tw : blessure graphique, sang

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Hermione


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En rentrant dans la Grande Salle le premier jour de classe, il était difficile de ne pas remarquer Malefoy qui mimait Harry en train de s'évanouir pour faire rire sa table.

"Ne fais pas attention à lui." chuchota Hermione dans l'oreille d'Harry. "Ne t'en occupes pas, ça n'en vaut la peine…"

En réalité, elle essayait un peu de se convaincre elle-même de ne pas lancer un énorme doigt d'honneur au groupe de Serpentards.

"Hé, Potter !" cria Pansy Parkinson. "Potter ! Les Détraqueurs arrivent ! Potter ! Ooooooooh, mon dieu, je défaille !"

Hermione observa Malefoy, Parkinson, Crabbe et Goyle depuis la table des Gryffondors. Ils riaient, mais étrangement, Théodore Nott ne riait pas du tout. Il était assis à côté de Blaise Zabini, en train de lire le journal, et ignorait complètement ses amis.

Elle ne savait pas si c'était son imagination, mais elle trouvait que Nott avait changé, comme s'il avait pris cinq ans en un été. Ce n'était pas aussi flagrant que Blaise Zabini, qui dépassait tout le monde à la table des Serpentards, y compris les septièmes années. Il n'était pas non plus intéressé par le comportement de Malefoy.

Malefoy… Lui aussi avait grandi. Il était plus grand en taille, et son visage n'était plus du tout celui du petit garçon fier de première et deuxième année. Il avait changé sa coupe de cheveux : avant, ses cheveux étaient plaqués en arrière avec une grosse dose de gel, et maintenant, ses cheveux platines tombaient simplement sur son front. Ça lui allait beaucoup mieux, si on oubliait que c'était un crétin arrogant.

"Les emplois du temps des troisième année !" lança George en les faisant passer. "Qu'est-ce qui t'arrive, Harry ?"

"Malefoy." dit Ron.

"Ce petit idiot." répondit George en observant Malefoy à son tour. "Il était beaucoup moins fier, hier soir, quand les Détraqueurs sont venus fouiller notre compartiment, tu te souviens, Fred ?"

"Il a failli faire pipi dans sa culotte." dit Fred en jetant à Malefoy un regard de mépris.

"Je n'étais pas très à l'aise non plus…" dit George. "Ils sont vraiment horribles…"

Hermione perdit le fil de la conversation en analysant son emploi du temps. Dans sa tête, elle calculait déjà les journées où elle devra le plus utiliser son Retourneur de Temps : "deux fois aujourd'hui, une fois demain, deux fois vendredi…"

"Hermione," dit Ron en regardant par-dessus son épaule, "ils se sont complètement trompés dans ton emploi du temps. Regarde, ils t'ont collé une dizaine de cours par jour. Tu n'auras jamais le temps de tout faire."

"Je m'arrangerai. J'ai mis tout ça au point avec le professeur McGonagall."

"Impossible !" répondit-il en riant. "Tu as vu, ce matin ? Neuf heures: Divination. Et en dessous, neuf heures: étude des Moldus. Et... là, regarde ! Encore en dessous... Neuf heures: Arithmancie. Je sais que tu es brillante, mais personne ne peut être brillant au point de se trouver dans trois classes différentes à la fois."

"Ne sois pas stupide." répliqua sèchement Hermione. "Bien sûr que je ne vais pas suivre trois cours à la fois."

"Alors ?"

"Passe-moi la marmelade."

"Mais…"

"Ron, qu'est-ce que ça peut te faire si mon emploi du temps est un peu chargé ? Je t'ai dit que j'ai tout mis au point avec le professeur McGonagall."

Ron sembla sur le point de répliquer autre chose, quand l'arrivée d'Hagrid le déconcentra et il oublia rapidement l'emploi du temps d'Hermione. McGonagall avait raison : c'était facile de leur faire croire que c'était normal. Jamais Ron ou Harry ne se rendrait compte qu'elle remontait le temps pour assister à plusieurs cours, il fallait simplement leur faire changer de sujet. Ils n'étaient vraiment pas observateurs.

Hermione continua d'étudier son emploi du temps jusqu'à ce qu'ils arrivent dans la classe de Divination. Le premier cours de l'année ne fut pas le plus intéressant. La professeure annonça d'emblée qu'il ne fallait pas réviser avec des livres - ce qui horrifia Hermione -, mais qu'il fallait plutôt ouvrir son esprit pour découvrir les "voiles de l'avenir". Hermione faillit éclater de rire en entendant ça.

Ça lui rappelait Mary, qui adorait lire son horoscope tous les matins pour savoir ce qui allait lui arriver la journée-même. Hermione était étonnée de voir qu'une science aussi hasardeuse puisse être étudiée à Poudlard. La professeure Trelawney ressemblait un peu aux voyantes qui arrêtaient les passants dans les rues de Londres pour leur prendre de l'argent en faisant semblant de lire leurs avenirs.

Pendant le cours, elle balada son regard sur les fauteuils où étaient assis les élèves. Elle remarqua que Drago Malefoy n'avait pas pris cette option, ce qu'elle trouva bizarre parce que Pansy Parkinson était là, assise à côté de Blaise Zabini. Ils chuchotaient ensemble en ricanant. Théodore Nott n'était pas là non plus. Peut-être ne voulait-il pas réviser un cours aussi vague ?

