-même. Il m'a traitée de Moldue."
Drago grimaça.
"N'importe quoi, juste pour une frange ?"
"Tu connais mon père, toujours à chercher le petit truc pour s'en prendre à moi." dit-elle en soupirant.
"En parlant de père…" commença Drago. "Ma mère a dit un truc étrange ce soir. Elle m'a dit que la mère de Théo avait été tuée dans des circonstances affreuses. Tu sais de quoi elle parlait ?"
Il vit que le visage tourné vers les étoiles de Pansy se crispa de la même manière que celui de Narcissa quelques minutes plus tôt.
"Vaguement. J'ai entendu dire qu'elle s'était faite tuée, mais je ne sais pas comment."
"Quoi ? Toi, tu ne sais pas un potin sur quelqu'un ?" railla Drago.
Pansy secoua la tête, sa frange se balançant au rythme de sa tête :
"Ce n'est pas vraiment un potin, c'est une tragédie." corrigea-t-elle. "J'ai déjà essayé d'en parler à Théo, mais il a l'air de ne pas vouloir en parler, et je n'ai pas insisté. Mais je sais que son père est un véritable tyran, surtout depuis Noël."
"Noël ?"
"Oui, tu te souviens, cette année ? J'aurais pu passer le soir de Noël avec Théo, mais son père a refusé. Théo n'a pas voulu me dire pourquoi, mais en tout cas, son père a mis un sort sur la porte pour qu'il ne puisse pas sortir. Il a été enfermé à l'intérieur de chez lui pendant plusieurs jours, il ne pouvait même pas envoyer de lettre. Heureusement, on a communiqué via Poudre de Cheminette."
"C'est… horrible." commenta Drago.
"Oui, pas étonnant qu'il lise autant de livres. Il a probablement voulu s'échapper de chez lui, et la lecture était la seule manière de le faire."
Drago mit du temps à réfléchir à ce que Pansy venait de lui dire. Il savait que l'enfance de Théo avait été particulièrement douloureuse pour lui, mais maintenant qu'il se faisait la réflexion, il était vrai que le garçon n'en parlait pas beaucoup. Pourtant, Drago et Blaise étaient pratiquement tous les jours à ses côtés, et Théo parlait très peu de sa famille.
Pansy changea de sujet de discussion en pointant son doigt sur les étoiles au-dessus d'eux, et Drago écouta sa voix apaisante qui lui expliquait les constellations.
Hermione
.
.
Le voyage en France dura une dizaine de jours, mais Hermione ne vit pas le temps passer. Ils visitèrent toutes sortes de caves à vin de Bourgogne, de chapelles et de jolis centre villes plein de pavés et de marchés ouverts. Puis, ils restèrent quelques jours chez la tante d'Hermione à Dijon.
Hermione adorait la France, ses paysages et son soleil qui lui chauffait les joues pendant qu'elle marchait. Pendant ces journées, elle oubliait totalement qu'elle était une sorcière, elle profitait simplement de ses parents et de la région pour découvrir plein de nouvelles choses.
Son instinct de sorcière refaisait parfois surface, lors de visites de chapelle ou de certains bâtiments anciens, où elle apprenait les histoires régionales de sorciers en même temps.
Elle recevait toujours la Gazette du Sorcier aussi, qui ne parlait plus que de l'évasion de Sirius Black. Entre deux articles alarmants sur la description de Black avec une récompense proposée à quiconque aurait des informations sur lui, Hermione vit une publicité qui attira son regard :
Nécessaire à balai : pour que vous puissiez chouchouter votre balai comme il le mérite !
Cette boîte multifonctionnelle comporte tout ce dont vous avez besoin pour prendre soin de votre balai : crème à polir spéciale manche à balai, ciseaux pour affiner la pointe, boussole en cuivre pour les longs voyages et un Manuel qui récapitule toutes les techniques pour perfectionner les balais !
Que ce soit pour le Quidditch, les déplacements ou le ménage de votre maison, ce nécessaire à balai contiendra tout ce dont vous avez besoin pour le faire briller comme au premier jour !
Si vous êtes intéressés, merci de nous renvoyer l'annonce découpée avec l'argent dans une enveloppe que notre hibou de société ChronoChouette viendra récupérer chez vous.
