tw : références sexuelles peu explicites

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Hermione


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Chère Hermione,

J'espère que tu passes un bon été à Londres avec tes parents. Tu as intérêt à te reposer, parce que le Retourneur de Temps t'as probablement déréglée et tu dois voir un peu de soleil. Donc, lâche ces livres et va dehors, Merlin !

Bref. Ici, tout est comme d'habitude. Ginny s'entraîne avec nous au Quidditch, et elle est super douée. Elle est au poste de Poursuiveuse, Fred et George sont Batteurs, et moi, je suis Gardien. On attend Harry pour jouer l'Attrapeur, même si notre Vif d'Or est tout cassé et ne vole plus très vite.

Je sais que tu reçois la Gazette du Sorcier tous les jours chez toi, mais je sais aussi que tu ne regardes pas les nouvelles sur le Quidditch. C'est quand même la Coupe du Monde, donc je te tiens au courant ici : la Bulgare mène, ils sont clairement en tête du classement. Il ne reste que quelques matchs avant la finale. Pour l'instant, les favoris de l'année sont le Pérou et l'Irlande, qui vont s'affronter à la fin du mois, et la Bulgarie. Moi, je suis pour les Irlandais !

Mon père va prendre les billets pour la finale dès que les scores seront annoncés. Généralement, il arrive à avoir des bonnes places. Tu dois venir ! C'est un évènement super important pour les sorciers, et je suis sûre que tu seras prise dans l'ambiance, même si tu n'aimes pas trop le Quidditch. Alors, réponds moi vite pour me dire que tu es partante ! Tu pourras venir dormir au Terrier, bien sûr.

Réponds moi vite,

Amitiés,

Ron.

PS : Désolé si Coq te mord, il est trop excité d'envoyer des lettres.

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Hermione prit la seconde lettre qu'elle avait reçu ce matin-là, qui était beaucoup plus brève, mais avec une plus jolie écriture :

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Chère Hermione,

J'espère que ton été se passe mieux que le mien. Mon oncle et ma tante ont décidé de faire suivre un régime à mon cousin Dudley, et à toute la famille par la même occasion. Résultat, je ne mange que des mini portions et je n'ai plus aucune Chocogrenouille à grignoter. Pourrais-tu m'envoyer quelques snacks, pour que je les cache dans ma chambre, s'il te plaît?

À part ça, je n'ai pas grand chose à raconter. Comment se passe tes vacances ? Je crois que Ron voudrait qu'on aille au Terrier au mois d'août, j'aimerais beaucoup t'y revoir ! Tu me manques énormément, j'ai hâte de retourner à Poudlard.

À bientôt j'espère, à moins que je ne devienne le fantôme d'Harry-Trop-Maigre qui hante les contrées mystérieuses de Privet Drive à cause d'un régime trop sévère.

Amitiés,

Harry."

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Hermione sourit en lisant les deux lettres tour à tour. Elle avait reçu quelques lettres cet été, d'Harry, Ron, Neville et Ginny. Elle descendit dans le séjour de sa maison, où ses deux parents prenaient leur petit-déjeuner avant d'aller au travail.

"Salut maman, salut papa." dit-elle en entrant dans la pièce.

Tous les deux eurent un grand sourire :

"Bonjour Mimi. Tu as reçu une lettre ?"

"Deux, même. Une de Ron et une d'Harry. L'oncle et la tante d'Harry sont encore pires que l'année dernière." dit-elle en fronçant les sourcils. "Il m'a raconté que son cousin devait subir un régime, et Harry se retrouve dedans sans le vouloir. Il ne mange pas assez, et me demande si je peux lui envoyer de la nourriture par hibou."

Les yeux des parents d'Hermione s'arrondirent et ils perdirent tout de suite leur sourire :

"Mon Dieu, quelle horreur !" s'exclama son père.

"Le pauvre ! Ses garants sont monstrueux , comment peut-il être encore là-bas ? Il n'a pas d'autre famille, pour s'occuper de lui ?"

"Pour être honnête, je ne sais pas pourquoi il est obligé de rester là-bas." avoua Hermione. "Et non, à part Sirius, il n'a pas d'autre famille."

Hermione avait raconté toute l'histoire de Sirius à ses parents, mais étant donné qu'il était en cavale, il était évidemment impossible qu'Harry passe son été avec lui. Ses parents acquiescèrent, l'inquiétude toujours marquée sur leur visage :

"Pauvre chou. Évidemment qu'on va lui envoyer quelque chose." dit sa mère en se levant pour se diriger vers la cuisine. "Il me reste une boîte de hors-d'œuvres et de gâteaux sans sucre du pot de départ de Fabrice, du cabinet. Ça lui irait, ça ?"

"Oui, parfait."

Sa mère arrangea la boîte pour Harry avec un pli entre ses deux sourcils. Son père finit son café et ajouta :

"Sans sucre, c'est dommage. C'est tout ce qu'il doit vouloir, en ce moment."

"Ron va sûrement lui envoyer quelque chose aussi. Et c'est bientôt son anniversaire, je lui ferai un gâteau à l'orange."

"Bonne idée, Mimi. Qu'as-tu prévu, aujourd'hui ?" demanda sa mère depuis le comptoir de la cuisine ouverte.

"Oh, probablement traîner avec Danny au parc."

"Est-ce que tu veux que je te prenne des billets de train pour Edimbourg, en août ?" demanda son père.

Hermione se mordit la lèvre.

"Euh… En fait… Ron m'a invité chez lui, au Terrier. Il y a la Coupe du Monde de Quidditch et sa famille m'a proposé de rester chez eux pendant le mois d'août…"

"De Quidditch ? Je croyais que tu n'aimais pas ça." dit sa mère.

"Je n'aime pas y jouer, mais ça peut être intéressant d'observer un match."

"C'est la Coupe du Monde ? Intéressant. Est-ce que ça se passe comme le football ?" demanda son père, curieux.

"Oui, en quelque sorte. Les favoris sont l'Irlande, l'équipe préférée de Ron, la Bulgarie et le Pérou."