À la fin du cours, elle suivit Harry et Ron jusqu'à l'entrée du cours de Métamorphose, lança un regard à McGonagall qui hocha très discrètement la tête, puis revint sur ses pas. Elle s'enferma dans un placard, attrapa le collier qu'elle avait mis sous sa robe et l'actionna une fois. Elle eut un vertige pendant que le placard à balais tournait autour d'elle, Hermione ferma les yeux, s'accrocha au sablier qui tournait lentement jusqu'à ce qu'elle retombe fermement sur le sol avec ses deux pieds.

Elle regarda sa montre : 8h50. Parfait. Elle sortit et se dirigea précipitamment vers le cours d'Études de Moldus. Peu d'élèves étaient installés. Hermione s'assit au premier rang et attendit sagement que la professeure arrive.

Le cours fut passionnant. C'était très intéressant de découvrir le point de vue des sorciers sur les moldus, et leurs inventions qui paraissaient excentriques pour la Professeure Burbage, alors qu'elles faisaient parties du quotidien d'Hermione. Elle prit la parole pour expliquer le fonctionnement des fours à la classe, et elle réussit à récolter 5 points pour Gryffondor.

Après ce cours, Hermione avait un peu mal aux pieds et commençait à avoir faim, mais elle fit tourner le sablier une seconde fois. 8h55. Elle devait faire très attention désormais, parce qu'il y avait deux doubles à elle dans les couloirs. En essayant de se souvenir du trajet qu'elle avait emprunté avec Harry et Ron pour éviter les couloirs en question, elle réussit à se faufiler dans la classe d'Arithmancie sans se faire voir.

Cette option-là était encore moins pleine qu'Études de Moldus. Il n'y avait pas d'autres Gryffondors, quatre Serdaigle, deux Poufsouffles et deux Serpentards : Drago Malefoy et Théodore Nott. Elle se doutait que Nott serait là, mais elle avait du mal à comprendre pourquoi Malefoy aurait pris une option si difficile.

Elle s'assit silencieusement et Nott lui jeta un regard rapide, et en la voyant, il eut un petit sourire de compétition. Hermione s'empara tout de suite de sa plume et suivit les calculs que la professeure Vector écrivait déjà au tableau avec sa baguette magique, plus déterminée que jamais à battre Nott dans cette matière aussi.

Elle se rendit compte que c'était le même principe que la Divination, mais avec des calculs et des schémas précis qui structuraient beaucoup plus le cours que "la vision du troisième oeil." Pas de chance pour Nott, elle réussit tous les exercices du premier coup, sans même cacher son sourire fier.

Quand il fut 10h pour la troisième fois de la journée, Hermione courut jusqu'au cours de Métamorphose et se mit à côté de Ron et Harry comme si de rien n'était. Elle avait presque oublié l'ambiance de la classe après les prédictions de Trelawney, jusqu'à ce qu'elle voit que tous les élèves regardaient Harry d'un air gêné.

Heureusement, McGonagall rassura tout le monde en disant que les cours de Divination commençaient de la sorte tous les ans. Hermione arqua un sourcil en direction de Ron, l'air de dire "je te l'avais bien dit."


Drago


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"Venez, venez, dépêchez-vous ! Vous allez avoir une bonne surprise ! Vous n'allez pas vous ennuyer, croyez-moi ! Tout le monde est là ? Très bien, suivez-moi !"

Drago entendit la voix bourrue d'Hagrid bien avant d'arriver devant sa cabane. Il poussa un soupir d'exaspération, et entendit Pansy murmurer entre ses dents "ça promet." Ils marchèrent en direction d'un enclos vide, et Drago grommela tout le long parce qu'il n'avait pas réussi à éviter une flaque de boue qui avait trempé tout le bas de sa robe.

"Rassemblez-vous le long de la barrière !" cria Hagrid. "Voilà, comme ça... Il faut que tout le monde puisse bien voir. Alors, première chose, vous allez ouvrir vos livres…"

"Comment on fait ?" demanda Drago.

"Quoi ?" répondit Hagrid, cet imbécile.

"Comment on fait pour ouvrir nos livres ?"

Il sortit de son sac l'énorme livre qui avait essayé de le mordre quand il l'avait acheté sur le Chemin de Traverse, qu'il avait serré avec une corde.

"Personne n'a réussi… à ouvrir son livre ?" demanda stupidement Hagrid.

Pansy sortit le sien, qu'elle avait comprimé avec une ceinture noire, et Théo n'osa même pas sortir le sien de peur qu'il tente encore de lui dévorer le bras.

"Il faut simplement le caresser…" expliqua le garde-chasse en prenant le livre de Granger. Il fit passer son doigt sur la reliure et le livre se calma aussitôt, comme s'il s'agissait réellement d'une bête sauvage. Pansy émit un rire moqueur.

"Oh, sommes-nous bêtes ! Il suffisait de le caresser ! On aurait dû le deviner tout de suite !" dit Drago d'un ton qui perçait clairement l'ironie.

"Je… je les trouvais plutôt drôles." dit Hagrid à Granger.

Granger le regardait comme si c'était un putain de génie.

