Hermione
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"Hermione, tu as l'air complètement épuisée. Comment as-tu réussi à faire tout ça ?"
Elle mangea l'un des petits cookies qu'Hagrid avait préparé pour éviter de répondre à la question. Son dossier sur le procès de Buck était terminé, et Hermione avait passé sa soirée chez Hagrid pour lui expliquer les derniers détails avant qu'il n'aille à la Commission d'Examen des Créatures Dangereuses, qui devait prendre place la semaine d'après. Quand elle prit une gorgée de thé, elle vit qu'Hagrid avait toujours les yeux rivés sur elle, dans l'attente d'une réponse.
"J'ai pas mal travaillé." dit-elle évasivement.
"Tu en fais trop, Hermione." dit-il de sa voix bourrue. "Je ne mérite pas tout ça, surtout avec tout le travail que tu as à côté."
"Vous êtes sûr que je ne peux pas venir avec vous ?" demanda-t-elle en pointant du doigt la pochette bleue qu'elle avait posée sur la table.
Hagrid secoua vivement sa tête :
"Non, hors de question. Tu en as déjà trop fait, je ne veux pas t'impliquer encore davantage là-dedans."
"Mais ça me ferait plaisir !" s'écria Hermione. "Je suis sûre que je pourrais demander une autorisation à la professeure McGonagall, elle m'aime beaucoup, elle me l'accorderait ! Je pourrais aller à Londres avec vous et Buck pendant que les autres vont à Pré-Au-Lard."
Hagrid fronça ses sourcils broussailleux :
"Pourquoi tu ne veux pas aller à Pré-Au-Lard ?"
"Je n'ai pas dit ça, je dis simplement que ça tombe bi…"
"Ron et Harry ne te parlent toujours pas ?"
Elle soupira légèrement. Hagrid avait le don pour comprendre ce qu'elle ressentait, même quand elle ne voulait pas en parler.
"Non…"
"Je vais leur parler."
"Non ! Hagrid, s'il vous plaît. Tout va bien, je vous promets. Le fait que je me sois disputée avec Ron n'a aucun rapport avec mon envie de vous accompagner au Comité. Je suis sûre que je pourrais vous aider à prouver que Buck est innocent."
Comme pour appuyer ses propos, Buck fit un petit cri depuis le lit d'Hagrid où il était allongé. Le garde-chasse regarda affectueusement son hippogriffe, mais secoua la tête une seconde fois :
"Non, je ne peux pas, Hermione. Mais je suis très touché par ta proposition."
Il fit basculer son regard sur elle, qui ne cachait pas son air déçu. Le visage d'Hagrid s'attendrit encore plus :
"Tu as vraiment l'air épuisée, Hermione." répéta-t-il doucement. "Tu ne dors pas bien ?"
"Pas vraiment."
"Tu as entendu ce qui est arrivé à Ron, hier ?" demanda Hagrid.
Hermione eut des frissons dans le dos rien qu'en se rappelant du cri effroyable qu'avait poussé Ron, la nuit dernière. Hermione n'avait pas réussi à fermer l'œil depuis, ça faisait presque plus de deux jours qu'elle était éveillée.
"Oui." dit-elle d'un ton lugubre. "Sirius Black."
"Il ne craint plus rien, maintenant." dit Hagrid en posant une main réconfortante sur l'épaule d'Hermione. "Tu n'as plus à avoir peur."
Hermione ne savait pas s'il voulait parler de Ron ou d'Harry, mais dans tous les cas, elle était reconnaissante qu'il la rassure de la sorte. Hagrid était l'une de ses personnes préférées de Poudlard, c'était celui vers qui elle se tournait quand elle avait besoin d'un parent. Dès qu'elle était avec lui, elle se sentait moins seule, et ne ressentait plus aucune honte à se confier. Mais elle pouvait voir qu'il était malheureux aussi. Pendant son explication sur les hippogriffes, il se retournait très souvent vers Buck avec les yeux brillants et la bouche un peu tremblotante. Elle espérait de tout coeur qu'il puisse le défendre pendant le procès.
Vers 15h, Hagrid lui resservit encore un peu de thé à la cannelle en guise de pause. Hermione reposa le papier sur le procès d'une énième créature qu'elle était en train de lire à Hagrid et but une longue gorgée pour se réchauffer. Hagrid se leva et lui montra plusieurs tenues qu'il pourrait porter pour le procès :
"Je ne peux pas porter celle-là, parce qu'il y a un trou dans la veste du costume."
"Et ça ?" demanda-t-elle en désignant une chemise qui pendait.
"Non, pas assez sérieux. Par contre, j'ai cette jolie cravate qui traîne quelque part…"
Pendant qu'Hagrid fouillait dans son placard, Hermione posa doucement sa tête contre ses bras pour reposer un peu ses yeux fatigués. Cinq minutes, se dit-elle, avant de sombrer dans le sommeil réparateur qu'elle attendait avec impatience depuis des semaines.
Drago
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"Dragooooo !"