Le père d'Hermione eut un petit rire et hocha la tête :

"D'accord Mimi. Ça va être marrant, comme expérience ! Et ça tombe bien, parce que nous n'avons aucune vacances en août, on avait peur que tu t'ennuies ici à Londres."

"On peut aller à Edimbourg voir ta grand-mère fin juillet, alors ?" proposa sa mère qui regardait le calendrier accroché sur la porte. "Pendant une semaine, ça t'irait ?"

"Oui, super." dit Hermione.

Ses parents notèrent et se préparèrent pour aller travailler, revêtant tous les deux leur blouse bleu ciel de dentiste. Hermione relut de nouveau la lettre de Ron et sentit le début de l'excitation de revoir ses amis. Heureusement que ses parents étaient aussi tolérants que les siens, et pas comme l'oncle Vernon et la tante Pétunia d'Harry.

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Drago


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Ça faisait presque un mois que Drago n'avait pas parlé à Pansy. La dernière fois qu'il l'avait vue, c'était dans le Poudlard Express, et depuis, il n'avait aucune nouvelle. Pourtant, ça ne l'empêchait pas d'aller dans la cour du Manoir tous les soirs pour autant, et d'attendre désespérément à côté de la fontaine. Mais elle n'était pas venue.

Un beau matin d'août, alors que Drago prenait son petit-déjeuner dans le jardin de Blaise, Théo explosa :

"Bon, j'en ai marre. Drago, vas falloir te réveiller, maintenant."

"Quoi ? Qu'est ce que j'ai dit ?" s'étonna le blond.

"Rien, justement ! Tu ne dis rien ! Tu restes dans ton coin à te morfondre, et Pansy fait pareil. C'est insupportable ! Vous ne voulez pas vous réconcilier, pour qu'on puisse se revoir tous ensemble comme avant, putain ?" s'écria-t-il.

"Merci, Nott. Je n'avais pas pensé à ça. Il suffisait de se réconcilier." dit Drago avec une pointe d'ironie en tartinant son toast de confiture de fraise.

"Tu sais très bien ce que je veux dire."

"Pansy m'a demandé de lui laisser de l'espace, et du temps. C'est ce que je m'efforce de faire."

"Ça n'a pas l'air de vous aider." intervint Blaise. "Elle est encore plus malheureuse que toi."

Drago se redressa soudain sur sa chaise :

"Parce que vous l'avez vue ?"

"Ouais. Quelques fois." expliqua Théo. "Elle vient quand son père n'est pas là…"

"Ou quand moi, je ne suis pas là." grinça Drago.

"Et elle passe quelques heures avec nous." continua Théo sans prendre en compte l'intervention de Drago. "Mais elle est déprimée, et elle ne parle pas beaucoup. Un peu comme toi, en fait."

"Tu crois que je devrais aller la voir, alors ?" demanda Drago.

Théo haussa les épaules.

"J'en sais rien, j'ai jamais compris votre lien bizarre. Mais en tout cas, je vois bien que Pansy est triste, et je n'aime pas beaucoup ça. Donc si tu peux faire quelque chose pour qu'elle aille mieux, et que tu arrêtes d'être un lunatique qui ne décroche qu'un mot ou deux par heure, ça m'arrangerait."

Drago prit la journée pour mettre le conseil de Théo en exécution. Il rentra d'abord au Manoir et dîna avec ses parents, qui furent beaucoup plus cordiaux que les autres soirs. Ensuite, il attendit qu'il fasse nuit dehors pour aller à côté de la fontaine. Même s'il savait pertinemment que Pansy n'y serait pas, il ne put s'empêcher de ressentir cette petite pique douloureuse dans le cœur quand il vit qu'elle n'était pas venue.

Il laissa passer quelques minutes à attendre, au cas où, puis se rendit à l'évidence. Il traversa donc le jardin vers la haie du fond, ce qui prit bien cinq minutes. L'air était humide et indiquait une tempête qui devrait éclater d'ici quelques heures, et il n'y avait aucune étoile dans le ciel.

Il arriva au bout du jardin, bordé d'une épaisse haie verte. Pansy et lui avait creusé un passage pour pouvoir circuler plus librement d'une maison à l'autre, qu'il peina à trouver dans le noir, puis s'engouffra dedans. Il se retrouva dans le jardin du Manoir de Pansy, qui était presque aussi large que le sien. La lumière de sa chambre était allumée.

Drago traversa le jardin de Pansy en frôlant les haies pour ne pas se faire repérer par le père de Pansy. Il arriva en bas de la façade, juste en dessous de la fenêtre de Pansy, qui était miraculeusement ouverte. Il avait sa baguette dans la main, mais elle ne lui était d'aucune aide, parce qu'il n'avait pas le droit de pratiquer la magie en dehors de Poudlard avant ses dix-sept ans, alors il la rangea dans sa poche et se prépara à grimper.

La façade du Manoir de Pansy était en pierres, ce qui était facile pour escalader. Drago monta du mieux qu'il pouvait en s'agrippant aux prises qu'il arrivait à peine à distinguer dans l'obscurité. Se forçant à ne pas penser aux dizaines de sorts qui auraient pu lui permettre d'arriver à la fenêtre sans effort, il réussit enfin à toucher le rebord de la fenêtre de Pansy. Il se balança quelques secondes dans les airs, se hissa avec difficulté, et atterrit dans la chambre de sa meilleure amie.

Pansy n'était pas là. Drago entra dans la pièce à pas feutrés de peur de se faire entendre par le père de Pansy ou son elfe de maison. Drago était déjà venu quelques fois dans sa chambre, et elle n'avait pas changé du tout, malgré les années. Elle ressemblait sensiblement à son dortoir de Poudlard, excepté qu'elle était beaucoup plus grande et ne comportait qu'un seul lit. Ce dernier prenait une grande partie de l'espace, il pouvait facilement contenir quatre personnes à lui tout seul. Le mur était recouvert d'un lierre magique qui remontait jusqu'au plafond. En face du lit, il y avait un petit bureau, et à côté, une grande bibliothèque. Drago savait que Pansy n'avait touché à aucun de ces livres de sa vie.

