petite divergence au canon dans ce chapitre : les examens ne se passent pas exactement comme dans les livres

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Hermione


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Il était plus âgé, peut-être dix-sept ou dix-huit ans. Elle ne voyait pas très bien son visage, parce qu'il était barré par une mèche de cheveux blonde trempée, mais elle pouvait voir qu'il pleurait.

Le cri étranglé qu'elle avait fait attira l'attention de Ron, et elle feignit une toux. Quand elle regarda de nouveau dans la boule de cristal, Malefoy avait disparu.

Hermione était partagée par la peur et l'exaspération. Evidemment, elle ne croyait pas aux sottises du Troisième Oeil de Trelawney, et elle était donc sûre que cette boule de cristal était faite pour produire des images aléatoires, juste pour impressionner. Elle ne pouvait pas avoir vu ça réellement. Pour obtenir de la magie, il fallait travailler, affiner ses connaissances, pas simplement s'asseoir devant une boule de cristal en attendant d'avoir une vision. Mais une partie d'elle se disait… Et si c'était vrai ? Si elle avait vraiment aperçu le futur ?

La professeure Trelawney s'approcha de leur table pour discuter de ce qu'ils voyaient. Hermione prit la décision immédiate de ne pas dire ce qu'elle avait vu, ou imaginé.

"Alors, mes enfants ? Avez-vous réussi à écarter le voile de clarté ?"

Harry se releva brusquement en entendant la voix de la professeure qu'il n'avait pas vu et qui avait achevé sa somnolence. Les énormes yeux agrandis par les lunettes de Trelawney fixèrent Hermione, qui se sentit obligée de lâcher :

"Le Sinistros, probablement ?"

Il y eut un murmure dans la classe, comme si le nom portait malheur. Hermione ne se gêna pas pour lever les yeux au ciel. De toute façon, Trelawney finissait toujours par prédire ça pour Harry, peu importe que ce soit par les feuilles de thé ou les lignes de sa main. La professeure haussa les sourcils et énonça de son ton le plus ténébreux :

"Ma chère… Depuis que vous êtes entrée dans cette classe, j'ai sû que votre esprit était aussi fermé que possible à l'art de la Divination. Vous ne possédez pas le Troisième Oeil, ou plutôt, vous ne voulez pas admettre que vous le possédez, et préférez lire pour le faire taire. N'ai-je pas raison ?"

Trelawney avança sa main pour prendre celle d'Hermione, probablement pour lire les lignes de sa main, mais Hermione la dégagea avant qu'elle puisse l'étudier. D'une part parce qu'elle ne voulait pas être examinée de la sorte, mais aussi parce qu'elle avait peur que la professeure découvre ce qu'elle avait vu dans la boule de cristal. Elle entendit Ron murmurer un "wow" avant qu'elle ne se tourne férocement vers la professeure :

"Très bien !" lança Hermione d'une voix forte, faisant sursauter tout le monde. "Je laisse tomber ! Je m'en vais !"

Hermione se leva, rangea son livre dans son sac et le mit sur son épaule. Puis, dans un dernier élan de colère, elle balança sa boule de cristal, qui roula sur la table et tomba par terre. Trelawney était effarée, mais ne fit pas de commentaire, et laissa Hermione retrouver la sortie. La boule de cristal roulait toujours sur le sol bancal, jusqu'aux escaliers qu'Hermione descendit à toute vitesse en respirant enfin l'air libre.

Elle fonça vers le bureau de la professeure McGonagall en espérant qu'elle soit dedans, et toqua trois fois à la porte.

"Entrez."

Hermione ouvrit la porte et fut satisfaite de retrouver une ambiance beaucoup plus sérieuse et cadrée.

"Je veux quitter la Divination." annonça-t-elle fermement, devant la porte.

McGonagall releva la tête de ses papiers. Elle portait un chapeau pourpre pointu, et ses lunettes au bout de son nez. Elle arqua un sourcil et dit calmement :

"Bonjour à vous, Miss Granger. Je vous en prie, fermez la porte et venez vous asseoir."

Hermione obéit et s'assit en face de sa directrice de Maison. Maintenant qu'elle se retrouvait là, elle avait un peu perdu sa confiance en elle, mais elle était tellement focalisée sur le fait d'arrêter cette matière qu'elle soutint le regard de McGonagall.

Cette dernière termina sa signature sur sa lettre avec sa longue plume de paon, la posa sur son bureau et observa Hermione avec attention, les lèvres serrées.

"Vous souhaitez arrêter la Divination ?" répéta-t-elle au bout d'un long silence.

"Oui."

"Est-ce que c'est lié au Retourneur de Temps ?"

"Non !" s'exclama Hermione. "Rien à voir. Je n'ai juste pas d'intérêt dans cette matière."

"Et vous venez seulement de le remarquer ?"

"J'ai essayé de m'accrocher." dit Hermione. "Mais je n'y arrive pas. C'est trop inexact, ça repose sur rien, il n'y a même pas de livres pour l'étudier ! Professeure Trelawney n'arrête pas de faire des prédictions funestes à Harry, auxquelles je ne crois pas du tout. Je pense que ce n'est pas une science, c'est du faux."

Un très léger sourire éclaira quelques secondes le visage de McGonagall, puis elle retrouva ses traits sévères habituels :

"Je ne peux qu'être d'accord avec vous sur ce point, Miss Granger. Je ne crois pas non plus en l'art de la Divination, et je ne pense pas que ça serait une très grande perte si vous abandonniez cette option. Êtes-vous sûre de vous ?"

"Oui." dit Hermione instinctivement. "Je veux me désinscrire."

