Drago
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Drago était sous le choc. Avec l'arrivée de Théo dans la cheminée, ses interrogations sur ses parents qui pratiquaient la magie noire et sa deuxième année mouvementée à Poudlard, Drago n'avait pas du tout réfléchi à cette question des filles. Il pensait qu'il avait encore le temps d'y penser, mais maintenant que Blaise l'avait déjà fait, ça changeait tout.
Drago détestait être en bas d'une compétition, peu importe laquelle. Et s'il fallait se battre pour arriver à coucher avec une fille avant Théo, il le ferait. Hors de question d'être le moins expérimenté du groupe.
Pendant qu'il se faisait mentalement la liste des filles qu'il connaissait à qui il pourrait demander, Crabbe et Goyle entrèrent dans le compartiment. Drago ignora le regard amusé que Théo lui lança.
"Bon été, les gars ?" demanda Goyle en s'asseyant à côté de Drago.
"Génial." répondit sarcastiquement Théo, ce qui firent sourire Blaise et Drago.
Goyle se tourna vers Pansy et cette dernière arqua un sourcil :
""Les gars ?" Parce que je suis un gars, pour vous ?"
"Euh…"
"Laissez tomber." dit-elle en posant violemment son magazine sur la tablette du train. "Entre les commentaires sur vos baises et ça… Je vais voir Daphné."
Elle se leva magistralement pour sortir du compartiment sous les cris de protestation de Blaise :
"Pansy ! Moins fort, je ne veux pas que tout le train l'apprenne, putain !"
Elle sortit en l'ignorant. Heureusement, Crabbe et Goyle n'avaient pas l'air d'avoir saisi sa phrase, parce qu'ils se tournèrent stupidement vers Drago et Blaise sans comprendre. Ni Théo ni Blaise ne semblaient vouloir faire la conversation, alors Drago se leva à son tour.
"Crabbe, Goyle, venez. On va aller voir ce que fait Potter et ses amis."
Théo leva exagérément les yeux au ciel :
"C'est pas fini, cette obsession ?"
"Ce n'est pas une obsession."
"Ouais, c'est ça. Dis bonjour à Granger de ma part, et dis lui que je vais tout faire pour l'écraser dans le classement cette année." lança Théo.
Drago sortit dans le couloir, Crabbe et Goyle sur ses talons. En vérité, il n'avait pas vraiment envie d'aller embêter seulement Potter. Bien sûr, c'était toujours tentant de se moquer de lui et Weasley, mais ce qui l'intéressait le plus à ce moment-là, c'était de voir Granger. Il avait besoin de la voir pour retrouver ce sentiment de colère qu'il ressentait toujours en l'apercevant.
Ils arrivèrent devant le compartiment et Drago jeta un coup d'oeil à l'intérieur. Granger était là, en train de lire un livre avec cette couette rose sur les genoux, la même qu'à l'hôpital quand elle était pétrifiée. Juste avant d'ouvrir la porte, Drago remarqua qu'il y avait aussi un chat à côté d'elle. Il était horrible : roux, et avec un visage écrasé qui lui donnait une tête de bulldog. C'était probablement le chat le plus moche qu'il avait pu voir dans sa vie.
"Tiens, regardez qui voilà !" s'écria-t-il en entrant. "Potter et Weaslaid."
Crabbe et Goyle s'esclaffèrent à côté de lui.
"Alors, Weasley, j'ai entendu dire que ton père avait enfin réussi à se procurer un peu d'or, cet été. J'espère que ta mère n'est pas morte sous le choc ?"
Weasley se leva et fit tomber le panier de l'affreux chat au passage. Drago ne remarqua qu'à ce moment-là que ce qu'il avait pris pour un tas de cape au fond de la banquette bougeait.
"Qui c'est ?" demanda-t-il.
"Un nouveau prof." répondit Potter avec un sourire insolent. "Qu'est-ce que tu disais, Malefoy ?"
Drago plissa les yeux et regarda Granger du coin de l'œil. Elle lisait toujours son livre et l'ignorait complètement. C'était comme s'ils n'étaient pas là. Ça l'énerva, mais pas comme d'habitude. Il aurait aimé qu'elle réplique et qu'il sente cette montée de colère et d'adrénaline monter en lui, la seule qui arrivait à lui faire ressentir cette haine si rapidement. Le fait qu'elle refuse de le faire devant les précieux Potter et Weasley l'agaçait.
"Venez." marmonna-t-il à Crabbe et Goyle en sortant du compartiment.
Il retourna dans le compartiment et Crabbe et Goyle s'en allèrent pour aller chercher la dame du chariot à friandises. Visiblement, personne ne les avait prévenu qu'elle s'arrêtait à tous les compartiments et qu'il ne fallait pas la chasser à travers le train, mais Drago n'était pas d'humeur à leur expliquer. Il préféra grignoter le sandwich que Chubby son elfe de maison avait fait avant de partir en regardant le paysage grisâtre derrière la vitre.
Quand la nuit fut tombée, le train commença à ralentir. Drago fronça les sourcils : à travers la vitre, ce n'était pas Pré-au-Lard. Ils s'étaient brutalement arrêtés en plein milieu d'un pont. Pansy ouvrit la porte du compartiment à ce moment-là, suivie par Daphné Greengrass qui s'appuya sur le rebord de la porte.