"Oh, extraordinairement drôles !" lança Drago, ce qui fit rire Théo et Blaise. "Quelle merveilleuse idée de nous faire acheter des livres qui essayent de nous dévorer la main !"

"Silence, Malefoy." siffla Potter.

Drago n'avait aucune idée pourquoi le Trio d'Or avait lié un lien aussi fort et étrange avec ce demi-géant, mais ça énerva Drago, qui sentit la familière montée de colère se raviver doucement.

"Attendez-moi." dit Hagrid, visiblement décontenancé.

Drago se pencha rapidement vers Pansy, Blaise, Théo, Crabbe et Goyle et chuchota :

"J'ai une idée, mettez vos capuches pour faire croire qu'on est des Détraqueurs et faire chier Potter."

Pansy, Crabbe et Goyle hochèrent vigoureusement la tête, mais Théo et Blaise levèrent les yeux au ciel et s'éloignèrent légèrement.

Drago provoqua encore une fois Potter :

"Vraiment, cette école est tombée bien bas !" continua-t-il en faisant exprès de parler fort pour que Potter l'entende. "Voilà que ce bon à rien est devenu professeur ! Mon père va avoir une attaque quand je lui raconterai ça…"

Evidemment, il réagit au quart de tour :

"Silence, Malefoy !"

"Attention, un Détraqueur, derrière toi !" s'écria Drago en montrant du doigt quelque chose dans le ciel.

Il éclata de rire quand il vit Potter se retourner brusquement en cherchant la créature du regard. Même Weasley était tombé dans le panneau. Granger, elle, fixait Drago de l'air le plus méchant qu'elle pouvait avoir, c'est-à-dire ses sourcils froncés. Il était persuadé que si elle se mettait à parler à cet instant précis, elle aurait sa voix haut perchée.

Il remonta sa capuche, accompagné de Crabbe, Goyle et Pansy qui agitèrent leurs bras devant pour mimer les Détraqueurs. Potter les contempla une seconde, surpris, puis Granger s'interposa en lui attrapant le bras, fit une grimace écoeurée en le fixant et éloigna Potter devant la barrière de l'enclos vide.

"Haha, bien joué !" s'exclama Drago à l'adresse de ses amis qui avaient mis les capuches.

Il remarqua alors que Théo et Blaise étaient maintenant beaucoup plus loin, en face de l'enclos. Il fronça les sourcils et se rapprocha d'eux :

"Tout va bien ?" demanda-t-il à Blaise.

Théo fixait un point invisible en face de lui et ne lui prêta pas la moindre attention, mais Blaise lui répondit d'une voix glaciale :

"Non, tout ne va pas bien. C'était quoi ce numéro avec les capuches ?"

"Hein ? Juste une blague pour se foutre de la gueule de Potter, c'est tout. C'est quoi votre problème ?"

"Notre problème ? Drago, t'entends ce que tu dis ? Ça t'as pas traversé l'esprit que Théo n'avait peut-être pas envie de voir ça ?"

"C'était juste une blague."

"Laisse tomber, Blaise." dit Théo d'une voix blanche, toujours en évitant de regarder Drago. "C'est rien, c'est bon."

"Qu'est ce qu'il se passe ?"

Pansy s'était approchée du groupe de garçons et se positionna à côté de Drago, les bras croisés. Crabbe et Goyle étaient venus aussi, ce qui agaça Théo encore plus.

"Il se passe que vous êtes des idiots insensibles, c'est tout." dit Blaise, toujours sur un ton froid. "Imiter des Détraqueurs devant Théo ? Sérieux ?" ajouta-t-il à voix basse pour ne pas que Crabbe ou Goyle entende.

"Ça va, j'ai pas 5 ans non plus." grommela le concerné.

"C'était juste une blague !" répéta Drago, un peu agacé.

"Ça te tuerait de t'excuser, Dray ? Tu vois bien que c'était déplacé, pourquoi t'arrives pas à admettre que t'as fait une connerie ?" s'énerva soudain Blaise.

"Hé ! Laisse le tranquille, il n'a rien fait de mal, c'était juste une plaisanterie pour Potter. Il ne voulait pas faire de mal à Théo !" intervint Pansy avant même que Drago puisse ouvrir la bouche.

"De toute façon, tu le défends en permanence." répondit Blaise en la regardant de haut. "Vous êtes juste incapable de vous excuser."

Pansy fit alors la même chose que Granger quelques secondes plus tôt : elle empoigna le bras de Drago, et fit volte-face après avoir lancé son regard le plus mauvais à Blaise. Sauf que le sien était beaucoup plus menaçant que celui de Granger, il était sombre et n'invitait pas à répliquer du tout. Drago et Pansy s'éloignèrent.

"Laisse tomber, ils sont sur les nerfs c'est tout." dit Pansy dès qu'ils furent un peu plus loin.

Drago haussa les épaules. Il voulait vraiment faire croire qu'il s'en foutait, mais en réalité, il était affreusement gêné. La vérité, c'était qu'il n'avait pas pensé une seule seconde à Théo et comment il aurait pu réagir, trop aveuglé par son désir d'emmerder Potter. Maintenant qu'il voyait ce que ça avait causé, il se demanda sincèrement si ça en valait le coup.

Drago remarqua qu'à ce moment-là qu'Hagrid était revenu et avait apporté avec lui un troupeau d'hippogriffes.