Il ne trouva aucun paquet de cigarettes, contrairement à son dortoir, probablement cachés de la vue de son père. Il se demanda si elle fumait en cachette ici, à la fenêtre. Drago ne savait pas quoi faire en attendant que Pansy rentre dans sa chambre, alors il parcourut la pièce de long en large sans faire de bruit.

Il se retrouva devant le bureau, qui était vide. Aucun parchemin ou livre ouvert ne pouvait indiquer que Pansy s'était déjà assise sur cette chaise au moins une fois. Son bureau était comme sa chambre : pas utilisé, comme si elle appartenait à quelqu'un d'autre.

Drago remarqua alors l'un des tiroirs du bureau, qui était légèrement entrouvert. Il l'ouvrit et tomba sur un journal, qu'il reconnut immédiatement comme celui que Pansy lui avait pris de sa pile de cadeaux, à Noël de la première année. Il était en cuir marron et fermé par une ficelle. Drago l'ouvrit, absolument pas gêné de fouiner. Il fut surpris par le nombre de pages déjà raturées par l'écriture ronde de Pansy, et découvrit avec stupeur qu'elle écrivait dedans depuis la première année, et qu'il ne restait plus beaucoup de pages restantes.

Il feuilleta les pages, et s'arrêta soudain sur l'une des dernières, parce qu'elle avait plusieurs tâches rondes. Drago passa sa main dessus en réalisant que c'était des larmes.

3 mars 1994

Cher journal,

Aujourd'hui n'était pas une bonne journée, comme la plupart des journées de cette putain de semaine, ou d'année, même. J'ai essayé de faire comme si tout allait bien, comme me l'a conseillé Daphné, mais je n'y arrive pas. J'ai besoin de le voir, tout le temps.

Je me déteste de ressentir ça pour lui. Je me déteste, parce que je sais que ce n'est pas réciproque, et que ça ne sert à rien, et que ça va détruire ce qu'on a. Mais je n'arrive pas à repousser ces sentiments pour lui. Tous les jours, quand je le vois arriver au petit-déjeuner, je ressens cette joie de le voir, et c'est à la fois enivrant et douloureux. Je ne sais pas comment faire pour me libérer de ça, comme si j'étais enfermée par mes propres pensées.

J'ai voulu lui dire tout à l'heure, quand il était à moitié affalé sur moi dans un canapé de la Salle Commune, mais quand je me suis lancée, j'ai vu qu'il était endormi. Il n'a pas l'air d'aller bien en ce moment, tout comme moi. Mais je n'ose pas lui demander pourquoi, parce que j'ai peur qu'il me parle d'Astra ou d'une autre fille, et je ne sais pas si j'arriverai à le supporter.

Je regrette ces moments où je m'en fichais, ou je ne le voyais pas autrement que… que ce qu'on était. Il me manque, alors qu'il est juste à côté de moi. J'ai envie de lui dire, mais je n'ai

La page s'arrêtait brusquement au milieu d'un mot. Drago tourna la feuille, mais c'était une autre date. Il se demanda ce qu'il l'avait poussée à arrêter d'écrire : les larmes ? Ou quelqu'un qui lui avait parlé ?

Il reposa le journal là où il l'avait trouvé, peu désireux de continuer sa lecture après avoir lu ça. Le pire, c'était qu'il n'avait même pas remarqué à quel point elle était déprimée cette année, trop occupé à observer tous les faits et gestes de Granger et son maudit Retourneur de Temps.

Quand il se retourna pour s'asseoir sur le lit, il entendit des bruits de pas dans le couloir. Il savait que le Manoir était grand, trop grand, et que son père ne s'aventurait jamais trop près de sa chambre, tout comme chez lui. Pourtant, il eut soudain peur que ce soit son père qui rentre, et il hésita même à se cacher derrière le rideau jusqu'à ce qu'il reconnaisse les bruits de pas de Pansy. Ils étaient bien plus feutrés et discrets. Elle ouvrit la porte et Drago eut juste le temps de mettre ses mains en avant avant qu'elle ne le voit et sursaute.

"Put-" s'écria-t-elle.

"Chut !" intima Drago. "Je ne veux pas que ton père entende."

Pansy avait les yeux grands ouverts et une main sur son cœur tant le choc de voir quelqu'un dans sa chambre l'avait secouée. Dans son sursaut, elle avait renversé quelques gouttes du verre de lait qu'elle tenait dans ses mains et qu'elle posa sur son bureau. Puis, elle se retourna vers lui, ses yeux charbon pétillants d'animosité :

"Drago ! Qu'est-ce que tu fous là ? Mon père est là !"

Elle désigna du doigt la porte de sa chambre qu'elle avait fermé.

"Je sais, je sais, je voulais juste te parler."

Pansy arqua ses sourcils qui se dissimulèrent sous sa frange noire. Elle était en pyjama, un pantalon violet quadrillé et un t-shirt blanc bien trop grand, que Drago reconnut comme le sien. Pansy jeta un coup d'oeil vers la fenêtre ouverte :

"Me parler ? Attends, tu as escaladé le mur pour rentrer ?!"

"Pansy, je suis désolé." énonça Drago très solennellement.

Elle s'arrêta de parler et croisa plutôt les bras sur sa poitrine, puis posa son regard sur Drago pour lui montrer qu'elle écoutait. Il continua le plus sincèrement possible :

"Je suis désolé de ne pas être amoureux de toi." (la lèvre de Pansy tiqua un peu en entendant ça), "J'aurais aimé, tellement aimé pouvoir te dire que c'était réciproque, et me marier avec toi, et avoir des enfants avec toi, comme mes parents l'auraient voulu. Je te jure que c'est mon souhait le plus cher, surtout depuis que tu t'es éloignée. Pans', je sais pas comment je peux faire sans toi. Je suis perdu, et tu me manques terriblement. Nott m'a traité de lunatique."

Elle eut le plus petit des sourires en entendant cette phrase et décroisa les bras :

"Et moi, il m'a traitée de dépressive." dit-elle dans un souffle.

"Ça montre qu'on ne marche pas, comme ça. Je sais que tu as dit que tu avais besoin d'espace, et de temps, mais Pans', s'il te plaît, arrête de m'ignorer. C'est trop dur."