Drago tourna la tête vers les gradins du terrain de Quidditch où se tenait Théo, les bras en l'air, tentant désespérément d'attirer son attention. Drago fit un signe à l'équipe de Serpentards et il redescendit en altitude pour rejoindre son ami :
"Quoi ?" demanda-t-il en posant son pied sur les gradins.
"Ah bah enfin, ça fait dix minutes que je t'appelle !"
Théo était vraisemblablement de mauvaise humeur. Drago savait pourquoi, il était très frileux, alors même s'il avait enfilé trois couches de vêtements et un bonnet bleu sur sa tête, son nez et ses joues étaient rouges de froid.
"Désolé, je n'entends rien avec le vent."
"Une lettre, pour toi. Ton père."
Drago enleva ses gants pour dérouler le parchemin que lui tendait Théo. Ce dernier sautilla sur place pendant qu'il commençait à lire, probablement pour tenter de réchauffer ses jambes frigorifiées par le vent glaçial. Au début, Drago n'arrivait pas à lire tant il faisait nuit, alors il sortit sa baguette de sa poche de robe de Quidditch et l'alluma :
Cher Drago,
Je t'écris de Londres, où se déroule le procès demain. J'ai croisé Hagrid dans les couloirs du Ministère, il n'en menait pas large. Pathétique. Je pense que lui-même sait qu'il n'a aucune chance de gagner son procès. J'ai parlé au directeur de la Commission, Backwood, et je lui ai laissé entendre ce que je pensais de cet hippogriffe. Visiblement, l'affaire est déjà dans la poche.
Cornelius Fudge en personne s'est déplacé, et comme c'est un bon ami, je pense que le bourreau peut déjà astiquer sa hache pour couper la tête de cette misérable créature dès maintenant.
Je te tiendrai au courant des évènements demain, quand le procès se terminera. J'espère que tu travailles dur pour que tes résultats soient plus convaincants que ceux de l'année dernière.
À demain,
Lucius Malefoy.
À la fin de sa lecture, Théo avait arqué un sourcil interrogateur :
"Comment est-ce qu'il peut être aussi convaincu qu'il va gagner contre Hagrid ?" demanda-t-il.
"Mon père a beaucoup d'influence. En plus, j'ai dit que j'avais été immobilisé pendant 3 mois avec mon bras. Mais j'ai quand même des doutes… Granger l'a aidé à préparer sa défense."
Théo haussa encore plus les sourcils :
"Comment tu sais ça, toi ?"
"Je l'ai croisée quand elle sortait du taudis d'Hagrid."
"Je ne savais pas que vous discutiez." fit remarquer Théo avec l'ombre d'un sourire.
"On ne discute pas, je lui ai juste dit que… Oh, laisse tomber." asséna-t-il en voyant l'air amusé de son ami.
Les bancs des gradins craquèrent un peu et Drago tourna la tête : Pansy était en train de s'avancer vers eux. Elle avait noué une longue écharpe noire autour de son cou où seuls ses yeux bordés de sa frange dépassaient.
"Pans' ? Qu'est-ce que tu fais là ?" demanda Drago.
"Je suis venue te regarder." répondit-elle simplement en s'asseyant sur l'un des bancs.
Drago ne cacha pas sa surprise : ça faisait des mois qu'elle ne l'avait pas regardé depuis les gradins. En réalité, ça faisait quelque temps qu'elle s'était un peu éloignée de lui, mais il connaissait assez Pansy pour dire qu'elle avait une phase de distance, et qu'elle lui dirait rapidement ce qu'elle avait dans la tête quand elle serait prête.
"Hein ?" s'exclama Théo qui dansait toujours sur place pour empêcher son corps de geler. "Mais tu vas être frigorifiée."
"Non, ça va." répondit-elle simplement. "Tu veux rester avec moi ?" demanda-t-elle à Théo en tapotant la place à côté d'elle.
"Plutôt mourir que de rester statique dans ce froid. Je ne sens déjà plus mes orteils. On se voit tout à l'heure !"
Et il s'éloigna rapidement en descendant les escaliers des gradins.
"Qu'est-ce que c'est ?" demanda Pansy.
Il suivit son regard et vit la lettre qu'il serrait encore dans sa main. Il la rangea dans sa poche d'un air absent.
"Rien, juste mon père qui me donne des nouvelles du procès de l'hippogriffe. Tu es sûre que tu veux rester ? Ça me fait plaisir que tu viennes me regarder m'entraîner, mais tu vas vraiment mourir de froid si tu restes là."
"Non, ça va." répéta-t-elle.
Maintenant qu'elle était assise en face de lui, Drago pouvait clairement sentir l'odeur maintenant familière du tabac froid qui suivait Pansy partout. Contrairement à celle de ses cigarettes, cette odeur-là n'était pas écoeurante, et étrangement assez apaisante. Malheureusement, elle sortit tout de suite un paquet noir de la poche de son manteau et en retira l'une des cigarettes, puis fit un petit feu avec le bout de sa baguette pour l'allumer.
"Ah, c'est pour ça que tu viens, en réalité." se moqua Drago.
"Quoi ? Ça réchauffe !" protesta-t-elle en tirant une taffe. "T'en veux ?"
"Pour la millième fois, non."