McGonagall ouvrit l'un des tiroirs de son bureau et prit un formulaire rose qu'elle posa devant elle, reprit sa plume de paon et commença à écrire dessus :

"Très bien. J'informerai Professeure Trelawney à la fin de la journée, et vous ne serez pas notée pour ces examens. Avez-vous une autre requête, Miss Granger ?"

Hermione observa McGonagall écrire quelques secondes, hésitante. Puis, elle se lança, beaucoup plus maladroitement qu'avant :

"Euh… Oui… En fait… Je voulais savoir, est-ce que le cours de Divination peut-être… trafiqué ?"

McGonagall ne leva pas la tête mais haussa encore une fois les sourcils :

"Trafiqué ?"

"Les boules de cristal… Est-ce qu'elles sont fausses ? Modifiées magiquement pour montrer quelque chose ?"

"Je ne comprends pas très bien ce que vous voulez dire, Miss Granger."

Hermione prit une grande inspiration et recommença à parler :

"J'ai cru voir quelque chose dedans, juste avant de quitter le cours. Une sorte d'image brouillée. Est-ce que vous pensez que la professeure Trelawney puisse les trafiquer pour faire voir quelque chose à certains élèves et leur faire croire à un don ?"

McGonagall arrêta un instant d'écrire sur son formulaire pour demander :

"Qu'avez-vous vu ?"

Hermione déglutit :

"Juste… Des formes, insensées."

Elle mordit sa lèvre et espérait que McGonagall ne décèle pas son mensonge. Ron lui avait dit plusieurs fois qu'elle était nulle pour mentir, et les yeux de McGonagall l'inspectait tellement qu'elle était persuadée qu'elle pouvait le voir. Mais à la place, elle secoua la tête :

"Hm, non. Il se peut que vous ayez vu quelque chose, après tout, la Divination est une matière de Poudlard depuis de nombreuses années, ce qui prouve que Dumbledore croit en Sybill Trelawney, et qu'il existe peut-être un don, ou un Troisième Oeil, comme elle l'appelle."

"Je ne pense pas avoir un don." dit aussitôt Hermione, de peur qu'elle la prenne pour une folle. "Je me demandais simplement."

"Vous avez sûrement dû vous assoupir, Miss. Granger. Ça ne serait pas la première fois qu'un élève pique un somme dans cette salle de classe, croyez-moi."

Et pendant que McGonagall se pencha de nouveau pour écrire, Hermione essaya de se convaincre qu'elle avait raison. Mais elle savait ce qu'elle avait vu, et elle n'arrivait pas à faire partir l'image de Drago Malefoy en train de pleurer de ses rétines, malgré tous ses efforts.


Drago


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"Tu es encore en train de bouder pour le match de Quidditch ?" demanda Théo.

Drago grogna une phrase incompréhensible. Évidemment qu'il était encore dégoûté, mais Théo n'avait jamais assez aimé le Quidditch pour comprendre ce que ça faisait de perdre. Surtout quand c'était contre Potter. Ça faisait presque un mois que Serpentard avait perdu, mais Drago n'avait toujours pas digéré sa défaite. Au lieu de s'apitoyer sur son sort, il préférait réviser pour les examens, même s'il était relativement de très mauvaise humeur.

Ils étaient tous les deux à la Bibliothèque. Blaise n'était pas venu, et Drago ne savait même pas s'il avait révisé pour ses examens. Pansy, elle, n'était pas entrée à la Bibliothèque depuis six mois, et mettait un point d'honneur à ne pas ouvrir le moindre livre. Alors, il n'y avait que Théo et Drago qui révisaient assidûment. Théo était toujours en train de réviser à la Bibliothèque ou dans la Salle Commune, et Drago était motivé à l'idée de rendre fier ses parents avec ses notes.

En réalité, ce n'était pas totalement ça. Il était surtout stimulé à l'idée de dépasser Granger dans une matière ou deux, juste pour l'énerver. Depuis qu'elle l'avait giflé, Drago ne l'avait jamais autant détestée, et s'il pouvait la dépasser quelque part et voir son visage se tordre dans une grimace de déception, alors il le ferait. Il n'avait pas réussi à battre Potter au match, alors il battrait Granger en cours.

"Passe moi l'encre, s'il te plaît." lança Théo sans lever la tête de son parchemin.

Drago lui donna le pot, impressionné qu'il ait réussi à vider son dernier encrier aussi vite. Théo avait la faculté de prendre l'encre, la dévisser, la remuer, y tremper sa plume et continuer à écrire sans regarder. Il était en train de rédiger des fiches de révisions dans toutes les matières, et il les prêtait ensuite à Pansy une fois rentré dans la Salle Commune. Drago, lui, relisait son manuel de Potions. Il misait tout dans cette matière, parce qu'il savait que c'était le point faible de Granger.

"Les garçons, la Bibliothèque va bientôt fermer."

Drago leva les yeux de son livre et tomba sur Madame Pince, qui venait de murmurer. Il réalisa qu'il n'y avait plus personne dans la Bibliothèque, mis à part eux deux, et Granger, assise un peu plus loin.

"Encore cinq minutes, s'il vous plaît, je termine ma phrase." dit Théo.

La bibliothécaire fit un très léger signe de tête et alla voir Granger pour lui annoncer la même chose. Si Drago se penchait en arrière sur sa chaise, il pouvait apercevoir la table qu'elle occupait habituellement, ce qu'il fit. Son visage était creusé par les cernes qui lui dévoraient le dessous des yeux. Elle écrivait frénétiquement, tout comme Théo, en buvant des gorgées de thé de temps en temps. Quand Pince s'approcha, elle sursauta et regarda autour d'elle comme une demeurée, comme si elle avait oublié où elle se trouvait pendant un instant.