Pansy sembla un peu surprise par ses mots. Il fallait dire que Drago était le spécialiste pour ne pas dire ce qu'il ressentait, ou par doses très limitées que seules Pansy pouvait analyser. Mais lui dire ça lui avait fait un bien fou. Elle prit un peu de temps pour répondre, gardant la distance entre eux en s'appuyant sur son bureau.

"Toi aussi tu me manques, Drago." finit-elle par lâcher. "Mais je n'arrive pas. J'ai voulu te voir à la fontaine, le premier soir des vacances, mais je ne pouvais pas me résoudre à te voir alors que je…"

C'était horrible de la voir comme ça, en détresse. Drago pouvait voir qu'elle se retenait de pleurer en se pinçant le bras discrètement sous son pyjama, et cette vision était beaucoup trop pénible à voir. Alors, Drago prit une décision spontanée. Il ne voulait pas perdre sa meilleure amie, et pour ça, il ferait tout pour la récupérer.

Impulsivement, il traversa la pièce en deux enjambées, réduisant la distance entre eux. Pansy écarquilla les yeux, ne s'attendant visiblement pas à ça, et ouvrit la bouche pour parler, mais avant qu'elle puisse le faire, Drago se pencha vers elle et l'embrassa.

Au début, ils furent surpris tous les deux par ce qu'il venait de faire. Ils avaient beau être très proches depuis qu'ils étaient enfants, ils n'avaient jamais fait ça. Mais ça ne choqua pas Drago tant que ça. Les lèvres de Pansy étaient douces, et familières, et son odeur le réconfortait. Elle lui avait tellement manqué. Etonnamment, elle répondit à son baiser, qui redoubla alors d'intensité. Il passa ses mains sur les joues froides de sa meilleure amie, son cou, ses cheveux, avant de la faire tourner et diriger vers le lit, sur lequel il la fit tomber à la renverse.

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Drago ferma les yeux. Ils avaient couché ensemble.

Ça aurait dû le troubler, mais bizarrement, ce n'était pas aussi perturbant que ce qu'il aurait cru. C'était comme s'ils l'avaient déjà fait des centaines de fois, comme par habitude. Même si c'était la première fois de Pansy, ça s'était fait naturellement, et ça résonnait comme une réconciliation.

Il regarda Pansy s'asseoir dans son lit et remettre son soutien-gorge rapidement, puis ouvrir le petit tiroir de sa table de nuit et en sortit un paquet de cigarettes. Donc, elle fumait bien en cachette ici. Elle en sortit une, en proposa une à Drago silencieusement qui refusa, et brûla l'extrémité de sa cigarette avec une allumette qu'elle avait laissé dans le paquet.

Une fois qu'elle eut avalé et recraché plusieurs fois la fumée de sa cigarette, Drago parla en premier :

"Ton père ne dit rien, pour les cigarettes ?"

"Il n'a pas remarqué." dit-elle d'une voix blanche. "Il ne vient jamais ici, et j'ai demandé à l'elfe de ne rien dire. Il est obligé de suivre mes ordres."

La chambre de Pansy fut bientôt enfumée, mais elle ne sembla pas s'en rendre compte. Drago était toujours allongé à côté d'elle, sous les draps noirs et torse nu. En réalisant soudain son manque de vêtements par rapport à elle, il attrapa son t-shirt pour le mettre.

"C'était quoi ça, Drago ?" demanda Pansy sans le regarder.

"Quoi, ça ne t'as pas plu ?" s'enquit tout de suite le blond.

Il lui avait demandé à plusieurs reprises si elle était toujours partante, il n'aurait pas supporté qu'elle regrette. Heureusement, elle secoua la tête :

"Si, ce n'est pas la question."

Pansy reprit une taffe de cigarette et Drago réfléchit à la question qu'elle venait de poser.

"Je ne suis pas amoureux de toi." répéta-t-il. "Mais je ne supporte pas de ne pas t'avoir dans ma vie. Alors, j'ai décidé de t'embrasser pour voir ce que ça faisait, et j'ai bien aimé."

Il savait que c'était une des explications les plus bancales possibles, mais Pansy ne creusa pas. Elle se contenta de fumer de nouveau sa cigarette dans le silence.

"Je ne veux pas qu'on se considère comme étant en couple non plus." précisa Drago. "Parce que je suppose que tu ne veux pas non plus, et je ne supporte pas les étiquettes sur ce qu'on est. Mais je ne veux pas arrêter de coucher avec toi pour autant."

"Tu veux être plan cul, donc ?" demanda Pansy.

"Oui et non. Je veux être comme avant, meilleurs amis, avec les avantages en plus."

Il sourit et Pansy fit de même, à son grand soulagement. Elle avait l'air de réfléchir sérieusement à la question. Il lui laissa le temps de digérer ce qu'il venait de proposer en regardant le lierre qui s'étendait sur le plafond blanc.

"Est-ce qu'on en parle à Théo et Blaise ?" finit-elle par dire.

"Ils vont le comprendre d'eux-mêmes, non ?"

Pansy acquiesça.

Et ce fut aussi simple que ça.

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Hermione


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"En Irlande ?"

"Oui, c'est ça, avec ma classe."

Danny hocha la tête en mangeant une chips du paquet qu'ils partageaient.

"Tout le mois d'août ? C'est trop bien ! Tu vas adorer l'Irlande, j'y suis allée avec mon père quand j'avais cinq ans."

"J'espère. J'ai hâte d'y être."

Danny et elle étaient allongés par terre, au pied du canapé du salon des Granger. Ils avaient posé des couvertures partout pour s'allonger dessus et regarder un film en mangeant des snacks, les moments préférés d'été d'Hermione. Le lendemain, elle devait aller chez Ron au Terrier, et Hermione avait donc inventé l'excuse d'une sortie scolaire pour justifier son absence d'un mois à Danny.

"Je vais aller en France moi, dans le Sud, avec mes parents et Léonie." expliqua Danny. "Hé, je verrais peut-être ton école ! Où est-elle, déjà ?"