"Hé, Drago !" lança Marcus Flint de l'autre côté du terrain, toujours dans les airs. "Tu crois que l'un de nous va attraper le Vif d'Or ? Arrête de draguer et dépêche toi de revenir jouer !"
Drago leva les yeux au ciel en entendant ça. Pansy, elle, souriait. Il enjambea son balai, promit à Pansy de revenir vite et repartit dans les airs. Il monta le plus haut possible pour avoir une vue plus dégagée du terrain, et essaya tant bien que mal de ne pas confondre le Vif d'Or avec le bout de la cigarette allumée de Pansy un peu plus loin.
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Hermione
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Hermione avait préféré ne pas aller à Pré au Lard, pour pouvoir étudier à la Bibliothèque toute la journée. Elle n'alla même pas déjeuner, et passa donc de longues heures à rattraper les devoirs de la semaine, à sa table habituelle de la Bibliothèque. Elle fit une pause pour écrire deux longues lettres à ses parents et à Danny, à qui elle n'avait pas envoyé de nouvelles depuis trop longtemps. Une fois qu'elle eut terminé, elle continua son essai de Botanique qu'elle devait impérativement finir.
Elle était en train de relire une définition importante quand elle entendit un "clac clac clac" à côté d'elle. Hermione releva la tête un peu trop brusquement, peu habituée à se faire dérangée dans la Bibliothèque un samedi après-midi. Elle réalisa qu'il s'agissait en fait d'un hibou tout noir qui tapotait le carreau de la fenêtre. Il faisait déjà nuit noire, elle ne voyait presque pas le hibou sur le rebord de la fenêtre. Il tenait une lettre dans son bec.
Le sang d'Hermione ne fit qu'un tour en comprenant de qui ça provenait. Elle ouvrit la fenêtre et laissa entrer l'hibou qui ébouriffa ses plumes gelées et se pencha pour boire quelques gouttes du thé à la cannelle d'Hermione pendant qu'elle ouvrait la lettre.
Il y avait une grosse trace de larmes dessus, ce qui avait rendu le papier transparent par endroit, et difficile à décrypter :
Chère Hermione,
Nous avons perdu. J'ai eu l'autorisation de le ramener à Poudlard. La date de l'exécution sera bientôt fixée. Buck a beaucoup aimé Londres. Je n'oublierai pas toute l'aide que tu m'as apportée.
Hagrid.
En voyant l'écriture tremblante d'Hagrid, elle étouffa un petit sanglot. Ils avaient perdu. Hermione avait l'impression qu'un poids énorme venait de tomber subitement dans son ventre tant la déception lui fit mal. Elle rangea ses affaires pêle-mêle dans son sac, toujours en tenant la lettre dans sa main, et sortit de la Bibliothèque à grandes enjambées. Elle ne pouvait pas supporter de rester assise à la même place après avoir lu ça, il fallait qu'elle en parle à Ron et Harry, ou n'importe qui.
Elle se rappela que les garçons étaient peut-être encore à Pré-Au-Lard et songea vaguement à raconter toute l'histoire à Ginny pour se défouler, avant de rentrer frontalement dans quelqu'un au détour d'un couloir.
"Désolée, je n'ai pas…" commença-t-elle.
Elle releva la tête vers la personne dans laquelle elle venait de rentrer et tomba nez à nez avec la personne qu'elle voulait le moins voir à cet instant : Malefoy. Il était accompagné de Théodore Nott.
"Hé ! Regarde où tu marches, Granger !" s'exclama-t-il.
"T'es fier de toi, Malefoy ?"
Ce dernier la jugea d'un air mauvais, comme si elle était porteuse d'une maladie qu'il pouvait attraper d'une seconde à l'autre. Elle lui montra la lettre qu'elle avait serré dans son poing, bien consciente qu'elle avait les larmes aux yeux et qu'elle devait ressembler à une folle à s'agiter comme ça devant eux :
"On a perdu ! Un pauvre animal va être tué, par ta faute, juste pour un caprice ! Tu ne ressens même pas la moindre culpabilité ?"
Pendant une seconde, Hermione crut jurer voir de la surprise sur le visage de Malefoy, qu'il effaça bien vite pour revêtir son fameux sourire en coin infernal :
"Tu croyais sincèrement que cet alcoolique d'Hagrid allait gagner son procès ? Il ne sait probablement même pas lire."
Elle s'avança vers lui, enragée, et il eut un bref mouvement de recul.
"Arrête ! Tu ne sais même pas de quoi tu parles !" hurla-t-elle. "Tu te sens important parce que ton père a des contacts au Ministère, mais je suis sûre qu'il a payé les gens de la Commission ! Tu n'as pas de quoi être fier, Malefoy ! Si j'avais un père aussi minable que le tien, j'arrêterais de me pavaner dans le Château comme s'il m'appartenait !"
Il s'apprêta à répliquer, mais Théodore Nott l'en empêcha :
"Ok, on se calme, tous les deux. Viens, Drago, on va dans la Salle Commune."
Il lui empoigna le bras et ils contournèrent Hermione pour continuer leur chemin.