Drago l'entendit dire :

"Oh, d'accord. Je range mes affaires, merci."

Puis, elle se leva et rangea ses livres dans son sac rempli à craquer. Pour sortir de la Bibliothèque, elle devait passer devant la table que partageaient Théo et Drago. Elle leur lança un regard mauvais, insolent. Drago remarqua qu'elle portait un pull bleu avec la lettre "H" dessus, et se demanda si c'était le sien, ou celui de Potter.

Théo finit enfin sa phrase et ils rangèrent tous les deux leurs livres avant de sortir de la Bibliothèque, que Madame Pince verrouilla après leur départ. Ils prirent le chemin vers les cachots, et croisèrent Potter et Weasley qui sortaient de la Grande Salle. Comme il l'avait soupçonné, Potter portait le même pull que Granger, mais en violet.

Une fois arrivés devant le mur en pierre de la Salle Commune, Théo murmura le mot de passe, et la porte apparut. Dès qu'elle s'ouvrit, une musique tonitruante leur parvint distinctement. La Salle Commune était remplie d'élèves qui dansaient et buvaient un peu partout. Quand ils entrèrent, Blaise vint à leur rencontre :

"Dernière soirée avant les examens." dit-il en guise d'explication.

"Ils ne devraient pas plutôt réviser, plutôt que de danser ?" soupira Théo, légèrement agacé.

"Roh, allez Théo ! Prends un verre, ça va te détendre !" dit Blaise en lui tendant un gobelet vert.

Ce dernier le regarda comme s'il contenait de la boue et secoua la tête :

"Non, je préfère revoir mes propriétés de Métamorphose. Et si tu croises Pansy, dis lui qu'elle devrait faire pareil, elle est en retard dans ses révisions."

Et il s'enfuit vers les dortoirs sous le regard amusé de Blaise.

"Incapable de s'arrêter, celui-là." commenta-t-il. Puis, il tendit le gobelet à Drago : "Et toi, t'es chaud ?"

Drago prit le verre et but la moitié d'un coup. Il avait vraiment besoin de se relaxer, lui aussi. Entre Granger, les examens, la défaite de Quidditch et l'appréhension de revoir son père, il était constamment tendu. Blaise trinqua avec lui et ils s'approchèrent des canapés.

Il ne l'avait pas vue au début, mais Pansy était déjà là. Elle était allongée dans le canapé vert, une cigarette à la bouche, et les jambes repliées sur celles de Daphné qui remuait la tête en même temps que la musique.

"Hey ! Te voilà, toi !" s'exclama-t-elle en voyant Drago arriver. "On t'attendait pour jouer à Vérité ou Shot."

"Hein ? Vérité ou Shot ?" répéta Drago en s'asseyant par terre, en face du canapé qu'occupaient Pansy et Daphné.

"Ouais, c'est comme Action ou Vérité, mais si on ne veut pas répondre à une Vérité, il faut boire un shot." expliqua Daphné en montrant son verre.

Pansy éclata de rire sans raison. Elle avait les joues rouges et ses cheveux étaient un peu décoiffés. Drago leva un sourcil inquisiteur :

"Et toi, t'as pris combien de shots déjà ?" demanda-t-il.

"Quelques-uns." répond Pansy distraitement.

"Tu as mangé, au moins ?"

"Roh, Drago ! Arrête de t'inquiéter, et commence à jouer."

Elle prit une longue inspiration sur sa cigarette et recracha la fumée qui se teinta de vert quand elle s'éparpilla dans les airs de la Salle.

"Drago, tu joues ?"

Ce dernier hocha la tête d'un air absent. Il n'y avait que des troisièmes et quatrièmes années autour de la table, et ils acceptèrent tous de jouer. Blaise était assis à côté de Drago, mais n'avait pas l'air de trop s'intéresser au jeu devant lui.

"Ok, je commence." lança Pansy d'un ton surexcité. "Blaise, avec qui as-tu couché dans cette pièce ?"

Il leva exagérément les yeux au ciel :

"Personne !"

"Mouais."

"Je n'ai couché qu'avec une seule fille, pour ton information." dit-il à voix basse.

"Ouais, bien sûr. À toi."

Blaise se tourna hasardeusement vers une fille de quatrième année que Drago ne connaissait pas.

"Avec quel professeur tu coucherais si tu devais en choisir un obligatoirement ?"

La fille fit la grimace, réfléchit quelques secondes, puis avala le contenu de son verre d'un coup. La Salle éclata de rire et commença à partir en débat sur le meilleur coup de Poudlard.

Le jeu dura une bonne trentaine de minutes. Drago n'était pas très intéressé par les discussions que les élèves avaient autour de lui, et ne faisait que boire des shots quand quelqu'un lui posait une question. Il n'avait pas mangé ce soir-là, trop occupé à étudier à la Bibliothèque, alors il ne lui fallut que trois shots pour être déjà ivre. Il n'avait jamais été bourré auparavant, mais ce n'était pas désagréable. Ça stoppait le flot continu de pensées qu'il avait dans la tête en permanence.

"Drago !" lança Tracy Davies, assise sur le rebord du canapé. "Qui aimerais-tu embrasser à Poudlard ?"

Granger, pensa-t-il impulsivement. N'importe quoi, son cerveau embrumé par l'alcool lui jouait des tours. Il but une nouvelle fois son gobelet d'une traite, malgré les regards déçus de l'assemblée autour de lui.

"Personne." dit-il sèchement.