"Dans les Pyrénées." inventa Hermione.

"Ah, non. Moi, je vais vers Montpellier."

"Tu vas revenir tout bronzé." fit remarquer Hermione en mangeant un fudge.

"J'espère bien. Je t'enverrai une carte postale, enfin, à tes parents, pour qu'ils puissent te la transmettre."

Hermione hocha la tête en souriant et se concentra de nouveau vers le film. Elle était tellement heureuse de passer sa dernière soirée à Londres avec Danny. C'était bizarre, mais depuis qu'elle était partie à Poudlard, ils s'étaient rapprochés malgré la distance. Elle avait reçu une bonne cinquantaine de lettres de sa part, qu'elle avait rangées dans un tiroir de son dortoir.

Elle avait aussi proposé à Mary de venir, mais elle avait refusé, disant qu'elle n'était pas disponible. Avec les années à Poudlard, les échanges entre Hermione et Mary s'étaient espacés de plus en plus, et se résumaient maintenant à une ou deux lettres par an pour avoir des nouvelles de l'autre. Hermione ne l'avait vue que deux fois depuis le début de l'été.

Elle se tourna discrètement vers Danny, qui avait toujours les yeux rivés sur le petit écran de télévision. Il avait changé, et pourtant, il représentait toujours ce confort de la maison pour Hermione.

Elle aimait vraiment bien Danny. Elle aurait tellement aimé lui raconter sa vraie vie, le fait qu'elle soit une sorcière, mais rien qu'en imaginant McGonagall revenir dans ce salon pour lui annoncer qu'elle était renvoyée la stoppait brutalement dans ses rêves.

En plus, ce n'était pas plus mal de parler avec quelqu'un qui n'avait aucune idée de ce qu'était Poudlard. Sa mère et son père étaient familiers avec tout ça, grâce aux lettres d'Hermione. Le fait que Danny y soit étranger était rafraichissant, ça faisait une pause et Hermione savourait ces moments de réalité.

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Le lendemain, Hermione voulut traîner sa valise dans les escaliers avant d'être interrompue par son père qui la prit à sa place. Au pied des escaliers, la mère d'Hermione attendait avec un petit sourire triste, vêtue de sa blouse de dentiste. Quand Hermione la rejoignit, elle dégagea une mèche de cheveux de son visage et lui embrassa la joue :

"Je suis vraiment désolée de ne pas pouvoir t'emmener au Terrier… J'aurais aimé, mais avec tous les rendez-vous qu'on a…"

"Mais non, maman ! Ne t'en fais pas, je me débrouillerais très bien."

"Tiens, voilà de l'argent moldu." lui dit-elle en lui mettant des pounds dans la main. "Et le reste de Gallions que nous avons échangé sur le Chemin de Traverse, fais-en ce qu'il te plaît."

"Maman, c'est beaucoup trop, je n'aurais jamais besoin de tout ça."

"Alors, achète-nous des chocolats à Pré-Au-Lard." lui conseilla son père qui avait fini de descendre sa valise des escaliers. "Nous avons adoré ceux de l'année dernière, pour Noël."

"John, tu es dentiste." fit remarquer la mère d'Hermione sur un ton légèrement courroucé.

"Et alors ? Ça ne veut pas dire que je n'ai pas le droit de profiter des sucreries du monde des sorciers, si ?" répondit-il en faisant un clin d'œil à Hermione, qui sourit. "En plus, ils doivent être magiquement modifiés pour ne pas donner de caries, non ?"

"J'en ai aucune idée." dit Hermione. "Je demanderai à Ron, ou aux jumeaux Weasley, ils doivent s'y connaître sur la question. En parlant de dents… J'avais pensé, peut-être… Que je pourrais faire rétrécir les miennes, cette année ?"

"Ah non." dit son père en perdant soudain son sourire.

"Mais papa ! Ils ont des sorts spécialisés là-dedans, et vous avez refusé de me faire porter un appareil dentaire malgré le fait que je vous ai demandé un million de fois…"

"Mimi, pour la millionième fois, on ne peut pas faire rétrécir des dents avec un appareil. Et tu nous as déjà parlé de ces sorts, et c'est toujours non." dit sa mère doucement. "Elles sont très bien tes dents, parfaitement alignées."

"Non, elles sont trop longues."

Son père eut un petit rire et embrassa le haut du crâne d'Hermione :

"N'importe quoi."

Hermione leva les yeux au ciel mais n'insista pas, ses parents étaient déjà très gentils de la laisser aller au Terrier pour le mois d'août, elle ne voulait pas paraître ingrate.

Ils se dirent au revoir avec de nombreux câlins, jusqu'à ce que le père d'Hermione soit contraint de littéralement arracher la mère d'Hermione à sa fille, parce qu'ils étaient déjà en retard pour leur premier rendez-vous de la journée. Hermione remarqua que ses parents lui disaient "à l'année prochaine", et non pas "à Noël", comme s'ils savaient déjà d'avance qu'Hermione n'allait pas revenir pour les vacances.

Une fois que les parents d'Hermione furent partis au cabinet au coin de la rue, Hermione se retrouva seule dans la maison. Danny était à un de ses cours de dessin, et elle n'avait plus aucune raison de rester là.

Elle fit le tour de la maison plusieurs fois pour vérifier qu'elle n'avait rien oublié, puis sortit avec sa valise. La dernière lettre de Ron qui lui expliquait ce qu'elle devait faire pour aller au Terrier était en boule dans sa main, et sa baguette dans l'autre, dissimulée à la vue des passants par la manche de son blouson. Elle remonta la rue de chez elle jusqu'à ce qu'elle arrive dans une ruelle vide, à côté d'un petit parc.

Une fois certaine que personne ne pouvait la voir, elle déplia la lettre et relut attentivement les lignes écrites par Ron :

"Tu dois tenir ta baguette en l'air et héler, ou penser simplement au Magicobus, et il devrait arriver devant toi."

Depuis qu'elle avait reçu cette lettre, une semaine avant, Hermione n'avait pas compris cette phrase. Comment le Magicobus pouvait venir alors qu'elle ne faisait pas la moindre magie ?