Prix : 11 Gallions.
Hermione se dit que c'était une excellente idée pour un cadeau pour l'anniversaire d'Harry qui arrivait bientôt. Elle découpa précautionneusement l'annonce du journal en faisant attention à ne pas dépasser sur la photo effrayante de Sirius Black et sortit le peu d'argent sorcier qui lui restait de son porte-monnaie qu'elle posa sur la table de chevet.
Ses cousines n'étaient pas là pendant l'été, alors Hermione occupait la chambre de l'aînée, Daisy. La sœur de son père était très gentille, et avait un don pour la cuisine, si bien qu'Hermione pouvait profiter de bons plats français tous les soirs.
Le second soir après leur arrivée à Dijon, Hermione était assise sur l'une des chaises de la table du salon. Sa tante, sa mère et elle étaient en train de jouer au Scrabble, mais elles avaient modifié les règles et elles avaient le droit d'inclure des mots de la langue française et anglaise, ce qui faisait que leur planche était devenue très vite illisible.
Son père regardait la télé sur le canapé, à moitié endormi. Hermione était justement en train de déplacer ses lettres pour former le mot "WICKED" quand la télé émit soudain un bruit étrange qui leur fit tourner la tête.
"Bonsoir à tous. Nous interrompons vos programmes habituels pour vous informer des dernières nouvelles que nous venons de recevoir."
Hermione jeta un rapide coup d'œil à la télé et se figea quand le visage de Sirius Black apparut à l'écran.
"Nous venons d'apprendre que ce prisonnier vient de s'échapper de prison. Il est armé, très instable et dangereux. Ne vous approchez de lui sous aucun prétexte. Si vous l'apercevez, merci de le signaler au plus vite au numéro vert qui s'affiche en bas de l'écran."
Le visage hanté de Sirius Black resta quelques secondes de plus à la télé, avant de disparaître. L'émission que son père avait mis réapparut alors. Hermione vit sa mère la regarder, les sourcils froncés, et Hermione acquiesça doucement pour lui confirmer ses doutes. C'était bien un sorcier, et si les Moldus avaient été informés de son évasion, c'était qu'il devait être vraiment très dangereux.
"Bah dis donc, il n'a pas l'air charmant, ce type !" lança sa tante en reprenant la partie. "En plus, on a aucune idée d'où il peut être, ils n'ont même pas précisé !"
"Il doit avoir pris la fuite." expliqua son père, sans savoir que Black était un sorcier. "Un collègue du cabinet m'a dit qu'ils passaient sa tête sur les télés anglaises aussi. Ils ne doivent avoir aucune idée d'où il se trouve."
"Hmm. Étrange." commenta sa tante. "Hermione, à toi de jouer."
.
.
.
Le lendemain matin, Hermione trouva trois hiboux sur le rebord de sa fenêtre, qu'elle s'empressa de faire entrer de peur que quelqu'un les voit aux alentours. Le premier était un grand hibou noir où une étiquette avait été accrochée à sa patte :
"ChronoChouette - merci de déposer la somme exacte dans l'enveloppe, sinon l'oiseau ne repartira pas."
L'hibou attendait patiemment. Hermione rassembla le morceau du journal et les Gallions qu'elle mit dans une enveloppe et qu'elle accrocha à la patte de l'hibou, qui s'envola directement après avoir hululé en guise de remerciement.
Le second hibou n'avait rien à voir avec la prestance du premier : c'était Errol, l'hibou des Weasley, et il était en piteux état. Il n'arrivait presque pas à tenir sur ses pattes. Hermione lui fit boire un peu d'eau avant de lire la lettre de Ron :
Chère Hermione,
Je ne sais pas si tu vas vraiment recevoir cette lettre vu les capacités d'Errol, mais je tente quand même. L'Egypte, c'est super. Tu as vu notre photo dans la Gazette du Sorcier ? Juste après, on a visité l'une des pyramides les plus grandes d'Egypte, où on a pu visiter des tombeaux avec des momies à l'intérieur. C'était trop cool, je pense que tu aurais adoré les légendes sur les sorciers de là-bas.