"Quelle horreur." murmura Pansy en observant les créatures avec une grimace.

Il fallait dire qu'ils n'étaient pas les plus beaux animaux que Drago avait pu voir non plus.

Il observa Potter grimper sur l'hippogriffe avec dédain. La rage qu'il ressentait en le voyant réussir de la sorte lui serrait maintenant le cou. Il avait envie que Potter se fasse balayer par l'aile de l'hippogriffe et qu'il tombe par terre devant tout le monde. Quand Hagrid proposa aux autres élèves de s'approcher, Drago fit un pas en avant, mais Pansy lui retint le bras :

"T'es fou ? Tu veux monter sur ces trucs ?"

"Pas monter, juste regarder."

Il sentait la colère lui chauffer la poitrine. Il n'avait aucune idée pourquoi il ressentait des élans de rage comme ça, mais elles avaient le don de le faire agir impulsivement. Il s'approcha, suivi de Crabbe et Goyle, et caressa le bec de l'hippogriffe gris.

"C'est très facile." lança Malefoy. "C'est forcément facile, si Potter y est arrivé... Je parie que tu n'es absolument pas dangereux, n'est-ce pas, espèce de grosse brute repoussante ?"

Avant même de pouvoir se reculer, il vit les ailes de l'hippogriffe se déployer devant lui, et soudain, il sentit quelque chose de perçant lui couper la chair de son bras. Il fut projeté en arrière à cause de la violence du coup et serra son bras contre son corps : la douleur le transperça. En plus, sa chute lui avait coupé violemment la respiration. Il sentit le sang couler le long de la manche de sa robe, et il entendit vaguement le cri perçant de Pansy derrière lui.

"Je meurs ! Cette bestiole m'a tué !" hurla-t-il dès qu'il réussit à parler.

Il sentit les gros bras d'Hagrid le soulever de terre pour le porter. Dans le chaos, la douleur atroce de son bras et l'acouphène de son oreille qui l'empêchait d'entendre à cause du choc de sa tête contre le sol, il aperçut Granger ouvrir la barrière. Elle était inquiète, ça se voyait sur son visage, elle l'observait avec des grands yeux.

Il aimait bien ce regard, ça lui donnait de l'importance.

Hagrid était devenu livide. Drago ressentait un mélange de fierté d'avoir obtenu autant de réaction de la part de Granger, et de la fureur. C'était la preuve que ce garde-chasse lamentable n'était absolument pas capable de s'occuper d'un cours. Le sang avait tâché toute sa robe de sorcier.

Ils arrivèrent à l'infirmerie après ce qu'il sembla une heure et demie de marche. Il entendit la voix de l'infirmière retentir avec de l'écho autour de lui :

"Oh ! Qu'est ce qu'il s'est passé ?"

"Une blessure lors du cours de Soins aux Créatures Magiques, Malefoy s'est approché un peu trop près…" bégaya Hagrid.

"Approché un peu trop près !" glapit Drago qui peinait à ouvrir les yeux. "C'est vous qui avez dit de vous approcher, je l'ai simplement caressé et il m'a attaqué, déchiqueté le bras !"

Il sentit l'infirmière rouler la manche de sa robe pour dévoiler sa blessure. Il savait que son avant bras était ouvert, il sentait la plaie, même s'il ne voulait pas regarder. Hagrid eut un gémissement craintif qui énerva encore plus Drago.

"C'est de votre faute, vous et votre maudit pigeon !"

"D'accord, je pense qu'on va se calmer." annonça l'infirmière d'un ton sec. "Merci Hagrid, je vais m'occuper de lui."

Hagrid posa Drago dans l'un des lits de l'infirmerie et s'éloigna, tout penaud.

"J'ai mal, j'ai mal !" siffla Drago entre ses dents.

"Je vais refermer la plaie. Bois ça, tu ne devrais plus sentir la douleur."

Elle lui donna un verre d'un contenu laiteux qui ne sentait pas bon. Il l'avala d'une traite, et il sentit alors une sensation très étrange qui semblait émaner de son estomac, et qui se répandit dans tout son corps. Son bras ne lui faisait plus mal, comme s'il ne le sentait plus. D'ailleurs, il ne sentait plus rien du tout. Ses doigts étaient engourdis, ses jambes s'étaient comme détachées de son corps, et même sa langue était lourde et inutilisable. Il ne parvint qu'à gémir de douleur entre ses lèvres et risqua un regard vers son avant bras.

La plaie était béante et ensanglantée. Son bras était entièrement ouvert du haut de son poignet jusqu'à son coude. Il ferma les yeux et enfonça sa tête dans l'oreiller pendant que Madame Pomfresh tournait autour de lui pour mieux évaluer sa blessure. Puis, elle versa quelque chose dessus, et Drago savait que c'était de l'Essence de Dictam parce qu'il reconnut l'odeur, la même que celle qui avait émané dans le salon de Blaise.

Drago ne savait pas vraiment ce qu'était la potion qu'il avait bu, mais ça le mettait dans un état de semi-conscience qu'il n'aimait pas trop. Il cligna des yeux plusieurs fois en pensant reconnaître la voix de Pansy, mais il avait beau tourner la tête dans tous les sens, il ne la voyait pas. Il ne sentait plus son corps, c'était comme s'il flottait, et soudain, il s'endormit.