Elle décida de faire confiance à Ron et prit sa baguette qu'elle avait caché dans sa manche et la mit dans sa main. Comme d'habitude, le petit frisson chaud lui parcourut la main, comme si la magie entrait en elle. Elle ne prononça pas de sort cependant, et leva juste le bras, comme pour saluer quelqu'un de loin.

Elle se trouva parfaitement stupide comme ça. Mais elle n'eut pas le temps de baisser son bras, parce qu'un énorme bruit détonna dans la petite ruelle, faisant violemment reculer Hermione contre sa valise.

Le Magicobus ressemblait aux bus à étages de Londres, sauf que celui-ci comportait trois étages, et avait été peint d'un violet criard. Les portes du bus s'ouvrirent et un contrôleur, habillé de la même couleur que son bus, sauta par terre et récita d'une voix forte :

"Bienvenue à bord du Magicobus, transport d'urgence pour sorcières et sorciers en perdition. Faites un signe avec votre baguette magique et montez, montez, nous vous emmènerons où vous voudrez. Je m'appelle Stan Rocade et je serai votre contrôleur ce matin. Donnez-moi vos bagages et je me ferais une joie de les porter à l'intérieur pour vous."

À l'entendre, on aurait dit qu'il avait récité ce texte des centaines de fois. Stan Rocade posa lassement ses yeux sur Hermione. Il avait les oreilles décollées et de l'acné, on aurait dit qu'il venait seulement de quitter Poudlard.

"Euh… Bonjour." salua maladroitement Hermione.

"Salut. Tu n'as qu'une seule valise ?"

Le contrôleur s'approcha d'Hermione et prit sa malle, mais avant qu'Hermione ne puisse l'aider, il lâcha un glapissement :

"Merlin, ce chat ! Il est à toi ?"

Hermione fut légèrement agacée qu'on parle de la sorte de son chat, surtout avant de poser une question aussi stupide. Elle eut envie de lui répondre une réplique bien cinglante, mais se stoppa juste avant que ça franchisse ses lèvres et hocha simplement la tête.

Stan regarda de nouveau Pattenrond avec la bouche un peu ouverte, puis se tourna de nouveau vers Hermione :

"Où veux-tu aller ?"

Hermione consulta de nouveau la lettre de Ron et lut l'adresse à voix haute :

"Le Terrier, chemin des Gnomes, Loutry Ste Chaspoule, Devon."

"Ah, c'est chez les Weasley !" commenta Stan, visiblement fier d'étaler ses connaissances. "Pas de problèmes, on peut t'emmener."

"À combien est le billet ?" demanda Hermione.

"Onze Mornilles. Mais pour toi, je te le fais à dix, et je t'offre le chocolat chaud."

Il lui fit un clin d'œil et Hermione chercha sa monnaie dans son porte-monnaie en se demandant s'il faisait des offres à toutes les filles qui voyageaient dans son bus. Stan porta ensuite sa valise et la posa à côté d'un siège vide.

Le seul siège qui était occupé était celui d'un vieil homme, avec une canne. Il était assis mais paraissait secoué, comme si le voyage l'avait rendu un peu malade. Hermione lui fit un léger signe de tête en guise de salut et alla s'asseoir à son siège.

"Poudlard ?" demanda Stan en se mettant devant elle.

"Oui, quatrième année. Gryffondor."

"Wow, cool." répondit le contrôleur. "Je viens de terminer. J'étais à Poufsouffle."

Hermione acquiesça et soudain, le conducteur enclencha le frein à main. Il y eut un énorme bruit, comme si le moteur avait claqué, et Hermione fut projetée en arrière sur son siège à cause de la vitesse du bus. Elle comprenait mieux pourquoi le vieil homme était aussi mal en point. Elle regarda par la fenêtre et vit les paysages se succéder les uns après les autres, passant du vert, au gris, au bleu, sans qu'elle puisse se repérer.

"Nous allons d'abord déposer M. Grant, si ça te va. Il va en Ecosse, à Inverness."

Hermione écarquilla grand les yeux :

"En Ecosse ?!"

Elle repensa à la lettre qu'elle avait envoyée à Ron qui disait qu'elle arriverait dans l'après-midi. Elle ne serait jamais là à temps…

"Ça prendra une vingtaine de minutes."

"Quoi ?" demanda Hermione, surprise. "Mais comment c'est possible ? Est-ce que le bus transplane ? Ou la vitesse est-elle magiquement accélérée grâce à un sortilège de propulsion ?"

Stan fronça les sourcils dans une figure presque comique :

"Hein ? Oula, j'en sais rien, moi. Ça avance vite, c'est tout. T'aurais dû être à Serdaigle, toi. Comment tu t'appelles, d'ailleurs ?"

"Hermione Granger."

"Hermione. Joli, comme prénom."

Elle plissa simplement les lèvres et regarda la vue de la fenêtre. Ça lui faisait bizarre d'aller aussi vite. Le siège tremblait sous elle. Le visage d'Hermione se crispa plusieurs fois en voyant le bus dériver sur les trottoirs et risquer des accidents une vingtaine de fois, alors elle préféra regarder en face d'elle pour ne pas avoir le tournis.

"Dis à Mr. Grant qu'on arrive, Stan." lui conseilla le conducteur qu'Hermione ne pouvait pas voir de là où elle était assise.

Stan marcha dans le bus, visiblement très habitué aux secousses. Quand il arriva vers l'autre voyageur, il lui hurla :

"MR. GRANT ! NOUS SOMMES PRESQUE ARRIVÉS !"

Le vieil homme hocha la tête, même si Hermione suspectait qu'il n'avait rien dû entendre à cause du chaos qui régnait. Le bus s'arrêta violemment, propulsant Hermione en avant qui faillit tomber si elle ne s'était pas rattrapée à son siège.

"INVERNESS !" hurla Stan.

Il prit la valise du vieux monsieur et la jeta dehors comme un tas d'ordures, puis attendit que le vieil homme descende difficilement avant de fermer les portes. Le bruit de détonation retentit encore une fois et Hermione s'agrippa pour ne pas tomber encore une fois.