Le jeu continua encore et encore, jusqu'à ce que Drago se sente un peu bizarre. Il avait l'impression de flotter, alors qu'il était assis en tailleur sur le sol en pierre. En plus, il ne sentait même plus le goût du Whisky-Pur-Feu que Blaise lui servait à chaque tour. Il entendit Daphné demander :

"Pansy, de qui es-tu amoureuse ?"

Les yeux de Daphné brillèrent de malice, et le sourire de Pansy s'effaça tout de suite de son visage. Pendant un instant, elle avait l'air effrayée, puis agacée. Elle regarda méchamment sa meilleure amie et retira ses jambes qu'elle avait posé sur elle :

"T'es vraiment conne, Daphné."

Puis, elle but le contenu de son verre et se leva furieusement du canapé pour retourner aux dortoirs.

"Oups." murmura Daphné en riant. "Je n'aurais pas dû aborder ce sujet… Yann, à toi."

Mais Drago fixait l'endroit où Pansy se trouvait quelques secondes plus tôt. Elle était amoureuse ? Mais de qui ? Elle ne lui avait pas dit. Peut-être que c'était pour ça qu'elle était aussi distante récemment, elle ne voulait pas dire à Drago de qui elle était amoureuse… Les théories sur les différents mecs lui passèrent dans l'esprit, mais furent interrompues par l'un des quatrièmes années à côté de lui qui lui demanda de lui passer la bouteille d'alcool.

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S'il pensait que Théo était stressé pour les examens, c'était parce qu'il n'avait pas encore vu Granger. Il pouvait l'observer depuis la table des Serpentards, le premier jour des examens, et elle avait l'air complètement paniquée. Elle se perdait dans ses notes qu'elle avait éparpillées sur la table avec un froncement de sourcils, ou lisait un chapitre dans un des livres de la pile en face d'elle. Personne, chez les Gryffondors, ne semblait inquiet par ce comportement. Ils devaient considérer ça comme une habitude chez elle.

Drago, lui, était en très mauvais état. Malgré les dix jus de citrouilles qu'il avait bu depuis ce matin, rien ne lui faisait partir sa gueule de bois. Il commençait à maudire silencieusement Blaise pour avoir organisé une soirée la veille des examens, quand Pansy s'assit en face de lui. Le banc grinça et Blaise prit sa tête entre les mains :

"Chut, trop de bruit…" lança-t-il d'une petite voix.

"Je vois que certains se sont amusés, hier soir." répondit Pansy d'un ton faussement désapprobateur.

"Tu parles trop fort." s'indigna Drago.

Il se frotta les tempes pour tenter de faire partir son mal de tête. Il avait l'impression que sa tête pesait une tonne et que la lumière de la Grande Salle était soudain beaucoup plus vive qu'avant. Pansy claqua sa langue et sortit sa baguette de sa poche, qu'elle pointa directement sur Drago. Théo leva sa tête de son livre de Métamorphose avec des grands yeux :

"Oula, qu'est-ce que tu veux faire, Pansy ?"

"T'inquiètes, je connais bien ce sort."

Et avant que Drago n'ait pu émir la moindre objection, Pansy murmura quelque chose et un flash de lumière jaune éclaira brièvement Drago. Il voulut protester, mais ressentit soudain une vague de frais et sa nausée et son mal de tête s'évaporèrent immédiatement. Sa plainte s'évanouit sur sa langue et il poussa à la place un soupir de soulagement.

"Tu vois ?" s'exclama Pansy avec un sourire. "Je sais les faire."

"Ça marche vraiment ?" demanda Blaise, soudain très intéressé.

Tandis que Pansy refaisait le même sort pour Blaise, Drago fronça les sourcils. Il était inquiet de savoir que sa meilleure amie connaissait aussi bien ce sort. Combien de fois avait-elle été ivre cette année ? Comment avait-elle pu apprendre ce sortilège toute seule ?

Au vu du regard préoccupé de Théo, il n'était pas le seul à se poser la question. Mais Drago n'eut pas le temps de s'y pencher, parce que les examens commençaient, et très vite, tout son esprit fut tourné vers eux.

Il se concentra comme jamais, et réussit celui de d'Arithmancie et de Métamorphose. Il s'était demandé si Granger allait utiliser son Retourneur de Temps pour les examens aussi, et à en voir sa tête, c'était le cas. Sa main tremblait quand elle écrivait, en Arithmancie.

Drago n'était pas satisfait de son sortilège d'Allégresse, surtout en comparaison à celui de Théo qui l'avait parfaitement réussi. Le soir, il révisa avec lui pour l'épreuve de Potions, celle qu'il voulait le plus réussir. Il était persuadé que s'il pouvait battre Granger quelque part, c'était là. Théo et lui se récitèrent les notes qu'ils avaient écrites à la Bibliothèque, au grand désarroi de Pansy qui était obligée d'écouter aussi.

L'examen de Potions se révéla être beaucoup plus facile que ce qu'ils avaient imaginé. Drago réussit sa potion à la perfection, et avec quinze minutes d'avance. Rogue lui fit même un sourire en la voyant, et gribouilla quelque chose sur son parchemin que Drago espérait être un "Optimal". Pendant le reste de l'épreuve, il observa Granger, dont les cheveux avaient triplé de volume dans l'humidité des cachots. Elle versait les ingrédients correctement et en bonnes proportions, mais elle n'avait pas l'air convaincue par la couleur de son philtre. Il misait sur le favoritisme de Rogue pour avoir une meilleure note qu'elle.

Pansy fut excellente pendant l'Astronomie. Elle repéra toutes les étoiles sans le moindre effort, calcula les distances avec son compas et ajouta même des informations en plus sur la carte. Drago copia sur elle la plupart de ses réponses lorsque la professeure Sinistra ne regardait pas.