C'était la première fois qu'elle entendait la voix de Nott en dehors de ses quelques interventions en classe, et elle était étonnamment beaucoup plus douce que celle de Malefoy. Mais elle fulminait beaucoup trop pour l'analyser davantage, alors elle tapa du pied sur le sol en pierre pour se défouler, puis partit rejoindre Ron et Harry.
Elle monta les escaliers jusqu'à la Salle Commune des Gryffondors. Depuis l'intrusion de Sirius Black dans le dortoir des garçons, le Chevalier du Catogan avait été viré, et la Grosse Dame avait accepté de reprendre son rôle. Au moment où elle allait prononcer le mot de passe, elle entendit la voix de Ron dans son dos, en train de monter les escaliers :
"C'est moi qui t'ai encouragé à venir. Lupin a raison, c'était stupide. On n'aurait pas dû faire ça…"
Elle s'approcha d'eux et Ron fronça férocement les sourcils en la voyant :
"Tu vas nous expliquer que c'est bien fait pour nous ?" demanda-t-il froidement. "Ou alors tu viens nous dire que tu nous as dénoncés ?"
"Non." répondit-elle piteusement. "Je pensais simplement que vous voudriez être au courant... Hagrid a perdu son procès. Buck va être mis à mort."
Elle leur donna la lettre qu'ils lurent tous les deux silencieusement, puis Harry s'exclama :
"Ils ne peuvent quand même pas faire ça. C'est impossible. Buck n'est pas dangereux !"
"Le père de Malefoy a intimidé les membres de la Commission." expliqua Hermione sans cacher sa colère dans sa voix. "Tu sais comment il est. Il y a toute une bande de vieux gâteux là-dedans et ils ont eu peur. Il va y avoir un appel, bien sûr, il y en a toujours un. Mais je ne vois aucun espoir. Rien n'aura changé d'ici là."
"Si, ça va changer." s'écria Ron. "Cette fois, tu n'auras pas à faire le travail toute seule, Hermione. Je vais t'aider."
Elle sentit un profond soulagement en entendant ces mots, et toute l'injustice qu'elle ressentait depuis qu'elle avait reçu la lettre d'Hagrid la fit pleurer. Elle se jeta sur Ron pour l'étreindre :
"Oh, Ron ! Je suis vraiment, vraiment désolée pour Croûtard."
Quand elle se détacha de Ron, il avait les joues rouges et un petit sourire timide aux lèvres :
"Oh, de toute façon, il était vieux. Il ne servait pas à grand-chose. Maintenant, on ne sait jamais, peut-être que mes parents vont m'acheter un hibou."
Hermione était tellement heureuse d'avoir retrouvé ses deux amis que sa déception et sa colère contre Malefoy s'était presque dissipée.
Hermione
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Hermione était tellement débordée de travail que le mois de Mars défila en quelques secondes. Elle était habituée aux secousses du Retourneur de Temps désormais, mais son rythme était toujours aussi instable. Elle ne dormait que quelques heures par nuit et buvait cinq cafés pour se réveiller, tous les jours. Maintenant, elle révisait assidûment pour les examens, qui devaient avoir lieu en juin, contrairement à Ron et Harry qui n'avaient même pas jeté un coup d'oeil à leurs notes de l'année.
Le premier lundi d'avril, Hermione fit son détour hebdomadaire vers la salle de Métamorphose avant d'aller prendre son petit-déjeuner, pour vérifier les derniers résultats qui étaient toujours affichés là. Elle s'approcha de la porte où ils étaient accrochés et chercha la liste des troisièmes années. Elle était première du classement général, comme tous les lundis depuis la première année. Hermione fit ensuite glisser son doigt le long de la liste des résultats par matière, et s'arrêta subitement à celle de Sortilèges :
1- Drago Malefoy, Serpentard
2- Hermione Granger, Gryffondor
3- Théodore Nott, Serpentard
Hermione cligna des yeux et relut plusieurs fois le classement. Mais non. C'était bien ça, Drago Malefoy était premier, avant elle. Elle tourna aussitôt la tête des deux côtés, comme pour vérifier que personne n'avait remarqué cette liste.
Il l'avait déjà dépassée quelques rares fois en Potions. Théodore Nott avait aussi eu des meilleures notes qu'elle dans certains essais, ce qui l'énervait à chaque fois. Mais jamais Malefoy n'avait eu une meilleure place qu'elle dans une matière aussi importante. Comment avait-il pu réussir comme ça ?
Elle n'avait aucune excuse. Flitwick n'avait jamais avantagé les Serpentards, et elle n'avait pas eu la sensation d'avoir raté ses derniers devoirs rendus. Il avait été simplement plus fort qu'elle sur ce coup-là.
Hermione tourna les talons pour aller déjeuner, l'esprit embrouillé. Si elle n'avait pas eu autant d'options, peut-être qu'elle aurait eu des meilleurs résultats. Avait-elle mis de côté ses matières principales ? Ou Malefoy avait-il simplement été pris d'un entrain à travailler ?
Quand elle arriva dans la Grande Salle, elle regarda automatiquement l'objet de ses réflexions, à la table des Serpentards. Évidemment, il était déjà assis, et jubilait. Il savait, il avait vu le classement. Son petit sourire satisfait le prouvait. Elle détestait ça, cette sensation d'être inférieure à lui quelque part, qu'il puisse se vanter là-dessus, dans son domaine.