Quand il se réveilla, Pansy était assise à côté de lui. Elle était à moitié allongée sur le lit de l'hôpital, ses cheveux noirs contrastaient avec les draps blancs, mais quand il ouvrit les yeux, elle releva brusquement la tête :

"Drago ? Ça va ?"

Elle avait la voix rauque, et les yeux imbibés de sang. Elle avait beaucoup pleuré.

Il voulut dire "ça va", mais quand il essaya de parler, il n'arriva pas à s'arrêter de tousser. Pansy agita tout de suite sa baguette au-dessus d'un verre d'eau pour le remplir et lui tendit. Drago but doucement puis répondit :

"Ça va."

"Tant mieux." dit-elle d'une voix étranglée.

"Tu as pleuré ?"

Elle hocha un peu la tête et essuya ses joues, même s'il n'y avait plus aucune larme.

"C'est la deuxième fois que je vois un de mes amis se vider de son sang en à peine deux mois." gémit-elle pour se justifier.

"Mais non Pans', ça n'a rien à voir. C'était juste une coupure, pas comme Théo."

"Quand j'ai vu l'hippogriffe se jeter sur toi, j'ai revu tout et ça m'a… ça m'a…"

"T'en fais pas, je n'ai même plus mal."

"C'est parce que Madame Pomfresh t'as donné un anesthésiant pour ne pas que tu aies mal."

Drago leva la tête pour regarder son bras. La blessure était toujours exposée, mais beaucoup plus présentable, et recouverte d'une gelée étrange.

"C'est un accélérateur de cicatrisation." expliqua Pansy. "Ça permet de ne pas avoir de marque, ou une plus petite du moins. C'est plus long, mais ça te permet de retrouver ton bras comme neuf dans quelques jours. Tu devras porter des bandages."

Drago haussa les épaules. Il aurait aimé avoir une cicatrice sur l'avant-bras, il trouvait ça stylé. Puis, il se rappela des traces blanches qui entouraient le bras de Théo, et changea d'avis.

Pile à ce moment-là, la porte de l'infirmerie s'ouvrit et Théo et Blaise entrèrent. Ils avaient l'air inquiets, mais quand Théo s'assit à côté du bras de Drago, il grimaça.

"Quoi ?"

"Désolé, j'ai horreur du sang. Comment tu te sens, Drago ?"

"Pas trop mal, je ne sens rien de mon épaule jusqu'à mes doigts."

Théo hocha la tête en évitant de regarder la blessure et le visage de Drago, ce qui lui donnait un air bizarre à balayer ses yeux tout autour de l'infirmerie. Blaise, toujours aussi franc, ne se gêna pas pour lui lancer :

"T'as été sacrément con de faire ça, Dray. Qu'est ce qui t'as pris de t'en prendre à un hippogriffe ?"

"Je sais pas, j'ai pas réfléchi." dit-il sincèrement.

Il se souvenait avoir eu une montée de colère à cause de Potter, et qu'il s'était précipité sur Buckbeak sous l'impulsion. Maintenant qu'il y réfléchissait, c'était vrai que ça n'avait aucun sens.

"L'avantage, c'est que maintenant, ce gros balourd d'Hagrid va sûrement se faire renvoyer." dit-il.

Tout le monde semblait heureux à cette idée. Il se demanda si son père était déjà au courant, il n'avait aucune idée de l'heure qu'il était. Peut-être débarquerait-il comme une furie au milieu de l'infirmerie. Drago l'espérait secrètement, il aurait aimé savoir que ses parents s'inquiétaient pour lui.

Drago observa Théo du coin de l'œil. Il évitait toujours de regarder la blessure. Drago pouvait voir les traces blanches dépasser de son col, et il savait qu'elles continuaient sur son torse et ses bras. Il s'éclaircit la gorge :

"Je suis désolé Théo. Pour la blague des Détraqueurs et tout ça."

Drago ne s'excusait jamais. Depuis qu'il était enfant, il avait tendance à toujours minimiser ses erreurs, ou rejeter la faute sur les autres, ou s'énerver et partir quand on lui faisait remarquer qu'il avait tort. Mais il se sentait vraiment mal d'avoir blessé Théo, alors il l'avait fait.

Blaise arqua un sourcil et Théo ne cacha pas sa surprise, c'était probablement la première fois qu'il entendait un "désolé" sortir de sa bouche, mais il ne fit pas de commentaire et finit par le regarder enfin dans les yeux :

"T'inquiètes Malefoy."

Ils se firent un sourire et à cet instant, l'infirmière arriva en tenant une grosse bouteille entre les mains :

"Les visites sont terminées !" s'exclama-t-elle en voyant les trois élèves autour de Drago. "Et le dîner a commencé ! Allez, du balai !"

Pansy, Théo et Blaise se relevèrent. Pansy n'avait pas l'air de vouloir partir du tout, mais elle n'insista pas et souhaita simplement une bonne nuit à Drago avant de tourner les talons.

"Tenez." dit l'infirmière en lui tendant un autre gobelet.

Il but le médicament, puis observa Madame Pomfresh qui soignait sa blessure en tapotant dessus avec sa baguette. Il n'avait aucune idée de ce qu'elle faisait, mais il décida de ne pas demander. À la fin, elle fit apparaître un plateau avec une soupe à la tomate et des toasts grillés et retourna dans son bureau.