Stan revint devant elle, portant une tasse de chocolat chaud de la même couleur que le Magicobus.

"Oh, merci." dit-elle d'une voix pas très assurée.

Essayant tant bien que mal de siroter la boisson, qui se renversait plus sur le sol que dans sa bouche, Hermione tira une croix sur toute tentative de lire un peu sous la couverture de sa maman.

Au bout de ce qu'il sembla une éternité, le conducteur lança :

"Loutry Ste Chaspoule, droit devant !"

Hermione prépara sa malle, peu avide de la laisser aux mains de Stan. Pattenrond feulait depuis sa cage, absolument outré d'avoir subi ce voyage.

"Voilà, on est arrivés." dit Stan.

À cet instant, le conducteur freina et Hermione tomba encore en avant, rattrapée cette fois par Stan qui la remit sur pied.

"Merci." dit Hermione en sortant rapidement.

Elle se retrouva sur le chemin, et en se retournant, le Magicobus avait déjà disparu. Le voyage lui avait donné la nausée. Elle chercha du regard où aller, mais elle comprit tout de suite où c'était en voyant la maison qui se dessinait devant elle. Elle était toute tordue, comme s'ils avaient ajouté des étages au fur et à mesure comme des dominos. Hermione comprenait pourquoi ils appelaient ça "le terrier", parce qu'on aurait dit une grosse fourmilière.

Elle arriva devant la maison et pouvait déjà entendre les éclats de voix depuis l'extérieur. Hermione arma son poing pour frapper à la porte, mais elle s'ouvrit à la volée avant qu'elle ne puisse le faire et tomba nez à nez avec Fred :

"Hermione ! Te voilà !"

Il lui fit un rapide câlin, suivi par George, et ils portèrent sa malle et Pattenrond jusqu'au salon. Tout le reste de la famille était déjà assis à table en train de prendre un goûter, et quand elle arriva dans la pièce, tout le monde se leva avec des grands sourires :

"Oh, Hermione !"

"Quel plaisir de te revoir !"

"Tu vas bien ? Comment s'est passé le Magicobus ?"

"Très bien, merci." répondit Hermione. "Un peu secouant."

Arthur eut un petit rire et Molly s'approcha alors d'Hermione pour l'étreindre affectueusement :

"Je suis ravie que tu sois là."

"Mrs. Weasley, merci beaucoup de m'accueillir chez vous…"

"Oh, enfin ! Tu es toujours la bienvenue chez nous, Hermione. Fais comme chez toi. Tu dormiras dans la chambre de Ginny, si ça te va ?"

"C'est parfait." dit Hermione avec un sourire. "Merci encore."

Molly lui tapota l'épaule et se rassit pour boire son thé. Hermione était subjuguée par la pièce : pratiquement tout était contrôlé par la magie, de la vaisselle jusqu'au tricot qui se faisait tout seul dans le fauteuil. Fred et George étaient sortis dans le jardin et Hermione pouvait entendre leurs éclats de rire.

Ron arriva enfin en face d'elle et lui fit un câlin :

"Hey, Hermione. Désolé, ma famille est un peu… envahissante." ajouta-t-il à voix basse.

"Tu plaisantes ? Je suis tellement contente de les revoir. Un mois, c'est long !"

Ron avait encore un peu grandi pendant le mois de juillet, et la dépassait maintenant de presque une tête. Ses cheveux étaient un peu plus longs que d'habitude, et ses tâches de rousseur ressortaient encore plus avec le soleil.

Il l'aida à porter sa valise jusqu'à la chambre de Ginny. Les murs étaient roses pâles et décorés par différents posters, dont un qui représentait une équipe de Quidditch. Hermione posa la cage de Pattenrond sur le lit et l'ouvrit, mais Pattenrond refusa de sortir.

"Allez ! C'est terminé le bus, on est au Terrier maintenant !"

Le chat tourna sa tête vers Hermione et consentit à sortir pour s'étirer les pattes. Ginny entra à son tour et lâcha un cri de joie en voyant le chat :

"Pattenrond !"

Elle s'approcha de lui et lui caressa le cou, ce qui le fit ronronner.

"Voilà ma chambre." dit-elle à Hermione. "Elle est petite, j'espère que ça te conviendra…"

"Oh, évidemment !" s'exclama Hermione. "Je suis tellement heureuse d'être ici."

"Je suis contente que tu sois là aussi. On commence à s'ennuyer ici, quand on est la seule fille."

Hermione ne comprenait pas comment Ginny pouvait ressentir la moindre once d'ennui dans cette maison, elle avait l'impression que chaque coin était un endroit à explorer. Hermione fit le tour de la pièce et s'arrêta sur un poster qui représentait plusieurs musiciens, habillés tout en noir.

"C'est qui, ce groupe ?"

"Les Bizarr' Sisters ! Tu n'en as pas entendu parler ? Tiens, écoute."

Ginny toucha une petite machine qu'Hermione ne connaissait pas, posée sur son bureau, et aussitôt, une musique assez forte s'échappa des enceintes. Hermione n'était pas très fan de rock, mais elle devait avouer que leurs chansons étaient très entraînantes.

"Je suis fan d'eux depuis toujours, mais maman n'aime pas quand je mets leur musique, elle dit que ça lui casse les oreilles. Est-ce qu'il y a des groupes de rock chez les Moldus ?"

Hermione lui expliqua tout ce qu'elle savait sur la musique moldue, puis leur discussion basculèrent sur Poudlard et sur plein d'autres sujets. Ginny était tellement différente quand elle était seule avec Hermione. Elle était drôle, confiante, elle pouvait lui parler pendant des heures sans ressentir de gêne. Elles avaient toujours quelque chose à se dire.

Ron les rejoignit un peu plus tard avec deux bols de copeaux de pommes :

"Hé, Ginny, je te rappelle qu'Hermione est ma meilleure amie." fit-il remarquer en s'asseyant sur le lit de sa sœur.

"Vous êtes tout le temps ensemble à Poudlard, je peux la piquer deux minutes pour papoter !" s'écria Ginny en riant.

Ils discutèrent de plein de choses, mais surtout de Quidditch.