"Ah, enfin arrivés !" s'exclama Pansy en ramassant son magazine.
Son arrivée réveilla Théo qui s'était endormi avec son livre sur le visage. Il le dégagea de la main et s'essuya les yeux avec la manche de son pull.
"Super, je vais mettre ma robe." dit-il en s'asseyant.
"On n'est pas arrivés." coupa Blaise, qui regardait dehors.
"Comment tu peux le savoir ? La vitre est noire." commenta Daphné.
"On est sur un pont. Et on dirait que des gens montent dans le train."
Au moment où Drago avait dit ça, ils entendirent les portes de leur wagon s'ouvrir et se fermer, et les lumières s'éteignèrent une par une. On ne voyait plus rien dans le compartiment. Pansy, qui était à côté de Drago, agrippa sa main.
"Qu'est-ce qu'il se passe ?" murmura-t-elle.
"On est en panne ?" demanda la voix de Daphné quelque part plus loin.
Blaise et Théo sortirent leurs baguettes en même temps et lancèrent "Lumos" simultanément. Ils étaient tous les deux assis sur la banquette d'en face, leurs bouts de baguettes éclairant leurs visages. Drago essaya de sortir la sienne de sa poche aussi, quand il entendit la porte s'ouvrir de nouveau.
Le compartiment fut soudain plongé dans un froid glacial. Théo et Blaise pointèrent leurs baguettes sur la porte, et Drago vit alors une créature cagoulée, dont la capuche noire touchait presque le plafond. Sa main sortait de sa longue cape, elle était grise et couverte de croûtes immondes. Son visage était entièrement recouvert par la capuche.
L'air autour de lui se figea, comme s'il avait été glacé. Soudain, la créature laissa échapper un râle guttural, qui lui donna tout de suite des frissons sur les bras, et s'approcha de plus en plus, comme s'il glissait… Drago était à la fois terrifié et malheureux, comme s'il revivait les pires moments de sa vie lentement, agonisant… Pansy serra encore plus fort sa main…
Tout à coup, la baguette de Théo cessa de projeter de la lumière, et Drago l'entendit tomber par terre. La créature recula, observa une dernière fois l'intérieur du compartiment, et glissa le long du couloir pour ouvrir le prochain. Drago sortit sa baguette et murmura "Lumos" d'une voix rauque.
"Théo !" s'écria Blaise.
Drago baissa les yeux et vit Théo, par terre, une main sur le cœur. Il avait les yeux vides et il était extrêmement pâle.
"Théo, ça va ?"
Il secoua vigoureusement la tête. Drago pouvait voir sa jugulaire pulser contre son cou.
"Vas chercher de l'aide ! Vite !" cria Pansy qui s'était agenouillée à côté de lui.
Drago obéit et sortit rapidement du compartiment. Il chercha un adulte, n'importe qui, mais il n'y avait personne dans le couloir, alors il alla dans le compartiment suivant. Dedans, il y avait les jumeaux Weasley, Lee Jordan le commentateur des matchs de Quidditch, et Crabbe et Goyle qui étaient debout, tout tremblants.
"C'était quoi ça ?" demanda Crabbe en se tournant vers Drago.
"Un Détraqueur, les gardiens d'Azkaban." répondit l'un des jumeaux. "On peut t'aider, Malefoy ?" demanda-t-il, le regard mauvais.
"On a besoin d'aide, vite ! Et vous, qu'est-ce que vous foutez là ?" demanda Drago à l'adresse de Crabbe et Goyle.
"On s'est réfugiés là quand les lampes se sont éteintes, on pensait que c'était votre compartiment !"
"Théo, il…" commença Drago.
"Tiens, prends ça." dit l'un des jumeaux en lui tendant un bout de chocolat, éclairé par la baguette de Lee Jordan. "Dis lui de le manger, ça va lui faire du bien."
L'autre jumeau devait penser que Drago avait une sale tête, parce qu'il lui lança un regard compatissant. Drago essayait vainement de ne pas céder à la panique qui avait contracté tous les muscles de son corps, il devait d'abord aider Théo.
Drago attrapa le morceau de chocolat et sortit pour retourner dans son compartiment. Théo était toujours allongé par terre, mais il avait les yeux ouverts et avait calmé sa respiration.
"Tiens, mange ça !"
Il lui donna le bout de chocolat qu'il croqua lentement. Tout le monde attendait de voir sa réaction pendant de longues secondes, jusqu'à ce qu'il souffle :
"Merci, ça fait du bien."
Pansy poussa un soupir de soulagement et s'assit par terre.
"Qu'est ce qu'il s'est passé ? C'était quoi, cette créature ?"
"Un Détraqueur." répondit gravement Drago.
Tout le monde se tut. Tout comme lui, ils devaient avoir entendu parler de ces créatures démoniaques qui gardaient la prison d'Azkaban. Son père lui en avait déjà parlé, mais n'était jamais rentré dans les détails pour ne pas trop l'effrayer. Aujourd'hui, Drago comprenait pourquoi.
Blaise aida Théo à se relever et à s'asseoir sur la banquette.
"Merci." dit-il lentement, toujours en mangeant son chocolat.