Le mercredi fut un désastre, mais Drago s'y attendait. L'épreuve d'Histoire de la Magie fut un fiasco, malgré les dizaines de parchemins de notes que Théo lui avait prêté la veille. Drago inventa même les dates des batailles demandées, en espérant tomber juste. Pansy n'avait rien écrit sur sa feuille et regardait plutôt les arbres, par la fenêtre. Théo était le seul à écrire, avec Granger. Ils finirent tous les deux une minute avant la fin de l'épreuve, presque essoufflés, et échangèrent un regard plein de défi. La Botanique fut presque aussi facile que Soins aux Créatures Magiques, mais Drago se laissa emporter par son égo et finit par se piquer avec une plante vénéneuse, ce qui lui valut un hochement de tête sévère de la part de Chourave.

Le dernier examen fut celui de Défenses contre les Forces du Mal, le jeudi matin. Pansy, Drago, Théo et Blaise s'assirent tous les quatre dans la classe, un peu en avance, pressés d'en finir. Lupin arriva, les vêtements plus déchirés que jamais, et les cernes presque aussi creusés que ceux de Granger.

Quand tout le monde fut installé, Lupin expliqua aux troisièmes années le déroulé de l'épreuve :

"Je vais vous appeler deux par deux, et vous devrez réaliser une course d'obstacles. À vous de réussir à les battre."

Lupin les emmena tous dehors, dans le parc, et appela quelques noms. Puis, ce fut au tour de Drago et Pansy. Drago dégaina sa baguette et commença le parcours, suivi de près par sa meilleure amie. Il réussit à se débarrasser des Strangulots, battre les Chaporouges, et s'échapper des Pitiponks sans problème. Il pouvait entendre les sorts de Pansy derrière lui, qui avait l'air de s'en sortir.

Drago entra alors dans une tente qui représentait le dernier obstacle. L'épreuve était séparée en deux parties, l'une pour lui, et l'autre pour Pansy. Lupin était là, dans un coin de la tente et penché sur un parchemin. Drago devait identifier plusieurs créatures en face de lui et donner leur nom, leur particularité et le sort pour les vaincre. Pendant qu'il essayait de se souvenir du sort à utiliser contre les Lutins de Cornouailles, Pansy arriva à côté de lui et s'apprêta à combattre son dernier obstacle à son tour, une grosse malle marron. Il y eut un long silence pendant lequel Drago tentait tant bien que mal de finir son examen, et Pansy qui attendait avec la baguette pointée devant elle. Puis, elle poussa un hurlement de terreur.

C'était un Épouvantard. Drago ne pouvait pas le voir au début, mais il tourna aussitôt la tête en l'entendant crier. Son sang se glaça en voyant la forme qu'avait pris l'Épouvantard devant elle.

Le père de Pansy.

Elle fit tomber sa baguette. Elle ne devait pas s'attendre à faire face à lui, peut-être n'avait-elle même pas réalisé qu'il s'agissait d'un Épouvantard. Ses yeux charbon étaient écarquillés, elle était livide et reculait hasardeusement. Son père, lui, avait l'air plus sévère que jamais. Ses sourcils étaient froncés et il murmurait quelque chose que Drago n'arrivait pas à entendre. Pansy produisit un son étranglé, le plus horrible que Drago avait pu entendre jusqu'à présent. L'Épouvantard s'approchait, s'approchait, s'approchait, tendit un bras vers Pansy qui s'était soudain figée de terreur. Alors, Drago put enfin entendre ce que son père sifflait entre ses dents : "Elle est partie. Elle ne reviendra plus. C'est de ta faute, Pansy. Elle est partie. Elle ne reviendra plus. C'est de ta faute, Pansy. Elle est partie."

Drago leva sa baguette et la pointa sur le père de Pansy :

"Riddikulus."

La tête du père de Pansy gonfla et éclata devant elle, mais ni Lupin, ni Drago, ni Pansy ne firent le moindre rire. Drago se précipita sur elle pour la sortir de sa transe :

"Pans', Pans', c'est fini. C'était juste un Épouvantard."

Les yeux terrorisés de Pansy se posèrent sur Drago, et elle posa doucement sa tête contre lui en essayant de retrouver une respiration normale. Avec tout ça, Drago avait complètement oublié sa propre épreuve, mais il n'en avait rien à faire. Lupin fit tourner sa baguette entre ses doigts et les créatures de Drago et l'Épouvantard disparurent dans un écran de fumée.

"Pansy, tout va bien ?" demanda le professeur d'une voix inquiète. "Qui était-ce ?"

Pansy hoquetait contre le torse de Drago, alors ce fut lui qui répondit, plutôt froidement :

"Personne."

Lupin n'insista pas, mais écrivit tout de même quelque chose dans son parchemin avec un haussement de sourcil. Ça énerva encore plus Drago :

"Vous pensez vraiment que c'est une bonne idée ? De confronter les élèves à leur plus grande peur ?"

Le professeur pinça les lèvres, mais ne dit toujours rien. Pansy se détacha soudain de Drago et essuya ses yeux :

"Ça va." dit-elle d'une voix blanche.

Elle fit une petite grimace insolente à l'intention de Lupin et sortit de la tente. Elle traversa le jardin, s'arrêta, prit son petit miroir, et essuya les traces de maquillage qui avaient un peu coulé sur ses joues. Quand Drago la rejoignit, elle avait soudain un visage dur et fermé.

"Promets que tu ne diras rien. À personne." asséna-t-elle sèchement.