Il but la soupe et croqua les toasts, ce qui était très difficile à faire avec une seule main. Il aurait aimé manger avec ses amis.

Il poussa le plateau vide et posa sa tête sur l'oreiller, et probablement à cause des effets des somnifères, il s'endormit sans mal.

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Le lendemain, sa blessure était entièrement refermée et il pouvait de nouveau bouger le bras, mais Madame Pomfresh refusa tout de même qu'il sorte de son lit. Ça ne le dérangeait pas particulièrement, parce que ça lui faisait rater des cours. Il en profita pour écrire une lettre à sa mère et à son père qui racontaient l'accident, en omettant le fait qu'il avait insulté l'hippogriffe pour ne pas qu'ils disent que c'était bien fait pour lui.

À midi, l'infirmière s'approcha de son lit, et ses pas l'éveilla de sa sieste non désirée. Elle lui apporta un plateau de nourriture et lui dit d'une voix douce :

"Ton ami Théodore et Pansy sont passés te voir ce matin, mais tu dormais, alors je leur ai demandé de déposer ce qu'ils voulaient te donner sur ta table de chevet et de revenir après leurs cours."

"D'accord, merci."

Elle s'éloigna et Drago dégusta son déjeuner, suivis des chocolats que Pansy lui avait apportés. Théo, lui, avait posé une petite pile de livres pour qu'il puisse s'occuper. Drago soupira quand il vit que ce connard lui avait glissé un livre moldu entre deux manuels. Il devait être mort de rire en faisant ça, le connaissant. Il lut tous les livres pendant la journée, excepté celui qui était moldu, évidemment.

À 17h tapantes, Pansy, Théo et Blaise entrèrent dans l'infirmerie :

"Ça va mieux ?" demanda Pansy dès qu'elle fut assise sur la chaise à côté de lui.

"Un peu, j'ai bien dormi et je n'ai plus du tout mal."

Il lui montra son bras couvert de bandages avec un sourire qu'il espérait réconfortant. Elle avait les yeux gonflés, elle ne devait pas avoir beaucoup dormi. Drago se demanda si elle avait dormi dans son lit, même s'il n'était pas là.

"Qu'est-ce que j'ai raté ?" demanda Drago en prenant le jus de citrouille que Madame Pomfresh lui avait donné quelques minutes plus tôt.

"Pas grand chose, le cours de Botanique était chiant à mourir, et on a juste révisé quelques sorts de deuxième année en cours de Sortilèges." expliqua Théo. "Tu as aimé mon cadeau de ce matin ?" ajouta-t-il avec un sourire en montrant les livres sur la table de chevet.

"Ouais, très drôle." répliqua sèchement Drago en lui jetant le livre en question sur les genoux.

"Tu l'as lu ?"

"Bien sûr que non, Nott, je ne suis pas comme toi à lire des abominations pareilles en…"

"Tu aurais dû, ça t'aurait probablement calmé. Une jolie histoire d'amour entre deux Moldus qui n'ont pas le droit de s'aimer et qui chantent des chansons…"

Drago fit une grimace de dégoût et Théo éclata de rire en rangeant son livre dans la poche de sa robe.

"Il y a une chose que tu as raté." dit soudain Blaise, comme s'il se souvenait de quelque chose d'important. "Théo, dis-lui ce que tu as appris !"

"Quoi, Roméo et Juliette ?"

"Non, idiot. Pas ton livre, Black !"

Drago fronça les sourcils tandis que les traits de Théo se détendirent en comprenant :

"Ahhh, tu veux parler de mon incroyable découverte…"

"Crache le morceau, Nott." dit Drago.

Le concerné était tellement heureux de partager ce qu'il savait à Drago qu'il ne fit même pas de commentaire sur le nom qu'il avait utilisé pour l'interpeller :

"J'étais en train de lire les archives des préfets de l'école…"

"Pourquoi diable étais-tu en train de faire ça ?" coupa Drago.

Théo rougit légèrement :

"Euh… Pour voir… Si on pouvait s'inscrire…"

"C'est pas avant la cinquième année." fit remarquer Blaise.

"Je sais !" grogna Théo.

"Bon, et ensuite ?" pressa Drago.

"Et il y a un nom qui m'a intrigué. James Potter."

"Le père de Potter ?" demanda Drago, de plus en plus perdu.

"Exactement. Je savais pas qu'il avait été Préfet-En-Chef, je pensais que c'était du genre à frimer et désobéir à tous les règlements de l'école, comme son fils. Alors, ça m'a intrigué, et j'ai fouiné. Je suis tombé sur des vieilles archives de retenues. Rusard les garde toutes en réserve avec des détails et tout ça. Et j'en ai trouvé une bonne trentaine qui parlait de James Potter et de ses amis."

"À quoi veux-tu en venir ?" intervint Drago, excédé.

Ce n'était pas du tout une histoire passionnante comme il l'avait espéré. Théo lui fit un signe de la main :

"Attends, j'y viens, Merlin ! Dans les amis de Potter, il y avait Remus Lupin…"

"Le professeur ?" demanda Drago en fronçant encore une fois les sourcils.