"Comment tu te sens ?" demanda Pansy.
"Je sais pas, c'est un peu flou… Je ne me souviens pas être tombé par terre, c'est bizarre. J'ai eu l'impression d'être aspiré, et j'ai entendu…"
Théo finit sa phrase en suspens en fixant Daphné, qui était assise le plus proche de la porte. Elle était livide. Drago avait complètement oublié qu'elle était là, et il comprit que Théo ne voulait pas parler de ce qu'il avait vécu en sa présence. Elle dû saisir parce qu'elle murmura, gênée :
"Je vais aller voir comment vont les filles dans le compartiment d'à côté."
Elle se leva et sortit du compartiment. Drago éclaira le visage de Théo, qui reprenait doucement des couleurs.
"J'ai entendu la voix de mon père." termina Théo dans un murmure effrayé.
Blaise lui tapota le dos de sa main qui ne tenait pas sa baguette.
"C'est normal, tu es celui qui a vécu le plus de traumatismes entre nous tous. Les Détraqueurs font ça, prendre les pires souvenirs et les faire revivre encore et encore. Ils aspirent tout ce qu'il y a d'heureux pour affaiblir."
Théo hocha la tête plusieurs fois, puis murmura d'un ton honteux :
"Je suis le seul qui soit tombé par terre…"
"Non, Théo." intervint Pansy. "J'ai failli tomber aussi, j'ai senti des choses…"
Elle eut un frisson et Drago encercla son bras contre elle pour la rassurer.
Hermione
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"Harry ! HARRY !"
Hermione vit les yeux d'Harry rouler dans leurs orbites. Avant qu'elle ait pu faire le moindre mouvement, il tomba par terre et des spasmes agitèrent son corps. Hermione s'agenouilla par terre à côté de lui, essayant tant bien que mal de réfléchir à une solution malgré le froid qui s'était infiltré dans le compartiment.
"Harry, réveille toi !"
Elle le secoua, mais il ne répondit pas. Ses yeux se fermèrent, Hermione pouvait sentir les battements frénétiques de son cœur contre la peau fine de son poignet. Ron la rejoint de l'autre côté d'Harry et l'appela de la même manière en lui tapotant le bras :
"Harry ?!"
Le professeur Lupin avait conjuré des flammes dans la paume de sa main, seule source de lumière dans le compartiment, et qui éclairait faiblement la figure cagoulée qui se tenait toujours à la porte. Lupin sortit sa baguette de l'autre et s'avança près de la créature.
"Personne ne cache Sirius Black ici. Allez-vous en." dit-il calmement.
Harry était toujours dans les vapes. Ron le secouait plus franchement maintenant, en l'appelant d'un ton paniqué. Quand Hermione se retourna, suppliante, vers Lupin, quelque chose d'argenté sortait de sa baguette, et avant qu'Hermione ait pu apercevoir ce que c'était, la créature était partie.
Le froid autour d'eux se dissipa, et Hermione se surprit à avaler l'air à grandes goulées, comme si elle avait retenu sa respiration tout ce temps. Les lumières se rallumèrent, et le professeur Lupin enjambea de nouveau Harry et chassa les flammes du creux de sa main.
Soudain, les paupières du garçon frémirent.
"Harry, Harry ! Ça va ?"
Ron tapota son visage et Harry finit par ouvrir les yeux.
"Qu... Quoi ?" murmura-t-il.
Ron aida Hermione à le hisser sur son siège.
"Comment tu te sens ?" demanda Ron d'une voix anxieuse.
"Ça va. Qu'est-ce qui s'est passé ? Où est cette... cette chose ? Qui a crié ?" demanda-t-il d'un ton saccadé.
"Personne n'a crié."
"Mais j'ai entendu… Crier…" continua Harry en se massant inconsciemment la tête.
Le professeur Lupin cassa des morceaux de chocolat qu'il distribua à tout le monde dans le compartiment. Hermione remarqua qu'à cet instant que Ginny avait replié ses jambes et avait posé sa tête sur ses genoux, en se bouchant les oreilles, et que Neville était livide.
"Qu'est-ce que c'était que cette chose ?" demanda Harry.
"Un Détraqueur." répondit Lupin. "C'était l'un des Détraqueurs d'Azkaban. Mangez, ça vous fera du bien. Excusez-moi, il faut que j'aille dire quelque chose au machiniste…"
Il sortit du compartiment, l'air inquiet.
"Tu es sûr que ça va, Harry ?" demanda Hermione.
"Je ne comprends toujours pas... Qu'est-ce qui s'est passé ?" demanda Harry.
"Cette... cette chose... le Détraqueur... est resté là et a regardé partout, enfin j'imagine qu'il regardait puisqu'on ne voyait pas du tout son visage, et toi... toi, tu…" bégaya-t-elle.
"J'ai cru que tu avais une attaque, ou je ne sais quoi." continua Ron, effrayé. "Tu es devenu tout raide et puis tu as glissé par terre et tu as commencé à avoir des spasmes…"
"À ce moment-là, le professeur Lupin t'a enjambé, il s'est avancé vers le Détraqueur et il a sorti sa baguette magique, poursuivit Hermione. Et puis, il lui a dit : "Personne ne cache Sirius Black ici. Allez-vous en." Mais le Détraqueur n'a pas bougé, alors Lupin a marmonné quelque chose, un truc argenté est sorti de sa baguette et le Détraqueur a fait volte-face et il est parti comme s'il glissait sur des patins…"
"C'était horrible." intervint Neville dans un couinement aigu. "Tu as senti ce froid quand il est entré ?"