Elle leva un doigt inquisiteur et le pointa sur lui. Drago fut soudain offensé :

"Parce que tu penses vraiment que je vais raconter à tout le monde que tu as peur de ton père ?"

"Promets-le." coupa-t-elle, d'un ton menaçant.

"Bien sûr que je te le promets, Pans'. Pour qui tu me prends ?"

Elle parut un peu plus soulagée, mais ne baissa toujours pas son doigt. Ils se regardèrent longtemps, puis, elle finit par se détendre.

"Je suis contente que ça soit enfin fini." dit-elle, soudain beaucoup plus calme.

"Ouais, moi aussi."

Ils s'en allèrent rejoindre Théo et Blaise. Pansy marchait devant, visiblement déterminée à ne plus jamais parler de ce qu'ils venaient de voir. Drago était surtout désarçonné par ses réactions qui changeaient tellement vite.

Théo et Blaise étaient déjà assis au pied d'un arbre, à côté du Lac Noir. Pour une fois, Théo ne tenait pas de livre, mais plutôt un brin d'herbe qu'il s'amusait à découper distraitement. Quand Drago et Pansy arrivèrent à leur niveau, Blaise lança :

"Ah bah quand même ! Qu'est-ce qui vous a pris autant de temps ?"

"Lupin a confondu deux noms, ce qui a rallongé l'épreuve." mentit Pansy en s'asseyant dans l'herbe.

Elle s'appuya contre le tronc d'arbre et observa la surface du Lac Noir. Comme ça, on aurait jamais dit qu'elle venait de faire une crise de panique, quelques secondes plus tôt. Drago s'assit à son tour à côté de Blaise sans un mot. Mais évidemment, Théo aimait trop débriefer les épreuves pour ne pas poser de questions :

"Alors, comment ça s'est passé ?"

"Bien." répondit simplement Drago.

"Vous avez vu l'Épouvantard, à la fin ? C'était quoi, pour vous ?"

Drago leva doucement la tête pour regarder Pansy. Elle n'oserait jamais dire que c'était son père, mais pourtant, Drago était persuadé que Théo avait eu le même Epouvantard.

Pansy toussa un peu et répondit, toujours le regard fixé en face d'elle :

"Une araignée."

Ils hochèrent tous les trois la tête, et ne parlèrent plus jamais de l'épreuve de Défenses contre les Forces du Mal.

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Hermione


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Hermione sortit des abysses du sommeil difficilement. Sa gorge était sèche et sa tête était à deux doigts d'exploser. Pendant un instant, elle crut que c'était le matin, et qu'elle devait vite se rendre aux examens. Ses pensées étaient tellement confuses qu'elle mit bien une dizaine de secondes pour se rendre compte que les examens étaient terminés.

Alors, les événements de la soirée lui revinrent en mémoire d'un coup. Sirius, qui était innocent. Lupin, qui avait expliqué toute l'histoire, et confirmé son statut de loup-garou. Peter Pettigrow, qui était vivant, transformé en Croûtard pendant toutes ces années.

Elle avait toujours les yeux fermés et n'entendait rien autour d'elle, mais elle reconnaissait l'odeur familière de l'infirmerie. Elle avait passé assez de temps dans ce lit pour le dire avec certitude. La dernière chose dont elle se souvenait, c'était les Détraqueurs, les centaines de Détraqueurs qui volaient au-dessus d'eux, et Harry qui essayait tant bien que mal de les éloigner.

Une idée lui vint alors en tête, éliminant tout le reste : Ron.

Hermione ouvrit subitement les yeux et tourna la tête pour essayer de voir quelque chose. L'infirmerie était plongée dans le noir, éclairée seulement par la pleine lune qui brillait dans le ciel noir à travers la fenêtre. Hermione chercha Ron du regard, sentant la panique s'incruster lentement dans chaque parcelle de son corps : il ne pouvait pas être…

Heureusement, il était là. Sa jambe était entièrement plâtrée et il avait l'air de dormir. Une bonne dizaine de médicaments et de bouteilles occupaient sa petite table de nuit, à côté de lui. Hermione tourna ensuite la tête vers Harry. Il était en mauvais état, lui aussi. Il saignait de l'arcade sourcilière, et son bras portait un bandage. Il ne portait pas ses lunettes.

Elle sentit alors le poids de ses propres blessures qu'à cet instant, comme si, après avoir vu qu'Harry et Ron allaient bien, elle pouvait constater son propre état. Sa tête lui lançait tellement qu'elle la sentait presque sciée en deux, elle avait l'impression que tous ses membres étaient engourdis, et elle mourrait de froid. Sa lèvre était ouverte, elle pouvait sentir le sang séché qui avait dégouliné sur son menton.

Soudain, elle entendit des éclats de voix provenant des couloirs. Elle reconnut celle de Rogue, puis celle du Ministre de la Magie, Fudge. De ce qu'elle pouvait vaguement identifier, Rogue était en train de prendre le mérite des accomplissements d'Harry.

Elle ressentit ensuite une brûlure dans son estomac en entendant Rogue dire que Sirius était coupable. Elle avait l'envie de se lever pour le défendre, maintenant qu'elle connaissait toute la vérité. Mais son corps était trop lourd contre le matelas.

Soudain, Harry ouvrit péniblement les yeux. Priant pour qu'il puisse la voir sans ses lunettes, elle lui intima de se taire d'un geste de la main. Madame Pomfresh arriva à ce moment-là avec un énorme morceau de chocolat :

"Ah, vous êtes réveillés, tous les deux !"