Comme je t'ai dit dans ma dernière lettre, j'ai appelé Harry par le numéro de téléphone qu'il m'avait donné. Depuis, je n'ai aucune nouvelle. J'ai peur d'avoir vraiment énervé son oncle, il n'avait pas l'air ravi au bout du combiné. J'espère qu'il n'a pas trop d'ennui à cause de moi. Je vais me risquer à lui envoyer une lettre pour son anniversaire. Si Errol revient, ça veut dire qu'il l'aura lu. J'ai un cadeau d'anniversaire pour lui en plus, et je t'ai acheté quelque chose pour le tien aussi.
Ma mère a dit que nous irons sur le Chemin de Traverse la dernière semaine des vacances. J'espère que tu pourras faire tes fournitures à ce moment-là aussi, je sais que c'est assez tard, mais nous ne revenons que fin Août. Je vais proposer à Harry de nous rejoindre aussi.
Tes vacances en France se passent bien ?
Amitiés,
Ron.
PS : Percy a été nommé préfet en chef, il a reçu son badge et ne parle que de ça depuis deux jours. Fred et George ont essayé de l'emballer comme une momie, mais ils n'ont pas réussi.
Hermione eut un petit sourire en voyant le P-S, et prit le journal que le troisième hibou lui avait apporté. Elle chercha l'article qui parlait des Weasley, et trouva finalement à la dernière page sous l'encadré "Un employé du ministère remporte le Grand Prix." Juste en dessous, il y avait une photo en noir et blanc de tous les Weasley qui faisaient coucou de la main.
Hermione regarda longuement la photographie avec un sourire, et la rangea dans sa poche pour la montrer à ses parents.
Drago
.
.
En ce début de mois d'Août, le soleil était écrasant tandis que Drago remontait l'allée pour aller chez Blaise. Il n'avait pas pris son balai, parce qu'il savait qu'ils ne pourraient pas jouer au Quidditch sous cette chaleur. Il ouvrit l'immense portail et entra dans le Manoir, qui était vide.
"Par ici, Dray !" cria Blaise depuis le jardin arrière.
Drago sortit dans la terrasse et trouva Blaise assis sur la table du jardin. Il était en train de déguster une glace à la pêche, qui avait la faculté magique de ne jamais fondre au soleil. Pansy était là aussi, essayant tant bien que mal de bronzer ses jambes pâles au soleil.
"Ah, te voilà !" lança Pansy.
"Je vois que vous ne m'avez pas attendu." répliqua Drago avec un sourire en coin.
"Il reste des glaces dans la cuisine. Cooky !"
L'elfe de maison arriva tandis que Drago s'asseyait à table à côté de Blaise. Il était vêtu d'une horrible serviette usée qui entourait sa taille et était tâchée par endroits.
"Oui, maître Zabini ?" dit l'elfe en s'inclinant devant lui.
"Va chercher une glace pour Drago. Et nous aimerions des milkshakes." ordonna Blaise.
"Tout de suite, Maître."
L'elfe alla dans la cuisine et revint presque aussitôt avec un plateau sur lequel trônait trois grands verres de lait glacé à la fraise.
"Ah, super, je mourrais de soif !" s'écria Pansy en prenant le premier verre qu'elle sirota.
"Théo ne vient pas ?" demanda Drago en voyant le nombre de verres sur le plateau.
"Non, pas aujourd'hui. Son père s'est mis dans la tête de lui enseigner un cours de défense, il passe la journée avec un tuteur."
"Pourquoi faire ? Il n'a même pas le droit de pratiquer la magie, il n'a pas 17 ans."
"Je sais. Ce sont des cours théoriques, le tuteur lui montre le coup de baguette, mais il ne peut pas pratiquer. C'est complètement débile, mais son père lui a ordonné de le faire et il est coincé là-bas depuis ce matin. Il a réussi à m'envoyer un hibou pour me prévenir." expliqua Blaise.
"Le pauvre." commenta Pansy.