"J'ai eu une sensation bizarre…" dit Ron en remuant les épaules. "Comme si j'allais perdre à tout jamais l'envie de rire…"
Ginny émit un sanglot et Hermione se précipita à côté d'elle pour la prendre dans ses bras en lui caressant lentement le dos.
"C'était atroce." marmonna-t-elle contre la robe d'Hermione. "J'avais l'impression d'être possédée de nouveau…"
"Chut, ne t'inquiètes pas… C'est terminé, il est parti."
Hermione essaya de rassembler ce qu'elle savait. Cette créature gardait la prison d'Azkaban. Elle avait déjà lu quelque chose concernant les Détraqueurs, mais elle n'avait jamais imaginé qu'ils puissent être aussi terrifiants. Ils avaient l'air d'attaquer ceux qui avaient subi le plus de peur, ou de traumatismes. Hermione avait senti le froid, et une angoisse, mais elle ne savait pas si c'était à cause du Détraqueur, ou d'avoir vu Harry s'évanouir.
Le professeur Lupin entra de nouveau dans le compartiment et Hermione berça doucement Ginny qui avait commencé à pleurer silencieusement.
"Nous arriverons à Poudlard dans dix minutes." annonça le professeur Lupin. "Ça va, Harry ?"
"Ça va très bien." répondit Harry dans un souffle.
Hermione jeta un regard à Ron, qui avait l'air aussi angoissé qu'elle.
Drago
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"Je vais bien, arrêtez de vous tenir près de moi comme si j'allais tomber !" s'écria Théo dans le couloir du Poudlard Express.
Blaise se recula légèrement.
"Désolé d'être inquiet." grommela-t-il.
"Je vous ai dit, c'était juste le Détraqueur. Maintenant, je vais mieux."
Drago n'y croyait pas vraiment. Lui-même était encore tremblant, alors que le Détraqueur était parti depuis bien longtemps. Ses poils étaient toujours hérissés le long de ses bras, et sa respiration était irrégulière. Pansy, elle, ne parlait pas, et ses yeux sombres étaient cachés sous sa frange.
Dans la file d'attente des élèves qui se pressaient pour sortir du train, Drago aperçut Londubat un peu plus loin. Il parlait avec une fille dont il ne connaissait pas le prénom, dont la sœur jumelle était à Serdaigle.
"C'était terrifiant." entend-t-il de la bouche de Londubat. "Harry s'est carrément évanoui quand il est entré dans notre compartiment !"
Blaise arqua un sourcil et Drago en profita pour essayer de rassurer Théo :
"Tu vois, tu n'es pas le seul à être tombé. Potter, c'est encore pire, il s'est carrément évanoui !"
"Mouais, je sais pas si ça me rassure. Tu as passé les deux dernières années à répéter que c'était une mauviette." répondit-il en haussant les épaules.
"Je n'ai pas dit que c'était une mauviette, j'ai dit que c'était un frimeur. Il se la raconte avec ses airs de héros qui a sauvé le monde des sorciers, mais il s'évanouit en voyant des Détraqueurs. S'évanouir ! Toi, t'es juste tombé."
"Ça veut juste dire qu'il a vécu des choses traumatisantes aussi." argumenta Théo.
Malgré ce qu'il disait, Drago pouvait voir que ça le rassurait de voir que ce n'était pas le seul à être tombé à cause des Détraqueurs. Ils descendirent sur le quai en silence et marchèrent jusqu'aux calèches qui attendaient patiemment les élèves.
"Super, encore une créature flippante !" s'écria Théo en désignant du doigt le devant de la calèche.
Drago regarda dans la direction qu'il lui indiquait, mais il ne voyait rien. Les calèches étaient toujours tirées toutes seules.
"Tu deviens fou ?" demanda Drago.
"Quoi ? Non, je parle de ce cheval, là."
Il monta dans la calèche et Drago regarda de nouveau, mais il vit seulement la nuit et la lisière d'une forêt le long de la route. Il préféra ne rien dire pour ne pas agacer Théo qui devait être complètement étourdi et monta dans la calèche.
Pansy était assise et regardait la route, pensive. Elle n'avait pas parlé depuis le train.
Quand ils passèrent devant l'entrée de Poudlard, il y avait encore deux Détraqueurs qui gardaient le portail. Théo se tassa davantage dans son siège, et Pansy se raidit un peu, mais aucun des deux ne firent de commentaire.
Une fois arrivés, Drago sauta par terre et aperçut Granger, qui se dirigeait vers les escaliers de pierre. Elle ne semblait pas affectée par les Détraqueurs, elle. En même temps, elle n'avait jamais rien dû voir de traumatisant dans sa vie cette fille. Elle avait simplement les sourcils froncés et jetait des regards angoissés en direction de Potter.
Il se dit qu'aller embêter Potter pouvait peut-être remonter le moral de Théo qui était juste derrière lui, alors il s'approcha de lui.