Elle s'assit furieusement à la table des Gryffondors et récolta un regard curieux de la part d'Harry.
"Qu'est ce qui t'arrive, Hermione ?" demanda-t-il.
"Malefoy. Il m'a dépassée en Sortilèges, c'est la première fois. Et il me regarde comme s'il avait sauvé le monde des sorciers, avec son petit sourire que je ne supporte pas." grogna-t-elle.
Harry se retourna pour chercher Malefoy dans la foule d'élèves, et quand il le trouva, Malefoy lui fit le regard le plus insolent possible.
"Comment tu peux savoir qu'il t'a dépassée ?" demanda Ron en mangeant ses céréales.
Hermione se tourna vers lui, abasourdie :
"Grâce au classement des élèves."
"Le quoi ?"
"Le classement des élèves. C'est dans la salle de Métamorphose, mis à jour tous les lundis matins. Tu ne le savais pas ?"
"Non." répondit simplement Ron en haussant les épaules. "Comment veux-tu que je sache ça ?"
Hermione secoua la tête d'un air désapprobateur. Elle ne comprenait pas comment on pouvait ignorer ce genre d'informations capitales en troisième année.
Derrière l'épaule d'Harry, elle pouvait voir les visages de Théodore Nott et de Drago Malefoy, de l'autre côté de la Grande Salle, et l'un des deux avait visiblement l'intention de lui prouver qu'il connaissait bien ce classement, lui.
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Drago
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Drago comprenait maintenant pourquoi Théo était aussi investi dans ses études. C'était un sentiment incroyable de dépasser Granger dans quelque chose. Il avait choisi de persévérer à fond dans une matière, Sortilèges, pour tenter de grappiller des points par-ci par-là sans qu'elle s'en rende compte. Au bout d'un mois, son travail acharné avait porté ses fruits, parce qu'il avait réussi à passer premier du classement de la matière, juste au-dessus de Granger qui avait été reléguée à la seconde place.
Depuis, il passait son temps à le faire remarquer à Granger dès qu'elle passait près de lui. Il prenait un plaisir fou à voir son visage se déformer de colère quand il faisait référence à sa place dans le classement. Il savait que ça n'allait pas durer longtemps, alors il profitait de son heure de gloire le plus possible.
Parfois, elle se retournait vers lui, le visage dur. Une fois, en Arithmancie, elle avait même réagi à sa pique en lui répondant sur le même ton, pour son plus grand plaisir. Il adorait la titiller jusqu'à ce qu'elle soit incapable de se contenir et d'exploser en flots d'insultes ou de répliques bien senties. Par contre, il s'était rendu compte avec regret qu'elle recommençait à parler à Potter et Weasley, et à chaque fois qu'elle était accompagnée d'eux, elle ignorait complètement Drago, faisant presque semblant de ne pas l'entendre se vanter de ses notes. C'était agaçant. Elle ne voulait jamais lui parler quand elle était entourée de ses deux stupides amis, et il n'avait même pas le droit à un regard de sa part dans ces cas-là.
Le temps glacé fut remplacé par un mois d'avril bien plus ensoleillé, mais c'était toujours une horreur de se rendre en cours de Soins aux Créatures Magiques. Depuis l'accident de l'hippogriffe, l'imbécile d'Hagrid n'avait plus osé montrer la moindre créature un peu intéressante, et se contentait de leur faire enseigner les Veracrasses, soit l'animal le plus ennuyeux du monde.
Après une heure de promenade le long du jardin de Poudlard à promener les Veracrasses, Drago remonta en direction du Château avec Crabbe, Goyle et Blaise. Devant eux, ils pouvaient entendre la voix chevrotante d'Hagrid qui se plaignait :
"C'est vraiment terrible. Lucius Malefoy tient cette commission dans le creux de sa main. Tout ce que je peux faire, c'est essayer de rendre Buck le plus heureux possible pendant le temps qu'il lui reste à vivre. Je lui dois au moins ça…"
Le garde-chasse s'éloigna tandis que Granger, Potter et Weasley s'étaient rassemblés en bas des marches de l'escalier. Drago éclata d'un rire sonore pour attirer leur attention :
"Regarde-le pleurnicher !"
Crabbe et Goyle rièrent aussi, mais Drago remarqua que Blaise s'était éloigné aussi. Il ne voulait sûrement pas prendre part à ce genre de conversation. Drago continua sur le même ton moqueur :
"Jamais vu un type aussi lamentable."
Il regardait Granger en disant ça. Quand elle l'entendit, elle se retourna vivement vers lui. Il ne l'avait jamais vue aussi fatiguée et furieuse de sa vie. Ses cheveux étaient encore plus en pétard que d'habitude, et ses yeux étaient rouges et injectés de sang à cause d'un manque de sommeil évident. Soudain, elle traversa la cour en grandes enjambées, droit vers lui. Ne s'attendant pas à une telle rage, il resta simplement planté là, à l'observer arriver comme une furie :
"Toi ! Espèce de cafard !"