"Oui !" s'exclama Théo, qui était maintenant tellement à fond dans ce qu'il racontait qu'il aurait presque pu faire un roulement de tambour pour annoncer la suite de sa phrase. "Et… Sirius Black !"

Drago ouvrit grand la bouche, à la grande joie de Théo qui remua frénétiquement la tête :

"Je sais, je sais ! Et j'ai mieux ! Je suis allé à la Bibliothèque, et je suis allée dans le rayon avec des albums d'anciens élèves pour montrer leurs carrières et leurs vies d'après Poudlard, et dedans, il y avait une photo de Potter et de Black, bras dessus bras dessous, avec en légende : "James Potter et Sirius Black - nouvellement parrain du fils de James Potter et de Lily Potter, élèves de Gryffondor - 1980 !"

La bouche de Drago s'ouvrit encore plus grand :

"Black est le parrain de Potter ?!"

"Oui !"

Pansy, qui n'avait pas l'air choquée de la nouvelle du tout, demanda d'un ton blasé :

"Mais pourquoi Black veut-il tuer Potter ?"

"Parce que c'est un Mangemort !" s'écria Drago, qui mettait les pièces du puzzle à leur place dans sa tête en même temps qu'il parlait. "Il s'est fait emprisonné après que les parents de Potter se soient fait assassinés par le Seigneur des Ténèbres, je l'ai lu dans la Gazette du Sorcier."

"Ça ne risque pas d'arriver, avec tous ces Détraqueurs à l'entrée de l'école." commenta Blaise.

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Le lendemain, il y avait une lettre sur sa table de chevet :

Cher Drago,

J'ai bien reçu ta lettre concernant l'accident. C'est un scandale. Ce bon à rien d'Hagrid mérite d'être renvoyé, et c'est bien ce que je compte faire. J'ai demandé un rapport à l'infirmière de l'école et au professeur Rogue pour évaluer tes blessures, et je me suis plaint au conseil d'administration. J'ai également envoyé un hibou au département de contrôle et de régulation des créatures magiques du Ministère pour qu'une audience d'urgence soit mise en place. Normalement, cet imbécile de garde-chasse devrait être viré rapidement.

Ta mère est très inquiète, elle a peur que tu ne puisses plus jamais utiliser ton bras. Merci de lui envoyer une lettre pour la rassurer le plus vite possible.

D'ici là, essaie d'être discret, et ne profite pas d'être à l'infirmerie pour ne pas faire tes devoirs. Tu as intérêt à arriver premier au classement général cette année.

Je te tiens au courant des procédures qui se mettront en place dans les prochaines semaines.

Cordialement,

Lucius Malefoy.

Madame Pomfresh l'autorisa à quitter l'infirmerie et il se rendit en cours de Potions avec son bras en écharpe. En se baladant dans les couloirs, il remarqua que son plâtre avait des avantages qu'il n'avait pas imaginé : les filles. Toutes les filles de son âge qu'il croisait le regardait comme si c'était un blessé de guerre, et affichaient toutes des airs de pitié et d'admiration.

Drago adorait être au centre de l'attention. Il se pavana dans les couloirs fièrement et arriva au cours de Potions un peu en retard. Il s'assit à son pupitre habituel, entre Pansy et Crabbe. Ce dernier lui demanda :

"Tu te sens mieux, Drago ?"

"Ça fait toujours un peu mal, mais ce plâtre est magique, il attire les filles comme un aimant."

"C'est vrai ?" demanda Goyle, impressionné.

"Comment ça va, Drago ?" demanda Pansy en se tournant alors vers lui. "Ça fait toujours très mal ?"

Sa voix était mielleuse, pas du tout comme d'habitude, et ses yeux étaient compatissants.

"Oui." affirma-t-il avec une fausse grimace de douleur.

Elle posa une main réconfortante sur son bras valide et se tourna vers Théo qui voulait lui montrer quelque chose. Drago regarda de nouveau Crabbe et Goyle :

"Vous voyez ?" chuchota-t-il avec un clin d'œil.

Goyle eut un rire gras et Crabbe avait écarquillé les yeux. Drago était sûr qu'il était en train de prévoir de se faire couper le bras aussi pour bénéficier du même traitement que Drago.

Il vit alors le regard de Granger, de l'autre côté de la salle. Elle n'écoutait pas Rogue qui listait la liste des ingrédients nécessaires pour la préparation de la potion, elle avait tourné la tête pour observer le plâtre de Drago avec ses sourcils froncés et sa lèvre légèrement retroussée. Quand elle vit qu'il l'avait surpris en train de l'étudier, elle détourna rapidement les yeux et rougit un peu.

Ces bandages étaient vraiment magiques ! Granger ne l'avait jamais regardé avec autant d'inquiétude, c'était une sensation bizarre. Il ne ressentait pas l'habituelle rage qu'il avait quand il la voyait, il se sentait important, fier, et c'était assez addictif.

Quand les travaux pratiques commencèrent, Drago se mit sur la table que partageaient le Trio d'Or et profita de son plâtre pour forcer Potter et Weasley à faire sa potion à sa place. Encore un avantage : plus besoin de travailler. Il espérait énerver Granger, mais elle était plongée dans sa propre préparation et ne regardait plus du tout Drago.