Hermione
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Quand elle s'approcha des escaliers pour entrer, elle sentit quelqu'un la bousculer doucement. Elle leva la tête et croisa les deux yeux gris de Malefoy, glacés, qui la scrutèrent le temps d'une seconde avant de se poser sur Harry.
"Alors, il paraît que tu es tombé dans les pommes, Potter ? C'est vrai ce que dit Londubat ? Tu t'es vraiment évanoui ?" dit-il de sa voix traînante.
Hermione remarqua qu'il regardait derrière son épaule. Elle vit Théodore Nott et Pansy Parkinson qui attendaient à côté de la calèche. Les deux avaient des gros cernes sous leurs yeux fatigués et regardaient Malefoy avec des petits sourires.
"Dégage, Malefoy." dit Ron, les dents serrées.
"Toi aussi, tu t'es évanoui, Weasley ?" lança Malefoy d'une voix sonore. "Il t'a fait peur, ce vieux Détraqueur ?"
"Qu'est-ce qui se passe, ici ?" demanda le professeur Lupin, qui était apparu de nul part.
Malefoy ébaucha un sourire narquois.
"Oh, rien… euh... professeur." répondit-il d'un ton sarcastique.
Malefoy s'éloigna pour retrouver Nott, Parkinson, Zabini, Crabbe et Goyle qui grimpèrent les marches de l'escalier de pierre. Hermione devait s'avouer un peu intriguée par ce groupe d'amis. Malefoy avait l'air d'être le leader, parce que c'était lui qui donnait des ordres à Crabbe et Goyle, mais jamais aux autres, ce qu'elle trouvait assez bizarre.
Nott, surtout, était le plus mystérieux. Il ne parlait pas beaucoup, et avait toujours un livre dans la main, pourtant, il semblait être très ami avec Blaise Zabini et Pansy Parkinson.
Elle poussa Harry et Ron à monter les marches à leur tour et quand ils arrivèrent dans la Grande Salle, Hermione entendit quelqu'un l'appeler :
"Potter ! Granger ! Je voudrais vous voir, tous les deux !"
Hermione sentit son cœur cogner contre sa poitrine. Le professeur McGonagall s'approchait d'eux deux, le visage barré dans un pli sévère. Elle était tellement intimidante et réconfortante à la fois.
"Inutile d'avoir l'air si inquiet, je voulais simplement vous parler dans mon bureau." dit-elle en les regardant par-dessus ses lunettes sur le bout de son nez. "Vous pouvez rester ici, Weasley, je n'ai pas besoin de vous."
Et elle s'éloigna. Hermione s'excusa rapidement à Ron qui entra tout seul dans la Grande Salle, et suivit sa professeure jusqu'à son bureau. Elle leur fit signe de s'asseoir.
"Le professeur Lupin m'a envoyé un courrier par hibou spécial pour m'informer que vous avez eu un malaise dans le train, Potter." dit-elle sans préambule.
À ce moment-là, Madame Pomfresh entra dans la salle à son tour. Les joues d'Harry rougirent légèrement :
"Je vais très bien !" s'écria-t-il. "Je n'ai besoin de rien…"
Madame Pomfresh l'examina rapidement pendant que la professeure McGonagall expliquait les circonstances de son évanouissement. Évidemment, Harry s'empressa de dire qu'il allait bien pour éviter l'examen complet de l'infirmière, même si Hermione espérait secrètement qu'il aille au moins vérifier que sa tension était redescendue.
"Vous êtes sûr que vous vous sentez bien, Potter ?" demanda sèchement le professeur McGonagall.
"Oui !" assura Harry.
"Dans ce cas, attendez-moi dehors, j'ai quelque chose à dire à Miss Granger à propos de son emploi du temps, ensuite nous descendrons participer au festin."
Harry et l'infirmière quittèrent le bureau, et McGonagall se pencha sur son bureau. Pendant un instant, elle la regarda simplement par-dessus ses lunettes, dans un silence complet. Peut-être attendait-elle qu'Harry se soit assez éloigné du bureau pour ne pas entendre leur conversation. Hermione attendit, le coeur battant à la chamade, jusqu'à ce que McGonagall prenne un papier de son tiroir de bureau. Elle lui tendit le formulaire qu'Hermione avait complété, à la fin de l'année précédente.
"Miss Granger… J'ai vu sur votre formulaire que vous avez souhaité intégrer toutes les options proposées de l'école. Je voulais vérifier avec vous que ce n'était pas une erreur."
Hermione regarda le papier, où elle avait noté toutes les options. Elle fronça les sourcils.
"Non, ce n'était pas une erreur." dit-elle.
"Vous vous doutez bien qu'il est très difficile de pouvoir suivre tous les cours en même temps." répondit la professeure d'un ton légèrement amusé.
"Oui, mais je vous promets que je suis capable de le faire. J'ai réussi tous mes contrôles l'année dernière, si les examens avaient été maintenus j'aurais probablement…"
"Miss Granger, je ne remets absolument pas en doute vos capacités intellectuelles de suivre autant d'options." coupa McGonagall. "Je suis absolument persuadée que votre curiosité anéantirait sans faille tout problème d'apprentissage que vous pourriez rencontrer. Je parlais plutôt d'un point de vue… logistique."