Il faillit rire en entendant cette insulte puérile, mais il évita, parce qu'il avait vraiment peur du regard noir que lui lançait Granger à cet instant. Elle s'arrêta à quelques centimètres de lui, et sans qu'il s'y attende, dégaina sa baguette qu'elle pointa vers son cou exposé. Il entendit vaguement Weasley s'exclamer :
"Hermione ! Laisse-le, il n'en vaut pas la peine !"
Ils se fixèrent dans les yeux. Elle avait l'air déterminée, poussée par une fureur qu'il n'aurait jamais cru susciter en disant ça. Elle avait vraiment une grande affection pour le demi-géant, il ne l'avait jamais entendu défendre quelqu'un avec autant de ferveur que lui.
Puis, elle retira sa baguette et se retourna pour rejoindre Potter et Weasley. Drago laissa échapper un soupir qui s'était coincé dans sa gorge. Et là, Granger se retourna de nouveau brusquement, et le frappa de toutes ses forces en plein dans le visage.
Il vacilla sous la puissance du coup.
Elle n'avait pas fait ça.
Elle ne venait pas de le frapper comme ça. Il avait rêvé. Non ?
Une main sur sa joue lui confirma que ce n'était pas un rêve : elle était endolorie et déjà gonflée. Hermione Granger venait de lui mettre un coup de poing.
Crabbe et Goyle l'observaient stupidement, incapables de savoir quoi faire. Sa vision était brouillée, mais il vit distinctement la silhouette de Granger s'éloigner, et les sourires victorieux de Potter et Weasley.
Il ressentit alors la pire vague de colère qu'il n'avait jamais eue. Elle l'avait frappé. Il n'aurait jamais pensé qu'elle puisse faire ça, franchir cette limite interdite. Peu importe le nombre d'insultes qu'ils s'étaient envoyées depuis trois ans, jamais Drago n'aurait levé la main sur elle. Ce n'était pas du jeu, ça sortait complètement de leurs "règles", de leur entente tordue qu'ils avaient établi sans le vouloir.
Drago sentit la brûlure familière de colère monter en lui, multipliée par dix. Elle le paralysait presque, l'empêchait de respirer, lui comprimait les côtes. Il était tellement furieux qu'il avait envie de briser quelque chose, n'importe quoi, de se venger en éclatant ses phalanges.
Ou mieux encore, il avait envie de se défouler sur elle, lui déverser sa haine sous la forme des mots qu'il visait toujours juste pour la mettre hors de ses gonds.
Sans s'en rendre compte, il s'éloigna de Crabbe et Goyle à toute vitesse. Il voulait partir, s'échapper de cet endroit pour tenter de faire redescendre son rythme cardiaque. Mais il avait beau marcher encore et encore, la rage continuait de se déchaîner en lui comme un démon. Il la détestait, haïssait, il voulait qu'elle paye pour ce qu'elle venait de faire.
"Drago ? Qu'est-ce que tu fous là ?"
Il s'arrêta en entendant la voix de Pansy. Elle était assise par terre, seule, appuyée contre la serre de Botanique numéro 3. Elle ne portait rien d'autre sur elle qu'une simple chemise blanche et une jupe noire, laissant entrevoir ses longues jambes.
"Tu n'as pas froid ?" demanda-t-il.
"Qu'est-ce que tu as au visage ?" demanda-t-elle au même moment.
Il regarda autour de lui. Il n'avait pas réalisé qu'il avait marché aussi loin. Il n'y avait personne autour d'eux, toute la cour était vide. Ils entendirent la cloche qui indiquait le début des cours, mais aucun des deux n'y firent attention.
Drago s'assit subitement à côté de Pansy et passa plusieurs fois ses mains sur son pantalon pour essayer de calmer le tourbillon d'émotions qui lui prenait toujours les tripes.
"Je suis furieux." marmonna-t-il en évitant de regarder Pansy.
Elle devait l'avoir vu, c'était plutôt évident qu'il n'allait pas bien. Elle enfonça sa main dans la poche de sa jupe et en sortit un paquet noir.
"Tiens."
Il regarda le paquet ouvert, puis se dit "et puis merde", et prit l'une des tiges blanches. Pansy ne sembla pas surprise qu'il cède. Elle alluma le bout de la cigarette avec sa baguette, et Drago la coinça entre ses deux lèvres un peu tuméfiées.
Pendant que Pansy se servait aussi, il inspira longuement. Au début, ça le fit tousser, et l'odeur de la fumée lui donnait la nausée. Puis, après plusieurs taffes, il commença à sentir ses muscles se décontracter, sa respiration ralentir un peu.
"Ça fait du bien, hein ?" dit Pansy en fumant sa cigarette à son tour. "Ça calme. Je crois qu'il y a une sorte d'additif dedans."
Drago réprima un rire. Évidemment qu'il y avait un additif, Pansy n'arrivait plus à s'en passer. Il la voyait fumer tout le temps, ces derniers temps. Maintenant qu'il avait goûté, il comprenait pourquoi elle aimait tant ça. Il n'avait jamais décoléré aussi vite. Sa crise de colère était passée, il n'avait plus envie de frapper quelque chose, il ne faisait que répéter inlassablement ses inspirations sans parler.