"L'Irlande a écrasé le Pérou." expliqua Ron d'un ton surexcité. "Ce seront eux contre les Bulgares, le meilleur match possible. J'ai trop hâte, je vais voir Krum en vrai, en chair et en os ! Le meilleur joueur de Quidditch du monde !"

"Krum ?" répéta Hermione. "Je croyais que tu étais pour les Irlandais ?"

"Il l'est." répondit Ginny. "Mais il est tombé amoureux de Krum, et ne parle que de lui depuis des mois."

"Tais-toi, Ginny." marmonna Ron.

"À table, les enfants !" cria Molly depuis le rez-de-chaussée.

Toutes les portes des chambres s'ouvrirent et se fermèrent, et de nombreux bruits de pas résonnèrent en écho dans la maison. Hermione, Ginny et Ron descendirent et s'asseyèrent à la table à manger dehors, sous les étoiles. Hermione prit du poulet qu'elle mangea avec appétit, n'ayant pas beaucoup mangé de la journée, et écouta les différentes conversations autour d'elle. Molly parlait d'Harry, qui devait arriver le lendemain, inquiète :

"Il ne mange pas, le pauvre… Je vais préparer un grand repas demain, pour qu'il puisse manger à sa faim. Qu'est ce qu'il aime, comme plats ?" demanda Molly.

"La soupe à l'oignon." répondit Hermione instinctivement.

Ron lui lança un drôle de regard.

"Et les tartes à la mélasse." ajouta Ginny, qui avait soudain rougi.

"Pourquoi tu rougis ? Il n'est même pas encore là." fit remarquer Ron.

"Tais-toi, Ronald."

Le repas continua et Hermione se resservit plusieurs fois, même en desserts. Ensuite, ils prirent tous une tisane, et vers minuit, Molly envoya les "enfants" au lit. Hermione souhaita une bonne nuit à Ron et aux autres et remonta dans la chambre de Ginny. Elle mit son pyjama le plus léger et s'allongea dans le lit de Ginny, tandis que cette dernière se brossait les cheveux devant son miroir.

"Au fait, tu as vu ? Dans la liste de Ron, il y a écrit tenue de soirée." dit Ginny.

"Oui, j'ai vu ça. Par contre, je n'ai aucune robe de soirée, chez moi." dit Hermione.

"J'ai pensé qu'on pourrait aller en acheter à Pré-Au-Lard, toutes les deux, pendant l'année."

"Oui, avec plaisir !"

Ginny sourit et se mit à côté d'Hermione dans son lit. Il était extrêmement confortable. En plus, Pattenrond s'était faufilé sous la couette et dormait au pied du lit dans un concert de ronronnements apaisés.

Incapables de s'arrêter de papoter, Hermione et Ginny discutèrent une grande partie de la nuit. Elles parlaient surtout de Poudlard. Hermione avait remarqué que Ginny aimait beaucoup les potins, mais contrairement à ceux de Lavande ou Parvati, ceux-là étaient intéressants. Ginny était extrêmement observatrice, ce qui rendait ses potins beaucoup plus fondés que ses colocataires de dortoir, et Hermione adorait l'écouter raconter la vie des autres, même si elle ne savait pas de qui elle parlait.

"Tu as hâte d'aller au match ?" demanda Ginny.

La chambre était plongée dans le noir, et Hermione ne pouvait pas voir Ginny, mais elles étaient assez proches pour qu'elle l'entende chuchoter.

"Je n'aime pas particulièrement le Quidditch, mais je suis contente d'y aller. En plus, avec vous et Harry, ça va être génial."

"Tu sais, je pense que j'aime vraiment beaucoup le Quidditch." confessa Ginny. "Au début, je pensais que ça m'intéressait juste parce qu'Harry adore ça, et que je voulais partager ça avec lui. Mais en fait, suivre la Coupe du Monde, ça m'a passionnée cet été. Je me suis entraînée au poste de Poursuiveuse, et je crois que je suis plutôt douée."

"Oui, Ron m'a dit ça. C'est génial !"

"Oui." répondit Ginny qui avait l'air de sourire. "Je suis contente d'avoir trouvé quelque chose que j'aime, et pas juste quelque chose que je suis forcée d'aimer à cause de mes frères."

"Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes, tu es douée dans plein de choses !"

Hermione sentit Ginny hausser les épaules :

"Je sais pas, je pense que je fais tout pour impressionner Harry au maximum, surtout."

"Tu es vraiment très amoureuse de lui." commenta Hermione avec un sourire.

"À quoi ça sert, s'il n'en a rien à faire, de moi ?" se lamenta-t-elle.

"Si tu t'affirmes, je suis sûre qu'il te remarquera beaucoup plus. Tu as raison, Harry adore le Quidditch. Si tu te permets d'avoir des vraies passions et d'assumer ta personnalité, il va forcément tomber amoureux de toi, lui aussi."

"Tu crois ?"

"J'en suis sûre."

Il y eut un silence, puis Ginny parla de nouveau :

"En tout cas, tu n'as pas besoin de t'affirmer pour plaire à Ron, toi."

"Quoi ?" demanda Hermione en fronçant les sourcils. "Qu'est-ce que tu veux dire ?"

"Bah, il est déjà amoureux de toi."

"N'importe quoi."

Ginny se releva un peu plus sur son coude :

"Tu plaisantes ? Tu ne savais pas ?"

"Non, parce que c'est faux." dit Hermione avec un rire.

"Ce n'est pas faux du tout. Il suffit de l'écouter parler cinq minutes pour se rendre compte qu'il t'aime."

"Non, c'est juste mon meilleur ami, c'est tout." protesta Hermione dans un murmure.

Ginny se rallongea avec un petit rire moqueur :

"Oui, bien sûr. J'espère que tu ne penses pas ça pour Harry alors, sinon, je suis fichue."

Elles se turent après ça, et Ginny s'endormit en quelques minutes. Hermione pouvait entendre sa respiration devenir de plus en plus profonde. Mais Hermione n'arrivait pas à dormir, parce qu'elle pensait à un certain rouquin, qui dormait juste à quelques étages au-dessus d'elle.