Hermione baissa les yeux sur son formulaire.
"Y-a-t-il une option ou deux qui vous plairaient moins que d'autres ? Pour qu'on puisse caser tous vos cours dans une semaine ?" demanda la directrice de Maison.
"Non… Elles me plaisent toutes."
McGonagall soupira, sans perdre son léger sourire. Puis, elle se pencha de nouveau vers son tiroir et en sortit un collier avec une longue chaîne dorée, au bout duquel pendait un sablier en or dans une sphère.
"Je me doutais que vous diriez ça. Savez-vous ce que c'est, Miss Granger ?"
Hermione observa le collier, émerveillée.
"Un Retourneur de Temps ?" proposa-t-elle.
"Exactement. Cinq points pour Gryffondor." répondit la professeure en levant le collier pour qu'il soit à la hauteur de ses yeux. "Ils sont extrêmement rares, et ils sont détenus par le Ministère de la Magie. J'ai envoyé des centaines de lettres, accompagnées de vos dossiers scolaires et du classement général de l'année précédente pour en récupérer un. Ils ont finalement cédé."
"Je ne comprends pas, professeure…" risqua Hermione en fixant le collier. "Qu'est-ce que ça a à voir avec mes options ?"
"J'y viens. Permettez moi de vous montrer."
McGonagall enroula la chaîne autour de son cou et de celui d'Hermione, qui dû se pencher sur le bureau pour pouvoir mettre sa tête dedans, puis, elle prit le sablier entre ses mains, et le fit tourner une fois sur lui-même.
Soudain, la pièce autour d'elles disparut dans un tourbillon de couleurs qui donna tout de suite le tournis à Hermione. Elle ferma les yeux en sentant son corps s'élever légèrement, puis, d'un coup, elle retomba sur son fauteuil. Elle se trouvait toujours dans le bureau de McGonagall, qui était exactement pareil excepté un peu plus éclairé par le soleil qui se couchait derrière la fenêtre.
"Ah, vous êtes là !" dit une voix à sa gauche.
Hermione se tourna et se figea en découvrant McGonagall à côté d'un secrétaire, sur le mur de gauche du bureau. Il y avait deux McGonagall, une assise en face d'elle à son bureau, et une debout à sa gauche. Elle cligna plusieurs fois des yeux, alternant entre les deux McGonagall qui attendaient une réaction avec deux petits sourires amusés.
"On a… remonté le temps ?" dit Hermione d'une petite voix.
"Exactement." répondit la McGonagall assise du bureau. "Nous avons remonté d'une heure précisément, pour que je puisse avoir le temps de vous expliquer ce collier."
"Très bien, je vais aller descendre pour préparer l'arrivée des élèves de première année. Si vous voulez bien m'excuser." annonça la McGonagall du secrétaire, qui sortit de son bureau.
Hermione observa la seconde McGonagall s'en aller, ébahie. De tous les phénomènes extraordinaires qu'elle avait pu voir depuis qu'elle connaissait le monde des sorciers, celui-ci était de loin le plus époustouflant.
McGonagall posa le collier sur la table pour qu'Hermione puisse le voir :
"Comme je vous l'ai dit, les Retourneurs de Temps sont extrêmement précieux. Je sais que vous êtes capable de travailler de la sorte, mais je voudrais vous mettre en garde. Quiconque joue avec le temps peut faire face à de terribles conséquences. La magie a ses limites. Vous devez être très précautionneuse, et surtout, ne jamais vous faire voir."
Le regard de sa professeure était fixé dans le sien, et ne sourcillait pas du tout.
"Cette règle est la plus importante de toutes." dit-elle. "Si jamais vous vous faites voir par quelqu'un à deux endroits différents, cela peut avoir des conséquences terribles, des destins modifiés, et la personne qui assisterait à cette scène peut avoir un choc. C'est pour cela qu'ils sont contrôlés, il faut que vous soyez extrêmement vigilante. C'est aussi pour ça que je vous demanderai d'utiliser le Retourneur uniquement dans le cadre des cours, et dans l'enceinte du Château."
Hermione hocha vivement la tête.
"Il y a également autre chose." continua sa professeure, plus stricte que jamais. "Personne n'est au courant que vous possédez un tel objet, excepté le Ministre, le professeur Dumbledore, vous, et moi-même. Vous ne devez en parler à personne. Pas même à Mr. Potter ou Mr. Weasley." ajouta-t-elle en insistant sur les deux noms.
"Mais, professeure, ils vont bien finir par s'en rendre compte si je disparais en permanence, non ?"
"Il va falloir user de techniques de dissimulation et de mensonge, mais je ne m'inquiète pas trop. Ils vous font confiance, et je suis sûre que vous arriverez à les convaincre que vous étiez présente à chaque fois. Cachez vous dans des salles de classes vides ou des placards pour modifier le temps, comme ça, vous êtes sûre que personne ne vous remarquera revenir en arrière."