Elle posa un morceau de chocolat à côté d'Hermione. Dès qu'elle le mangea, elle ressentit une chaleur se répandre dans son ventre et elle se releva complètement, parfaitement éveillée.

"Comment va Ron ?" demandèrent simultanément Harry et Hermione.

"Il survivra." dit l'infirmière. "Et vous deux, vous allez rester ici jusqu'à ce que... Potter, qu'est-ce que vous faites ?"

Harry s'était levé, et Hermione fit de même. Ses jambes tremblaient encore.

"Potter…" dit Madame Pomfresh d'une voix apaisante. "Tout va bien, ils ont capturé Black. Il est enfermé là-haut. Les Détraqueurs vont lui donner un baiser d'un moment à l'autre…"

"Quoi ?" hurla Harry.

Cornélius Fudge et Rogue firent irruption dans la salle.

"Harry, Harry, qu'y a-t-il ?" dit Fudge, inquiet. "Tu dois rester au lit. Est-ce qu'il a pris son chocolat ?" demanda-t-il à Madame Pomfresh d'un ton anxieux.

"Monsieur le Ministre, écoutez-moi !" s'exclama Harry. "Sirius Black est innocent ! Peter Pettigrow a fait croire à sa propre mort ! On l'a vu ce soir ! Il ne faut pas laisser les Détraqueurs faire ça à Sirius, il est…"

Mais Fudge hocha la tête avec un pâle sourire.

"Harry, Harry, tu as l'esprit un peu embrouillé, tu as subi une terrible épreuve. Allonge-toi et repose-toi, nous avons la situation bien en main…"

"VOUS NE L'AVEZ PAS DU TOUT EN MAIN !" hurla Harry. "VOUS AVEZ ARRÊTÉ UN INNOCENT !"

"Monsieur le Ministre, écoutez-moi, s'il vous plaît." dit Hermione en regardant Fudge dans les yeux. "Moi aussi, je l'ai vu. C'était le rat de Ron, c'est un Animagus, Pettigrow, je veux dire, et…"

"Vous voyez, Monsieur le Ministre ? intervint Rogue. Ils ne savent plus où ils en sont, ni l'un ni l'autre... Black a fait du bon travail avec son sortilège…"

Tandis qu'Harry essayait de se faire comprendre, Hermione comprit que c'était trop tard. Rien ne pourrait changer l'avis de Fudge. Après tout, elle ne l'aurait pas cru non plus si elle s'était retrouvée dans sa situation. Elle passa en revue plusieurs plans pour libérer Sirius, quand tout à coup, Dumbledore arriva dans la pièce. En le voyant, Hermione ressentit une vague de soulagement.

"Toutes mes excuses, Pompom, mais j'ai besoin de dire un mot à Mr Potter et à Miss Granger." annonça Dumbledore, très calme. "Je viens de parler à Sirius Black."

Après plusieurs protestations fusées dans tous les sens, Rogue, Fudge et Madame Pomfresh consentirent à les laisser seuls. Hermione écouta attentivement ce que Dumbledore pensait, et fut heureuse de voir qu'il les croyaient eux, et pas Rogue. Par contre, elle ne voyait pas comment ils pourraient convaincre les autres. Lupin était encore transformé, Ron était dans le coma, et Rogue déterminé à accuser Sirius. L'esprit d'Hermione carburait, tentait désespérément de trouver une solution, n'importe laquelle…

"Ce qu'il nous faudrait, ça serait un peu plus de temps." dit doucement Dumbledore.

"Mais…" commença Hermione. Puis, soudain, elle comprit. "Oh !"

"Maintenant, écoutez-moi bien." chuchota Dumbledore. "Sirius est enfermé dans le bureau du professeur Flitwick au septième étage. La treizième fenêtre à droite de la tour ouest. Si tout se passe bien, vous pourrez sauver plus d'un innocent, ce soir. Mais rappelez-vous ceci, tous les deux: il ne faut pas que l'on vous voie. Miss Granger, vous connaissez la loi, vous connaissez l'enjeu... Il ne faut surtout pas que l'on vous voie."

Hermione s'empressait déjà d'ouvrir son gilet pour prendre le Retourneur de Temps dans sa main. Dumbledore s'approcha de la porte et une fois qu'il eut fermé les portes, il passa sa tête dans l'ouverture. Il avait un grand sourire.

"Miss Granger, trois tours devraient suffire. Bonne chance."

Et il referma les portes de l'infirmerie. Hermione fit passer la chaîne autour du cou d'Harry, qui ne comprenait absolument rien de ce qui se passait.

"Prêt ?" demanda-t-elle.

"Pourquoi ? Qu'est-ce qu'on va faire ?" demanda Harry d'un ton paniqué en fixant le sablier.

Hermione prit une grande inspiration et fit tourner trois fois le Retourneur. Elle ne l'avait jamais actionné plus d'une fois, alors elle fut surprise de sentir le tourbillon beaucoup plus rapide se resserrer contre eux. Elle agrippa la main d'Harry qui la serra pendant qu'ils tournaient, tournaient, tournaient. Hermione espérait que c'était la dernière fois qu'elle le ferait.

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Drago


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Pansy n'était pas venue dîner, le soir après les examens. Drago commençait à être inquiet pour elle, alors il décida de louper le dessert et se leva avant tout le monde pour la trouver. Il marcha dans les couloirs vides et froids des cachots et se retrouva devant le mur en pierres de la Salle Commune.

"Cupiditas." annonça-t-il.

La porte apparut dans le mur et il tourna la poignée pour entrer. La Salle Commune était vide, tout le monde était encore au dîner. Il jeta un coup d'œil aux canapés où s'asseyait Pansy d'habitude, mais il n'y avait personne. Il traversa plusieurs fois la salle de long en large, mais il fallut se rendre à l'évidence : elle n'était pas là.