Elle avait relevé sa frange avec une sorte de barrette pour exposer son front au soleil. Blaise, lui, était à l'ombre, mais avait étendu ses longues jambes devant sa chaise de la même manière que Pansy pour prendre un peu de soleil. Il avait grandi davantage pendant l'été, c'était le garçon le plus grand des troisièmes années sans aucun doute. Avec sa taille et son visage sculpté, on aurait pu dire qu'il avait déjà terminé l'école.
Drago aussi avait grandi. Il était loin d'être aussi grand que Blaise, mais il avait pris quelques centimètres et dépassait probablement Crabbe et Goyle, maintenant. Peut-être même Théo s'il se mettait sur la pointe des pieds.
L'après-midi fut paisible et baignée de soleil. Le père de Pansy étant absent jusqu'au lendemain, tout comme Lucius et Narcissa qui passaient la soirée à un Bal, Pansy pouvait donc rester pour la nuit, à condition qu'elle soit levée le lendemain suffisamment tôt pour rentrer discrètement chez elle et faire semblant d'avoir passé la nuit là-bas. Ils s'amusèrent donc à jouer à des parties de cartes explosives, puis ils prirent un immense goûter qui leur servit de dîner.
Quand le soleil se coucha, ils allèrent se mettre dans le salon principal du Manoir de Blaise, qui était composé de cinq canapés dans une pièce immense, qui étaient tous tournés vers une immense cheminée où Blaise pouvait se tenir aisément débout dans l'antre.
Cooky leur apporta des chocolats chauds et ils discutèrent de Poudlard, ensevelis sous de nombreuses couvertures. Drago sentait ses paupières se fermer au fur et à mesure que les gorgées de chocolat lui réchauffaient le ventre.
"Vous avez hâte d'y retourner, vous ?" demanda Drago.
Pansy acquiesça vivement :
"C'est beaucoup mieux que de vivre chez mon père. Il me rend folle, surtout cet été. Il est tellement pointilleux sur mon apparence. La dernière fois, il a refusé que je dîne parce que j'avais mis des boucles d'oreilles noires."
"Pourquoi il est comme ça ?"
"Je sais pas. Il a l'air stressé, je veux dire, encore plus qu'avant. Nerveux, même. Il n'arrête pas de transplaner pour aller faire je-ne-sais-quoi, et après, il revient encore plus en rogne qu'avant."
"Mon père est pareil." dit Drago d'une voix ensommeillée. "Je ne l'ai pratiquement pas vu de l'été, quand il est au Manoir, il s'enferme dans son bureau et ordonne qu'on ne le dérange pas. Il est toujours furieux. Quand je l'entend en bas, je préfère rester dans ma chambre."
Ils se tournèrent vers Blaise qui répondit à son tour :
"Ici ou là-bas, on me laisse tranquille. Ma mère n'est pas souvent là, et quand elle l'est, je ne le remarque même pas, parce que le Manoir est tellement grand qu'on ne se croise jamais. Mais j'ai hâte de retourner à Poudlard, j'aime bien l'ambiance là-bas."
"Quoi, avec Potter qui…" commença Drago.
Soudain, un étrange bruit retentit, et le sol se mit à trembler. Drago en lâcha sa tasse de chocolat qui s'éclata par terre, et échangea un regard terrifié avec Blaise et Pansy qui s'étaient tous les deux relevés des canapés. Ils regardaient fixement la cheminée, qui produisait ce bruit, comme si quelque chose tombait et rebondissait contre les murs dans un chaos assourdissant.
Drago tira la baguette de sa poche et la pointa sur l'antre de la cheminée qui se secouait au fur et à mesure des vibrations. Pansy sortit la sienne également, mais se cachait derrière un coussin, affolée, et Blaise se rapprochait de plus en plus de la cheminée avec les yeux écarquillés.
Au bout de ce qu'il sembla une éternité, le bruit ralentit, et le sol arrêta de trembler. Drago voulut parler, demander à Blaise ce qui aurait pu provoquer un bruit pareil, quand il fut interrompu par un dernier retentissement perçant qui le força à se boucher les oreilles. Quelque chose tomba dans l'antre, couvert de cendres, et Drago mit du temps avant de pouvoir discerner la forme que c'était.
Quand il comprit, son sang se glaça.
C'était Théodore Nott. Et il était par terre, évanoui, et couvert de sang.