Ils restèrent assis là une bonne heure, enchaînant les cigarettes sans un mot. Pansy avait l'air plongée dans ses propres pensées et ne prenait que quelques inspirations de fumée de temps en temps, qu'elle recrachait calmement. Drago, lui, était toujours aussi énervé, même s'il le ressentait moins. Quand la cloche sonna de nouveau et que quelques élèves sortirent de nouveau dans la cour de l'école, Pansy écrasa le reste de son mégot contre le sol et le rangea dans sa poche. Drago, lui, avait les yeux fixés sur un point en face de lui.
"Je promets." commença-t-il, la voix sèche d'avoir tant fumé. "Je promets que je vais faire souffrir Hermione Granger. Pire encore, je promets que je vais la détruire."
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Hermione
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Elle sentit quelqu'un la remuer légèrement, et elle ouvrit les yeux. Hermione avait tendance à se réveiller souvent dans ces conditions ces derniers temps, c'est-à-dire complètement affalée sur un livre. Elle s'habitua à la luminosité en essayant de comprendre où et quand elle était.
C'était la Salle Commune des Gryffondors, mais elle ne savait pas quel jour. C'était Harry qui l'avait réveillé, il avait l'air inquiet, tout comme Ron qui était juste derrière lui et la regardait de la même manière que quand elle s'était transformée malencontreusement en chat, l'année précédente.
Elle réalisa à cet instant qu'on était jeudi, et qu'elle venait de remonter le temps. Elle se releva brutalement :
"Qu… ? Quoi ? C'est déjà l'heure ? Qu'est ce qu'on a comme cours, maintenant ?"
Elle essaya vainement de se situer dans sa matinée, mais elle était incapable de dire où elle était supposée être à cet instant, et elle avait un vertige.
"Divination." lui répondit Harry d'un ton alarmé. "Mais c'est dans vingt minutes. Hermione, comment ça se fait qu'on ne t'ait pas vue au cours de Sortilèges ?"
"Quoi ? Oh non, j'ai oublié d'y aller !"
Elle fit défiler sa matinée encore une fois. Soins aux Créatures Magiques, la gifle de Malefoy, le Retourneur de Temps… Elle avait voulu réviser un chapitre, mais s'était endormie, et maintenant, elle ne pouvait plus aller en cours de Sortilèges, parce qu'Harry et Ron ne l'avaient pas vue là-bas ! Comment avait-elle pu être aussi inconsciente ?
"Oublié ?" s'étonna Harry. "Mais tu étais avec nous jusqu'à ce qu'on arrive devant la porte !"
"Je n'arrive pas à y croire. Le professeur Flitwick devait être furieux contre moi ! C'est à cause de Malefoy. Il m'a tellement mise en colère que je ne savais plus où j'en étais."
"Tu sais quoi Hermione ?" dit doucement Ron en observant la table en bazar. "Je crois que tu es surmenée. Tu en fais trop."
Si elle avait reçu un Galion à chaque fois que quelqu'un lui avait dit ça depuis le début de l'année, elle serait probablement plus riche que Malefoy.
"Non, certainement pas !" protesta-t-elle en se relevant. "Je me suis simplement trompée, c'est tout. Je vais aller voir le professeur Flitwick et lui dire que je suis désolée… Je vous retrouve en Divination."
Elle passa par le portrait et se précipita vers la classe de Sortilèges. Elle n'en revenait pas, elle venait de louper un des cours les plus importants de l'année ! Pour une sieste ! Elle ne se souvenait même plus du moment où elle s'était endormie. En tout cas, son dos était en miettes à force d'avoir été courbée sur son livre en dormant, et elle avait encore la tête qui tournait, comme si elle était encore en train de revenir dans le passé. Les couloirs tournoyaient autour d'elle comme dans une spirale, et elle faillit même tomber plusieurs fois.
"Professeur Flitwick !" appela-t-elle dès qu'elle l'aperçut, en train de sortir de sa classe.
"Oui, Miss Granger ?"
"Je suis vraiment navrée d'avoir raté votre cours, j'ai eu… Une panne de réveil." dit-elle d'une petite voix aiguë. "Ça ne se reproduira plus, je vous le promet, et je vais faire en sorte de rattraper les cours dès ce soir."
Flitwick la regarda avec étonnement. Elle savait que beaucoup d'élèves séchaient les cours, mais elle ne pouvait s'empêcher de vouloir s'expliquer sur la raison de son absence.
"Très bien, Miss Granger. Ne vous en faites pas, ça arrive à tout le monde. Vous n'avez qu'à demander à Mr. Potter ou Mr. Weasley pour les devoirs de la semaine prochaine, il faudra savoir réaliser un Sortilège d'Allégresse, même si je n'ai aucun doute que vous sachiez déjà les faire à la perfection. Bonne journée à vous, Miss Granger."