Tandis qu'il s'amusait à agacer Potter et Weasley en leur faisant couper toutes sortes d'ingrédients pour sa potion, le chaudron de Londubat laissait échapper une fumée orange. Dès que Rogue s'approcha de lui, il laissa échapper un gémissement craintif. Le professeur plongea sa louche dans le contenu de la potion du Gryffondor :

"Orange, Londubat !" lança Rogue. "Orange ! Sera-t-il jamais possible de faire entrer quelque chose sous votre crâne épais, Londubat ? Vous n'écoutiez pas quand j'ai dit qu'il suffisait d'un seul foie de rat ? Comment faut-il s'y prendre pour vous faire comprendre quoi que ce soit, Londubat ?"

"Monsieur, s'il vous plaît ?" intervint Granger d'une voix aiguë. "Je pourrais peut-être aider Neville ?"

"Miss Granger, je ne crois pas vous avoir demandé de faire votre intéressante." répliqua sèchement le professeur.

Drago vit Granger rougir intensément en baissant les yeux, et ça le fit sourire.

"Londubat…" poursuivit Rogue. "À la fin du cours, nous ferons avaler quelques gouttes de cette potion à votre crapaud et nous verrons ce qui se passera. Voilà qui va peut-être vous encourager à la préparer convenablement ?"

Dès que Rogue s'éloigna pour aller voir les chaudrons de Crabbe et Goyle, il entendit Londubat implorer Granger :

"Tu veux bien m'aider ?"

Evidemment, elle le fit. Drago pouvait la voir murmurer des indications à Londubat qui corrigea sa potion en mettant les bons ingrédients dans l'ordre, cette fois. Granger parvenait à lui donner des instructions, étudier la potion de Londubat, préparer la sienne qui avait une couleur verte pâle parfaite et vérifier que Rogue ne l'entendait pas tout à la fois. C'était tellement frustrant, comment faisait-elle pour faire ça ?

"Dans La Gazette du sorcier de ce matin, ils disent qu'on a repéré Sirius Black."

Drago se tourna subitement vers Finnigan, celui qui venait de parler.

"Où ça ?" demandèrent Potter et Weasley.

"Pas très loin d'ici. C'est une Moldue qui l'a vu. Bien sûr, elle n'a pas très bien compris ce qui se passe. Les Moldus pensent qu'il s'agit d'un criminel ordinaire. Alors, elle a téléphoné au numéro vert et quand les gens du ministère sont arrivés, il était déjà parti."

"Pas très loin d'ici…" répéta Weasley à voix basse.

Il croisa le regard de Potter :

"Qu'est-ce qu'il y a ? Tu veux que je t'épluche autre chose ?" demanda-t-il.

Granger avait relevé la tête sans arrêter d'aider Londubat et de verser ses propres ingrédients. Maintenant, elle arrivait aussi à suivre une autre conversation en plus de tout ce qu'elle faisait déjà.

"Tu veux essayer d'attraper Black à toi tout seul, Potter ?" demanda Drago.

"Exactement." répondit Potter d'un ton dégagé.

"Si j'étais à ta place, j'aurais déjà tenté quelque chose. Je ne resterais pas à l'école comme un gentil garçon, je sortirais d'ici pour aller le chercher." dit Drago à voix basse.

"Qu'est-ce que tu racontes, Malefoy ?" intervint Weasley.

"Tu ne sais donc pas, Potter ?" chuchota Drago. Il adorait connaître une information aussi importante et pas lui, c'était presque aussi satisfaisant que de le voir perdre ses moyens après une énième moquerie.

"Je ne sais pas quoi ?"

"Tu préfères sans doute ne pas risquer ta peau et laisser les Détraqueurs faire le travail ? Mais si j'étais toi, je me vengerais. J'essaierais de le retrouver moi-même."

"De quoi tu parles ?" dit Potter avec colère.

"Vous devriez avoir fini de mélanger vos ingrédients, maintenant." lança Rogue. "Il faut laisser la potion chauffer longtemps avant de la boire. Laissez-la infuser, ensuite nous essaierons celle de Londubat…"

Drago versa le reste de sa chenille dans sa potion qui prit la couleur verte pâle qu'elle était supposée avoir. Il leva la tête et vit que Granger continuait d'aider le pauvre Londubat. Elle avait toujours l'air de l'aider, et il avait remarqué qu'elle lui faisait du soutien scolaire tous les samedis après-midis à la Bibliothèque.

Quand Rogue saisit le crapaud de Londubat pour lui faire tester la potion, Drago savait qu'il n'aurait rien, grâce aux conseils de Granger. Et effectivement, la potion de Ratatinage de Londubat était parfaite.

Il croisa le regard de Granger qui était plein de défi. Elle le narguait, le défiait de la balancer à Rogue, elle était presque… insolente. Il arqua un sourcil, et ils se regardèrent longuement, mais Drago ne dit rien. Il ne savait pas pourquoi. Il aurait pu dire à Rogue qu'elle aidait Londubat depuis un quart d'heure, que c'était une Miss-Je-Sais-Tout qui avait visiblement un gros problème pour ne pas se mêler des affaires des autres.

Il pourrait lui donner une retenue, la voir pleurer de colère, mais à la place, il resta là sans rien dire, son regard plongé dans les yeux chocolat de Granger.