Il se rendit alors dans son dortoir d'un pas hésitant, mais il était vide. Le lit de Théo était parfaitement rangé, celui de Drago était mal fait avec des magazines de Quidditch éparpillés dessus, et celui de Blaise sans dessus dessous, mais Pansy n'était nulle part. Parfois, elle s'asseyait dans le fauteuil, ou prenait l'un de leurs trois lits pour faire une sieste.

Drago sortit du dortoir et prit les autres escaliers du sous-sol, vers les dortoirs des filles. Il n'était jamais allé dans cette partie-là, excepté le soir avec Astra. Il s'arrêta devant le dortoir de Pansy et toqua trois fois à la porte. Une petite voix lui répondit :

"Oui ?"

Il ouvrit la porte sans répondre. Elle était là, allongée par-dessus la couette de son lit. Drago n'était jamais entré dans son dortoir, d'habitude, c'était toujours elle qui venait dans le sien. Mais ces derniers temps, elle ne venait presque plus.

La partie du dortoir de Pansy était exactement comme il aurait pu l'imaginer. Elle avait accroché des feuilles sur les murs et le plafond, ce qui donnait un mur végétal incroyable, comme si chaque feuille avait un éclat doré. Il n'y avait pas de livre sur sa table de nuit, simplement un cendrier noir, deux paquets de cigarettes, et un parfum. Mis à part ça, il n'y avait pas de décorations, et ses vêtements étaient tous étalés par terre, sa valise débordant au pied du lit.

"Qu'est-ce que tu veux ?" demanda-t-elle en évitant son regard.

Drago s'approcha et s'assit sur le lit. Si Pansy était surprise de son intrusion, elle ne le montra pas du tout. Elle prit l'un des paquets de la table de nuit, déchira l'emballage, et en sortit une cigarette.

"Tu n'es pas venue dîner." commença Drago précautionneusement.

"C'est une question, ou une affirmation ?"

"Une affirmation. Je ne t'ai pas vue là-bas."

"Ah." répondit simplement Pansy.

Elle balança tout son poids vers l'avant pour se redresser dans son lit. Pendant un instant, Drago crut qu'elle voulait qu'il la prenne dans ses bras, mais il comprit qu'elle cherchait en fait sa baguette, rangée dans la poche de son uniforme. Une fois extraite, Pansy en alluma le bout pour embraser sa cigarette. L'odeur de la fumée qui s'en dégagea était immonde, et remplit très vite la petite pièce aux quatre lits.

"Pansy, qu'est-ce qui t'arrive en ce moment ?"

Le ton de Drago était dur, peut-être un peu trop pressant. Mais il avait besoin de savoir.

"Comment ça ?"

"Je sais pas, tu es… Différente."

Il avait toujours du mal à expliquer ce qu'il ressentait. D'habitude, c'était elle qui le faisait. Là, il se sentait un peu mal à l'aise, comme s'il ne reconnaissait pas la personne en face de lui. Pansy leva ses yeux pour l'observer, presque barrés par sa frange.

"Toi aussi tu vas me faire la morale sur la cigarette ? Nott s'en ait déjà chargé. Comme quoi c'est dangereux pour la santé… Je m'en fous, Drago."

Pour appuyer ses propos, elle tira une longue taffe de sa cigarette et expulsa la fumée, sans prendre garde au fait qu'elle lui jetait pratiquement à la gueule. Drago continua à parler, toujours en ménageant son ton :

"Non, je ne parle pas de ça. Enfin, si, un peu. Tu n'es plus comme avant. Tu ne dors plus dans mon lit, tu me parles moins, tu es froide, tu passes ton temps à fumer et à boire…"

Il vit ses yeux noirs se balader sur le lit, pour éviter de le regarder. Il savait qu'il avait raison, et qu'il n'avait pas inventé. Elle était distante. Comme elle ne répondit rien, il pressa :

"Alors ? Tu me fais la gueule, c'est ça ?"

Elle hocha doucement la tête, toujours sans un mot.

"Mais pourquoi tu me le dis pas ?" s'impatienta Drago. "Tu sais que je suis nul pour voir ça. Si tu m'avais dit plus tôt que tu m'en voulais, on aurait pu régler cette histoire il y a des semaines."

Soudain, le regard charbon de sa meilleure amie rencontra le sien, furieuse :

"Ça ne fait pas des semaines, Drago. Ça fait des mois. Et tu n'as rien vu."

"Si je l'ai vu !" protesta-t-il. "Je l'ai remarqué, mais je me suis dit que tu m'en parlerais quand tu serais prête."

Elle soupira et tapota sa cigarette contre le rebord du cendrier, qui était rempli. Drago plissa le nez, mais elle ne le remarqua pas et continua de fumer.

"C'est à cause de ce que Daphné a dit, c'est ça ?" tenta Drago. "Sur le fait que tu es amoureuse ?"

Pansy hésita, longuement, puis dit dans un murmure :

"Ouais."

"Alors, c'est qui ? Dis moi, je ne t'en voudrais jamais. Sauf si c'est Londubat." ajouta-t-il pour essayer de la faire rire.

Elle eut un mini sourire mélangé à de l'agacement.

"Tu n'en as vraiment aucune idée ?" demanda-t-elle d'une petite voix.

"Dis-moi. Je te promets que je ne me moquerais pas."

Pansy eut un rire mauvais, et écrasa sa cigarette dans le cendrier. Puis, elle allongea ses jambes dans le lit et dit d'une voix dure :

"C'est toi, Drago."