Hermione ferma les yeux en entendant ça, dépitée d'avoir raté un cours aussi important que les Sortilèges d'Allégresse. Elle n'avait pas le temps de rattraper ça, elle devait déjà terminer sa dissertation d'Histoire de la Magie, et sa séance de révisions avec Neville devait porter sur la Métamorphose, ils n'auront pas le temps de revoir les Sortilèges… À moins qu'elle ne remonte encore une fois le Retourneur, pour avoir le temps de s'entraîner…
Elle fit demi-tour, mais cette fois-ci, elle fut prise d'un vertige beaucoup plus violent qu'avant. Sa tête vacilla, et elle tomba en arrière après avoir tourné de l'œil.
Quand elle ouvrit les yeux, elle fut surprise de voir qu'elle avait été rattrapée par quelqu'un. Et ce quelqu'un la regardait avec la même expression de choc qu'elle devait avoir sur le visage actuellement.
Blaise Zabini.
"Granger." dit-il de sa voix posée.
Il la remit sur pied et elle se stabilisa, toujours en gardant les yeux fixés sur le visage impassible de Zabini.
"Désolée, je suis tombée."
Elle se gifla mentalement pour cette réflexion parfaitement idiote. Évidemment qu'il l'avait vu, elle venait de tomber sur lui. Il secoua la tête plusieurs fois, et ses lèvres s'étirèrent dans un petit sourire :
"Si je te connaissais un peu plus, Granger, je dirais que tu es exténuée. Théo avait donc raison."
Elle ne voyait pas du tout ce qu'il voulait dire, mais elle était bien trop embarrassée pour lui demander d'expliquer plus en détails. Il haussa simplement les épaules et s'éloigna, mais juste avant de se retourner, il lui murmura :
"Et bien joué pour la gifle, ce matin."
Elle resta plantée là, bouche-bée, tandis qu'il s'éloignait dans la foule d'élèves.
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Est-ce que cette journée pourrait encore s'empirer ?
Apparemment, oui.
Hermione arriva devant l'escalier en colimaçon du cours de Divination, le cours qu'elle aimait le moins. Les effluves de feuilles de thé séchées qu'elle pouvait sentir dès qu'elle mit un pied dans la salle étouffante lui donnèrent mal à la tête.
"Je croyais qu'on ne devait pas faire les boules de cristal avant le prochain trimestre." fit remarquer Ron.
En effet, il y avait plusieurs boules de cristal disposées un peu partout sur les tables. Harry, Ron et Hermione prirent place à l'une des petites tables rondes, et la professeure Trelawney sortit alors de l'ombre comme un spectre :
"Bonjour à vous tous !" dit-elle de sa voix la plus gutturale.
Lavande et Parvati frémirent sur leurs chaises, ce qui agaça encore plus Hermione. Comment pouvaient-elles être aussi impressionnées par ce genre de numéro de pacotille ?
La professeure commença à expliquer la science des boules de cristal, ce qu'Hermione trouvait parfaitement ridicule. Elle était persuadée de ne rien voir là-dedans, mis à part les fumées laiteuses qui s'entortillaient à l'intérieur.
Après avoir fait tout un discours sur le Troisième Oeil et les prédictions possibles, la professeure Trelawney incita les élèves à regarder leurs sphères et se taire pendant l'exercice. Hermione ne fit même pas semblant d'être un tant soit peu intéressée. Elle posa son menton sur ses deux mains et fixa la boule de cristal en soupirant bruyamment.
Quelle perte de temps ! Il n'y avait rien, et si quelqu'un osait dire voir quelque chose, c'était juste pour bien se faire voir. Elle n'avait jamais douté de la magie depuis qu'elle était à Poudlard, mais elle était persuadée que ce cours était une fraude.
Elle était en train de penser rêveusement au prix des boules de cristal que Trelawney avait dû acheté au marché en fixant la boule transparente. Il y avait une sorte de fumée blanche à l'intérieur, qui ne formait rien d'autre que des formes vagues.
Tout à coup, les formes se modifièrent, comme pour former un dessin. Hermione cligna des yeux plusieurs fois, persuadée d'avoir rêvé. Mais non, il y avait bien quelque chose dans sa boule de cristal. Elle regarda de biais Harry, qui essayait tant bien que mal de ne pas s'endormir, et Ron, qui étouffait un fou rire en regardant la professeure se balader entre les tables avec son châle sur les épaules.
Hermione se tourna de nouveau vers la boule de cristal. Elle pouvait clairement voir quelque chose, maintenant. Son cœur s'accéléra.
C'était un garçon. Au début, elle ne le reconnaissait pas. Il pleurait, pas vraiment de tristesse, mais plutôt de désespoir. Comme si chaque sanglot lui arrachait un peu plus son âme à chaque fois. Il y avait quelque chose de familier dans ce visage, mais il était tellement déformé par les pleurs et la fumée blanche qu'Hermione n'arrivait pas à le saisir.
Le garçon s'essuya les yeux avec la manche de sa chemise, et Hermione vit alors une grosse trace noire sur son bras, comme une tête de mort. Il ouvrit de nouveau les yeux.
Ils étaient gris, gris acier, gris froid.
Hermione étouffa un petit cri.
C'était Malefoy.
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la scène de la fin de ce chapitre est inspirée d'un tiktok que j'ai vu le 28/10/2021 de dreomione