McGonagall soupira légèrement et prit la chaîne du Retourneur entre ses doigts :
"J'ai confiance en vous, Miss Granger. Vous êtes une excellente élève, probablement la meilleure sorcière de votre génération, ça n'en fait aucun doute. J'ai toujours su que ça serait le cas, depuis le jour où je suis arrivée chez vos parents pour vous annoncer que vous étiez une sorcière. Vous le saviez déjà, n'est-ce pas ? Vous l'aviez compris vous-même, seule. Vous possédez des qualités, et je ne veux pas qu'un problème d'emploi du temps vous freine pour agrandir vos connaissances. Mais, Miss Granger, j'insiste. Si vous pensez que c'est trop difficile pour vous, que le rythme est trop épuisant, ou que vous avez peur de ne pas savoir le manier, je comprendrais que vous arrêtiez. C'est compris ?"
"Je suis sûre de moi." dit-elle d'une voix assurée. "J'y arriverai."
Drago
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Pansy ne prononça pas un mot de toute la Répartition. Elle était visiblement préoccupée. Drago remarqua qu'elle levait fréquemment la tête en direction de Théo, comme pour vérifier qu'il allait bien. Il fallait dire que Théo était toujours aussi pâle, et ne regardait pas du tout la Répartition des premières années, il avait les yeux dans le vide. Les deux avaient eu l'air vraiment affectés par les Détraqueurs. Drago se demanda ce qu'elle avait ressenti, mais il se doutait qu'elle ne voudrait pas en parler, ou alors qu'elle le ferait en privé dans le lit de Drago.
Le premier mot qui franchit les lèvres de Pansy de toute la soirée furent sur un ton passablement irrité :
"Dites moi que c'est une plaisanterie…"
Drago, qui était plongé dans son observation de Potter et de Granger qui étaient arrivés en retard à leur table, se tourna vers elle :
"Quoi ?"
Pansy lui désigna l'estrade d'un coup de menton. Drago n'avait pas remarqué que Dumbledore s'était mis à parler, et encore moins que tout le monde était en train d'applaudir. Il pointait du doigt le gros balourd d'Hagrid, qui était devenu cramoisi et pleurait dans la nappe qui couvrait la table des professeurs.
"Qu'est-ce qu'il a ?"
"Il est professeur, apparemment. Soins aux créatures magiques." dit Blaise, légèrement dégoûté.
Drago fit la grimace :
"Hein ? Lui, professeur ?"
Puis, Drago réfléchit quelques secondes, et s'écria soudain :
"Oh non, ne me dites pas qu'on s'est inscrits dans son cours ?!"
"C'est toi qui l'a fait." fit remarquer Pansy. "Comme quoi on aurait "moins de devoirs" ! Si j'avais su, je ne t'aurais jamais écouté !"
"Je n'en avais aucune idée ! Je pensais que c'était un cours, pas une jungle ! Comment est-ce qu'il a pu être nommé professeur ?"
"Maintenant, je comprends mieux ce satané livre qui m'a mordu le bras." grommela Théo.
Pansy et Drago levèrent les yeux au ciel simultanément.
"Mais oui ! C'était sûr que c'était cet idiot qui mettrait ça dans une liste scolaire. Entre lui et Cooky de l'autre côté…" dit Drago en montrant du doigt le nouveau professeur, Lupin.
Tout le monde autour de lui éclata de rire en entendant la comparaison.
Pendant que Blaise commença à discuter avec Théo de l'emploi du temps qu'il penserait avoir le lendemain, Drago jeta un nouveau coup d'œil à la table des Gryffondors. Il vit Granger, qui était en train de faire deux pouces en l'air à Hagrid depuis sa table avec un grand sourire, pendant que Potter et Weasley étaient penchés sur leurs assiettes.
Comment cette fille pouvait-elle s'abaisser à un tel niveau ? Pourquoi traînait-elle avec des gens aussi bêtes ? Il ne la comprendrait jamais. Elle était censée être la fille la plus intelligente de cette putain d'école par Merlin, n'avait-elle pas déjà remarqué qu'ils étaient tous complètement stupides ?
Pour couronner le tout, Granger commença à manger en parlant à Londubat, qui l'écoutait attentivement. Elle était surexcitée : elle agitait ses bras dans tous les sens quand elle parlait, elle avait l'air de raconter une histoire exceptionnelle. Londubat l'écoutait comme si c'était la personne la plus intéressante qu'il avait pu voir dans sa vie. Drago avait presque envie de se lever pour aller écouter discrètement.
Il ne se rendit compte qu'à ce moment-là que les plats étaient arrivés sur la table et que tout le monde était en train de manger, sauf Pansy qui piquait mollement dans son assiette sans avaler la moindre chose et Théo, qui n'avait même pas pris la peine de mettre quelque chose dans son assiette. Même quand les desserts arrivèrent et que Drago se servit une énorme part de carrot cake, Pansy ne mangea rien.
"Tu fais une grève de la faim pour montrer ton mécontentement des nouveaux profs, Pans' ?" tenta-t-il.
La concernée eut un petit sourire, mais ne mangea toujours rien. Juste avant que les desserts ne disparaissent, il prit des cookies qu'il fourra dans sa poche, pour qu'elle puisse au moins avoir quelque chose dans l'estomac avant d'aller se coucher. Puis, tous les Serpentards se levèrent pour suivre le préfet, qui montrait le chemin vers la Salle Commune dans les cachots.
"Suivez-moi, suivez-moi !" lança-t-il en parlant aux élèves de première année. "Le mot de passe, c'est "Clématite" !""
"Arrggh." se lamenta Crabbe en marchant. "Pourquoi est-ce qu'ils utilisent toujours des noms incompréhensibles pour les mots de passe ? Comment on est censés les retenir, après ?"
"C'est une fleur." dit Théo. "T'es censé l'utiliser dans tes préparations de Potions depuis la première année, imbécile."
Il leva les yeux au ciel et marcha un peu plus vite pour passer devant Crabbe et Goyle et parla avec Pansy, qui était plus avancée dans le rang.
Crabbe fronça les sourcils :
"Il n'est vraiment pas sympa, Nott."
"Il a eu une sale journée." dit Drago pour calmer la tension. "Il est sur les nerfs, c'est tout."
"Et alors ?" intervint Goyle. "C'est pas une raison pour insulter !"
"C'est pas une insulte." dit calmement Blaise qui était à côté de Drago. "C'est la vérité pure et simple : vous êtes des imbéciles."
"Clématite !" énonça le préfet face au mur en pierres des cachots.
La porte se matérialisa dans le mur et chacun des élèves entrèrent un par un. La Salle Commune était étrangement encore plus accueillante que les années précédentes : les canapés avaient l'air plus confortables, et le froid qui régnait dans la pièce ne dérangeait pas du tout Drago, au contraire, ça lui rappelait un peu le Manoir.
"Je vais me coucher." lança Théo dès qu'il eut passé un pied dans la salle.
Sans rien dire, il s'échappa vers les dortoirs. Drago arqua un sourcil en direction de Pansy qui hocha la tête à son tour :
"On y va aussi ?"
Il acquiesça et se dirigea vers son dortoir. Sa valise était déjà installée sous le lit. Pansy apporta la sienne et commença à se mettre en pyjama dans la salle de bains pendant que Théo fermait déjà ses rideaux en souhaitant "bonne nuit" d'une petite voix. Drago échangea un regard inquiet avec Blaise.
Une fois préparés, Pansy jeta un sort de silence discret autour des rideaux du lit de Drago et s'installa contre les oreillers. Elle était toujours aussi pâle.
"Tiens, je t'ai pris ça." dit-il en lui tendant les deux cookies.
"Oh ! Merci."
Elle les prit dans la paume de sa main et croqua doucement chaque morceau qui s'était cassé.
"Comment tu te sens ?" demanda-t-il.
Le lit était plongé dans la pénombre, mais il pouvait voir d'ici ses sourcils se froncer et sa bouche frémir.
"Hm ? Comment ça ?"
"Arrête, je vois très bien que ça ne va pas, depuis le train. C'est le Détraqueur, c'est ça ?"
Elle se tourna vers lui et ses yeux noirs lançaient des éclairs :
"Ne dis rien. Ne te moque pas, s'il te plait."
"Quoi ? Pourquoi je me moquerais de toi, Pansy ?"
"Tu l'as dit à Potter. Tu t'es foutu de sa gueule."
"C'est pas pareil ! Je l'ai fait parce qu'il fait tout le temps son fier, à dire qu'il s'est battu contre Tu-Sais-Qui, alors qu'il s'est évanoui en voyant le Détraqueur. Et en plus, tu souriais quand je me suis moqué de lui !"
Elle ne répondit pas, mais semblait plus calmée. Cette fille était une énigme, il n'arrivait jamais à comprendre ce qu'elle ressentait vraiment. Il insista :
"Je l'ai fait pour remonter le moral de Théo, je me suis dit que si je lui montrais que pour Potter c'était pire, il oublierait ce qu'il lui est arrivé à lui."
"Je sais pas si ça a marché." dit-elle d'une petite voix. "C'est difficile à oublier."
"Pourquoi ? Comment tu le sais ?"
Elle mangea le dernier morceau de cookie, et tourna son regard un peu embué vers lui :
"J'ai ressenti des choses, aussi… Horribles…"
Pansy eut un frisson, mais poursuivit, comme plongée dans ses souvenirs douloureux :
"J'ai été tellement inquiète pour Théo que je ne me suis pas rendue compte que moi aussi, j'allais tomber. Quand le Détraqueur est parti, j'avais le souffle court et je n'arrêtais pas de voir…"
Elle s'interrompit, comme honteuse.
"Voir quoi ?"
"Ma mère. C'était comme si je revoyais ma mère partir, m'abandonner, encore et encore, même après que le Détraqueur soit parti."
Une larme roula sur sa joue.
Drago pouvait compter sur les doigts de sa main le nombre de fois où Pansy lui avait parlé de sa mère. Il savait qu'elle l'avait abandonnée quand elle avait 5 ans, qu'elle s'était enfuie en France et que Pansy n'avait jamais eu aucune nouvelle depuis, c'était tout. Elle n'abordait jamais le sujet. Il comprenait mieux pourquoi elle était aussi secouée.
Il ne savait pas quoi dire pour la rassurer, alors il se contenta de caresser doucement ses cheveux. Elle essuya l'unique larme qui avait coulé et le fixa une dernière fois :
"Promets moi de ne pas le dire aux autres, s'il te plaît." supplia-t-elle d'une petite voix.
"Non, Pans', je ne dirais rien. Promis."
